Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.14

Gauthier-Villars et Fils (2p. 112-156).

CHAPITRE XIV.

CALCUL DIRECT DES SÉRIES.


151.Il ne sera peut-être pas sans intérêt de revenir sur les résultats obtenus dans les trois Chapitres précédents et d’en dégager la signification. Mon but est d’ailleurs avant tout de montrer comment on pourra calculer directement les coefficients des développements que nous avons appris à former d’une manière indirecte et dont nous avons ainsi démontré l’existence. Cette existence une fois établie, le calcul de ces coefficients peut se faire, en effet, d’une façon plus rapide, sans qu’on doive s’astreindre aux nombreux changements de variables qui nous ont été nécessaires plus haut.

Je commencerai par considérer le cas particulier des équations du no 134.

Dans ce no 134, nous avons montré que, par des procédés analogues à ceux du no 125 légèrement modifiés, on peut satisfaire formellement à nos équations canoniques en faisant

les et les étant des fonctions périodiques de quantités que j’appellerai sauf qui devra se réduire à les sont des constantes arbitraires dont dépendent d’ailleurs les autres fonctions et et l’on a

étant une constante d’intégration et une constante dépendant de et des et développable suivant les puissances de

On peut, par les procédés du no 126, donner à ces séries une infinité de formes et cela de telle sorte que les valeurs moyennes des fonctions périodiques et soient telles fonctions arbitraires que l’on veut des

Observons qu’après comme avant la transformation de ces séries par les procédés du no 126, l’expression (considérée comme fonction des pendant que les seront regardés comme des constantes) devra être une différentielle exacte.

Soit donc encore

Supposons qu’il y ait variables conjuguées deux à deux ; que les variables de la première série soient de deux sortes ; nous appellerons celles de la première sorte les celles de la deuxième sorte les

Les variables de la deuxième série conjuguées des s’appelleront les et celles qui sont conjuguées des s’appelleront les de sorte que nos équations canoniques s’écriront

(1)

Je suppose que dépende des mais non des des ni des que est périodique par rapport aux et aux que, si l’on appelle la partie moyenne de (en considérant pour un instant comme une fonction périodique des seulement, mais non des ), ne dépende pas des mais seulement des et des Ce sont, en sommé, les mêmes hypothèses que celles du no 134.

Nous avons vu alors qu’on peut satisfaire formellement aux équations (1) par des séries de la forme suivante

(2)

les étant des fonctions périodiques des et des dépendent en outre des constantes et et dont les valeurs moyennes peuvent être des fonctions arbitrairement

choisies de ces constantes, ce qui se verrait par un raisonnement

tout pareil à celui du no 126. On a de plus

les et les sont des constantes d’intégration ; tes et les sont développables suivant les puissances de de sorte que

avec

La possibilité d’un pareil développement étant établie par le no 134, je me propose d’en calculer directement les coefficients.

À cet effet, je suppose que, dans les équations (1), on substitue les développements (2) et que, par conséquent, on ne regarde plus nos variables comme exprimées directement en fonctions du temps, mais comme dépendant du temps par l’intermédiaire des et des ces équations (1) deviendront

(3)

Après la substitution des développements (2), il viendra d’ailleurs

équations analogues aux équations (9) et (10) du no 127, et de même

Les seront des fonctions des des des des et des mêmes lettres accentuées. Elles seront périodiques par rapport aux et aux

Recherchons, comme dans le no 127, de quelles variables dépendent toutes ces quantités. Comme

on voit que les les dépendront seulement des

et des mêmes lettres accentuées ; tandis que les dépendront en outre des mais non des des des

Considérons l’expression

Substituons-y, à la place de son développement (2) et à la place des leur développement suivant les puissances de Cette expression deviendra développable suivant les puissances de et pour employer des notations analogues à celles du no 127, j’écrirai son développement sous la forme suivante

(4)

Il faut convenir que le signe exprime une sommation étendue à toutes les valeurs de et à toutes les valeurs de depuis 0 jusqu’à l’infini, et le signe une sommation étendue à toutes les valeurs de et à toutes les valeurs de depuis 1 jusqu’à l’infini.

Il convient de se rappeler que et d’adjoindre aux équations (4) deux autres équations de même forme où les lettres et sont remplacées par les mêmes lettres accentuées.

Nous écrirons de même

(5)

Il faut convenir que la sommation s’étend à toutes les valeurs de de 1 à l’infini et la sommation à toutes les valeurs de de 2 à l’infini et nous adjoindrons à cette équation (5) trois autres de même forme où les lettres

seront respectivement remplacées par

ou par

ou par

Nous obtiendrons alors une série d’équations analogues aux équations (14) du no 127 et qui s’écriront, en remarquant que les et les sont des constantes et que les et les se réduisent à et

(6)

Pour p le premier membre de chacune des équations (6) doit être supprimé et il en est encore de même du second terme de ce premier membre pour Il suffit, pour s’en rendre compte, de se rappeler la signification conventionnelle attribuée aux signes et dans les équations (4) et (5).

Soit maintenant une fonction périodique quelconque des et des Convenons de représenter par la valeur moyenne de considérée pour un instant comme fonction périodique des seulement. Il résulte de cette définition que

Nous représenterons par la valeur moyenne de considérée comme fonction périodique à la fois des et des C’est une constante, indépendante des et des tandis que indépendante des était encore une fonction périodique des Prenons alors dans les équations (6) les valeurs moyennes des deux membres, il viendra

(7)

Les premiers membres doivent être supprimés pour

Voyons comment ces équations (6) et (7) nous permettront le calcul des coefficients du développement (2).

Dans les équations (6) faisons d’abord Il vient (puisque

sont nuls

et que les premiers membres doivent être supprimés, ainsi que je l’ai dit plus haut)

Ces équations nous donnent les valeurs des qui, d’ailleurs, nous sont déjà connues et nous apprennent que les sont nuls, puisque les le sont.

Considérons maintenant les équations (7) en y faisant il viendra (en observant que sont nuls)

(8)

Pour interpréter ces équations, il convient de rechercher ce que c’est que les quantités Pour avoir et , il faut envisager les dérivées

et y remplacer les les les et les par

Soit le résultat de cette substitution dans on aura

étant le résultat de la même substitution dans

D’où

D’après nos hypothèses, ne dépend pas des et des ni par conséquent des et des

Donc et sont nuls, et ne dépend que des et des et est, par conséquent, une constante.

Des quatre équations (8), les deux premières sont donc satisfaites d’elles-mêmes ; la quatrième peut nous donner puisque le premier membre est une constante.

