Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/Tome 2/301-310

Fascicules du tome 2
pages 291 à 300

Dictionnaire de Trévoux, 1771
Tome 2, pages 301 à 310

pages 311 à 320


Taurus, le mont Amanus, l’Issus, les portes de Cilicie, Tarse, l’Île de Chypre, l’île de Rhodes, &c. & par conséquent ce pourroit être le passage qui donne entrée dans l’Albanie. Ptolémée les place aussi beaucoup plus au midi que ce passage. Voyez sa cinquième planche ou table de l’Asie ; & Pline, Liv. VI, c. 11. 14 & 34. On les appelle quelquesfois les portes de Teflis.

La mer Caspienne, que quelques-uns appellent mer Caspie ; mais Caspienne est plus en usage, ou plutôt seul en usage. On la nomme aussi dans l’antiquité, la mer d’Hircanie ou Hircanienne. Pline dit, L. VI, c. 13, qu’elle s’appeloit Caspienne depuis Cyrus. On l’appelle aujourd’hui communément de ce nom, & on lui donne encore ceux de mer de Sala, de Bacha, de Kisan, de Tabaristan, &c. Mare Caspium ou Hircanum. Il semble cependant que c’étoit la partie orientale que l’on appeloit proprement mer d’Hircanie, & la partie occidentale Caspienne ; mais on ne garde point exactement cette distinction, & l’on a donné indifféremment ces deux noms à toute cette mer, à cause que les Hircaniens & les Caspiens habitoient les côtes méridionales & les pays voisins de cette mer ; les premiers du côté de l’orient, & les seconds à l’occident. D’autres disent qu’elle prit ces noms des montagnes Caspiennes, qui la resserroient du côté du couchant, & des montagnes Hircaniennes qui la bornoient au levant.

Quoi qu’il eh soit, c’est un grand lac qui n’a de communication sensible avec aucune mer, quoique Pline & les Anciens ne l’aient regardé que comme un golfe de l’Océan Scytique, ou qu’ils aient cru que cette mer avoit communication avec le Palus-Mæotide. Cependant toute l’Antiquité n’a pas pensé ainsi. Hérodote & Diodore de Sicile conviennent que la mer Caspienne n’est jointe à aucune mer. C’est sa vaste étendue qui lui a fait donner le nom de mer. Clitarque dit dans Pline qu’elle est aussi grande que le Pont-Euxin. Eratosthène lui donnoit cinq mille quatre cens stades du nord au midi ; c’est-à-dire, environ 225 lieues ; quatre mille huit cens stades, c’est-à-dire, 226 lieues dans un autre sens, & encore 1400 stades qui font environ 60 lieues. Nous ne savons pas au juste l’étendue de cette mer. On croit que l’opinion la plus probable est celle qui lui donne 260 lieues du levant au couchant, & environ 200 du nord au midi. Cela revient à ce que dit Eratosthène. Oléarius écrit que sa longueur depuis l’embouchure du Volga Jusqu’à Férabath dans la Province du Mesanderan, est de huit dégrés, qui font six vingts lieues d’Allemagne ; & sa largeur du levant au couchant, de six dégrés, qui font 90 lieues. Tout cela paroît copié d’après Pline.

Quinte-Curce a écrit, Liv. IV, c. 4, que les eaux de la mer Caspienne sont plus douces que celles des autres mers. Cela n’est pas vrai, excepté du côté de l’Hircanie, qu’elles ne sont en effet ni douces, ni salées. Hoffman a donc eu tort d’assurer absolument & généralement que les eaux de la mer Caspienne sont douces. Cette mer est extrêmement poissonneuse, & Quinte-Curce dit qu’elle nourrit des serpens d’une longueur prodigieuse. Il ne sort aucune rivière de cette mer ; & il y en entre un grand nombre & de très-grandes, comme le Volga, le Jaik, le Chefel, le Jehun & l’Araxe. On ne sait ce que deviennent toutes ces eaux. On conjecture qu’elles s’écoulent par des conduits souterrains, ou dans la mer Noire, ou dans le golfe Persique, ou au travers de la terre dans l’Océan de l’hémisphère opposé ; ou qu’elles vont sourdre en différens endroits de la terre pour faire des fleuves comme par exemple l’Euphrate, le Tigre, &c.

CASQUE. s. m. Arme défensive pour couvrir la tête & le cou d’un Cavalier, qu’on appelle autrement heaume. Galea, cassis. Boileau, en parlant de l’inconstance de l’homme, conclut,

Il tourne au moindre vent, il tombe au moindre choc,
Aujourd’hui dans un casque, & demain dans un froc.

Autrefois en France les Gendarmes avoient tous le casque. Le Roi le portoit doré ; les Ducs & Comtes argenté ; les Gentils’hommes d’ancienne race le portoient d’un acier poli, & les autres amplement de fer. Le Gendre.

Ce mot vient de cassicum ou cassicus, diminutif de cassis. Ménage. Sa racine a signifié une chose vide & creuse. On dit en espagnol casco, pour signifier la tete, ou un morceau d’un pot de terre cassé. On dit aussi casquer, comme le montre Nicot, en rapportant ces mots d’une Ordonnance de François I, touchant les services que sont obligés de rendre ceux qui tiennent des fiefs du Roi. Et celui qui tiendra fiefs ou trois cens livres de revenu par an, fera un homme de pied avec le corps de hallecret, le casquet & la pique.

