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Forme qatal (parfait)

f Présent. Le qatal s’emploie pour une action instantanée qui, s’accomplissant à l’instant même de la parole, est censée appartenir au passé[1]. Les exemples sont surtout fréquents avec les verba dicendi et leurs équivalents : אָמַ֫רְתִּי je dis, j’ordonne 2 S 19, 30 ; הִגַּ֫דְתִּי je déclare Dt 26, 3 ; יָעַ֫צְתִּי je donne un conseil 2 S 17, 11 ; הַֽעִדֹ֫תִי je déclare solennellement Dt 8, 19 ; נִשְׁבַּ֫עְתִּי je jure Gn 22, 16 etc., et son équivalent pratique הֲרִמֹ֫תִי יָדִי je lève la main (en jurant) Gn 14, 22 ; הִשְׁבַּ֫עְתִּי j’adjure Ct 2, 7 etc. ; — avec d’autres verbes : קָנִ֫יתִי j’acquiers (hic et nunc, par mes paroles) Ruth 4, 9 (opp. v. 4 אֶגְאָ֑ל et non גָּאַ֫לְתִּי qui serait une réponse ferme et définitive) ; הִשְׁתַּֽחֲוֵ֫יתִי je me prosterne 2 S 16, 4 ; רַ֫צְתִּי je cours 2 R 5, 20[2].

Presque tous les exemples sont à la 1re personne ; mais on peut naturellement avoir également la 2e et la 3e p. Dans 2 S 24, 23 Areuna parle de lui-même à la 3e p. : נָתַן (cf. נָתַ֫תִּי dans le parall. 1 Ch 21, 23). À la 2e p. : Gn 4, 14 גֵּרַ֫שְׁתָּ « tu (me) chasses aujourd’hui ».

g Futur. Par une extension de l’usage précédent, qatal s’emploie parfois pour une action qui appartient en réalité au futur, généralement au futur prochain, mais qui est représentée comme s’accomplissant au moment même de la parole. Ainsi נָתַ֫תִּי je donne s’emploie non seulement dans le cas où la donation s’effectue immédiatement (Gn 23, 11) ou presque immédiatement (v. 13, Vulg. : dabo), mais encore après un temps notable (Gn 15, 18 : je donne à ta race ; Vulg. : dabo). Autres exemples : Jér 40, 4 פִתַּחְתִּ֫יךָ « je te délivre aujourd’hui de tes chaînes » ; Jug 1, 2 « Juda montera : voici que je lui livre le pays נָתַ֫תִּי » ; Ruth 2, 9 הֲלוֹא צִוִּ֫יתִי n’ai-je pas ordonné ? (or Booz n’a pas encore ordonné, donc : voici que j’ordonne) ; 1 S 2, 16 « sinon, je le prends de force לָקַ֫חְתִּי » ; 2 Ch 12, 5 « Vous m’avez abandonné ; à mon tour je vous abandonne au pouvoir de Sésac עָזַ֫בְתִּי » (dans une menace divine non suivie d’effet) ; — avec les verbes tels que périr : אָבַ֫דְנוּ nous périssons ! Nb 17, 27 ; נִדְמֵ֫יתִי je suis perdu Is 6, 5 ; נִגְזָ֑רְתִּי

  1. Dans ce cas le yiqtol et le qōtel, exprimant une action durative, sont impossibles.
  2. Le qatal indique que Giezi se met immédiatement à courir. Ici l’action, bien que durative, est envisagée dans son premier instant. D’après certains auteurs ce serait un perfectum confidentiae (?). Opposer אָרוּץ 2 S 18, 23.