Il vient ensuite (en appelant le résultat de la substitution des à la place des dans )

d’où

(9)

Les doivent être des constantes, et il en est de même des il doit donc en être de même des

En effet, pour avoir il faut, dans (no 134), remplacer les et les par les et les ou, ce qui revient au même, si l’on fait cette substitution dans on aura

Or

étant périodique par rapport aux et aux et les étant des constantes ; on aura donc

d’où


C.Q.F.D.

Envisageons la première des équations (7) en y faisant si les sont des constantes, il restera

Or, il résulte des définitions que

Il vient donc

Cette conclusion, où nous avons été conduit en nous appuyant sur la possibilité du développement démontrée dans les Chapitres précédents, peut être obtenue directement.

On a en effet

(10)

Il va sans dire que dans et je suppose les les remplacés par les les

Il est clair que la valeur moyenne de est nulle ; il me reste donc à montrer que la somme algébrique des valeurs moyennes des quatre premiers termes du second membre de (10) est également nulle.

En effet, supposons les expressions

développées en séries trigonométriques procédant suivant les sinus et les cosinus des multiples des ¡ se trouvera ainsi développé en une série de même forme et il s’agit de calculer les termes de cette série qui sont indépendants des

Il suffit pour cela de calculer les termes indépendants des dans le produit

et dans tous les autres produits analogues.

Or on obtiendra les termes constants de ce produit en considérant un terme de

dépendant de

(si je suppose que le nombre des soit égal à ) ou de

par un terme de dépendant du même cosinus ou du même sinus.

Observons d’abord que nous n’avons pas à nous inquiéter du cas où

En effet,

étant une dérivée par rapport à d’une fonction périodique par rapport aux ne peut pas contenir de termes indépendants des Cela n’est pas sans importance, et en effet il en résulte que nous n’avons pas besoin de calculer les

Or les équations (6) vont bien nous donner les les à une fonction arbitraire près des mais elles ne nous donneraient pas les valeurs moyennes de ces fonctions. Nous venons heureusement de voir qu’elles nous sont inutiles.

Soit donc

un système quelconque d’entiers positifs ou négatifs et n’étant pas tous nuls à la fois. Posons

Nous chercherons dans les deux facteurs de chacun des termes du second membre de l’équation (10) les termes en et en et nous verrons s’ils donnent des termes indépendants des dans

Soit donc

les termes de dépendant de Il est clair que et seront des fonctions des des et des

Les termes correspondants seront

Dans
Dans
Dans
Dans

(les lettres et sont mises, pour abréger, pour et ).

Maintenant nous avons les équations (6), en y faisant qui deviennent

avec deux autres équations où les lettres (et non pas ) et sont remplacées par les mêmes lettres accentuées. Si donc nous posons

nous verrons que les termes en et seront

Dans
Dans
Dans
Dans

Si l’on remplace dans le second membre de L’équation (10), on voit que tous ces termes s’annulent. On a donc bien, comme nous l avions prévu,

Cela posé, en faisant dans les équations (6) on pourra calculer sans peine

à une fonction arbitraire près des

Nous connaissons alors et

Nous savons de plus que est une constante, c’est-à-dire une fonction des et des et, d’après la remarque faite au début et analogue à celle de la fin du no 126, nous savons que cette fonction peut être choisie arbitrairement. Nous devons donc conclure que est entièrement connu.

Nous avons ensuite à déterminer

et

Nous nous servirons pour cela des équations (7), en y faisant Si nous remarquons que

nous verrons qu’elles deviennent

(11)

Nous avons donné plus haut [équation (10)] l’expression de il suffit, pour en déduire celle de d’y changer en et, pour en déduire celle de d’y changer en

On aura donc dans par exemple, des termes de la forme suivante :

(12)

et l’on trouvera

Mais, par hypothèse, ne dépend que des et des par conséquent les dérivées de par rapport à sont nulles. D’où cette conclusion :

Les termes (12) qui entrent dans le second membre de la première équation (11) ne dépendent que de

qui sont connus, et non pas de qui sont inconnus. est donc une fonction connue des et nous pouvons, par conséquent, déduire de là la valeur de à une condition toutefois, c’est que

Cette condition doit être remplie d’elle-même, puisque nous savons d’avance que le développement est possible.

Pour la même raison, est une fonction connue ; en effet, nous connaissons maintenant mais nous ne connaissons pas encore ni Or les termes de qui dépendent de et de s’écrivent

et, comme ne dépend pas des ni des ils sont nuls et la seconde équation (11), jointe à

nous donnera et

Ayant ainsi déterminé et à l’aide des équations (7, 3, 2) et (7, 4, 2), je veux dire de la 3e et de la 4e équation (7), où l’on a fait occupons-nous de déterminer

La manière la plus simple est de se servir de ce fait que l’expression

doit être une différentielle exacte.

Si dans cette expression nous remplaçons par leurs développements (2), le coefficient de chacune des puissances de devra être une différentielle exacte ; les différentielles suivantes

devront donc être exactes. Par le signe on doit entendre que la sommation doit être étendue à tous les indices et de plus aux lettres accentuées.

S’il y a, par exemple, lettres sans accent et lettres affectées d’accent, on aura

Comme, d’autre part, les et les sont des constantes,

sera toujours une différentielle exacte, de sorte que nous pourrons écrire

(13)

De plus, devront être des fonctions des et des dont les dérivées seront périodiques.

Voyons comment l’équation

va nous permettre de déterminer elle nous donnera

Mais, comme les dérivées des doivent être périodiques, on aura

ce qui nous donne

(14)

Dans cette équation (14) tout est connu, sauf Nous connaissons, en effet, et nous connaissons également puisque nous connaissons Quant à la constante du second membre, une remarque faite plus haut montre qu’elle pourrait être choisie arbitrairement.

Nous pouvons donc calculer

Calculons maintenant à l’aide de l’équation (7, 2, 2). Cette équation s’écrit

(15)

d’où l’on tire, en égalant les valeurs moyennes prises par rapport aux

(16)

Or ne dépend que des et Les et sont entièrement connus ; au contraire, nous ne connaissons que et Voyons donc comment dépend de et de On trouve

étant entièrement connu.

On en déduit

Comme ne dépend pas de et que les sont nuls, est entièrement connu et les équations (16) et (15) nous donneront et

Nous déterminerons ensuite et successivement par (6, 1, 2), par (6, 3, 2), par (6, 4, 2), par (6, 2, 2), par (7, 3, 3), et par (7, 4, 3), par (14, 3) [je veux dire par une équation déduite de la troisième équation (13), comme (14) l’a été de la seconde équation (13) un peu plus haut], et par (7, 2, 3), puis et et etc., etc.

