CHAPITRE XIV.
CALCUL DIRECT DES SÉRIES.
151.Il ne sera peut-être pas sans intérêt de revenir sur les
résultats obtenus dans les trois Chapitres précédents et d’en
dégager la signification. Mon but est d’ailleurs avant tout de
montrer comment on pourra calculer directement les coefficients
des développements que nous avons appris à former d’une manière
indirecte et dont nous avons ainsi démontré l’existence. Cette
existence une fois établie, le calcul de ces coefficients peut se faire,
en effet, d’une façon plus rapide, sans qu’on doive s’astreindre aux
nombreux changements de variables qui nous ont été nécessaires
plus haut.
Je commencerai par considérer le cas particulier des équations
du no 134.
Dans ce no 134, nous avons montré que, par des procédés analogues
à ceux du no 125 légèrement modifiés, on peut satisfaire
formellement à nos équations canoniques en faisant
les et les étant des fonctions périodiques de quantités que
j’appellerai sauf qui devra se réduire à les sont des
constantes arbitraires dont dépendent d’ailleurs les autres fonctions
et et l’on a
étant une constante d’intégration et une constante dépendant
de et des et développable suivant les puissances de
On peut, par les procédés du no 126, donner à ces séries une
infinité de formes et cela de telle sorte que les valeurs moyennes des fonctions périodiques et soient telles fonctions arbitraires
que l’on veut des
Observons qu’après comme avant la transformation de ces séries
par les procédés du no 126, l’expression (considérée
comme fonction des pendant que les seront regardés comme
des constantes) devra être une différentielle exacte.
Soit donc encore
Supposons qu’il y ait variables conjuguées deux à deux ; que
les variables de la première série soient de deux sortes ; nous
appellerons celles de la première sorte les celles de la deuxième
sorte les
Les variables de la deuxième série conjuguées des s’appelleront
les et celles qui sont conjuguées des s’appelleront
les de sorte que nos équations canoniques s’écriront
(1)
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|
Je suppose que dépende des mais non des des ni
des que est périodique par rapport aux et aux
que, si l’on appelle la partie moyenne de (en considérant pour un instant
comme une fonction périodique des seulement,
mais non des ), ne dépende pas des mais seulement des
et des Ce sont, en sommé, les mêmes hypothèses que celles du
no 134.
Nous avons vu alors qu’on peut satisfaire formellement aux
équations (1) par des séries de la forme suivante
(2)
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les étant des fonctions périodiques des et
des dépendent en outre des constantes et et dont les
valeurs moyennes peuvent être des fonctions arbitrairement
choisies de ces constantes, ce qui se verrait par un raisonnement
tout pareil à celui du no 126. On a de plus
les et les sont des constantes d’intégration ; tes et les
sont développables suivant les puissances de de sorte que
avec
La possibilité d’un pareil développement étant établie par le
no 134, je me propose d’en calculer directement les coefficients.
À cet effet, je suppose que, dans les équations (1), on substitue
les développements (2) et que, par conséquent, on ne regarde
plus nos variables comme exprimées directement en fonctions du
temps, mais comme dépendant du temps par l’intermédiaire des
et des ces équations (1) deviendront
(3)
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Après la substitution des développements (2), il viendra d’ailleurs
équations analogues aux équations (9) et (10) du no 127, et de même
Les seront des fonctions des des des
des et des mêmes lettres accentuées. Elles seront périodiques
par rapport aux et aux
Recherchons, comme dans le no 127, de quelles variables dépendent
toutes ces quantités. Comme
on voit que les les dépendront seulement des
et des mêmes lettres accentuées ; tandis que les dépendront en
outre des mais non des des des
Considérons l’expression
Substituons-y, à la place de son développement (2) et à la place
des leur développement suivant les puissances de Cette
expression deviendra développable suivant les puissances de et
pour employer des notations analogues à celles du no 127, j’écrirai
son développement sous la forme suivante
(4)
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Il faut convenir que le signe exprime une sommation étendue
à toutes les valeurs de et à toutes les valeurs de depuis 0 jusqu’à
l’infini, et le signe une sommation étendue à toutes les
valeurs de et à toutes les valeurs de depuis 1 jusqu’à l’infini.
Il convient de se rappeler que et d’adjoindre
aux équations (4) deux autres équations de même forme où les
lettres et sont remplacées par les
mêmes lettres accentuées.
Nous écrirons de même
(5)
|
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|
Il faut convenir que la sommation s’étend à toutes les valeurs
de de 1 à l’infini et la sommation à toutes les valeurs de
de 2 à l’infini et nous adjoindrons à cette équation (5) trois autres
de même forme où les lettres
seront respectivement remplacées par
ou par
ou par
Nous obtiendrons alors une série d’équations analogues aux
équations (14) du no 127 et qui s’écriront, en remarquant que les
et les sont des constantes et que les et les se réduisent à
et
(6)
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|
Pour p le premier membre de chacune des équations (6)
doit être supprimé et il en est encore de même du second terme
de ce premier membre pour Il suffit, pour s’en rendre
compte, de se rappeler la signification conventionnelle attribuée
aux signes et dans les équations (4) et (5).
Soit maintenant une fonction périodique quelconque des
et des Convenons de représenter par la valeur moyenne
de considérée pour un instant comme fonction périodique
des seulement. Il résulte de cette définition que
Nous représenterons par la valeur moyenne de considérée
comme fonction périodique à la fois des et des C’est
une constante, indépendante des et des tandis que indépendante
des était encore une fonction périodique des Prenons
alors dans les équations (6) les valeurs moyennes des deux membres, il viendra
(7)
|
|
|
Les premiers membres doivent être supprimés pour
Voyons comment ces équations (6) et (7) nous permettront le
calcul des coefficients du développement (2).
Dans les équations (6) faisons d’abord Il vient (puisque
sont nuls
et que les premiers membres doivent être supprimés, ainsi que je
l’ai dit plus haut)
Ces équations nous donnent les valeurs des qui, d’ailleurs, nous
sont déjà connues et nous apprennent que les sont nuls, puisque
les le sont.
Considérons maintenant les équations (7) en y faisant
il viendra (en observant que sont nuls)
(8)
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|
Pour interpréter ces équations, il convient de rechercher ce que
c’est que les quantités Pour avoir et , il faut
envisager les dérivées
et y remplacer les les les et les par
Soit le résultat de cette substitution dans on aura
étant le résultat de la même substitution dans
D’où
D’après nos hypothèses, ne dépend pas des et des ni par
conséquent des et des
Donc et sont nuls, et ne dépend que des et
des et est, par conséquent, une constante.
Des quatre équations (8), les deux premières sont donc satisfaites
d’elles-mêmes ; la quatrième peut nous donner puisque
le premier membre est une constante.
