Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/291-300

Fascicules du tome 2
pages 281 à 290

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 291 à 300

pages 301 à 310


aux globules voisines, ces globules le communiquent à d’autres jusqu’à nous. C’est en cela que consiste la lumière, Voyez Lumière.

☞ Enfin cette poussière, que nous avons nommée troisième élément, étant irrégulière, anguleuse, peut former des pelotons épais. Plusieurs parties s’attachent par leurs angles, s’emboîtent les unes dans les autres, encroutent peu à-peu le tourbillon ; & de ces croûtes épaissies, surtout le dehors, il se forme un corps opaque, une planète, une terre habitable.

☞ Cette grosse poussière, ces parties massives du troisième clément, dont la terre, les planètes & les comètes sont formées, s’arrangent en d’autres formes, en vertu du mouvement, & nous donne l’eau, l’air, les métaux, les pierres, les animaux, les plantes, en un mot, tout ce que nous voyons dans notre monde.

☞ Cet édifice de Descartes ne paroît à M. Pluche, ainsi qu’à bien d’autres, qu’un assortiment de pièces qui croulent. Il attaque le fabricateur du monde dans ses principes & dans les conséquences qu’il en tire. Il lui paroît singulier d’entendre dire que Dieu ne puisse pas créer & rapprocher quelques corps anguleux, à moins qu’il n’ait de quoi remplir exactement tous les interstices des angles. De quel droit, dit-il, ose-t-on borner ainsi la souveraine puissance ? Le vide même, ajoute-t-il, est nécessaire dans la supposition de Descartes. Car les poussières de toutes tailles qui viennent se glisser entre les globules pour remplir les petits vides qu’ils laissent entr’eux, ne se forment qu’à la longue. Les globules ne s’arrondissent pas en un instant. Cette pulvérisation est successive. Voilà les angles prêts à se briser : mais avant que la chose soit faite, voilà entre ces angles des vides sans fin, & nulle provision pour les remplir.

☞ De plus, dit M. Pluche, tout ce que nous découvrons dans la lumière & dans la structure de la terre, est entièrement incompatible avec l’architecture cartésienne.

☞ Selon Descartes, la lumière est une masse de petits globules qui se touchent immédiatement, en sorte qu’une file de ces globules ne sauroit être poussée par un bout, que l’impulsion ne se fasse en même temps sentir à l’autre, comme il arrive dans un bâton. Cependant la lumière du Soleil met 7 à 8 minutes à franchir les 33 000 000 de lieues qu’il y a du Soleil à la terre ; & il est certain par quantité d’observations que la communication ne s’en fait pas en un instant, mais qu’elle parvient plus vite sur les corps plus voisins, & plus tard sur les corps plus éloignés. La lumière de Descartes n’est donc pas la lumière du monde.

☞ M. Pluche fait ensuite la visite de la terre cartésienne, après s’être bien assuré qu’on y peut marcher en sureté, & la compare avec la nôtre. Dans la croûte de la première, il ne voit qu’une écume grossière, un amas de particules inutiles, sans destination, sans distinction, qu’aucune prudence n’a pris soin de rendre bonnes à quelque chose ; au lieu que dans la nôtre, il voit par-tout des matières excellentes, des nares d’une simplicité inaltérable & d’un service merveilleux. Dans son tour de promenade sur le globe de Descartes, il ne trouve pas que sa surface ait assez de beauté pour se dédommager de la crasse & de la pauvreté des dedans. Voyez dans l’Auteur même toutes les raisons qu’il apporte, quelquefois avec trop de vivacité, & même un peu d’humeur contre le systême de Descartes.

☞ Quant au reproche que fait M. Pluche, que l’athéisme paroît étayé par le Cartésianisme, il est plus mal fondé que les autres. Il faut être bien prévenu contre ce systême pour y voir jusqu’aux principes de l’athéisme. Les Athées admettent une matière incréée, éternelle. Descartes la suppose créée & mise en mouvement par Dieu. On peut voit dans Descartes même avec quelle force il réfute une aussi ridicule calomnie. Jamais Philosophe n’a paru plus respectueux pour la divinité, dont il s’est occupé à prouver l’existence. Se proposer les argumens des Athées pour les réfuter, ce n’est pas être Athée.

Le Cartésianisme a charmé les esprits, comme tous les systêmes nouveaux ; mais on en est bien revenu, & l’on ne trouve aujourd’hui guère plus de solidité dans les élémens du Cartésianisme, que dans les qualités occultes de la vieille philosophie. Malgré tout cela, il faut avouer que l’Auteur & le pere du Cartésianisme étoit un génie sublime & un Philosophe conséquent ; la connoissance qu’il avoit des Mathématiques lui a servi à purger la Philosophie de beaucoup de choses inutiles, & à expliquer d’une manière physique les effets de la nature. Le Cartésianisme a été prêt d’être interdit par arrêt du Parlement, & il l’auroit été sans la requête burlesque qui fut présentée au Premier-Président.

☞ Le pur Cartésianisme est le systême de Physique, tel qu’il a été proposé par Descartes, aujourd’hui abandonné par tous les Physiciens. Voyez Tourbillons simples.

☞ Le cartésianisme mitigé & rectifié, est encore soutenu par plusieurs Physiciens de réputation. Voyez Tourbillons simples.

CARTÉSIEN. s. m. Philosophe qui est dans les sentimens de Descartes. Cartesianus, Cartesii sectator.

M. de Ville a fait un Traité fait le sentiment des Cartésiens, touchant l’essence & les propriétés du corps, dans lequel, pour faire mieux rentrer les Cartésiens en eux-mêmes par la vue du péril où ils s’engagent, il fait voir que Calvin & les Calvinistes soutiennent les mêmes principes que Descartes & les Cartésiens touchant l’essence & les propriétés du corps. Journ. des Sav.

Cartésien, enne. adj. Qui appartient, qui a rapport à Descartes, ou à sa secte. Cartesianus. La doctrine Cartésienne est suspecte à bien des gens. Un Protestant de Gripswaldt, qui fit, il y a quelque temps, une dissertation sur la religion de Descartes, De Religione Cartesiii, dit que bien des Savans l’ont accusé d’athéisme : il tâche cependant de l’en purger ; mais il dit qu’il faut bien mettre de la différence entre Descartes & ses sectateurs. Que l’essence des choses dépende du libre arbitre de Dieu, c’est une chimère cartésienne, dont les peres sont fort éloignés. Mém. de Trév.

Cartésienne à la Boulonnoise. Sorte de soie qui vient de Milan.

CARTEYER. Voyez Cartayer.

CARTHAGE ou CARTAGE. Carthago. Ville d’Afrique très-fameuse dans l’antiquité, & qui disputa l’Empire du monde à Rome. Les sentimens des Anciens sont partagés sur le fondateur de Carthage, & sur le temps qu’elle fut bâtie. Appien, Liv. I, de Bello Punico, dit qu’elle fut bâtie 50 ans avant la prise de Troye. Philiste, Auteur de Syracus, que Cicéron appelle un petit Thucydide, & dont il est souvent parlé chez les Anciens, disoit, au rapport d’Eusèbe, qu’elle fut bâtie l’an 32e avant la prise de Troye, du temps du Juge Jaïr. Justin, L. XVIII, c. 5 & 6, dit qu’elle fut bâtie 72 ans avant Rome. Orosius a suivi Justin. Parerculus, L.I, c.6, dit que ce ne fut que 65 avant Rome. Denys d’Halycarnasse, L. I, rapporte de Timée Sicilien que ce fut 38 ans avant la première Olympiade ; ce qui revient à peu-près au sentiment de Paterculus. Josephe, dans son ouvrage contre Appion, cite Ephesius, qui avoit appris des Archives des Tyriens, qu’elle fut bâtie 143 ans 8 mois après le Temple de Salomon. Outre ce qu’Eusèbe rapporte de Philiste, il en parle encore à l’année 31e de David, p. 121, de l’édition de Scaliger, & dit que le sentiment de quelques Auteurs est qu’elle fut bâtie 133 ans après la guerre de Troye. Virgile suppose qu’elle fut bâtie peu après la prise de cette ville, car 7 ans après, lorsqu’Enée y arriva, elle étoit fort avancée, & la guerre de Troye se voyoit peinte dans le Palais de la Reine.

Quant au Fondateur de Carthage, Philiste disoit que ce furent Exore ou Xore, & Carchedon, tous deux Tyriens ; d’autres que ce fut Carchedon Tyrien, pere de Didon : d’autres que ce fut Didon sa fille. Justin & Paterculus disent que ce fut Elisse, fille du Roi de Tyr, & sœur de Pygmalion. Paterculus ajoute que quelques-uns croient qu’Elisse est la même que Didon. Virgile a suivi ce sentiment. Appien dit que l’opinion des Romains étoit que Didon avoit bâti Carthage.

Carthage a eu différens noms. Le Géographe Etienne de Byzance en rapporte quatre, sans parler de celui de Carthage, Cœnepolis, Καίνή πόλις (Kainê polis), Cadmée, Cadmea ; Καδμέα (Kadmea), Œnusse, Œnussa, Ὀινᴕσσα (Oinoussa) ; & Κάϰϰαβῃ (Kakkabê), Caccabe. Le premier & le troisième sont Grecs : Celui-là signifie Ville neuve, & celui-ci vineuse, comme si elle avoit produit beaucoup de vin. Les autres sont phéniciens. Cadmée vient de כדם, Kedem, qui en phénicien, comme en hébreu, signifie Orient & veut dire Orientale, parce qu’elle fut bâtie par des Orientaux. Κάϰϰαβῃ (Kakkabê), Caccabe, signifie en phénicien tête de cheval. La raison pour laquelle on l’appela Caccabe, ou tête de cheval, c’est qu’on trouva à l’endroit où on l’a bâti, une tête de cheval, qui parut d’un bon augure, & que l’on prit pour le pronostique d’un peuple guerrier & victorieux. Bochart, Chanaan, Liv. I, c. 24, pag. 514 & 515, croit que Κάϰϰαβῆ (Kakkabê), a été dit en grec par corruption pour Καρϰάβη (Karkabê), Carcabe ; qu’il vient de כר, car, & de רכבה recaba ; que כר, qui signifie en hébreu Chef, Commandant, aura été dit en phénicien par analogie pour la tête ; que רכבה, aura signifié un cheval, parce que רכב, racab, signifie en hébreu un cavalier.

