Les méthodes nouvelles de la mécanique céleste/Chap.01

Gauthier-Villars et Fils (1p. 7-47).

CHAPITRE I.

GÉNÉRALITÉS ET MÉTHODE DE JACOBI.

Généralités.

1.Avant d’aborder mon sujet principal, je suis obligé d’entrer dans certains détails préliminaires et de rappeler succinctement les principes fondamentaux des Vorlesungen über Dynamik de Jacobi et la théorie de Cauchy, relative à l’intégration des équations différentielles par les séries. Je vais donc consacrer ce premier Chapitre à l’exposition de la méthode de Jacobi, en me contentant le plus souvent d’énoncer des résultats dont la démonstration est bien connue.

Donnons d’abord quelques explications au sujet des notations et des dénominations qui seront employées dans tout ce Mémoire.

Les équations différentielles auxquelles nous aurons affaire seront de la forme suivante

(1)

étant des fonctions analytiques et uniformes des variables . Quant à la variable indépendante , que nous considérerons comme représentant le temps, nous supposerons le plus souvent qu’elle n’entre pas explicitement dans les fonctions .

Le système (1) peut être considéré comme d’ordre , puisqu’il équivaut à une équation différentielle unique d’ordre  ; mais, si les fonctions sont indépendantes de , cet ordre peut être abaissé d’une unité. Il suffit pour cela d’éliminer le temps et d’écrire les équations (1) sous la forme

Afin d’éviter toute confusion, nous fixerons, ainsi qu’il suit, le sens des mots solution et intégrale.

Si les équations (1) sont satisfaites quand on fait

(2)

nous dirons que les équations (2) définissent une solution particulière des équations (1).

Si une certaine fonction de ,

demeure constante en vertu des équations (1), nous dirons que cette fonction est une intégrale particulière du système (1).

Il est clair que la connaissance d’une intégrale permet d’abaisser d’une unité l’ordre du système.

Dans les problèmes de Dynamique, les équations (1) se présentent sous une forme plus particulière, connue sous le nom de forme hamiltonienne ou canonique.

Les variables se répartissent en deux séries ; nous désignerons habituellement par

les variables de la première série et par

celles de la seconde série, et les équations différentielles s’écriront

(3)

étant une fonction uniforme des variables et .

Ces équations admettent une intégrale particulière qui est la fonction elle-même et qui est connue sous le nom d’intégrale des forces vives.

On dit que forment paires de variables conjuguées.

Nous dirons, à l’exemple des Anglais, que le système (3) comporte degrés de liberté. Ce système est d’ordre mais la connaissance de l’intégrale des forces vives permet d’abaisser cet ordre d’une unité ; le temps n’entrant pas explicitement dans les seconds membres des équations (3), nous pourrons, par l’élimination du temps, comme nous l’avons dit plus haut, abaisser encore l’ordre d’une unité, de sorte que finalement un système qui comporte degrés de liberté peut toujours être ramené à l’ordre .

On sait, par exemple, que s’il n’y a qu’un seul degré de liberté, le système peut être ramené à l’ordre 0, c’est-à-dire intégré complètement.

Exemples d’équations canoniques.

2.Le cas le plus simple des équations de la Dynamique est celui où l’on étudie le mouvement de points matériels libres dans l’espace. Soient la masse du premier de ces points, ses coordonnées cartésiennes ; soient de même la masse du second de ces points, ses coordonnées, et ainsi de suite ; soient enfin la masse du qième point, et ses coordonnées.

Projetons la quantité de mouvement du point sur les trois axes : soient les trois projections ; soient de même les projections de la quantité de mouvement du point etc. ; soient enfin, les projections de la quantité de mouvement du point

Soient les composantes de la force qui agit sur  ; soient les composantes de la force qui agit sur , etc. ; soient enfin les composantes de la force qui agit sur

Nous supposerons que les composantes ne dépendent que des coordonnées S’il y a conservation de l’énergie, il existera une fonction des coordonnées dite fonction des forces et telle que

La demi-force vive aura pour expression

et l’équation des forces vives pourra s’écrire

Si je pose

les équations du mouvement s’écriront

(1)

Ainsi les équations du mouvement de points matériels libres comportent degrés de liberté, toutes les fois que les forces ne dépendent que des positions de ces points dans l’espace, et qu’il y a conservation de l’énergie. En particulier, le Problème des trois Corps comportera 9 degrés de liberté. Nous verrons dans la suite que ce nombre peut être considérablement abaissé.

Si nos points matériels se meuvent tous dans un même plan, la position de chacun de ces points sera définie non plus par trois coordonnées, mais par deux seulement. Le nombre des degrés de liberté sera par conséquent réduit à

Ainsi, lorsque les orbites des trois corps seront planes et situées toutes trois dans un même plan, le Problème des trois Corps (que nous appellerons alors Problème des trois Corps dans le plan) ne comportera plus que 6 degrés de liberté seulement.