On trouve aussi des casques sur les médailles ; & l’on y reconnoit les différentes façons de casques à la grecque, à la romaine. C’est la plus ancienne armure de tête qui paroisse sur les médailles, & la plus universelle. Les Rois, les Empereurs & les Dieux-mêmes s’en sont servis. Celui qui couvre la tête de la figure de Rome a d’ordinaire deux aîles ; comme le Pétase de Mercure ; celui de quelque à Rois est paré de cornes de Jupiter Ammon, ou simplement de taureau, ou de bélier, pour marquer une force extraordinaire. P. Jo.

Casque, signifie aussi figurément la tête. Caput. Il en a dans le casque ; pour dire, il a un peu la cervelle brouillée, soit de vin, soit de folie. En ce sens, il est bas. Il manque un clou à son casque ; pour dire, il est un peu fou.

Casque de Pluton. Les Cyclopes, selon la fable, en fabriquant la foudre de Jupiter, firent aussi un casque pour Pluton. Ce casque avoit la propriété de laisser voir tous les objets, sans que celui qui le portoit pût être vu lui-même. Persée emprunta ce casque admirable, dit Hygin, pour aller combattre Méduse.

Casque, qu’en termes de Blason on appelle aussi timbre, se met sur l’écu pour son principal ornement. C’est la vraie marque de Chevalerie & de Noblesse. Les Allemans mettent plusieurs casques sur leurs armes, quand ils ont plusieurs fiefs ou titres qui leur donnent des voix différentes dans les Cercles de l’Empire. Les Ecclésiastiques mettent aussi le casque sur leurs armoiries, quand ils sont Seigneurs temporels : & quelques Evêques le pratiquent en France, comme les Evêques de Cahors & de Gap. En Allemagne, les Electeurs Ecclésiastiques mettent autant de casques qu’ils ont de fiefs qui leur donnent séance dans les Cercles. Il y a eu un Archevêque de Cologne qui en a porté jusqu’à six. Les auteurs donnent divers noms à ces timbres ou casques. L’Impérial est celui sur lequel s’éleve une aigle ; le Royal celui qui est couronné ; le timbre d’exclamation, celui qu’on portoit dans les tournois, lorsque les Hérauts crioient pour faire connoître ceux qui entroient dans la lice ; le timbre éloigné, celui qu’on portoit quand on alloit chercher les aventures ; le timbre de hurte, celui qui étoit affilé en pointe par le devant pour faire glisser le coup ; le timbre de vol, celui qui avoit un vol au-dessus ; le timbre de défense, qui étoit entièrement fermé ; le timbre de tourbe, celui qui étoit tout uni pour les courses, qu’on appeloit la tourbe ou la foule, lorsqu’on couroit plusieurs ensemble ; & que l’on combattoit comme dans une mêlée, &c.

En Blason, on distingue les casques ou timbres par la forme & la situation. Ceux des Rois sont d’or, ceux des Princes & des grands Seigneurs, d’argent ; & ceux des simples Gentils’hommes, d’acier poli. A l’égard de la forme, ceux des Souverains sont ouverts, & tarés de front, & ont la visière levée ; les autres sont à demi-fermés & à divers nombres de grilles, qu’on compte pour marquer les divers degrés de qualité. Les moindres sont tout-à-fait fermés. Et à l’égard de la situation, elle est ou de front ou entière, & en profil. Le casque fermé & en profil, est la marque d’un simple Gentilhomme, ou d’un soldat qui s’est signalé. Le casque fermé & placé de front, marque une noblesse nouvelle, mais acquise par quelque action héroïque. Le grillé & en profil est la marque d’un Gentilhomme qui n’a vue que sur ses sujets. Le grillé & de front, est celle d’un Capitaine qui a commandement sur les troupes. Le casque ouvert & de profil est la marque d’un grand Seigneur qui a un grand fief dépendant du Roi. Et enfin le casque ouvert & de front est celle d’un pouvoir absolu & souverain. Mais toutes ces distinctions sont du dernier siècle, & on ne les observe plus ; car autrefois tous les casques étoient fermés. Voyez Heaume.

☞ Ce terme est quelquefois employé en Botanique. Tournefort appelle fleurs en casque, celles qui par leur forme ressemblent à cette armure de tête. Telle est la fleur de l’aconit. Flos galeatus.

Casque, en termes de Conchyliologie, se dit d’une grosse coquille que fournit la mer des Indes, & que les Rocailleurs emploient à faire des grottes parmi les autres coquilles. Galea concha. On les appelle casques, à cause de leur figure. Ce coquillage paroît doublé par dedans, & sur les bords, qui sont épais, plats & dentelés. Par le dehors il est dentelé d’une agréable rustique, relevé de plusieurs petites fosses qui sont entrelacées de petits compartimens, sur lesquels on voit ondoyer un panache de diverses couleurs.

J’en ai vu un si gros, & si ressemblant, qu’on l’eût pris pour un véritable casque. Casques pavés. Gersaint.

CASQUÉ, ÉE. adj. Terme de Médailliste. Qui a un casque en tête. Galeatus, Galeà tectus, a, um. Une Pallas casquée, ayant son bouclier au bras gauche, & lançant un javelot de la main droite. Constantinople est représentée sur les médailles par une tête casquée. Dioclétien, Constantin, Probus & quelques autres Empereurs sont représentés quelquefois casqués sur leurs médailles ; les premiers Empereurs ne se sont point casqués, &c même parmi ceux du troisième & quatrième siècles cela est plus rare que la tête nue, ou couronnée de laurier. Tête casquée. Avant la décadence de la République Romaine, les médailles consulaires sont marquées simplement de la tête de Rome casquée, ou de quelque Déité ; & le revers, d’une Victoire traînée à deux ou à quatre chevaux. Science des Médailles. La splendeur des villes se reconnoît sur les médailles par des aîles. Ainsi voit-on fréquemment Rome casquée & aîlée. Mém. de Trév. Nov. 1754.