Si l’on a soin de faire le calcul dans cet ordre, on ne sera jamais arrêté ; car chaque équation ne contient qu’une seule inconnue, celle qu’il s’agit de déterminer.

Je rappelle d’ailleurs que les valeurs moyennes

peuvent être choisies arbitrairement en fonctions des et des

Pour que l’intégration soit possible, certaines conditions doivent être remplies ; mais nous savons qu’elles le sont (ce qui ne serait sans doute pas facile à démontrer directement), puisque nous savons d’avance que le développement est possible.

Application au Problème des trois Corps.

152.Nous avons vu au Chapitre XI comment les principes du no 134 sont applicables au Problème des trois Corps. Il en sera de même évidemment des résultats du numéro précédent qui se déduisent immédiatement de ces principes. Dans ce Chapitre XI, nous avons successivement adopté les variables suivantes

(1)
(2)
(3)

Avec le système (3) les équations du mouvement prennent la même forme que celles du no 134 et du numéro précédent.

Mais le changement de variables qui fait passer du système (2) au système (3) est assez pénible, et le plus souvent les excentricités sont assez petites pour qu’on puisse l’éviter par l’artifice que j’ai indiqué à la fin du no 140. Je rappelle en quoi il consiste. Dans la fonction les termes de qui dépendent des puissances des excentricités et des inclinaisons supérieures à la troisième sont très petits. Si donc je pose

représentant l’ensemble des termes de degré 3 au plus et les termes de degré 4 au moins, sera très petit et sera fini. Je pourrai écrire alors

et sera encore développé suivant les puissances de Mais, si l’on considère comme fonction périodique de et sa valeur moyenne ne dépendra pas des de sorte qu’avec les variables (2) les conditions du no 134 sont remplies.

Il est vrai que la signification du paramètre devient ainsi un peu différente de celle que nous lui attribuons d’ordinaire ; mais cela importe peu, puisque le but de ce paramètre est seulement de mettre en évidence l’ordre de grandeur des différents termes.

Une fois ces conventions faites, les résultats du numéro précédent deviennent immédiatement applicables au problème qui nous occupe. Mais, afin d’éviter les difficultés qui ont fait l’objet du Chapitre XII, j’adopterai, au lieu des variables (2), les variables (1), ce qui amènera dans ces résultats quelques modifications sur lesquelles il est nécessaire d’insister. Pour plus de symétrie dans les notations, j’écrirai dans le reste de ce Chapitre et au lieu de et au lieu de au lieu de Il ne peut, en effet, en résulter aucune confusion.

Nous savons que les variables (2) sont, au point de vue formel, développables suivant les puissances croissantes de la manière suivante

(4)

Les sont des fonctions périodiques des et des sauf le cas de et les sont des constantes ; et se réduisent à et et à

Si nous adoptons les variables (1) on aura de même

(4′)

et seront des fonctions périodiques des et des et il viendra, si l’on égale pour abréger à la constante

J’ajoute que

devant être une différentielle exacte, il en sera de même de

puisque

Si nous donnons à le même sens que dans le numéro précédent, nos équations vont s’écrire

(5)

équation analogue à l’équation (3) du numéro précédent comme les développements (4) sont analogues aux développements (2) du numéro précédent.

À l’équation (5) il faut naturellement en adjoindre d’autres où les lettres et sont respectivement remplacées par et et et et et J’ajoute que le nombre des paramètres est de 2 dans le Problème des trois Corps et de dans le Problème des Corps ; tandis que le nombre des paramètres est de 4 dans le Problème des trois Corps, de dans le Problème des Corps dans l’espace, et seulement de dans le Problème des Corps dans le plan.

Substituons les développements (4) et ceux des et des dans les équations (5), les deux membres de ces équations deviendront développables selon les puissances de et nous pourrons écrire

équations analogues aux équations (9) et (10) du no 127 et à d’autres équations rencontrées au numéro précédent.

Poursuivons toujours le calcul comme au numéro précédent et posons

équations où les signes et ont même sens que dans l’équation (4) du numéro précédent et à laquelle il faut adjoindre d’autres équations où les lettres

sont remplacées par les mêmes lettres accentuées ou par

ou par les mêmes lettres accentuées, ou par

ou enfin par

On voit qu’il faut éviter de confondre les lettres et et

Nous poserons de même

équation où les signes et ont même sens que dans l’équation (5) du numéro précédent et à laquelle il convient d’adjoindre d’autres équations de même forme où les lettres

sont remplacées par les mêmes lettres accentuées ou par

ou par les mêmes lettres accentuées, ou par

ou

Nous pouvons écrire maintenant une série d’équations analogues aux équations (6) du numéro précédent.

Si nous posons, pour abréger, pour une fonction quelconque

ces équations s’écriront

(6)

Aux deux premières équations (6), il convient d’en ajouter deux autres, qui en diffèrent parce que toutes les lettres y sont accentuées, à l’exception de qui est remplacé par De même qu’au numéro précédent, pour le premier membre doit être supprimé, et pour le second terme du premier membre.

En égalant les valeurs moyennes des deux membres par rapport aux on obtiendra des équations analogues aux équations (7) du numéro précédent. Elles s’écriront

(7)

Pour et le premier membre doit être supprime.

Adjoignons encore des équations analogues aux équations (13) et (14) du numéro précédent.

Nous avons vu, en effet, que

doit être la différentielle exacte d’une fonction dont toutes les dérivées sont périodiques ; il en sera donc de même des expressions suivantes

Dans chacune de ces expressions, le premier signe s’étend aux deux planètes, de telle sorte, par exemple, que

Si nous regardons un instant les comme des constantes et les comme seuls variables, ces expressions demeureront a fortiori des différentielles exactes, mais et seront nuls, de sorte que

et

seront des différentielles exactes. Comme il en est de même de et que les expressions

seront encore les différentielles exactes de fonctions dont les dérivées sont périodiques et dont, par conséquent, les dérivées par rapport à et ont une valeur moyenne indépendante des

En raisonnant alors comme au numéro précédent quand nous avons déduit les équations (14) des équations (13), nous trouverons

(8)

Considérons d’abord les équations (6) en y faisant nous verrons facilement qu’elles sont satisfaites d’elles-mêmes pourvu que (ainsi que nous l’avons supposé) et soient des constantes, et se réduisent à et et à et que soit nul, et que ait une valeur convenable.

