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Préposition

fautivement לֹא pour לוֹ (et inversement) ; au lieu de לָהּ la massore demande לָהֿ (avec ה rafé) dans Nb 32, 42 ; Zach 5, 11 ; Ruth 2, 14 (dans les trois cas devant monosyllabe) ; cf. § 25 a.

g Flexion de כְּ (Paradigme 20). La forme primitive *ka (§ b) se trouve dans toutes les formes. Avec les suffixes lourds[1] on a le simple *ka : כָּכֶם, כָּהֵם (ṣéré), כָּהֵ֫נָּה. Avec les suffixes légers, *ka est augmenté du pronom * (§ 37 b), d’où כְּמוֹ, forme qu’on emploie souvent aussi, sans suffixes, en poésie[2]. La forme כְּמוֹ a sans doute été créée pour éviter certaines confusions : à la 1re p. sg. כִּי* se confondrait avec la conjonction כִּי, à la 3e p. sg. כּוֹ* avec l’adverbe כֹּה ainsi. Le נ de כָּמ֫וֹנִי s’explique probablement par la nécessité de séparer les deux voyelles dans *kåmọ̄-ī ; on a recouru au נ, qu’on a dans le suffixe verbal נִי.

h Flexion de מִן (Paradigme 20). La forme simple se trouve avec les suffixes lourds : מִכֶּם, מֵהֶם, מֵהֵ֫נָּה. Avec les suffixes légers on a une forme avec répétition du מ, p. ex. מִמֶּ֫נּוּ, מִמֶּ֑ךָּ. Ces formes sont diversement expliquées. L’explication la plus vraisemblable semble être celle-ci : la forme simple min a été renforcée par répétition totale[3], d’où minmin > mimmin. Devant le suffixe hu, mimmin + hu est devenu מִמֶּ֫נּוּ, d’où à la 1re p. מִמֶּ֫נִּי. Devant le suffixe ka, mimmin + ka est devenu מִמֶּ֑ךָּ, forme pausale, d’où l’on a extrait la forme contextuelle מִמְּךָ (probablement à l’analogie de שָׂדֶ֑ךָ, שָֽׂדְךָ ; סוּסֶ֑ךָ, סֽוּסְךָ). — À la 1re p. sg. on a en poésie la forme rare (4 f.) מִנִּי[4], en pause מֶ֑נִּי (6 f.).

i Flexion de עִם avec (Paradigme 20). On a toujours le redoublement du מ devant les suffixes. Ces suffixes sont exactement ceux

  1. Comparer le double thème avec suffixes légers et suffixes lourds dans מְלָכַי, מַלְכֵיכֶם, § 96 A b N.
  2. C’est sans doute à l’analogie du fréquent כְּמוֹ (56 fois) qu’on a créé les formes poétiques rares בְּמוֹ (9 f.) et לְמוֹ (4 f.). Au poétique כְּמוֹ, qui fournit une syllabe de plus, comparer les formes du fr. avecque, avecques, utiles aux poètes.
  3. Les exemples de renforcement par répétition ne sont pas rares dans les langues. Dans fr. dedans se trouve deux fois la préposition de, car dans vient de de + ans (ens) = l. de intus. En italien ancien on trouve souvent par exemple « in nell’arca di Noè ». — Comparer la forme à répétition מֵימֵי eaux de, § 98 e.
  4. C’est exactement la forme de l’arabe minnī مِنِّي (avec redoublement du n). On a aussi la forme poétique מִנִּי pour מִן § d (fin).