L’Encyclopédie/1re édition/COUTEAU
* COUTEAU, s. m. (Gram.) instrument tranchant d’acier, que les Couteliers fabriquent particulierement ; ce qui les a fait nommer Couteliers. Il y en a un si grand nombre de différentes sortes, & ils sont à l’usage de tant d’artistes, qu’il est impossible d’en faire une énumération exacte. Nous allons faire mention des principaux : on trouvera la description & l’usage des autres aux articles des ouvrages auxquels on les employe ; & la maniere de faire le couteau ordinaire de poche ou de table, à l’article Coutelier. Voyez l’article Coutelier.
Couteau, (Hist. anc.) dans les sacrifices des anciens, instrument pointu, ou tranchant sans pointe, dont les victimaires se servoient pour égorger ou dépouiller les victimes. Ils en avoient de plusieurs especes. Le plus connu est le secespita, glaive aigu & tranchant, qu’ils plongeoient dans la gorge des animaux, & dont la figure, suivant la description de Festus, approchoit de celle d’un poignard. La seconde espece étoit le couteau à écorcher les victimes, culter excoriatorius, qui étoit tranchant, mais arrondi par le haut en quart de cercle : on faisoit ceux-ci d’airain, comme l’étoient presque tous les autres instrumens des sacrifices ; les côtés du manche en étoient plats, & à son extrémité étoit un trou qui servoit à y passer un cordon, afin que le victimaire pût le porter plus aisément à sa ceinture. La dissection ou partage des membres de la victime se faisoit avec une troisieme espece de couteaux plus forts que les premiers, & emmanchés comme nos couperets : c’est ce qu’ils appelloient dolabra & scena. On en voit sur les medailles des empereurs, où cet instrument est un symbole de leur dignité de grand pontife : les cabinets des antiquaires en conservent encore quelques-uns. Chambers. (G)
Couteau courbe, instrument dont les Chirurgiens se servent pour couper les chairs dans les amputations des membres. La figure de ce couteau représente un demi-croissant ou un segment de cercle.
Cet instrument est composé de deux parties, de la lame & du manche. La lame ne doit point excéder sept pouces sept lignes de long, sans y comprendre le contour, cette mesure se prenant dans l’intervalle de deux lignes paralleles qu’on tireroit horisontalement à ses extrémités ; ou bien si l’on veut prendre la longueur dans le milieu de la lame, en suivant la courbure, elle doit être de huit pouces cinq lignes.
Cette étendue est assez grande, même pour les plus grands couteaux. La largeur de la lame, dans l’endroit qui a le plus de diametre, est de quinze lignes, allant doucement en diminuant pour se terminer par une pointe fort aiguë.
Cette lame doit avoir du corps & de la force ; ainsi l’épaisseur de son dos près le manche doit être de deux lignes, allant doucement en diminuant à mesure qu’il approche du tranchant & de la pointe.
La courbure doit être legere, & commencer depuis le mentonnet, ensorte que le tranchant représente le segment d’un grand cercle. Pour qu’on ait une idée plus parfaite de la courbure que nous demandons, en supposant une corde tirée de la pointe du couteau au mentonnet, on doit voir l’arc presque d’une égale rondeur ; & le rayon qui part du milieu de l’arc pour se jetter en ligne droite sur le milieu de la corde, ne doit pas avoir plus d’un bon pouce de longueur.
L’avantage qu’on tire d’une legere courbure telle qu’on vient de la décrire, est que le tranchant coupe de long & dans presque toute son étendue ; ce qui adoucit beaucoup son action, & par conséquent la douleur : au contraire, les couteaux dont la pointe seule est très-courbée, n’embrassent pas le membre dans une si grande circonférence, & le grand arc devient fort embarrassant. Enfin la lame du couteau courbe doit être formée par deux biseaux, un de chaque côté, qui viennent de loin, qui soient très-adoucis & presque imperceptibles, afin de former un tranchant qui ne soit ni trop fin ni trop gros pour porter plus de résistance à la section des chairs.
Il faut aussi faire attention à la base de la lame du couteau courbe ; c’est une plaque horisontale dont la circonférence est octogone, pour quadrer aux huit pans du manche Cette plaque du milieu de laquelle sort la lame du couteau, est renforcée dans cet endroit par deux éminences de chaque côté, que les ouvriers appellent double coquille : cela donne de l’ornement & de la solidité à l’instrument.