Passons maintenant aux équations (7) en y faisant il viendra, comme aux équations (8) du numéro précédent,

(8 bis)

Nous reconnaîtrions, comme au numéro précédent, que et sont les dérivées de par rapport à à et à il faut, bien entendu, remplacer dans et par et Or nous avons trouvé au Chapitre X l’expression de qui est

et étant des fonctions de et

On voit ainsi que les équations (8 bis), sauf la deuxième, sont satisfaites d’elles-mêmes, pourvu que

(où et sont ce que deviennent et quand on y remplace les par les ), car

D’autre part,

comme et doivent être des constantes, ainsi que nous l’avons vu plus haut, sera également une constante, ce qui nous permettra de l’égaler à

Pour continuer le calcul, en suivant le même ordre que dans le numéro précédent, il nous faut maintenant considérer les équations (6, 1, 1), (6, 3, 1), (6, 4, 1).

Les premiers membres se réduiront à

et les seconds membres seront des fonctions connues et périodiques des et des dont la valeur moyenne, par rapport aux sera nulle, puisque les équations (7)  sont satisfaites.

On pourra donc opérer l’intégration comme au numéro précédent et au no 127, et l’on connaîtra

comme nous savons que se réduit à une constante et que cette constante peut être choisie arbitrairement, nous pouvons regarder comme entièrement connu.

Envisageons l’équation (6, 2, 1) dont le premier membre se réduit Comme le second membre ne contenait d’autre quantité inconnue que il devient une fonction connue des et des et le procédé que nous venons d’appliquer nous donnera

Il faut maintenant déterminer et à l’aide des équations (7, 3, 2) et (7, 4, 2). Le second membre de ces équations n’est pas entièrement connu. Ils ne dépendent pas, en effet, des mais ils dépendent des des et des Les termes qui dépendent de ces quantités peuvent s’écrire :

1o Dans l’équation (7, 3, 2) par exemple,

Le premier terme est connu puisque est connu. D’après la forme de la fonction donnée plus haut, toutes les dérivées secondes sont nulles, sauf Les deux derniers termes se réduiront donc à

Il y a, en outre, dans le second membre de (7, 3, 2), un terme en et, dans le second membre de (7, 4, 2), un terme en qui contiennent la quantité inconnue

Le second membre de (7, 3, 2) est donc égal à plus une fonction connue des (et de ). De même, le second membre de (7, 4, 2) se réduira à une fonction connue des (et de ) ; de sorte que nos équations deviendront

(9)

et étant des fonctions périodiques connues des Soit, pour abréger,

les étant des entiers quelconques, et de même

Soient

les termes en dans les fonctions connues et Soient

les termes en dans les fonctions inconnues et Il s agit de calculer les coefficients et en fonction des coefficients et

Les équations (9) nous donnent, en identifiant,

(10)

Ces équations (10) nous feront connaître les coefficients inconnus et à moins que le déterminant ne soit nul ; or ce déterminant est égal à

Il ne peut donc s’annuler que si

c’est-à-dire (puisqu’il n’y a aucune relation linéaire à coefficients entiers entre les ) si

ou (puisque nous ne devons pas considérer comme distincts les termes en et en )

Identifions donc en égalant dans les deux membres de (9) les termes en J’écris pour abréger au lieu de (et au lieu de ), puisque je suppose ici et je continue à désigner par les coefficients de dans les fonctions etc. Seulement ici les équations (10) n’auront plus la même forme, parce qu’il faut tenir compte des termes en qui entrent dans le second membre des équations (9). Nous aurons donc

(10 bis)

Pour que ces équations soient compatibles, il faut évidemment que

et
(11)

La première condition doit être remplie d’elle-même, puisque nous savons que le développement est possible. La seconde nous donnera la valeur de

Ces conditions étant remplies, les équations (10 bis) ne sont plus distinctes. Elles nous donneront et si nous connaissons et Je dis que et peuvent être choisis arbitrairement. Je le prouverai par un raisonnement analogue à celui du no 126. En effet, on ne change pas la forme des séries en ajoutant à aux aux et aux des fonctions arbitraires de des et des divisibles par Le nombre de ces fonctions arbitraires est le même que celui des variables, c’est-à-dire de 12 par exemple pour le Problème des trois Corps dans l’espace. On peut donc s’en servir pour satisfaire à 12 conditions. Nous pouvons, par exemple, nous en servir pour que les valeurs moyennes de ainsi que les coefficients de et dans les quatre fonctions soient des fonctions arbitraires de et des constantes et ces fonctions devront être développables suivant les puissances de et, en considérant séparément les divers termes de ce développement, on verrait que l’on peut choisir arbitrairement les coefficients de et dans les diverses fonctions et, en particulier, et

Les équations (9) nous permettent donc de déterminer et

Déterminons maintenant nous nous servirons pour cela de la seconde équation (8), où tout est connu, excepté

De même pour

Calculons maintenant à l’aide de (7, 2, 2). Cette équation [comparez avec l’équation (7, 2, 2) du numéro précédent et avec le raisonnement que nous avons fait quand nous nous en sommes servi pour déterminer ] peut s’écrire

étant une fonction périodique entièrement connue de Cette équation peut s’intégrer si l’on égale à la valeur moyenne de la fonction périodique de telle sorte que la valeur moyenne du second membre soit nulle. On déterminerait de la même manière et Reste à déterminer ensuite par les mêmes procédés

 par  (6, 1, 2),
par (6, 3, 2),
par (6, 4, 2),
par (6, 2, 2),
et par (7, 3, 3) et (7, 4, 3)
par la troisième équation (8),
et par (7, 2, 3),

et ainsi de suite.

Propriétés diverses.

153.Les six quantités définies dans le numéro précédent, sont des fonctions des des des et des mais, comme on a

nous pouvons également les considérer comme des fonctions des des des et des Je me propose de démontrer que ces fonctions sont développables suivant les puissances des et des

Cette proposition est susceptible d’un autre énoncé évidemment équivalent. Reprenons les variables nos fonctions seront périodiques par rapport aux et aux et, par conséquent, développables en séries trigonométriques. Soit

ou

un terme d’une de ces séries ; je suppose que

les et les étant des entiers positifs ou négatifs. Les coefficients sont des fonctions des et des

Eh bien, notre proposition peut s’énoncer comme il suit :

est développable suivant les puissances des Le développement est divisible par

et tous ses termes contiennent à une puissance paire si est pair ou à une puissance impaire si est impair.