Il vient ensuite (en appelant le résultat de la substitution
des à la place des dans )
d’où
(9)
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|
Les doivent être des constantes, et il en est de même des
il doit donc en être de même des
En effet, pour avoir il faut, dans (no 134), remplacer
les et les par les et les ou, ce qui revient au même, si
l’on fait cette substitution dans on aura
Or
étant périodique par rapport aux et aux et les étant
des constantes ; on aura donc
d’où
C.Q.F.D.
Envisageons la première des équations (7) en y faisant
si les sont des constantes, il restera
Or, il résulte des définitions que
Il vient donc
Cette conclusion, où nous avons été conduit en nous appuyant
sur la possibilité du développement démontrée dans les Chapitres
précédents, peut être obtenue directement.
On a en effet
(10)
|
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|
Il va sans dire que dans et je suppose les les
remplacés par les les
Il est clair que la valeur moyenne de est nulle ; il me reste
donc à montrer que la somme algébrique des valeurs moyennes des
quatre premiers termes du second membre de (10) est également
nulle.
En effet, supposons les expressions
développées en séries trigonométriques procédant suivant les sinus
et les cosinus des multiples des ¡ se trouvera ainsi développé
en une série de même forme et il s’agit de calculer les termes de
cette série qui sont indépendants des
Il suffit pour cela de calculer les termes indépendants des
dans le produit
et dans tous les autres produits analogues.
Or on obtiendra les termes constants de ce produit en considérant
un terme de
dépendant de
(si je suppose que le nombre des soit égal à ) ou de
par un terme de dépendant du même cosinus ou du même sinus.
Observons d’abord que nous n’avons pas à nous inquiéter du
cas où
En effet,
étant une dérivée par rapport à d’une fonction périodique par
rapport aux ne peut pas contenir de termes indépendants des
Cela n’est pas sans importance, et en effet il en résulte que nous
n’avons pas besoin de calculer les
Or les équations (6) vont bien nous donner les les à
une fonction arbitraire près des mais elles ne nous donneraient
pas les valeurs moyennes de ces fonctions. Nous venons heureusement
de voir qu’elles nous sont inutiles.
Soit donc
un système quelconque d’entiers positifs ou négatifs et n’étant pas
tous nuls à la fois. Posons
Nous chercherons dans les deux facteurs de chacun des termes du
second membre de l’équation (10) les termes en et en et
nous verrons s’ils donnent des termes indépendants des dans
Soit donc
les termes de dépendant de Il est clair que et seront des
fonctions des des et des
Les termes correspondants seront
Dans
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Dans
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|
Dans
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|
Dans
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(les lettres et sont mises, pour abréger, pour et ).
Maintenant nous avons les équations (6), en y faisant qui
deviennent
avec deux autres équations où les lettres (et non pas )
et sont remplacées par les mêmes lettres accentuées. Si donc
nous posons
nous verrons que les termes en et seront
Dans
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|
|
Dans
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|
|
Dans
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|
|
Dans
|
|
|
Si l’on remplace dans le second membre de L’équation (10), on
voit que tous ces termes s’annulent. On a donc bien, comme nous
l avions prévu,
Cela posé, en faisant dans les équations (6) on pourra calculer sans peine
à une fonction arbitraire près des
Nous connaissons alors et
Nous savons de plus que est une constante, c’est-à-dire une
fonction des et des et, d’après la remarque faite au début
et analogue à celle de la fin du no 126, nous savons que cette fonction
peut être choisie arbitrairement. Nous devons donc conclure
que est entièrement connu.
Nous avons ensuite à déterminer
et
Nous nous servirons pour cela des équations (7), en y faisant
Si nous remarquons que
nous verrons qu’elles deviennent
(11)
|
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|
Nous avons donné plus haut [équation (10)] l’expression de
il suffit, pour en déduire celle de d’y changer en et, pour
en déduire celle de d’y changer en
On aura donc dans par exemple, des termes de la forme
suivante :
(12)
|
|
|
et l’on trouvera
Mais, par hypothèse, ne dépend que des et des par
conséquent les dérivées de par rapport à sont nulles. D’où
cette conclusion :
Les termes (12) qui entrent dans le second membre de la première
équation (11) ne dépendent que de
qui sont connus, et non pas de qui sont inconnus.
est donc une fonction connue des et nous pouvons, par
conséquent, déduire de là la valeur de à une condition toutefois, c’est que
Cette condition doit être remplie d’elle-même, puisque nous
savons d’avance que le développement est possible.
Pour la même raison, est une fonction connue ; en effet,
nous connaissons maintenant mais nous ne connaissons
pas encore ni Or les termes de qui dépendent
de et de s’écrivent
et, comme ne dépend pas des ni des ils sont nuls et la
seconde équation (11), jointe à
nous donnera et
Ayant ainsi déterminé et à l’aide des équations
(7, 3, 2) et (7, 4, 2), je veux dire de la 3e et de la 4e équation (7),
où l’on a fait occupons-nous de déterminer
La manière la plus simple est de se servir de ce fait que l’expression
doit être une différentielle exacte.
Si dans cette expression nous remplaçons par leurs
développements (2), le coefficient de chacune des puissances de devra être une différentielle exacte ; les différentielles suivantes
devront donc être exactes. Par le signe on doit entendre que la
sommation doit être étendue à tous les indices et de plus aux
lettres accentuées.
S’il y a, par exemple, lettres sans accent et lettres
affectées d’accent, on aura
Comme, d’autre part, les et les sont des constantes,
sera toujours une différentielle exacte, de sorte que nous pourrons écrire
(13)
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|
|
De plus, devront être des fonctions des et
des dont les dérivées seront périodiques.
Voyons comment l’équation
va nous permettre de déterminer elle nous donnera
Mais, comme les dérivées des doivent être périodiques, on aura
ce qui nous donne
(14)
|
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|
Dans cette équation (14) tout est connu, sauf Nous connaissons,
en effet, et nous connaissons également
puisque nous connaissons Quant à la constante du
second membre, une remarque faite plus haut montre qu’elle
pourrait être choisie arbitrairement.
Nous pouvons donc calculer
Calculons maintenant à l’aide de l’équation (7, 2, 2). Cette
équation s’écrit
(15)
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d’où l’on tire, en égalant les valeurs moyennes prises par rapport aux
(16)
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Or ne dépend que des et Les et
sont entièrement connus ; au contraire, nous ne connaissons que
et Voyons donc comment dépend de et
de On trouve
étant entièrement connu.
On en déduit
Comme ne dépend pas de et que les sont nuls,
est entièrement connu et les équations (16) et (15) nous donneront
et
Nous déterminerons ensuite et successivement
par (6, 1, 2),
par (6, 3, 2),
par (6, 4, 2),
par (6, 2, 2),
par (7, 3, 3),
et par (7, 4, 3),
par (14, 3) [je veux dire par une équation déduite de la troisième
équation (13), comme (14) l’a été de la seconde équation (13)
un peu plus haut],
et par (7, 2, 3), puis
et
et etc., etc.
