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Shewa

קָטַ֫לְתָ qåṭá̦l-tå ; מִצְוֺת miṣ-u̯ọ̄ṯ « commandements », בָּאְשׁוֹ bo̦ʾ-šọ̄ « sa puanteur ».

c Le shewa mobile (c.-à-d. shewa prononcé normal) forme avec sa consonne une petite syllabe (demi-syllabe) ouverte, p. ex. dans קָֽטְלָה qå-ṭe-lå(h). Ce shewa est la réduction d’une voyelle pleine (ici d’un a : *qaṭalat). On a le shewa mobile : 1) sous une consonne initiale : קְטֹל qeṭọl ; 2) sous une consonne qui suit une syllabe ouverte : קָֽטְלָה qå-ṭe-lå(h) (remarquer le meteg) ; 3) sous une consonne qui suit une syllabe fermée : יִקְטְלוּ i̯iq-ṭe-lū (d’où la règle empirique : de deux shewa consécutifs le premier est quiescent, le second mobile) ; 4) par conséquent sous une consonne longue (redoublée) : קִטְּלוּ qiṭ-ṭe-lū[1].

d Le shewa moyen (c.-à-d. shewa prononcé anormal) est ainsi appelé parce qu’il est comme intermédiaire (shewa medium) entre le shewa quiescent et le shewa mobile.

Le shewa moyen est prononcé. Nous le savons par la tradition. Nous pouvons le conclure du fait que le shewa moyen, comme le shewa mobile, représente généralement une voyelle pleine primitive. Nous pouvons le conclure encore du fait que le shewa moyen, comme le shewa mobile, rend spirante la consonne begadkefat qui suit, p. ex. dans le type מַלְכֵֿי « rois de » ; quand, par exception, la spiration n’a pas lieu, p. ex. dans le mot כַּסְפֵּי kạs-pẹ̄ « pièces d’argent de », c’est que le shewa est devenu quiescent (cf. § 19).

Le shewa moyen est un shewa mobile anormal. En effet, tandis que le shewa mobile se trouve après des syllabes normales (syllabe ouverte, syllabe fermée), le shewa moyen se trouve après une syllabe anormale (ni vraiment ouverte, ni vraiment fermée ; cf. § 27 c).

  1. Le shewa qu’on trouve parfois écrit sous une consonne finale (cf. § a) ne peut être qu’un shewa mobile. On l’a p. ex. dans le type de la 2e p. f. sg. קָטַלְתְּ qåṭa̦lte (où le shewa représente une ancienne voyelle brève i) ; וַיַּשְׁקְ u̯a̦i̯i̯a̦šqe « et il abreuva » (fut. apoc. hifil de שָׁקָה) ; וַיִּשְבְּ u̯a̦i̯i̯išbe « et il emmena captif » (fut. apoc. qal de שָׁבָה) ; אַל־תֵּשְׁתְּ « ne bois pas » (fut. apoc. qal de שָׁתָה) ; אַתְּ ʾa̦tte « toi » fém. (pour *atti). Il en est de même dans le type שָלַ֫חַתְּ šålá̦ḥa̦te « tu (f.) as envoyé » avec un pataḥ auxiliaire très bref sous la 3e gutturale au lieu du shewa quiescent (cf. § 70 f). — A fortiori le ◌ְ qu'on trouve quelquefois après une syllabe ouverte doit être prononcé, p. ex. 2e p. f. גָּלִיתְ à côté de la forme normale גָּלִית ; בָּאתְ à côté de la forme normale בָּאת.