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105 bc
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Interjection

b Cri de joie : הֶאָח ah ! (9 fois).

Cris de douleur : אֲהָהּ ah ! (13 f.)[1] ; הָהּ Éz 30, 2 ⸮ † ; אָח Éz 6, 11 ; 21, 20 †[2].

Cris de menace : הוֹי vae ! malheur ! (50 f.) ; אוֹי (22 f.) ; א֫וֹיָה Ps 120, 5 † (אִי Eccl 4, 10 ; 10, 16 est ⸮) ; אַלְלַי Mich 7, 1 ; Job 10, 15 †. Cf. § 162 d.

Cri pour imposer silence : הַס, הָ֑ס chut ! silence ! ; pl. הַ֫סּוּ Néh 8, 11 †, § a fin.

c Interjection déprécative ־נָא. Ce mot, qui ne se trouve qu’après un autre mot, est presque toujours précédé du maqqef § 13 b. Il est très largement employé pour ajouter une nuance déprécative, généralement faible, pour laquelle il n’y a pas d’équivalent exact en français. On peut parfois rendre נָא par je (te) prie, de grâce[3] (qui correspond plutôt à אָֽנָּא), parfois par le donc de sentiment p. ex. dans « Viens donc ! » ; dans certains cas, et notamment quand il est employé d’une façon plus ou moins abusive, נָא ne doit pas se traduire. La particule déprécative est très fréquente avec les modes volitifs (impératif, cohortatif, jussif). Au cohortatif, à côté des cas où le sens déprécatif est évident (parce que l’action voulue par celui qui parle dépend de la volonté d’autrui, p. ex. Nb 20, 17 נַעְבְּרָה־נָּא « nous voulons passer, s’il te plaît »), il y a quelques cas où le נָא est employé d’une façon plus ou moins abusive et n’ajoute guère qu’une nuance d’énergie, p. ex. Ex 3, 3 אָסֻֽרָה־נָּא je veux m’avancer ; Nb 16, 26 ; 20, 10. Dans אִם־נָא d’une protase conditionnelle, la nuance déprécative, qui affecte logiquement l’apodose contenant la demande, est anticipée[4], p. ex. Gn 33, 10 « Je te prie, si j’ai trouvé, grâce à tes yeux, tu accepteras

  1. On a l’élément *אָהּ dans אָֽנָּא § c. — L’interjection אֲהָהּ est généralement suivie d’un vocatif, ordinairement אֲדֹנָי יֱהֹוִה.
  2. On a probablement אָח dans אַֽחֲלַי Ps 119, 5 (accent disjonctif) utinam !, et אַֽחֲלֵי 2 R 5, 3 (accent conjonctif) ah ! si…. Le second élément est probablement une déformation de la conjonction לוּ si. Le mot serait donc une conjonction interjectionnelle (cf. § 163 c).
  3. Mais sans nuance propre de politesse. Ainsi Élie dit עֲלֵה־נָא à son serviteur 1 R 18, 43, et simplement עֲלֵה au roi (v. 41). Dieu emploie נָא en parlant à Abraham Gn 13, 14 ; à Moïse Ex 4, 6 ; 11, 2 ; à Isaïe Is 7, 3.
  4. Comparer l’anticipation de אָֽנָּא Ex 32, 31 et surtout Dn 9, 4 (la demande seulement au v. 16).