Pour démontrer cette proposition, je me servirai d’un raisonnement de récurrence. Dans le numéro précédent, nous avons déterminé successivement les fonctions par une série d’équations auxquelles je conserverai ici le même numérotage que dans le numéro précédent.

Il s’agit de démontrer que les valeurs des fonctions déterminées par ces équations sont développables suivant les puissances des et

J’observe d’abord que, étant développable suivant les puissances des et des les fonctions que nous avons appelées sont développables suivant les puissances de

(12)

Il en résulte, si l’on se rappelle la signification des quantités etc., que les seconds membres des équations (6) seront développables suivant les puissances des quantités (12), de leurs dérivées par rapport aux et et enfin des et des

Je me propose de démontrer que toutes ces quantités, ainsi que les seconds membres des équations (6) et (7), sont développables suivant les puissances des et des pour cela je vais passer en revue la série des opérations par lesquelles nous avons, dans le numéro précédent, déduit ces quantités les unes des autres et je montrerai qu’aucune d’elles ne peut altérer cette propriété.

Ces opérations sont les suivantes :

1o Substituer dans le second membre des équations (6), à la place des quantités (12), de leurs dérivées, des et des leurs valeurs antérieurement calculées. Comme le second membre de (6) est développable suivant les puissances des quantités substituées et que ces quantités substituées (puisque nous raisonnons par récurrence et que nous supposons que les quantités déjà calculées jouissent de la propriété énoncée) sont elles-mêmes développables suivant les puissances des et il est clair que le résultat de la substitution sera aussi développable suivant les puissances des et des

2o Prendre la valeur moyenne d’une fonction périodique connue soit par rapport aux seulement, soit par rapport aux et aux

C’est ce qui arrive quand on déduit le second membre de (7) de celui de (6), ou bien encore lorsqu’on annule la valeur moyenne du second membre de l’équation (7, 2, 2), en égalant à la valeur moyenne de (vide supra, vers la fin du numéro précédent).

Comme cette opération consiste à supprimer des termes dans le développement trigonométrique de la fonction considérée, il est clair qu’elle ne peut altérer la proposition énoncée.

3o Différentier l’une des quantités (12) par rapport à ou à

Soit, comme plus haut,

ou

un terme du développement de la quantité que nous différentions.

La dérivée de ce terme par rapport à sera

ou

Sa dérivée par rapport à sera

ou

Il est clair que, si satisfait à la condition énoncée, il en sera de même de

et de

4o Intégrer les équations (6), (7) et (8).

Quelques-unes de ces équations nous donnent immédiatement l’inconnue ; telles sont les équations (8) et celles qui nous donnent les qui doivent être choisis de façon à annuler la valeur moyenne du second membre de (7, 2, p). Mais d’autres équations exigent une intégration : telles sont, par exemple, les équations (6) qui ont la forme

(13)

étant la fonction inconnue et une fonction périodique connue. Soit alors

ou

un terme de Le terme correspondant de s’écrira

ou

Il est clair que, si satisfait à la condition énoncée, il en sera de même de

Le même raisonnement est applicable à l’équation (7, 2, p) qui, après qu’on a choisi de façon à annuler la valeur moyenne du second membre, prend la forme

(14)

étant connu et inconnu, et est ainsi de même forme que (13). Observons d’ailleurs que les de même que les dépendent des mais non des Il convient d’ajouter que cette équation (14) ne détermine l’inconnue qu’à une constante près, laquelle peut être choisie arbitrairement en fonction des et des il faut, bien entendu, pour que le théorème soit vrai, avoir soin de choisir cette fonction arbitraire de telle façon qu’elle soit développable suivant les puissances entières des

De même, les équations (8) ne déterminent qu’à une constante près que l’on peut choisir arbitrairement. Il est nécessaire de faire ce choix de telle façon que

soit développable suivant les puissances des

5o L’intégration des équations (7, 3, p) et (7, 4, p) se traite à peu près de la même manière.

Considérons, par exemple, les équations (9) et reprenons les notations dont nous nous sommes servi dans l’étude de ces équations.

Considérons d’abord le cas où n’est pas égal à et où le déterminant des équations linéaires (10) n’est pas nul. Il est clair alors que si les coefficients satisfont à la condition énoncée, il en sera de même des coefficients tirés de ces équations (10).

Passons maintenant au cas où et où les équations (10) doivent être remplacées par les équations (10 bis).

Nous avons d’abord l’équation

Nous supposons que et qui sont des coefficients du développement d’une fonction antérieurement calculée satisfont à la condition énoncée, c’est-à-dire qu’ils sont développables suivant les puissances des qu’ils sont divisibles par et que le quotient ne contient plus que des puissances paires des Il en résulte que ne contient non plus que des puissances paires des et satisfait par conséquent à notre proposition.

Revenant ensuite aux équations (10 bis) on voit que et satisfont à la condition énoncée pourvu que et y satisfassent. Mais nous avons vu que et peuvent être choisis arbitrairement ; nous pouvons toujours faire ce choix de façon à y satisfaire et le théorème bien entendu n’est vrai qu’à cette condition.

Puisque aucune de nos opérations ne peut altérer la propriété énoncée, elle est vraie dans toute sa généralité.

154.Observons maintenant que les équations du mouvement ne changent pas, quand, les et les ne changeant pas, les et les augmentent d’une même quantité.

Reprenons les développements (4) (je conserve encore le numérotage du no 152) ; comme nous pouvons choisir arbitrairement les valeurs moyennes des quantités par rapport aux et aux je me donnerai d’une manière quelconque toutes ces valeurs moyennes.

Les séries (4) sont alors les seules qui satisfassent formellement aux équations du mouvement et qui satisfassent de plus à cette double condition que toutes ces valeurs moyennes soient déterminées, et que

(15)

soit une différentielle exacte.

Le calcul du no 152 détermine, en effet, sans ambiguïté les coefficients des séries qui sont assujetties à ces conditions diverses.

Ajoutons maintenant une même constante à à et aux nous satisferons encore aux équations du mouvement d’après la remarque faite au début de ce numéro, et nos séries (4) n’auront pas changé, sauf que et seront devenus et

Changeons ensuite et en et Les séries conserveront la même forme, c’est-à-dire que les les les les seront encore des fonctions périodiques des et des dont la valeur moyenne restera la même. Elles satisferont encore formellement aux équations du mouvement, puisque je n’ai fait que retrancher une constante aux constante et qui sont arbitraires.

Enfin l’expression (15) restera une différentielle exacte.

