L’Encyclopédie/1re édition/STYLE

STYLE, (Gramm. Rhétoriq. Eloq. Bel. let.) maniere d’exprimer ses pensées de vive voix, ou par écrit : les mots étant choisis & arrangés selon les lois de l’harmonie & du nombre, relativement à l’élévation ou à la simplicité du sujet qu’on traite, il en résulte ce qu’on appelle style.

Ce mot signifioit autrefois l’aiguille dont on se servoit pour écrire sur les tablettes enduites de cire. Cette aiguille étoit pointue par un bout, & applatie par l’autre, pour effacer quand on le vouloit : c’est ce qui a fait dire à Horace, sæpe stylum vertas, effacez souvent. Il se prend aujourd’hui pour la maniere, le ton, la couleur qui regne sensiblement dans un ouvrage ou dans quelqu’une de ses parties.

Il y a trois sortes de styles, le simple, le moyen & le sublime, ou plutôt le style élevé.

Le style simple s’emploie dans les entretiens familiers, dans les lettres, dans les fables. Il doit être pur, clair, sans ornement apparent. Nous en développerons les caracteres ci-après.

Le style sublime est celui qui fait regner la noblesse, la dignité, la majesté dans un ouvrage. Toutes les pensées y sont nobles & élevées : toutes les expressions graves, sonores, harmonieuses, &c.

Le style sublime & ce qu’on appelle le sublime, ne sont pas la même chose. Celui-ci est tout ce qui enleve notre ame, qui la saisit, qui la trouble tout-à-coup : c’est un éclat d’un moment. Le style sublime peut se soutenir long-tems : c’est un ton élevé, une marche noble & majestueuse.

J’ai vu l’impie adoré sur la terre :
Pareil au cedre, il portoit dans les cieux
Son front audacieux :
Il sembloit à son gré gouverner le tonnerre,
Fouloit aux piés ses ennemis vaincus :
Je n’ai fait que passer, il n’étoit déja plus.

Les cinq premiers vers sont du style sublime, sans être sublimes, & le dernier est sublime sans être du style sublime.

Le style médiocre tient le milieu entre les deux : il a toute la netteté du style simple, & reçoit tous les ornemens & tout le coloris de l’élocution.

Ces trois sortes de styles se trouvent souvent dans un même ouvrage, parce que la matiere s’élevant & s’abaissant, le style qui est comme porté sur la matiere, doit s’élever aussi & s’abaisser avec elle. Et comme dans les matieres tout se tient, se lie par des nœuds secrets, il faut aussi que tout se tienne & se lie dans les styles. Par conséquent il faut y ménager les passages, les liaisons, affoiblir ou fortifier insensiblement les teintes, à-moins que la matiere ne se brisant tout-d’un-coup & devenant comme escarpée, le style ne soit obligé de changer aussi brusquement. Par exemple, lorsque Crassus plaidant contre un certain Brutus qui deshonoroit son nom & sa famille, vit passer la pompe funebre d’une de ses parentes qu’on portoit au bucher, il arrêta le corps, & adressant la parole à Brutus, il lui fit les plus terribles reproches : « Que voulez-vous que Julie annonce à votre pere, à tous vos ayeux, dont vous voyez porter les images ? Que dira-t-elle à ce Brutus qui nous a délivré de la domination des rois » &c ? Il ne s’agissoit pas alors de nuances ni de liaisons fines. La matiere emportoit le style, & c’est toujours à lui de la suivre.

Comme on écrit en vers ou en prose, il faut d’abord marquer quelle est la différence de ces deux genres de style. La prose toujours timide, n’ose se permettre les inversions qui font le sel du style poétique. Tandis que la prose met le régissant avant le régime, la poésie ne manque pas de faire le contraire. Si l’actif est plus ordinaire dans la prose, la poésie le dédaigne, & adopte le passif. Elle entasse les épithetes, dont la prose ne se pare qu’avec retenue : elle n’appelle point les hommes par leurs noms, c’est le fils de Pélée, le berger de Sicile, le cygne de Dircée. L’année est chez elle le grand cercle, qui s’acheve par la révolution des mois. Elle donne un corps à tout ce qui est spirituel, & la vie à tout ce qui ne l’a point. Enfin le chemin dans lequel elle marche est couvert d’une poussiere d’or, ou jonché des plus belles fleurs. Voyez Poétique, style.

Ce n’est pas tout, chaque genre de poésie a son ton & ses couleurs. Par exemple, les qualités principales qui conviennent au style épique sont la force, l’élégance, l’harmonie & le coloris.

Le style dramatique a pour regle générale de devoir être toujours conforme à l’état de celui qui parle. Un roi, un simple particulier, un commerçant, un laboureur, ne doivent point parler du même ton : mais ce n’est pas assez ; ces mêmes hommes sont dans la joie ou dans la douleur, dans l’espérance ou dans la crainte : cet état actuel doit donner encore une seconde conformation à leur style, laquelle sera fondée sur la premiere, comme cet état actuel est fondé sur l’habituel ; & c’est ce qu’on appelle la condition de la personne. Voyez Tragédie.

