Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82 km
182
Verbes ע״ע

gracieusement est pour יֵחַן* ou יִחַן*. C’est la seule forme stative de ce verbe, lequel signifie originairement ê. gracieux. Le sens fréquent traiter qn gracieusement a amené la transitivité (cf. Brockelmann, 2, 286) et les formes de verbe d’action חָנַן, יָחֹן.

Au hifil on trouve avec l’état dissocié : inf. הַשְׁמֵם Mich 6, 13 ; partic. מַשְׁמִים Éz 3, 15 ; toutes les formes du verbe רנן, p. ex. הַרְנִ֫ינוּ, אַרְנִין faire résonner.

l Remarques de détail sur diverses conjugaisons.

Qal : Parfaits en  : זֹ֫רוּ Is 1, 6 ils ont été pressés est un passif du qal ; probablement aussi רֹ֫מּוּ Job 24, 24 ils ont été élevés (s’oppose au passif הֻמְּכוּ) ; mais רֹ֫בּוּ Gn 49, 23 ils ont tiré (?) est difficile à expliquer (le sens actif interdit de penser à une forme stative).

Futurs en ū (par contamination des verbes ע״ו), p. ex. יָרוּן Pr 29, 6.

De même on trouve comme inf. cst. en ū : בּוּר Eccl 9, 1 ; בְּחֻקוֹ Pr 8, 27. L’inf. cst. en a, qui a été supplanté par l’inf. en dans les verbes statifs (§ b), se trouve, chose étrange, dans quelques verbes d’action (p.-ê. fautivement) : לְבָרָם Eccl 3, 18 pour les éprouver (opp. בּוּר 9, 1) ; לְרַד Is 45, 1 pour fouler aux pieds ; כְּשַׁךְ Jér 5, 26 comme se courber.

L’impératif גַּל Ps 119, 22 (à côté de גֹּל) est p.-ê. abrégé de גֵּל* (cf. § b N, d’après Barth).

Dans Nb 22, 11, 17, au lieu de קֻבָּה־לִּי* on a (sans doute pour éviter deux redoublements) קָֽבָה־לִּי qo̦ḇå-llī[1]. En syllabe ouverte, l’ bref devient moyen, comme dans p. ex. קָֽדָשִׁים § 28 e. De même dans 22, 6 ; 23, 7 on a אָֽרָה־לִּי ʾo̦rå-llī pour ʾur(r)å-llī. Dans Nb 23, 13 קָבְנוֹ pour quḇnọ̄, il y a un נ épenthétique (comp. יֶשְׁנוֹ § 102 k).

m Nifal. Comme il a été dit § c, la langue, considérant le parfait nifal נָסַב comme un qal de פ״ן, a créé, par analogie, des parfaits statifs en , par exemple נָמֵס se fondre, f. יִמַּס. On trouve encore נָקֵל (4 fois ; plutôt comme adjectif verbal que comme parfait), à côté de נָקַל. On a un parfait statif נָגֹל* ê. roulé dans Is 34, 4 נָגֹ֫לּוּ, car le futur est en a : יִגַּל Am 5, 24. Par contre, il y a des parfaits en auxquels correspondent des futurs en ọ̄, donc sur le type נָקוֹם, יִקּוֹם (contami-

  1. Le second qameṣ ayant aussi la couleur (§ 18 i) la forme sonne qo̦ḇo̦-lli dans la prononciation de Tibériade.