☞ CARS. Palais ou Château, dans lequel un Roi ou un Prince fait son séjour ordinaire dans les pays orientaux, sur-tout en Perse & dans les pays voisins. d’Herb. Bibliot. Orient.

☞ CARS-AHMED. Petite ville de la Province d’Afrique, proprement dite, qui est comme le magasin des bleds de tout ce pays.

☞ CASSADE. s. f. Mensonge pour plaisanter, ou pour servir d’excuse ou de défaite. On appelle donneurs de cassades, des gens qui promettent beaucoup, & tiennent peu.

A certains jeux de renvi, comme le bréland, on dit faire une cassade ; pour dire, faire un renvi avec un vilain jeu, afin d’obliger les autres Joueurs à quitter. C’est un grand faiseur de cassades.

Ce mot vient de ce qu’un Manceau, pour s’exempter de prêter son cheval à ses amis, leur disoit toujours qu’il avoir une cassade, qui est un vieux mot qui signifioit alors une blessure de cheval. Il est familier.

☞ CASSAIGNE. Petite ville de France dans la Gascogne, au Diocèse de Condom, à trois lieues de Condom.

CASSAILLE. s. f. Terme de labourage, qui se dit de la levée des guérets, quand il faut casser & ouvrir la terre pour lui donner son premier labour, sa première façon. Obtritus. La cassaille se fait entre Pâque & la S. Jean.

CASSA-LIGNEA ou CASSIA-LIGNEA. s. f. Quelques Auteurs l’entendent de la casse en bâton ; mais la véritable cassa-lignea est un bois aromatique, qui est une espèce de cinnamone. Dioscoride l’appelle de la casse dure.

CASSANDRE. s. f. Fille de Priam & d’Hécube. Cassandra. Elle obtint d’Apollon le don de prophétie ; mais ayant refusé à ce Dieu ce qu’elle lui avoit promis, il fit que ses prédictions ne furent jamais crues. Elle devint captive d’Agamemnon, qui l’emmena à Argos. Elle mourut à Amyclée, ville de Laconie, & y fut reconnue pour une divinité. Les Amycléens lui bâtirent même un temple.

Cassandre. s. f. Sorte de danse du temps de Ronsard. C’étoit le nom de sa maîtresse.

Cassandre. Golfe de Mégaris & de Cassandre. C’est un golfe qui est entre la Troade & l’Île de Ténédos, jusqu’à celle de Mételin, & qui a cent mille de long. Cassandrœ sinus, Megaridis sinus. Ce golfe est dangereux. Du Loir, p. 185.

☞ CASSANO. Ville du Royaume de Naples dans la Calabre citérieure, avec un Evêché suffragant de Cosenza.

☞ Il y aussi un gros bourg de ce nom dans le Duché de Milan, entre Crème & Bergame.

CASSANT, ANTE. adj. Qui se casse aisément, corps dont la dureté est accompagnée de fragilité. Fragilis. L’albâtre est une pierre fort cassante. Les métaux aigres sont fort cassans. On dit aussi qu’une mine est cassante, quand le métal qu’on en tire est cassant.

Cassant, est opposé à ductile, malléable.

☞ On le dit aussi de la chair & de la substance de certains fruits. On appelle poires cassantes, & poires qui ont la chair cassante, celles qui se cassent, qui font légère résistance sous la dent ; par opposition à poires fondantes, qui fondent dans la bouche. Le messire-jean, le martin-sec, &c. sont des poires cassantes ; le bon-chrétien, les amadotes ont la chair cassante.

CASSATION. s. f. Terme de Palais. Jugement par lequel on casse un acte ou une procédure pour cause de nullité. Abrogatio. Il poursuit la cassation de son mariage, du testament de son père. On se pourvoit contre les arrêts au Conseil par cassation. Un demandeur en cassation. Aux Requêtes du Palais, de l’Hôtel & au Conseil, on prononce par cassation de tout ce qui a été fait au préjudice du renvoi fait devant eux. Les défenses portées par les arrêts prononcent toujours, à-peine de nullité, de cassation de procédures, &c. Une requête en cassation n’empêche pas l’exécution du jugement. Ceux qui se pourvoient au Conseil en cassation d’arrêts & de jugemens contradictoires, tant du Grand-Conseil que des Cours & Juges en dernier ressort, sont obligés, en présentant leur requête, de consigner l’amende de 450 livres ; savoir 300 livres pour le Roi, & 150 livres pour la partie, qu’il ne retire point, s’il succombe en sa demande. Si les jugemens sont par défaut ou congé, l’amende envers le Roi n’est que de 150 livres, & de 75 livres envers la partie.

Les moyens de cassation sont 1°. Quand un arrêt se trouve directement contraire à un autre arrêt, & que tous les deux ont été rendus contre la même partie. 2° Quand les formalités sont contre la disposition expresse des ordonnances ou des coutumes. 3°. Quand les formalités prescrites par les Ordonnances n’ont pas été suivies.

Larrey dit aussi cassation du Parlement, en parlant de celui d’Angleterre.

Ces mots viennent du latin quassare. Secouer avec force.

CASSAVE. s. f. Cassavi. C’est proprement une farine grossière de la racine du manyoque. On fait dans les îles de l’Amérique des gâteaux avec cette farine, & on les appelle des pains de cassave. Le jus de la cassave est un poison fort dangereux ; mais son marc sert-à faire le pain. Les Indiens occidentaux ne mangent que du pain de cassave, à cause que notre blé ne vient point en Amérique : il leve trop tôt, & ne jette que de la paille. Voyez Manyoque.