Pour ce qui regarde la comédie, c’est assez de dire que son style doit être simple, clair, familier, cependant jamais bas, ni rampant. Je sais bien que la comédie doit élever quelquefois son ton, mais dans ses plus grandes hardiesses elle ne s’oublie point ; elle est toujours ce qu’elle doit être. Si elle alloit jusqu’au tragique, elle seroit hors de ses limites : son style demande encore d’être assaissonné de pensées fines, délicates, & d’expressions plus vives qu’éclatantes.

Le style lyrique s’éleve comme un trait de flamme, & tient par sa chaleur au sentiment & au goût : il est tout rempli de l’enthousiasme que lui inspire l’objet présent à sa lyre ; ses images sont sublimes, & ses sentimens pleins de feu. De-là les termes riches, forts, hardis, les sons harmonieux, les figures brillantes, hyperboliques, & les tours singuliers de ce genre de poésie. Voyez Ode, Poésie lyrique & Poete lyrique.

Le style bucolique doit être sans apprêt, sans faste, doux, simple, naïf & gracieux dans ses descriptions. Voyez Pastorale, poésie.

Le style de l’apologue doit être simple, familier, riant, gracieux, naturel & naïf. La simplicité de ce style consiste à dire en peu de mots & avec les termes ordinaires tout ce qu’on veut dire. Il y a cependant des fables où la Fontaine prend l’essor ; mais cela ne lui arrive que quand les personnages ont de la grandeur & de la noblesse. D’ailleurs cette élévation ne détruit point la simplicité qui s’accorde, on ne peut mieux, avec la dignité. Le familier de l’apologue est un choix de ce qu’il y a de plus fin & de plus délicat dans le langage des conversations ; le riant est caractérisé par son opposition au sérieux, & le gracieux par son opposition au desagréable : sa majesté fourrée, une Hélene au beau plumage, sont du style riant. Le style gracieux peint les choses agréables avec tout l’agrément qu’elles peuvent recevoir. Les lapins s’égayoient, & de thim parfumoient leurs banquets. Le naturel est opposé en général au recherché, au forcé. Le naïf l’est au réfléchi, & semble n’appartenir qu’au sentiment, comme la fable de la laitiere.

Passons au style de la prose : il peut être périodique ou coupé dans tout genre d’ouvrage.

Le style périodique est celui où les propositions ou les phrases sont liées les unes aux autres, soit par le sens même, soit par des conjonctions.

Le style coupé est celui dont toutes les parties sont indépendantes & sans liaison réciproque. Un exemple suffira pour les deux especes.

« Si M. de Turenne n’avoit sû que combattre & vaincre, s’il ne s’étoit élevé au-dessus des vertus humaines, si sa valeur & sa prudence n’avoient été animées d’un esprit de foi & de charité, je le mettrois au rang des Fabius & des Scipions ». Voilà une période qui a quatre membres, dont le sens est suspendu. Si M. de Turenne n’avoit sû que combattre & vaincre, &c. ce sens n’est pas achevé, parce que la conjonction si promet au-moins un second membre ; ainsi le style est là périodique. Le veut-on coupé, il suffit d’ôter la conjonction : M. de Turenne a su autre chose que combattre & vaincre, il s’est élevé au-dessus des vertus humaines ; sa valeur & sa prudence étoient animées d’un esprit de foi & de charité ; il est bien au-dessus des Fabius, des Scipions. Ou si l’on veut un autre exemple : « Il passe le Rhin, il observe les mouvemens des ennemis ; il releve le courage des alliés, &c ».

Le style périodique a deux avantages sur le style coupé : le premier, qu’il est plus harmonieux ; le second, qu’il tient l’esprit en suspens. La période commencée, l’esprit de l’auditeur s’engage, & est obligé de suivre l’orateur jusqu’au point, sans quoi il perdroit le fruit de l’attention qu’il a donnée aux premiers mots. Cette suspension est très-agréable à l’auditeur, elle le tient toujours éveillé & en haleine.

Le style coupé a plus de vivacité & plus d’éclat : on les emploie tous deux tour-à-tour, suivant que la matiere l’exige. Mais cela ne suffit pas à-beaucoup-près pour la perfection du style : il faut donc observer avant toutes choses que la même remarque que nous avons faite au sujet de la poésie, s’applique également à la prose, je veux dire que chaque genre d’ouvrage prosaïque demande le style qui lui est propre. Le style oratoire, le style historique & le style épistolaire ont chacun leurs regles, leur ton, & leurs lois particulieres.