Ces séries ne pourront donc différer des séries (4) qui sont les seules qui satisfassent à toutes ces conditions.

Cela veut dire que les les les ne changent pas quand on diminue à la fois les et les d’une même quantité.

Ou bien encore que si

ou

est un terme du développement de ou et que

la somme algébrique des entiers et doit être nulle.

On en conclurait aisément que, si

ou

est un terme de ou cette même somme algébrique doit être égale à j’ajoute que cette somme est nulle dans le développement de

(et dans celui des mêmes expressions où serait remplacé par ).

Des considérations de symétrie et un raisonnement analogue nous conduiraient à d’autres propriétés.

Ainsi, tout étant symétrique par rapport au plan des les équations du mouvement ne changeront pas quand on changera les signes de de et des sans changer et les

Alors supposons que, dans les développements (4), les valeurs moyennes des et des que l’on peut choisir arbitrairement soient nulles. Changeons maintenant

en

et, en même temps, et en

et

Les séries (4) conserveront la même forme, elles ne cesseront pas de satisfaire aux équations du mouvement. Les valeurs moyennes des et ne changeront pas ; celles des et resteront nulles. Enfin l’expression (15) restera une différentielle exacte.

Il faut pour cela que les séries (4) n’aient pas changé. Donc les et les ne changent pas, les et les changent de signe quand les et les changent de signe.

Cela veut dire que le développement des et des ne contient que des cosinus, tandis que celui des et des ne contient que des sinus.

De même tout est symétrique par rapport au plan des et l’on peut en tirer d’autres conclusions.

Supposons qu’on ait affaire au Problème des trois Corps dans l’espace, et soient

Les troisième et quatrième paires de variables définissent les excentricités et les périhélies ; les deux dernières paires de variables définissent les inclinaisons et les nœuds.

En vertu de la symétrie que je viens de signaler les équations ne changeront pas si et changent de signe, les autres variables demeurant inaltérées.

On verrait alors, par un raisonnement tout pareil à ceux qui précèdent, que les séries (4) ne changent pas, si l’on change à la fois

en

On doit en conclure que, dans les développements (4) qui procèdent suivant les cosinus et les sinus de

la somme doit être paire dans le développement de

et impaire, au contraire, dans le développement de

155.Au no 152, j’ai employé pour simplifier l’exposition et les calculs un artifice dont j’avais déjà parlé à la fin du no 140 et que j’ai rappelé au commencement du no 152. Il consiste à regarder comme du second ordre des termes qui ne contiennent les masses qu’au premier degré.

Cet artifice est légitime à cause de l’extrême petitesse de ces termes ; mais il n’est pas sans inconvénient. En effet, la signification du paramètre s’en trouve altérée. En faisant on tombe sur un cas particulier du Problème des trois Corps, celui où les masses perturbatrices sont nulles et le mouvement képlérien ; en donnant à une certaine valeur très petite déterminée, on tombe sur un autre cas particulier du Problème des trois Corps, celui qui correspond aux véritables masses des corps que l’on considère. Mais, si l’on donne à une valeur intermédiaire, les équations sont celles d’un problème de Dynamique qui n’a plus aucun rapport avec le Problème des trois Corps.

Il n’en serait pas de même si l’on avait conservé à la lettre sa signification primitive, que nous avons définie au no 11 ; quelle que soit alors la valeur attribuée à les équations sont celles d’un cas particulier du Problème des trois Corps correspondant à certaines valeurs des masses.

Il serait donc bien plus satisfaisant de restituer à la lettre sa signification primitive et de chercher à développer nos variables non seulement suivant les puissances de mais encore suivant celles de ces constantes que nous avons appelées et qui sont de l’ordre des excentricités.

Les équations du mouvement sont encore de même forme ; seulement la valeur moyenne de que j’appellerai toujours a une expression plus compliquée. On n’a plus simplement, comme au no 152,

(16)

mais est développable suivant les puissances croissantes de et et le second membre de (16) représente seulement les premiers termes du développement, à savoir ceux de degré 0 et de degré 2 (tous les termes étant comme on sait de degré pair).

Développons donc nos variables (1) suivant les puissances de et des conservons les développements (4) et soit, d’autre part,

(17)

représentent l’ensemble des termes qui sont de degré par rapport aux

Je suppose toujours

et, par conséquent,

mais je ne suppose plus

Je suppose que

Mais ne seront pas nuls.

Ces hypothèses faites, reprenons le calcul du no 152.

Nous avons envisagé d’abord les équations (6) en y faisant Ces équations seront satisfaites pourvu que, étant nul, et ne dépendent pas des mais seulement des ce que nous supposerons.

Viennent ensuite les équations (7), en y faisant p = 1 (cf. équations 8 bis du no 152) ; mais il importe de remarquer que la forme des équations (6) et (7) est un peu modifiée.

Envisageons, en effet, dans (6, 3, p), (6, 4, p), (7, 3, p), (7, 4, p), le dernier terme du deuxième membre. Ce terme doit s’écrire

(18)

Au no 152, et se réduisant à

et

ces quatre termes se réduisaient à

mais ici il n’en est plus de même et il faut conserver à ces termes leur expression (18).

Les équations (7) pour s’écriront alors

(19)

Il faut supposer, bien entendu, que dans on a remplacé et par et

Ces équations sont, sous une forme différente, les mêmes qui ont fait l’objet du Chapitre X. La première est satisfaite d’elle-même. Examinons donc les deux dernières équations qui doivent déterminer et

Développons les suivant les puissances des et soit

(20)

étant l’ensemble des termes de degré par rapport aux

Substituons, dans les deux dernières équations (19), les développements (17) et (20) à la place des des des et égalons les termes de même degré dans les deux membres. Posons d’ailleurs pour abréger

Si nous égalons les termes de premier degré par rapport aux il viendra

ces équations sont satisfaites pourvu que

Supposons maintenant que l’on ait déterminé

et que l’on se propose de déterminer

Égalons dans les deux membres des deux dernières équations (19) les termes de degré Ces termes seront :

Dans la troisième équation :

Premier membre.  quantités connues.
Second membre..  quantités connues.

Dans la quatrième équation :

Premier membre.  quantités connues.
Second membre..  quantités connues.

Nous pouvons donc écrire

(21)

et étant des fonctions périodiques connues des

L’analogie de ces équations avec les équations (9) est évidente. On passe des unes aux autres en changeant en

On traitera donc les équations (21) comme les équations (9). La condition du succès de la méthode [à savoir que dans les équations analogues à (10 bis) soit nul] doit être remplie d’elle-même, puisque nous avons démontré d’avance la possibilité du développement.

