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Shewa moyen

Le shewa moyen est intermédiaire entre le shewa mobile et le shewa quiescent. Comme le shewa mobile, il est prononcé  ; comme le shewa quiescent, il vient après une voyelle brève, p. ex. après ◌ַ dans מַלְכֵֿי (comme dans מַלְכִּי « mon roi », avec shewa quiescent).

Explication de l’exemple מַלְכֵֿי = ma̦leḵẹ̄. Ce mot a deux syllabes, mais la division syllabique est impossible (cf. § 27 a). Le כ étant spirant, le shewa doit être prononcé  ; d’autre part ce n’est pas un shewa mobile normal, car il ne vient pas après une syllabe ouverte. On ne peut couper ma̦-leḵẹ̄, car ◌ַ ne peut se trouver en syllabe ouverte, ni ma̦l-eḵẹ̄, car un shewa ne peut commencer une syllabe. Phonétiquement la petite voyelle e se rattache étroitement à la consonne précédente : le groupe ma̦le forme une unité phonétique étroite.

e Remarques. 1) Le shewa moyen n’est nullement une invention des grammairiens. C’est un phénomène bien réel, constituant un trait caractéristique de l’hébreu. On a donc grand tort de le rejeter, comme a fait Kautzsch dans la 28e éd. de sa grammaire, sous l’influence du métricien Sievers.

2) L’existence du shewa moyen apparaît clairement dans le cas des begadkefat (§ 19)[1]. Dans les autres cas on peut conclure à son existence par analogie. Ainsi les mots du type מַלְכֵֿי comme כַּרְמֵי ont probablement le shewa moyen ; mais il a pu facilement disparaître, comme de fait il a disparu, dans כַּסְפֵּי.

3) Généralement le shewa moyen représente une ancienne voyelle pleine, comme le shewa mobile. Quelquefois cependant il est adventice, p. ex. dans בִּגְדִֿי (car le type normal est מַלְכִּי, קִרְבִּי).

f Cas pratiques où l’on a le shewa moyen :

Nom : 1) Dans les noms segolés, au pluriel construit (et aux formes qui le contiennent), מַלְכַֿי, מַלְכֵֿיכֶֿם (cf. 7) ; cf. § 96 A b.

2) Dans les noms avec deux voyelles brèves primitives, p. ex. type דָּבָר « parole », pl. cst. דִּבְרֵי diḇerẹ̄  ; זָנָב « queue », pl. cst. זַנְבֿוֹת (ici ◌ַ pour le normal ◌ִ) ; cf. § 96 B b.

3) Dans les noms avec deux voyelles brèves primitives et la finale fém. ◌ָה, p. ex. צְדָקָה « justice » (de *ṣadaqat)  ; cst. צִדְקַת ṣiḏeqa̦t  ; pl. cst. צִדְקוֹת  ; נְדָבָה « générosité », cst. נִדְֿבַֿת  ; cf. § 97 B b.

  1. Cf. Nöldeke, Zeitschrift für Assyriologie, 18, p. 71.