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Infinitif

graphie sporadique קְטוֹל est donc abusive). Il se trouve ainsi qu’actuellement les deux formes ont en dernière syllabe la même voyelle , longue dans קָטוֹל, moyenne dans קְטֹל. En considérant, de plus, l’opposition entre קָ et קְ, les deux infinitifs ont l’air d’avoir entre eux la relation qu’il y a, p. ex., entre abs. גָּדוֹל grand et cst. גְּדוֹל־. L’ancienne grammaire, peut-être même la conscience linguistique, semble avoir admis cette relation comme réelle, d’où les noms infinitif absolu, infinitif construit[1].

b Dans les conjugaisons dérivées l’infinitif absolu semble être une création secondaire. Aussi la distinction des deux infinitifs n’est-elle pas rigoureuse comme au qal. Bien plus, souvent la forme de l’infinitif construit peut être employée comme infinitif absolu, p. ex. au nifal הִקָּטֵל, au piel קַטֵּל. Parfois l’inf. abs. ne diffère de l’inf. cst. que par une modification secondaire ; ainsi au hifil du verbe régulier on a  : cst. הַקְטִיל, abs. הַקְטֵל ; au piel des verbes à 3e gutturale : cst. שַׁלַּח (forme légère), abs. שַׁלֵּחַ (forme lourde)[2].

Les infinitifs abs. en (avec , sans doute long, à l’analogie de קָטוֹל) ne se trouvent guère qu’au nifal : types נִקְטֹל (נִקְטוֹל) et הִקָּטֹל.

Dans les conjugaisons purement passives (pual, hofal) les deux infinitifs sont rares. Au hofal l’inf. abs. הָקְטֵל est remarquable par son caractère hybride : c’est l’inf. abs. du hifil הַקְטֵל passivé par le changement de la 1re voyelle ◌ַ en ◌ָ.

c Voyelle de l’infinitif construit. En général l’infinitif cst. a la même voyelle que le futur. Il en est ainsi dans toutes les conjugaisons dérivées, p. ex. הַקְטִיל comme יַקְטִיל. Au qal on a קְטֹל comme יִקְטֹל. Mais aux futurs en a correspond assez rarement un inf. en a, p. ex. שְׁכַב (statif ; c’est l’exemple principal)[3] ; ordinairement on a l’inf. en . Ainsi dans les verbes à 2e gutturale on a שְׁחֹט malgré יִשְׁחַט ; dans les verbes à 3e gutt. שְׁלֹחַ malgré יִשְׁלַח ; dans les verbes

  1. Chose curieuse, les deux infinitifs ont en syntaxe des emplois qui répondent assez bien à leurs noms. L’infinitif absolu est employé d’une façon absolue, comme un nom à l’état absolu ; au contraire l’infinitif construit peut se construire sur un nom ou un pronom, comme un nom à l’état construit.
  2. De même qu’on a, au participe, p. ex., abs. שֹׁלֵחַ, cst. שֹׁלַח.
  3. À l’exception de שְׁכַב, les infinitifs en a ne se trouvent qu’avec suffixe ou en liaison étroite avec le mot suivant.