La plaque horisontale doit avoir dix lignes de diametre, & la lame doit former dans cet endroit une avance arrondie qui est limée, & qui ne coupe point du tout ; les Couteliers nomment cette avance mentonnet : il sert d’appui au pouce de l’opérateur. La surface inférieure de la plaque octogone est limée sans être polie, afin de s’appliquer plus uniment sur le manche ; & c’est pour cette raison qu’on la nomme la mitte du couteau.
Du milieu de la mitte part une tige exactement quarrée, de quatre pouces sept à huit lignes de long. On l’appelle la soie. Toute la lame doit être d’un bon acier & d’une trempe dure, afin que le tranchant résiste & coupe bien.
Le manche du couteau courbe est ordinairement d’ébene ; il a quatre pouces huit lignes de long, treize lignes de diametre à l’endroit de sa tête ; sa partie antérieure ne doit pas excéder dix lignes, volume qui peut entierement remplir la main. Le manche doit être à huit pans, pour être tenu plus fermement ; sa partie postérieure est ordinairement terminée par une avance en forme de tête d’aigle, dont le bec est tourné du côté du dos du couteau, afin de servir de barriere aux doigts de l’opérateur. Voyez la figure, Pl. XX. fig. 5.
Couteau droit pour les amputations. La lame a quatre pouces deux lignes ; sa largeur près le mentonnet ne doit pas excéder quatre lignes, & aller toûjours en diminuant jusqu’à la pointe. Ce couteau n’a qu’un tranchant ; le manche peut être d’ébene ou d’ivoire ; il doit être taillé à pans, long de trois pouces quatre lignes, & de six lignes de diametre, dans l’endroit le plus épais. La mitte doit être proportionnée à ces dimensions. Lisez la construction du couteau courbe. Voyez fig. 4. Pl. XX.
Cet instrument sert à couper les chairs qui sont entre les deux os de l’avant-bras ou de la jambe, & d’achever même la section de celles qui auroient échappé à l’action du grand couteau courbe : c’est avec ce couteau droit qu’on incise le périoste ; quelques-uns se servent d’un couteau à deux tranchans séparés par une vive arrête. La lame de ce couteau doit avoir six pouces de long : mais il n’est utile que pour les amputations en lambeaux. Voyez la figure dans les Planches de Chirurgie. Il faut observer, en se servant du couteau droit, de ne pas en tourner le tranchant vers les parties qu’on veut conserver, de crainte de fendre des vaisseaux suivant leur longueur, & de scarifier inutilement la partie. Voyez Amputation.
Couteau lenticulaire, est un instrument composé d’une tige d’acier, longue d’environ deux pouces & demi ; son extrémité antérieure forme un couteau d’une trempe douce, plat des deux côtés, long d’un pouce, large de quatre lignes dans son commencement, & de trois à sa fin, qui est terminée par un bouton fait en forme de lentille ; situé horisontalement, large de quatre lignes, plat du côté qui regarde le manche, un peu arrondi de l’autre ; le dos de ce couteau doit être bien poli, arrondi, large d’une ligne ; sa tige est enchâssée dans un manche long de deux pouces & demi.
L’usage de cet instrument est de couper, sans craindre de blesser la dure-mere, les inégalités que la couronne du trépan a laissées à la face interne du crane. Voyez Trépan. Voyez la fig. 13. Pl. XVI.
Couteau a crochet, instrument de Chirurgie pour les accouchemens laborieux. Voyez Accouchement.
Son corps est une tige d’acier de cinq pouces de longueur, dont la base a cinq lignes de diametre, & son autre extrémité environ trois lignes : celle-ci est terminée par un couteau demi-circulaire en forme de crochet, dont la lame a à-peu-près cinq lignes de largeur dans son milieu. Voyez Pl. XX. de Chirurgie, fig. 1. Cet instrument tient par une soie quarrée à un manche d’ébene, au-travers duquel elle passe, & au bout duquel elle est rivée : ce manche a trois pouces & demi de long.