CASSE. s. f. Voyez Cas, adj.

Casse. s. f. Terme de Droguiste. Casia, Cassia ; Siliqua Cassiæ. C’est la moëlle du fruit ou des siliques du cassier. Elle est fort employée en médecine. Autrefois on tiroit du Levant toute la casse qu’on employoit en France : à présent elle vient des Îles d’Amérique, où elle est devenue si abondante, qu’elle en fourniroit une partie de l’Europe. La casse du Levant est ordinairement plus pleine de moëlle que celle d’Amérique. La moëlle de casse est un purgatif plus doux & des moins malfaisans. Elle sert de base à la plupart des électuaires purgatifs. La teinture de casse est une infusion légère de sa moëlle, séparée des gousses & des semences, à laquelle on ajoute une certaine quantité de sucre en poudre pour la conserver & empêcher qu’elle ne s’aigrisse. On confit en Amérique les jeunes gousses ou siliques de casse ; on fait aussi une confiture de ses fleurs, & on se sert de toutes les deux pour purger les enfans & les personnes qui craignent l’odeur de la casse.

Il y a une autre espèce de casse qui vient au Brésil, elle n’est pas d’usage. Voyez Cassier.

Casse odorante ou aromatique. Voyez Cassia-lignea. C’est la même chose.

Casse signifie encore la partie d’une écritoire portative ou l’on met les plumes.

Casse ou Quaisse, en termes d’Architecture, se dit de l’espace qui est entre les modillons des corniches, dans lequel il y a d’ordinaire des roses taillées. Modioli. Ces casses doivent être carrées dans tous les ordres.

Casse. Terme d’Imprimerie. Longue caisse, partagée en plusieurs petits carrés, dans chacun desquels sont tous les caractères d’une même lettre. On dit aussi case, mais casse vaut mieux.

Casse, en termes de Charpenterie, est la partie du gouvernail d’un bateau foncet, qui sort en dehors du vaisseau, & qui en soutient toutes les planches jusqu’au saffran.

Casse d’affinage, en terme de Monnoie, est une coupelle où l’on affine les matières d’argent. Catinus excoquendo argento. La casse est faite de recoupes de pierres de taille les plus dures, de charbon & de grès bien pilés, & de cendres lessivées. Il y a un couvercle de grès sur cette casse, afin d’entretenir la chaleur des matières fondues, & ce couvercle a une couverture par où l’on jette du charbon sur les matières fondues

Casse, chez les Orfèvres, est une jatte ou vaisseau de terre qui sert à affiner, & séparer l’or & l’argent. Catinus excoquendo aura & argento. Ce vaisseau est ordinairement fait de cendres de lessive d’os pilés.

Casse, en termes de Verrerie, est une cuiller de fer fort grande, avec un long manche, dont on se sert pour tirer le massicot. Cochlear ferreum longiori instructum manubrio.

Casse est aussi un terme dont on se sert en parlant des métaux qui sont cassants. Du fer clair à la casse, est du fer qui paroît clair, blanc & brillant, dans les endroits où il est rompu.

☞ Les gens de guerre se servent aussi de ce mot mais dans très-peu d’occasions. Il craint la casse ; pour dire, d’être cassé. Cela mérite la casse. Compagnie vacante par la casse. Acad. Fr.

☞ On appelle lettres de casse, l’ordre du Roi pour casser un Officier. On dit aussi proverbialement & bassement dans le même sens, donner la casse à quelqu’un, le destituer, casser aux gages : exauctorare aliquem.

Casse. Terme de Commerce. C’est une espèce de mousseline, ou toile de coton, blanche, très-fine, qui vient des Indes orientales, particulièrement de Bengale.

On appelle casse en quelques Provinces, une chaudière de fer ou de potin ; & ce nom distingue ces sortes de vaisseaux de ceux qui sont de même stature, & qui sont de cuivre, qu’on appelle chaudières dans le même lieu. En ce sens l’a de ce nom est bref.

Ce mot vient de cassis, casque de métal, pot de fer dont les soldats armoient leur tête.

Il y a encore des Provinces, comme l’Anjou, la Normandie, le Maine & le Beauvoisis, où le mot casse, avec l’a bref, signifie la même chose que lechefrite ; d’autres, comme la Champagne, où il signifie un bassin de cuivre à longue queue recourbée par le bout, afin de le suspendre. Il sert à puiser dans le sceau & à boire, & dans ce sens on dit une cassetée ; pour dire, plein la casse.

On appelle encore casse, le trou ou le pertuis d’une aiguille. Il est des aiguilles à casse ronde, à casse longue & à deux casses. Les aiguilles à tapisserie sont à casse longue. La première syllabe de ce mot est longue.

CASSÉ. Les Confiseurs appellent du sucre à cassé, celui qu’on a poussé jusqu’au cinquième degré de cuisson. On reconnoît qu’il est à ce degré, lorsqu’on trempe le doigt ou un petit bâton dans l’eau fraîche, & qu’on le retire pour le plonger dans le sucre bouillant, & qu’après l’avoir reporté une seconde fois dans l’eau fraîche, le sucre attaché au doigt ou au bâton, devient sec dans cette eau, & est facile à casser ; car s’il est encore un peu mou, & qu’on le puisse manier & paîtrir, il n’est pas encore assez cuit. Les pâtes d’abricots, de prunes, de poires, de cerises, &c. se font avec du sucre à cassé, les conserves de pistaches, & quelques autres demandent aussi du suc à cassé.