Si l’on a soin de faire le calcul dans cet ordre, on ne sera jamais
arrêté ; car chaque équation ne contient qu’une seule inconnue,
celle qu’il s’agit de déterminer.
Je rappelle d’ailleurs que les valeurs moyennes
peuvent être choisies arbitrairement en fonctions des et des
Pour que l’intégration soit possible, certaines conditions doivent
être remplies ; mais nous savons qu’elles le sont (ce qui ne serait
sans doute pas facile à démontrer directement), puisque nous
savons d’avance que le développement est possible.
Application au Problème des trois Corps.
152.Nous avons vu au Chapitre XI comment les principes du
no 134 sont applicables au Problème des trois Corps. Il en sera
de même évidemment des résultats du numéro précédent qui se
déduisent immédiatement de ces principes. Dans ce Chapitre XI,
nous avons successivement adopté les variables suivantes
(1)
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(2)
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(3)
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Avec le système (3) les équations du mouvement prennent la
même forme que celles du no 134 et du numéro précédent.
Mais le changement de variables qui fait passer du système (2)
au système (3) est assez pénible, et le plus souvent les excentricités
sont assez petites pour qu’on puisse l’éviter par l’artifice que
j’ai indiqué à la fin du no 140. Je rappelle en quoi il consiste. Dans
la fonction les termes de qui dépendent des puissances des
excentricités et des inclinaisons supérieures à la troisième sont
très petits. Si donc je pose
représentant l’ensemble des termes de degré 3 au plus et
les termes de degré 4 au moins, sera très petit et sera fini.
Je pourrai écrire alors
et sera encore développé suivant les puissances de Mais, si
l’on considère comme fonction périodique de et sa valeur
moyenne ne dépendra pas des de sorte qu’avec les variables (2)
les conditions du no 134 sont remplies.
Il est vrai que la signification du paramètre devient ainsi un
peu différente de celle que nous lui attribuons d’ordinaire ; mais
cela importe peu, puisque le but de ce paramètre est seulement
de mettre en évidence l’ordre de grandeur des différents termes.
Une fois ces conventions faites, les résultats du numéro précédent
deviennent immédiatement applicables au problème qui nous
occupe. Mais, afin d’éviter les difficultés qui ont fait l’objet du
Chapitre XII, j’adopterai, au lieu des variables (2), les variables (1),
ce qui amènera dans ces résultats quelques modifications sur lesquelles
il est nécessaire d’insister. Pour plus de symétrie dans les
notations, j’écrirai dans le reste de ce Chapitre et au lieu de
et au lieu de au lieu de Il ne peut, en effet,
en résulter aucune confusion.
Nous savons que les variables (2) sont, au point de vue formel,
développables suivant les puissances croissantes de la manière
suivante
(4)
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Les sont des fonctions périodiques des et
des sauf le cas de et les sont des constantes ;
et se réduisent à et et à
Si nous adoptons les variables (1) on aura de même
(4′)
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où et seront des fonctions périodiques des et des et il
viendra, si l’on égale pour abréger à la constante
J’ajoute que
devant être une différentielle exacte, il en sera de même de
puisque
Si nous donnons à le même sens que dans le
numéro précédent, nos équations vont s’écrire
(5)
|
|
|
équation analogue à l’équation (3) du numéro précédent comme
les développements (4) sont analogues aux développements (2) du
numéro précédent.
À l’équation (5) il faut naturellement en adjoindre d’autres où
les lettres et sont respectivement remplacées par et
et et et et J’ajoute que le nombre des
paramètres est de 2 dans le Problème des trois Corps et de
dans le Problème des Corps ; tandis que le nombre des paramètres
est de 4 dans le Problème des trois Corps, de
dans le Problème des Corps dans l’espace, et seulement de
dans le Problème des Corps dans le plan.
Substituons les développements (4) et ceux des et des dans
les équations (5), les deux membres de ces équations deviendront développables selon les puissances de et nous pourrons écrire
équations analogues aux équations (9) et (10) du no 127 et à
d’autres équations rencontrées au numéro précédent.
Poursuivons toujours le calcul comme au numéro précédent et posons
équations où les signes et ont même sens que dans l’équation (4)
du numéro précédent et à laquelle il faut adjoindre
d’autres équations où les lettres
sont remplacées par les mêmes lettres accentuées ou par
ou par les mêmes lettres accentuées, ou par
ou enfin par
On voit qu’il faut éviter de confondre les lettres et
et
Nous poserons de même
équation où les signes et ont même sens que dans l’équation (5)
du numéro précédent et à laquelle il convient d’adjoindre
d’autres équations de même forme où les lettres
sont remplacées par les mêmes lettres accentuées ou par
ou par les mêmes lettres accentuées, ou par
ou
Nous pouvons écrire maintenant une série d’équations analogues
aux équations (6) du numéro précédent.
Si nous posons, pour abréger, pour une fonction quelconque
ces équations s’écriront
(6)
|
|
|
Aux deux premières équations (6), il convient d’en ajouter deux
autres, qui en diffèrent parce que toutes les lettres y sont accentuées,
à l’exception de qui est remplacé par De même qu’au
numéro précédent, pour le premier membre doit être supprimé,
et pour le second terme du premier membre.
En égalant les valeurs moyennes des deux membres par rapport
aux on obtiendra des équations analogues aux équations (7)
du numéro précédent. Elles s’écriront
(7)
|
|
|
Pour et le premier membre doit être supprime.
Adjoignons encore des équations analogues aux équations (13)
et (14) du numéro précédent.
Nous avons vu, en effet, que
doit être la différentielle exacte d’une fonction dont toutes les
dérivées sont périodiques ; il en sera donc de même des expressions
suivantes
Dans chacune de ces expressions, le premier signe s’étend aux
deux planètes, de telle sorte, par exemple, que
Si nous regardons un instant les comme des constantes et les
comme seuls variables, ces expressions demeureront a fortiori
des différentielles exactes, mais et seront nuls, de sorte que
et
seront des différentielles exactes. Comme il en est de même de
et que les expressions
seront encore les différentielles exactes de fonctions dont les dérivées
sont périodiques et dont, par conséquent, les dérivées par
rapport à et ont une valeur moyenne indépendante des
En raisonnant alors comme au numéro précédent quand nous
avons déduit les équations (14) des équations (13), nous trouverons
(8)
|
|
|
Considérons d’abord les équations (6) en y faisant nous
verrons facilement qu’elles sont satisfaites d’elles-mêmes pourvu
que (ainsi que nous l’avons supposé) et soient des constantes,
et se réduisent à et
et à et que
soit nul, et que ait une valeur convenable.