La Citadelle de Carthage, s’appela Byrsa par les Grecs, qui, selon le même Auteur, au même endroit, p. 513, pour éviter la cacophonie, l’avoient fait de botsra, בצרה, qui en hébreu, & par conséquent en phénicien, signifie une fortification, munimentum.

Pour ce qui est du nom de Carthage, il est évident qu’il vient de קריאת, Kiriath, ou Kariath en hébreu, & Cartha en phénicien. Rochart, à l’endroit que j’ai déjà cité, p. 512, croit très-probablement que ce nom est en phénicien le même que celui qu’Etienne de Byzance lui donna en grec, Καινὴ ϖόλις (Kainê polis), ville neuve ; que les phéniciens la nommèrent קירתא חדתה, Kartha hadtha ; car les Chaldéens ont dit חדת, pour l’hébreu חדש, renouveller, que de Kartha, ou Cartada, comme l’on prononçoit, les Grecs firent Καρϰηδων (Karkêdôn), & de-là les Latins ont dit Carthago. Tous ces noms, & les restes de la langue carthaginoise, que S. Augustin & d’autres nous ont conservés, prouvent ce que toute l’Antiquité a reconnu, c’est-à-dire, que Carthage étoit une colonie des Phéniciens.

Carthage devint si puissante, qu’elle fut la maîtresse non seulement de la Lybie, mais encore de toutes les îles de la méditerranée qui étoient à sa bienséance, & d’une bonne partie de l’Espagne. Devenue rivale de Rome, elle soutint trois guerres contre cette fameuse République. Dans la seconde, qui dura 18 ans, la haine, le courage, l’habileté, l’expérience d’Annibal, l’en fit presque triompher ; mais la fortune changea : elle fut obligée de faire la paix à des conditions peu avantageuses ; & ayant voulu recommencer la guerre une troisième fois, Caton opina à la ruine entière de cette ennemie ; le Sénat suivit son avis : Scipion l’Emilien prit Carthage, & la rasa l’an de Rome 608. Dans la suite Auguste y envoya une Colonie de 3000 hommes. Adrien la rétablit, & la nomma Adrianopolis. Après l’établissement du Christianisme Carthage devint le siége d’un Archevêque. En 432, Genseric l’enleva aux Romains, & pendant cent ans elle fut le siége de l’Empire des Vandales en Afrique. Il nous reste beaucoup de médailles de Carthage. Toutes celles sur lesquelles on voit ces lettres, CAR. KAR. KART. KΔ. KE. KPTc. K. R. T. S. PK. SMK. SMKA. SMKE. SMNKAB, au jugement des Antiquaires, ont été frappées à Carthage.

Les Arabes ont entièrement ruiné Carthage. A trois lieues de Tunis, on en voit les ruines que les Africains nomment encore Bersack, de son ancien nom Byrsa.

S. Cyprien étoit Evêque de Carthage. Justinien établit à Carthage le siége d’un Prêteur pour l’Afrique. Les guerres de Carthage contre Rome s’appellent communément les guerres Puniques. On dit la première, la seconde, la troisième guerre Punique. Voyez Punique. Le gouvernement de Carthage étoit oligarchique ; mais durant la guerre, le Conseil donnoit aux Chefs une autorité absolue ; on croyoit cela nécessaire pour le succès des grandes entreprises. Carthage avoit 360 stades de tour.

Tant d’Auteurs ont parlé de Carthage, qu’il est difficile d’en faire le choix. Voici les principaux : Josephe, Antiq. Jud. Liv. VIII, c. 13, contre Appion, Liv. I. Solin, c. 27 ou 30. Justin. Liv. XVIII, c. 3 & suiv. Strabon, Liv. XVII. Pline, Liv. V, c. 4. Pontac, p. 305, 325, &c. de ses notes sur Eusèbe, Salien & Torniel à l’an du monde 2842 ; le P. Petau, De doctr. Temp. Lib. IX, cap. 63 ; & Rat. Temp. P. II, L. II, c. 13. Bochart, Chanaan, Liv. I, c. 23. Marmol, L. VI, c. 15, Vossius, De Idolol. Lib. I, c. 32.

Il y avoit aussi en Espagne deux villes de ce nom, fondées par les Carthaginois, qui y dominoient. L’une s’appeloit Carthage la vieille, Carthago vetus. Elle fut fondée par Hamilcar dans l’Espagne Tarraconoise, & dans les pays des Ilerciens. Quelques Auteurs veulent que ce soit Villefranche, & d’autres Cantaveja dans l’Arragon, sur les confins de la Catalogne & du Royaume de Valence. D’autres la placent au confluent de la Sègre & de l’Ebre. L’autre étoit Carthage la nouvelle, Carthago nova, qui porte encore le nom de Carthagène, formé de ce mot latin. Voyez Carthagène. On dit encore qu’Annibal en bâtit une en Arménie à laquelle il donna le même nom ; Etienne de Byzance en parle. Le Scholiaste d’Aristophane en place encore une en Thrace.

Carthage, est aussi un terme de Mythologie. Carthago. Cicéron, dans son 3e Livre de la Nature des Dieux, n. 42, dit que Carthage passoit pour être fille d’Hercule Tyrien, qui étoit fils de Jupiter & d’Astérie sœur de Latone, & qu’il est le quatrième de six Hercules qu’il distingue : Justin, L. XVIII, ch. 6, dit que la ville même de Carthage fut honorée comme une Déesse, tant qu’elle n’a pas été vaincue.

CARTHAGÈNE. Ville d’Espagne dans le Royaume de Murcie. Carthago nova. Cette ville fut bâtie par Asdrubal dans la Bétique sur la côte de la Méditerranée. Appien l’a confondue avec Sagunte. Polybe, Liv. X, p. 583, de l’édition de Casaubon, en fait une description fort détaillée. Tite-Live la décrit aussi Liv. XXVI, ch. 43, & Silius Italicus, Liv. XV, v. 220. Carthagène a un Evêché suffragant de Tolède.

Carthagène est aussi une ville de l’Amérique méridionale, dans le Royaume de Grenade, & capitale d’un Gouvernement qui porte son nom. Elle a un Evêché suffragant de Saint Fé de Bogota. Elle est située sur une presqu’Île qui ne tient à la terre que par une chaussée de deux cens pas de long. Carthagène fut bâtie en 1532, par Pedro Heredia. Il s’y fait un fort gros commerce. C’est là qu’on perce, & que l’on travaille les perles de la Marguerite. Quelques-uns l’appellent Carthagène nouvelle. Maty, Hoffman, Linschot, c. 8. Amer. Herrera, ch. 16.

Carthagène diffère du méridien de 5 h. 11′ 5″ occid. ou 77° 46′ 15″, c’est-à-dire, que sa latitude est de 302° 5′ 15″, sa latitude est de 10° 26′ 35″ Cassini.

CARTHAGINOIS, OISE. s. m. & f. Carthaginensis.

Qui est de la ville ou de l’Etat de Carthage. Tertullien & Térence étoient Carthaginois. Dans la troisième guerre Punique, les femmes & les filles Carthaginoises donnèrent leurs cheveux pour faire des cordages aux navires. Cicéron dit dans sa 16e Oraison, qui est la 2e, pro Lege Agraria, n. 94, que les Carthaginois étoient trompeurs & menteurs. Fides punica. Mauvaise foi, perfidie, parole de fourbe. On leur attribue l’invention de la machine de guerre appelée Bélier, & celle des galères à quatre rangs.

Ils avoient appris des Phéniciens, leurs pères, le culte de Saturne, auquel ils sacrifioient leurs propres enfans. Pour empêcher d’entendre les cris de l’enfant immole, on faisoit un grand bruit de flûtes & de tambours. Les mères y assistoient sans gémir : s’il leur échappoit quelques plaintes, elles étoient condamnées à l’amende, & l’enfant ne laissoit pas d’être immolé.

CARTHAGO. Ce nom qui est latin, & qui signifie Carthage, se donne à deux villes de l’Amérique méridionale, dont l’une est dans le Gouvernement du Popayan, & l’autre dans l’audience de Guatimala, & dans la Province de Gostarica, sur les confins de celle de Véragua. C’est un Evêché. Maty.

☞ CARTHAME. Voyez Cartame.

CARTIER. s. m. Ouvrier qui fait des cartes à jouer, ou qui en fait trafic. Lusoriorum foliorum opifex.

Cartier. C’est aussi le nom d’une sorte de papier, destiné à couvrir les jeux, ou les fixains de cartes à jouer.

CARTILAGE. s. m. Terme d’Anatomie. C’est la partie la plus dure de l’animal après les os. Cartilago. Il tient le milieu entre les os & la chair. Il est plus dur que la chair, & moins dur que les os. Les oreilles & le nez sont de vrais cartilages. Cartilago. Il y en a qui sont durs & qui deviennent osseux avec le temps comme ceux qui font le sternum. Les autres sont plus mous, & composent même des parties, comme ceux du nez & des oreilles, &c. Il y en a d’autres qui sont très-mous, & qui tiennent de la nature du ligament, ce qui les fait appeler cartilages ligamenteux. Il y a des cartilages de plusieurs figures, a qui on a donné le nom des choses auxquelles ils ressemblent : l’un est appelé annulaire, parce qu’il ressemble à un anneau ; un autre xyphoïde, à cause qu’il a la figure de la pointe d’un poignard ; un autre scutiforme, qui est fait comme un bouclier, & ainsi de plusieurs autres. Les cartilages n’ont ni membranes ni nerfs, & par conséquent point de sentiment. Les usages du cartilage sont d’empêcher que les os ne soient blessés par un froissement continuel ; de les joindre en plusieurs endroits par syncondrose, & de contribuer beaucoup à bien former plusieurs parties, comme le nez, les oreilles, la trachée-artère, les paupières & quelques autres.