CASSEAU. s. m. Terme d’Imprimerie. C’est la moitié de la casse où les Imprimeurs placent les lettres ou caractères, en supposant la casse partagée horisontalement dans sa longueur.

CASSE-COU. s. m. On appelle ainsi un endroit où on court grand risque de tomber. Cet escalier est un vrai casse-cou.

CASSE-CUL. s. m. Terme populaire, pour signifier une chute qu’on fait en tombant sur le derrière. Il s’est donné un casse-cul sur la glace.

CASSEL, ou MONT-CASSEL. Ville de Flandre. Castellum, Castellum Morinorum. Cassel est situé sur une montagne. Philippe de Valois la prit par assaut en 1328, après avoir vaincu les Flamans révoltés contre leur Comte, & y mit tout à feu & à sang. La bataille de Cassel, est une bataille donnée en 1677, proche de Cassel, où feu Monsieur, frère unique du Roi, sortant de ses retranchemens devant Saint Omer qu’il assiégeoit, défit entièrement l’armée d’Espagne & de Hollande, commandée par le Prince d’Orange qui venoit au secours de la place.

Cassel diffère du méridien de l’Observatoire de Paris de oh. 28′ 0″. orient, ou 7d 0′ 0″ ; & a par conséquent 26d 51′ 30″. de longitude, & 51d 19′ 20″. de latitude septentrionale. Cassini.

Cassel est encore une ville d’Allemagne, capitale du Landgraviat de Hesse-Cassel, Caselia, ou Cassilia, Castellum Cattorum. Quelques-uns prétendent que c’est le Stereontium des Anciens.

☞ CASSE-MOTTE. Massue de bois, cerclée de fer, avec un manche d’environ quatre pieds, dont on se sert dans les terres fortes, pour casser les mottes.

CASSE-MUSEAU. s. m. Terme populaire. Coup qui offense le visage. On appelle aussi par antiphrase, casse-museaux, de petits choux, ou une espèce de pâtisserie molle, tendre, creuse & fort délicate, Pistorius globulus.

CASSENEUL. Ville de France en Guienne, dans l’Agenois, sur la rivière de Lot.

CASSE-NOIX ou CASSE-NOISETTE. Petite instrument de bois en forme de tenaille, qui sert à casser des noix, ou des noisettes, qu’on servoit autrefois sur table. Il y a un autre instrument différent de celui ci, & qui l’est au même usage.

Il est fait en forme de vis descendante qui entre dans une boîte ouverte par le côté, pour faire entrer la noisette.

CASSE-NOIX. s. m. C’est un oiseau que l’on appelle autrement Merle de pierre, & en latin, Merula saxatilis. Il est plus grand que le merle, tacheté comme l’étourneau, & noirâtre par dessus. Il est pourtant moins couvert de taches sur la tête & sur le dos, que sur les aîles. Il est diversifié de taches blanches en forme de croissant par tout le corps, qui sont plus grandes sur les ailes & sur le derrière que sur la tête. Tout le devant, depuis le bec jusqu’à l’extrêmité du ventre, est jaunâtre, & tacheté de marques de couleur de rouille & blanches. Elles sont de différentes grandeurs. Les grandes plumes des aîles sont noires & blanches à l’extrémité des bords. Le dessus de sa queue est noir, & le dessous de couleur de rouille ; ses pieds bruns. Enfin, cet oiseau est très-beau, & très-agréable à voir, à cause de la diversité de ses taches.

On appelle aussi casse-noix, une espèce de geai. En latin, graculus alpinus.

CASSENOLLE. s. f. Drogue servant aux Teinturiers. Galla. C’est la même chose que la noix de galle qui vient sur quelques chênes.

CASSER. v. a. Rompre, briser. Frangere, confringere. Un peu de plomb peut casser la plus importante tête du monde. Voit. On casse la tête aux déserteurs en les passant par les armes. Casser des noix, casser un verre.

Ce mot vient de cassare, de la basse latinité, qui a été fait de l’ancien quassare, signifiant la même chose. Ménage.

Casser, est aussi réciproque. En élevant cette machine, la corde cassa. Une poire casse sous la dent. Certains corps dont la dureté, est accompagnée de fragilité, espèce de dureté, qu’on suppose produite par l’engrenement mutuel des parties, facile à détruire, cassent ou se cassent facilement.

Casser, signifie aussi, égruger, réduire en menues parties, comme, casser du grès, du sucre. Obterere, constringere.

On dit aussi en termes d’Agriculture, casser la terre, en parlant de la première façon, du premier labour qu’on lui donne, quand on leve les guérets d’une terre qui s’est reposée quelque temps. Il fait très-bon casser les terres, lorsqu’elles ne sont ni trop dures, ni trop molles. Liger.

Casser, en terme de Palais, signifie, annuler un écrit, une convention, un contrat ; le rendre nul & comme non fait. Abrogare, rescindere. Ce mariage, ce testament ont été cassés par arrêt. Le Conseil du Roi casse les arrêts des Parlemens. Les Requêtes du Palais, & de l’Hôtel, cassent tout ce qui a été fait au préjudice du renvoi fait en leur juridiction, comme un attentat.

Casser une charge, c’est la supprimer. Un Officier qui en est pourvu, c’est le destituer, l’en déposseder. Exauctorare. On a cassé ce Capitaine à la tête des troupes, pour avoir commis une lâcheté. Il cassa quelques Enseignes pour n’avoir pas bien fait leur devoir. C’est à peu-près en ce sens qu’on le dit du Parlement d’Angleterre. Le Roi d’Angleterre peut casser le Parlement quand il lui plaît, c’est-à-dire, destituer tous les Membres qui le composent du pouvoir qu’ils ont en vertu de leur élection. Dissoudre le Parlement.