L’usage qu’on donne à cet instrument est de dépecer un enfant monstrueux, afin de pouvoir le tirer par morceaux. Voyez Crochet. On le propose aussi pour percer le ventre des enfans qu’une hydropisie empêche de venir au monde, & pour ouvrir la tête dans les cas où il est nécessaire de vuider le cerveau. Il est certain que dans ces deux dernieres circonstances, on peut avoir recours à des moyens plus faciles & plus sûrs. Pour ouvrir la tête d’un enfant, il est bien plus commode d’opérer avec des ciseaux longs & pointus : lorsqu’on les a introduits dans le crâne, on y fait une assez grande ouverture en les retirant les lames écartées, & en les fermant ensuite pour les r’ouvrir & les retirer dans un sens différent.
Dans le cas où une hydropisie empêcheroit la sortie de l’enfant, la nécessité de lui percer le ventre n’exige pas qu’on se serve du couteau à crochet, avec lequel on peut, quelque adresse qu’on ait, blesser la mere ou se blesser soi-même : l’introduction du doigt dans l’anneau de l’ombilic, percera aisément le péritoine. M. Levret dit que ce moyen est préférable à tous les instrumens que les auteurs ont proposés : nous observerons cependant qu’il faut pour cet effet que l’enfant soit mort. On objectera peut-être encore que dans la possibilité de porter le doigt sur le nombril de l’enfant, qui est la partie du ventre la plus éminente dans le cas d’hydropisie, il n’y auroit point d’obstacle de la part de cette maladie pour la terminaison de l’accouchement. Mesnard dit qu’après avoir dégagé les épaules & les bras de l’enfant, s’il paroît que son corps est hydropique, l’accoucheur donnera issue aux eaux avec un long trocart s’il lui remarque de la vie, ou avec la branche de ses ciseaux ou tout autre instrument, s’il est mort. Ces distinctions nous paroissent dictées par la prudence. Voyez Trocart.
A l’égard des enfans monstrueux, dans le cas extrème où l’on ne peut se dispenser de mutiler, le docteur Smellié, célebre accoucheur à Londres, dit avec raison, qu’il est plus sûr de se servir de ciseaux que de couteaux. Avec des ciseaux, on ne craint point de blesser la matrice ; ils ne coupent jamais que ce qui est entre leurs lames. Voyez l’article Jumeaux.
Le couteau à crochet est donc un instrument superflu ou nuisible : nous croyons travailler aussi efficacement au progrès de l’art, en faisant connoître les choses défectueuses dont l’usage est familier, qu’en publiant les découvertes les plus importantes. (Y)
Couteau à deux manches. Les Arquebusiers & beaucoup d’autres ouvriers nomment ainsi ce qu’on nomme plus communément une plane. Les premiers s’en servent pour dégrossir & ébaucher les fusts des armes qu’ils veulent monter ; qu’ils approchent ensuite avec les écoüennes & les écoüennettes, & qu’ils finissent avec les râpes, les limes & la peau de chien marin. Voyez Plane.
Couteau à couper l’argent, en terme d’Argenteur ; c’est un couteau dont la tranche est émoussée, afin de ne point couper le coussinet avec l’argent. Voyez Coussinet, & Pl. de l’Argenteur, fig. 11. Le même couteau est représenté sur la table de la fig. 4 de la vignette.
Couteau a hacher, en terme d’Argenteur, est un couteau tranchant dont on taille les pieces, pour que l’argent y prenne plus aisément. Voyez Pl. I. fig. 8.
Couteau, en terme de Batteur d’or ; c’est une lame d’acier fort mince & peu tranchante, montée sur un manche de bois assez grossier, avec laquelle on coupe l’or en quarré, & dont on se sert pour gratter les livrets ou mesures. Voyez Mesures.
Couteau à pié, instrument dont les Cordonniers, les Selliers & les Bourreliers se servent pour tailler leurs cuirs.
Cet outil est plat, de fer fort tranchant, & garni d’un manche pour le tenir. La partie tranchante a la figure d’une portion de cercle, dont le grand diametre a environ cinq pouces, & le petit deux à trois pouces. Du milieu du grand diametre sort une queue d’environ sept ou huit pouces de longueur, enfoncée dans un manche de bois qui en a trois ou quatre. Tel est le couteau à pié dont les Cordonniers se servent.
Celui des Selliers & des Bourreliers ne differe de celui des Cordonniers, qu’en ce que la queue en est plus longue, & qu’elle est recourbée par le milieu, de maniere qu’elle forme comme une équerre. Voy. la Pl. du Bourrelier, fig. 12.