Les cartilages d’une coquille, sont des ligamens qui attachent ensemble les deux pièces.

CARTILAGINEUX, EUSE. adj. Qui est formé de cartilage, qui est de la nature du cartilage. Cartilagineus. Les animaux ont plusieurs parties cartilagineuses.

CARTISANE. Terme de Broderie. C’est de la soie ou du fil délié, ou de l’or ou de l’argent dont on couvre un petit morceau de carte ou de parchemin qu’on met dans les dentelles & guipures.

☞ CARTO. Petite ville de Barbarie, sur la côte du Royaume de Barca, entre Salona & Alberton.

CARTON. s. m. Grosse carte. On en peut faire de papier collé & de papier haché & séché dans la presse. Charta spissior. Les livres en veau se relient avec de gros cartons. On fait des images & plusieurs sortes d’ouvrages avec du carton dans des moules.

Carton, en termes de Peinture, se dit des desseins qu’on fait sur de fort papier, pour les calquer ensuite sur l’enduit frais d’une muraille où on veut peindre à fresque. Charta crassior figuris pictis adumbrata. C’est aussi le dessein coloré pour travailler à la mosaïque, pour faire des tapisseries, &c.

Carton, en Architecture, est un contour chantourné sur une feuille de carton, ou de fer blanc, pour tracer les profils des corniches, & pour lever les panneaux de dessus l’épure. Operis Architectonici exemplar incisâ chartâ vel laminâ ferreâ adumbratum.

Carton. C’est sur la mer, le volume des cartes marines. Tabularum nauticarum volumen.

Carton, en termes d’Imprimerie, se dit d’un feuillet d’impression qu’on refait, à cause de quelques fautes qui s’y sont glissées, ou de quelques changemens qu’on y veut faire. Dans ce cas on déchire la partie de la feuille sur laquelle se trouve ce qu’on veut supprimer ; & l’on y substitue d’autres feuillets purgés de ces fautes, & ces feuillets se nomment cartons. Folium impressum denuo, vitiosi folii loco substituendum. On a refait plusieurs cartons de ce livre, pour en empêcher la censure. On a mis plusieurs cartons à ce livre.

Les Marchandes Lingères du Palais, appellent aussi des cartons, ces espèces de boîtes de cartes, avec un couvercle de même, dans lesquelles elles mettent les garnitures de tête, les engageantes, & autre linge fin & dentelles des Dames. ☞ On se sert aussi de ces mêmes cartons pour mettre des papiers & autres choses.

☞ CARTONNER, chez les Tondeurs, c’est couvrir chaque pli d’une pièce d’étoffe, d’un carton ou d’un velin, avant que de la presser & de la catir.

CARTONNIER. s. m. Ouvrier qui fait ou qui vend du carton. Spissiorum chartarum opifex.

CARTONNIÉRES. s. f. Espèce de guêpes. Nous devons la connoissance de ces industrieux animaux à des Voyageurs intelligens, qui nous ont apporté de l’Île de Cayenne des guêpiers avec les guêpes qui les avoient faits, bien conservées dans de l’eau-de-vie sucrée. Ces guêpes sont de l’espèce de celles que l’on appelle aériennes, parce qu’elles établissent leurs demeures en plein air. Leur guêpier est à la lettre une boîte de carton, faite en forme de cloche allongée, dont l’ouverture seroit fermée, & qui n’auroit pour toute entrée qu’un trou d’environ cinq lignes de diamètre à son fond. Cette boîte pend à la branche d’un arbre par une espèce d’anneau, qui n’est qu’une prolongation de la matière dont elle est composée. Abr. de l’Hist. des Insectes.

CARTOPHYLAX. Voyez Chartophylax.

CARTOUCHE. s. m. En Sculpture, c’est un rouleau de carte ou sa représentation, dont la sculpture & la gravure font divers ornemens, au milieu duquel on met quelque inscription ou devise, ou quelque ornement, des armoiries, des chiffres, &c. Voluta helix. Les titres des cartes géographiques sont écrits dans des cartouches fort historiés.

On appelle aussi cartouche en architecture, ces mêmes représentations qui se font de pierre, de plâtre ou de bois, & qui laissent au milieu un vide capable de recevoir quelque inscription. Clypeus, scutum.

Cartouche, se dit aussi, en jardinage, d’un ornement en forme de tableau avec des enroulemens, qui se répètent aux deux côtés ou aux quatre coins d’un parterre.

Cartouche, en termes d’Artilletie, gargouces, gargouges ou gargousses, est une charge d’arme à feu, enveloppée de gros papier ou de carton, pour charger plus promptement. Chartei ex arte globuli, scloporum glandibus, catenis, aliisque ferramentis inserti. Celles du canon sont ordinairement dans des cartouches de carton ou de fer blanc, qui sont des boîtes hautes d’un demi pied, & qui occupent la place du boulet dans la pièce, au calibre de laquelle son diamètre est proportionné. On remplit ces cartouches de petites balles, de clous, de mitraille de fer, afin que le coup écarte davantage. Le canon qu’on cache dans les flancs retirés se charge d’ordinaire à cartouches, pour faire plus de fracas sur les assiégeans. Celles des mousquets & des pistolets contiennent seulement de la poudre & du plomb enveloppé dans de gros papier : alors ce mot est féminin.

Cartouche est aussi une espèce de grenade ou boulet creux, qui est une boîte ronde remplie de balles de mousquet, qui s’ouvre à propos quand il est besoin. Granati bellici genus.

Cartouche. Terme d’Artificier. On appelle ainsi toutes sortes de boîtes de carton, cubiques, sphériques, cylindriques, ou mixtes, dans lesquelles on renferme les matières combustibles des artifices pour en déterminer & varier les effets ; en général les cylindriques sont les plus ordinaires. Ce mot est masculin chez les Artificiers, & feminin pour les charges des armes à feu : on dit dans l’exercice, déchirez la cartouche avec les dents. Ce mot vient de l’italien cartoccio.

Cartouche. s. m. C’est le nom d’un fameux voleur qui fut exécuté à Paris en 1711. De-là est venu que pour dire qu’un homme est un scélérat, on dit par un proverbe populaire, que c’est un vrai Cartouche.

CARTOUCHIEN. s. m. Voleur de la bande de Cartouche.

CARTOUCHIER. s. m. Terme de guerre. Espèce de petit coffre de bois couvert de cuir, que le soldat porte du côté droit, & où il met ses cartouches, ou charges de fusil, préparées au nombre de dix-huit ou vingt.

CARTULAIRE. s. m. Les cartulaires sont des papiers terriers des Eglises ou des Monastères, des Registres où sont écrits les contrats d’achat, de vente, d’échange, les privilèges, immunités, exemptions & autres chartes. Ces recueils sont ordinairement postérieurs à la plûpart des actes qui y sont contenus, & ils n’ont été faits que pour conserver ces actes dans leur entier. Les Compilateurs des cartulaires n’ont pas toujours été fidèles ; on y trouve quelques pièces manifestement fausses, ou corrompues, comme on le prouve en comparant les originaux avec les copies qui ont été enregistrées dans les cartulaires, ou en comparant d’anciens cartulaires avec d’autres plus nouveaux, où les mêmes actes se trouvent, & où quelques-uns de ces actes ont plus d’étendue que dans les anciens. Les ennemis des Moines ont remarqué de plus que les Monastères ont fait quelquefois confirmer leurs titres par les Princes & par les autres Puissances, en leur représentant que leurs anciens titres étoient si vieux qu’on avoit de la peine à les lire ; & alors, disent-ils, il est arrivé souvent que sous ce prétexte on en substituoit d’autres en la place des anciens. Il ne faut donc pas recevoir facilement & sans examen les actes qui ne se trouvent enregistrés que dans les cartulaires. Consultez là-dessus Acosta, Histoire des revenus Ecclésiastiques ; le P. Germon, dans son ouvrage sur la Diplomatique du Pere Mabillon, & ceux qui ont répondu à ces Ecrivains, tels que Dom Mabillon même dans son supplément, Dom Coustant, Dom Ruimart, Fontanini, &c. Voyez Chartulaire.

Cartulaire. s. m. Officier de l’Eglise Romaine. Gardien des chartes ou papiers de l’Eglise. Saint Grégoire le Grand envoya Hilaire, son Cartulaire en Afrique, pour tenir un Concile, & remédier aux désordres que causoient les restes des Manichéens & des Donatistes. Sur quoi M. l’Abbé Fleury, Histoire Eccl. Liv. XXXV, p.53, remarque que le Cartulaire n’étoit originairement qu’un Secrétaire Gardien des chartes ; mais qu’alors, c’est-à-dire au temps de saint Grégoire, il avoit juridiction dans les Provinces où il étoit envoyé & il cite le Glossaire de Du Cange.

CARVANSERAS. s. m. Maison publique ou hôtellerie que l’on trouve sur les chemins en Orient. Voyez Caravansera.

CARVELE. s. f. En termes de Marine on dit qu’un navire est mâté en carvele, lorsqu’il a quatre mâts sans mât de hune.

CARVI. s. m. C’est une plante qui a tiré son nom de la Carie, pays de l’Asie mineure, où les Anciens l’avoient remarquée. Sa racine est grosse, longue, blanche, d’un goût aromatique & un peu âcre. Ses feuilles naissent comme par paires, découpées menu le long d’une côte ; elles sont semblables aux feuilles de carotte sauvage. Ses fleurs font en parasol, composées de cinq petites feuilles, rondes, blanches ou rouges, disposées en fleur-de-lis de France. Sa graine est étroite, un peu longue, canelée sur le dos, d’un goût âcre & aromatique. C’est la partie de cette plante qui est le plus en usage : elle est stomachique & diurétique : elle dissipe les vents, aide la digestion, & fortifie le cerveau. Les Allemands & les Anglois s’en servent beaucoup ; ils en mettent dans les biscuits, dans les fromages, & dans d’autres sortes d’alimens. En latin carvi officinarum, ou cuminum pratense.

