Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/941-950

Fascicules du tome 2
pages 931 à 940

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 941 à 950

pages 951 à 960


en carré d’une autre qui est sur la pointe du milieu du ciel ; encore bien que cette distance soit de plus ou moins de quarante degrés, cet aspect s’appelle cosmique.

COSMIQUEMENT. adv. Lorsqu’on dit qu’un astre se lève & se couche cosmiquement ; c’est qu’il se lève ou se couche à l’instant que le soleil se lève : ainsi une étoile qui se lève ou se couche le matin, se lève ou se couche cosmiquement. Les Anciens distinguoient trois sortes de lever & coucher des astres, le Cosmique, l’Achronique, & l’Heliaque. Inst. Astronom. p. 373.

COSMOGONIE. s. f. description de la manière dont l’univers a été créé ou formé. La seconde partie du premier tome des Réflexions critiques de Mr. Fourmont sur les Histoires des anciens peuples développe la Cosmogonie, ou la manière dont l’univers, selon Sanchoniathon, a été formé, & l’on fait voir la conformité avec la cosmogonie de Moïse. Prévot d’Exiles. La Genèse est le seul livre digne de foi sur la cosmogonie.

COSMOGRAPHE. s. m. Auteur qui a écrit, ou qui enseigne la structure, la figure & la composition du monde. Cosmographus, qui describit aut descripsit mundum. Munster étoit un grand Cosmographe.

COSMOGRAPHIE. s. f. description du monde, ou science qui nous enseigne quelle est sa construction, sa figure, & la disposition de toutes ses parties. La cosmologie raisonne sur la figure & la disposition des parties de l’univers & sur leurs différens rapports. La cosmographie s’en tient à la simple description de ces parties. Cosmographia, mundi descriptio. La cosmographie a deux parties : l’Astronomie fait connoître la construction des cieux & la disposition des astres ; la Géométrie celle de la terre.

Ce mot vient du Grec κόσμος, mundus, & de γράφω, describo.

COSMOGRAPHIQUE. adj. m. & f. qui appartient à la Cosmographie. Ad mundi descriptionem pertinens, cosmographicus. Une carte cosmographique, c’est une Mappemonde, une délinéation du monde sur du papier, ou autre matière propre.

COSMOLABE. s. m. ancien instrument de Mathématique, qui sert à prendre les mesures du monde, tant du ciel que de la terre. Cosmolabium. C’est presque la même chose que l’Astrolabe. Il est aussi nommé Pantocosme, ou instrument universel, dans un livre exprès qu’en a fait Léon Morgard, Mathématicien de Paris, imprimé en 1612.

Ce mot vient d’ἔλαϐον, aor. 2, de λαμϐάνω, accipio, qui prend ses temps du verbe inusité λάϐω.

☞ COSMOLOGIE. s. f. Science des Loix générales par lesquelles le monde est gouverné. Ce terme est formé des mots Grecs κόσμος, monde, & λόγος, discours. Science qui discourt sur le monde que nous habitons.

☞ COSMOLOGIQUE. adj. qui appartient à la Cosmologie.

COSMOPOLITAIN, AINE. s. m. & f. Cosmopolita, Cosmopolitanus. On dit quelquefois ce mot en badinant, pour signifier un homme qui n’a point de demeure fixe, ou bien un homme qui nulle part n’est étranger. Il vient de κόσμος, le monde, & πόλις, ville, & signifie un homme dont tour le monde est la ville ou la patrie. Un ancien Philosophe étant interrogé d’où il étoit ; répondit : je suis Cosmopolite, c’est-à-dire, citoyen de l’univers. L’Auteur inconnu d’un excellent Traité de Chimie, intitulé Lumen chymicum, s’est donné le nom de Cosmopolitain.

On dit ordinairement Cosmopolite ; & comme on dit Néapolitain & Constantinopolitain, & non pas Constantinopolite & Néapolite, l’analogie demanderoit qu’on dît Cosmopolitain.

☞ L’usage a prévalu contre la prétendue loi de l’analogie, & l’on dit aujourd’hui Cosmopolite.

COSMOS. s. m. breuvage que les Tartares font avec du lait de jument, & dont ils usent. Potus Tartarorum equino lacte confectus. Sacatay nous demanda si nous voulions boire du cosmos, & je m’en excusai pour lors. Fleury.

COSNE ou CONE, petite ville de France dans le Gâtinois aux confins du Nivernois, sur le bord de la Loire, & du Diocèse d’Auxerre pour le spirituel. Cosna, Conada, Conium, Condate ; selon la Notice de Valois. La coutellerie de Cône est estimée. On y faisoit autrefois du canon, & d’autres grands ouvrages de fonte. Il y a encore une ville de ce nom dans le Bourbonnois.

COSSARTS BROUN. s. m. pl. toiles de coton écrues qui viennent des Indes Orientales.

COSSAS. s. m. pl. Ce mot n’est en usage que dans les campagnes, au lieu de cosses, pour signifier la cosse qui enveloppe les pois, les féves & autres légumes. Siliqua. Les cossas de féves brûlés & pulvérisés sont employés en Médecine pour guérir la gravelle.

Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de cosse, ou coesse, qui est le nom qu’on donne encore en Bassigny aux gousses des féves. Du Cange dit qu’en la basse latinité on a dit cossæ, pour dire sliliquæ.

Cossas. s. m. toile de mousseline unie & fine, que les Anglois rapportent des Indes Orientales.

☞ COSSE. s. f. Valva. On appelle ainsi les panneaux qui forment les siliques ou les gousses des légumes. On les appelle aussi battans. On dit mal cossas & écosses. Ces mots ne sont employés que par les femmes qui vendent des pois.

On appelle des pois sans cosse, ceux qui ont la cosse si tendre & si mince, qu’on la mange avec les pois sans les écosser. Pisa tenuioris teneriorisque siliquæ. On les appelle aussi pois goulus.

Cosse, espèce de graine de navette un peu plus grosse que la navette ordinaire. On en tire une huile qui est bonne à brûler.

Cosse, est aussi une espèce de fruit qui se trouve dans quelques lieux des côtes de Guinée, particulièrement sur les bords de la rivière de Serre-Lionne.

Cosse, terme de Parcheminier. On appelle du parchemin en cosse, ou en croûte, la peau du mouton telle qu’elle sort de la mégie, c’est-à-dire, dont on a fait seulement tomber la laine ; on attache le parchemin en cosse sur un chassis qui s’appelle herse : là on le rature, & l’on en ôte routes les superfluités.

Cosse se dit aussi dans les ardoisières, de la première couche que l’on rencontre, & qui ne fournit qu’une mauvaise matière. Encyc.

Cosse, en termes de Marine, est un anneau de fer cannelé, & garni de petits cordages, pour conserver les gros cordages qu’on fait passer au travers de cet anneau. Annulus striatus.

Il y a aussi des cosses de bois que l’on nomme Margouillets. Voyez MARGOUILLET.

Cosse de Geneste. Ordre de Chevaliers. Il fut institué par S. Louis à la solennité de son mariage avec Marguerite de Provence. Il a duré jusqu’à Charles VI. La devise de cet Ordre de la Cosse de Geneste étoit ce mot, exaltas humiles. Le collier de l’Ordre étoit composé de Cosse de geneste, entrelacées de fleurs de lis d’or, renfermées dans des lozanges cléchées, au bout duquel pendoit une croix fleurdelisée.

COSSER, v. n. terme d’économie rustique, qui se dit des moutons qui se heurtent la tête les uns contre les autres. Coniscare. C’est un bon signe quand les moutons cossent au sortir de la bergerie.

COSSIQUE. adj. de t. g. terme d’Algèbre. On appelle nombres cossiques les nombres d’une progression géométrique ; laquelle commence par une racine qui fait ensuite un carré, ensuite un cube, un carré-carré, & ainsi de suite à l’infini, en passant par tous les degrés ou puissances. Quelques-uns disent que Cosa en italien veut dire Algèbre, & que delà vient cossique. Ce mot n’est plus guère en usage.

COSSON. s. m. charençon, calendre, ver qui gâte les blés, sur-tout les pois, les féves. Curculio. Festus le dit aussi des vers velus qui s’engendrent dans les bois. En latin cossus, cosses, d’où le nom françois est dérivé, ou de cosset, qu’on dit encore en Basse-Bretagne.

☞ COSSON, bouton de la vigne. Comme il y en a toujours deux à la même hauteur, le plus gros se nomme le maître-cosson, & souvent il n’y a que lui qui se développe. Le petit se nomme contre-cosson, en latin custos, ou succursus, parce que quand le premier a péri, le second se développe.

COSSU, UE. adj. qui se dit des pois qui ont de grosses cosses. Pisa densæ duræque siliquæ. On dit, figurément & proverbialement d’un homme riche & qui est à son aise, qu’il est cossu, bien cossu ; ou d’un homme qui débite des mensonges ou des impertinences, qu’il en conte de bien Cossues.

COSSUTIUS, COSSUTIA. s. m. & f. nom propre d’une famille de l’ancienne Rome. Cossutia gens. La famille Cossutia a deux prénoms ; celui de Caïus, qui se voit sur les médailles ; & celui de Quintus, que l’on trouve dans les inscriptions antiques. Elle a aussi deux surnoms sur les médailles ; celui de Sabula, & celui de Maridianus, qui marque apparemment une adoption.

COST, ou COQ DES JARDINS, terme de Botanique. Voyez Costus.

COSTA, montagne d’Auvergne en France. Elle est près du Mont d’Or. Le haut de cette montagne est élevé de 850 toises sur la surface de la mer Méditerranée. Maraldi, Acad. des Sc. 1703, Mém. p. 232.