Le cas où il n’y a qu’un degré de liberté étant immédiatement intégrable, nous nous attacherons surtout au cas qui se présente immédiatement après, c’est-à-dire au cas où il n’y a que 2 degrés de liberté. La plupart des résultats qui suivront ne s’appliqueront qu’à ce cas relativement simple.

Dans beaucoup de problèmes mécaniques, le nombre des degrés de liberté peut en effet être réduit à 2. C’est ce qui arrive, par exemple, quand on étudie le mouvement d’un point matériel libre dans un plan ou, plus généralement, le mouvement d’un point matériel assujetti à rester sur une surface, toutes les fois que la force ne dépend que de la position de ce point. Nous citerons entre autres le problème célèbre du corps mobile attiré par deux centres fixes, lorsque la vitesse initiale du point mobile est dans le plan des trois corps.

Mais il est un cas un peu plus compliqué et dont l’importance est plus grande pour ce qui va suivre.

Soient dans un plan deux axes rectangulaires mobiles Oξ et Oη animés d’un mouvement de rotation uniforme autour de l’origine O. Soit la vitesse angulaire de ce mouvement de rotation. Soit P un point mobile se mouvant dans ce même plan, dont les coordonnées, par rapport à ces deux axes, s’appelleront et et dont la masse sera prise pour unité.

Soit la fonction des forces dépendant seulement de et de de telle façon que les projections sur Oξ et Oη de la force qui agit sur le point P soient respectivement et

Les équations du mouvement relatif du point P par rapport aux axes mobiles 0ξ et 0η s’écriront

(2)

d’où l’on déduit l’intégrale suivante, dite de Jacobi,

qui n’est autre chose que l’intégrale des forces vives dans le mouvement relatif.

Je dis que ces équations peuvent être ramenées à la forme canonique, le nombre des degrés de liberté étant égal à 2.

Posons, en effet,

les équations (2) deviendront

C. Q. F. D.

Un des cas particuliers du Problème des trois Corps rentre dans la question que nous venons de traiter.

Supposons que l’une des trois masses soit infiniment petite, de telle sorte que le mouvement des deux autres masses n’étant pas troublé reste képlérien. Tel serait, par exemple, le cas du mouvement d’une petite planète en présence de Jupiter et du Soleil.

Imaginons que l’excentricité des orbites des deux grandes masses soit nulle, de telle façon que ces deux masses décrivent d’un mouvement uniforme deux circonférences concentriques autour du centre de gravité commun supposé fixe.

Supposons enfin que, l’inclinaison des orbites étant nulle, la petite masse se meuve constamment dans le plan de ces deux circonférences.

Le centre de gravité du système, qui est le centre commun des deux circonférences, peut toujours être supposé fixe : nous le prendrons pour origine ; par cette origine nous ferons passer deux axes mobiles Oξ et Oη : l’axe Oξ sera la droite qui joint les deux grandes masses ; l’axe Oη sera perpendiculaire à 0ξ.

On voit :

1o  Que ces deux axes sont animés d’un mouvement de rotation uniforme ;

2o  Que les deux grandes masses sont fixes par rapport aux axes mobiles.

Nous avons donc à étudier le mouvement relatif d’un point mobile, par rapport à deux axes mobiles, sous l’attraction de deux centres, fixes par rapport à ces axes. Nous retombons donc sur la question que nous venons de traiter. Ainsi, dans ce cas particulier, les équations du Problème des trois Corps peuvent être ramenées à la forme canonique avec deux degrés de liberté seulement.

Passons maintenant à une équation que l’on rencontre souvent dans la théorie des perturbations et dont M. Gyldén fait un usage fréquent.

Soit

(3)

Cette équation peut aussi être ramenée à la forme canonique.

En effet, peut toujours être regardée comme la dérivée par rapport à d’une certaine fonction de telle sorte que

Si maintenant nous posons

l’équation (3) pourra être remplacée par les équations canoniques (3) du numéro précédent avec 2 degrés de liberté seulement. C. Q. F. D.

Je citerai encore un dernier exemple. Considérons un corps solide pesant, suspendu à un point fixe, et étudions les oscillations de ce corps. Pour définir complètement la position de ce corps, il faut se donner trois conditions ; il faut connaître en effet les trois angles d’Euler formés par un système d’axes invariablement liés au corps avec un système d’axes fixes.

Le problème comportera donc 3 degrés de liberté ; mais nous verrons plus loin que ce nombre peut être réduit à 2.

J’en ai dit assez pour faire voir combien de problèmes mécaniques se ramènent à l’intégration d’un système canonique comportant 2 degrés de liberté et pour faire comprendre l’importance de ces systèmes ; il est donc inutile de multiplier davantage les exemples.

Premier théorème de Jacobi.

3.Jacobi a montré que l’intégration des équations canoniques

(1)

se ramène à l’intégration d’une équation aux dérivées partielles

(2)

est une constante arbitraire et où sont supposées représenter les dérivées partielles de la fonction inconnue.

Soit, en effet,

une solution de l’équation (2) contenant, outre la constante , constantes d’intégration

de telle façon que l’on ait, quels que soient les ,

Jacobi a démontré que l’intégrale générale des équations (1) peut s’écrire

(3)

Les constantes d’intégration sont alors

Un autre théorème dont nous aurons à faire usage est celui de Poisson.