Les Bourreliers ont encore deux autres sortes de couteaux à-peu-près semblables, & qui ressemblent assez aux grands couteaux de cuisine ; l’un se nomme couteau à surtailler, & l’autre se nomme couteau à parer. Le couteau à surtailler sert à couper exactement de la grandeur qu’il le faut, les différens morceaux de cuir qui n’ont été qu’ébauchés avec le couteau à pié. Le couteau à parer sert à amincir ou diminuer de l’épaisseur du cuir.
Couteau à pié, (Ceinturier.) Il a le tranchant fait comme un couperet à pointe ronde ; mais le manche, au lieu d’être droit, est recourbé sur la lame à la distance de dix-huit lignes. Voyez la Pl. du Ceinturier, fig. 3.
Couteau à effleurer, ou Couteau de Riviere, outil de Chamoiseur & de Mégissier. C’est un instrument d’acier long & tranchant, qui a une poignée de bois à chaque bout ; on s’en sert pour effleurer les peaux de chamois, de chevres, de moutons, &c. sur le chevalet. Voyez Chamoiseur.
Couteau à meche, sert aux Chandeliers pour couper les meches des chandelles. Ce couteau est monté sur un petit banc, ayant deux piés de même largeur que le banc, pour qu’il puisse être stable ; une coulisse pour allonger & raccourcir, suivant les longueurs des meches. Sur la partie qui ne se meut point est attachée perpendiculairement une broche de fer ronde, & sur la coulisse est le couteau, qui forme une ligne parallele à la broche, & distant de cette broche suivant la longueur de la meche qu’on veut couper. Il y a des couteaux montés différemment. Voyez la Planche du Chandelier, fig 5. & l’art. Chandelle.
Couteau à Chapelier. Les Chapeliers font usage de deux sortes de couteaux pour arracher & pour couper le poil de castor.
Le premier, qu’ils appellent le grand couteau, & qui ressemble assez au tranchet des Cordonniers, sert à arracher les longs poils de la peau, qui ne peuvent point entrer dans la fabrique des chapeaux. Voyez la Pl. du Chapelier, fig. 11.
Le second, qu’ils nomment le petit couteau, & qui est construit comme une serpette de vendangeur, à l’exception qu’il ne coupe que par le dos, sert à couper, ou plûtôt à raser le poil court de l’animal, dont on fait l’étoffe des chapeaux appellés castors. Voyez Chapeau.
Couteau à tête, en terme de Cirier ; c’est une espece de couteau de buis dont le tranchant est fait en biseau, pour former la tête de la bougie de table. Voyez Pl. du Cirier, fig. 11.
Couteau à trancher, en Marqueterie. Voyez Pl. du Ciseleur-Damasquineur, fig. 15. & la fig. 1. de la vignette, qui représentent un ouvrier qui tranche un canon de fusil avec un couteau à trancher, qui n’a rien de particulier.
Couteau à pié, du Cordonnier ; il sert à couper les empeignes des souliers. Voyez Pl. du Cordonnier-Bottier, fig. 8.
Couteau à revers, instrument dont se servent les Corroyeurs pour travailler leurs cuirs ; c’est un instrument d’acier dont le tranchant est fort émoussé & un peu renversé. Cet instrument a deux manches, un à chaque bout, & on s’en sert pour écharner les peaux de vache, &c.
On appelle aussi cet instrument couteau-sourd, écharnoir, boutoir & drayoire. Voyez Echarnoir, Boutoir, Drayoire.
Couteau-sourd, terme de Corroyeur. Voyez l’article précédent Couteau à revers, & Planche du Corroyeur, fig. 3.
Couteau, en terme de Doreur sur bois, s’entend d’un morceau de buis plat, dont la tranche est un peu épaisse, & qui sert à couper l’or étendu sur le coussinet, figure 6. de la largeur & de la longueur dont on a besoin. Voyez Pl. du Doreur, fig. 7.
Couteau à escarner, outil des Doreurs sur cuir ; est un couteau large & arrondi du côté du tranchant, emmanché dans un manche de bois, comme une lime, dont ils se servent pour amincir les bords des pieces de cuir qu’ils veulent coller ensemble. Voyez Pl. du Doreur sur cuir, fig. 9. & l’art. Parer, terme de Reliure.