Passons maintenant aux équations (7) en y faisant il
viendra, comme aux équations (8) du numéro précédent,
(8 bis)
|
|
|
Nous reconnaîtrions, comme au numéro précédent, que
et sont les dérivées de par rapport à à et à il faut,
bien entendu, remplacer dans et par et
Or nous avons trouvé au Chapitre X l’expression de qui est
et étant des fonctions de et
On voit ainsi que les équations (8 bis), sauf la deuxième, sont
satisfaites d’elles-mêmes, pourvu que
(où et sont ce que deviennent et quand on y remplace
les par les ), car
D’autre part,
comme et doivent être des constantes, ainsi que nous
l’avons vu plus haut, sera également une constante, ce qui
nous permettra de l’égaler à
Pour continuer le calcul, en suivant le même ordre que dans le
numéro précédent, il nous faut maintenant considérer les équations
(6, 1, 1), (6, 3, 1), (6, 4, 1).
Les premiers membres se réduiront à
et les seconds membres seront des fonctions connues et périodiques
des et des dont la valeur moyenne, par rapport aux sera
nulle, puisque les équations (7) sont satisfaites.
On pourra donc opérer l’intégration comme au numéro précédent
et au no 127, et l’on connaîtra
comme nous savons que se réduit à une constante et que cette
constante peut être choisie arbitrairement, nous pouvons regarder
comme entièrement connu.
Envisageons l’équation (6, 2, 1) dont le premier membre se
réduit Comme le second membre ne contenait d’autre quantité
inconnue que il devient une fonction connue des et
des et le procédé que nous venons d’appliquer nous donnera
Il faut maintenant déterminer et à l’aide des
équations (7, 3, 2) et (7, 4, 2). Le second membre de ces équations
n’est pas entièrement connu. Ils ne dépendent pas, en effet,
des mais ils dépendent des des et des Les
termes qui dépendent de ces quantités peuvent s’écrire :
1o Dans l’équation (7, 3, 2) par exemple,
Le premier terme est connu puisque est connu. D’après la
forme de la fonction donnée plus haut, toutes les dérivées
secondes sont nulles, sauf Les deux derniers termes se réduiront
donc à
Il y a, en outre, dans le second membre de (7, 3, 2), un terme
en et, dans le second membre de (7, 4, 2), un terme
en qui contiennent la quantité inconnue
Le second membre de (7, 3, 2) est donc égal à plus
une fonction connue des (et de ). De même, le second membre de (7, 4, 2) se réduira à une fonction connue des (et de ) ;
de sorte que nos équations deviendront
(9)
|
|
|
et étant des fonctions périodiques connues des
Soit, pour abréger,
les étant des entiers quelconques, et de même
Soient
les termes en dans les fonctions connues et Soient
les termes en dans les fonctions inconnues et Il s agit
de calculer les coefficients et en fonction des coefficients
et
Les équations (9) nous donnent, en identifiant,
(10)
|
|
|
Ces équations (10) nous feront connaître les coefficients inconnus
et à moins que le déterminant ne soit nul ; or ce déterminant
est égal à
Il ne peut donc s’annuler que si
c’est-à-dire (puisqu’il n’y a aucune relation linéaire à coefficients
entiers entre les ) si
ou (puisque nous ne devons pas considérer comme distincts les
termes en et en )
Identifions donc en égalant dans les deux membres de (9) les
termes en J’écris pour abréger au lieu de (et au lieu
de ), puisque je suppose ici et je continue à désigner
par les coefficients de dans les fonctions
etc. Seulement ici les équations (10) n’auront plus la
même forme, parce qu’il faut tenir compte des termes en qui
entrent dans le second membre des équations (9). Nous aurons donc
(10 bis)
|
|
|
Pour que ces équations soient compatibles, il faut évidemment que
et
(11)
|
|
|
La première condition doit être remplie d’elle-même, puisque
nous savons que le développement est possible. La seconde nous
donnera la valeur de
Ces conditions étant remplies, les équations (10 bis) ne sont
plus distinctes. Elles nous donneront et si nous connaissons
et Je dis que et peuvent être choisis
arbitrairement. Je le prouverai par un raisonnement analogue à celui
du no 126. En effet, on ne change pas la forme des séries en ajoutant
à aux aux et aux des fonctions arbitraires
de des et des divisibles par Le nombre de ces
fonctions arbitraires est le même que celui des variables, c’est-à-dire
de 12 par exemple pour le Problème des trois Corps dans l’espace.
On peut donc s’en servir pour satisfaire à 12 conditions. Nous
pouvons, par exemple, nous en servir pour que les valeurs
moyennes de ainsi que les coefficients de et
dans les quatre fonctions soient des fonctions arbitraires de et des constantes et ces fonctions devront être développables
suivant les puissances de et, en considérant séparément
les divers termes de ce développement, on verrait que l’on
peut choisir arbitrairement les coefficients de et dans
les diverses fonctions et, en particulier, et
Les équations (9) nous permettent donc de déterminer
et
Déterminons maintenant nous nous servirons pour cela de
la seconde équation (8), où tout est connu, excepté
De même pour
Calculons maintenant à l’aide de (7, 2, 2). Cette équation
[comparez avec l’équation (7, 2, 2) du numéro précédent et avec
le raisonnement que nous avons fait quand nous nous en sommes
servi pour déterminer ] peut s’écrire
étant une fonction périodique entièrement connue de Cette
équation peut s’intégrer si l’on égale à la valeur moyenne de la
fonction périodique de telle sorte que la valeur moyenne du
second membre soit nulle. On déterminerait de la même manière
et Reste à déterminer ensuite par les mêmes procédés
|
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par |
|
(6, 1, 2),
|
|
|
par |
|
(6, 3, 2),
|
|
|
par |
|
(6, 4, 2),
|
|
|
par |
|
(6, 2, 2),
|
et
|
|
par |
|
(7, 3, 3) et (7, 4, 3)
|
|
|
par la troisième équation (8),
|
et |
|
par |
|
(7, 2, 3),
|
et ainsi de suite.
Propriétés diverses.
153.Les six quantités
définies dans le numéro précédent, sont des fonctions des des des et
des mais, comme on a
nous pouvons également les considérer comme des fonctions
des des des et des Je me propose de démontrer que
ces fonctions sont développables suivant les puissances des
et des
Cette proposition est susceptible d’un autre énoncé évidemment
équivalent. Reprenons les variables nos fonctions
seront périodiques par rapport aux et aux et, par
conséquent, développables en séries trigonométriques. Soit
ou
un terme d’une de ces séries ; je suppose que
les et les étant des entiers positifs ou négatifs. Les coefficients
sont des fonctions des et des
Eh bien, notre proposition peut s’énoncer comme il suit :
est développable suivant les puissances des
Le développement est divisible par
et tous ses termes contiennent à une puissance paire si
est pair ou à une puissance impaire si est impair.
