Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
np
Consonnes : begadkefat

espagnol[1]. Il faut absolument éviter de prononcer ר comme la fricative gutturale du français moderne qu’on entend dans une grande partie de la France, surtout dans les villes. Le fait que le ר est traité en partie comme les gutturales n’autorise pas à le regarder comme une gutturale (cf. § 23).

o Les begadkefat. Les six consonnes renfermées dans le mot mnémonique בְּגַדְכְּפַת ont une double prononciation : explosive, spirante. Explosives, elles ont la valeur des consonnes correspondantes du français b, g (dur), d, k, p, t. Pour indiquer le son explosif on met dans l’intérieur de la lettre un point nommé dagesh[2]. Spirantes, elles ont les sons spirants ou continus correspondants. Pour indiquer le son spirant, on met sur la lettre un trait horizontal nommé rafé[3] ; ainsi font les manuscrits. Mais dans les éditions de la Bible, l’absence de dagesh suffit à indiquer que la consonne est rafé. Les sons spirants sont les suivants :

  • בֿ   , bh, comme β grec moderne, à peu près v français.
  • גֿ   , gh, comme γ grec mod. dans γάλα (cf. § l).
  • דֿ   , dh, comme δ grec mod. (th doux anglais).
  • כֿ   , kh, comme χ grec mod. dans χάρις (cf. § k).
  • פֿ   , ph, f, comme φ grec mod. = f français.
  • תֿ   , th, comme ϑ grec mod. (th dur anglais).

La lecture correcte de l’hébreu exige la prononciation exacte de ces six spirantes.

p Sur le dagesh cf. § 10. Sur les règles concernant la spiration des begadkefat cf. § 19 ; contentons-nous ici de donner la loi générale : tout élément vocalique, si minime soit-il (p. ex. un shewa prononcé), rend spirante la begadkefat qui suit.

  1. Cf. Mélanges de la Faculté orientale de Beyrouth, t. 51, (1911) pp. 383−8.
  2. דָּגֵשׁ dåḡẹš, participe araméen, « perçant », d’après Kahle, dans Bauer-Leander, 1, 119. La consonne explosive (ou instantanée) est aussi appelée par les anciens dagesh ou encore קָשֶׁה « dur ».
  3. רָפֵי råp̄ẹ(y), participe araméen, « relâché ». La consonne spirante est aussi appelée par les anciens rafé ou encore רַךְ « mou ».
        P. Joüon, Gramm. de l’hébreu bibl.
2