Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 1.djvu/559

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sessions & ses revenus, pour l’intérêt de l’argent prêté. Ce genre de convention étoit permis chez les Romains, quoique l’usure y fût prohibée ; on l’appelloit en France mort-gage, pour la distinguer d’un simple engagement, où les fruits de la terre n’étoient point aliénés, & que l’on appelloit vif-gage. Voyez Gage, & Hypotheque. (H)

ANTICHTONES, adj. pl. m. (en Géog.) sont des peuples qui habitent des contrées de la terre diametralement opposées.

Ce mot est composé de ἀντὶ, contra, & de χθών, terra. Les Auteurs Latins appellent quelquefois ces peuples antigenæ.

En ce sens, le mot antichtones est synonyme à antipodes, dont on se sert plus ordinairement. Voyez Antipodes.

Le mot antichtones désigne encore dans les anciens auteurs, des peuples qui habitent différens hémispheres. En ce sens, les antichtones different des antéciens & des antipodes.

Les Anciens considéroient la terre comme divisée par l’équateur en deux hémispheres, l’un septentrional, & l’autre méridional. Ceux qui habitoient l’un de ces hémispheres étoient dits antichtones à ceux qui habitoient l’autre. (O)

ANTICIPANT, adj. terme de Medecine, attribué au paroxysme d’une maladie qui vient avant le tems auquel a commencé le précédent ; ainsi, si une fievre quotidienne commence un jour à quatre heures, le lendemain à trois, & le jour suivant à deux, on dit que l’accès est anticipant ; cela arrive dans les fievres subintrantes. Voyez Fievre, Subintrant. (N).

ANTICIPATION, s. f. l’action de prevenir ou de prendre les devans, soit avec une personne, soit dans une affaire ; ou d’agir avant le tems.

Anticiper un payement, est le faire avant son échéance : par exemple on dit ; une telle dette n’étoit pas encore échue, il anticipoit le tems du payement.

Anticipation, au Palais, est l’assignation que donne un intimé à l’appellant, à l’effet de faire juger l’appel par lui interjetté quand il néglige de le faire. On prend pour cet effet des lettres à la Chancellerie, qui s’appellent lettres d’anticipation. Et dans les procédures qui sont faites en conséquence, l’intimé s’appelle anticipant, & l’appellant anticipé. Voyez Appellant & Intimé.

Anticipation, en Philosophie, Voyez Prénotion (H)

ANTICIPER un payement, en terme de Commerce, c’est le prématurer, & le faire avant son échéance. Voyez Anticipation.

ANTI-CŒUR, s. m. Voyez Avant-cœur.

ANTI-CONSTITUTIONNAIRE. Voyez Appellant & Janséniste.

* ANTICOSTI, Voyez, Isle de l’assomption.

* ANTICYRE, (Géog. anc. & mod.) ile où croissoit l’hellebore, drogue qui purge le cerveau, & qui a fait dire aux Anciens, de ceux qu’ils accusoient de folie, naviget Anticyram.

ANTI-DACTYLE, s. m. (Belles-Lettres) nom donné par quelques-uns à une sorte de piés en Poësie, c’est-à-dire, à un dactyle renversé, ou à un pié consistant en deux syllabes breves suivies d’une longue. Voyez Dactyle. (G)

ANTI-DATE, s. f. (Jurisprud.) est une date fausse antérieure à la vraie date d’un écrit, d’un acte, d’un titre, ou chose semblable. Voyez Date.

Elle est moins importante, & par cette raison moins punissable dans les actes sous signature privée, qui par eux-mêmes n’ont pas de date certaine, que dans les contrats ou obligations passées pardevant Notaires, parce que ces actes-ci emportent hypothe-

que, ce que ne font pas les simples écrits chirographaires.