Couteau à détirer, outil de Doreur sur cuir ; est un outil fait à-peu-près, pour le manche, comme le brunissoir : dans le milieu du manche est fixée une lame longue & étroite, avec laquelle on étend les pieces de cuir sur la pierre. Voyez Pl. du Doreur sur cuir, fig. 12.
Couteau à hacher. Les Doreurs sur métal appellent ainsi un couteau à lame courte & un peu large, dont ils se servent pour faire des hachures sur le cuivre ou sur le fer, avant de les dorer de ce qu’on appelle or haché. Voyez Dorure au feu, & Pl. du Damasquineur.
Couteau à trancher, outil dont se servent les Ebénistes : il consiste en une lame tranchante des deux côtés, & emmanchée dans un bâton long d’un pié & demi ou environ. Voyez Pl. de Marqueterie, fig. 5. Cet outil leur sert à couper les pieces de placage selon les contours du dessein qu’ils ont tracé dessus.
Couteaux, (Epicier.) sont des morceaux de buis façonnés en forme de couteaux, & marqués sur le dos au nom de l’ouvrier qui les met en œuvre. Tous les cierges doivent en avoir l’empreinte, afin qu’on connoisse le marchand, en cas de défaut dans la cire ou dans l’ouvrage. Pl. 1. fig. 3.
Couteaux, (Fonderie des canons) sont des barreaux d’acier dont les arrêtes sont fort vives, que l’on monte sur une boîte de cuivre qui s’ajuste sur la tige de l’alezoir. Ces couteaux servent à accroître & à unir l’ame des pieces de canon. Voyez Alezoir, & Planche de la Fonderie des canons, figure 3. de l’alezoir.
Couteau à Fondeur ; c’est un instrument dont les Fondeurs en sable se servent pour dresser le courroi de sable ou de terre dont ils font leurs moules. Il est de fer, emmanché de bois, & long en tout d’un pié & demi : ce n’est ordinairement qu’un morceau de vieille lame d’épée un peu large, dont on a rompu quelques pouces de la pointe, & auquel on a ajoûté un manche. Voyez Fondeur en sable, & Pl. du Fondeur en sable, fig. 13.
Couteau de chasse, en terme de Fourbisseur, est une espece d’épée courte & forte, dont la garde n’a qu’une coquille, qu’une croix, & qu’une poignée sans pommeau : cette poignée est ordinairement de corne de cerf, ou autre de cette nature.
Couteau, (grosses-Forges.) c’est dans la machine à fondre le fer, la partie qui divise les barres en plusieurs parties. Voyez grosses-Forges.
Couteau à tailler, (Fourbisseur.) Les Fourbisseurs appellent ainsi un petit outil de fer aceré, ou d’acier très-tranchant, dont ils se servent pour faire les hachures sur lesquelles ils placent le fil d’or ou d’argent, lorsqu’ils veulent damasquiner un ouvrage : il est fait comme le couteau avec lequel on taille les petites limes, & peu différent de celui à dorer d’or haché. Voyez Planche du Damasquineur, fig. 4.
Couteau à refendre ; c’est aussi un petit outil de Fourbisseur, du nombre de ceux qu’en général on appelle ciselets. Il est fait en forme de petit ciseau d’acier ; on s’en sert à refendre les feuilles qu’on a gravées en relief sur l’or, l’argent ou l’acier, avec le ciselet qu’on appelle la feuille, parce qu’il en a une gravée en creux à l’un de ses bouts.
Couteau à tracer ; c’est encore un des ciselets des Fourbisseurs, avec lequel ils tracent & enfoncent un peu les endroits où ils veulent frapper quelqu’un de leurs ciselets gravés.
Couteau de Fourbisseur ; c’est un quatrieme outil dont ces ouvriers se servent pour débiter les feuilles de bois de hêtre dont ils font les fourreaux des armes qu’ils montent : il est de fer avec un manche de bois, la lame médiocrement large, & la pointe tranchante des deux côtés.
Enfin les Fourbisseurs ont un cinquieme couteau de forme ordinaire ; il sert à diminuer de grosseur le bout des fourreaux, quand il s’agit d’y poser les bouts de cuivre, &c.
Couteau à doler, terme de Gantier ; c’est un outil d’acier fort mince & bien tranchant, court & large, arrondi par le haut du côté du tranchant, & garni d’un petit manche de bois. Les Gantiers s’en servent pour doler les étavillons, c’est-à-dire pour parer & amincir par les bords, les morceaux de cuir qui ont été taillés pour faire des gants.