En général on dit, casser des troupes ; pour dire simplement, les licencier, les réformer. Missum exercitum facere, copias militiæ solvere. Voyez Licencier.

Casser signifie quelquefois simplement, affoiblir, debiliter. Dans ce sens, il ne se dit que des choses qui ruinent la santé. Les fatigues de la guerre, les débauches l’ont fort cassé. Dans cette acception il est aussi réciproque.

On dit d’un homme vieux & misérable, que les années, que les chagrins l’ont bien cassé ; qu’il se casse beaucoup ; pour dire, qu’il s’affoiblit beaucoup, qu’il devient caduc. Ætate, senectute confectus.

On dit familièrement & figurement, se casser la tête ; pour dire, s’appliquer à quelque chose avec une grande contention d’esprit. Se casser le cou, & casser le cou à quelqu’un ; pour dire, gâter ses affaires & ruiner sa fortune, ou la fortune de quelqu’un ; & se casser le nez, pour dire, ne point réussir dans ses projets, ne point venir à bout de ce que l’on a entrepris. Acad. Fr. 1740.

On dit proverbialement & ironiquement, casser du grès à quelqu’un ; pour dire, qu’on ne veut rien faire de ce qu’il souhaite : & qu’un homme est cassé aux gages ; pour dire qu’on ne veut plus avoir de commerce avec lui, ou qu’il n’est plus dans la même faveur, ni dans le même crédit qu’auparavant. On dit aussi au cabaret, qui casse les verres les paye : ce qui veut dire, qu’il faut que chacun porte la peine de la faute qu’il a commise. On dit aussi, qu’une femme a cassé ses œufs, quand elle a accouché avant terme par quelque chûte ou accident. Tout cela est familier ou bas.

Cassé, ée. part. pass. & adj. Fractus, ruptus, abrogatus, &c. Outre les significations de son verbe, il se dit aussi quelquefois de la voix, & signifie foible, & qui n’est plus en état de chanter. Chanter d’un ton triste & cassé. Voit. On le dit encore des personnes. Un homme cassé, est un homme vieux, infirme, valétudinaire. Senio, ætate confectus. Un homme cassé des fatigues de la guerre, c’est-à-dire, à cause des fatigues de la guerre.

CASSEROLE. s. f. Manière de plat de cuivre étamé, de fort petit bord, & bien plus creux que les plats ordinaires. Catinus ex ære cyprio altior, orisque angustioribus & plumbo albo illitus. On s’en sert à faire des fricassées, & des ragoûts.

Casserole. Terme de Verrerie. C’est une cuiller de fer, dont on se sert pour ôter la crasse, & l’ordure de dessus le verre. Voyez Casse.

☞ CASSERON. s. m. Petite casserole. Cuire en casseron. Rabelais.

CASSERON. s. m. Sorte de poisson. Voyez Calmar.

CASSETÉE. s. f. Terme usité dans quelques Provinces. Ce que peut contenir une casse, ou une casse pleine. Il étoit si altéré, qu’il a bu une grande cassetée d’eau. Voyez Casse.

CASSE-TÊTE. s. m. Terme du discours familier. C’est le nom qu’on donne à des vins fumeux & malfaisans, qui sont grossiers, qui enivrent, & donnent des maux de tête. Les auvergnats, & gros vins d’Orléans, sont des casse-têtes. On le dit aussi des sciences, des connoissances difficiles à acquérir ; de tout ce qui demande une grande application, une grande contention d’esprit & de ce qui donne de l’embarras, qui tourmente l’esprit. L’Algèbre est un vrai casse-tête. Une classe nombreuse est un grand casse-tête.

☞ C’est encore le nom d’une arme dont se servent les Sauvages de l’Amérique. C’est une espèce de massue faite d’un bois fort dur.

CASSETIN. s. m. Terme d’Imprimerie. Voyez CASETIN.

CASSETTE. s. f. Petit coffre portatif où l’on enferme ce qu’on a de plus précieux, & les choses qui ont peu de volume. Capsula, arcusa. Une cassette de nuit. Une cassette de la Chine, d’écaille de tortue. On lui a volé ses pierreries dans sa cassette.

Cassette du Roi. C’est ainsi qu’on appelle là somme que le Garde du Trésor royal porte au Roi le premier Jour de chaque mois. Le Roi accorde quelquefois des pensions sur sa cassette.

☞ On appelle cassette chez les Tailleurs, une petite boîte divisée en quatre cases, où ils mettent leur fil & leur poil de chèvre devidés sur des pelotes.

Ce mot vient de capseta. Ménage & Saumaise. C’est un diminutif de capsa, où le p devant l’s s’est changé en s. On trouve de même dans la vie de sainte Françoise cassa pour capsa, Acta SS Mart. Tom. II, p. 111. C. & T. III, p. 162. & indifféremment capsa & cassa. On trouve aussi le diminutif Casseta. Voyez Acta SS. Jun. Tom. V, p. 16 & 64. F. Casse & cassette sont tirés du celtique Kass. Pezr.

CASSEUR. s. m. Qui est en usage dans cette phrase proverbiale, C’est un grand casseur de raquettes, pour dire, un homme vert & vigoureux ; ou dans un sens ironique, c’est un hâbleur, un fanfaron, qui se vante faussément d’avoir fait plusieurs choses dont il n’est pas capable. Thraso.

Ce mot vient de quassator.