Le style oratoire requiert un arrangement choisi des pensées & des expressions conformes au sujet qu’on doit traiter. Cet arrangement des mots & des pensées comprend toutes les especes de figures de rhétorique, & toutes les combinaisons qui peuvent produire l’harmonie & les nombres. Voyez Orateur, Orateurs grecs & romains, Elocution, Eloquence, Harmonie, Mélodie, Nombre, &c.

Le caractere principal du style historique, est la clarté. Les images brillantes figurent avec éclat dans l’histoire : elle peint les faits ; c’est le combat des Horaces & des Curiaces ; c’est la peste de Rome, l’arrivée d’Agrippine avec les cendres de Germanicus, ou Germanicus lui-même au lit de la mort. Elle peint les traits du corps, le caractere l’esprit, les mœurs. C’est Caton, Catilina, Pison : la simplicité sied bien au style de l’histoire ; c’est en ce point que César s’est montré le premier homme de son siecle. Il n’est point frisé, dit Cicéron, ni paré ni ajusté, mais il est plus beau que s’il l’étoit. Une des principales qualités du style historique, c’est d’être rapide ; enfin il doit être proportionné au sujet. Une histoire générale ne s’écrit pas du même ton qu’une histoire particuliere ; c’est presque un discours soutenu ; elle est plus périodique & plus nombreuse.

Le style épistolaire doit se conformer à la nature des lettres qu’on écrit. On peut distinguer deux sortes de lettres ; les unes philosophiques, où l’on traite d’une maniere libre quelque sujet littéraire ; les autres familieres, qui sont une espece de conversation entre les absens ; le style de celle-ci doit ressembler à celui d’un entretien, tel qu’on l’auroit avec la personne même si elle étoit présente. Dans les lettres philosophiques, il convient de s’élever quelquefois avec la matiere, suivant les circonstances. On écrit d’un style simple aux personnes les plus qualifiées au-dessus de nous ; on écrit à ses amis d’un style familier. Tout ce qui est familier est simple ; mais tout ce qui est simple n’est pas familier. Le caractere de simplicité se trouve sur-tout dans les lettres de madame de Maintenon : rien de si aisé, de si doux, de si naturel.

Le style épistolaire n’est point assujetti aux lois du discours oratoire : sa marche est sans contrainte : c’est le trop de nombres qui fait le défaut des lettres de Balzac. Il est une sorte de négligence qui plaît, de même qu’il y a des femmes à qui il sied bien de n’être point parées. Telle est l’élocution simple, agréable & touchante sans chercher à le paroître ; elle dédaigne la frisure, les perles, les diamans, le blanc, le rouge, & tout ce qui s’appelle fard & ornement étranger. La propreté seule, jointe aux graces naturelles, lui suffit pour se rendre agréable.

Le style épistolaire admet toutes les figures de mots & de pensées, mais il les admet à sa maniere. Il y a des métaphores pour tous les états ; les suspensions, les interrogations sont ici permises, parce que ces tours sont les expressions même de la nature.

Mais soit que vous écriviez une lettre, une histoire, une oraison, ou tout autre ouvrage, n’oubliez jamais d’être clair. La clarté de l’arrangement des paroles & des pensées, est la premiere qualité du style. On marche avec plaisir dans un beau jour, tous les objets se présentent agréablement ; mais lorsque le ciel s’obscurcit, il communique sa noirceur à tout ce qu’on trouve sur la route, & n’a rien qui dédommage de la fatigue du voyage.

A la clarté de votre style, joignez s’il se peut la noblesse & l’éclat ; c’est par-là que l’admiration commence à naître dans notre esprit. Ce fut par-là que Cicéron plaidant pour Cornélius, excita ces emportemens de joie & ces battemens de mains, dont le barreau retentit pour-lors ; mais l’état dont je parle doit se soutenir ; un éclair qui nous éblouit passe légerement devant les yeux, & nous laisse dans la tranquillité où nous étions auparavant ; un faux brillant nous surprend d’abord & nous agite ; mais bientôt après nous rentrons dans le calme, & nous avons honte d’avoir pris du clinquant pour de l’or.

Quoique la beauté du style dépende des ornemens dont on se sert pour l’embellir, il faut les ménager avec adresse ; car un style trop orné devient insipide ; il faut placer la parure de même qu’on place les perles & les diamans sur une robe que l’on veut enrichir avec goût.

Tâchez sur-tout d’avoir un style qui revête la couleur du sentiment, cette couleur consiste dans certains tours de phrase, de certaines figures qui rendent vos expressions touchantes. Si l’extérieur est triste, le style doit y répondre. Il doit toujours être conforme à la situation de celui qui parle.

Enfin il est une autre qualité du style qui enchante tout le monde, c’est la naïveté. Le style naïf ne prend que ce qui est né du sujet & des circonstances : le travail n’y paroît pas plus que s’il n’y en avoit point ; c’est le dicendi genus simplex, sincerum, nativum des Latins. La naïveté du style consiste dans le choix de certaines expressions simples qui paroissent nées d’elles-mêmes plutôt que choisies ; dans des constructions faites comme par hasard, dans certains tours rajeunis, & qui conservent encore un air de vieille mode. Il est donné à peu de gens d’avoir en partage la naïveté du style ; elle demande un goût naturel perfectionné par la lecture de nos vieux auteurs françois, d’un Amyot, par exemple, dont la naïveté du style est charmante.