Couteau à couper le bois, outil de Gainier. Ce couteau est long d’environ sept ou huit pouces, dont le manche est large & un peu plat ; la lame platte & ronde par en-haut, fort affilée, qui sert aux Gainiers pour tailler & rogner le bois. Voyez Pl. du Gainier, fig. 11.
Couteau à ébiseler, est un couteau dont les Gainiers se servent pour couper en biseau les couvercles des étuis qu’ils fabriquent, afin qu’ils entrent plus facilement sur les pieces qu’ils doivent couvrir. Voyez Pl. du Gainier, fig. 7.
Couteau à parer, terme & outil de Gainier ; c’est un couteau exactement fait comme les couteaux de table ordinaires, qui sert aux Gainiers pour parer & amincir le cuir qu’ils employent pour leurs ouvrages. Ils pourroient se servir de celui des Relieurs, représenté C f Pl. de Reliure, lequel est plus propre à cet usage. Voyez Parer.
Couteau, (Horlogerie.) nom que les Horlogers donnent à un pivot, qui, au lieu d’être rond comme à l’ordinaire, est formé comme un couteau, dont le dos seroit fort épais. Ils se servent de cette espece de pivot pour des pieces qui font peu de mouvement, comme des pendules, &c. Ce couteau portant sur le tranchant, le frottement est presque réduit à zéro, parce qu’il ne parcourt aucun espace, & qu’il ne fait, pour ainsi dire, que balancer tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Voyez Suspension. (T)
Couteau de chaleur, (Maréchallerie.) Les Maréchaux appellent ainsi un morceau de vieille faux avec lequel on abat la sueur des chevaux, en le coulant doucement sur leur poil : il est long à-peu-près d’un pié, large de trois à quatre doigts, mince, & ne coupe que d’un côté.
Le couteau de feu est un instrument dont les Maréchaux se servent pour donner le feu aux parties des chevaux qui en ont besoin. Il consiste en un morceau de cuivre ou de fer long à-peu-près d’un pié, qui par une de ses extrémités est applati & forgé en façon de couteau, ayant le côté du dos épais d’un demi-pouce, & l’autre côté cinq à six fois moins épais. Après l’avoir fait rougir dans la forge, on l’applique par la partie la moins épaisse sur la peau du cheval, sans pourtant la percer, aux endroits qui en ont besoin. (V)
Couteaux à écharner, voyez l’art. de Chamoiseur, & les Planches du Mégissier, figures 11. 12. 13. 14.
Couteau à scier, en terme d’Orfévre en grosserie, est une lame fort semblable à celle d’un couteau, à l’exception de ses petites dents, qui la rendent propre à scier. Elle est montée sur un manche de bois, comme un couteau ordinaire. On se sert de cette espece de scie pour les morceaux qui ont plus de longueur que de grosseur, comme fil à moulure, &c. ce qui emporte moins de tems & fait moins de déchet. Voyez Pl. III. fig. 4.
Couteaux, (Papetier.) Ce sont des barres d’acier dont les cylindres du moulin à papier sont revêtus. Voyez l’article Moulin à papier à cylindres
Couteau de palette, ou Couteau à couleurs, (Peint.) est un couteau d’environ huit pouces de long, dont la lame est mince & ployante. Les Peintres s’en servent pour manier leurs couleurs.
Couteau à couleur, (Peintre en émail.) Il doit être plus fin & plus délicat que ceux dont se servent les Peintres à l’huile ; il doit être coupant des deux côtés, & arrondi par la pointe, quoique tranchante. Son usage est de ramasser les couleurs sur le cristal, la glace ou la pierre d’agate, & pour faire les teintes sur la palette.
Couteau, en terme de Plumassier ; c’est un instrument d’acier en forme de couteau court & fort tranchant, dont le dos forme presqu’une ligne courbe. On s’en sert pour poser & couper les plumes de longueur. Voyez Pl. 1. fig. 3.
Couteau à friser, chez les Plumassiers ; c’est une espece de couteau sans tranchant, garni d’un manche enveloppé de drap ou de peau, pour mieux remplir la main & l’empêcher d’y tourner. Voyez Planche 1. fig. 2.