Soient et deux fonctions quelconques des et des Convenons d’écrire

Soient maintenant et deux intégrales des équations (1).

On voit immédiatement qu’on exprimera que est une intégrale des équations (1) en écrivant

étant aussi une intégrale, on aura également

Poisson a démontré que l’expression est également une intégrale des équations (1). C’est ainsi que, dans le problème des corps, si l’on suppose que et soient les premiers membres de la première et de la seconde équation des aires, sera le premier membre de la troisième équation des aires.

Deuxième théorème de Jacobi ; changements de variables.

4.Nous ne conserverons pas d’ordinaire comme variables indépendantes les coordonnées rectangulaires, et les composantes des quantités de mouvement. Nous en choisirons de mieux appropriées à notre objet, en nous efforçant toutefois de conserver aux équations la forme canonique.

Voyons donc comment on peut changer de variables sans altérer la forme canonique des équations (1).

Soit

une fonction quelconque des variables et des variables nouvelles .

Posons maintenant

(4)

Les équations (4) seront regardées comme définissant les relations qui lient les variables anciennes

aux variables nouvelles

Jacobi a démontré que, si l’on fait ce changement de variables, les équations resteront canoniques, et cela quelle que soit la fonction .

Changements de variables remarquables.

5.Sauf un cas exceptionnel, tous les changements de variables qui n’altèrent pas la forme canonique peuvent être déduits du procédé du no 4. Il est cependant des cas où il est plus simple d’opérer autrement. Nous en allons donner deux exemples.

Supposons que l’on ait les équations canoniques

(1)

et que l’on fasse le changement de variables suivant

(2)

Comment doit-on choisir les constantes α et β pour que les équations restent canoniques quand on prend comme variables nouvelles les et les .

Si nous désignons par

des accroissements virtuels des et des , que nous multipliions les équations (1) respectivement par et et que nous ajoutions, il viendra

Pour que les équations restent canoniques après la substitution (2), il faut donc et il suffit que l’on ait identiquement

(3)

Comme les dépendent seulement des les des , les des , les des , on devra avoir identiquement

(4)

Les relations (2) étant linéaires, les sont liés aux , et les aux par les mêmes relations qui lient les aux . De même pour les .

Les relations (4) subsisteront donc quand on y remplacera et par et et par , et par , etc. On devra donc avoir

(5)

La réciproque est vraie et la relation (5) entraîne les relations (3) et (4).

Ainsi la condition nécessaire et suffisante pour que les équations restent canoniques, c’est que l’on ait identiquement

Quelle est maintenant la condition pour que ces équations restent canoniques et qu’en même temps on ait

Je dirai qu’un changement linéaire de variables, tel que (2), est orthogonal, si l’on a identiquement

c’est-à-dire si l’on a

Cette dénomination se justifie d’elle-même, puisque, dans le cas où le nombre des variables est 2 ou 3, et où l’on peut regarder les ou les comme les coordonnées d’un point dans le plan ou dans l’espace, une pareille substitution n’est autre chose qu’un changement rectangulaire de coordonnées.

Cela posé, si l’on fait subir aux et aux une même substitution orthogonale, on aura

d’où

Les équations resteront donc canoniques.

6.Les équations resteront encore canoniques si l’on fait un changement de variables portant seulement sur et sur , par exemple, et si l’on pose

et que l’on prenne pour variables nouvelles et , au lieu de et de  ; ces équations resteront canoniques, dis-je, pourvu que le déterminant fonctionnel, ou jacobien, de et par rapport à et soit égal à 1.

Ainsi, si l’on pose

la forme canonique des équations ne sera pas altérée et les variables et seront conjuguées comme l’étaient et .

7.Nous avons défini plus haut le changement de variables

qui n’altère pas la forme canonique des équations, quand est une fonction quelconque des et des .

Cette forme n’est pas altérée non plus si l’on permute les avec les et si l’on change en même temps en .

Si donc est une fonction quelconque de

et si l’on pose

la forme canonique des équations ne sera pas altérée quand on prendra pour variables nouvelles les et les , et qu’on changera en même temps en .

Elle ne sera pas altérée non plus si l’on change `

en

étant une constante quelconque.

Considérons donc encore une fonction des et des , et posons

la forme canonique ne sera pas altérée, si l’on prend pour variables nouvelles les et les et qu’on change en même temps en

Mouvement képlérien.

8.Appliquons les principes qui précèdent au mouvement képlérien.

Dans tout ce qui va suivre, nous supposerons toujours que les unités aient été choisies de telle sorte que l’attraction des deux unités de masse à l’unité de distance soit égale à l’unité de force ou, en d’autres termes, que la constante de Gauss soit égale à 1.