Il paroît assez par tous ces détails, que les plus grands défauts du style sont d’être obscur, bas, empoulé, froid, ou toujours uniforme.

Un style qui est obscur & qui n’a point de clarté, est le plus grand vice de l’élocution, soit que l’obscurité vienne d’un mauvais arrangement de paroles, d’une construction louche & équivoque, ou d’une trop grande brieveté. Il faut, dit Quintilien, non seulement qu’on puisse nous entendre, mais qu’on ne puisse pas ne pas nous entendre ; la lumiere dans un écrit doit être comme celle du soleil dans l’univers, laquelle ne demande point d’attention pour être vue, il ne faut qu’ouvrir les yeux.

La bassesse du style, consiste principalement dans une diction vulgaire, grossiere, seche, qui rebute & dégoûte le lecteur.

Le style empoulé, n’est qu’une élévation vicieuse, il ressemble à la bouffissure des malades. Pour en connoître le ridicule, on peut lire le second chapitre de Longin, qui compare Clitarque, qui n’avoit que du vent dans ses écrits, à un homme qui ouvre une grande bouche pour souffler dans une petite flute. Ceux qui ont l’imagination vive tombent aisément dans l’enflure du style, ensorte qu’au-lieu de tonner, comme ils le croient, ils ne font que niaiser comme des enfans.

Le style froid vient tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées. Celui-là parle froidement, qui n’échauffe point notre ame, & qui ne sait point l’élever par la vigueur de ses idées & de ses expressions.

Le style trop uniforme nous assoupit & nous endort.

Voulez-vous du public mériter les amours,
Sans cesse en écrivant variez vos discours ;
Un style trop égal & toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu’il nous endorme.
On lit peu ces auteurs nés pour nous ennuyer,
Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.

La variété nécessaire en tout, l’est dans le discours plus qu’ailleurs. Il faut se défier de la monotonie du style, & savoir passer du grave au doux, du plaisant au sévere.

Enfin, si quelqu’un me demandoit la maniere de se former le style, je lui répondrois en deux mots, avec l’auteur des principes de littérature, qu’il faut premierement lire beaucoup & les meilleurs écrivains ; secondement, écrire soi-même & prendre un censeur judicieux ; troisiemement, imiter d’excellens modeles, & tâcher de leur ressembler.

Je voudrois encore que l’imitateur étudiât les hommes ; qu’il prît d’après nature des expressions qui soient non-seulement vraies, comme dans un portrait qui ressemble, mais vivantes & animées comme le modele même du portrait. Les Grecs avoient l’un & l’autre en partage, le génie pour les choses, & le talent de l’expression. Il n’y a jamais eu de peuple qui ait travaillé avec plus de goût & de style ; ils burinoient plutôt qu’ils ne peignoient, dit Denis d’Halycarnasse. On sait les efforts prodigieux que fit Démosthène, pour forger ces foudres, que Philippe redoutoit plus que toutes les flottes de la république d’Athènes. Platon à quatre-vingt ans polissoit encore ses dialogues. On trouva après sa mort, des corrections qu’il avoit faites à cet âge sur ses tablettes. (Le chevalier de Jaucourt.)

Style, harmonie du. Voyez Oratoire, Harmonie, Éloquence. (D. J.)

Style, (Logiq.) le style des Logiciens & des Philosophes ne doit avoir d’autre but que d’expliquer exactement nos pensées aux autres ; c’est pourquoi il convient d’établir quelques regles particulieres à ce genre de style ; telles sont les suivantes.

1°. De ne s’écarter jamais des significations reçues des termes.

2°. Que les mêmes termes soient toujours pris dans le même sens.

3°. De fixer la signification des mots qui ont un sens vague & indéterminé.

4°. De désigner les objets essentiellement différens par des noms différens.

5°. Le logicien ou le philosophe doit toujours user des expressions les plus propres, & ne point employer plus de mots que ceux qui lui sont précisément nécessaires pour établir la vérité de la proposition qu’il avance. Voyez à ce sujet Wolf. Disc. prélimin. de la Logique, c. v. (D. J.)

Style oriental, (Prose & Poésie.) le style oriental a cet avantage, qu’il éleve l’ame, qu’il soutient l’attention, & qu’il fait lire avec une sorte de plaisir, des choses qui pour le fond ne sont pas toujours nouvelles. (D. J.)

