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17 g — 18 b
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Redoublement des consonnes

p. ex. *mitda̦bbẹr > מִדַּבֵּר ; *hitṭa̦mmåʾ > הִטַּמָּא. Il s’assimile partiellement à l’emphatique צ, c.-à-d. devient emphatique, p. ex. *hitṣa̦ddẹq devient (avec métathèse, § b) הִצְטַדֵּק (cf. § 53 e).

Le ל est assimilé dans le verbe לָקַח, p. ex. יִקַּח (§ 72 j).

Le ד est assimilé dans אַחַ֫ת une, de ʾaḥadt (§ 100 b).

§ 18. Redoublement des consonnes.

a Redoublement ou allongement des consonnes. Bien que les différences du temps employé à prononcer une consonne soient beaucoup moins sensibles que pour les voyelles, on peut facilement distinguer au moins deux quantités d’une consonne. Quand on prolonge une consonne, l’implosion et l’explosion sont séparées par un intervalle sensible, et l’on a l’impression d’une consonne double[1]. On transcrit généralement une consonne longue ou redoublée en répétant la lettre, p. ex. אַפּוֹ ʾa̦p-pọ̄, ce qui a l’inconvénient de laisser croire que la consonne est répétée, alors qu’il y a en réalité consonne unique. Le signe logique de la consonne longue serait celui de la voyelle longue, p. ex. ʾa̦p̄ọ̄[2].

b Outre ce redoublement proprement dit, indiqué par le dagesh fort, il y a en hébreu un redoublement dit virtuel, qui serait mieux appelé semi-redoublement ou redoublement faible[3], p. ex. dans שִׁחֵת il a corrompu (piel de שׁחת), הַיְלָדִים les enfants. Dans ces exemples la forme demanderait le redoublement : *šiḥ-ḥẹṯ, *ha̦i̯-i̯elåḏīm. En fait, le redoublement proprement dit n’a pas lieu, mais la voyelle est celle qu’on aurait s’il avait lieu, à savoir une voyelle de syllabe aiguë. Généralement on suppose que le redoublement a existé autrefois et a amené la voyelle de syllabe aiguë ; puis le redoublement aurait cessé, mais la voyelle de syllabe aiguë serait restée, bien que la syllabe soit maintenant ouverte. Dans cette explication le redoublement est actuellement nul, mais sa vertu demeure. Mais si le redoublement est actuellement nul, on devrait actuellement avoir une voyelle de syllabe

  1. Rousselot, Principes de phonétique expérimentale, p. 993 ; Passy, Petite phonétique comparée des principales langues européennes2, § 144 sqq.
  2. Dans cette grammaire le signe exprime le p spirant (= f), § 5 o.
  3. Cf. Gismondi, Linguae hebraicae grammatica2, § 16 « mitior reduplicatio ».