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54 ab
Conjugaison hifil

L’explication des formes doit commencer par le futur.

Futur. La forme hébraïque première est *ehaqtil (avec i bref), d’où, par syncope du ה (§ 17 e) *i̯aqtil.

Cet i bref est conservé au jussif et à l’impératif, où il devient normalement ◌ֵ. Mais à l’indicatif (sauf dans תַּקְטֵ֫לְנָה) l’i devient long (יַקְטִיל), probablement à l’analogie du hifil des verbes ע״ו, p. ex. יָקִים (§ 80 g). Exception : dans le type יָסֵב pour *i̯asibb, l’i ne s’est pas allongé, à cause de la tendance de la consonne finale des verbes ע״ע au redoublement (cf. § 18 l).

Parfait. La forme primitive haqtal n’a conservé en hébreu aucun des deux a. (Comparer le parfait du piel § 52 a).

Le 1er a s’est affaibli en i (§ 29 g)[1]. Cependant l’a s’est conservé dans les types hau̯šib, hai̯ṭib devenus הוֹשִׁיב (§ 75 a), הֵיטִיב (§ 76 c) ; comparer, au nifal, le type nau̯šabנוֹשַׁב § 51 a.

Le 2d a est devenu i à l’analogie du futur, d’où *hiqtil. Cet i s’allonge (et garde le ton) aux 3es personnes הִקְטִיל, הִקְטִ֫ילָה, הִקְטִ֫ילוּ, à l’analogie des formes du futur יַקְטִיל, יַקְטִ֫ילוּ. Exception : dans le type הֵסֵב pour *hisibb, l’i ne s’est pas allongé. Aux autres personnes i (◌ֵ) devient a, p. ex. הִקְטַ֫לְתָּ.

L’impératif הַקְטֵל a la voyelle du futur jussif יַקְטֵל (§ 48 a).

L’infinitif cst. הַקְטִיל a la voyelle du futur (§ 49 c).

L’infinitif abs. הַקְטֵל est une modification secondaire de l’infinitif construit (§ 49 b).

Le participe מַקְטִיל a les voyelles du futur (cf. § 50 f).

b Remarques générales. La syncope du ה, nous l’avons dit, est ordinaire au futur et au participe. Au futur cependant on trouve quelques exemples avec ה, peut-être en partie sous l’influence de l’araméen, p. ex. יְהוֹשִׁיעַ 1 S 17, 47 ; Ps 116, 6 (en pause), יְהוֹדֶה Néh 11, 17 etc. ; יְהֵילִ֫ילוּ Is 52, 5.

À l’infinitif le ה après une préposition se maintient, p. ex. לְהַקְטִיל. Cependant, dans plusieurs exemples, le ה est syncopé, p. ex. לַקְטִיל ; mais dans la plupart des cas la vocalisation est suspecte, par exemple, לַסְתִּר Is 29, 15 peut se vocaliser en piel לְסַתֵּר ; לַצְבּוֹת et לַנְפִּל Nb

  1. Peut-être cet affaiblissement a-t-il commencé dans des formes comme *haqtaltém, loin du ton. Le pataḥ se trouve conservé dans וְהַרְאֵיתִ֫י Nah 3, 5. — Pour הֶ׳ cf. § c.