CASSI. s. m. Nom propre d’homme. Cassius. S. Cassius, que nous appelons vulgairement S. Cassi, étoit, selon la tradition, un Prêtre de l’ordination de S. Austremoine, l’Apôtre d’Auvergne. Il fut couronné du martyre vers l’année 266. Il ne faut dire Cassi qu’en parlant de ce Saint ; hors de là il faut retenir le mot latin dans son entier. Brutus & Cassius après avoir tué César, se retirèrent en Grèce où ils levèrent une armée, & où ils furent vaincus dans les champs de Philippe en Macédoine.

CASSI-ASCHER. s. m. Officier de l’armée du Turc Grand Prévôt. Capitalis Turcarum Tribunus. Après la bataille que Selim remporta sur les Perses, il fit appeler le Cassi-Ascher, ou Grand Prévôt, pour lui demander ce qu’on devoit faire des femmes des Perses qu’ils tenoient captives. Art. Thomas, Contin. de l’Hist. des Perses, Liv. III.

CASSIA-LIGNEA. s. f. C’est l’écorce d’un arbre fort semblable à celui qui porte la cannelle : ils croissent l’un parmi l’autre dans l’île de Ceylan. Ces deux écorces sont cueillies & séchées de même manière : leur odeur & leur goût sont presque semblables ; elles sont également douces, piquantes & agréables : leur couleur, leur figure leur épaisseur ne diffèrent presque en rien. Mais la cassia-lignea est d’une substance grasse, mucilagineuse, & telle, qu’en la mâchant elle se dissout toute dans la bouche, sans y laisser aucune partie ligneuse ; au lieu que la partie ligneuse de la cannelle reste toujours dans la bouche, quoiqu’on l’ait bien mâchée. Il y a des Auteurs qui croient que l’arbre qui porte la cannelle est le même que celui qui porte la cassia lignea, & qu’ils ne diffèrent qu’en ce que le premier vient dans l’île de Ceylan, & l’autre sur la côte de Coromandel.

☞ CASSIDAIRE. s. m. Cassidarius. Celui qui avoit le soin & l’intendance des casques & des armures de tête dans les arsenaux à Rome. Antia. Grecq. & Rom.

CASSIDOINE. s. f. Pierre précieuse qui a des veines de plusieurs couleurs, dont on fait des vases qui ont été fort estimés dans l’antiquité, & qu’on a appelés Murrha. Cette pierre a un jour fort trouble, & semble polie & lissée plutôt que luisante. On fait cas de celles qui sont comme purpurines, tirant sur le blanc. On estime fort aussi celles qui ont une nuée approchant de l’arc-en-ciel, avec des veines grasses. Les blafardes sont les moindres de toutes, & celles qui ont quelque glace ou des porreaux & grains de mailles plates.

CASSIE. s. f. Accacia Indica. Arbre qui a été apporté des Indes, & qui ressemble par ses feuilles à l’Accacia du Levant, qu’on nomme Accacia vera, sive Egyptiaca. On cultive la cassie en Italie, & en Provence, à cause de l’odeur de ses fleurs, avec lesquelles on fait une pommade qui se tiroit autrefois de Grace en Provence. On en faisoit aussi une essence ; mais aujourd’hui on prépare bien moins d’essences & de pommades de Cassie. L’arbre de Cassie vient en Europe d’une moyenne grandeur & grosseur ; son tronc est tout au plus de quatre à cinq pouces de diamètre, haut comme nos orangers, branchu & garni de feuilles rangées sur une côte branchue, & dont les branches sont comme par paires, aussi-bien que ses feuilles, dont deux terminent chaque côté. Elles sont plus petites que celles de la lentille, mais un peu plus fermes, glabres & lisses, d’un vert gai qui brunit quelquefois. Elles s’approchent les unes des autres sur le soir ; c’est ce qu’on appelle se fermer. A la naissance de chacune de ces feuilles sortent à côté un ou deux piquans fort aigus, purpurins d’abord, mais ensuite blancs, longs d’un pouce environ. Ces piquans restent long-temps sur ces branches, & ne tombent guère. Il fleurit environ le mois de Juin en Italie, en Août en France & dans les Provinces un peu froides. Sa fleur est une petite boule ronde, velue, jaune, soutenue par un pédicule long d’un pouce, vert, & qui part des endroits où les vieilles feuilles des précédentes années avoient été placées. Elles naissent aussi des jeunes pousses de l’année ; mais ce n’est qu’au mois de Septembre qu’elles fleurissent. Elles ont une odeur fort douce. A l’aide de la coupe on découvre que cette fleur est un amas de petits cornets qui n’ont pas une ligne de longueur, évasés, remplis d’une quantité prodigieuse de petites étamines fort déliées, qui environnent un pistil. Elles sont ramassées en une boule qui est composée quelquefois de plus de cent de ces cornets qui sont autant de fleurs, dont, la plus grande partie avorte, & il n’y en aura qu’une, deux ou trois qui noueront ce fruit. Il est formé par le pistil qui devient une gousse brune, longue & grosse comme le doigt, courbée, composée de deux écorces, entre lesquelles il se rencontre une matière mucilagineuse & gluante. Cette gousse est divisée intérieurement par des cloisons spongieuses en plusieurs cellules qui renferment chacune une semence arrondie, dure, pâle, & qui étant mâchée, laiffe un goût d’ail à la bouche. Cet arbre donne dans les îles d’Amérique une goinme semblable à celle qu’on nomme arabique. Elle en a les mêmes usages, & se fond pareillement dans l’eau. L’écorce de ses gousses sert en place de noix de galle, pour faire de l’encre.