COSTAL, ALE. adj. usité en Anatomie. Prononcez l’s, quoiqu’on ne la prononce point dans Coste. Qui appartient aux côtes. Costalis. Il y a huit vertèbres que l’on appelle costales ou pleurites, parce qu’elles articulent les côtes qui sont tapissées intérieurement de la pleure. Les vertèbres costales sont les huit qui suivent la seconde, que l’on nomme axillaires ; ainsi c’est la troisième, la quatrième, &c. jusqu’à la dixième inclusivement.

Ce nom vient du latin costa, côte.

COSTAL ou COTEAU. s. m. On trouve ces mots dans le vieux langage pour signifier auprès.

COSTE. Voyez Côte.

COSTEAU. Voyez Côteau.

COSTELETTE. Voyez Côtelette.

COSTEMENT. s. m. vieux mot, coust, dépense. Impensa, sumptus. Et paieroit le costement aux Vénitiens. Villehard, n 101. Quelques Auteurs latins du moyen âge ont dit custamentum. Du Fresne, Gloss. sur Villehard.

COSTH. s. m. racine semblable au gingembre, de laquelle on se sert dans la composition des parfums. Il y en a de deux espèces ; l’une amère, que l’on trouve communément dans le territoire de Schiras, où on la nomme Cost telkh. La seconde, douce, qui vient des Indes, & qui s’appelle Costh Schirin en persien. Les grecs l’ont nommée Costos, & les latins Costus. C’est une espèce de gingembre sauvage, & de zédoaria. Dioscoride en distingue trois espèces ; l’Arabique, qui est blanche ; l’Indienne, qui est noire ; & la Syriaque, de couleur de buis, dont elle a aussi la pesanteur. Pline n’en distingue que deux ; la blanche & la noire. D’Herb.

COSTIERE. Voyez Côtière.

COSTON. s. m. terme de Marine. Pièce de bois dont on se sert pour fortifier un mât, auquel on le joint étroitement.

On dit aussi, en termes de Jardinage, costons d’artichaux.

COSTOYER. Voyez Côtoyer.

COSTUME. s. m. terme de Peinture. Ce mot est tout italien, mais il a passé dans notre langue ; il signifie proprement usage, coûtume. On l’entend, 1o. de tout ce qui concerne les usages, les mœurs, les habillemens, les armes, la physionomie & la façon de vivre de chaque peuple ; 2o. de tout ce qui regarde la Chronologie, l’ordre des temps & la vérité de certains faits connus de tout le monde ; 3o. de ce qui concerne les bienséances, le caractère & les convenances propres de chaque âge & de chaque condition ; 4o. enfin de tout ce qui regarde la nature, la qualité & la propriété essentielle des élémens, des corps & de toutes les choses naturelles. Les grands Peintres Lombards se sont plus attachés à ce qui regarde la couleur, qu’à ce qui est du dessein, & à ce qu’on appelle costume. Félib. C’est proprement l’art de traiter ou de peindre un sujet suivant la manière qui lui est propre, en se conformant aux usages des différens temps & des différens lieux. Dans la description géographique de la Chine, on trouve que la gravure des figures mérite un éloge particulier. Outre la douceur du burin, on y admire le goût & l’entente des figures & formes Chinoises prises d’après nature avec une parfaite intelligence du costume Chinois. Journ. de Trev. Mars 1736. Nous écrivons & nous prononçons costume ; les Italiens costumé.

COSTUS. s. m. plante des Indes Orientales dont les Anciens ont décrit trois espèces ; sçavoir l’Arabique, qui est blanc, léger & d’une odeur douce & agréable ; l’Indique qui est plein, noir & léger comme la férule ; & le Syriaque qui est pesant, de couleur de buis, & d’une odeur forte. Costus, Costum. Quelques modernes croient que ces costus sont la racine d’une même plante, & que leur différence ne vient que de la diversité du climat, ou de la terre où ils croissent. Le costius qu’on trouve chez les Apothicaires est une racine de la grosseur du pouce, & quelquefois de deux, d’une couleur blanche tirant sur celle du buis, d’une odeur aromatique & d’un goût un peu âcre, mêlé de quelque douceur & de quelque amertume. Il y a une autre espèce de costus, qu’on appelle costus corticosus. C’est l’écorce d’un arbre, grise, raboteuse & pleine de fissures en dehors, blanche au dedans, un peu plus épaisse que la cannelle, à laquelle elle ressemble pour la forme : elle est aussi fort aromatique, & approche assez du goût & des qualités du véritable costius. Le costius est propre pour les maladies de l’estomac, du foie, de la matrice & des reins. On s’en sert dans la colique, dans les obstructions & dans la paralysie.

COT.

COTANGENTE. s. f. terme de Géométrie. C’est la tangente d’un arc qui est le complément d’un autre arc. Harris. La cotangente de 30 degrés, est la tangente de 60 degrés.

COTANTIN. Contrée de la basse-Normandie, dont une partie forme une presqu’Île qui s’avance sur l’Océan, & qui fait les piés de devant du chien couché que représente la Normandie sur les cartes. Constantiensis ager. Autrefois on écrivoit Cautantin, Constantin & Coutantin, comme écrit encore Maty, mais aujourd’hui il faut écrire & prononcer Cotantin, quoique l’on dise Coutance. Le Cotantin a la mer Britannique au Septentrion & à l’Occident ; le Bessin à l’Orient, & l’Avranchin au Midi. Ce pays prend son nom de Coutance sa Capitale. Les peuples de ce canton ont été premièrement connus sous le nom de Romandui, & depuis, selon Sanson, sur la carte de l’ancienne Gaule ; & d’Ablancourt en sa traduction des Commentaires de Cesar, Unelli. Le Cotantin a eu anciennement titre de Comté. S. Thomas étoit originaire du Cotantin par sa mère. Voyez au mot Thomas. Le Cardinal du Perron & S. Evremont étoient aussi originaires du Cotantin. Belleforêt écrit Costantin ; & Charles de Bourgeville, en ses Antiquités de Neustrie, aussi bien que Dumoulin, dans son Hist. de Norm. Costentin.

COTE. adj. & s. f (la première syllabe est brève.) Quelques-uns écrivent quote ; mais ses dérivés en font changer l’orthographe. Partie d’un tout qui est divisé pour en distribuer à chacun sa part, soit pour le gain, soit pour la perte. Pars. On a fait l’assiette de la taille, on vous en a donné tant pour votre cote-part. Capiti cuilibet indicta tributi pars. On a partage le profit de notre société, il m’en revient tant pour ma cote-part.

Cote-morte est la dépouille, la succession d’un Moine qui vivoit hors la Mense commune, qui avoit quelque Bénéfice, ou quelque pécule, dont l’Abbé & le Couvent héritent. Monachi extra monasterium morientis hereditas.

La Cote-morte des Religieux de Cîteaux n’appartient point aux Abbés Commendataires, mais au Monastère.

Cote mal taillée. On dit dans le langage commun & ordinaire, Faire une cote mal taillée ; pour dire, arrêter un compte, en rabatant quelque chose de part & d’autre, & sans l’examiner exactement. Pactio arbitraria vel cum aliquo sub damno.

☞ Cette expression vient de l’usage où l’on étoit autrefois, & où l’on est encore aujourd’hui dans quelques endroits, de marquer la quantité des fournitures que l’on acheté à crédit sur des tailles, c’est-à-dire, un morceau de bois fendu en deux, dont chacun garde une moitié. Quand les entailles faites avec le couteau sur ces deux parties que l’on rapproche l’une de l’autre, ne se rapportent pas, on dit que c’est une cote mal taillée.

On le dit quelquefois absolument. Chacun a payé volontairement la cote. C’est en ce sens qu’on dit, faire une cote mal taillée ; pour dire, régler une chose incertaine & embrouillée à une somme liquide, sans entrer dans la discussion des particularités pour la partager. Pactio arbitraria, non excussâ re. Dans ce procès il y avoit bien des demandes de part & d’autre, les Juges en ont fait une cote mal taillée, & n’ont adjugé que telle somme à un tel.

Cote, en termes de Palais, est une lettre ou un chiffre qu’on met au dos d’une pièce mentionnée en un inventaire ou en une production, pour la marquer & la distinguer des autres, & la trouver plus facilement. Superscriptus alicui codici numerus, vel superscripta littera. Cette pièce est la troisième produite sous la cote B.

Cote signifie aussi la part que chacun doit porter & payer d’une imposition, ou dépense commune. Impositum capitibus singulis tributum, exactio capitum. Ce sont les Asséeurs des tailles qui règlent la cote de chacun des contribuables. Ce paysan a payé sa cote. Cet autre est appelant de sa cote. De cette contribution chacun doit payer sa cote-part. En ce sens, & en celui de l’article précédent, ce mot vient de quotus ou quot ; qui veut dire quantième ou combien ; & c’est par corruption qu’on l’écrit par un c, puisqu’on devoit écrire quote. Voyez Quote.

CÔTE. s. f. terme d’Anatomie. Os long & fait en arc qui sert à former les parties latérales du thorax. Costa. Les côtes ont leur articulation du côté du dos avec les vertèbres. Elles finissent antérieurement par des cartilages qui leur servent d’épiphises. Il y a vingt-quatre côtes, douze de chaque côté. Tous les hommes n’ont pas le même nombre de côtes, il y en a qui en ont plus que les autres, & d’autres qui en ont moins. Voyez l’Anatomie de Bartholin, L. IV, C. 17. Les côtes se divisent en vraies & en fausses. Les vraies sont les sept supérieures, que l’on appelle ainsi, parce qu’elles achèvent le cercle plus parfaitement que les autres, & qu’elles touchent au sternum, avec lequel elles ont une ferme articulation. Les cinq dernières s’appellent fausses côtes, parce qu’elles sont plus petites & plus courtes que les autres, & qu’elles ne vont pas jusqu’au sternum, ce qui fait qu’elles n’ont qu’une articulation fort lâche. Elles se terminent en des cartilages longs & mous, qui se recourbent en haut, & s’unissent aux côtes supérieures, comme s’ils y étoient collés ; excepté la dernière, qui étant la plus petite de toutes n’est point adhérente par devant à aucune autre. Les côtes les plus hautes sont plus larges que les plus basses.