Style, Poésie du, (Poésie.) la poésie du style, comme M. le Batteux l’a remarqué, comprend les pensées, les mots, les tours, & l’harmonie. Toutes ces parties se trouvent dans la prose même ; mais comme dans les arts, tels que la Poésie, il s’agit non seulement de rendre la nature, & de la rendre avec tous ses agrémens & ses charmes possibles ; la Poésie, pour arriver à sa fin, a été en droit d’y ajouter un degré de perfection, qui les élevât en quelque sorte au-dessus de leur condition naturelle.

C’est pour cette raison que les pensées, les mots, les tours, ont dans la Poésie une hardiesse, une liberté, une richesse, qui paroîtroit excessive dans le langage ordinaire. Ce sont des comparaisons toutes nues, des métaphores éclatantes, des répétitions vives, des apostrophes singulieres. C’est l’Aurore, fille du matin, qui ouvre les portes de l’orient avec ses doigts de roses ; c’est un fleuve appuyé sur son urne penchante, qui dort au bruit flatteur de son onde naissante ; ce sont les jeunes zéphirs qui folâtrent dans les prairies émaillées, ou les nayades qui se jouent dans leurs palais de crystal ; ce n’est point un repas, c’est une fête.

La poésie du style consiste encore à prêter des sentimens intéressans à tout ce qu’on fait parler, comme à exprimer par des figures, & à présenter sous des images capables de nous émouvoir, ce qui ne nous toucheroit pas, s’il étoit dit simplement en style prosaïque.

Mais chaque genre de poëme a quelque chose de particulier dans la poésie de son style ; la plûpart des images dont il convient que le style de la tragédie soit nourri, pour ainsi dire, sont trop graves pour le style de la comédie ; du-moins le poëme comique ne doit-il en faire qu’un usage très-sobre. Il ne doit les employer que comme Chrémès, lorsque ce personnage entre pour un moment dans une passion tragique. Nous avons déjà dit dans quelques articles, que les églogues empruntoient leurs peintures & leurs images des objets qui parent la campagne, & des événemens de la vie rustique. La poésie du style de la satyre doit être nourrie des images les plus propres à exciter notre bile. L’ode monte dans les cieux, pour y emprunter ses images & ses comparaisons du tonnerre, des astres, & des dieux mêmes : mais ce sont des choses dont l’expérience a déjà instruit tous ceux qui aiment la Poésie.

Il faut donc que nous croyions voir, pour ainsi dire, en écoutant des vers : ut pictura poesis, dit Horace. Cléopatre s’attireroit moins d’attention, si le poëte lui faisoit dire en style prosaïque aux ministres odieux de son frere : ayez peur, méchans ; César qui est juste, va venir la force à la main ; il arrive avec des troupes. Sa pensée a bien un autre éclat ; elle paroît bien plus relevée, lorsqu’elle est revétue de figures poétiques, & lorsqu’elle met entre les mains de César, l’instrument de la vengeance de Jupiter. Ce vers,

Tremblez, méchans, tremblez : voici venir la foudre.


me présente César armé du tonnerre, & les meurtriers de Pompée foudroyés. Dire simplement qu’il n’y a pas un grand mérite à se faire aimer d’un homme qui devient amoureux facilement ; mais qu’il est beau de se faire aimer par un homme qui ne témoigna jamais de disposition à l’amour ; ce seroit dire une vérité commune, & qui ne s’attireroit pas beaucoup d’attention. Quand Racine met dans la bouche d’Aricie cette vérité, revêtue des beautés que lui prete la poésie de son style, elle nous charme. Nous sommes séduits par les images dont le poëte se sert pour l’exprimer ; & la pensée de triviale qu’elle seroit, énoncée en style prosaïque, devient dans ses vers un discours éloquent qui nous frappe, & que nous retenons :

Pour moi, je suis plus fiere, & fuis la gloire aisée
D’arracher un hommage à mille autres offert,
Et d’entrer dans un cœur de toutes parts ouvert.
Mais de faire fléchir un courage inflexible,
De porter la douleur dans une ame insensible,
D’enchaîner un captif de ses fers étonné,
Contre un joug qui lui plaît vainement mutiné,
Voilà ce qui me plaît, voilà ce qui m’irrite.

Phedre, acte II.

Ces vers tracent cinq tableaux dans l’imagination.

Un homme qui nous diroit simplement : je mourrai dans le même château où je suis né, ne toucheroit pas beaucoup. Mourir est la destinée de tous les hommes ; & finir dans le sein de ses pénates, c’est la destinée des plus heureux. L’abbé de Chaulieu nous présente cependant cette pensée sous des images qui la rendent capable de toucher infiniment :

Fontenay, lieu délicieux,
Où je vis d’abord la lumiere,
Bien-tôt au bout de ma carriere
Chez toi je joindrai mes ayeux.
Muses qui dans ce lieu champêtre
Avec soin me fîtes nourrir,
Beaux arbres qui m’avez vu naître,
Bien-tôt vous me verrez mourir.