Pour démontrer cette proposition, je me servirai d’un raisonnement
de récurrence. Dans le numéro précédent, nous avons
déterminé successivement les fonctions par une série
d’équations auxquelles je conserverai ici le même numérotage que
dans le numéro précédent.
Il s’agit de démontrer que les valeurs des fonctions déterminées
par ces équations sont développables suivant les puissances des
et
J’observe d’abord que, étant développable suivant les puissances
des et des les fonctions que nous avons appelées
sont développables suivant les puissances de
(12)
|
|
|
Il en résulte, si l’on se rappelle la signification des quantités
etc., que les seconds membres des équations (6) seront
développables suivant les puissances des quantités (12), de leurs
dérivées par rapport aux et et enfin des et des
Je me propose de démontrer que toutes ces quantités, ainsi que
les seconds membres des équations (6) et (7), sont développables
suivant les puissances des et des pour cela je vais passer en
revue la série des opérations par lesquelles nous avons, dans le
numéro précédent, déduit ces quantités les unes des autres et je
montrerai qu’aucune d’elles ne peut altérer cette propriété.
Ces opérations sont les suivantes :
1o Substituer dans le second membre des équations (6), à la
place des quantités (12), de leurs dérivées, des et des leurs
valeurs antérieurement calculées. Comme le second membre de (6)
est développable suivant les puissances des quantités substituées
et que ces quantités substituées (puisque nous raisonnons par
récurrence et que nous supposons que les quantités déjà calculées
jouissent de la propriété énoncée) sont elles-mêmes développables
suivant les puissances des et il est clair que le résultat de la
substitution sera aussi développable suivant les puissances des et
des
2o Prendre la valeur moyenne d’une fonction périodique connue
soit par rapport aux seulement, soit par rapport aux et aux
C’est ce qui arrive quand on déduit le second membre de (7)
de celui de (6), ou bien encore lorsqu’on annule la valeur moyenne
du second membre de l’équation (7, 2, 2), en égalant à la valeur
moyenne de (vide supra, vers la fin du numéro précédent).
Comme cette opération consiste à supprimer des termes dans le
développement trigonométrique de la fonction considérée, il est
clair qu’elle ne peut altérer la proposition énoncée.
3o Différentier l’une des quantités (12) par rapport à ou à
Soit, comme plus haut,
ou
un terme du développement de la quantité que nous différentions.
La dérivée de ce terme par rapport à sera
ou
Sa dérivée par rapport à sera
ou
Il est clair que, si satisfait à la condition énoncée, il en sera de même de
et de
4o Intégrer les équations (6), (7) et (8).
Quelques-unes de ces équations nous donnent immédiatement
l’inconnue ; telles sont les équations (8) et celles qui nous donnent
les qui doivent être choisis de façon à annuler la valeur
moyenne du second membre de (7, 2, p). Mais d’autres équations
exigent une intégration : telles sont, par exemple, les équations (6)
qui ont la forme
(13)
|
|
|
étant la fonction inconnue et une fonction périodique connue.
Soit alors
ou
un terme de Le terme correspondant de s’écrira
ou
Il est clair que, si satisfait à la condition énoncée, il en sera de même de
Le même raisonnement est applicable à l’équation (7, 2, p) qui,
après qu’on a choisi de façon à annuler la valeur moyenne du
second membre, prend la forme
(14)
|
|
|
étant connu et inconnu, et est ainsi de même forme que (13).
Observons d’ailleurs que les de même que les dépendent
des mais non des Il convient d’ajouter que cette équation (14)
ne détermine l’inconnue qu’à une constante près, laquelle peut être choisie arbitrairement en fonction des et
des il faut, bien entendu, pour que le théorème soit vrai, avoir
soin de choisir cette fonction arbitraire de telle façon qu’elle soit
développable suivant les puissances entières des
De même, les équations (8) ne déterminent qu’à une constante
près que l’on peut choisir arbitrairement. Il est nécessaire
de faire ce choix de telle façon que
soit développable suivant les puissances des
5o L’intégration des équations (7, 3, p) et (7, 4, p) se traite à
peu près de la même manière.
Considérons, par exemple, les équations (9) et reprenons les
notations dont nous nous sommes servi dans l’étude de ces équations.
Considérons d’abord le cas où n’est pas égal à et où le
déterminant des équations linéaires (10) n’est pas nul. Il est clair
alors que si les coefficients satisfont à la condition
énoncée, il en sera de même des coefficients tirés
de ces équations (10).
Passons maintenant au cas où et où les équations (10)
doivent être remplacées par les équations (10 bis).
Nous avons d’abord l’équation
Nous supposons que et qui sont des coefficients du développement
d’une fonction antérieurement calculée satisfont à la
condition énoncée, c’est-à-dire qu’ils sont développables suivant
les puissances des qu’ils sont divisibles par et que le quotient
ne contient plus que des puissances paires des Il en résulte
que ne contient non plus que des puissances paires des et
satisfait par conséquent à notre proposition.
Revenant ensuite aux équations (10 bis) on voit que et
satisfont à la condition énoncée pourvu que et y satisfassent.
Mais nous avons vu que et peuvent être choisis arbitrairement ;
nous pouvons toujours faire ce choix de façon à y satisfaire
et le théorème bien entendu n’est vrai qu’à cette condition.
Puisque aucune de nos opérations ne peut altérer la propriété
énoncée, elle est vraie dans toute sa généralité.
154.Observons maintenant que les équations du mouvement
ne changent pas, quand, les et les ne changeant pas, les
et les augmentent d’une même quantité.
Reprenons les développements (4) (je conserve encore le numérotage
du no 152) ; comme nous pouvons choisir arbitrairement les
valeurs moyennes des quantités par rapport
aux et aux je me donnerai d’une manière quelconque toutes
ces valeurs moyennes.
Les séries (4) sont alors les seules qui satisfassent formellement
aux équations du mouvement et qui satisfassent de plus à cette
double condition que toutes ces valeurs moyennes soient déterminées,
et que
(15)
|
|
|
soit une différentielle exacte.
Le calcul du no 152 détermine, en effet, sans ambiguïté les coefficients
des séries qui sont assujetties à ces conditions diverses.
Ajoutons maintenant une même constante à à et aux
nous satisferons encore aux équations du mouvement d’après la
remarque faite au début de ce numéro, et nos séries (4) n’auront
pas changé, sauf que et seront devenus
et
Changeons ensuite et en et Les séries conserveront
la même forme, c’est-à-dire que les les les
les seront encore des fonctions périodiques des et
des dont la valeur moyenne restera la même. Elles satisferont
encore formellement aux équations du mouvement, puisque je n’ai
fait que retrancher une constante aux constante et qui sont
arbitraires.