On le dit aussi des animaux. Des côtes de bœuf, de mouton, de baleine.

☞ Eve fut formée d’une côte d’Adam. C’est pour cela que Boileau a dit en badinant.

Ce Marquis imbécile ;
Croit que Dieu tout exprès, d’une côte nouvelle
A tiré pour lui seul une femme fidelle.

☞ Dans quelques phrases le mot côte se dit figurément & familièrement pour extraction, descendans. Nous sommes tous venus de la côte d’Adam. Il se croit de la côte de S. Louis, en parlant d’un homme qui se pique mal-à-propos d’une haute noblesse.

Côte à côte adv. à côté l’un de l’autre. Marcher côte à côte. On le dit quelquefois pour marquer l’égalité des conditions. Commissis lateribus viam inire, ex æquo incedere. Deux Conseillers doivent marcher côte à côte.

Qui désormais à la maltôte
Osera disputer le rang,
Depuis qu’elle va côte à côte,
Avec tous les Princes du sang ? P. Le Jay.

Cette Epigramme fut faite à l’occasion de la capitation qui fut la même pour les Princes du sang, & pour les Fermiers Généraux.

On dit d’un homme, ou d’un animal très-maigre, qu’on lui voit les côtes, qu’on lui compte les côtes.

On dit proverbialement & populairement mesurer les côtes ; pour dire, battre à coups de bâton, de plat d’épée, de nerf de bœuf, ou de quelque chose qui plie en frappant.

On dit prov. & fig. serrer les côtes à un homme, pour signifier qu’on le presse vivement, qu’on le poursuit avec chaleur, pour l’obliger à faire quelque chose. Acad. Fr.

Côte se dit aussi, par ressemblance, de plusieurs choses étendues en longueur, & qui sont arrondies pour enfermer quelque chose. Costa. En ce sens on dit les côtes d’un luth, les côtes d’un melon, les côtes d’une carcasse, qui est une espèce de bombe.

Côte, en termes de Botanique, signifie les arêtes relevées qui sont sur le dos des feuilles. Stamina. Côte est aussi le brin qui soutient les feuilles de l’accacia, par exemple, & des autres feuilles composées. On appelle côte branchue celle qui est divisée en branches.

On appelle en Guienne, tabac sans côtes, celui dont on ôte la nervure avant que de le filer, on y destine les meilleures feuilles, c’est-à-dire, celles qui sont au milieu de la tige.

Côte de soie. Soie de médiocre qualité. C’est ce qu’on nomme communément du capiton, ou du fleuret,

Côte, en Architecture, sont les listels qui séparent les cannelures sur le fût d’une colonne cannelée.

Côtes de Dôme, ce sont les saillies, qui excèdent le nu de la convexité du dôme, & la partagent seulement, en répondant à plomb aux jambes de la tour, & terminant à la lanterne : elles sont ou simples en manière de platebandes, ou ornées de moulures, comme la plupart des dômes de Rome. Stria media inter geminas striges.

Côtes de Coupe, sont des saillies qui séparent la douelle d’une voûte sphérique en parties égales. Costa. Elles sont quelquefois enrichies de compartimens. On appelle côtes de pierres, ou de marbre, les plus longs morceaux qui servent à incruster ; ils sont étroits, & plus épais que les simples tranches.

En termes de Marine, on appelle côtes, ou membres de navire, les pièces qui sont jointes à la quille, & qui montent jusqu’au platbord pour composer le corps du vaisseau. Elles sont de plusieurs pièces, & ont plusieurs noms, & consistent en varangues, fourcats, genouils & alonges.

Côte signifie aussi les rivages & les terres qui s’étendent le long du bord de la mer. Ora, littus. La France a plus de cinq cens lieues de côtes. Tel vaisseau a paru à la côte, sur la côte. Les gens de mer disent toujours côte, & jamais rivage, en parlant de la mer. On dit, la côte est saine ; pour dire, qu’il n’y a point de rochers. Côte fâcheuse, dangereuse, pleine d’écueils. Côte sous le vent, c’est la côte où le vent pousse le vaisseau. Côte en écorte, est une côte taillée en précipice. Alonger, ranger, râser la côte, c’est aller sur mer près de la côte. Etre jeté à la côte, cela se dit de ce que la mer rejette sur les côtes. Donner à la côte, aller à la côte, se dit d’un vaisseau qui touche à côte, qui s’approche trop près de la côte, qui périt pour toucher à la côte.

On dit qu’une côte court Est-Ouest ; pour dire, qu’elle va d’Orient en Occident. Ab Oriente ad Occidentem. Du Cange dit qu’en la basse latinité on a dit costa maris ; pour dire, côte de la mer.

On appelle Gardes-côtes, des navires armés en guerre qui croisent sur les côtes pour les défendre des Corsaires. Naves littorum, orarum custodes.

Le nom de côte se donne comme nom propre à plusieurs pays situés sur la mer. Costa rica, ou côte riche, Province de l’Audience de Guatimala dans la nouvelle Espagne. Côte des Caftes ou Cafrerie. Côte des dents. Ora dentium, partie de la Guinée en Afrique. Côte déserte, partie de la Cafrerie vers le Cap de Bonne-Espérance, entre le Cap do Infante, ou de l’Infant, & la rivière de même nom. On donne le même nom à une partie des Terres Magellaniques, du côté de l’Orient, entre la rivière de la Plata & le port désiré. Côte d’or, Ora aurea, la plus grande & la plus orientale partie de la Guinée. Côte de Grain en Afrique, depuis les bords de Rio Sestos jusqu’au-delà du Cap des palmes. Côte de Gènes en Italie. Côte de la Pêcherie, & non pas de Pêcheries, comme dit Maty, & après lui M. Corneille, Voyez Pêcherie.

Côte se dit encore pour le penchant d’une montagne, d’une colline. Declivitas. Aussi l’on dit une belle côte, une côte fertile & agréable. Une côte plantée en vignes, en bois. Maison bâtie sur la côte, sur le haut, au bas de la côte.

Mi-côte. Façon de parler adverbiale. Maison bâtie à mi-côte, & non pas à demi-côte, sur le penchant.

Côte rôtie. Colline de France, connue par les bons vins qu’elle produit. Ce nom lui vient de ce que le soleil semble la brûler de ses rayons, & y mûrit les raisins d’une façon particulière.

Côte de S. André, ou simplement la côte. Petite ville de Dauphiné, dans le Viennois, à cinq lieues de Vienne.

Côte-rouge. Espèce de fromage, que l’on tire de Hollande, dont la pâte est dure & serrée, comme celle du Parmesan d’Italie.

Côte-blanche. Autre sorte de fromage de Hollande, qu’on nomme aussi pâte molle, pour le distinguer de la côte-rouge.

Côte, terme de Conchiliologie. Les côtes sont des élévations plates & alongées que l’on voit sur certaines coquilles, comme sur les peignes.

Côte, en termes de Charcutier, se dit du boyau de porc, qui sert d’envelope aux divers ingrédiens qui entrent dans la composition du boudin & des saucisses.

Côte, terme de Vannier. On appelle côtes, dans les ouvrages de Vannerie, les nervures qui sont formées par l’entrelacement des menus osiers, autour des osiers plus forts, qui en sont comme la carcasse. Les côtes d’une hotte, &c.

☞ COTÉ. s. m. partie droit ou gauche du corps de l’animal, depuis l’aisselle jusqu’à la hanche. Latus. Côté gauche, côté droit. On se couche sur le côté. Recevoir un coup d’épée dans le côté. Le côté lui fait mal.

Côté se prend dans une acception plus générale de toute la partie droite ou gauche de l’animal. Boîter du côté droit, du côté gauche, des deux côtés. Il est perclus du côté gauche, de la partie droite du corps. Son ami marchoit à son côté, à ses côtés.

☞ On dit marcher à côté de quelqu’un, soit au propre, pour dire auprès, soit au figuré, pour dire, à peu-près son égal. Quand Louis fait la guerre, la victoire marche toujours à son côté.

Moi-même sur son trône à ses côtés assise,
Je suis à cette loi, comme un autre, soumise. Rac.

☞ Molière marche à côté de Plaute & de Térence. Dans le style familier, se tenir les côtés de rire, rire à gorge déployée.

☞ Et figurément, mettre quelque chose du côté de l’épée, mettre à couvert quelque gain qu’on a fait, quelque somme d’argent. On le dit ordinairement en mauvaise part d’un gain illégitime.

Côté signifie encore endroit, je ne sai de quel côté tourner. Quam in partem, &c. Voyez de quel côté vient le vent. Dans un sens figuré examiner de quel côté vient le vent, c’est examiner l’état des affaires pour se déterminer & prendre son parti en conséquence. Expression proverbiale, & du style familier. Les Mages virent l’étoile du côté d’Orient. Ab Oriente. Les Portugais ont trouvé le chemin des Indes du côté de l’Occident. Ab Occidente. Ce Général a fait semblant d’aller vers un tel lieu, mais il a tourné sa marche d’un autre côté. Aliò, aliorsum.