Ces apostrophes me font voir le poëte en conversation avec les divinités & avec les arbres de ce lieu. Je m’imagine qu’ils sont attendris par la nouvelle qu’il leur annonce ; & le sentiment qu’il leur prête, fait naître dans mon cœur un sentiment approchant du leur.

La poésie du style fait la plus grande différence qui soit entre les vers & la prose. Bien des métaphores qui passeroient pour des figures trop hardies dans le style oratoire le plus élevé, sont reçues en poésie ; les images & les figures doivent être encore plus fréquentes dans la plûpart des genres de la Poésie, que dans les discours oratoires ; la Rhétorique qui veut persuader notre raison, doit toujours conserver un air de modération & de sincérité. Il n’en est pas de même de la Poésie qui songe à nous émouvoir préférablement à toutes choses, & qui tombera d’accord, si l’on veut, qu’elle est souvent de mauvaise foi. Suivant Horace, on peut être poëte en un discours en prose ; & l’on n’est souvent que prosateur dans un discours écrit en vers. Quintilien explique si bien la nature & l’usage des images & des figures dans les derniers chapitres de son huitieme livre, & dans les premiers chapitres du livre suivant, qu’il ne laisse rien à faire, que d’admirer sa pénétration & son grand sens.

Cette partie de la Poésie la plus importante, est en même tems la plus difficile : c’est pour inventer des images qui peignent bien ce que le poëte veut dire ; c’est pour trouver les expressions propres à leur donner l’être, qu’il a besoin d’un feu divin, & non pas pour rimer. Un poëte médiocre peut, à force de consultations & de travail, faire un plan régulier, & donner des mœurs décentes à ses personnages ; mais il n’y a qu’un homme doué du génie de l’art, qui puisse soutenir ses vers par des fictions continuelles, & par des images renaissantes à chaque période. Un homme sans génie, tombe bien-tôt dans la froideur qui naît des figures qui manquent de justesse, & qui ne peignent point nettement leur objet ; ou dans le ridicule qui naît des figures, lesquelles ne sont point convenables au sujet. Telles sont, par exemple, les figures que met en œuvre le carme auteur du poëme de la Magdelaine, qui forment souvent des images grotesques, où le poëte ne devoit nous offrir que des images sérieuses. Le conseil d’un ami peut bien nous faire supprimer quelques figures impropres ou mal imaginées ; mais il ne peut nous inspirer le génie nécessaire pour inventer celles dont il conviendroit de se servir, & qui font la poésie du style ; le secours d’autrui ne sauroit faire un poëte ; il peut tout au plus lui aider à se former.

Un peu de réflexion sur la destinée des poëmes françois publiés depuis cent ans, achevera de nous persuader, que le plus grand mérite d’un poëme, vient de la convenance & de la continuité des images & des peintures que ses vers nous présentent. Le caractere de la poésie du style a toujours décidé du bon ou du mauvais succès des poëmes, même de ceux qui par leur étendue, semblent dépendre le plus de l’économie du plan, de la distribution, de l’action, & de la décence des mœurs.

Nous avons deux tragédies du grand Corneille, dont la conduite & la plûpart des caracteres sont très défectueux, le cid & la mort de Pompée. On pourroit même disputer à cette derniere piece le titre de tragédie ; cependant le public enchante par la poésie du style de ces ouvrages, ne se lasse point de les admirer ; & il les place fort au-dessus de plusieurs autres, dont les mœurs sont meilleures, & dont le plan est régulier. Tous les raisonnemens des critiques ne le persuaderont jamais, qu’il ait tort de prendre pour des ouvrages excellens deux tragédies, qui depuis un siecle, font toujours pleurer les spectateurs.

Nos voisins les Italiens ont aussi deux poëmes épiques en leur langue la Jérusalem délivrée du Tasse, & le Roland furieux de l’Arioste, qui, comme l’Iliade & l’Eneïde, sont devenus des livres de la bibliotheque du genre humain. On vante le poëme du Tasse pour la décence des mœurs, pour la dignité des caracteres, pour l’économie du plan ; en un mot pour sa régularité. Je ne dirai rien des mœurs, des caracteres, de la décence & du plan du poëme de l’Arioste. Homere fut un géometre auprès de lui ; & l’on sait le beau nom que le cardinal d’Est donna au ramas informe d’histoires mal tissues ensemble qui composent le Roland furieux. L’unité d’action y est si mal observée, qu’on a été obligé dans les éditions postérieures d’indiquer, par une note mise à côté de l’endroit où le poëte interrompt une histoire, l’endroit du poëme où il la recommence, afin que le lecteur puisse suivre le fil de cette histoire. On a rendu en cela un grand service au public ; car on ne lit pas deux fois l’Arioste de suite, & en passant du premier chant au second, & de celui-là aux autres successivement, mais bien en suivant indépendamment de l’ordre des livres, les différentes histoires qu’il a plutôt incorporées qu’unies ensemble. Cependant les Italiens, généralement parlant, placent l’Arioste fort au-dessus du Tasse. L’académie de la Crusca, après avoir examiné le procès dans les formes, a fait une décision autentique qui adjuge à l’Arioste le premier rang entre les poëtes épiques italiens. Le plus zélé défenseur du Tasse, Camillo Pelegrini, confesse qu’il attaque l’opinion générale, & que tout le monde a décidé pour l’Arioste, séduit par la poésie de son style. Elle l’emporte véritablement sur la poésie de la Jérusalem délivrée, dont les figures ne sont pas souvent convenables à l’endroit où le poëte les met en œuvre. Il y a souvent encore plus de brillant & d’éclat dans ses figures que de vérité. Je veux dire qu’elles surprennent & qu’elles éblouissent l’imagination, mais qu’elles n’y peignent pas distinctement des images propres à nous émouvoir.

