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Matres lectionis

On trouve, rarement, א non étymologique dans des formes avec la voyelle ◌ָֽ, p. ex. קָאם (Os 10, 14 pour קָם, § 80 k), שֵׁנָא « sommeil » (Ps 127, 2, graphie araméenne pour שֵׁנָה).

La particule נָא (§ 105 c) s’écrit avec א, peut-être pour mieux distinguer de la finale נָה du pluriel fém. au futur et à l’impératif.

c Les matres lectionis en tant qu’indiquant la quantité des voyelles. De même que les matres lectionis indiquent, imparfaitement, certains timbres, elles indiquent aussi, imparfaitement, la quantité. L’écriture hébraïque n’est pas arrivée à indiquer toutes les longues et seulement les longues par une lettre quiescente, comme le fait l’écriture arabe. Très souvent de vraies longues n’ont pas de mater lectionis (scriptio defectiva), et inversement, quelquefois des voyelles moyennes ou brèves ont une mater lectionis (la scriptio plena est alors indue). On emploie ו pour indiquer les voyelles longues וּ, וֹ ; on emploie י pour indiquer les voyelles longues ◌ִי, ◌ֵי, ◌ֶי. L’absence d’une mater lectionis pour la voyelle å s’explique probablement par le fait que å est rarement long (p. ex. dans כְּתָב de *kitāb § 96 D d), car l’ā primitif est ordinairement devenu ọ̄ en hébreu.

Certaines formes fréquentes sont souvent écrites defective ; ainsi on écrit généralement שָׁלשׁ šålọ̄š « trois », malgré la longueur certaine du  ; de même le participe actif qal, p. ex. קֹטֵל qōṭẹl (de *qāṭil). Souvent, par tendance à l’économie, on omet la mater lectionis quand, dans le même mot, on a ו ou י. Ainsi on écrit presque toujours גּוֹיִם « peuples » pour גּוֹיִים, מִצְוֺת miṣu̯ọ̄ṯ « commandements » pour מִצְווֹת. On écrit toujours אֱלוֹהַּ, ʾlọ̄h « Dieu », mais toujours אֳלֹהִים ʾlọ̄hīm (pluriel). On trouve toujours מַחְסוֹר « manque » écrit plene, sauf dans deux cas où il y a un ו dans la forme : מַחְסֹרוֹ Dt 15, 8, וּמַחְסֹֽרְךָ Pr 6, 11.

Par contre, certaines voyelles moyennes ont quelquefois la mater lectionis ; ainsi le futur du type יַקְטֹל où l’ est moyen (provenant d’un u) est assez souvent écrit avec וֹ (cf. Bauer 1, p. 302) ; de même, mais rarement, la forme קְטֹל (impératif et infinitif construit).

La scriptio plena tend à devenir plus fréquente dans les livres postérieurs. Elle est très développée dans les écrits postbibliques et supplée ainsi à l’absence des signes vocaliques.

d Remarque. Quand le ו et le י ne sont pas employés comme mater lectionis, ils se prononcent. C’est le cas dans les groupes sui-