L’Encyclopédie/1re édition/PHARMACIE

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PHARMACIE, s. f. (Ordre encyclop.) La Pharmacie est la science ou l’art de recueillir, conserver, préparer & mêler certaines matieres pour en former des médicamens efficaces & agréables.

Il est déja clair par cette définition, que la Pharmacie peut être divisée en quatre branches ou parties principales. La recette ou choix, electio, la conservation, la préparation, & le mélange ou composition.

Nous avons répandu dans les articles de détail, destinés à chaque drogue ou matiere pharmaceutique, toutes les observations qui regardent la recette ou le choix. Nous avons traité de la conservation, de la préparation, & de la composition des médicamens, dans des articles exprès & généraux, & dans un grand nombre d’articles subordonnés à ceux-là, & destinés aux divers sujets, aux diverses opérations, aux divers instrumens pharmaceutiques, aux divers produits, c’est-à-dire, aux diverses formes de remede. On trouvera donc un corps assez complet de doctrine pharmaceutique, dans les articles Conservation, Dessiccation, Composition, Dispensation, Fruits, Fleurs, Semences, Racines, Cuite, Clarification, Despumation, Décantation, Filtre, Manche, Tamis, Mortier, Electuaire, Émulsion, Emplatre, Syrop, &c.

Il ne nous reste ici qu’à présenter un tableau abregé de ces sujets, de ces opérations, de ces instrumens, de ces produits, & à proposer quelques notions générales sur l’essence même de l’art.

Les sujets pharmaceutiques sont toutes les substances naturelles simples, des trois regnes, & un grand nombre de produits chimiques, dans lesquels les hommes ont découvert des vertus médicamenteuses. Ils sont tous compris sous le nom de matiere médicale. Voyez Matiere médicale, & Simple Pharmacie .

Les opérations pharmaceutiques ont toutes pour objet, de préparer ces divers corps, de maniere qu’ils deviennent des remedes efficaces, mais à un certain degré déterminé, & aussi agréables qu’il est possible. Les Pharmaciens remplissent ces deux objets, 1°. en extrayant des corps leurs principes vraiment utiles, & rejettant leurs parties inutiles ou nuisibles : la distillation, la décoction, l’infusion, la macération, l’expression, la filtration, l’action de monder, la dépuration, la clarification, la cribration, operent cette utile séparation. 2°. En mêlant ensemble diverses matieres qui s’aident ou se temperent mutuellement, la composition, la correction, l’aromatisation, l’édulcoration, la coloration, sont les ouvrieres de cet effet pharmaceutique. 3°. En donnant diverses formes aux remedes composés, ce qui s’opere par les justes proportions des divers ingrédiens, qui est la même chose que la dispensasion, par la cuite, la pulvérisation, l’action de brasser, de malaxer. Les diverses formes de remedes composés, sont divisées, selon un ancien usage, en formes liquides, formes molles & formes séches. Les liquides se subdivisent en formes de remedes magistraux, & formes de remedes officinaux, dont le caractere essentiel & distinctif consiste en ce que les premieres n’ont pas besoin de rendre le remede durable, & que cette qualité est au contraire essentielle aux dernieres. Voyez Officinal & Magistral.

Les remedes magistraux liquides, sont la décoction, l’infusion, qu’on appelle theiforme, lorsqu’elle est courte, & qu’on employe l’eau bouillante, la macération, appellée plus communément infusion à froid, le julep, l’émulsion, la potion, la tisane, la mixture, le gargarisme, le collyre, le clystere, l’injection, la fomentation, l’embrocation, l’épitheme liquide, le bain, le demi-bain, l’incessus, le vin & les vinaigres médicamenteux magistraux.

Les remedes officinaux liquides, sont les vins & les vinaigres médicamenteux, les teintures, les élixirs, les baumes, les sirops, les loochs, les huiles par infusion & décoction, les eaux distillées composées, les esprits distillés composés, les esprits volatils aromatiques huileux.

Les remedes mous sont pareillement divisés en magistraux & officinaux. Les premiers sont les gelées, les opiates magistrales, les cataplâmes. Les seconds sont les électuaires mols, les conserves molles, les extraits composés, les miels médicamenteux, les linimens, onguents & cérats, les emplâtres.

Les remedes secs ou solides, peuvent être tous prescrits sur le champ par le médecin, & être dans ce cas regardés comme magistraux ; mais comme ils sont tous, par leur consistance, capables d’être conservés dans les boutiques, ils sont essentiellement officinaux. Ce sont les poudres, les especes, les bols, les tablettes, les trochisques, les conserves solides, les pilules. Il y a dans ce dictionnaire des articles particuliers sur toutes les choses nommées dans ces considérations générales. Voyez ces articles.

Le lecteur doit s’être apperçu que nous avons confondu la Pharmacie, appellée vulgairement galenique, avec celle qu’on appelloit chimique, selon la même division. Nous l’avons fait parce que cette division est malentendue ; car les décoctions, les infusions, la cuite des emplâtres, celle des syrops, qui appartient à la Pharmacie, appellée galenique, sont des opérations tout aussi chimiques, que la distillation des esprits, que la préparation des régules, &c. qu’on renvoyoit à la Pharmacie chimique. Il est vrai que les simples mélanges, & les simples disgregations, sont des opérations méchaniques ; mais la chimie elle-même emploie des moyens de cet ordre. (b)