Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Proposition/Paragraphe 169

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 520-521).
§ 169. Proposition consécutive.

a Comme on l’a dit § 168 a, la proposition consécutive est étroitement apparentée à la proposition finale. Sur les principales différences dans les moyens d’expression, cf. infra § i.

b La consécution, comme la finalité (§ 168 b), s’exprime d’une manière légère et élégante par le volitif indirect (§ 116), surtout après un volitif direct, mais aussi parfois après un indicatif ou une proposition nominale, par exemple dans une interrogation Jér 9, 1 (§ 161 m) ; après une négation Nb 23, 19 לֹא אִישׁ אֵל וִֽיכַזֵּב Dieu n’est pas un homme pour mentir. Si l’idée consécutive est négative, on emploie וְלֹא et l’indicatif (§ 116 j : Is 8, 10. Voir les nombreux exemples cités).

c Mais en dehors du cas où un volitif direct précède, la consécution s’exprime ordinairement par le waw inversif. On emploie donc wayyiqtol (§ 118 h) ou weqataltí (§ 119 e), selon la sphère temporelle. Pour le cas spécial de l’interrogation cf. § 161 m.

d Comme la finalité (§ 168 c), la consécution s’exprime par le ל avec infinitif construit (§ 124 l). Si l’idée consécutive est négative, on emploie לְבִלְתִּי (§ 124 e) : Jér 16, 12.

Les conjonctions servant à exprimer la consécution sont surtout les suivantes :

e כִּי que, pour que est usuel après une interrogation : Ps 8, 5 מָה־אֱנוֹשׁ כִּי־תִזְכְּרֶ֫נּוּ qu’est-ce que l’homme pour que tu te souviennes de lui ? (comp. Job 7, 17 ; opp. Ps 144, 3) ; Gn 20, 9, 10 ; 31, 36 ; Ex 3, 11 ; Nb 16, 11 ; — après négation : Gn 40, 15 (probt).

f אֲשֶׁר que, de sorte que, s’emploie (en dehors de l’interrogation)[1] avec une nuance différente de כִּי : Gn 13, 16 de sorte que ; 22, 14 (probt) ; avec négation : אשׁר לא 2 R 9, 37 ; Mal 3, 19.

g לְמַ֫עַן qui s’emploie surtout pour la finalité (§ 168 d) s’emploie aussi parfois pour la consécution[2]. Ainsi en parlant d’une action voulue dont on considère l’effet plutôt que le but : Jér 27, 10, 15 ; Joël 4, 6 ; Abd 9 ; Mich 6, 16 ; notamment en parlant d’une action coupable dont l’effet, plutôt que le but, est d’offenser Dieu : ainsi dans la locution לְמַ֫עַן הַכְעִיס de façon à irriter 2 R 22, 17 etc. (= לְהַכְעִיס Dt 4, 25 etc., § 124 l) ; Lév 20, 3 (למען suivi d’un ל à sens consécutif) ; Am 2, 7. Autres exemples : Jér 36, 3 ; Os 8, 4 ; Am 5, 14 (§ 168 a N) ; Ps 30, 13 ; 51, 6 ; 130, 4.

h Enfin מִן avec l’infinitif exprime une conséquence négative : Gn 27, 1 וַתִּכְהֶ֫יןָ עֵינָיו מֵֽרְאֹת et ses yeux étaient émoussés, de sorte qu’il ne voyait pas ; Ex 14, 5 ; Lév 26, 13 ; Dt 28, 55 ; 1 S 15, 26 (cf. § 133 e).

i Appendice. On voit, en comparant les §§ 168 et 169, que la finalité et la consécution ont souvent les mêmes moyens d’expression. Dans les deux cas on emploie ל avec infinitif, לְבִלְתִּי, אֲשֶׁר, et même לְמַ֫עַן. Mais בַּֽעֲבוּר est propre à la finalité et כִּי à la consécution.

Le waw avec volitif indirect s’emploie pour la consécution comme pour la finalité, mais le waw inversif ne s’emploie que pour la consécution. Dans une même phrase on trouve le waw avec volitif indirect employé pour la finalité et pour la consécution : 1 R 13, 7 בֹּֽאָה־אִתִּי הַבַּ֫יְתָה וּֽסֳעָ֑דָה וְאֶתְּנָה לְךָ מַתָּֽת viens avec moi à la maison pour te réconforter, et (en conséquence) je te ferai un cadeau (cf. § 116 f et b). Dans Jon 1, 11-12 וְיִשְׁתֹּק est employé au sens final dans la demande, au sens consécutif dans la réponse. Autres exemples § 116 h.

  1. Dans Ex 5, 2 אשׁר est relatif (LXX) : Qui est Jéhovah à qui je devrais obéir ?
  2. Ce fait, généralement contesté, s’explique aisément si l’on considère que l’élément ל s’emploie pour la consécution comme pour la finalité.