Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ad
34
Shewas colorés ou ḥaṭef
§ 9. Des shewa colorés ou ḥaṭef.

a Les trois signes ◌ֲ, ◌ֱ, ◌ֳ (§ 6 e) sont appelés ḥaṭef (aram. חָטֵף corripiens, enlevant, abrégeant), ou encore shewa composés. On les appelle ici shewa colorés par opposition au shewa incolore c.-à-d. au shewa simple prononcé. Ce sont des voyelles extrêmement brèves, comme le shewa prononcé ; de sorte qu’on peut les appeler demi-voyelles (par opposition aux voyelles pleines). Les trois shewa colorés se trouvent très souvent sous les gutturales : les règles seront données à propos des gutturales (§ 21 fi).

b Comme le shewa simple prononcé, le shewa coloré peut être mobile ou moyen (cf. § 8 cd) :

Mobile, p. ex. עֲמֹד, שָֽׁחֲטוּ, יִשְׁחֲטוּ, יִשְׁלָֽחֲךָ, מֵֽאֲנוּ (piel).

Moyen, p. ex. יַֽעֲמֹד, שַֽׁחֲטוּ (impér. : « égorgez »), שִׁלַּֽחֲךָ, הִבָּרַֽאֲךָ, בִּֽעֲרוּ (piel), יֶֽחֱזַק, פָּֽעֳלוֹ.

c Sous les non-gutturales on a assez souvent un shewa coloré au lieu du shewa simple. On ne saurait donner à ce sujet des règles précises, d’autant que souvent les manuscrits varient[1].

Sous les non-gutturales, quand on doit avoir une voyelle un peu plus forte que le simple shewa, on ne met jamais ◌ֱ, sans doute senti comme trop faible ; on prend généralement ◌ֲ, à moins qu’il n’y ait une cause spéciale (étymologie ou harmonie) de choisir ◌ֳ. Il suit de là que ce ◌ֲ et ce ◌ֳ ne représentent pas nécessairement une voyelle primitive a ou u ; p. ex. on a סֽוֹבֲבָה de סוֹבֵב, אֶשֳּׁקָה de אֶשַּׁק.

d Principaux cas où l’on a ◌ֲ (ḥaṭef pataḥ) :

  1. 1) Généralement sous une consonne qui est ensuite répétée, p. ex. dans la flexion des verbes ע״ע : סֽוֹבֲבוּ, הַֽלֲלוּ « louez » (pour הַלְּלוּ*, piel). Mais on dit p. ex. יְבָֽרֶכְךָֿ « il te bénira » Gn 27, 10 (shewa moyen § 8 f 8). On a toujours הִנְנִי, הִנְנוּ (shewa moyen § 8 f 9) (en pause הִנֵּ֑נִי, הִנֵּ֑נוּ).
  1. Il est remarquable que les usages de l’hébreu sur ce point concordent assez bien avec ceux de l’araméen biblique (cf. Kautzsch, Grammatik des Biblisch-Aramäischen, p. 36). Il est fort possible qu’il y ait eu ici influence de la vocalisation de l’araméen sur celle de l’hébreu.