CARUS ou CAROS. s. m. Carus. Terme de Médecine. Affection soporeuse, profond assoupissement. Il y a différence entre le coma & le carus, en ce que dans la première de ces affections, les malades répondent quand on les interroge, ce qu’ils ne font pas dans la dernière. Il diffère de la léthargie, en ce que la fièvre accompagne la léthargie, & que le sentiment revient aux léthargiques quand on les pique, quand on les agite ; il est distingué de l’apoplexie par la liberté de la respiration, qui est toujours blessée dans l’apoplexie ; de l’épilepsie, en ce qu’il n’y a aucun mouvement, & qu’il n’y a point d’écume à la bouche dans le carus ; de la syncope, par le pouls qui est grand, par le teint du visage qui est vermeil, au lieu que le pouls est lent, & la face cadavéreuse dans la syncope ; de la suffocation hystérique, en ce que les femmes en cet état entendent & se ressouviennent de tout ; ce qui n’arrive point dans le carus. Dégori. Le carus est un long & profond assoupissement insurmontable, joint à la perte du sentiment, du mouvement & de l’imagination, mais avec liberté de respirer. La cause du carus est l’interruption des esprits animaux, causee par l’affaissement quand ils sont épuisés, ou par l’obstruction qui provient d’une humeur pituiteuse, froide & grossière, ou par compulsion à cause de quelque coup.

Le Caros, la cataphore, ou subeta d’Avicenne, le coma ou typhomania de Galien ; la paralysie ; la paraplégie, hémiplégie, &c. ne sont que des espéces différentes d’apoplexie dans un degré moins fort. Demouis, Acad. d’Ed. T. I, p. 317.

Le nom de carus vient du Grec ϰάρος (karos), qui veut dire, assoupissement avec pesanteur de tête.

CARYATE, ATIDE. s. m. & f. Caryates, atis. Habitant de la ville de Carye dans la Laconie. Les Caryates s’étant alliés aux Perses ennemis de la Grece, les Grecs assiégèrent leur ville, la prirent & la détruisirent, passèrent tous les Caryates au fil de l’épée, emmenèrent les Cariatydes captives, & après les avoir traînées en triomphe, ils ne permirent point aux femmes de qualité de quitter leurs habits longs, & leurs autres ornemens dans leur servitude. Et pour perpétuer leur honte & leur punition, les Architectes firent de leurs statues des pilastres, qu’ils nommèrent Cariatydes, & dont nous allons parler. ☞ Cet ornement, qui n’est rien moins que naturel, & par conséquent déraisonnable, fut goûté, par la douceur que les âmes foibles trouvent toujours dans la vengeance ; & l’imitation l’a perpétué en dépit du bon sens, & à la faveur de quelques grands maîtres qui ont travaillé dans ce goût là. Dans la salle des Gardes-Suisses au Louvre, il y a quatre Caryatides, qui soutiennent une Tribune. On en voyoit il y a quelques années à Bourdeaux dans le célèbre édifice qu’on appeloit les Piliers de tutelle. Voyez Vitruve, Liv. I, ch. 1.

CARYATIDES. s. f. pl. Terme d’Architecture. C’est une espèce de pilastre, ou de colonne, représentant des figures de femmes, vêtues de longues robes, dont les anciens se sont servis pour faire le fût de la colonne Ionique. Caryatides. L’origine de cet ornement est connue & rapportée par Vitruve, comme nous venons de le dire. Autrefois les Caryatides étoient représentées soutenant d’une main le fardeau dont elles étoient chargées, & laissant aller l’autre main en bas. Celles qui portoient des paniers ou corbeilles se nommoient Caniferæ, Cistiferæ. Il y a des Caryatides qui finissent en gaines.

CARYATIS. s. f. Surnom de Diane, en l’honneur de laquelle les jeunes filles de la Laconie s’assembloient dans le temps de la récolte des noix, & célébroient une tête appelée Caryes.

CARYBDES & CARYBDIS, ou CHARYBDE & CHARYBDIS. Nom d’un gouffre du détroit de Messine, vis-à-vis du rocher appelé Scylla. Cluvier le décrit, Sicil. Ant. p. 64 & suiv. Ce lieu s’appelle aujourd’hui Capi di faro, ou Capo faro, à cause d’un phare qu’on a placé là. Les Poëtes feignent que Carybde étoit une femme, grande laronnesse, qui déroba les bœufs d’Hercule, & que Jupiter en punition de ce larcin frapa de la foudre, & changea en ce gouffre, qui attire encore & qui engloutit tout. Les eaux de ce gouffre tantôt bouillent comme les eaux sur le feu ; tantôt elles sont agitées violemment en tourbillon, & alors elles absorbent infailliblement les vaisseaux qui y passent. On s’en tire plus aisément quand elles ne font que bouillonner. Une longue expérience a appris que jamais les bouillonnemens ne sont plus violens que lorsque le nord-est souffle. Alors le gouffre pousse les eaux avec violence en l’air, & en forme de colonne. Frédéric, Roi de Sicile, fit descendre dans ce gouffre un fameux plongeur, que l’on nommoit Nicolas Pescecola ou poisson à cause de son habileté à nager & à plonger. Il rapporta 1° Qu’il avoit senti l’eau sortir du fond avec tant d’impétuosité, qu’il n’étoit pas possible à un homme d’y résister ; qu’ainsi il avoit été obligé de prendre des détours pour y arriver. 2°. Qu’il y avoit trouvé un grand nombre de rochers. 3°. Des Euripes ou des courans très-violens contraires les uns aux autres, & très-dangereux. 4°. De très-grands troupeaux de poissons appelés Polipes, plus grands que des hommes, & qui avoient de longs cheveux ou filamens dont ils auroient infailliblement tué un homme qu’ils en eussent entouré. 5°. Une infinité de grands chiens marins, carchariæ, qui avoient trois rangs de dents très-afilées qui les rendoient terribles. Ce Plongeur étant retourné une seconde fois dans ce gouffre, par l’espérance de la récompense que le Roi lui promit, il y périt, & ne reparut plus. Voyez le P. Kirker, Mundus subt. L. II, c. 15 & 16.

Les Poëtes ont beaucoup parlé de Scylla & de Carybdis ; & on dit en latin qu’un homme est tombé de Carybde en Scylla ; pour dire, qu’en voulant éviter un danger, il est tombé dans un plus grand.

Incidit in Scyllam cupiens vitare Carybdim.

C’est ainsi que le plus souvent,
Quand on pense sortir d’une mauvaise affaire,
On s’enfonce plus avant :
Témoin ce couple, & son salaire.
La Vielle au lieu du coq les fit tomber par là,
de Carybde en Scylla.

La Font. Fab. 6, liv. 5.

Bochart, dans son Chanaan, ou Liv. II de la Géographie sacrée, tire son origine de l’hébreu, ou phénicien, חור אבדן, hhor obdan ; c’est-à-dire, foramen perditionis, Trou ou gouffre de perdition, & veut par conséquent que ce soient les Phéniciens qui aient donné ce nom à cet endroit du détroit de Messine.

CARYE. s. f. Caria. Ville de la Laconie dans le Péloponèse, qui fut détruite par les Grecs, pour avoir pris le parti des Perses contre la Grèce. Etienne le Géog. Vitruve, Liv. I, c. 1.

CARYES. s. m. pl. Fêtes en l’honneur de Diane Caryatis.

CARYOCOSTINUM. s. m. Terme de Pharmacie. C’est un électuaire purgatif qui prend son nom des girofles, appelés en latin caryophilli, &c du costus, lesquels entrent dans sa composition. Il est bon pour les gouttes bilieuses.

CARYOPHYLLATA. s. f. Plante. Voyez Benoîte.

CAS.

CAS. s. m. Accident, événement fortuit. Casus. Personne n’est responsable des cas fortuits. Les orages, les tremblemens de terre, sont des cas fortuits que la prudence humaine ne peut prévoir, & auxquels on ne peut résister.

Ce mot vient du latin casus, de cado.

☞ Le Dict. de l’Acad. Fr. dit cas, accident, avanture, conjoncture, occasion. Ces mots ne doivent point être confondus, ni pris indifféremment l’un pour l’autre.

Occasion, selon M. l’Abbé Girard, se dit pour l’arrivée de quelque chose de nouveau, soit que cela se présente, ou qu’on le cherche, & dans un sens indéterminé, pour le temps comme pour l’objet. Occurrence se dit uniquement pour ce qui arrive sans qu’on le cherche, & avec un rapport fixé au temps présent. Conjoncture sert à marquer la situation qui provient d’un concours d’événemens, d’affaires ou d’intérêts. Cas s’emploie pour indiquer le fond de l’affaire, avec un rapport singulier à l’espèce & à la particularité de la chose. Circonstance ne porte que l’idée d’un accompagnement, ou d’une chose accessoire à une autre qui est la principale.

On connoît les gens dans l’occasion. Il faut se comporter selon l’occurrence des temps. Ce sont ordinairement les conjonctures qui déterminent au parti qu’on prend. Est-il des cas où la raison défend de consulter la vertu ? La diversité des circonstances fait que le même homme pense différemment sur la même chose.

Quoique tous ces mots s’unissent assez indifféremment avec les mêmes épithètes, il semble pourtant qu’ils en affectent quelques-unes en propre. On dit quelquefois avec choix, une belle occasion, une occurrence favorable, une conjoncture avantageuse, un cas pressant, une circonstance délicate ; & l’on ne diroit pas une occasion heureuse, une occurrence délicate, une belle conjoncture, un cas avantageux, une circonstance pressante.