Considérons donc le mouvement d’une masse mobile sous l’action d’une masse fixe située à l’origine des coordonnées et égale à Soient les coordonnées de la masse mobile, et les composantes de la vitesse ; si nous posons

les équations du mouvement s’écrivent

(1)

D’après le no 3, l’intégration de ces équations est ramenée à celle de l’équation aux dérivées partielles

(2)

est une constante arbitraire. Posons

l’équation deviendra

On peut satisfaire à cette équation en introduisant deux constantes arbitraires et et en faisant

(3)

La fonction ainsi définie dépendra de ou, ce qui revient au même, de et la solution générale des équations (1) s’écrira

et étant trois nouvelles constantes arbitraires. Si nous posons

nous pourrons écrire

Les constantes d’intégration sont alors au nombre de six, à savoir

Il est aisé d’apercevoir la signification de ces constantes et de les exprimer en fonctions de celles qui sont habituellement employées. Si et désignent le grand axe, l’excentricité et l’inclinaison, on a

D’autre part, est la longitude du nœud, celle du périhélie, est le moyen mouvement et n’est autre chose que l’anomalie moyenne.

Si la masse mobile, au lieu d’être soumise à l’attraction de la masse était soumise à d’autres forces, nous pourrions néanmoins construire la fonction et définir ensuite six variables nouvelles

(4)

en fonction des et des par les équations

(5)

seulement et ne seraient plus des constantes.

Nous pouvons nous servir alors des six variables (4) pour définir la position et la vitesse de la masse mobile. Nous donnerons à ces variables (4) le nom de variables képlériennes. Il importe de remarquer que la définition de ces variables képlériennes dépend de l’origine à laquelle la masse mobile est rapportée et de la valeur choisie pour

Si la masse mobile est une planète qui est soumise à l’action prépondérante de la masse et à diverses forces perturbatrices, on voit que ces variables képlériennes ne sont autre chose que ce que les astronomes appellent les éléments osculateurs de cette planète.

Dans le cas particulier où l’orbite du corps est plane, on peut prendre, comme variables nouvelles,

avec l’anomalie moyenne et la longitude du périhélie Les variables képlériennes ne sont plus alors qu’au nombre de 4.

Il importe de faire quelques remarques au sujet de l’emploi de ces variables képlériennes : remarquons d’abord que les variables anciennes

et la situation du corps ne changent pas quand on augmente ou de sans toucher aux autres variables. Ces variables anciennes sont donc des fonctions périodiques de et

En second lieu, on doit toujours avoir

Enfin, si les variables anciennes et la situation du corps ne dépendent plus de et, si elles ne dépendent plus de

Cas particulier du Problème des trois Corps.

9.Revenons au cas particulier du Problème des trois Corps dont il a été question plus haut.

Deux masses égales, la première à la seconde à décrivent deux circonférences concentriques autour de leur centre de gravité commun supposé fixe. La distance constante de ces deux masses est prise pour unité de longueur, de telle façon que les rayons des deux circonférences soient respectivement et que le moyen mouvement soit égal à l’unité.

Supposons maintenant que dans le plan de ces deux circonférences se meuve une troisième masse, infiniment petite et attirée par les deux premières.

Nous prendrons pour origine O le centre commun des deux circonférences, et nous pourrons rapporter la position de la troisième masse, soit à deux axes rectangulaires fixes et soit à deux axes mobiles Oξ et Oη définis comme au no 2. Le moyen mouvement des deux premières masses étant égal à 1, nous pouvons supposer que l’angle de Oξ et de (c’est-à-dire la longitude de la masse ) est égal à

Comme la constante de Gauss est supposée égale à 1, la fonction des forces se réduit à

en appelant la masse infiniment petite du troisième corps, la distance des deux corps et la distance du corps au corps de masse de telle façon que

L’équation des forces vives s’écrit alors

Convenons d’appeler le premier membre de cette équation, sera une fonction de de et de et les équations du mouvement s’écriront

Remplaçons les variables par leurs valeurs en fonctions des variables képlériennes ainsi qu’il a été dit dans le numéro précédent. deviendra une fonction de et et les équations du mouvement s’écriront

Ces équations seraient déjà de la forme canonique si ne dépendait que des quatre variables képlériennes, mais est aussi fonction de il faut donc transformer ces équations, de façon que le temps n’y entre plus explicitement. Pour cela, voyons comment dépend de

On voit aisément que peut être regardée comme une fonction de et Si, en effet, on augmente et d’une même quantité, sans toucher aux autres variables, on ne change ni ni ni ni ni ni par conséquent

Il résulte de là que

Si alors nous posons

ne dépendra plus que de et et les équations du mouvement, qui s’écriront

(1)

seront canoniques.

C’est sous cette forme que nous écrirons ordinairement les équations de ce problème.

Lorsque la masse est supposée nulle, la masse devient égale à 1 et est ramenée à l’origine ; se réduit à la fonction des forces se réduit à et l’on trouve

et

Quand n’est pas nul, on voit immédiatement que peut se développer suivant les puissances croissantes de ce qui nous permet d’écrire

On voit que

est indépendant de et de

De plus, dépendra à la fois des quatre variables ; mais cette fonction sera périodique par rapport et et elle ne changera pas quand l’une de ces deux variables augmentera de

Observons enfin que, si l’excentricité est nulle et le mouvement direct, et que ne dépend plus alors que de et

Au contraire, si l’excentricité est nulle, mais le mouvement rétrograde, et ne dépend plus que de et

Emploi des variables képlériennes.

