Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Nom/Paragraphe 97E

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 254-255).
§ 97 E. Flexion des noms
à deux consonnes avec voyelle primitive brève.

a La voyelle primitive brève (a, i) est traitée comme la 1re voyelle des formes קָטָל, קֵטָל §§ 96 B b, c.

b La flexion de 23. שָׁנָה année (rac. שׁנה) et de שֵׁנָה sommeil (rac. ישׁן) ne présente donc aucune difficulté. Par la chute de la voyelle, les formes des deux mots viennent à coïncider, p. ex. cst. שְׁנַת, שְׁנָתוֹ ; pl. cst. שְׁנוֹת (cf. § 90 b).

Les noms de racines ע״ו (types קָמָה, מֵתָה) ont la 1re voyelle stable § 80 d. C’est ainsi que עֵדָה témoin f. (rac. עוד) ferait עֵֽדָתִי* tandis que עֵדָה rendez-vous, assemblée (rac. יעד § 75 m) fait עֲדָתִי. De רָמָה hauteur (rac. רום) on a רָֽמָתֵךְ, רָֽמֹתַ֫יִךְ.

Le ◌ֵ se maintient dans cst. זֵעַת sueur (rac. יזע) ; comparer מַהְפֵּכַת etc. § C b.

Dans le mot בָּמָה hauteur, haut-lieu, dont l’origine[1] et la forme sont obscures, le qameṣ est stable (mais pas nécessairement long ; comp. רָֽמֹתַ֫יִךְ avec qameṣ moyen) : cst. בָּמוֹת, בָּֽמוֹתַי. On trouve 6 fois une autre forme d’état cst. בָּֽמֳתֵי båmṯẹ̄ dans laquelle l’ọ̄ long du pluriel a été étrangement abrégé en très bref : à la finale de l’état cst. du pluriel fém. on a ajouté la finale d’état cst. du pl. masc. ◌ֵי[2], comme pour compenser l’abrègement de l’ọ̄. Cette forme ne se trouve que dans des textes poétiques : בָּֽמֳתֵי עָ֑ב Is 14, 14 ; בּ׳ יָ֑ם Job 9, 8 ; בּ׳ אָ֑רֶץ Am 4, 13 et, comme qeré (contre le ketīb בָּֽמוֹתֵי) Dt 32, 13 ; Is 58, 14 ; Mich 1, 3 ; toujours donc devant syllabe tonique en grande pause. (Mais on a בָּמוֹת יָ֑עַר Jér 26, 18 ; Mich 3, 12 ; בָּמוֹת אָוֶן Os 10, 8).

Dans le mot אָלָה imprécation, serment (rac. אלה) le qameṣ est stable ; אָֽלָתִי, pl. cst. (et abs.) אָלוֹת.

Duel : exemple : שָׂפָה lèvre : שְׂפָתַ֫יִם, שִׂפְתֵֿי (shewa moyen) ; comparer כַּנְפֵֿי § 96 B b.

  1. Cuny, Les mots du fonds préhellénique en grec, latin et sémitique occidental (Rev. des Etudes anciennes, 12 (1910) pp. 154-164), rapproche βωμός estrade, autel.
  2. Comp. ◌ֵי le mis devant les suffixes du pluriel en וֹת § 94 f.