Cas signifie aussi matière, fait, condition stipulée qui s’exécute, lorsqu’il arrive une chose qu’on prévoit qui peut arriver. Dans les contrats on se précautionne selon les divers cas, comme en cas de guerre, de perte, de stérilité : en cas de mort, en cas de récidive, le cas avenant qu’on soit dépossédé. Le dépôt volontaire ne se prouve par témoins qu’en trois cas, incendie, ruine, naufrage. On met indifféremment en cas, ou au cas, lorsqu’il est suivi d’un que : en cas, ou au cas qu’il meure. Mais quand il est suivi d’un substantif, l’on se sert toujours d’en cas, en cas de mort, Bouh.

Je fais des vers assez passablement :
Mais après tout je suis un pauvre Prêtre,
En cas d’amour.

Cas, signifie encore une chose qui convient à quelqu’un. N’allez pas chercher plus loin, c’est là votre cas, votre fait. Il est populaire.

Cas, en termes de Jurisprudence, c’est l’espèce d’une loi. Les loix sont bonnes en un cas, & ne le sont pas en l’autre. Ce n’est pas là le cas ; l’espèce de la loi que vous citez.

Cas se dit encore en style du Palais en plusieurs formules. On a observé les formes en tel cas requises & accoutumées. Il a été condamné pour les cas résultans du procès ; c’est-à-dire, pour plusieurs choses dont il y avoit preuve au procès. On met dans les lettres de Chancellerie, si le cas y échet, c’est-à-dire, s’il y a lieu. Selon l’exigence des cas ; selon le mérite des affaires.

Cas se dit aussi au Palais d’une certaine nature d’affaires de délits, de crimes. Les cas Royaux & Prévotaux, sont de certains crimes dont connoissent les Juges Royaux & Prévotaux, à l’exclusion des Juges subalternes, ou Juges non Royaux, comme fausse monnoie, rapt, port d’armes, infraction de sauve-garde, &c. En matière civile, comme le possessoire des bénéfices, le délit fait dans les forêts du Roi, les causes de son Domaine, les Eglises de sa fondation, &c. sont des cas Royaux. Les cas Prévotaux doivent être jugés prévotalement, c’est-à-dire, en dernier ressort, & sans appel ; mais les cas Royaux qui ne sont que Prévotaux, doivent être jugés par les Baillifs & Sénéchaux, à la charge de l’appel. Les cas Royaux ont beaucoup plus d’étendue que les cas Prévotaux : car tous les cas Prévotaux sont des cas Royaux ; mais tous les cas Royaux ne sint pas des cas Prévotaux. Voyez l’explication des cas Royaux & des cas Prévotaux, dans les Art. 11 & 12, T. I de l’Ordonnance de 1670.

On dit aussi à l’égard des Ecclésiastiques, le cas privilegié, pour opposer au délit commun. Casus juris præcipuus, singularis. L’Official juge le Prêtre pour le délit commun ; mais le Juge Royal connoît des cas privilégiés, c’est-à-dire, lorsqu’il y a quelque crime qui mérite peine corporelle (attendu que l’Eglise ne condamne point à peine afflictive.) Quelques-uns prétendent que l’adultère est un cas privilégié, & dont la connoissance est aussi attribuée au juge séculier, privativement au Juge ecclésiastique. Si un Ecclésiastique est surpris portant les armes, il ne peut point non plus demander son renvoi devant le Juge d’Eglise. On dit aussi des affaires qui se font extraordinairement en considération du mérite de quelque personne, ou de quelque circonstance importante, que c’est un cas privilégié, qu’il ne tire point à conséquence.

Cas, ou cas de conscience, en termes de Théologie, se dit des actions des hommes considerées par rapport à la conscience. ☞ Le cas de conscience est une difficulté sur ce que la Religion permet ou défend en certains cas. C’est une question relative aux devoirs de l’homme & du chrétien, dont il appartient au Théologien, nommé Casuiste, de peser la nature & les circonstances, & de décider selon la lumière de la raison, les loix de la société, les canons de l’Eglise & les maximes de l’Evangile. Casus conscientiæ ou simplement casus. Res ad conscientiam, ad mores pertinens. Ce Docteur est savant dans les cas de conscience. Il enseigne les cas.

Cas réservés, sont certains péchés considérables dont les Supérieurs Ecclésiastiques se réservent l’absolution, à eux-mêmes ou à leurs Vicaires. Dans les Communautés Religieuses il y a des cas réservés par les Chapitres, ou par les Supérieurs. Parmi les cas réservés, il y a des cas réservés au Pape, des cas reservés à l’Evêque, ou à ses Vicaires Généraux ; c’est-à-dire, qu’il n’y a que le Pape, ou ceux qu’il commet, ou bien qu’il n’y a que l’Evêque & ses Vicaires qui puissent en absoudre, excepté à l’article de la mort. Voyez sur les cas réservés le Concile de Trente, Sess. XIV., c.7 de Rés. & Can. 11.

☞ Les réservations sont différentes suivant l’usage des Diocèses. Le Pénitencier est établi principalement pour absoudre des cas réservés. Mais à l’article de la mort, tout Prêtre peut absoudre celui qui se trouve en cet état, de tous les cas, pourvu qu’il ait donné quelque signe de pénitence.

Cas signifie aussi, estime. Prætium estimatio. Faire cas de quelqu’un, c’est l’estimer, en penser favorablement. En faisant trop de cas de soi-même, on pêche contre la vraie modestie. On fait cas de cet Avocat, il a de beaux talens. On fait cas des gens heureux qui peuvent servir, & on méprise les misérables. Le Ch. de M.

Cas se dit populairement, pour excrémens. Faire son cas en quelque endroit.

Cas se prend aussi quelquefois pour chose. Res. Cas étrange, mais vrai pourtant. Voit.

L’ame est d’enhaut, & le corps inutile
N’est autre cas qu’une basse prison,
En qui languit l’ame noble & gentille. Marot.

Cas, en termes de Grammaire, se dit ☞ des différentes inflexions ou terminaisons des noms. L’on a regardé ces terminaisons comme autant de chûtes d’un même mot : Ainsi le mot cas se prend ici dans un sens figuré & métaphorique. Casus. Il y a six cas, le nominatif, le génitif, le datif, l’accusatif, le vocatif & l’ablatif. En françois, ils ne diffèrent que par l’apposition des articles ; en latin, par la terminaison. ☞ Le nominatif, c’est-à-dire, la première dénomination tombant, pour ainsi dire, en d’autres terminaisons, fait les autres cas, qu’on appelle obliques. Ces terminaisons sont aussi appellées désinances : mais cas est l’espèce qui ne se dit que des noms ; car les verbes ont aussi des terminaisons différentes. On dit communément que les Grecs n’ont que cinq cas. Ceux qui ont écrit sur les langues dans ces derniers siècles, ont presque toujours donné six cas aux noms de toutes les langues, parce qu’ils ont suivi les idées auxquelles ils étoient accoutumés. Le P. Galanus dit que la langue arménienne a dix cas, & qu’outre les six cas ordinaires, elle en a un pour marquer l’instrument dont on se sert pour quelque chose ; un qui sert aux narrations, & qui désigne le sujet dont on parle ; un qui marque qu’une chose est dans l’autre ; un enfin qui marque la relation qu’une chose a avec quelque autre. Il y a quelques Auteurs qui n’en donnent que trois à la langue arabe, parce qu’il n’y a que trois terminaisons différentes, qui sont on, in & an. Pour accorder les sentimens différens des Auteurs, il faut distinguer ; car si par le mot cas on entend seulement un changement qui arrive à un nom, il y aura autant de cas qu’il arrive de changemens aux noms dans le même nombre ; & il semble que c’est-là proprement ce qu’on entend par le mot cas, puisque ce mot dans son origine grecque ou latine, signifie chûte, ou terminaison, πτῶσις, casus : ce sera la même chose si le changement se fait au commencement du mot. Suivant ce principe, on voit qu’il n’y aura pas le même nombre de cas dans toutes les langues. Mais si par le mot cas on entend toutes les modifications différentes, & tous les rapports de la chose exprimée par un nom, il y aura autant de cas qu’on pourra imaginer de modifications & de rapports dans une chose : ce qui va à l’infini.

Il ne paroît pas que ce soit-là la notion que les Grammairiens ont donnée du mot cas ; mais ils n’en ont pas donné une notion claire qui en formât une idée juste ; ou ils se sont écartés de la notion qu’ils en avoient donnée : car ils ne laissent pas de compter cinq cas dans tous les nombres des noms de la langue grecque, & six dans tous les nombres de la langue latine, quoique plusieurs de ces cas soient semblables, comme le génitif & le datif sinçulier de la première déclinaison des latins, le datif & l’ablatif de la seconde, &c. le génitif & le datif du duel des noms grecs, &c. Il est plus conforme aux principes de sa Grammaire, qui ne considère les mots que matériellement, de marquer autant de cas différens qu’il arrive de changemens à la fin d’un non, dans le même nombre. En effet, c’est s’exprimer mal que de dire, par exemple, que du pere est le génitif du nom pere, & qu’au pere en est le datif ; car du & au ne font point partie du nom pere : ce ne sont point des chûtes, des terminaisons ; ce sont des articles ou des modificatifs qui marquent les différentes relations du mot pere. Il faut dire la même chose des cas des noms dans les langues italienne, espagnole, portugaise, angloise, &c. Il n’en est pas de même du mot grec πατρός, ou du mot latin Patris, qui sont de véritables cas des mots πατήρ, & pater, desquels ils sont différens : il en est de même des noms des langues hébraïque, arabe, arménienne, polonoise, allemande, &c. lesquels dans le même nombre reçoivent des changemens à la fin d’un mot. Tous les changemens qui se font au commencement sont des prépositions, ou quelques particules équivalentes ajoutées au mot, pour marquer quelque rapport.

Cas est aussi une espèce d’interjection ou d’adverbe admiratif. Mirum est. C’est grand cas que les hommes ne se corrigent point par les fautes d’autrui. Expression qui n’est pas d’usage.

