Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Proposition/Paragraphe 174

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 527-528).
§ 174. Proposition comparative.

a La particule ordinaire pour introduire une proposition comparative est כַּֽאֲשֶׁר comme, de même que, qui s’emploie non seulement au sens qualitatif, mais encore au sens quantitatif p. ex. Ex 1, 12 כַּֽאֲשֶׁר יְעַנּוּ אֹתוֹ כֵּן יִרְבֶּה selon qu’ils l’opprimaient, ainsi il se multipliait (= plus… plus) ; cf. Gn 34, 12.

b À l’apodose on a souvent כֵּן, comme dans l’exemple cité Ex 1, 12 ; Gn 41, 13 ; Jug 1, 7. Deux fois on a un waw d’apodose : Ex 16, 34 ; Nb 1, 19.

c Devant un substantif (ou un infinitif, § 133 g) on a la préposition כּ : Os 4, 7 כְּרֻבָּם כֵּן חָֽטְאוּ לִי comme ils se multipliaient (ou selon leur multitude), ainsi ils ont péché contre moi ; encore avec כֵּן à l’apodose : Ps 48, 11 ; 123, 2 ; Pr 26, 1, 8, 18, 19.

d Parfois la préposition כּ est employée avec valeur de conjonction (cf. § 158 a N)[1] : Is 61, 11 כָּאָ֫רֶץ תּוֹצִיא comme la terre produit ; Abd 16 וְהָיוּ כְּלוֹא הָיוּ et ils seront comme s’ils n’avaient (jamais) été[2] ; Ps 42, 2 comme la biche aspire[3].

e Dans quelques cas, rares et suspects, on a כֵּן sans כַּֽאֲשֶׁר : Is 55, 9 כִּי־גָֽבְהוּ שָׁמַ֫יִם מֵאָ֑רֶץ כֵּן׳ mais (comme) les deux sont plus hauts que la terre, ainsi… ; Jér 3, 20 ; Os 11, 2[4].

f La comparaison est virtuelle dans les cas comme Is 7, 17, où אשׁר n’est pas suivi du rétrospectif כּ avec pronom (§ 147 f).

g Un accusatif d’objet interne suivi d’une détermination peut exprimer une comparaison, p. ex. 1 S 20, 17 (cf. § 125 q N).

h Enfin la comparaison peut être exprimée faiblement par un simple waw[5] : Pr 26, 14 « la porte tourne sur ses gonds et (= de même) le paresseux sur son lit » ; 17, 3 ; 25, 3 ; 26, 3, 9 ; 27, 21 ; Job 12, 11 ; 14, 11 sq. ; 34, 3. La comparaison peut même ressortir du simple rapprochement des deux membres de phrase sans waw : Jér 17, 11 ; Job 24, 19.

i Avec כְּ … כְּ (ou כְּ … וּכְ Jos 14, 11 ; 1 S 30, 24 ; Éz 18, 4 ; Dn 11, 29), on ne dit pas précisément que la 1re chose est comme la 2e, ni (Jos 14, 11 ; Jug 8, 18 ; 1 S 30, 24 ; Is 24, 2) que la 2e est comme la première, mais plutôt que la 1re chose est comme la 2e et la 2e comme la 1re (d’où ordre des termes indifférent et possibilité d’avoir ו). Autrement dit, les deux termes sont déclarés identiques, à un certain égard. Ainsi Jos 14, 11 כְּכֹחִי אָז וּכְכֹחִי עָ֑תָּה ne signifie pas ma force d’alors est comme ma force d’à présent (ce qui n’irait pas au contexte), ni ma force d’à présent est comme ma force d’alors, mais ma force d’alors et ma force d’à présent, c’est la même chose. Exemples : Gn 18, 25 le juste et le pécheur auront le même sort ; Lév 7, 7 l’expiatoire et le délictif pareillement : une même loi les régit ; 24, 16 l’immigré et le national pareillement ; Gn 44, 18 כָּמ֫וֹךָ כְּפַרְעֹה toi et Pharaon c’est tout un (cf. § 154 b) ; Is 24, 2 le même sort atteindra peuple et prêtre, esclave et maître… ; Agg 2, 3 lui et rien, n’est-ce pas la même chose à vos yeux ? ; Eccl 9, 2 le juste et le pécheur ont le même sort[6].

  1. Mais il est douteux que כּ devienne proprement conjonction ; il ne se met pas devant la forme verbale.
  2. כּ ici au sens de comme si, comme כַּֽאֲשֶׁר 2 S 16, 23 ; Zach 10, 6 ; Job 10, 19.
  3. Dans la locution כַּיּוֹם הַזֶּה Gn 50, 20 le verbe être est sous-entendu : comme (cela est) aujourd’hui (encore), non : comme aujourd’hui.
  4. Dans Is 62, 5 il n’y a ni כּאשׁר ni כּן.
  5. Waw adaequationis, וָו הִשְׁתַּוָּאָה.
  6. Lire ensuite כַּנִּשְׁבָּע le parjure et celui qui respecte le serment ont le même sort.