On dit par analogie le côté droit, le côté gauche d’un bâtiment. Les bas côtés d’une église sont les aîles basses qui sont à côté de la nef. Voyez Bas.

Côté, en ce sens, se dit non-seulement de ce qui est à droite & à gauche, mais aussi de tout ce qui est autour, aux environs. Undique, undecunque. Cette ville est assiégée d’ennemis de tous les côtés. Ce Prince est environné de tous côtés d’une foule de Courtisans. Un Surintendant ne voir de tous côtés que des demandeurs & des importuns. Ce malheureux est persécuté de tous côtés par ces créanciers, par toutes sortes de maux.

Ciel ! quel nombreux essain d’innocentes beautés
S’offre à mes yeux en foule, & sort de tous côtés ? Rac.

Côté, en terme de Marine, se dit des flancs du vaisseau. Latera. Stribord est le côté droit, bâbord est le gauche. On dit qu’un vaisseau a un faux côté, lorsque le vaisseau a un côté plus fort que l’autre. On dit aussi, qu’un vaisseau est sur le côté, lorsqu’il est échoué sur les sables, & qu’il est plus penchant d’un côté que d’autre. On le dit aussi, lorsqu’on l’a tiré à terre pour le radouber, & qu’on a été obligé de le renverser. On dit aussi, mettre le vaisseau côté à travers, ou mettre de travers, lorsque de gros temps on présente le côté au vent, & qu’on ne peut pas porter à route, ou lorsqu’on ne veut pas avancer dans un parage dangereux, en laissant aller le vaisseau à la dérive au gré des vents & des marées. Obliquè. Côté en travers, se dit aussi d’un vaisseau qui présente le côté à une forteresse pour la canonner. On dit encore donner le côté, présenter le côté. Le côté du vent est le côté d’où vient le vent, côté sous le vent, est le côté où le vent porte le vaisseau. Faux-côté, se dit d’un vaisseau qui a un côté foible, mal garni.

On dit qu’on a mis trente bouteilles sur le côté ; pour pour dire, qu’on les a renversées, couchées à terre après les avoir bues. Exhaurire. Cette bouteille est sur le côté ; elle est vide. On a jeté cet homme sur le côté ; pour dire, qu’on l’a enivré, & obligé de se coucher ; & même on le dit de ceux qu’on a tués.

☞ On dit aussi figurément & familièrement d’un homme dont les affaires sont en mauvais état, qu’il est sur le côté, res inclinata. On le dit de même d’un courtisan qui perd son crédit.

On dit au manège, porter un cheval de côté, pour dire, le faire marcher sur deux pistes, dont l’une est marquée par les épaules, l’autre par les hanches.

En Arithmétique on met d’un côté le diviseur, de l’autre côté le quotient. Hinc, illinc ; ex una exaltera parte. Le pal divise les deux côtés de l’Ecu. Utraque pars, utrumque latus.

☞ En géométrie, les côtés d’une figure sont ses lignes que forment son périmètre. Le côté d’un angle est une des lignes qui forment l’angle.

☞ Le côté d’une puissance est synonime à racine. Voyez Racine, en géométrie.

Côté signifie aussi partie d’une chose, les différens sens, les différens biais dans lesquels on peut prendre une chose, & en parlant des étoffes, l’endroit & l’envers. Toutes les étoffes ont le côté de l’endroit, & le côté de l’envers : il les faut regarder du bon côté ; il les faut couper de droit fil, & non pas de biais, pour les couper du bon côté. Les lunettes font voir d’un côté les objets plus grands, & de l’autre plus petits. Il y a des perspectives qui font voir d’un côté des objets agréables, & de l’autre des monstres.

☞ On le dit, dans un sens figuré, des différentes manières d’examiner les personnes & les choses, des différentes faces sous lesquelles on peut les considérer ; ainsi l’on dit prendre une chose du bon, du mauvais côté. In bonam, in malam partem accipere, interpretari. Les envieux ne regardent jamais les actions des hommes du bon côté. Ut oportet, ut decet. On l’a interrogé, on l’a pris par tous les côtés, partes in omnes, on n’a pu tirer la vérité de sa bouche. Il est impossible de corrompre ce Juge, de quelque côté qu’on le tente. Ce passage se peut entendre également bien des deux côtés, en quelque sens qu’on le prenne. In utrumque sensum accipi potest. On n’aime point à être montré d’un côté ridicule. Bell.

Mais eût-on d’autre part cent belles qualités,
On regarde les gens par leurs mechans côtés. Mol.

Côté. ☞ En Jurisprudence, signifie ligne de parenté. Parent du côté du pere, du côté de la mere. Côté paternel, côté maternel. Il est héritier d’un tel du côté du pere. Les propres maternels viennent du côté de la mere. Ex genere paterno, materno. On dit qu’un enfant est du côté gauche ; pour dire, qu’il est bâtard. Spurius. Cette façon de parler est tirée du Blason, parce que la marque de bâtardise dans les Ecus est une barre, ou filet, qui le taille ou divise, en prenant du côté gauche au droit.

Côté & ligne, sont termes qui se trouvent dans les articles 326 & 329 de la Coutume de Paris, qui expliquent quels sont les parens qui sont appelés à la succession des propres, dans cette Coutume & dans les autres, qui par une disposition semblable gardent le milieu entre les coutumes fouchères, & celles qui appellent à la succession des propres le plus proche parent du défunt, du côté paternel ou maternel, sans avoir égard s’il est le plus proche du côté & ligne de celui qui a mis le premier les biens dans la famille.

Côté signifie aussi un parti. ☞ Ainsi l’on dit être du côté de quelqu’un, être dans son parti. Stare ab, cum, ou pro aliquo ; partes alicujus tenere. Il faut se ranger du côté le plus juste, du côté de la justice, de la raison. Se mettre du côté des plus forts. Il est neutre, il n’est d’aucun côté, ni d’un côté ni d’un autre. Propensior in neutram partem. C’est dans ce sens qu’on dit qu’un homme a les rieurs de son côté.

A côté est quelquefois proposition, & quelquefois adverbe, & signifie au côté, à droite ou à gauche, & auprès. Se mettre à côté de quelqu’un. Donner à côté du but. Adverbialement marcher à côté. Quand vous serez arrivé en tel endroit, prenez à côté. Donner à côté, au propre & au figuré, c’est s’éloigner du but. Voyez But.

De côté. adv. de biais, de travers, obliquement. Aller, marcher de côté. Votre manteau est de côté. Ce château n’a qu’une vue de côté. Regarder de côté, dans un sens figuré, regarder avec mépris, ou avec colère. Limis oculis aspectare.

☞ Mettre une chose de côté, la mettre en réserve, pour en dérober la connoissance aux autres. Seponere.

Haut-côté. s. m. les côtés d’un mouton. Costæ vervecinæ.

COTEAU. s. m. ☞ n’écrivez pas côtau avec Ménage. Colliculus, petite élévation de terre en forme de colline, ou plutôt penchant d’une colline depuis le haut jusqu’au bas. Si le terrain élevé en plan incliné au dessus du niveau de la plaine, qu’on appelle côteau, a une certaine étendue, il prend alors le nom de côte. Côteau planté de vignes. Côteaux agréables, fertiles. On a appelé l’Ordre des côteaux une certaine société de débauchés délicats, qui ne vouloient du vin que d’un certain côteau. Et c’est apparemment eu égard à cela que la Bruyère a dit : qu’il y a des grands qui se laissent appauvrir & maitriser par des Intendans, & qui se contentent d’être gourmets ou côteaux, & d’aller chez Thaïs, ou chez Phryné. Boileau en a aussi parlé dans ses Satires, quand il a dit :

Sur-tout certain hâbleur à la gueule affamée,
Et qui s’est dit Profès dans l’Ordre des côteaux,
A fait, en mangeant bien, l’éloge des morceaux.

Voyez une Comédie sur ces côteaux faite par S. Evremont qui écrit Côteau lui-même. Cette Comédie est intitulée : Les côteaux ou Marquis friands. Il y décrit ainsi ces côteaux.

Léandre.

Je crois qu’en estimant la table de Tersandre,
Et celle de Léonte, on ne peut se méprendre.

Valere.

C’est un Côteau.

Oronte.

C’est un Côteau.Marquis, qui sont donc ces Coteaux ?

Valere.

Ce sont gens délicats, aimant les bons morceaux,
Et qui les connoissant, ont par expérience
Le goût le plus certain & le meilleur de France !
Des friands d’aujourd’hui, c’est l’élite & la fleur.
En voyant du gibier, ils disent à l’odeur,
De quel pays il vient. Ces hommes admirables,
Ces Palais délicats, ces vrais amis des tables,
Et qu’on en peut nommer les dignes Souverains,
Savent tous les côteaux où naissent les bons vins ;
Et leur goût leur ayant acquis cette science,
Du grand nom de côteaux, on les appelle en France.

S. Evremont.

COTELETTE, s. f. petite côte. Costa. Il ne se dit qu’en ces phrases. Des côtelettes de mouton, de cochon, de veau. On ne leur donne ce nom que lorsque l’endroit où sont les côtes, est séparé de l’animal, & que les côtes elles-mêmes sont séparées les unes des autres.

Les côtelettes de porc ; c’est un ancien droit que les Seigneurs de Bretagne levoient sur leurs sujets. Lobineau, T. I, p. 200.

COTELLE, s. f. sorte d’habillement des François, qui étoit en usage il y a quelques siècles. Borel croit que la cotelle étoit une espèce de juste-au-corps.

COTER v. a. marquer une pièce au dos ou une liasse d’un chifre ou d’une lettre, pour la trouver au besoin. Superscribere, inscribere. Ce sont les Notaires qui cotent & qui paraphent eux-mêmes les pièces d’un inventaire.