Cas se dit encore adverbialement en ces phrases, Au cas, pour dire, si. Au cas que cela arrive, si id contigerit. Au cas que vous eussiez cette idée, quand même vois n’adhéreriez pas intérieurement à cette doctrine, vous êtes trop éclairé, pour croire que vous puissiez, sans un très-grand scandale, vous faire un honneur de la soutenir. En tout cas ; pour dire quelque chose qui arrive, de quelque manière que les choses tournent, au moins si la chose ne réussît pas, on fera telle & telle chose. Saltem, ad minimum. Posez le cas que, on met un subjonctif après ; pour dire, supposé que telle chose arrive. Fac. En ce cas ; pour dire, alors ; les choses étant ainsi, en cette occasion, à cette condition, en cette supposition. Tum.

On dit aussi, en cas, pour désigner quelque chose particulière. En cas de fruits ; pour dire, quant aux fruits, je n’en mange point de crus, &c. En cas de chevaux, en fait, en matière, on trompe sans scrupule. Il est du style familier.

Cas se dit proverbialement en ces phrases. Au cas que Lucas n’eut qu’un œil, sa femme auroit épousé un borgne, pour se moquer de ceux qui prévoient trop d’accidens, qui demandent trop de conditions. On dit aussi, vous mettez trop de si & de cas en cette affaire ; pour dire, vous demandez trop de précautions, vous entrez en trop de particularités. On dit aussi d’un homme que son cas est sale, vilain ou véreux ; pour dire, qu’il est en danger pour quelque crime ou quelque mauvaise affaire. On dit aussi, tous vilains cas sont reniables. Cas sur cas n’a point de lieu ; pour dire, que quand une chose est saisie pour une cause, on ne peut la saisir pour une autre cause, Jusques à ce qu’il ait été jugé & décidé de la première saisie.

Cas. s. m. C’est ainsi qu’en langue malaye, on appelle une petite monnoie des Indes, partie de plomb & partie d’écume de cuivre, qui se fabrique dans la Chine. Son nom chinois, qui est le véritable, est Caxa.

CAS, CASSE. adj. Cassé, mal articulé, enroué. Une voix casse. Vox fusca.

As-tu pris garde, il parlait d’un ton cas,
{{mpomComme je crois que parle
La famille de LuciferLa Font.}}

C’est ainsi qu’il faut lire, & non pas, il parlait d’un ton bas.

L’un vous trainoit sa voix de Pédagogue,
L’autre brailloit d’un ton cas, d’un air rogue.

Com. de l’Enf. Prod.

Malgré ces exemples, il est vieux au masculin.

CASAL. Casa, domus. Villehardouin se sert de ce mot pour dire une maison. En quelques Provinces, casal signifie le lieu où il y a une maison.

Casal. s. m. Vieux mot, qui signifioit village, hameau. Certus casarum numerus, vicus.

A quinze lieues entour aus
Ne rem est villes ne casaux. Phil. Mouskes.

Ce mot est encore en usage dans l’Ordre de Malte. Il y a à Malte sept Capitaines des casauls ou villages de la campagne, qui sont à la nomination du grand Maître. De Vertot. L’usage que l’on fait à Malte de la langue italienne y a conservé ce mot.

CASAL. Ville épiscopale d’Italie, capitale de la partie du Montferrat, qui appartenoit au Duc de Mantoue ; & qu’on appelle en Italie, Casale di S.Fafo, Casal de Saint-Vas. Casale. Casale Sancti-Evasii, Casal, qui a été une des plus fortes places d’Italie, est située sur le Pô. Le Duc de Mantoue vendit au Roi le Château & la Citadelle de Casal l’an 1681, nos troupes s’emparèrent ensuite de la ville. L’an 1675, les Alliés l’assiégèrent ; mais avant que la place fut dans aucun péril, le Roi, par l’entremise des Princes voisins, consentit à la remettre démantelée au Duc de Mantoue. Casal n’a titre & droit de ville que depuis 1474, que Sixte IV le lui donna, à la prière de Guillaume Paléologue, Marquis de Montferrat. Hoffman, Corneille, Maty, Léand. Descript. de l’Italie.

Il y a encore plusieurs lieux moins importans qui portent le même nom, qui est italien, Casale, & signifie village, hameau, amas de plusieurs maisons, de l’italien casa, qui veut dire maison, aussi-bien qu’en latin, d’où les italiens l’ont conservé.

CASALASQUE. Territoire de Casal. Casalensis ager. C’est la partie septentrionale du Montferrat, près du Pô.

☞ CASAL-MAGGIORE. Petite ville d’Italie, au Duché de Milan, dans le Crémonois, proche du Pô, sur les confins du Duché de Parme & du Mantouan.

☞ Les François disent Casal-Major.

☞ CASAL-PUSTARLENGO. Petite ville ou bourg d’Italie, au Duché de Milan, dans le Lodesan, entre Lodi & Plaisance.

☞ CASAN ou CAZAN, royaume d’Asie, dans l’Empire Russien, aux environs du Wolga. Il a pour capitale une ville de même nom, située sur la rivière de Casanka, au 69d de longit. & au 55d 58′ de latitude

☞ CASANGAS. Nation d’Afrique, dans la Nigritie, auprès de la rivière de Casamansa.

☞ CASANIER, ÈRE. adj. Qui aime à demeurer chez lui, à garder la maison, par esprit de fainéantise, & non pas par esprit d’indolence, comme le disent les Vocabulistes. On ne s’étoit pas encore avisé de dire que l’indolence consistoit à rester dans sa maison. Iners, otiosus. Ce mot vient du latin casa, maison. C’est l’homme du monde le plus casanier. On dit dans le même sens, mener une vie casanière, être d’humeur casanière. Il est aussi substantif. C’est un casanier, un vrai casanier.

☞ Ce mot peut se prendre en bonne part, & se dire d’une homme qui n’aime point à courir, qui garde volontiers la maison.

Non, non, fuis plutôt l’exemple
De tes amis casaniers,
Et reviens chercher au Temple
L’ombre de tes maroniers. R.

M. de Voltaire appelle Casaniers de café, des gens qui fréquentent les cafés, & qui y passent leur temps à conter des nouvelles, à réciter des vers.

D’un vil café superbes Casaniers.

CASAQUE. s. f. Sorte d’habillement dont on se sert comme d’un manteau qu’on met par dessus son habit, & qui a des manches fort larges. Sagum. chlamys. Les casaques sont commodes pour les gens de cheval.

Ce mot vient de Caracalla Empereur, lequel étant à Lyon fit habiller tous les gens de cette manière de vêtement. On disoit autrefois caraquin aulieu de casaquin, & on le dit encore à present en Bassigni. D’autres croient que ce mot vient d’un habillement de Cosaques, & qu’on a dit casaque par corruption, comme hongreline de Hongrois. Covarruvias le fait venir de l’hébreu casah, qui signifie couvrir, d’où a été tiré le latin casa, cabane, comme on dit tugurium, à tegendo : Adrien Scheick est aussi de ce sentiment. Chorier, Hist. de Dauph. L. II, p. 86, prétend que nous conservons encore dans nos casaques le nom & l’usage des anciennes caracales. Voyez ce mot.

On appelle casaques de Mousquetaires, de Gardes du Corps, de Gendarmes, les manteaux de cette sorte portés par les Cavaliers de ces compagnies, qui ont des marques & des broderies particulières pour les distinguer les uns des autres. Il a pris la casaque, ou il a rendu la casaque de Mousquetaire ; c’est-à-dire, il est entré au service, ou, il a quitté le service de Mousquetaire.

On dit fugurément & familièrement qu’un homme a tourné casaque ; pour dire, qu’il a changé de parti. Ab altero ad alterum desciscere. Ce Prince étranger s’étoit mis du côté du Roi, mais depuis il a tourné casaque. Les troupes auxiliaires sont sujettes à tourner casaque. Cette expression vient de ce que les soldats qui désertent & se vont rendre aux ennemis, tournent souvent leurs casaques, & la mettent à l’envers, pour n’être point reconnus dans leur passage.

CASAQUIN. s. m. Petite casaque. Sagulum, chlamydula. ☞ Espèce d’habillement court qu’on porte pour sa commodité. On dit proverbialement & populairement, donner sur le casaquin. On lui a donné sur le casaquin ; pour dire, on l’a battu.

Casaquin. C’est une partie élevée & distincte du dos, laquelle se remarque dans quelques animaux. Traité de Lithologie & de Conchyliologie.

☞ CASARCABIR, ou ALCASAR-QUIVIR. Ville du Royaume de Dez, à trois lieues d’Argile.

CASAU. s. m. En quelques Provinces de France voisines de l’Espagne, on appelle un jardin Casau. Hortus.

☞ CASAUBON, Petite ville de France dans la Province d’Armagnac, sur la rivière de Douze.

☞ CASBA. Ville d’Afrique, au Royaume de Tunis, à cinq milles de la capitale.

CASBEQUE, qu’on nomme plus ordinairement KABESQUI. s. m. Petite monnoie de cuivre qui se fabrique en Perse.

☞ CASBIN ou CASWIN. Casbinum. Ville de Perse dans l’Iraque, au nord d’Ispahan.

CASCADE. s. f. Chûte naturelle ou artificielle d’eau, qui tombe d’un lieu plus élevé dans un lieu bas. Prœceps aquæ lapsus. Dans les montagnes on voit mille petits ruisseaux qui font des cascades naturelles.

☞ Les cascades naturelles s’appellent cataractes. Les cascades artificielles, qui sont l’ouvrage de la main des hommes, tombent par nappes comme la rivière de Marly ; en goulettes, comme les bosquets de Saint Cloud ; en rampe douce, comme celle de Sceaux ; en buffets, comme à Trianon & Versailles ; ou par chûte de perrons, comme la grande cascade de Saint Cloud.

Ce mot est venu de l’italien cascata, qui a été fait de cascare, & de cado. Ménage.

Cascades. Terme d’Algèbre. Méthode des cascades qui résout les équations déterminées de tous les degrés. On approche toujours de la valeur d’une inconnue par des équations différentes & successives, ou en baissant d’un degré : & de là est venu le nom de cascade. Fontenelle.