10.Soient les coordonnées rectangulaires d’un point ; les composantes de sa vitesse ; sa masse. Soit la fonction des forces, de sorte que les composantes de la force appliquée au point soient

Si nous posons


les équations du mouvement du point prendront la forme canonique

.

Nous avons défini au no 8 une certaine fonction

Nous avons vu que, si l’on fait le changement de variables défini par les équations


les variables nouvelles ne sont autre chose que les variables képlériennes que nous venons de définir.

En vertu du théorème du no 7, les équations conserveront la forme canonique et s’écriront

Il peut arriver que, la force restant constamment dans le plan des , il en soit de même du point mobile.

Dans ce cas on aura constamment


et la fonction dépendra seulement de et de la longitude du périhélie  ; on aura

Nous poserons, pour conserver la symétrie,

le nombre des variables képlériennes sera réduit de six, à quatre, à

savoir et et les équations deviennent

Cas général du Problème des trois Corps.

11.Venons au cas général du Problème des trois Corps : soient ABC le triangle formé par les trois corps ; les côtés de ce triangle ; les masses des trois corps.

La fonction des forces s’écrit alors

Nous appellerons la fonction des forces désignant une constante quelconque que nous nous réservons de déterminer plus complètement dans la suite.

Je supposerai que le centre de gravité du système des trois corps est fixe et j’appellerai D le centre de gravité du système des deux corps A et B.

Je considérerai deux systèmes d’axes mobiles :

Le premier système, toujours parallèle aux axes fixes, aura son origine en A.

Le second système, toujours parallèle aux axes fixes, aura son origine en D.

J’appellerai les coordonnées du point B par rapport aux premiers axes mobiles ; et les coordonnées du point C par rapport au second système d’axes mobiles.

La force vive totale aura alors pour expression

(voir Tisserand, Mécanique céleste, Chap. IV).

Si alors nous posons

les équations prendront la forme canonique

Reprenons la fonction

définie par les équations (4) du no 8.

Construisons-la d’abord en faisant

Posons ensuite

(1)

Construisons ensuite cette même fonction en faisant

appelons

la fonction ainsi construite et posons

(2)

Soit ensuite

Les dérivées de par rapport à seront respectivement

Si nous posons de plus

(3)

les équations (1), (2) et (3) définiront les douze variables anciennes et en fonctions de douze variables nouvelles, que je répartirai en deux séries de la manière suivante :

(4)

Le théorème des nos 4 et 7 montre alors que la forme canonique des équations n’est pas altérée.

Il est aisé de se rendre compte de la signification de ces variables nouvelles.

Tout se passe comme si deux masses, égales respectivement à et à avaient pour coordonnées par rapport à des axes fixes, la première la seconde et comme si ces deux masses fictives étaient soumises à des forces admettant la fonction des forces

Si alors, à un instant quelconque, les forces appliquées à la première masse fictive venaient à disparaître, et qu’elles soient remplacées par l’attraction d’une masse placée à l’origine, cette masse se mouvrait suivant les lois de Képler et les éléments de ce mouvement képlérien seraient et

De même, si la seconde masse fictive n’était plus soumise qu’à l’attraction d’une masse fixe placée à l’origine, les éléments du mouvement képlérien qu’elle prendrait alors seraient et

Observons que ne dépend pas seulement des variables (4), mais de et de

En général, et seront très petits, de sorte qu’on pourra poser

en regardant comme petit, et conservant le plus souvent à et des valeurs finies ; qui pourra alors être regardé comme une fonction des variables (4) de et de pourra alors avec avantage être développé suivant des puissances croissantes de

Si l’on fait il vient

et

ne dépend plus alors d’aucune des variables de la seconde série j’ajouterai que, quel que soit est une fonction périodique de période par rapport à ces variables de la seconde série.

Disons quelques mots de certains cas particuliers. Si les trois corps restent constamment dans le plan des on aura et ne dépendra que de et de sorte qu’on n’aura plus que quatre couples de variables conjuguées

ainsi qu’il a été dit au no 10.

12.Reprenons la notation du no 11 et les équations de ce numéro. Je vais mettre ces équations sous une forme nouvelle qui me sera utile dans la suite.

Considérons d’abord le cas particulier où les inclinaisons sont nulles et où les trois corps se meuvent dans un même plan.

Posons

(1)

Il vient

On voit ainsi que les nouvelles variables sont encore conjuguées et par conséquent que le changement de variables (1) n’altère pas la forme canonique des équations.

Venons maintenant au cas général et reprenons les notations du no 11.

Posons

(2)

On vérifierait, comme ci-dessus, que ce changement de variables (2) n’altère pas la forme canonique des équations.

