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Verbes ע״ע

L’adj. verbal se trouve dans רָב 1 S 14, 19 ; 2 S 15, 12 ; חָת* ou חַת* 1 S 2, 4 ; Jér 46, 5.

c Nifal : Parfait נָסַב. La préformante primitive *na se maintient en syllabe ouverte (§ 51 a). Le futur יִסַּב semble être formé d’après le parfait, à l’analogie du qal des verbes פ״ן (p. ex. נָגֵשׁ*, יִגַּשׁ), le parfait נָסַב étant semblable à un qal de פ״ן[1]. À cause de cette similitude, la langue a été jusqu’à créer des parfaits nifal comme נָמֵס se fondre, qui ont l’apparence d’un qal statif de פ״ן ; d’où fut. יִמַּס (semblable à יִגַּשׁ) avec la voyelle a du statif[2] ; cf. § m. Le futur en יִסֹּב serait, ou pourrait être, aussi nifal, d’après certains grammairiens ; cf. § h et m N. Au participe on a naturellement la même forme נָמֵס, נָקֵל (f. נְקַלָּה).

Inf. cst. הִסֵּב, הִמֵּס (◌ֵ à l’analogie de הִקָּטֵל).

d Hifil : Futur יָסֵב, avec la voyelle primitive i (bref) devenu ◌ֵ. Avec waw inversif וַיָּ֫סֶב.

Parfait. Le ◌ֵ du futur a passé au parfait הֵסֵב : הֵחֵל il a commencé, הֵפֵר il a rompu (en pause הֵפַ֑ר § 32 c). Mais on a généralt ◌ַ dans les verbes statifs : הֵדַק[3], הֵמַר, הֵצַר, הֵקַל, הֵרַךְ[4].

La voyelle ◌ֵ du ה est probablement à l’analogie הֵקִים, lequel est lui-même à l’analogie de הֵיטִיב (où le ẹ̄, de ai̯, est long, § 80 g). La formation de הֵקִים serait donc symétrique à celle du participe מֵסֵב (avec 1re voyelle ◌ֵ malgré le futur יָסֵב, § 50 f) qui est à l’analogie de מֵקִים, lequel est lui-même à l’analogie de מֵיטִיב[5].

  1. Même explication pour les verbes ע״ו, § 80 f.
  2. Les formes יִסֹּב, יִסַּב peuvent être aussi des futurs qal aramaïsants (§ h) ; c’est d’après le sens qu’on peut juger si telle forme est un qal ou un nifal.
  3. À côté du verbe statif : pf. דַּק, fut. non attesté יֵדַק*, il y a un verbe actif : pf. non attesté דָּקַק*, fut. יָדֹק.
  4. La présence de cet a au hifil des verbes statifs peut s’expliquer ainsi. Pour l’adjectif (servant aussi d’adjectif verbal) on a דַּק, מַר, etc. Cette même forme est également celle du parfait statif. Enfin au futur statif, on a encore la voyelle a, p. ex. יֵקַל. L’a du hifil serait dû à l’analogie de ces formes en a. Ainsi, on aura dit הֵמַר il a rendu amer à l’analogie de מַר amer, il est amer, et de יֵמַר il sera amer (cf. Biblica, 1, p. 354). Dans certains cas l’a a pu être favorisé par la consonne suivante.
  5. On dit généralement que le הֵ est à l’analogie du הִ de הִקְטִיל. Mais alors au nifal on devrait avoir נֵסַב* à l’analogie de נִקְטַל.