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118 qu
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Forme wayyiqtol (futur inverti)

וּמַה־תֶּֽהֱמִי ; Hab 1, 9-10 (au présent plutôt qu’au futur) ; Job 7, 18 ; 14, 10 ; 34, 24[1] ; 1 S 2, 29 וַתְּכַבֵּד (au présent plutôt qu’au passé). — Comparer weqataltí § 119 q.

r Après un participe à sens de présent (cf. § 121 j) : 2 S 19, 2 הִנֵּה הַמֶּ֫לֶךְ בֹּכֶה וַיִּתְאַבֵּל « voici que le roi se lamente et pleure sur Absalom » (on aurait le même sens avec וְיִת׳[2] ou וּמִת׳) ; 1 S 2, 6 (poét.) וַיָּ֑עַל et il fait remonter (comp., en parall., le participe מְחַיֶּה) ; Is 51, 15 ; Am 5, 8 (pour le qatal cf. § 112 l) ; 9, 5-6 ; Nah 1, 4 ; Ps 18, 33 ; 34, 8 ; Pr 20, 26 ; Job 12, 22-24 ; Is 29, 15 (après participe et weqataltí à sens de présent, § 119 r). — De même après une proposition nominale : Ps 50, 16 ; Pr 30, 25. — Comparer weqataltí § 119 r.

s C) Dans la sphère du futur, wayyiqtol (comme qatal § 112 g-h) est rare. Après un parfait prophétique (§ 112 h) : Is 9, 5 ; Joël 2, 23.

t Conclusion. Comme on le voit, wayyiqtol concorde généralement avec qatal : les deux formes ont surtout la valeur de passé et l’aspect d’action unique et instantanée[3]. Au contraire wayyiqtol diffère radicalement de yiqtol : 1) yiqtol n’a pas, de soi, la valeur temporelle de passé ; 2) le sens temporel principal de yiqtol, à savoir le futur, est très rare dans wayyiqtol ; 3) l’aspect fréquentatif de yiqtol est relativement rare dans wayyiqtol, et abusif.

u L’usage que les écrivains hébreux font de la forme wayyiqtol, et donc du waw énergique, est si large que la force première de la forme se perdit peu à peu et fut de moins en moins sentie. L’abus a usé la forme et a sans doute contribué, avec l’influence de l’araméen, à la faire périr. Wayyiqtol et la forme symétrique, avec waw énergique, weqataltí n’existent plus en néo-hébreu[4].

Sur les cas d’omission anormale de wayyiqtol v. § 119 z.

  1. Opposer Job 5, 18 וְיֶחְבָּ֑שׁ (c’est lui qui blesse et qui) panse (on attendrait וַ׳, d’autant qu’ici il y a succession).
  2. Mais après un participe l’usage demande un waw inversif ; וְהִתְאַבֵּל pourrait signifier aussi et il pleure, § 119 r.
  3. Par ex. et il a tué, et il tua s’exprime ainsi : sans idée de succession : après qatal : וְקָטַל ; après wayyiqtol : וְ… קָטַל ; — avec idée de succession : après qatal ou wayyiqtol : וַיִּקְטֹל.
  4. De même dans les dialectes vulgaires de l’arabe le et énergique fa فَ a généralement disparu.