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22 c — 23 b
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Ḥaṭef — Consonne ר

1) le second pataḥ est une voyelle auxiliaire qui est partagée entre les deux consonnes ע et מ ; 2) le shewa est moyen, et donc partagé entre les deux consonnes מ et ד ; le mot peut donc se rendre graphiquement par i̯a̦ʿ a̦me ḏū. Autres exemples : נַֽעֲרוֹ mais נַֽעַרְךָ ; פָּֽעֳלוֹ mais פָּֽעָלְךָ (comp. §§ 65 c et 96 A j : ◌ָ auxiliaire sans gutturale). Pour le meteg, cf. § 14 c 3.

De même que le ḥaṭef auxiliaire ne s’emploie pas toujours, de même cette voyelle auxiliaire ; ainsi à côté de l’usuel יֶֽחֶזְקוּ on trouve יֶחְזְקוּ dans Is 28, 22.

d Il y a quelquefois suppression secondaire du ḥaṭef après la prép. לְ, p. ex. לַחְפֹּר au lieu de לַֽחֲפֹר* § 68 e ; très rarement après בְּ : בֶּעְזֹר 1 Ch 15, 26 (var. עֱ), très rart après וְ : וַעְצֹר Job 4, 2. Voir encore, avec les verbes הָיָה et חָיָה, les formes comme לִֽהְיוֹת § 79 s.

§ 23. La consonne ר comparée aux gutturales.

a La consonne linguale ר est traitée en partie comme les gutturales, bien qu’elle ne soit pas gutturale (§ 5 n).

Comme les gutturales le ר répugne au redoublement. Il n’a jamais le redoublement virtuel. Quant au redoublement fort (indiqué par le dagesh) il l’a très rarement (jamais après l’article). On trouve toujours (3 fois) הַרְּאִיתֶם[1] avez-vous vu ? 1 S 10, 24 ; 17, 25 ; 2 R 6, 32 † ; מָרַּת mo̦rra̦t « amertume de » Pr 14, 10 ; לֹא־כָרַּת שָׁרֵּךְ « ton cordon ombilical ne fut pas coupé » Éz 16, 4 ; שֶׁרֹּאשִׁי « que ma tête » Ct 5, 2 ; quelquefois après un dagesh euphonique (deḥīq ou mẹra̦ḥīq), dans certaines éditions.

b Comme les gutturales, le ר final aime la voyelle ◌ַ[2]. Exemples : וַיָּ֫סַר de סוּר s’écarter, pour le qal וַיָּ֫סָר* et pour le hifil וַיָּ֫סֶר* (§ 80 k) ; וַיַּרְא de רָאָה voir (qal futur יִרְאֶה) ; la forme se confond avec le hifil (fut. apoc. de יַרְאֶה) ; וַיָּ֫צַר et il assiégea, de צוּר, pour וַיָּ֫צָר* ; la forme se confond avec וַיָּ֫צַר et il tint à l’étroit, hifil de צַר, rac. צרר, hifil הֵצַר, יָצַר. Mais avec ◌ֶ on a וַיֵּ֫צֶר et il fut étroit § 82 b ; וַיֹּ֫אמֶר § 73 d. Dans les noms on a ◌ֶ, p. ex. אֹ֫מֶר, בֹּ֫קֶר etc.

  1. Le ר, après le ה interrogatif, n’est pas traité comme les gutturales ; ainsi l’on dit הֲרָאִ֫יתָ as-tu vu ? (§ 102 n).
  2. En syriaque r et même l finals amènent parfois la voyelle a.