Quand on aura satisfait aux deux dernières équations (19), sera une constante (puisque ces deux équations admettent comme intégrale, analogue à celle des forces vives, ) et comme cela doit être vrai quelles que soient les constantes et la dérivée devra également être une constante, dépendant seulement des et des

Mais on a

Les dérivées de sont des constantes. La première équation (8) nous apprend qu’il en est de même de et Donc est aussi une constante que nous pourrons égaler à et nous aurons ainsi satisfait à la deuxième équation (19).

Au no 152, nous avons ensuite déterminé successivement (et, par conséquent puisque est une constante que l’on peut choisir arbitrairement), par (6, 1, 1), (6, 3, 1), (6, 4, 1) et (6, 2, 1). Je n’ai rien à changer à cette partie du calcul.

Déterminons maintenant

et

et pour cela considérons les équations (7, 3, 2) et (7, 4, 2). Ces équations prennent la forme

(22)

et étant connues.

Ces équations sont analogues aux équations (9) ; seulement ayant une expression moins simple, il n’arrive plus, comme au no 152, que, pour la première de ces équations par exemple, les trois derniers termes du second membre se réduisent respectivement à

ce qui apportait une simplification notable.

Substituons donc dans (22) à la place de et leurs développements (17), à la place de son développement (20) et à la place de son développement

analogue à (20). Soit d’ailleurs et l’ensemble des termes de

et de qui sont de degré par rapport aux

Nous égalerons ensuite les termes de même degré dans les deux membres de (22).

En égalant d’abord les termes de degré 0, il vient simplement

(23)

et seront des constantes dépendant seulement de et et, en effet, en vertu du raisonnement du no 153, qui reste applicable sans modification, et sont développables suivant les puissances des et des Les termes du degré 0 par rapport aux ne dépendront donc ni des ni des

Il en résulte que et sont aussi des constantes et que les premiers membres des équations (23) sont nuls. Ces équations (23) nous permettront alors de déterminer et

Supposons maintenant que l’on ait déterminé

et que l’on se propose de déterminer

(21)

Égalons pour cela les termes de degré dans les deux membres des équations (22).

Il viendra, en mettant en évidence les termes dépendant des quantités inconnues (24),

(25)

et étant des fonctions connues.

Ces équations sont analogues aux équations (9) ; on passe en effet des unes aux autres en changeant

en

On pourra donc traiter les équations (25) comme les équations (9).

On déterminerait ensuite

comme au no 152.

Pour déterminer

et

on se servirait des équations (7, 3, 3) et (7, 4, 3). Ces équations seraient de même forme que les équations (22) et se traiteraient de la même manière.

Cas particuliers remarquables.

156.Les développements (4) et (17) ont, comme nous l’avons vu au no 153, leurs seconds membres développés suivant les puissances des et des

Si nous annulons à la fois toutes les constantes arbitraires nos variables ne dépendront plus des mais seulement de et Leurs développements procéderont suivant les lignes trigonométriques de

et étant des entiers.

D’après ce que nous avons vu au no 154, dans le développement des et des la somme doit être nulle, de sorte que ces variables dépendront seulement de Il en sera de même pour la même raison de

(26)

Il en résulte évidemment que ces hypothèses particulières correspondent au cas d’une solution périodique et il est aisé de voir que les solutions ainsi trouvées ne diffèrent pas de celles que nous avons appelées au Chapitre III solutions périodiques de la première sorte.

On peut en conclure que les développements (4) qui ne sont pas ordinairement convergents au sens géométrique du mot le deviennent quand on annule les constantes

Comme les constantes sont généralement petites, on voit que la solution réelle ira en oscillant autour de la solution périodique sans s’en écarter beaucoup.

Considérons maintenant dans le développement de de et des expressions (26), les termes du premier degré par rapport aux nous verrons, en tenant compte des résultats des no 153 et 154, qu’ils seront de la forme

(27)

et étant des fonctions périodiques développables suivant les sinus et cosinus multiples de

L’interprétation de ce résultat est évidente. Dans le Chapitre IV nous avons considéré les équations aux variations relatives à une solution périodique donnée. Considérons alors nos équations du mouvement et la solution périodique de la première sorte que l’on en obtient en annulant tous les Les expressions (27) ne seront pas alors autre chose que la solution la plus générale des équations aux variations correspondantes.

On en conclut que les exposants caractéristiques relatifs à cette solution de la première sorte sont

Il importe d’observer que dans cette expression les constantes (dont dépendent et ) doivent être égalées à 0.

On peut se proposer de déduire des développements (4) et (17) les solutions périodiques de la deuxième et de la troisième sorte, ainsi que nous l’avons fait pour celles de la première sorte. Cela est un peu plus difficile.

Pour mieux faire comprendre ce qu’il y a à faire, je vais prendre d’abord un exemple plus simple. Reprenons les séries du no 127 et proposons-nous d’en déduire les solutions périodiques du no 42. Nous avons vu que, dans les séries du no 127, on peut choisir arbitrairement les valeurs moyennes des fonctions périodiques et et qu’en particulier on peut faire ce choix de telle façon que soit nul toutes les fois que On peut même réaliser cette condition en choisissant convenablement les valeurs moyennes des pendant que les valeurs moyennes des restent arbitraires.

Supposons donc qu’on ait choisi ces valeurs moyennes de cette manière et, par conséquent, que

Supposons de plus que les aient été choisis de telle sorte que les aient certaines valeurs données commensurables entre elles. Il arrive alors, quand on veut faire le calcul du no 127, que certains coefficients deviennent infinis, à moins que l’on ne choisisse convenablement les constantes et les valeurs moyennes de restées arbitraires.

Si ce choix est fait de la sorte, les séries du no 127 existent : elles sont convergentes et elles ne diffèrent pas de celles du no 44. Revenons au Problème des trois Corps.

Choisissons nos constantes et ainsi que les valeurs moyennes des divers termes des développements (4) et (17) considérés comme fonctions périodiques des et des choisissons ces quantités, dis-je, de telle façon :

1o Que et aient des valeurs données commensurables entre elles (je fais observer que si l’on adopte les notations du no 155, est nul pour ) ;

2o Que et soient nuls pour

3o Que

Je puis faire ce choix de façon à réaliser ces conditions et même la moitié des valeurs moyennes demeure arbitraire.