Il résulte de tout ce détail, que le meilleur poëme est celui dont la lecture nous touche davantage ; & que c’est celui qui nous séduit au point de nous cacher la plus grande partie de ses fautes, & de nous faire oublier volontiers celles mêmes que nous avons vues, & qui nous ont choqués. Or c’est à-proportion des charmes de la poésie du style qu’un poëme nous intéresse. Du Bos, réflexions sur la poésie. (D. J.)

Style, (Peint.) le style appartient en peinture à la composition & à l’exécution ; il y a des peintres qui travaillent dans un style héroïque, & d’autres, dans un style champêtre. Pour ce qui concerne l’exécution, un tableau peut être d’un style ferme, ou d’un style poli. Le style ferme est une touche hardie, qui donne de la force & de l’action à l’ouvrage, tels sont les tableaux de Michel-Ange. Le style poli finit & termine toutes choses : c’est à quoi se sont le plus attachés les peintres hollandois. Le style ferme est quelquefois trop dur, & le style poli trop composé, trop travaillé, mais leur union fait les délices des amateurs. (D. J.)

Style, en Musique, est la maniere de composer, d’exécuter & d’enseigner. Cela varie beaucoup selon les pays, le caractere des peuples & le génie des auteurs ; selon les matieres, les lieux, les tems, les sujets & les expressions, &c.

On dit le style de Handel, de Rameau, de Lully, de Destouches, &c. le style des Italiens, des François, des Espagnols, &c.

Le style des musiques gaies & enjouées est bien différent du style des musiques graves ou sérieuses. Le style des musiques d’église n’est pas le même que celui des musiques pour le théâtre ou pour la chambre. Le style des compositions italiennes est piquant, fleuri, expressif : celui des compositions françoises est naturel, coulant, tendre, &c.

De-là viennent les diverses épithetes qui distinguent ces différens styles ; on dit style ancien & moderne ; style italien, françois, allemand, &c. style ecclésiastique, dramatique, de la chambre, &c. style gai, enjoué, fleuri ; style piquant, pathétique, expressif ; style grave, sérieux, majestueux ; style naturel, coulant, tendre, affectueux ; style grand, sublime, galant ; style familier, populaire, bas, rampant.

Style dramatique ou récitatif, c’est un style propre pour les passions. Voyez Récitatif.

Style ecclésiastique, c’est un style plein de majesté, grave & sérieux, & capable d’inspirer la piété.

Stile de motet, c’est un style varié, fleuri, & susceptible de tous les ornemens de l’art ; propre par conséquent à remuer les passions, mais sur-tout à exciter l’admiration, l’étonnement, la douleur, &c. Voyez Motet.

Style de madrigal ; c’est un style affecté à la tendresse, à l’amour, à la compassion & aux autres passions douces. Voyez Madrigal.

Style hyporchematique, c’est le style qui convient au plaisir, à la joie, à la danse, &c. & plein par conséquent de mouvemens prompts, vifs, gais & bien marqués.

Style symphonique ; c’est le style des instrumens. Comme chaque instrument a sa destination particuliere, il y a aussi son style. Le style des violons, par exemple, est ordinairement gai ; celui des flûtes est triste, languissant, &c. celui des trompettes, animé, gai, martial, &c.

Style mélismatique, c’est un style naturel, & sur lequel on chante presque sans avoir appris ; il est propre pour les ariettes, les vilanelles, les vaudevilles, &c.

Style de phantaisie, ou phantaisie, stylo phantastico ; c’est un style d’instrument ou une maniere de composer & d’exécuter, libre de toute contrainte, &c.

Style de danse, stylo choraico ; il se divise en autant de branches différentes qu’il y a de différens caracteres de danse. Il y a donc le style des sarabandes, des menuets, des passepiés, des gavottes, des rigaudons, des bourées, des gaillardes, des courantes, &c. Voyez ces mots.

Les anciens avoient aussi leurs styles différens dont nous avons parlé aux mots, Modes, Mélopée, &c. (S)

Style, (Littérat.) stylus, c’étoit, comme je viens de dire, un poinçon, ou une grosse aiguille, avec la pointe de laquelle les anciens écrivoient sur des tablettes enduites de cire. Voyez Tablette en cire.