Enfin l’expression (15) restera une différentielle exacte.
Ces séries ne pourront donc différer des séries (4) qui sont les
seules qui satisfassent à toutes ces conditions.
Cela veut dire que les les les ne changent
pas quand on diminue à la fois les et les d’une même quantité.
Ou bien encore que si
ou
est un terme du développement de ou et que
la somme algébrique des entiers et doit être nulle.
On en conclurait aisément que, si
ou
est un terme de ou cette même somme algébrique doit être
égale à j’ajoute que cette somme est nulle dans le développement de
(et dans celui des mêmes expressions où serait remplacé par ).
Des considérations de symétrie et un raisonnement analogue
nous conduiraient à d’autres propriétés.
Ainsi, tout étant symétrique par rapport au plan des les
équations du mouvement ne changeront pas quand on changera
les signes de de et des sans changer et les
Alors supposons que, dans les développements (4), les valeurs
moyennes des et des que l’on peut choisir arbitrairement
soient nulles. Changeons maintenant
en
et, en même temps, et en
et
Les séries (4) conserveront la même forme, elles ne cesseront pas
de satisfaire aux équations du mouvement. Les valeurs moyennes
des et ne changeront pas ; celles des et resteront nulles.
Enfin l’expression (15) restera une différentielle exacte.
Il faut pour cela que les séries (4) n’aient pas changé. Donc les et les ne changent pas, les et les changent de signe
quand les et les changent de signe.
Cela veut dire que le développement des et des ne contient
que des cosinus, tandis que celui des et des ne contient que
des sinus.
De même tout est symétrique par rapport au plan des et l’on
peut en tirer d’autres conclusions.
Supposons qu’on ait affaire au Problème des trois Corps dans
l’espace, et soient
Les troisième et quatrième paires de variables définissent
les excentricités et les périhélies ; les deux dernières paires de
variables définissent les inclinaisons et les nœuds.
En vertu de la symétrie que je viens de signaler les équations
ne changeront pas si et changent de signe, les autres
variables demeurant inaltérées.
On verrait alors, par un raisonnement tout pareil à ceux qui
précèdent, que les séries (4) ne changent pas, si l’on change à la fois
en
On doit en conclure que, dans les développements (4) qui procèdent
suivant les cosinus et les sinus de
la somme doit être paire dans le développement de
et impaire, au contraire, dans le développement de
155.Au no 152, j’ai employé pour simplifier l’exposition et les calculs un artifice dont j’avais déjà parlé à la fin du no 140 et que
j’ai rappelé au commencement du no 152. Il consiste à regarder
comme du second ordre des termes qui ne contiennent les masses
qu’au premier degré.
Cet artifice est légitime à cause de l’extrême petitesse de ces
termes ; mais il n’est pas sans inconvénient. En effet, la signification
du paramètre s’en trouve altérée. En faisant on
tombe sur un cas particulier du Problème des trois Corps, celui où
les masses perturbatrices sont nulles et le mouvement képlérien ;
en donnant à une certaine valeur très petite déterminée, on
tombe sur un autre cas particulier du Problème des trois Corps,
celui qui correspond aux véritables masses des corps que l’on
considère. Mais, si l’on donne à une valeur intermédiaire, les
équations sont celles d’un problème de Dynamique qui n’a plus
aucun rapport avec le Problème des trois Corps.
Il n’en serait pas de même si l’on avait conservé à la lettre sa
signification primitive, que nous avons définie au no 11 ; quelle
que soit alors la valeur attribuée à les équations sont celles d’un
cas particulier du Problème des trois Corps correspondant à certaines
valeurs des masses.
Il serait donc bien plus satisfaisant de restituer à la lettre sa
signification primitive et de chercher à développer nos variables
non seulement suivant les puissances de mais encore suivant
celles de ces constantes que nous avons appelées et qui sont de
l’ordre des excentricités.
Les équations du mouvement sont encore de même forme ; seulement
la valeur moyenne de que j’appellerai toujours a une
expression plus compliquée. On n’a plus simplement, comme au no 152,
(16)
|
|
|
mais est développable suivant les puissances croissantes de
et et le second membre de (16) représente seulement les
premiers termes du développement, à savoir ceux de degré 0
et de degré 2 (tous les termes étant comme on sait de degré
pair).
Développons donc nos variables (1) suivant les puissances de
et des conservons les développements (4) et soit, d’autre part,
(17)
|
|
|
où
représentent l’ensemble des termes qui sont de degré par rapport
aux
Je suppose toujours
et, par conséquent,
mais je ne suppose plus
Je suppose que
Mais ne seront pas nuls.
Ces hypothèses faites, reprenons le calcul du no 152.
Nous avons envisagé d’abord les équations (6) en y faisant
Ces équations seront satisfaites pourvu que, étant nul, et
ne dépendent pas des mais seulement des ce que nous supposerons.
Viennent ensuite les équations (7), en y faisant p = 1 (cf.
équations 8 bis du no 152) ; mais il importe de remarquer que la forme
des équations (6) et (7) est un peu modifiée.
Envisageons, en effet, dans (6, 3, p), (6, 4, p), (7, 3, p), (7, 4, p),
le dernier terme du deuxième membre. Ce terme doit s’écrire
(18)
|
|
|
Au no 152, et se réduisant à
et
ces quatre termes se réduisaient à
mais ici il n’en est plus de même et il faut conserver à ces termes
leur expression (18).
Les équations (7) pour s’écriront alors
(19)
|
|
|
Il faut supposer, bien entendu, que dans on a remplacé
et par et
Ces équations sont, sous une forme différente, les mêmes qui
ont fait l’objet du Chapitre X. La première est satisfaite d’elle-même.
Examinons donc les deux dernières équations qui doivent
déterminer et
Développons les suivant les puissances des et soit
(20)
|
|
|
étant l’ensemble des termes de degré par rapport aux
Substituons, dans les deux dernières équations (19), les développements (17)
et (20) à la place des des des et égalons
les termes de même degré dans les deux membres. Posons d’ailleurs pour abréger
Si nous égalons les termes de premier degré par rapport aux il viendra
ces équations sont satisfaites pourvu que
Supposons maintenant que l’on ait déterminé
et que l’on se propose de déterminer
Égalons dans les deux membres des deux dernières équations (19)
les termes de degré Ces termes seront :
Dans la troisième équation :
Premier membre. |
quantités connues.
|
Second membre.. |
quantités connues.
|
Dans la quatrième équation :
Premier membre. |
quantités connues.
|
Second membre.. |
quantités connues.
|
Nous pouvons donc écrire
(21)
|
|
|
et étant des fonctions périodiques connues des
L’analogie de ces équations avec les équations (9) est évidente.
On passe des unes aux autres en changeant
en
On traitera donc les équations (21) comme les équations (9).
