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16 g — 17 b
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Texte massorétique — Changements dans les consonnes

qu’on peut lire soit le qal יִרְדֹּף soit le piel יְרַדֵּף. Cette hypothèse des lectiones mixtae permet d’expliquer d’une façon plausible certaines formes dont la vocalisation est, autrement, injustifiable[1].

h Il reste à signaler quelques menues particularités de notre texte massorétique, dont la signification n’est pas toujours claire, et qui du reste sont en partie négligées par les éditeurs.

  1. 1) Les points extraordinaires mis sur certaines consonnes, p. ex. Gn 16, 5 sur le yod postérieur de וּבֵינֶֽיׄךָ, ou sur des mots entiers, p. ex. Gn 33, 4. Ces points semblent toujours demander une suppression.
  2. 2) Les lettres majuscules, p. ex. Gn 1, 1 ; Ct 1, 1 ; Lev 11, 42 (ו indiquant le milieu du Pentateuque), et minuscules, p. ex. Gn 2, 4.
  3. 3) Les lettres suspendues, p. ex. Jug 18, 30 ; Ps 80, 14 (ע indiquant le milieu du Psautier).
  4. 4) Enfin certaines lettres écrites d’une façon anormale pour quelque raison subtile.
[PHONÉTIQUE]
§ 17. Changements dans les consonnes.

a Consonne ajoutée au commencement du mot : alef prosthétique. Un alef initial (en réalité non prononcé) avec sa voyelle est ajouté quelquefois pour faciliter la prononciation, p. ex. אֱתְמוֹל hier (5 fois) à côté de תְּמוֹל (23 f.), אֶזְרוֹעַ bras (2 f.) à côté de l’usuel זְרוֹעַ[2]. On observe le même phénomène phonétique dans nos langues, p. ex. en latin vulgaire iscientia, istare, estatio, Estephanus ; fr. esprit, espérer. Très rarement on a alef formant demi-syllabe ouverte, p. ex. אֲבַתִּחִים melons (ar. biṭṭīḫ بِطِّيخ) cf. § 88 L a.

b Métathèse de consonne. Dans la conjugaison hitpael, le ת permute avec une première sifflante, p. ex. *hit-ša̦mmẹr > הִשְׁתַּמֵּר se garder. On évite ainsi les groupes ts, , tṣ qui répugnaient déjà au sémitique commun (cf. § 53 e).

  1. Cf. § 75 g תִּֽהֲלַךְ, § 89 j וְיֹלַדְתְּ, § 91 b כִּכְּרַ֫יִם.
  2. La voyelle initiale a été adoptée probablement parce que était senti comme la voyelle la plus faible, en cette position ; cf. § 9 c ◌ֱ comme ḥaṭef très faible ; § 21 i ◌ֱ plus faible que ◌ֲ ; § 68 a N.