Quintilien conseille pour apprendre aux enfans à écrire, de faire graver toutes les lettres sur une planche, afin que la trace des caracteres dirigeât le style, & que la main trouvant une égale résistance aux extrémités, ne sortît point de son modele ; par cette méthode l’enfant, à force d’imiter des caracteres fixes, ne pouvoit manquer de rendre promptement sa main sûre, sans aucun besoin de maître pour la conduire ; car, ajoute notre judicieux critique, c’est une chose fort importante de savoir écrire bien, & vîte ; & c’est ce que les personnes de condition négligent un peu trop. Si Quintilien vivoit parmi nous, il auroit dit négligent au point, qu’on reconnoit un homme de qualité à son écriture illisible, & aux fautes d’ortographe. (D. J.)

Style, en Chronologie, (Hist. mod.) signifie une maniere particuliere de supputer le tems par rapport au retranchement de dix jours du calendrier dans la réformation qui en fut faite sous Grégoire XIII.

Le style est ancien ou nouveau.

Le vieux style est la maniere de compter selon le calendrier Julien, qu’on suit en Angleterre & dans quelques autres états protestans, qui ont refusé d’admettre la réformation. Voyez Julien.

Le nouveau style est la maniere de compter suivant le calendrier Grégorien, qui est suivi par les catholiques & par d’autres, en conséquence de la réformation. Voyez Grégorien.

Ainsi il y a une différence de dix jours entre le vieux style & le nouveau ; le dernier avance beaucoup devant le premier, de façon que quand les catholiques, par exemple, comptent le 21 de Mai, nous ne comptons que le 11.

Cette différence de dix jours est accrue d’un jour en 1707, & est maintenant de 11 jours ; par la raison que cette année n’étoit pas bissextile dans le vieux style, & qu’elle l’étoit dans le nouveau ; de sorte que le dixieme de l’un répondoit au vingt-unieme de l’autre.

Cependant il y a différens endroits, même parmi les protestans, où on a commencé à admettre le nouveau style ; & il est assez vraissemblable qu’avec le tems le vieux style sera tout-à-fait abandonné. A la diette de Ratisbonne, en 1700, il a été résolu par le corps des protestans de l’empire, qu’on retrancheroit onze jours du vieux style pour l’ajuster à l’avenir au nouveau : le même réglement a été fait depuis en Suede & en Danemark ; l’Angleterre est presque le seul état qui retienne le vieux style. Voyez Calendrier.

Style de chasse, voyez Chasse.

Style, (Jurisprud.) en terme de pratique signifie la maniere dont on a coutume de rédiger les actes ; les notaires ont leur style, c’est-à-dire un certain ordre de discours, de certaines expressions qui leur sont propres. Il y a des clauses de style, c’est-à-dire qui se trouvent ordinairement dans tous les actes de même espece ; quelques-unes de ces clauses ne sont que de pur style sans rien ajouter aux conventions, comme le promettant, obligeant, renonçant des notaires qui seroient sous-entendus, quand même on ne les auroit pas exprimés.

Le style judiciaire est la forme que l’on suit pour l’instruction & pour les jugemens dans les tribunaux ; autrefois chaque tribunal avoit son style particulier ; l’ordonnance de 1667 a eu pour objet de rendre partout la procédure un forme ; on avoit même dessein de faire des formules imprimées pour toutes sortes d’actes, afin de rendre par-tout le style uniforme ; mais les difficultés que l’on trouva dans l’exécution de ce projet le firent abandonner, & l’on se contenta de vendre le papier qui étoit destiné à contenir ces formules, que l’on timbre en tête d’une fleur-de-lis ; telle fut l’origine du papier & du parchemin timbré, dont l’usage commença en France en 1673.

Malgré les précautions que les ordonnances ont prises pour rendre par-tout le style uniforme, il subsiste encore bien des différences dans le style de la plûpart des Tribunaux.

Nous avons plusieurs styles anciens & nouveaux, qui sont des instructions sur la maniere de procéder dans chaque tribunal ; tels sont l’ancien style du parlement qui est dans les œuvres de Dumoulin, les styles civil, criminel & du conseil, de Gauret ; le style de Gastier ; le style du châtelet, &c. Voyez Forme, Formules, Ordre judiciaire, Papier timbré, Procédure. (A)

Style mercantile, (Commerce.) c’est celui qu’employent les marchands & les négocians dans les affaires de leur négoce, & dont ils se servent dans leurs écritures pour eux-mêmes, pour leurs associés, leurs correspondans & leurs commissionnaires ; il n’est pas étrange que le commerce ait son style, comme toutes les autres sciences, & il seroit honteux de ne le pas savoir, quand on a la sagesse d’embrasser cette utile profession. (D. J.)