Couteau à tailler, en terme de Potier de terre ; c’est un couteau à deux manches, dont on se sert pour tailler la terre encore en pains. Voyez Tailler, & Pl. 1. fig. 3.
Couteau à rogner, (Relieur.) Il est composé d’un talon, & d’une lame qui est soudée au talon ; il a un trou quarré, taillé en chanfrin ; la lame en est pointue, & va en s’élargissant jusqu’au talon ; il doit être plat en dessous, & avoir sur le dessus une arrête. Voyez Pl. 1. de la Reliure, fig. 10. & l’article Reliure.
Couteau à parer, (Reliure.) est un outil dont les Relieurs se servent pour amincir les bords des couvertures qu’ils ont préparées pour couvrir un volume, afin qu’il se colle mieux sur le carton, & que l’épaisseur de la peau ne soit pas un obstacle à la propreté de l’ouvrage ; voyez Couvrir. Ce couteau est un morceau d’acier large, très-aminci par le coupant, & emmanché de l’autre côté à un morceau de bois qui lui sert de poignée. Planc. I. de la Relieure, fig. Q.
Quand le cuir est épais, on pare aussi la place du dos ; il est nécessaire d’observer cette façon pour le marroquin.
Couteau pour couper l’or, (Reliure.) cet outil doit avoir un manche court, la queue un peu relevée ; sa lame est une lame ordinaire, mais le coupant doit être droit & le dos un peu rond. Voyez Pl. II. de la Reliure, fig. E.
Couteau à velours, (Rubanier.) est une espece de grosse épingle d’acier d’égale grosseur dans toute sa longueur ; par l’un de ses bouts elle porte une petite tête de même matiere, pour lui servir de prise ; son autre extrémité est terminée en angle aigu, est mince, plate, & extrèmement tranchante, pour pouvoir couper net les soies sans bavures ni effiloques. Voici son usage : l’ouvrier met l’un de ses couteaux dans le pas de la levée de figure ; ce couteau se trouve arrêté lorsque l’ouvrier enfonce une autre marche ; ayant ainsi marché quatre coups de fond, la même levée s’ouvre encore, où il est mis un autre couteau, ainsi de même trois ou quatre fois de suite & guere plus, parce que les coups réitérés du battant entassant & serrant à chaque coup la trame contre ces couteaux, en rendroit la sortie presqu’impossible si on en mettoit davantage. Ces trois ou quatre couteaux étant ainsi employés dans l’ouvrage, lorsqu’il est besoin d’y en mettre un nouveau, l’ouvrier tire de l’ouvrage, & cela du pouce & de l’index de la main droite par la tête, le couteau qui est le plus près de lui, c’est-à-dire le plus éloigné du battant ; en tirant ce couteau avec une certaine violence il coupe les soies qui le tenoient enfermé ; lorsqu’il est dégagé, il est remis tout de suite dans le pas actuel de la levée pour attendre son tour ; les soies de la chaîne formant la figure, ainsi coupées près-à-près, forment ce qu’on appelle velours.
Couteau, en terme de Rafinerie de sucre, est un morceau de bois taillé en lame d’épée à deux tranchans. Il porte environ 4 piés de hauteur, & sert à opaler & à monder le sucre dans la forme. Voyez Monder.
Il faut que ce couteau soit d’une grandeur proportionnée aux formes, pour ménager le tems & la peine des ouvriers.
Couteau, en terme de Rafineur de sucre, s’entend encore d’un couteau ordinaire dont on se sert pour grater le sucre qui est tombé sur les bords des formes en emplissant & en mondant, voyez Emplir & Monder ; on le gratte au-dessus d’une espece de cofre de sapin appellé caisse. Ce couteau est encore récessaire pour nettoyer les formes en plamotant. Voyez Plamoter.
Couteau croche, en terme de Rafineur de sucre, est un couteau que l’on plie sur le plat de la lame pour couper le sucre lorsque la patte du pain est plus haute d’un côté que de l’autre, afin d’unir le fond & de le rendre bien de niveau. Voyez Foncer.
Couteaux ou Dilles, (Pêche.) sorte de coquillage ; ils se pêchent dans le fond des sables ordinairement vaseux, qui se trouvent dans les achenaux, crassats ou petites gorges ; d’où les pêcheurs les retirent avec une baguette de fer faire en maniere de tire-bourre, & dont le bout a la forme d’un ain ou hameçon. Voyez Coutelier.