Coter signifie aussi marquer précisément. Scriptoris alicujus verba aferre, proferre. Il faut nous coter les textes où vous avez vu cette doctrine. Coter un chapitre, un verset, c’est marquer quel quantième il est.

Coter Procureur, terme de pratique. C’est déclarer par exploit que tel Procureur occupera pour celui qui fait donner l’exploit.

Coté, ée. part. Inscriptus, superscriptus.

COTEREAU s. m. Coterellus. Les cotereaux étoient des voleurs, des bandits, qui infectèrent le Languedoc & la Gascogne dans le XIIe siècle, sous Louis VII. Les Cotereaux se louoient comme les Brabançons pour faire la guerre, à ceux qui vouloient tirer vengeance d’une injure, & ravageoient tout le pays. C’est pour cela qu’on les appeloit aussi Brabançons, & peut-être que plusieurs n’étoient que Brabançons, c’est-à-dire des avanturiers, des bandits. Voyez Brabançon. Ou plutôt les Côtereaux étoient les fantassins des Brabançons ; car les Brabançons qui étoient fantassins, s’appeloient Cotereaux, & ceux qui servoient à cheval, Routiers. Le Concile de Latran sous Alexandre III, en 1179, les appelle encore Aragoniens, Navarrois, Basques & Triaverdins. Mais ni ce Concile, ni Baronius ne disent point qu’ils fussent hérétiques ; & ils les distinguent des Cathares ou Patarins & Publicains. Le Concile les condamne seulement aux mêmes peines que ces hérétiques. Comment donc certains Auteurs les confondent ils ? Favyn, Hist. de Nav., Liv. VII, p. 386, dit que ces gens étoient appelés Coutereaux, d’un vieux mot françois cotterie, c’est-à-dire, compagnie & société. Ce vieux mot françois se dit encore au même sens. Favyn écrit Couttereau & Cotterie. Quelques-uns, comme Chameau, dans son Hist. de Berry, écrivent Cothereaux, mais sans raison.

On donna aussi ce nom aux voleurs, depuis une émeute où les paysans avoient paru armés de bâtons ou de cotterets.

COTEREL. s. m. sorte d’arme ancienne dont il est parlé dans nos anciens Poëtes.

COTERIE. s. f. C’est un mot qui se dit dans plusieurs coutumes, qui se dit des compagnies & sociétés de villageois demeurans ensemble, pour tenir d’un Seigneur quelques héritages qu’on appelle tenus en coterie ; ce qui arrive particulièrement parmi les gens de main-morte. Societas.

On appelle aussi coterie, un héritage chargé d’une redevance roturière, qui est une terre vile, & une possession de main ferme ; ce qui est opposé au lieu noble tenu à fief & à cens : & on dit une terre cotière, un lieu cotier ou tenu cotièrement ; homme cotier, ou tenancier cotier, par opposition aux hommes de fief ou censiers. Prædium vectigalis annui plebeïo jure. Chose cotière ; tenant cotier, fief cotier, biens cotiers, héritage cotier.

Coterie se dit aussi parmi les artisans, d’un juré, ou d’un maître de confrérie à l’égard de celui qui est en même charge ; d’un ouvrier & manœuvre à l’égard de son camarade.

Coterie, en termes de conversation, ☞ se dit particulièrement des petites sociétés où l’on vit familièrement ; de certaines compagnies de quartier, de famille, de parties de plaisir à certains jours réglés. On fait souvent coterie avec ses voisins. Deux années ne passent point sur une même coterie : la jalousie de la beauté, ou d’autres intérêts dérangent bientôt la République. La Bru. Ces gens sont de même coterie. Il est familier.

Coterie s’est dit autrefois d’une société de paysans armés & révoltés qu’on appeloit cotereaux. Voyez ce mot. C’est de cette dernière signification qu’est venu l’usage de dire coterie pour société.

COTHURNE. s. m. C’est une espèce de soulier fort haut, ou une espèce de patin élevé par des semelles de liège dont se servoient les anciens acteurs des Tragédies sur la scène, pour paroître de plus belle taille. Il couvroit le gras de la jambe, & étoit lié sous le genou. Cothurnus. On dit que Sophocle en fut l’inventeur. Vigenère dit que c’étoit de grands brodequins liégés, sur lesquels les Acteurs des Tragédies étoient montés comme sur des échasses.

Cothurne se dit figurément du style pompeux & tragique. Ampullæ, sesquipedalia verba, stilus inflatus, magnificus, tragicus. Quitte ce langage tragique, & mets bas le cothurne. Ablanc. Mais quoi, je chausse ici le cothurne tragique ? Boil. c’est-à-dire je prends un ton trop haut & trop élevé. Euripide prenoit quelquefois le cothurne ; mais il ne montoit pas sur des échasses. S. Evr. Voilà des vers qui sont dignes du cothurne. Ce Poëte a chaussé le cothurne ; c’est-à-dire il s’applique à faire des Tragédies. Chausser le cothurne signifie aussi jouer des Tragédies.

COTICE. s. f. terme de blason, est une espèce de bande diminuée, plus étroite, qui n’a que les deux tiers de la bande ordinaire, qui n’occupe que la quatrième ou cinquième partie de l’écu. Tæniola, fasciola diagonalis. Elle se pose de même biais, tirant de l’angle dextre du haut au sénestre d’en bas. La cotice se met aussi en barre, tirant du côté gauche au droit, comme le filet de batardise. Pithou les appelle freteaux, parce qu’en effet les frètes sont des composés de cotices & de contre-cotices. Quand la cotice tient lieu de brisure, on la nomme bâton. On appelle un écu coticé, quand tout son champ est rempli de dix bandes de couleurs alternées.

COTIER. adj. on appelle en termes de marine, pilotes, cotiers, littorum, orarum peritus, ceux qui ont grande connoissance des côtes, des rades, des ports & rivages, par oppositions à pilotes hauturiers, qui gouvernent les vaisseaux en pleine mer, & en prenant la hauteur des astres. Il est aussi substantif. Ce pilote est bon côtier.

COTIER, IERE. Voyez ci-dessus Coterie, terme de coutume.

COTIERE. s. f. suite des côtes de mer. Il croisa pendant deux mois sur telle côtière.

Les jardiniers appellent aussi côtières, les planches qui sont le long des murailles bien exposées & qui vont ordinairement en talus. Acclivis & apricus pulvinus hortensis, secus murum. Ils mettent leurs belles tulipes dans les carreaux, & les simples couleurs dans les côtières.

COTIEREMENT. adv. d’une manière cotière, qui est différente de celle par laquelle on tient les biens noblement. Voyez Coterie, terme de coutumes.

COTIGNIAC ou COTIGNAC. Cotiniatum. Bourg de France dans la Provence, que quelques Géographes prennent pour l’ancien Maittaronium. Cotigniac est situé sur la rivière d’Argens, à trois lieues de Brignoles, à l’Occident. Cotignac tire un gros profit des figues & des autres fruits que l’on y prépare.

COTIGNAC. s. m. Confiture ou pâte faite de jus de coins & de sucre. Le bon cotignac se fait à Orléans. Cydoniatum, ou diacynodites. Le cotignac est astringent si on le prend à l’entrée du repas, il fortifie l’estomac, aide à la digestion, garantit la tête des fumées qui montent au cerveau après avoir bu ; au contraire, s’il est pris après le repas, il lâche le ventre insensiblement, & peu-à-peu, sans l’offenser. Le Maire, Hist. d’Orl. p. 34.

Ce mot vient de ce qu’il est fait ex malis cotoneis. On l’a dit par corruption de cotignat.

Cotignac se dit aussi de la pâte ou gelée de quelques autres fruits. On fait du cotignac de groseilles.

Cotignac de Bacchus, mot burlesque ; pour dire, du fromage. Caseus.

O doux cotignac de Bacchus,
Fromage que tu vaux d’écus ! S. Amant.

COTILLON. s. m. diminutif de cotte, partie de l’habillement des femmes. Petite juppe de dessus. On le dit particulièrement de celles des femmes du commun. Tunicula, crocotula. On a troussé son cotillon pour lui donner le fouet. On dit qu’un homme aime le cotillon, pour dire qu’il aime les femmes. Expression populaire.

.... Laissons la qualité,
Sous les cotillons des grisettes
Peut loger autant de beauté
Que sous les jupes des coquettes. La Fontaine.

Cotillons. s. m. pl. C’est le nom d’une contre-danse. Les cotillons se dansent à quatre ou à huit personnes, & chacun fait son personnage à son tour. Je veux que nous dansions ensemble le rigaudon, la chasse, les cotillons, la jalousie, & toutes les autres danses nouvelles. Regnard.

Et je veux avec vous danser les cotillons. Id.

Pour la danse, je ne crois pas que personne l’égale à danser les cotillons. S. Didier. Aujourd’hui on dit danser le cotillon au singulier.

COTINUS. s. m. plante. Voyez Fustet.

COTIR, v. a. froisser, meurtrir. Contundere. Il ne se dit guère que des fruits. La grêle a coti ces pommes, ces poires. La Quintinie prétend que cotir ou cottir, comme il écrit, est un terme populaire & barbare. Il est au moins populaire & peu usité, sinon dans quelques provinces.

COTI, IE. part. Des fruits cotis. Contusus. Des melons cotis, des pommes, des poires, des prunes coties.

COTISATION, s. f. division d’une somme qui doit être payée par plusieurs, pour sçavoir ce que chacun en doit payer pour sa part. Tributi in singula capita descriptio. Les tailles, subventions & autres charges se payent par les habitans, chacun selon leur cotisation. Il s’est fait une cotisation dans cette paroisse pour la subsistance des pauvres, pour laquelle chacun s’est cotisé volontairement.

