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Adverbe — Vocalisation du ה interrogatif

suffixe[1]. Ainsi avec הִנֵּה voici, à côté de הִנֵּה־הוּא (p. ex. Ruth 3, 2) on a הִנּוֹ (3 fois ; la forme הִנֵּ֫הוּ, ketīb de Jér 18, 3 est ⸮). L’emploi des suffixes avec la forme הִנֵּה, אֵין, עוֹד encore est assez particulier (voir Paradigme 20). On remarquera les suffixes tels que ◌ֵ֫נִי, ◌ֶ֫נִּי, semblables à ceux du futur. Leur origine n’est pas claire. Peut-être a-t-on dit הִנֵּ֑נִי me voici, הִנֶּ֫נּוּ nous voici à l’analogie de l’impér. רְאֵ֫נִי*, רְאֶ֫נּוּ*[2]. Puis e̦nn se sera propagé à l’adverbe אֵין (qui est à peu près antonyme) et à עוֹד. On remarquera que עוֹד, qui est probablement à l’origine un substantif (itération, continuation), a la forme עוֹדי (4 f.) à côté de עוֹדֶ֫נִּי. On a הִנָּךְ, עוֹדָךְ avec ◌ָ comme dans la plupart des prépositions ; le ◌ֵ de אֵינֵךְ est probablement dû à l’influence de la voyelle ◌ֵ précédente (comp. מִמֵּךְ). En dehors de la pause on a הִנְנִי avec omission de redoublement § 18 m et shewa moyen § 8 f 9 ; 2 fois seulement הִנֶּ֫נִּי Gn 22, 7 ; 27, 18. — A côté de הִנֶּ֫נּוּf., on a 4 f. הִנְנוּ sans qu’on puisse voir la raison du choix. — De אַיֵּה où ? on trouve seulement אַיֶּ֫כָּה Gn 3, 9 †, אַיּוֹ, אַיָּם ; de יֵשׁ il y a (יֶשׁ־) seulement יֶשְׁךָ, יֶשְׁכֶם Gn 24, 49 †, הֲיִשְׁכֶם Dt 13, 4, et la forme anormale, bien que probablement authentique, יֶשְׁנוֹ Dt 29, 14 ; 1 S 14, 39, 23, 23 ; Esth 3, 8 †, avec un נ d’origine analogique (comp. קָבְנוֹ Nb 23, 13, § 82 l).

l Vocalisation du ה interrogatif[3]. La forme primitive hébraïque est ha. Au contre de l’a de l’article § 35 b, du pronom ma § 37 c, du u̯a du type וַיִּקְטֹל § 47 a, cet a ne fait pas pression sur la consonne suivante, laquelle en conséquence n’est pas redoublée. L’a bref primitif, en syllabe ouverte, ne se maintient pas, mais devient très bref, p. ex. הֲלֹא est-ce que… ne… pas ? nonne ? On trouve toutefois quelques exemples de consonne redoublée, et de nombreux exemples où la voyelle brève se maintient en syllabe ouverte.

m Devant shewa (simple ou coloré), le ḥaṭef pataḥ ne pouvant pas se maintenir (§ 8  g), on a ◌ַ, par ex. הַֽבְרָכָה num benedictio ? Gn 27, 38 ; הַֽמְכַסֶּה num celans ? Gn 18, 17 (comp. la même forme

  1. Cf. Brockelmann, 2, 264 sq.
  2. La forme secondaire הִנֵּה, à côté de הֵן, est p.-ê. extraite de הִנֵּ֑נִי (le ◌ֵה de אַיֵּה a p.-ê. une origine semblable). Sur la forme unique הִנֶּה־נָּא cf. § 18 i N.
  3. Appelé par certains grammairiens juifs הֵא הַתְּמִיהָה hẹ d’étonnement. Le sens du ה est parfois, en effet, exclamatif plutôt qu’interrogatif ; cf. § 161 a.