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18 m — 19 b
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Omission du dagesh — Begadkefat

lique aussi faible. La voyelle qui précède reste brève ; la consonne est donc moyenne et le shewa dévient moyen. C’est donc un cas de semi-redoublement ou redoublement faible (§ b).

L’omission du redoublement fort, autrement dit l’abrègement de la consonne longue en consonne moyenne, devant shewa, a lieu surtout dans les cas suivants :

  1. 1) Principalement dans יְ initial : a) au futur après le waw fort (וַ), toujours, p. ex. וַיְקַטֵּל u̯a̦ī̯̆eqa̦ṭṭẹl (§ 47 a), וַיְהִי ; b) dans les noms après l’article, p. ex. הַיְלָדִים, à moins que la seconde consonne ne soit ה ou ע, p. ex. הַיְּהוּדִים, הַיְּעֵפִים (§ 35 c).
  2. 2) Régulièrement dans מְ initial du participe piel et pual après l’article, p. ex. הַֽמְבַקֵּשׁ (peut-être pour éviter deux dagesh) (§ 35 c).
  3. 3) Souvent dans les consonnes liquides ל, מ, נ, dans les sifflantes et la vélaire ק. (Par contre, dans ces mêmes consonnes on a souvent le dagesh dirimens, cf. § k). Exemples : הִנְנִי (en pause הִנֵּ֑נִי) ; הַֽלֲלוּ (pour le ḥaṭef pataḥ cf. § 9 d) ; מִלְמַ֫עְלָה d’en haut (mais מִלְּמַ֫טָּה d’en bas) ; בִּקְשָׁה etc. (souvent dans ce verbe בִּקֵשׁ ; même après une première omission de dagesh dans הַֽמְבַקְשִׁים ha̦meḇa̦qešīm, Ex 4, 19 ; Jér 11, 21) ; יִשְׂאוּ (fut. de נָשָׂא porter) ; כִּסְאִי de כִּסֵּא trône.
  4. 4) Dans le ו, p. ex. עִוְרִים (sing. עִוֵּר aveugle).
§ 19. Spiration des consonnes begadkefat.

a La double prononciation des begadkefat a été indiquée § 5 o ; nous avons parlé du dagesh doux, signe de la prononciation explosive § 10, et du rafé, signe de la prononciation spirante § 12.

b Loi des begadkefat. Une consonne begadkefat garde sa valeur première d’explosive si elle n’est précédée d’aucun élément vocalique ; elle devient spirante si elle est précédée d’un élément vocalique, si minime soit-il (p. ex. un shewa prononcé mobile ou moyen).

Cette loi est fondée sur la tendance naturelle à l’inertie. L’émission explosive d’une begadkefat exige dans son premier temps la fermeture des organes, tandis que l’émission spirante comporte une certaine ouverture. D’autre part, l’émission d’une voyelle quelconque exige une ouverture notable des organes. Après une voyelle, les organes qui ont la position d’ouverture ont naturellement moins d’effort à faire pour