Cascade de feu. Terme d’Artificier. C’est une chûte de feu qui imite la chûte d’eau appelée cascade.

On dit figurément d’un homme qui est tombé d’une grande fortune dans une grande disgrace, qu’il a fait une grande, une rude, une étrange cascade.

Cascade se dit aussi figurément des fautes de jugement, des inégalités qui se trouvent dans un Ouvrage. Lapsus, errores, menda. Jugement de l’Auteur, où étiez-vous, quand vous fîtes cette magnifique cascade ? dit Balsac. On dit encore d’une nouvelle qu’on ne sait point de la première main, & qui a passé auparavant par plusieurs bouches, qu’on ne la sait que par cascade, qu’elle n’est venue à celui qui la dit que par cascades.

☞ CASCAES ou CASCAIS. Petite ville de Portugal, dans l’Estramadure, à cinq lieues de Lisbonne.

CASCANE. s. f. Terme de Fortification. Ce sont certains enfoncemens en forme de puits qu’on fait dans le terre-plain proche du rempart, & d’où sort une galerie qui est aussi conduite sous terre, pour éventer les mines de l’ennemi. Subterraneus recessus ad vallum.

☞ Ce mot est vieux. On dit aujourd’hui puits & écoutes. Voyez ces mots.

CASCARILLE ou CHACRIL. s. f. Cascarilla, diminutif de cascara, qui en espagnol signifie écorce ou coquille. On nous apporte cette écorce des Indes orientales, d’une des Îles de Bahama dans l’Amérique, appelée Elatheria. Elle est roulée en petits tuyaux & en petits morceaux, de l’épaisseur de la canelle, de couleur de rouille de fer en dedans, d’un goût acre, aromatique & amer, & d’une odeur fort agréable. Lorsqu’on la brûle, elle est ordinairement dépouillée de sa première écorce, qui est rude & de couleur cendrée. On l’emploie dans les fumigations à cause de son odeur agréable, & pour remédier aux contractions spasmodiques de l’utérus.

☞ Sa ressemblance avec le quinquina, dont on distingue six espèces, l’a fait compter pour la septième : cependant la cascarille est plus amère & plus brûlante ; mais l’amertume du quinquina est plus désagréable & plus styptique.

☞ M. Boulduc avec plusieurs autres font indifféremment ce mot masculin ou féminin. Il est plus ordinairement féminin.

CASCATE. M. Félibien dit Cascade ou Cascate. Voyez Cascade.

CASCAVEL. Voyez Boicininga.

☞ CASCHGAR. (le Royaume de) Pays dans la Tartarie, du côté du Royaume de Thibet. Il tire son nom de la ville de Caschgar qui en étoit autrefois la capitale ; mais depuis que les Tartares en sont en possession, elle est bien déchûe de sa première grandeur.

☞ CASCIA. Cascia. Petite ville d’Italie, dans l’Etat de l’Eglise, en Ombrie, entre Rieti & Nursie.

CASE. s. f. Maison. Casa. En ce sens ce mot est emprunté de l’italien casa, & n’est en usage qu’en peu de phrases. Dans le style familier, c’est le patron de la case. Il rentre dans ma case. Il ne sort point de sa case. Isidore & Papias disent que c’est une petite maison de paysan fermée seulement de haies, ou de palis.

Case. Terme d’Imprimeur. Casa Typorum, loculi, capsa, locumenta. C’est la table, ou boîte plate divisée en plusieurs compartimens, ou petites loges carrées, qu’on nomme casetins, dans chacun desquels se mettent les caractères de même espèce ; & d’où le Compositeur les tire à mesure qu’il en a besoin pour composer & faire une forme. Une case de grec, une case d’Hébreu, une case de S. Augustin, une case de petit Romain, une case d’Italique, &c. Mes cases sont pleines. Je n’ai plus rien dans mes cases. Des cases bien ou mal fournies. Quelques-uns écrivent casse. Cependant on prononce case, c’est à-dire, caze.

Case, se dit ordinairement de chacurt deS carrés qui sont dans un échiquier, ou damier, au jeu des échecs & des dames. Le roi n’a plus que deux cases pour se sauver. Le pion avance de deux cases le premier coup.

Ménage après Saumaise tient que ce mot vient de cassa, ou capsa, qui vient du grec καψα, qui signifie la même chose.

Case, se dit au jeu du trictrac, de deux dames qui sont posées sur une même ligne, flèche ou languette, marquée sur le tablier où on joue le trictrac, & qui empêchent les dames du parti contraire de passer outre. Quand on fait le petit-jan, il sert à abattre du bois pour faire des cases.

Case, se dit aussi de chacune des places désignées par cette flèche ou languette.

La case du diable, c’est celle qui est immédiatement avant le coin, ou bien c’est la onzième case de chaque jeu. On l’appelle case du diable, parce que par plusieurs expériences on a reconnu que quand le plein s’acheve par cette case, il est très-difficile. Case de l’écolier. C’est la même que la case du diable, selon ce qu’en dit l’Auteur du traité de ce jeu ; & on l’appelle case de l’écolier, parce que les habiles joueurs diffèrent ordinairement de la prendre tant qu’ils peuvent, & la gardent pour finir le plein ; ils sont par-là moins exposés à passer les dames qui deviennent inutiles dès qu’elles sont passées. ☞ On appelle aussi case du diable, celle de la seconde flèche du grand-jan, quand c’est la seule qui soit à faire, parce que, comme il ne reste plus que cinq dames dans le petit-jan, & que tous les coups qu’on joue sans remplir, avancent ces dames, on risque de ne point faire son plein, ou de ne pas tenir long-temps.

Fausse case, c’est une case à laquelle les nombres de vos dés ne vous conduisent point. Celui qui fait une fausse case par mégarde ou de propos délibéré, est obligé de remettre les deux dames à leur première place, & l’adversaire est maître de les lui faire jouer à sa volonté. Il peut aussi, s’il veut, laisser la fausse case en l’état où elle est, en cas qu’elle convienne mieux à son jeu, quand même celui qui l’a faite, voudroit en revenir. Pousser plusieurs cases. Quand deux ou plusieurs cases se touchent mutuellement, & qu’on fait un coup qui transporte la dernière de ces cases immédiatement après la première, en sorte qu’elles se touchent encore après avoir joué, comme elles se touchoient auparavant, au lieu d’enlever avec la main les deux dames de cette dernière case pour la porter après les autres, il est permis de pousser toutes les cases à la fois de l’espace d’une flèche, & quoiqu’elles changent toutes de place, elles produisent le même effet que si l’on eût transporté les deux seules dames de la dernière case. On ne pousse ordinairement que pour jouer un doublet. On peut pousser les demi-cases comme les cases. Les cases basses sont celles qui sont le plus près de votre adversaire. On appelle case toute flèche couverte de deux dames. On appelle demi-case toute flèche qui n’est couverte que d’une dame seulement. L. S.

Case. Petite monnoie de cuivre du Japon, qu’on nomme aussi cache, casie & cassie.

Case d’Orfèvre. Voyez Casse.

☞ CASELOUTRE. Nom françois de la ville de Keysers-Lautern. Voyez ce mot.

CASEMATE ou CAZEMATE. s. f. Terme de Fortification : ce qu’on appelle autrement place basse, ou flanc bas. C’est une place pratiquée dans le flanc proche de la courtine, où l’on met une batterie de canon, pour défendre le fossé. Ima crypta ad latera propugnaculorum. Ce nom vient d’une voûte qu’on faisoit autrefois pour séparer les plate-formes où se faisoient les batteries hautes & basses, dont chacune se nommoit en italien casa armata, ou en espagnol casamata. Quelques-uns le font venir de casa à matti, maison aux fous. Covarruvias dit qu’il a été fait de casa, maison, & mata, basse. Maintenant on se contente de retirer la place haute en dedans du bastion. Quelquefois on fait trois plate-formes, dont la plus haute est sur le rempart. La casemate est aussi appelée flanc retiré ; parce que c’est la partie du flanc qui est la plus proche de la courtine & du centre du bastion. On la couvroit d’un orillon ou épaulement, qui étoit un corps massif de pierre, rond ou carré, qui empêchoit qu’on ne vît de dehors dans les batteries. L’usage en est assez rare présentement, & on a cessé de s’en servir, à cause que les batteries des assaillans enterroient l’artillerie de ces casemates dans la ruine des voûtes.

Casemate, se prend aussi pour les puits & les rameaux que l’on fait dans le rempart d’un bastion, jusqu’à ce que l’on entende travailler le mineur, & qu’on évente les mines. Difflandæ, avertendæ cuniculariæ machinationis crypta.

Casemate, se dit encore en termes de guerre de certains souterrains bien voûtés, à l’épreuve du canon, pratiqués ordinairement dans les bastions, sur-tout dans les citadelles, où le Soldat qui n’est pas en faction, & de jour, va se reposer à l’abri des coups. On y place aussi les blessés.

Casemate, se dit en style badin pour prison. Il a été mis dans la casemate, en casemate.

CASEMATÉ. adj. Voûté, où il y a des casemates. Un bastion casematé.

☞ CASEMENT. s. m. Vieux mot. Voyez Caser.

CASENTIN. Casentinus, ager. Petit pays de Toscane en Italie, renfermé dans le Florentin. Le Casentin est à l’orient de Florence, entre cette ville & le bourg du Saint Sépulcre, aux environs des sources de l’Arno. Camaldoli est dans le Casentin.

CASER. v. n. Qui ne se dit qu’au jeu de trictrac ; pour signifier, faire des cases, accoupler des dames, en mettre deux sur la même flèche. Scrupos alios aliis supponere, ou uni laminæ duas imponere rotulas. La plus grande science du trictrac est de bien caser.