COTISER, v. a. régler la part que chacun doit payer d’une somme qui est à lever sur quelque communauté. Tributum in provincias, in urbes, in familias, in capita describere, indicere, imponere. On cotise les personnes à proportion de leur bien, de leur industrie, de leur trafic. Chacun se cotise de bon gré selon ses facultés.

Cotisé, ée. part.

COTISSURE. s. f. Ce mot se dit du fruit, quand par sa chute ou autrement, il s’est froissé, meurtri. Contusio. La cotissure fait pourrir les fruits. La moindre cotissure empêche les fruits de se garder. Cotissure n’est guère plus usité que cotir.

COTITÉ. Voyez Quotité.

COTON. s. m. espèce de bourre de laine ou de filasse, qui environne la semence du cotonnier. Gossypium ; Xyli bombix, lanugo.

Coton, se dit aussi de l’arbre qui porte le coton ou la filasse dont on vient de parler. On l’appelle autrement Cotonnier. Voyez ce nom. Le coton croissoit autrefois seulement en Egypte ; & les sacrificateurs s’en faisoient faire des robes. Maintenant il en vient en Chypre, à Candie, en Sicile, dans la Pouille, & sur-tout aux Indes, où on en fait grand trafic. On fille cette matière ; & Pline appelle le fil qui en vient xilinum. On en fait de belles toiles de coton. On en fait aussi des bas, des couvertures, des matelas, des tapisseries & toutes sortes d’ouvrages. On dit des toiles de coton, des bas de coton, &c. Les belles indiennes ou toiles peintes des Indes, sont de coton. Les Indiens se servent particulièrement de coton. Le coton vient en grosses balles. On lit dans une nouvelle Relation de la Chine, qu’il y croît quantité de coton, & même de toutes sortes de couleurs.

Ménage dit que ce mot vient de cotonea, qui signifie la petite mousse qu’on voit sur les coins, qui ressemble au coton. Mais Nicod dit que les Arabes l’appellent cotum ou bombasum, d’où on a fait coton & bombazin. L’Arabe dit aussi Alcoton.

L’inflammation qui paroît aux blessures sur lesquelles on applique du coton au lieu de linge, décide assez de l’usage qu’on en doit faire dans la chirurgie. Leeuwenshœk, pour montrer non-seulement que le coton est la cause de cette inflammation, mais encore comment il en est la cause, a observé avec le microscope que le coton avoit deux côtés plats ; d’où il conclud que chacune de ses parties, comme il parle, a aussi deux côtés aigus ; que ces côtés aigus n’étant pas seulement plus minces & plus subtils que les globules dont les filamens charneux sont composes, mais étant encore plus fermes que toute cette chair globuleuse, il s’ensuit que quand on applique du coton à une blessure, ses côtés ne nuisent pas seulement aux globules de la chair qui est saine & entière, mais ils coupent encore la nouvelle matière qui y abonde pour produire de nouvelle chair, avec d’autant plus de facilité, que cette matière n’ayant pas encore atteint la fermeté & la consistence de la chair, n’est pas assez forte pour résister à ses atteintes ; au lieu que les petits morceaux de linge, dont on se doit servir, étant composés de petites parties rondes & fort serrées les unes contre les autres, sont, à cause de leur grand nombre, une masse bien plus grande, & ainsi ne sont pas capables de blesser les parties globuleuses de la chair.

On trouve dans les îles Antilles une espèce de coton ou cotonnier que les Sauvages appellent manoulou-akecha. Il croît de la hauteur d’un pêcher ; il a l’écorce brune, les feuilles petites, divisées en trois. Il porte une fleur de la grandeur d’une rose, qui est soûtenue par le bas sur trois petites feuilles vertes & piquantes qui l’enserrent. Cette fleur est composée de cinq feuilles qui sont d’un jaune-doré : elles ont dans leur fond de petites lignes de couleur de pourpre, & un bouton jaune qui est entouré de petits filamens de même couleur. Les fleurs sont suivies d’un fruit de figure ovale, qui est de la grosseur d’une petite noix avec sa coque. Quand il est parvenu à sa maturité, il est tout noir par dehors, & il s’en trouve en trois endroits, qui font voir la blancheur du coton qu’il resserre sous cette rude couverture. On trouve dans chaque fruit sept petites fèves qui sont la semence de l’arbre. Il y a une autre espèce de coton, qui rampe sur la terre, comme la vigne destituée d’appui : c’est celle qui produit le coton le plus fin & le plus estimé.

Coton se dit aussi du duvet qui vient sur quelques fruits & plantes, comme sur les coins & sur les bourgeons de vigne, Lanugo.

Coton se dit aussi, mais figurément, du premier poil follet qui vient au menton des jeunes gens avant la barbe. Lanugo.

Et ne tarderont ses conquêtes…
Qu’autant que le premier coton,
Qui de jeunesse est le message,
Tardera d’être à son visage,
Et de faire ombre à son menton. Malherbe.

On dit proverbialement : Cela jetera un beau coton ; pour faire entendre qu’une chose mal entreprise produira un mauvais effet, & qu’elle sera désavantageuse à ceux qui l’ont commencée. Cette façon de parler, quoiqu’elle ait passé de la ville jusqu’à la Cour, est basse & ridicule. Cail. On dit, jetter un vilain coton ; pour dire, ne faire rien qui vaille, en parlant d’un homme dont les affaires sont ruinées.

Coton. s. m. C’est le nom qu’on donne en Amérique aux petits d’un oiseau qu’on appelle Diable ou Diablotin. Les cotons sont couverts d’un duvet épais & jaune, comme les oisons, & sont comme des pelotons de graisse. Ils sont plus délicats que les Diables, mais si chargés de graisse, qu’ils la rendent, comme s’ils étoient pleins d’huile. Labat. Voyez Diable.

COTONINE. Voyez ci-après Cotonnine, sorte de grosse toile, & de pierre.

☞ COTONNER. v. n. Il se joint toujours avec le pronom personnel & signifie commencer à se couvrir de duvet, de bourre de coton. Flocculis Lanuginosis perpergi. Le Dict. de l’Acad. l’applique aux joues des jeunes gens qui se couvrent du premier poil follet. Ses joues se cotonnent. Il se dit peu dans cette acception. On le dit plus ordinairement des étoffes sur lesquelles il s’élève une certaine bourre. Cette étoffe, cette toile se cotonne ; & des fruits, pommes, poires, artichauds, &c. quand leur substance devient mollasse & spongieuse comme du coton.

COTONNÉ, ÉE. adj. Qui tient du coton, qui ressemble au coton. Gossipio similis, gossipium referens. Les étamines du Chamœrododendros sont plus ou moins colorées de purpurin, mais blanches & cotonnées à leur naissance. Tournefort, Acad. des sc. 1704, Mém. p. 347. Le ciel étoit fort brouillé, & la lune étoit couverte de nuages cotonnés, qui empêchoient de voir bien distinctement les taches de la lune. De la Hire. Ibid. p. 352.

COTONNÉ, ÉE. part. pass. & adj. Qui est plein & couvert de coton. Floculis lanuginosis perpersus. De toutes les fourrures, les plus communes à la Chine, sont celles de peau d’agneaux : elles sont blanches, cotonnées, & forts chaudes, mais pesantes, &c. P. le Comte.

☞ On appelle cheveux cotonnés, des cheveux courts & frisés comme ceux des Nègres.

COTONNEUX, EUSE. adj. mollasse & spongieux comme du coton. Il se dit seulement des fruits & des racines, qui commencent à s’amollir, & n’ont plus le même goût ni la même saveur que dans leur point de maturité. C’est en ce sens que l’on dit, des raves cotonneuses, des pommes cotonneuses, des pêches cotonneuses, des poires cotonneuses.

COTONNIER. s. m. Xylon, plante qui porte le coton. Le Cotonnier ordinaire, Xylon herbaceum, J. B. est annuel. On le cultive à Malte & dans plusieurs endroits du Levant. Sa tige est haute, environ de trois à quatre piés, droite, velue, un peu ligneuse, & presque toujours branchue. Ses feuilles sont alternes, & pareilles à celles du petit érable, mais moins fermes, plus velues & plus blanchâtres ; celles du bas de la plante sont arrondies & échancrées seulement en quelques endroits. Ses fleurs, qui naissent aux extrémités des branches, sont de la grandeur à peu-près & de la figure des fleurs de la mauve ordinaire ; elles sont jaunes sur les bords, pourprées dans leur fond. Le pistil, après que la fleur est passée devient un fruit gros comme une petite noix, divisé en quatre ou plusieurs loges, qui contiennent chacune plusieurs semences enveloppées d’une filasse blanche qui est appelée coton.

Le Cotonier, arbre, Xylon arboreum, J. B. diffère du précédent par la grandeur de toutes ses parties. Celui-ci est très-fréquent dans les Indes, & ne périt pas toutes les années : sa tige est haute de plusieurs piés, & donne des branches ligneuses, chargées de feuilles alternes, qui ne sont pas beaucoup différentes de celles du Ricin. Il n’y a presque que la consistance & la couleur qui les distinguent. Ses fleurs sont jaunes, & du diamètre des fleurs de la Mauve qu’on nomme rose d’outre mer ; son fruit est plus gros, mais la semence & le coton sont tout-à-fait semblables au précédent.

Cotonnier se prend encore pour l’Apocyn, qu’on nomme ainsi en Canada. Voyez Apocyn.