Cette forme canonique ne sera pas altérée non plus, d’après la remarque du no 6, si nous faisons

(3)

Les équations restent canoniques et les deux séries de variables conjuguées sont les suivantes :

(4)

Voici quel avantage peut avoir le choix des variables (4)

La fonction exprimée à l’aide de ces variables, est développable tant suivant les puissances de que suivant les cosinus et sinus des multiples de et de les coefficients dépendant d’ailleurs d’une manière quelconque de et de

En effet, d’après les définitions des variables précédentes, on a

on déduit de là :

1o Que est développable suivant les puissances de le premier terme du développement étant un terme en

2o Que est développable suivant les puissances de le premier terme étant en

3o Que est développable suivant les puissances de

4o Que de même est développable suivant les puissances de

5o Que est développable suivant les puissances de et par conséquent suivant les jouissances de et de

Or on a

Donc sont développables suivant les puissances de et de même sont développables suivant les puissances de et

Mais la forme du développement de la fonction perturbatrice est bien connue.

Elle est développable suivant les puissances croissantes des excentricités et des inclinaisons et suivant les cosinus des multiples de et et un terme quelconque du développement est de la forme suivante (Tisserand, Mécanique céleste, t. I, p. 307)

les étant des entiers positifs ou nuls et les des entiers quelconques. On a d’ailleurs

un nombre pair
et, d’autre part,

On peut conclure de là que la fonction perturbatrice est développable suivant les puissances de

et, par conséquent, suivant les puissances de

(5)

Je puis observer de plus que le développement de

ne contient que des puissances paires des variables (5) ; j’en conclurai que le développement de sera de la forme suivante

(6)

étant un coefficient qui dépend seulement de et

Les nombres sont des entiers positifs ou nuls, dont la somme

est égale à un nombre pair positif ou nul.

J’ai laissé subsister dans l’expression (6) le double signe ou on doit prendre le cosinus quand la somme

est paire, et le sinus dans le cas contraire.

Il résulte de là que la fonction ne change pas quand on change à la fois le signe des des et des et qu’elle ne change pas non plus quand on change et en et et qu’en même temps l’on change les signes des des des et des

La fonction jouit d’une autre propriété sur laquelle il est nécessaire d’attirer l’attention ; elle ne change pas quand on change à la fois le signe de et

Problème général de la Dynamique.

13.Nous sommes donc conduit à nous proposer le problème suivant :

Étudier les équations canoniques

(1)

en supposant que la fonction peut se développer suivant les puissances d’un paramètre très petit de la manière suivante :

en supposant de plus que ne dépend que des et est indépendant des et que sont des fonctions périodiques de période par rapport aux

Réduction des équations canoniques.

14.Nous avons vu que l’intégration des équations (1) du numéro précédent peut se ramener à l’intégration d’une équation aux dérivées partielles

(2)

Imaginons que l’on connaisse une intégrale des équations (1) et que cette intégrale s’écrive

cela veut dire que l’on aura identiquement

(3)

Je me propose de démontrer que la connaissance de cette intégrale permet d’abaisser d’une unité le nombre des degrés de liberté.

En effet, l’équation (3) signifie qu’il existe une infinité de fonctions satisfaisant à la fois à l’équation (2) et à l’équation

(4)

Cela posé, entre les équations (2) et (4) éliminons il viendra

(5)

Dans l’équation (5), n’entre pas ; rien n’empêche alors de regarder non plus comme variable, mais comme un paramètre arbitraire ; l’équation (5) devient alors une équation aux dérivées partielles à variables indépendantes seulement.

Le problème se ramène ainsi à l’intégration des équations

qui sont des équations canoniques ne comportant plus que degrés de liberté.

Ainsi, si, en général, on connaît une intégrale d’un système d’équations différentielles, on pourra abaisser l’ordre du système d’une unité ; mais, si ce système est canonique, on pourra en abaisser l’ordre de deux unités.

Prenons pour exemple le problème du mouvement d’un corps pesant suspendu à un point fixe ; nous avons vu que ce problème comporte 3 degrés de liberté ; mais on connaît une intégrale qui est celle des aires ; le nombre des degrés de liberté peut donc être abaissé à 2.

Qu’arrive-t-il maintenant lorsqu’on connaît, non plus une seule, mais intégrales des équations (1) ?

Soient

ces intégrales, de sorte que

Peut-on, à l’aide de ces intégrales, abaisser de unités le nombre des degrés de liberté ? Cela n’aura pas lieu en général ; il faut pour cela que les équations aux dérivées partielles

(6)

soient compatibles ; ce qui exige les conditions

(7)

Si les conditions (7) sont remplies, on éliminera entre les équations (6)

et l’on arrivera à une équation aux dérivées partielles où ces dérivées n’entreront plus et que l’on pourra considérer comme dépendant seulement des variables indépendantes

tandis que les premières variables

seront regardées comme des paramètres arbitraires.

On sera ainsi conduit à un système réduit d’équations canoniques ne comportant plus que degrés de liberté.

Reprenons, par exemple, le Problème des trois Corps en conservant les notations du commencement du no 2. Nous avons vu que le nombre des degrés de liberté est égal à 9.

