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d — 8 b
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Matres lectionis — Shewa

vants où la voyelle qui précède est hétérogène : ◌ַו, ◌ָו, ◌ֵו, ◌ִו ; ◌ַי, ◌ָי, וֹי, וּי. Dans ces groupes le ו et le י ont probablement[1] une valeur consonantique, p. ex. ◌ַי = a̦i̯ (non a̦i), ◌ָו = au̯ (non åu). — Dans le groupe ◌ָיו (suffixe 3e p. sg. m. du nom pl.) le י est quiescent, p. ex. סוּסָיו « les chevaux de lui » se prononce sūsau̯.

§ 8. Du shewa.

a Le signe ◌ְ shewa[2] est un signe équivoque[3] : il représente en effet deux choses notablement différentes. Tantôt il indique une voyelle incolore extrêmement brève, tantôt au contraire il indique l’absence absolue de voyelle (comme le sukūn arabe)[4]. À l’origine le ◌ְ représentait une voyelle e très légère, une sorte de demi-voyelle, qu’on peut comparer à l’e muet prononcé du français dans p. ex. regard, le roi. Puis l’usage du signe ◌ְ a été étendu au cas où la consonne (prononcée) n’a pas de voyelle.

Le shewa non prononcé se nomme quiescent. On le met sous toute consonne prononcée, sauf sous les consonnes finales. Toutefois on l’écrit dans le ךְ final, où il est pratiquement signe diacritique, permettant de distinguer plus facilement ך final de ן final. Exemple : שָׁוְא šåu̯(ʾ) : le shewa (quiescent) est mis sous le ו (qui est prononcé), non sous l’א (qui n’est pas prononcé). Dans סוּסָיו sūså(i̯)u̯ (§ 7 d) le י n’étant pas prononcé, et le ו prononcé étant final, n’ont pas de shewa. Le shewa quiescent, n’étant phonétiquement rien, ne s’indique pas dans les transcriptions.

Le shewa prononcé se nomme mobile ; il se subdivise en normal et anormal. Pour la commodité, nous appellerons shewa mobile le shewa prononcé normal ; et shewa moyen le shewa prononcé anormal.

b Le shewa quiescent (c.-à-d. non prononcé) est celui qui se trouve sous une consonne qui ferme (parfaitement) une syllabe, p. ex. dans

  1. En faveur de cette vue, voir § 19 d.
  2. שְׁוָא, šeu̯å, d’après hébreu biblique שָׁוְא « néant, rien ». Le shewa indique ou un rien au sens propre, ou un rien au sens figuré, à savoir presque rien.
  3. Le dagesh est aussi un signe équivoque (§ 10 a).
  4. En réunissant ces deux emplois, on peut dire que le shewa indique l’absence de tout élément vocalique coloré (voyelle pleine ou ḥaṭef).