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Gutturales

c.-à-d. sont rapprochées du son (assimilation partielle), p. ex. *i̯iʾ-šam > יֶאְשַׁם « il se rendra coupable », *i̯iḥ-zaq > יֶֽחֱזַק « il sera fort », *muʿ-mad > מָֽעֳמָד « placé »[1].

Remarque. Bien entendu, une gutturale n’influe pas sur la vocalisation d’une syllabe précédente ; ainsi un shewa mobile précédent n’est pas modifié, p. ex. שְׁחַט, שִׁלְּחָה, פְּעָלִים (pluriel de פֹּ֫עַל), וְהָאָ֫רֶץ.

e Après une gutturale l’influence de la gutturale est beaucoup moindre.

En syllabe fermée tonique on a assez souvent ◌ַ pour i, u primitifs, p. ex. יִשְׁחַט « il égorgera » pour *i̯išḥuṭ, *יִשְׁחֹט ; וַיָּ֫עַד pour *וַיָּ֫עֶד (fut. inverti hifil de עוד) « et il attesta ».

En syllabe fermée atone on a assez souvent ◌ֶ pour ◌ִ, p. ex. dans le parfait hifil des ל״ה on a הֶגְלָה à côté de הִגְלָה ; dans les noms, p. ex. חֶלְקִי (de חֵ֫לֶק part), עֶזְרִי (de עֵ֫זֶר secours, doublet fém. עֶזְרָה) ; dans les verbes, p. ex. חֶשְׂפִּי dénude Is 47, 2 (dagesh anormal).

f Après une gutturale on a un ḥaṭef dans les cas où une consonne non gutturale aurait shewa mobile, p. ex. שָֽׁחֲטוּ : קָֽטְלוּ ; עֲמֹד : קְטֹל.

À l’intérieur du mot le ḥaṭef est très ordinairement ◌ֲ.

g À l’initiale, après ה, ח, ע on a ◌ֲ pour a et i ; assez rarement ◌ֱ pour i ; ◌ֳ pour u. Exemples : חֲמוֹר âne (de *ḥimār = حِمَار) ; הֱקִימ֫וֹתָ à côté de הֲ׳, de הֵקִים ; חֳלִי maladie, עֳנִי misère (formes qutl).

h À l’initiale, après א on a ◌ֲ pour a ; ◌ֱ pour i ; ◌ֳ pour u. Exemples : אֲבִי état cst. de אָב père ; אֱלוֹהַּ, pl. אֱלֹהִים (arab. ʾilāh إِلاہ) ; אֳנִי vaisseau (forme qutl). Remarquer encore אֱ dans אֱנוֹשׁ homme (de *ʾunāš > *ʾunọ̄š, d’où par dissimilation *ʾinọ̄š > אֱנוֹשׁ, § 29 h).

Cependant dans les formes primitives qitāl (héb. קְטוֹל) et qitūl (héb. קְטוּל) au lieu de אֱ on a généralement אֵ, même à l’état cst., p. ex. אֵזוֹר ceinture, אֵבוּס crèche (cf. § 30 d).

i Quand, dans la flexion, ◌ֱ s’éloigne du ton, il devient généralement ◌ֲ, p. ex. אֱדוֹם, אֲדֹמִי ; prép. אֶל, poét.אֱלֵי, אֲלֵיכֶם. De même le groupe ◌ֶֽ◌ֱ devient généralement ◌ַֽ◌ֲ, p. ex. הֶֽעֱבַ֫רְתִּי Zach 3, 4, mais וְהַֽעֲבַרְתִּ֫י Jér 15, 14.

Le phénomène doit être considéré comme un renforcement : le

  1. Participe hofal. Opposer מֻקְטָל plus fréquent que מָקְטָל (§ 57 a).