L’Encyclopédie/1re édition/MAGISTRAL remede

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MAGISTRAL remede, (Thérapeut.) le remede ou médicament magistral, appellé aussi quelquefois extemporané, extemporaneum, est un médicament composé sur le champ, ou dans un tems déterminé, d’après l’ordonnance du médecin ; il differe par-là du remede officinal qui se trouve tout composé dans les boutiques d’après des recettes consignées dans les pharmacopées ou dispensaires.

Nous avons exposé au mot Formule les regles sur lesquelles le médecin doit se diriger dans la prescription des remedes magistraux. Voyez cet article. (b)

Magistral, sirop, (Pharmacie & Mat. méd.) Il y a en Pharmacie deux sirops très-connus qui portent ce nom : le sirop magistral purgatif & le sirop magistral astringent ou dissentérique. Le premier est composé d’un grand nombre de purgatifs des plus forts ; aussi est-il un puissant hydragogue : mais ce n’est pas la peine d’entasser douze ou quinze drogues pour purger efficacement, lorsqu’on peut obtenir le même effet avec une seule. Le sirop de nerprun purge aussi-bien & plus sûrement que ce sirop très-composé.

Le sirop magistral astringent se prépare de la maniere suivante, selon la pharmacopée de Paris. Prenez de rhubarbe concassée une once & demie, de santal citrin & de cannelle de chacun un gros, de mirobolans citrins une once ; faites-les macérer dans un vaisseau fermé au bain-marie pendant douze heures dans trois livres d’eau de plantain, passez & prenez d’autre part de roses rouges seches deux onces, de balaustes une once, de sucs d’épinevinette & de groseille de chacun quatre onces ; faites macérer pendant douze heures au bain-marie dans un vaisseau fermé dans huit onces d’eau-rose ; passez avec expression ; mêlez les deux colatures, laissez-les se clarifier par le repos ; & faites-les cuire au bain-marie selon l’art en consistence de sirop, avec une livre & demie de sucre.

Ce sirop est préparé contre les regles de l’art, en ce que le bain-marie est employé dans l’espoir très frivole de retenir le principe aromatique du santal, de la cannelle, des roses rouges, de l’eau-rose & peut-être de l’eau de plantain ; car il est très-démontré qu’en dissipant, comme il faut le faire ici, pour obtenir la consistence de sirop, environ trois livres & un quart d’eau, il est impossible de retenir une quantité sensible de ce principe aromatique, quelque légere que soit la chaleur par laquelle on exécute cette prodigieuse évaporation : il faut donc ou négliger ce principe aromatique, qui ne paroît pas être un ingrédient fort essentiel d’un sirop astringent, & dans ce cas retrancher les ingrédiens de cette composition, qui ne peuvent donner que du parfum ; ou charger quatre ou cinq fois davantage les infusions, & employer à-peu-près huit livres de sucre, au lieu d’une livre & demie ; & alors le faire fondre au bain-marie dans un vaisseau fermé, si l’on ne préfere encore le moyen plus exact de la distillation. Voyez Sirop.

Le sirop magistral astringent est recommandé pour remplir l’indication de resserrer le ventre & de fortifier l’estomac & les intestins, après avoir évacué doucement. On le conseille aussi contre les pertes de sang. La dose en est depuis une once jusqu’à trois pris le matin à jeun, pendant plusieurs jours de suite. (b)