Mais nous avons les trois premières intégrales du mouvement du centre de gravité qui peuvent s’écrire

(8)

Il est aisé de vérifier que

Le nombre des degrés de liberté peut donc être abaissé à 6.

Si l’on se borne au cas du Problème des trois Corps dans le plan, le nombre primitif des degrés de liberté n’est plus que de 6. Mais il n’y a plus que deux analogues à 8. Après la réduction, il y aura donc seulement 4 degrés de liberté.

Imaginons maintenant que l’on connaisse, outre les intégrales une autre intégrale pourra-t-on en déduire une intégrale du système réduit ? Cette question peut s’énoncer autrement.

On connaît une équation aux dérivées partielles

compatible avec l’équation

sera-t-elle encore compatible avec le système

(6)

On voit tout de suite que la condition nécessaire et suffisante pour qu’il en soit ainsi, c’est que l’on ait

Revenons, par exemple, au Problème des trois Corps et considérons les trois intégrales des aires

(9)

Il est aisé de vérifier que l’on a

On ne diminue pas la généralité du problème en supposant que le centre de gravité est fixe, c’est-à-dire que les constantes qui entrent dans les derniers membres des équations (8) sont toutes trois nulles.

On aura alors

et, par conséquent,

ce qui montre que les intégrales des aires sont encore des intégrales du système réduit.

Pour terminer, je vais chercher à réduire autant que possible le nombre des degrés de liberté dans le Problème des trois Corps, en tenant compte à la fois des intégrales du centre de gravité et de celles des aires.

Dans le cas particulier où les trois corps se meuvent dans un plan, nous avons vu que le nombre des degrés de liberté pouvait être ramené à 4, en tenant compte des équations (8). Le problème ainsi réduit comporte encore une intégrale qui est celle des aires, ce qui permet de réduire à 3 le nombre des degrés de liberté.

Dans le cas général, il est aisé de voir que l’on a

Les trois crochets n’étant pas nuls, la connaissance des trois intégrales des aires ne permet pas de réduire de 3 le nombre des degrés de liberté.

Mais il est aisé de voir que toutes les fois qu’un système canonique admettra trois intégrales

il sera toujours possible de trouver deux combinaisons de ces intégrales

telles que

ce qui permettra de réduire de deux unités le nombre des degrés de liberté.

Dans le cas qui nous occupe, ces combinaisons s’aperçoivent immédiatement ; il suffira de prendre et

On aura alors identiquement

Il n’y aura plus ainsi, toute réduction faite, que 4 degrés de liberté.

Si l’on se rappelle qu’un système canonique comportant degrés de liberté peut être ramené à l’ordre on devra conclure que le Problème des trois Corps dans le cas général comporte 4 degrés de liberté et peut être ramené au sixième ordre.

Dans le cas du mouvement plan, il comporte 3 degrés de liberté et peut être ramené au quatrième ordre.

Dans le cas particulier du no 9, il comporte 2 degrés de liberté, et peut être ramené au second ordre.

Réduction du Problème des trois Corps.

15.Il s’agit de faire effectivement cette réduction.

Envisageons d’abord le cas où les trois corps se meuvent dans un même plan. Nous avons vu que le nombre des degrés de liberté pouvait alors être réduit à 3. Cherchons à opérer effectivement cette réduction.

Nous avons vu que les équations du mouvement pouvaient s’écrire

On a d’ailleurs

d’où l’intégrale des aires

étant une constante.

Posons

d’où (si l’on remplace et par leurs valeurs en fonction de et de )

(1)

et les équations du mouvement deviendront

Il n’y a plus que 3 degrés de liberté.

16.Passons au cas général où le nombre des degrés de liberté doit être réduit à 4. Les équations s’écrivent alors

On a d’ailleurs les trois intégrales des aires qui, si l’on prend comme premier plan de coordonnées le plan du maximum des aires, s’écrivent

On a d’ailleurs

ce qui montre que ne dépend de et de que par leur différence mais, comme cette différence est nulle, en vertu des intégrales des aires, peut être regardée comme ne dépendant plus ni de ni de

On trouve également

d’où
d’où
(2)

Posons maintenant

(3)
et
(4)
d’où
ou

ou enfin, en vertu de l’équation (2),

et de même

La constante des aires peut être regardée comme une donnée de la question.

Si donc dans on remplace et par leurs valeurs (3) et (4), ne dépend plus que de g et et les équations du mouvement peuvent s’écrire

et il n’y a plus que 4 degrés de liberté.

Forme de la fonction perturbatrice.

17.Il importe de voir quelle est la forme de la fonction quand on adopte les variables des deux numéros précédents.

Supposons d’abord que l’on prenne les variables du no 15 et que les trois corps se meuvent dans un même plan ; la fonction ne dépendant que des distances des trois corps sera développable suivant les cosinus et les sinus des multiples de les coefficients de ce développement seront eux-mêmes développables suivant les puissances croissantes de

en désignant par et les excentricités ; enfin les coefficients de ces nouveaux développements seront eux-mêmes des fonctions uniformes de et de

Je poserai, pour abréger,

il vient alors, d’après la définition de

Ajoutons que ne change pas quand et changent de signe ; par conséquent, si l’on développe suivant les cosinus et les sinus des multiples de ces trois variables, le développement ne pourra contenir que des cosinus.