Voyez Chirographe. (H)

ANTI-DATÉ, adject. daté antérieurement & faussement. Ainsi l’on dit : cette lettre est antidatée : l’ordre qui est au dos de cette lettre de change a été antidaté. (G)

ANTI-DATER, v. act. (Commerce.) mettre une date antérieure, dater d’un jour qui précede celui qu’on devroit mettre.

Autrefois on étoit dans l’usage de laisser les ordres en blanc au dos des lettres de change, c’est à-dire, qu’on ne mettoit simplement que sa signature, & il étoit facile de les anti-dater, ce qui pouvoit produire de très-grands abus, particulierement de la part de ceux qui faisoient des faillites. En effet, ceux qui tomboient dans ce malheur, & qui avoient des lettres tirées à double usance, ou payables en payement de Lyon, dont l’ordre étoit en blanc, pouvoient les anti-dater, & ainsi les faire recevoir sous des noms empruntés, ou les donner en payement à des créanciers qu’ils vouloient favoriser au préjudice des autres, sans qu’on pût en demander le rapport à la masse ; parce que la date de leurs ordres paroissant fort antérieure à leurs faillites, l’on ne pouvoit alléguer qu’ils les eussent négociées dans le tems qui avoisinoit leur faillite. Voyez Faillite.

Le reglement fait pour le commerce en 1673, a pourvu à ce qu’on ne pût anti-dater si facilement les ordres, en ordonnant, art. 23. du tit. V. que les signatures de lettres de change ne serviront que d’endossement & non d’ordre, si l’ordre n’est daté, & ne contient le nom de celui qui aura payé la valeur en argent, marchandises, ou autrement ; & par l’art. 26 du même titre, que l’on ne pourra anti-dater les ordres à peine de faux. (G)

ANTI-DICOMARIANITES, (Théol.) les Anti-dicomarianites sont d’anciens hérétiques qui ont prétendu que la sainte Vierge n’avoit pas continué de vivre dans l’état de virginité ; mais au contraire, qu’elle avoit eu plusieurs enfans de Joseph son époux, après la naissance de Jesus-Christ. Voyez Vierge.

On les appelle anti-dicamorites, anti-dicomarites, anti-diacomarianites, & quelquefois anti-marianites & antimariens. Leur opinion étoit fondée sur des passages de l’Ecriture, où Jesus-Christ fait mention de ses freres & de ses sœurs ; & sur un passage de S. Matthieu, où il est dit que Joseph ne connut point Marie, jusqu’à ce qu’elle eut mis au monde notre Sauveur. Voyez Frere.

Les anti-dicomarianites étoient des sectateurs d’Helvidius & de Jovinien, qui parurent à Rome sur la fin du quatrieme siecle. (G)

ANTIDOTAIRE, s. m. (Medecine.) livre dans lequel sont décrits les antidotes, ou lieu où l’on les compose ; c’est le même que dispensaire. Telles sont toutes les pharmacopées, où on trouve un grand nombre d’antidotes de tout genre. V. Pharmacopée.

ANTIDOTE, s. m. (Medec.) d’ἀντὶ, contre, & δίδωμι, donner. Ce nom se donne à tous les remedes propres à chasser le venin des maladies, soit qu’il provienne de la piquure d’animaux venimeux, de la contagion de l’air, ou de la putréfaction des humeurs. Voyez Alexipharmaques, Theriaque. (N)

ANTIENNE, s. f. (Hist. eccl.) en latin antiphona, du grec ἀντὶ, contre, & φωνή, voix, son.

Les antiennes ont été ainsi nommées, parce que dans l’origine on les chantoit à deux chœurs, qui se répondoient alternativement ; & l’on comprenoit sous ce titre les hymnes & les pseaumes que l’on chantoit dans l’Eglise. S. Ignace disciple des Apôtres, a été, selon Socrate, l’auteur de cette maniere de chanter parmi les Grecs, & S. Ambroise l’a introduite chez les Latins. Théodoret en attribue l’origine à Diodore & à Flavien.