Il arrive alors que, si l’on veut faire le calcul des nos 152 ou 155, certains coefficients deviennent infinis, à moins que l’on ne choisisse convenablement les constantes et ainsi que les valeurs moyennes restées arbitraires.

Si on le fait, les séries (4) et (17) existent ; elles convergent et ne diffèrent pas de celles qui représentent les solutions de la deuxième et de la troisième sorte.

Supposons maintenant que, sans annuler et on annule et on trouvera une série de solutions particulières du Problème des trois Corps, ne dépendant que des quatre arguments

ce sont les solutions correspondant aux cas du Problème des trois Corps dans le plan. Le nombre des arguments est ici réduit à 4 comme celui des degrés de liberté.

Mais on peut observer que les les et les expressions (26) ne dépendent que des différences

ainsi que nous l’avons vu au no 154.

Si donc on prend comme variables et ces expressions (26), le nombre des arguments est réduit à 3. Cela correspond au cas du problème du no 5, où il y a 3 degrés de liberté.

Imaginons maintenant que la masse de la première planète soit infiniment petite (cas d’une petite planète troublée par Jupiter). Il arrivera d’abord que

se réduiront à

Ces quantités, de même que seront des constantes et se réduira à

Il résulte de là que

Le nombre de nos arguments, qui était de 6, est réduit à 4, à savoir

Il n’arrive plus ici que ne dépendent que des différences

Le raisonnement du no 154 ne nous apprend, en effet, qu’une chose, c’est que, dans le cas général, dépend seulement des cinq différences

Quand deux des se réduiront à des constantes (ce qui arrive dans le cas particulier que nous examinons), deux de ces cinq arguments ne diffèrent plus que par une constante, et c’est pour cette raison qu’il n’en reste plus que quatre ; mais il n’y a aucune raison pour que la réduction puisse être poussée plus loin.

Nos variables restent d’ailleurs, en vertu du no 153, développables suivant les puissances des

Supposons que l’on annule et cela correspond au cas où les trois corps se meuvent dans un même plan (je suppose toujours que l’une des masses est infiniment petite). Alors nos variables ne dépendent plus de et il nous reste seulement trois arguments. à savoir

Annulons encore la constante cela correspond au cas où l’orbite de la seconde planète est circulaire, c’est-à-dire au problème du no 9.

Comme nos variables sont développables suivant les puissances des et et que

elles ne dépendront plus ni de no de ni de Or, en vertu du no 154, elles ne dépendent que des différences

Or nous venons de voir qu’il y a trois des qui ne doivent plus entrer dans leur expression. Elles ne dépendront plus que de

Le nombre des arguments est réduit à 2 ; nous avons vu d’ailleurs que le problème du no 9 comporte précisément 2 degrés de liberté. Si, de plus, on fait on tombe sur les solutions périodiques étudiées par M. Hill (voir le no 41 et tenir compte de la remarque faite aux trois dernières lignes).

Si, dans la théorie de la Lune, on regarde ce satellite comme soumis aux seules actions de la Terre et du Soleil et que l’on regarde le mouvement relatif de ces deux derniers astres comme képlérien, on est ramené à un des cas particuliers étudiés plus haut.

Mais on sera souvent conduit à tenir compte des perturbations éprouvées par la Terre de la part d’autres planètes, tout en continuant à négliger l’action directe de ces planètes sur la Lune. Si l’on se place à ce point de vue, le mouvement relatif de la Terre et du Soleil n’est plus un mouvement képlérien, mais il est connu, et la Lune reste soumise seulement à l’action de ces deux corps mobiles qui se meuvent d’après une loi connue.

Supposons donc que les coordonnées du Soleil par rapport à la Terre puissent s’exprimer par des séries de même forme que celles que nous avons étudiées dans ce Chapitre, et dépendant de arguments. On verrait aisément alors, en raisonnant à peu près comme nous l’avons fait dans ce Chapitre, que les coordonnées de la Lune s’exprimeront encore par des séries de même forme dépendant de arguments.

Pour bien faire comprendre ce que je veux dire par là, je reviens ,au problème du no 9 ; c’est-à-dire : imaginons que la Terre et le Soleil décrivent des circonférences concentriques ; les coordonnées du Soleil dépendront alors de argument ; les distances de la Lune à la Terre et au Soleil dépendront de 2 arguments (qui sont ceux que je viens d’appeler ) ; mais les coordonnées de la Lune par rapport à des axes fixes dépendront de arguments.

Des considérations analogues sont applicables au cas où il y a plus de trois corps ; supposons, par exemple, qu’il y en ait quatre. Le nombre des est alors 3 et celui des est 6.

Supposons qu’on annule à la fois les six constantes Une première conséquence de cette hypothèse, c’est que le mouvement se passe dans un plan. De plus les les les expressions (26) et par conséquent les distances mutuelles des quatre corps ne vont plus dépendre que des deux arguments

Il ne s’ensuit pas (comme dans le cas où, envisageant trois corps seulement, on annulait tous les ) que les séries deviennent convergentes au sens géométrique du mot ; mais on peut se proposer d’en déduire les solutions périodiques du no 50.

Voici comment on doit opérer.

Choisissons nos constantes d’intégration et les valeurs moyennes des divers termes des développements (4) et (17) de telle sorte : 1o que les quantités

aient des valeurs données commensurables entre elles ; 2o que

pour Les constantes et et la moitié de nos valeurs moyennes deviennent arbitraires.

Si l’on veut faire le calcul du no 152, certains coefficients deviennent infinis, à moins qu’on ne choisisse convenablement les les et les valeurs moyennes restées arbitraires.

Si l’on fait ainsi ce choix, les séries existent, elles convergent et elles représentent les solutions périodiques du no 50.

Conclusions.

157.Telles sont les séries auxquelles on parvient par les procédés de calcul exposés dans les Chapitres qui précèdent. C’est M. Newcomb qui en a eu la première idée et qui a découvert leurs principales propriétés.

Ces séries sont divergentes, mais si l’on s’arrête à temps dans le développement, je veux dire avant d’avoir rencontré de très petits diviseurs, elles représentent les coordonnées avec une très grande approximation.

On peut encore les utiliser d’une autre manière.

Imaginons que l’on s’arrête à un certain terme de développement, puis qu’appliquant la méthode de la variation des constantes, on prenne pour variables nouvelles les les les et les Ces variables nouvelles varieront avec une extrême lenteur et les procédés anciens pourront être appliqués avec avantage aux équations différentielles qui définissent leurs variations. On pourra, par exemple, développer ces variables nouvelles suivant les puissances du temps.

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