La condition du succès de la méthode [à savoir que dans les équations
analogues à (10 bis) soit nul] doit être remplie d’elle-même,
puisque nous avons démontré d’avance la possibilité du
développement.
Quand on aura satisfait aux deux dernières équations (19),
sera une constante (puisque ces deux équations admettent
comme intégrale, analogue à celle des forces vives, )
et comme cela doit être vrai quelles que soient les constantes et la dérivée devra également être une constante,
dépendant seulement des et des
Mais on a
Les dérivées de sont des constantes. La première équation (8)
nous apprend qu’il en est de même de et Donc est
aussi une constante que nous pourrons égaler à et nous aurons
ainsi satisfait à la deuxième équation (19).
Au no 152, nous avons ensuite déterminé successivement
(et, par conséquent puisque est une constante
que l’on peut choisir arbitrairement),
par (6, 1, 1), (6, 3, 1), (6, 4, 1) et (6, 2, 1).
Je n’ai rien à changer à cette partie du calcul.
Déterminons maintenant
et
et pour cela considérons les équations (7, 3, 2) et (7, 4, 2). Ces
équations prennent la forme
(22)
|
|
|
et étant connues.
Ces équations sont analogues aux équations (9) ; seulement
ayant une expression moins simple, il n’arrive plus, comme
au no 152, que, pour la première de ces équations par exemple, les
trois derniers termes du second membre se réduisent respectivement à
ce qui apportait une simplification notable.
Substituons donc dans (22) à la place de et leurs développements (17),
à la place de son développement (20) et à la place
de son développement
analogue à (20). Soit d’ailleurs
et
l’ensemble des termes de
et de qui sont de degré par rapport aux
Nous égalerons ensuite les termes de même degré dans les deux
membres de (22).
En égalant d’abord les termes de degré 0, il vient simplement
(23)
|
|
|
et seront des constantes dépendant seulement de et
et, en effet, en vertu du raisonnement du no 153, qui reste applicable
sans modification, et sont développables suivant les
puissances des et des Les termes du degré 0
par rapport aux ne dépendront donc ni des ni des
Il en résulte que et sont aussi des constantes et que
les premiers membres des équations (23) sont nuls. Ces équations (23)
nous permettront alors de déterminer et
Supposons maintenant que l’on ait déterminé
et que l’on se propose de déterminer
(21)
|
|
|
Égalons pour cela les termes de degré dans les deux membres
des équations (22).
Il viendra, en mettant en évidence les termes dépendant des
quantités inconnues (24),
(25)
|
|
|
et étant des fonctions connues.
Ces équations sont analogues aux équations (9) ; on passe en
effet des unes aux autres en changeant
en
On pourra donc traiter les équations (25) comme les équations (9).
On déterminerait ensuite
comme au no 152.
Pour déterminer
et
on se servirait des équations (7, 3, 3) et (7, 4, 3). Ces équations
seraient de même forme que les équations (22) et se traiteraient de
la même manière.
Cas particuliers remarquables.
156.Les développements (4) et (17) ont, comme nous l’avons
vu au no 153, leurs seconds membres développés suivant les puissances
des et des
Si nous annulons à la fois toutes les constantes arbitraires
nos variables ne dépendront plus des mais seulement de
et Leurs développements procéderont suivant les lignes trigonométriques de
et étant des entiers.
D’après ce que nous avons vu au no 154, dans le développement
des et des la somme doit être nulle, de sorte que ces
variables dépendront seulement de Il en sera de même
pour la même raison de
(26)
|
|
|
Il en résulte évidemment que ces hypothèses particulières
correspondent au cas d’une solution périodique et il est
aisé de voir que les solutions ainsi trouvées ne diffèrent pas de
celles que nous avons appelées au Chapitre III
solutions périodiques de la première sorte.
On peut en conclure que les développements (4) qui ne sont pas ordinairement convergents au sens géométrique du mot le
deviennent quand on annule les constantes
Comme les constantes sont généralement petites, on voit
que la solution réelle ira en oscillant autour de la solution périodique
sans s’en écarter beaucoup.
Considérons maintenant dans le développement de de et
des expressions (26), les termes du premier degré par rapport
aux nous verrons, en tenant compte des résultats des no 153
et 154, qu’ils seront de la forme
(27)
|
|
|
et étant des fonctions périodiques développables suivant les
sinus et cosinus multiples de
L’interprétation de ce résultat est évidente. Dans le Chapitre IV
nous avons considéré les équations aux variations relatives à une
solution périodique donnée. Considérons alors nos équations du
mouvement et la solution périodique de la première sorte que l’on
en obtient en annulant tous les Les expressions (27) ne seront
pas alors autre chose que la solution la plus générale des équations
aux variations correspondantes.
On en conclut que les exposants caractéristiques relatifs à cette
solution de la première sorte sont
Il importe d’observer que dans cette expression les constantes
(dont dépendent et ) doivent être égalées à 0.
On peut se proposer de déduire des développements (4) et (17)
les solutions périodiques de la deuxième et de la troisième sorte,
ainsi que nous l’avons fait pour celles de la première sorte. Cela
est un peu plus difficile.
Pour mieux faire comprendre ce qu’il y a à faire, je vais prendre
d’abord un exemple plus simple. Reprenons les séries du no 127
et proposons-nous d’en déduire les solutions périodiques du no 42.
Nous avons vu que, dans les séries du no 127, on peut choisir arbitrairement
les valeurs moyennes des fonctions périodiques et
et qu’en particulier on peut faire ce choix de telle façon que
soit nul toutes les fois que On peut même réaliser cette condition en choisissant convenablement les valeurs moyennes
des pendant que les valeurs moyennes des restent arbitraires.
Supposons donc qu’on ait choisi ces valeurs moyennes de cette
manière et, par conséquent, que
Supposons de plus que les aient été choisis de telle sorte que
les aient certaines valeurs données commensurables entre elles.
Il arrive alors, quand on veut faire le calcul du no 127, que certains
coefficients deviennent infinis, à moins que l’on ne choisisse
convenablement les constantes et les valeurs moyennes de
restées arbitraires.
Si ce choix est fait de la sorte, les séries du no 127 existent :
elles sont convergentes et elles ne diffèrent pas de celles du no 44.
Revenons au Problème des trois Corps.
Choisissons nos constantes et ainsi que les valeurs
moyennes des divers termes des développements (4) et (17) considérés
comme fonctions périodiques des et des choisissons
ces quantités, dis-je, de telle façon :
1o Que et aient des valeurs données commensurables
entre elles (je fais observer que si l’on adopte les notations du
no 155, est nul pour ) ;
2o Que et soient nuls pour
3o Que
Je puis faire ce choix de façon à réaliser ces conditions et même
la moitié des valeurs moyennes demeure arbitraire.
