Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Nom/Paragraphe 96D

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 248-249).
§ 96 D. Flexions des noms avec 1re voyelle primitive brève
et 2e longue.

a Dans ces noms, la 2e voyelle étant longue se maintient ; la 1re voyelle primitivement brève est caduque ; et même dans certaines formes comme כְּתָב la voyelle primitive n’apparaît plus. Le paradigme פָּקִיד donne un exemple de qatīl de racine forte, עָנִי de racine ל״ה ; enfin כְּתָב un exemple de qitāl ou qutāl.

b Flexion de 18. פָּקִיד préposé et autres noms avec 1re voyelle primitive a brève et 2e longue, p. ex. קָטוּל, גָּדוֹל (avec allongé secondairement § 88 D c)[1], שָׁלוֹם, מָקוֹם.

L’a bref primitif devient ◌ָ en prétonique. En antéprétonique il tombe très généralement, ainsi qu’à l’état cst. Exceptions[2] : שָׁלִישׁ écuyer, cst. שָׁלִישׁ, שָֽׁלִישׁוֹ ; pl. שָֽׁלִישִׁים, cst. שָֽׁלִישֵׁי, שָֽׁלִישָׁיו. [Dans סָרִיס eunuque certaines formes supposent un qatīl, d’autres un qattīl : cst. סְרִיס ; pl. סָֽרִיסִים, cst. סָֽרִיסֵי (1 f. סְ׳), סָֽרִיסָיו etc. De même pour פָּרִיץ effractor, perceur de murailles : cst. פְּרִיץ ; pl. פָּֽרִיצִים, cst. פָּֽרִיצֵי]. De שָׁבוּעַ semaine on a les pluriels שָֽׁבוּעִים, שָֽׁבֻעוֹת, cst. שְׁבֻעוֹת (שָֽׁבֻעֹֽתֵיכֶם § 14 c 2) ; mais duel שְׁבֻעַ֫יִם Lév 12, 5 † (opposer l’absolu שְׁבֻעוֹת serments Éz 21, 28, de שְׁבוּעָה).

Pour la flexion de la forme qatalān, p. ex. זִכָּרוֹן, cst. זִכְרוֹן[3], pluriel זִכְרֹנִים, cf. § 88 M b.

c Flexion de 19. עָנִי affligé (forme qatīl de ל״ה § 88 E b). La 1re voyelle ◌ָ est traitée comme celle de פָּקִיד § b. Au pluriel, ʿanīi̯īm devient ʿanii̯i̯īm > עֲנִיִּים (comp. la formation du fém. עֲנִיָּה) ; avec contraction : שָׁנִי écarlate, pluriel שָׁנִים (cf. § 90 b).

d Flexion de 20. כְּתָב écrit, livre (§ 88 E f). Dans ce nom la 1re voy. primitive est probablement i (cf. arabe kitāb « livre ») ; dans d’autres mots ce peut être u et même a. Le ◌ָ, représentant ici un ā primitif long, se maintient dans toute la flexion. Cependant à l’état cst. on trouve quelques leçons avec ◌ַ, p. ex. כְּתַב־ Esth 4, 8, יְקַר 1, 4. Ces leçons indiquent la tendance à abréger le ◌ָ, parce que l’ā primitif long est normalement ọ̄ en hébreu[4]. Comparer les formes קַטָּל § 88 H a et les formes en ◌ָן § 88 M a, avec état construit en ◌ַ. — Exemple d’état construit pl. : מְצָדוֹת lieux forts 1 S 24, 1 ; Is 33, 16 (sing. מְצָד ; comparer תְּעָלָה § 97 D b).

  1. État cst. גְּדוֹל־ et גְּדָל־ ; de même טְהוֹר־ et טְהָר־.
  2. Autres exemples de ◌ָ anormalement stable : פָּֽרָשִׁים § B b, מָגֵן § C c, מָעוֹז § 88 L e ; — fém. §§ 97 D b, b, b.
  3. Même rapport entre l’état abs. et cst. dans חַלָּמִישׁ, cst. חַלְמִישׁ granit.
  4. De même pour דָּת loi, du perse dāt, on trouve la leçon cst. דַּת pour דָּת Esth 2, 12. Pour חֲמָת må̄t (avec voyelle longue) on a חֲמַת צוֹבָה (var. מָ) 2 Ch 8, 3 † et חֲמַת רַבָּה Am 6, 2 †.