On aura donc finalement

et sont des entiers positifs, et des entiers quelconques, est un coefficient qui ne dépend que de et de De plus est au plus égal à et n’en peut différer que d’un nombre pair ; de même, est au plus égal à et n’en peut différer que d’un nombre pair.

Un pareil développement est valable quand et sont suffisamment petits ; on voit que pour

tous les termes s’annulent, sauf ceux pour lesquels

De même, si l’on a

tous les termes s’annulent, sauf ceux pour lesquels

Par conséquent, si l’on a à la fois

tous les termes s’annuleront, sauf ceux pour lesquels

de sorte que devient une fonction de

Si, dans un des termes du développement de on fait

ce terme s’annulera encore, à moins que

. On pourrait être tenté de conclure que, pour

est encore une fonction de il n’en est rien, car le développement n’est valable que pour les petites valeurs de et Un raisonnement analogue à celui qui précède prouve, au contraire, que pour est fonction de et non pas de

Dans le cas où la valeur de est extrêmement petite, il peut être avantageux de faire un changement de variables particulier.

On a identiquement

la forme canonique, en vertu du no 5, n’est donc pas altérée quand on remplace les variables

par les suivantes

Posons maintenant

en vertu du no 6 la forme canonique des équations subsiste, quand on prend pour variables

On a l’avantage que la fonction qui reste périodique en et en est développable suivant les puissances de et quand ces deux variables sont assez petites.

18.Prenons maintenant les variables du no 16, c’est-à-dire

Les variables et sont manifestement assujetties à certaines inégalités ; on a

d’où
(1)

De même

(2)

On a, d’autre part, en vertu de l’équation des aires,

étant la constante des aires qui doit être regardée comme une des données de la question. On en déduit les inégalités

(3)

Voyons maintenant comment la fonction dépend de nos variables.

Pour les valeurs de voisines de la fonction n’est plus holomorphe par rapport à elle n’est plus développable suivant les puissances entières de mais suivant celles de

On peut alors employer avec avantage les variables suivantes. Posons

les équations conserveront la forme canonique, si l’on prend comme variables indépendantes

de plus, la fonction sera alors développable suivant les puissances entières de et de

On opérerait d’une manière analogue si l’on avait à envisager des valeurs de très voisines de

Qu’arrivera-t-il maintenant si les valeurs de et de sont très voisines des limites que leur assignent les inégalités (3), c’est-à-dire si les inclinaisons sont petites ou nulles ?

Supposons, par exemple, que

Nous avons vu, au no 12, que est développable suivant les puissances croissantes des variables de ces paragraphes ; c’est-à-dire suivant les puissances croissantes de

si les inclinaisons sont nulles ; on a

et les deux derniers radicaux s’annulent, mais il n’en est pas de même des deux premiers ; la fonction est alors holomorphe en

Mais nous avons vu au no 12 que ne change pas quand changent de signe à la fois, ou, ce qui revient au même, quand les deux radicaux et changent de signe à la fois.

Donc, pour les valeurs très petites ou nulles des inclinaisons, est holomorphe par rapport à et à d’une part, et par rapport à d’autre part.

Mais nous avons

d’où
ou

Ces égalités montrent que

et, par conséquent, restent holomorphes en

et en pour

Relations invariantes.

19.Nous avons considéré au no 1, à l’égard du système

(1)

d’une part ses solutions, d’autre part ses intégrales. Mais il nous reste à parler de certaines équations qui se rapportent à ce système et qui peuvent être regardées comme tenant pour ainsi dire le milieu entre les solutions et les intégrales. Je vais définir ces équations que j’appellerai relations invariantes.

Soit une fonction quelconque de on aura

Considérons maintenant un système d’équations

(2)

et supposons que ces équations entraînent comme conséquence les suivantes

on en conclura que

Par conséquent, si les équations (2) sont satisfaites pour une valeur quelconque de elles le seront pour toutes les valeurs de c’est pourquoi nous appellerons le système (2) système de relations invariantes, et l’on conçoit quelle importance peut avoir la connaissance d’un semblable système.

Supposons maintenant que le système soit canonique et revenons au système (1) du no 8 et à l’équation

(3)

qui y est corrélative.

La connaissance d’une solution particulière de cette équation (3) nous fournira un système de relations invariantes.

Soit, en effet, cette solution ; considérons le système

(4)

je dis que ce sera un système de relations invariantes par rapport aux équations canoniques (1).

On trouve, en effet, en différentiant l’équation (3),

(5)

Posons

de manière à ramener le système (4) à la forme (2),

(2)
il viendra
d’où

ce qui montre que les équations (5) se réduisent à

Or c’est là précisément, d’après ce que nous venons de voir, la condition pour que le système (4) soit un système de relations invariantes.

J’ajouterai que, dans le cas où il n’y a que deux degrés de liberté, tout système de deux relations invariantes peut être obtenu de cette manière.

Séparateur

~