Il arrive alors que, si l’on veut faire le calcul des nos 152 ou 155,
certains coefficients deviennent infinis, à moins que l’on ne choisisse
convenablement les constantes et ainsi que les valeurs
moyennes restées arbitraires.
Si on le fait, les séries (4) et (17) existent ; elles convergent et
ne diffèrent pas de celles qui représentent les solutions de la
deuxième et de la troisième sorte.
Supposons maintenant que, sans annuler et on annule
et on trouvera une série de solutions particulières du Problème des trois Corps, ne dépendant que des quatre arguments
ce sont les solutions correspondant aux cas du Problème des trois
Corps dans le plan. Le nombre des arguments est ici réduit à 4
comme celui des degrés de liberté.
Mais on peut observer que les les et les expressions (26)
ne dépendent que des différences
ainsi que nous l’avons vu au no 154.
Si donc on prend comme variables et ces expressions (26),
le nombre des arguments est réduit à 3. Cela correspond au cas
du problème du no 5, où il y a 3 degrés de liberté.
Imaginons maintenant que la masse de la première planète soit
infiniment petite (cas d’une petite planète troublée par Jupiter).
Il arrivera d’abord que
se réduiront à
Ces quantités, de même que seront des constantes et se réduira
à
Il résulte de là que
Le nombre de nos arguments, qui était de 6, est réduit à 4, à savoir
Il n’arrive plus ici que ne dépendent que des différences
Le raisonnement du no 154 ne nous apprend, en effet, qu’une
chose, c’est que, dans le cas général, dépend seulement des cinq
différences
Quand deux des se réduiront à des constantes (ce qui arrive
dans le cas particulier que nous examinons), deux de ces cinq
arguments ne diffèrent plus que par une constante, et c’est pour
cette raison qu’il n’en reste plus que quatre ; mais il n’y a aucune
raison pour que la réduction puisse être poussée plus loin.
Nos variables restent d’ailleurs, en vertu du no 153, développables
suivant les puissances des
Supposons que l’on annule et cela correspond au cas où les
trois corps se meuvent dans un même plan (je suppose toujours
que l’une des masses est infiniment petite). Alors nos variables
ne dépendent plus de et il nous reste seulement trois arguments.
à savoir
Annulons encore la constante cela correspond au cas où l’orbite
de la seconde planète est circulaire, c’est-à-dire au problème
du no 9.
Comme nos variables sont développables suivant les puissances
des et et que
elles ne dépendront plus ni de no de ni de Or, en
vertu du no 154, elles ne dépendent que des différences
Or nous venons de voir qu’il y a trois des qui ne doivent plus
entrer dans leur expression. Elles ne dépendront plus que de
Le nombre des arguments est réduit à 2 ; nous avons vu d’ailleurs
que le problème du no 9 comporte précisément 2 degrés
de liberté. Si, de plus, on fait on tombe sur les solutions
périodiques étudiées par M. Hill (voir le no 41 et tenir compte de
la remarque faite aux trois dernières lignes).
Si, dans la théorie de la Lune, on regarde ce satellite comme
soumis aux seules actions de la Terre et du Soleil et que l’on
regarde le mouvement relatif de ces deux derniers astres comme képlérien, on est ramené à un des cas particuliers étudiés plus haut.
Mais on sera souvent conduit à tenir compte des perturbations
éprouvées par la Terre de la part d’autres planètes, tout en continuant
à négliger l’action directe de ces planètes sur la Lune. Si
l’on se place à ce point de vue, le mouvement relatif de la Terre
et du Soleil n’est plus un mouvement képlérien, mais il est connu,
et la Lune reste soumise seulement à l’action de ces deux corps
mobiles qui se meuvent d’après une loi connue.
Supposons donc que les coordonnées du Soleil par rapport à la
Terre puissent s’exprimer par des séries de même forme que celles
que nous avons étudiées dans ce Chapitre, et dépendant de arguments.
On verrait aisément alors, en raisonnant à peu près comme
nous l’avons fait dans ce Chapitre, que les coordonnées de la Lune
s’exprimeront encore par des séries de même forme dépendant
de arguments.
Pour bien faire comprendre ce que je veux dire par là, je reviens
,au problème du no 9 ; c’est-à-dire : imaginons que la Terre et le
Soleil décrivent des circonférences concentriques ; les coordonnées
du Soleil dépendront alors de argument ; les distances de la
Lune à la Terre et au Soleil dépendront de 2 arguments (qui sont
ceux que je viens d’appeler ) ; mais les coordonnées
de la Lune par rapport à des axes fixes dépendront
de arguments.
Des considérations analogues sont applicables au cas où il y a
plus de trois corps ; supposons, par exemple, qu’il y en ait quatre.
Le nombre des est alors 3 et celui des est 6.
Supposons qu’on annule à la fois les six constantes Une première
conséquence de cette hypothèse, c’est que le mouvement se
passe dans un plan. De plus les les les expressions (26) et
par conséquent les distances mutuelles des quatre corps ne vont
plus dépendre que des deux arguments
Il ne s’ensuit pas (comme dans le cas où, envisageant trois corps
seulement, on annulait tous les ) que les séries deviennent convergentes
au sens géométrique du mot ; mais on peut se proposer
d’en déduire les solutions périodiques du no 50.
Voici comment on doit opérer.
Choisissons nos constantes d’intégration et les valeurs moyennes
des divers termes des développements (4) et (17) de telle sorte :
1o que les quantités
aient des valeurs données commensurables entre elles ; 2o que
pour Les constantes et et la moitié de nos valeurs
moyennes deviennent arbitraires.
Si l’on veut faire le calcul du no 152, certains coefficients
deviennent infinis, à moins qu’on ne choisisse convenablement les
les et les valeurs moyennes restées arbitraires.
Si l’on fait ainsi ce choix, les séries existent, elles convergent
et elles représentent les solutions périodiques du no 50.
Conclusions.
157.Telles sont les séries auxquelles on parvient par les procédés
de calcul exposés dans les Chapitres qui précèdent. C’est
M. Newcomb qui en a eu la première idée et qui a découvert leurs
principales propriétés.
Ces séries sont divergentes, mais si l’on s’arrête à temps dans
le développement, je veux dire avant d’avoir rencontré de très
petits diviseurs, elles représentent les coordonnées avec une très
grande approximation.
On peut encore les utiliser d’une autre manière.
Imaginons que l’on s’arrête à un certain terme de développement,
puis qu’appliquant la méthode de la variation des constantes,
on prenne pour variables nouvelles les les les
et les Ces variables nouvelles varieront avec une extrême lenteur
et les procédés anciens pourront être appliqués avec avantage
aux équations différentielles qui définissent leurs variations. On
pourra, par exemple, développer ces variables nouvelles suivant
les puissances du temps.