Ce verbe, suivant le premier sens qui se présente, signifie, faire des cases ; mais il se prend aussi pour cafer à propos, & l’on dit ordinairement d’un joueur qui place bien ses dames : cet homme-là case bien. C’est un grand avantage au trictrac que de savoir bien caser ; c’est-à-dire, que les habiles joueurs, par la parfaite connoissance qu’ils ont des hazards, que l’on court plutôt à une place qu’à une autre, savent choisir en jouant celles qui vraisemblablement leur seront plus avantageuses. L. S. Regardez toujours le jeu de votre homme, plutôt que le vôtre ; examinez quand il fait des cases, s’il case juste. Celui-là ne jouera jamais bien, qui ne considère point l’essence du jeu avant que de caser. Il faut donc, pour caser, examiner les coups qui sont pour ou contre vous. Pour bien caser à propos, & ne vous pas donner des obstacles, il faut, quand votre homme est fermé par en haut, ne pas vous presser de faire les cases baffes. Id.

Dans les vieilles coutumes, on disoit caser & acaser ; pour dire, donner quelque terre en fief ; d’où on a dit casement, chasement & chas ; pour dire, maison : & en latin on appelle casatus, un domestique, un vassal.

CASERETE. s. f. C’est un moule de bois, une forme dans laquelle on fait des fromages. On appelle dans quelques endroits ces sortes de formes ou de moules, des cagerotes ; mais dans tout le pays d’Auge d’où viennent ces excellens fromages, que l’on appele de Livarot, on ne les nomme point autrement que Caseretes.

CASERIES. s. f. pl. Les Arabes de la Terre-Sainte nomment de la sorte ce qu’on appelle ailleurs des Kans & des Caravanseras.

☞ CASERNE. s. f. Logemens qu’on fait dans une ville, ou sur le rempart même pour loger les Soldats de la garnison, & pour soulager les Bourgeois. Casula. On loge ordinairement dans chaque chambre douze soldats, qui montent la garde alternativement. Le Roi a fait bâtir dans ses villes de guerre des casernes magnifiques, qui sont de grands hôtels pour loger les garnisons.

☞ On a aussi donné le nom de casernes à des bâtimens magnifiques, de grands hôtels que le Roi vient de faire bâtir dans plusieurs endroits aux environs de Paris, pour loger les Gardes Suisses.

CASERNER. v. n. Loger dans des casernes. On fit caserner la garnison.

☞ On dit activement, caserner des Troupes, les renfermer dans des casernes.

Caserné. part. Sa Majesté ordonne que dans les routes ses troupes seront casernées, comme il se pratique dans les lieux où elles tiennent garnison. Ordonn. de 1718.

☞ CASERTE. Caserta. Petite ville d’Italie, au Royaume de Naples, dans la terre de Labour, avec un Evêché suffragant de Capoue.

☞ Cette ville donne son nom à une montagne voisine.

CASETIN. s. m. Terme d’Imprimeur, diminutif de case. Typorum casula, loculus, locumentum, capsula. Les casetins sont les différens compartimens, ou petites loges carrées de la case, chacun desquels est destiné à un caractère. Le casetin de l’A, du B, &c. On dit aussi Cassetin.

CASEUX, EUSE. adj. Qui est de la nature du fromage. Epithète qu’on donne aux parties les plus grossières du lait, dont on fait des fromages. Casearius. On les appelle aussi fromageuses. Le lait d’ânesse ne contient que peu de parties caseuses ; mais celui de vache en contient beaucoup.

Ce mot vient du latin caseus, qui signifie fromage. Voyez Lait.

☞ CASHEL ou CASSEL. Ville d’Irlande, dans la Province de Munster, au Comté de Tipperary. C’étoit autrefois la capitale de la Province. C’est encore le siège d’un des quatre Archevêchés d’Irlande.

CASI. s. m. Terme de relation. Juge des causes civiles en Perse. Judex rerum ou causarum civilium cognitor. C’est un homme de loi, car en Perse les causes civiles sont réservées au Clergé.

CASIER. s. m. Vieux mot, qui est encore en usage en Picardie, & dont une des cent Nouvelles Nouvelles donne l’explication en ces termes : Pour vous donner entendre qu’elle chose est ung casier, c’est unç garde mangier en la façon d’une huche, long & étroit pour raison & assez profont, où l’on musse les œufs & le beure, le fromaige & autres telles vitailles. Casier vient de casearius, sous en-entendant locus, le lieu où l’on serre le fromage, & que les Latins nomment d’un seul mot, caseale. Monet l’appelle Chasier qui est aussi dans Nicot.

CASIGLIANO. Autrefois ville épiscopale, présentement Bourg de l’Etat de l’Eglise, dans le Duché de Spolete.

CASILLEUX. adj. Nom que les Vitriers donnent au verre, lorsqu’il se casse en plusieurs morceaux, quand ils y appliquent le diamant pour le couper. Fragilis. Cela arrive à celui qu’on a retiré trop tôt du fourneau, où il n’a pas eu assez de recuite. Celui qui est bien cuit se coupe facilement.

☞ CASIMAMBOUS. (les) Nation particulière d’Afrique, dans l’Île de Madagascar dans la Province de Mantane. Ils sont tous Ombrasses ou Ecrivains, & enseignent à lire & à écrire l’arabe dans les villages où ils tiennent leurs écoles.

☞ CASIUS. Terme de Mythologie. Surnom donné à Jupiter à cause d’une montagne d’Arabie, à l’entrée de l’Egypte, où il étoit particulièrement honoré sous la forme d’un rocher escarpé, ayant un aigle à côté de lui.

CASLEU ou CISLEU. s. m. C’est le nom du neuvième mots des Hébreux. Hofman. Les Auteurs du Moréri disent du dixième mois : Zacharie VII. 1, l’appelle le neuvième. בארבעה לחדש התשעי בכסלו c’est-à-dire ; le quatrième jour du neuvième mois, qui est Casleu. Les Hébreux ne donnèrent point d’abord de noms à leurs mois. Ils disoient seulement le premier, le second, le troisième mois comme on le voit dans le Pentateuque. Ils ne leur imposèrent des noms particuliers, qu’après qu’ils eurent eu du commerce avec les Chaldéens, & sur-tout au retour de la captivité, pendant laquelle ils prirent une partie de la langue & des usages de leurs Maîtres. Le nom de Casleu ne se trouve aussi que dans les livres écrits depuis la captivité, Zacharie, Esdras & les Machabées. Il commençoit à la nouvelle lune de Novembre.

Quelques Auteurs conjecturent que le nom Casleu vient de כסל, Chesil, qui dans Job, IX, 9, Amos, V, 8, est pris par S. Jérôme pour la constellation d’Orion ; qu’il fut donné à ce mois parce que cette constellation se couchant avec le soleil pendant ce mois-là, elle excite des tempêtes.

☞ CASMINAR. Voyez Cassummuninar.

☞ CASOAR. Voyez Casuel.

CASPIE. Nom que quelques Auteurs & M. Corneille lui-même, de l’Académie Françoise, donnent à la mer d’Hircanie. Je ne sais pourquoi ils disent Caspie, communément on dit Caspienne, & c’est l’usage. Caspie est latin plutôt que françois. Voyez Caspien, adj.

CASPIENS. Nom de peuple. Caspius, a. Les Caspiens étoient des Scythes, qui habitoient la côte méridionale de la mer qu’on appelle de leur nom, mer Caspienne, & qui étoient voisins des Hircaniens. Les Caspiens avoient la coutume barbare d’enfermer leurs parens quand ils avoient atteint l’âge de 70 ans, & de les laisser mourir de faim. Strab. Liv. XI. Valerius Flaccus, Liv. VI, v. 106, dit encore une chose singulière de ces peuples. C’est qu’ils avoient des chiens aguerris, & qui combattoient. avec leurs maîtres. Aussi leur rendoit-on après leur mort les mêmes honneurs qu’à leurs maîtres, les enterrant avec eux. Alex. ab Alexandr. L. III, c. 38. Juste Lipse, Centur. I, ad Belgas ep. 44. Elie Reusner, Art. Stratag. L. I, c. 15. Gasp. Fascius, Axiom. Bell. c. 94, parlent des Caspiens.

Caspien, enne. adj. Nom que son donne à différentes choses, ou lieux, qui appartenoient aux Caspiens, qui en étoient voisins.

Les montagnes Caspiennes, en latin montes Caspii, sont une longue chaîne de montagnes, qui s’étend fort loin du septentrion au midi, entre l’Arménie majeure & la mineure depuis la mer Caspienne jusqu’au mont Taurus. C’est des monts Caspiens, ou des montagnes Caspiennes, que les Turcs sortirent au milieu du VIIIe siècle, & qu’ils inondèrent l’Arménie en 755.

Les portes Caspiennes. Portæ Caspiæ. Le mont Taurus s’ouvre en trois endroits, où il laisse des chemins qui donnent entrée, l’un dans l’Arménie, l’autre dans la Cilicie, & le troisième dans la Médie. Outre cela il y avoit un passage de la Médie dans l’Albanie, à l’occident de la mer Caspienne, entre les hautes montagnes & cette mer. Quelques-uns ont pris ce col de montagnes pour les portes Caspiennes ; Maty est de ce nombre, & M. Corneille l’a copié. On s’y étoit trompé dès le temps de Pline. Il en avertit au C. II, de son VIe Livre, & dit que ce sont là les portes Caucasiennes, & non pas Caspiennes. Il est étonnant qu’après cela on s’y trompe encore aujourd’hui. Les portes Caspiennes ne sont point dans le mont Caucase, ni le passage qui conduit du pays des Caspiens dans l’Albanie ; c’est-à-dire, de la côte méridionale de la mer Caspienne à la septentrionale, en passant le long de la côte occidentale de la même mer. Les portes Caspiennes ne sont pas même dans les monts Caspiens ; elles sont dans le mont Taurus, & font la communication de l’Assyrie avec la Médie : c’étoit un passage fort étroit, long de huit mille pas ; il avoit été taillé dans le roc, & il n’y pouvoit passer qu’un chariot à la fois.

Ces portes Caspiennes étoient, selon Pline, sous le même parallèle que la Cappadoce, le mont