COTONNINE. s. f. grosse toile, dont la chaîne est de coton, & la trame de chanvre. On s’en sert pour les voiles des galères, & en certains pays pour les petites voiles des autres vaisseaux.

Albâtre cotonnine, pierre précieuse, espèce d’agathe, commune en Italie. Il y en a un beau tabernacle aux Carmélites de Lyon, fait à Florence en 1684, & donné par M. de Villeroy.

COTONNIS. s. m. pl. Les attlas cotonnis sont des satins qui viennent des Indes Orientales.

COTONS. s. m. pl. terme de marine. Ce sont des pièces de bois dont on se sert pour fortifier un mât, auquel en les joint étroitement.

☞ COTONAL, dans les Indes, est le Juge des affaires criminelles, Soubachi en Turquie, Daroga ou Daruga en Perse. Il ne peut faire mourir personne, qu’il n’ait envoyé un Courier au Roi, pour apprendre sa volonté sur le procès de celui qui mérite la mort. Ce Cotonal doit répondre de tous les vols qui se font dans la ville. C’est pourquoi il a des Archers qui font des Corps-de-garde, & qui y font la visite trois fois la nuit, à neuf heures, à minuit & à trois heures.

COTOYER, v. a. marcher à côté de quelqu’un. Alicujus latus tegere. Le premier Echevin côtoie le Prévôt des Marchands dans les cérémonies.

Côtoyer signifie aussi marcher le long d’une côte, d’un rivage, ou d’une autre chose étendue en longueur. Oram legere, littus radere. L’armée fut obligée de cotoyer long temps la montagne. Les galères côtoient le rivage, quand elles vont terre à terre. Les côtes de Malabar sont pleines de Corsaires qui les côtoient sans cesse.

CÔTOYÉ, ÉE. adj. en termes de blason, se dit lorsqu’une bande, côtice ou barre, est accompagnée de quelques autres pièces en même sens, & en même nombre, égale des deux côtés la principale des pièces. Stipatus.

COTRET. s. m. faisceau de morceaux de bois de moyenne grosseur, & liés par les deux bouts avec des harres. Ligni fasciculus brevior. Un bâton de cotret. Un cotret de hêtre. On dit, châtrer des cotrets ; pour dire, en ôter quelques bâtons. Les cotrets, soit de taillis, soit de quartier, doivent avoir deux piés de longueur sur dix-sept ou dix-huit pouces de circonférence. Ce nom a été donné à cette espèce de bois, parce qu’il est venu d’abord de la forêt de Villers-Costerets, ou Col de rets.

Ménage dérive pourtant ce mot du latin costrettum, qu’on a dit au lieu de constrictum, d’où les Italiens ont fait constreto, à cause qu’on les lie à deux endroits. D’autres le dérive du mot Danois got trehe, qui signifie bon bois.

On appelle figurément & burlesquement des coups de bâton, huile de cotret. On dit aussi d’un homme maigre & décharné, qu’il est sec comme un cotret.

On dit proverbialement : on vendra demain des cotrets à Paris ; pour signifier, que demain ne sera pas chommé, que c’est un jour ouvrable.

M. Huet croit que le nom de cotret pourroit bien être venu de la forêt Cotia, qui étoit proche de Compiegne.

COTRON ou COTERON. Voyez Cotteron.

COTTA. s. f. espèce de mesure de continence dont on se sert aux Maldives pour mesurer les cauris, c’est-à-dire, cette sorte de petites coquilles qui servent de monnoie en quelques endroits de l’Asie, & presque sur toutes les côtes d’Afrique. La cotta contient douze mille cauris.

Le Dict. Encyc. fait ce mot du genre masculin. Le cotta.

COTTE. s. f. partie du vêtement des femmes, qui s’attache à leur ceinture, & qui descend jusqu’en bas. Tunica, crocota. Il ne se dit plus qu’à l’égard des paysannes, ou personnes du peuple. Les Dames de qualité l’appellent jupe. On dit encore à l’égard des enfans ; levez votre cotte, troussez votre cotte.

Ménage après Scaliger, dérive ce mot du latin, crocota, dont parle Cicéron, qui est une espèce de jupe ou de robe de femmes, qui répond à ce que nous appelons cotte & cotillon. Du Cange dit que cota étoit un habillement propre aux Ecclésiastiques.

On appelle encore corps de cotte, le corps piqué que les femmes portent sous leurs robes, où elles attachent leurs jupes & leurs cottes. Tunicæ thorax.

☞ On dit donner la cotte verte, jeter une fille sur l’herbe, en folâtrant avec elle.

Cotte d’armes, en termes de blason, se dit d’un habillement que mettoient autrefois les Chevaliers sur leurs armes, tant à la guerre que dans les tournois, & qui se porte encore à présent par les Hérauts d’armes. Sagum. C’étoit un petit manteau qui descendoit jusques vers le nombril, ouvert par les côtés avec des manches courtes, comme des manches d’Ange, quelquefois fourré d’hermines & de vair, sur lequel s’appliquoient les armoiries du Chevalier, brodées en or & en argent, & avec de l’étain battu émaillé de couleurs, d’où est venu la règle de blason, de ne point mettre couleur sur couleur, ni métal sur métal. Ces couleurs étoient faites d’un étain battu & émaillé de rouge, de verd, de noir & de bleu ; ce qui leur a fait donner le nom d’émaux. Ces cottes d’armes étoient volantes, & souvent diversifiées de plusieurs bandes de couleurs différentes, alternes & mises en divers sens, comme les drapeaux sont encore écartelcs, ondes. & vivres. Ces sortes d’habits s’appeloient divisés, parce qu’ils étoient composés de plusieurs pièces divisées & cousues ensemble, d’où sont venus les mots de fasce, de pal, de chevron, de bande, de croix, de sautoir, de losange, &c. dont on a fait depuis les pièces honorables de l’Ecu. Les cottes d’armes & les bannières n’ont jamais été permises qu’aux Chevaliers & aux anciens Nobles.

Cotte de Mailles, ou Jaque de Mailles, est aussi une armure faite en forme de chemise, & tissue de petits anneaux de fer. Lorica hamis consita.

☞ COTTE-MORTE. Voyez Cote-morte.

COTTÉE. s. f. petit plongeon, espèce de Canard, Voyez Petit Canard.

COTTER. Voyez Coter.

COTTEREAUX. s. m. Voleurs, pillards & aventuriers, qui pilloient les Paysans, les Eglises & les Monastères, qui furent défaits en Berri du temps de Philippe Auguste, en l’an 1163, dont il est fait souvent mention dans les vieilles histoires. Prædones, raptores. Ils ont été aussi appelés Routiers & par les Auteurs latins Ruptarii, comme qui diroit Ecorcheurs. Voyez Cotereaux.

COTTERIE. Voyez Coterie.

COTTERON. s. m. petite cotte courte & étroite, qu’on met par dessous les jupes pour être plus chaudement en hyver. Tunicula, crocotula. Cotteron de ratine, d’ouâtte.

COTTIENNES, surnom d’une partie des Alpes qui est entre le mont Viso au midi, & le mont Cénis au septentrion, & comprend le mont Viso, le mont au col de la Croix, le mont Genèvre & le mont Cénis. Elles séparent le Dauphiné du Piémont. Alpes Cottiæ, ou Cottianæ. Elles ont pris ce nom d’un Seigneur de ce pays nommé Cottus ou Cottius, dont Suétone parle dans la vie de Tibère, & à qui Claude donna le titre de Roi l’an 44 de Jesus-Christ. Voyez ci-dessus Alpes.

COTTIER, ÈRE. Voyez Cotier.

COTTIÈREMENT. Voyez Cotièrement.

COTTIMO. s. m. terme du commerce de Mer, en usage dans les Echelles du Levant. C’est une imposition que les Consuls, par ordre de la Cour, ou du consentement des Marchands, imposent à tant pour cent sur les vaisseaux, soit pour le payement de quelques avances, soit d’autres affaires communes de la nation.

COTTION. s. m. Cottio. Certains Pénitens, appelés autrement Mangons, qui parurent au VIIIe siècle, vagabonds, qui couroient le pays tous nuds, chargés de chaînes, sous prétexte de pénitence. Le Capitulaire d’Aix-la-Chapelle en 789 sous Charlemagne, défend de souffrir les Cottions.

COTTIR. Voyez Cotir.

COTTISSURE. Voyez Cotissure.

COTULA. s. f. plante dont les feuilles sont petites comme celles de la camomille. Sa fleur est couronnée ou nûe, ses semences sont petites en forme de cœur, & ailées ; son calice est ordinairement en écailles. Dict. de James. On la dit vulnéraire & astringente.

COTUTEUR. s. m. Celui qui a une tutelle conjointement avec un autre. S’il y avoit plusieurs tuteurs nommés par l’acte de tutelle, sans diviser leurs fonctions, quoiqu’ils fussent convenus ensemble de séparer la gestion, & d’en exercer chacun la partie, chacun des deux ne laisseroit pas d’être tenu solidairement, tant pour la part qu’il avoit administrée, que pour celle de son Cotuteur. Institution au Droit François. La mère mineure de vingt-cinq ans, ne peut être donnée pour tutrice à ses enfans, encore qu’elle ait été nommée tutrice par le testament de son mari, sinon en baillant un Cotuteur, qui demeure responsable solidairement de l’administration par elle faite durant sa minorité. Auzanet.

☞ COTUY, ville de l’Amérique Septentrionale dans l’île de S. Domingue, environ à soixante lieues de la capitale.

COTYLE. s. f. mesure attique pour les liqueurs. Cotyla. On a supputé qu’une cotyle éroit égale à un demi-setier Romain. On prétend que l’hémine est la même mesure que la cotyle. La cotyle Romaine est de douze onces pour quelques liqueurs que ce soit. Savot. Si cela est, il y avoit autant de différentes cotyles, qu’il y a de liqueurs qui se vendent ordinairement ; ce qui ne doit pas étonner ; puisqu’en quelques pays plusieurs mesures de différentes grandeurs ont le même nom lorsqu’elles contiennent le même poids, quoique sous différens volumes. Fannius dit que la cotyle étoit la même chose que l’hémine, que c’étoit la moitié du setier.

At cotylas, quas, si placeat, dixisse licebit
Heminas, recepit geminas sextarius unus.

Chorier, Hist. du Dauph. L. II, p. 101, dit, que dans cette Province on appelle Cotovilli, & Cotillon, un pot de terre propre à tenir de l’huile, du vin, de Κοτύλη. Il ajoûte néanmoins que la cotyle étoit attribuée aux choses sèches, aussi bien qu’aux liquides, & que Thucydide dit en un endroit deux cotyles de vin, & en un autre deux cotyles de pain. Cet Auteur écrit cotule, mais l’usage est de dire cotyle. Voyez Vigenére sur Tite-Live, T. I, p. 1530. Il parle de la cotyle.

Cotyle. s. m. terme d’Anatomie, qui se dit des cavités extérieures des os qui sont grandes, environnées de bords épais, & dans lesquelles sont reçues les têtes apophyses des autres os qui y sont attachés ; comme celle qui est dans l’os de la hanche, ou ischion, qui reçoit la tête de l’os de la cuisse. Cotylæ. On l’appelle aussi acétabule, c’est-à-dire, godet.

COTYLÉDON. s. m. terme d’Anatomie, qui signifie, selon quelques-uns, l’orifice des veines qui sont répandues dans la cavité de la matrice, & sont gonflées de sang : & selon quelques autres, le placenta même qui est cave d’un côté, & convexe de l’autre. Cotyladon. On donne à ce mot diverses autres explications. Quelques Modernes disent avec plus de fondement, qu’il n’y a que les brebis & les chèvres qui ayent des cotylédons ; & ils donnent ce nom aux glandes qu’on trouve dans la matrice de ces animaux, qui sont creuses, & faites comme un godet ; d’où vient que les Latins les ont appelées acetabula.

Cotylédon. s. m. Cotyledon, ou Umbilicus Veneris, Plante qui croît dans des endroits humides, dans des fentes de rochers & sur les vieilles murailles. Sa racine est tubéreuse, charnue, ronde, & grosse comme un pois ; elle pousse quelques feuilles charnues, pleines de suc ; arrondies en forme de bassin, creuses dans leur centre, où viennent aboutir leurs queues. D’entre ces feuilles s’élève une tige arrondie, menue, longue d’un demi-pié, garnie de quelques feuilles anguleuses, rarement arrondies, & qui ont leurs queues placées à leur marge. Le haut de ces tiges est un épi de petites fleurs verdâtres, alongées en tuyau à cinq pointes, sans odeur. Le pistil qui s’élève du fond de leur calice, taillé en godet, devient un fruit composé de plusieurs petites gaines membraneuses, longues de quelques lignes, & qui en s’ouvrant dans leur longueur laissent tomber une semence très-menue, en forme de poussière.

Cotylédon vient d’un mot grec qui signifie une cavité, ce qui convient en quelque manière aux premières feuilles de cette plante. On attribue au Cotylédon les mêmes propriétés qu’à la rhubarbe, & on l’emploie aux mêmes usages.

Il y en a une espèce à fleur jaune, & qui a la racine tubéreuse, dont les feuilles sont vertes durant l’hiver, & se flétrissent au mois de Mai. On en trouve la figure dans les Mem. de l’Acad. des Sciences.

COTYLOIDE, adj. terme d’Anatomie, qui se dit des cavités profondes des os. La cavité cotyloïde de l’os du fémur. Voyez Cotyle.

Ce nom vient du grec Κοτύλη, mesure des Grecs appelée cotyle, & de εἶδος, forme, & signifie, qui a la forme d’une cotyle. Et on a donné ce nom à ces cavités, parce qu’elles ressemblent à la mesure des grecs appelée cotyle. Quelques Anatomistes écrivent cotile, & cotiloïde ; mais mal, en grec c’est Κοτύλη.

COTYTTÉES. s. f. pl. terme de Mythologie. Mystères de la Déesse Cotytto. Voyez l’art. suivant.

COTYTTO. s. f. Déesse de l’impureté. Cotytto. Elle étoit honorée à Athènes, où les Prêtres, qu’on nommoit Baptes, lui faisoient des sacrifices nocturnes. Probus croit qu’elle avoit été Comédienne ou Danseuse, & que les Baptes, ses Sacrificateurs, imitoient les mœurs de Cotytto par des danses lascives. Juvenal en parle, Sat. II, v. 91, & Horace, Epod. XVII, 58. L’Abbé de Marolles traduit Cotytto.

COU.

COU. s. m. on disoit autrefois : col, qui n’est plus en usage qu’en ☞ Poësie ou dans quelques phrases du langage ordinaire, pour éviter ; par exemple, la rencontre des voyelles. Ainsi l’on diroit col court, & non pas cou court. C’est la partie du corps humain, ou de plusieurs animaux, qui est entre la tête & le tronc du corps, qui joint la tête aux épaules. Collum. Les animaux qui n’ont point de poumons, ou de voix, n’ont jamais de cou, comme les poissons & les grenouilles. Sa partie extérieure par devant s’appelle la gorge, ou le gosier, & la partie supérieure de la gorge se nomme le morceau, ou la pomme d’Adam. Fauces. Le trou qui est entre les deux clavicules n’a pas de nom en françois ; en latin il s’appelle jugulum, & en grec σφαγή ; c’est-à-dire, meurtre, parce qu’il est fort aisé de tuer un homme par là. Le derrière du cou est appelé en latin cervix ; & le creux qui est entre la première & seconde vertèbre, s’appelle la nuque, & en latin fossa, ima cervix. Ce qui est au dessous s’appelle le chignon du cou, & par les Médecins epomis. Ses parties latérales commencent depuis le dessous des oreilles, & s’appellent parotides. Ses parties intérieures sont sept vertèbres, l’artère trachée, le larynx, les veines jugulaires, les artères carotides, le nerf intercostal, celui de la huitième paire avec le récurrent, & plusieurs muscles. Philoxène étoit un Philosophe si voluptueux, qu’il souhaitoit avoir un cou de grue, afin qu’il eût plus long-temps le plaisir de goûter le vin & les viandes.

On dit, qu’un homme a un cou de grue, quand il l’a grele & long. On dit d’un père qui flatte ses enfans dans leurs vices, qui leur met la corde au cou. On dit aussi pour assurer une chose, je veux avoir le cou coupé, pour dire, j’y gagerois ma tête. Couper le cou, est en France le supplice des Nobles qui ont commis quelque crime capital. C’est séparer la tête des épaules. Caput adscindere, cervicus resecare. A l’égard des Roturiers, on dit qu’ils seront pendus par leur cou ; pour dire, qu’ils seront étranglés avec une corde. Il en est tout autrement en Turquie, où l’on n’étrangle que les gens de qualité, ou de quelque distinction ; au lieu que l’on n’y coupe le cou qu’aux séditieux, au traîtres à l’Etat, & aux misérables. Et la raison de cela est qu’en général toute mort où il y a effusion de sang est ignominieuse parmi les Turcs. Du Mont. Voyages. On dit du Diable, quand il étrangle des Sorciers, qu’il leur tort le cou. On dit encore, qu’un homme prend ses jambes à son cou ; pour dire, qu’il se résout à partir sur l’heure pour faire quelque message, ou pour s’enfuir.

On dit aussi qu’une personne a sauté au cou de quelqu’un ; pour dire, qu’il l’est allé baiser, caresser, embrasser. In alicujus amplexum ruere ; qu’une mère a toujours ses enfans pendus à son cou, quand elle les caresse souvent. On dit aussi de ceux qui ont un grand fardeau sur les épaules, qu’ils en ont chargé leur cou. Cervicibus onus imponere.

On dit aussi qu’un homme s’est rompu le cou ; pour dire, qu’il est tombé & qu’il s’est blesse : & en ce sens, on le dit figurément de la fortune, ou des affaires. Ce marchand a tant fait de crédit, qu’il s’est rompu le cou, qu’il s’est ruiné. On a rompu le cou à ce projet ; pour dire, on y a mis tant d’obstacles, qu’on l’a empêché de réussir. En voulant s’élever trop haut, l’on tombe, & l’on se casse le cou. S. Evr. Il n’est point de mer si pleine d’orages, ni qui roule plus de vagues, qu’il s’élève de mouvemens dans une multitude, quand elle a la bride sur le cou. Vaug.

Cou se dit aussi de quelque partie des habits qui se mettent sur le cou, ou autour du cou. Le cou de ce pourpoint, de cette chemise est trop étroit, il étrangle. Thoracis collare, amiculum. Un mouchoir de cou, c’est le mouchoir que mettent les femmes sur le cou pour cacher leur gorge. Tour de cou, est un gros linge qu’on met la nuit sur le cou de peur de s’enrhumer. Colli amictus, amiculum. On appelle aussi un tour de cou une grosse gance, ou tresse qu’on coud au haut d’un manteau pour l’attacher.

Cou se dit aussi par ressemblance de plusieurs choses qui sont longues, menues ou étroites. Collum. Le cou d’une bouteille, d’un matras, ou instrument qui sert aux distillations de Chimie, qui a un cou fort long. On le dit aussi des passages étroits qui sont