L’Accacia du Levant, comme espèce du même genre de la cassie, n’en diffère aussi que par ses gousses principalement, qui sont d’une structure différente. Chaque silique est longue de quatre à cinq pouces environ, & composée de plusieurs phalanges, rondes, lenticulaires, de demi-pouce au plus de diamètre, qui ne renferment dans leur cavité qu’une semence arrondie, & qui sont séparées les unes des autres par un étranglement fort considérable.

Ces gousses encore vertes sont exprimées pour en préparer un extrait qu’on nomme accacia vera, qui est fort astringent. La décoction des feuilles & des fleurs est estimée aussi astringente. La gomme arabique découle de l’accacia du Levant. La plus belle est blanche & vermiculée ; elle est fort adoucissante, & entre dans plusieurs compositions galéniques : on l’emploie encore pour former des trochisques. On employoit beaucoup de cette gomme autrefois, mais depuis que la gomme du Sénégal est devenue commune & à meilleur marché, il n’entre que très— peu de gomme arabique dans le Royaume. Il est vrai que la gomme du Sénégal n’est différente de l’arabique que parce qu’elle est moins blanche. Il y a lieu de croire que la gomme du Sénégal coule d’une espèce d’accacia ; on a donné ce nom à cette gomme, parce que la compagnie du Sénégal a été la première qui en ait apporté.

Il y a plusieurs autres espèces d’accacia, qui sont communes dans les îles d’Amérique. Le P. Plumier en a trouvé plusieurs espèces qui sont rapportées dans les Instituts Botaniques de M. de Tournefort.

CASSIEN. s. m. Cassianus. Nom d’une secte de Jurisconsultes Romains qui défendoient les sentimens de Capiton, & dont le chef fut C. Cassius-Longinus, Jurisconsulte sous Tibère, & qui fut Consul l’an 30e de Jésus-Christ, avec Vinucius, l’ami de l’Historien Paterculus. Voyez Proculien, & Historia Juris Civilis Romani de Forster, L. II.

CASSIER ou CANÉFICIER. Cassia purgatrix. Arbre qui porte la casse. Il croît de la hauteur de nos noyers : son écorce est plus fine & plus lisse. Le bois de son tronc est d’un rouge brun, ferme ; couvert d’un aubier pâle : ses feuilles sont arrondies à leur base, pointues à leur extrémité, larges de deux pouces sur quatre environ de longueur, d’un vert brun, rangées par paire sur une côte terminée par deux feuilles. Du même endroit que naît la côte qui soutient les feuilles, part aussi une branche chargée de fleurs jaunes portées sur des pédicules assez longs. Elles sont à cinq pétales, d’un beau jaune, arrondies, creusées en manière de cuilleron, inégales ; deux sont plus amples que les autres, & ont près d’un pouce de diamêtre. Elles sont toutes soutenues par un calice à cinq découpures ovales, longues de trois lignes sur deux & demi environ de largeur, creusées en cuilleron, d’un vert jaunâtre. De leur milieu s’élèvent dix étamines d’un jaune pâle, inégales : c’est-à-dire, dont les unes sont plus longues que les autres, & dont trois sont crochues, pendant que les sept autres sont droites. Elles sont chargées de sommets jaunes, & entourent un pistil qui est mince d’abord, crochu & verdâtre, & qui devient ensuite une gousse d’un pied & demi de long, d’un pouce environ d’épaisseur, composée de deux cosses minces, ligneuses, fort voûtées, & si fort unies ensemble qu’elles ne peuvent se séparer : il n’y reste pour trace de leur union qu’une raie & un rebord qui subsistent des deux côtés de la gousse. Elle est ligneuse, couverte d’une écorce fine, qui devient basanée ou couleur châtain, & est divisée en dedans en plusieurs cellules par des cloisons transversales & parallèles. Chaque cellule contient une semence arrondie, aplatie, dure & d’un châtain clair ; les parois de ces cellules sont revêtues d’une moëlle ou pulpe noire, douceâtre & sucrée. Le caneficier fleurit dans nos Îles Antilles aux mois d’Avril & de Mai ; pour lors il est dépouillé de ses feuilles. La gousse du cassier se nomme communément la casse, Siliqua cassia. Voyez ce mot.

Il y a un cassier ou caneficier du Brésil, qui est beaucoup plus gros que le précédent ; son écorce bien plus épaisse, se gerse, & est relevée de plusieurs veines qui parcourent toute sa surface ; les rebords qui marquent la jonction des deux cosses, forment un cordon considérable des deux côtés de la gousse. Elle est partagée de même en plusieurs cellules dans son intérieur. On croit cette casse moins purgative. Marcgrave la nomme Tapyracoaynana ; & Bauhin, cassia fistula Brasiliana.

Il y a des cassiers dans les Îles de l’Amérique. Ce sont de beaux & grands arbres, qui ont les feuilles presque semblables à celles de l’accacia, que nous avons en France ; mais deux fois plus grandes, plus pointues, plus fortes & plus écartées. Cet arbre fleurit gris-de-lin, ou couleur de fleur de pêcher, & non pas jaune comme celui du Levant. Ses tuyaux sont longs de deux pieds, & deux ou trois fois aussi gros que les autres. Quand il est dépouillé de ses feuilles (ce qui lui arrive tous les ans une fois,) il se couvre entièrement de grands bouquets de fleurs, longs d’un bon pied, en forme de panache, de couleur de fleurs de pêcher. Sur chaque bouquet il croît tout au plus un ou deux bâtons de casse. Ces bâtons ont la forme de ceux du Levant, mais ils sont longs de deux pieds, & presque gros comme le bras : l’écorce en est basanée, rude, & fort difficile à rompre. Les petites séparations qui sont dedans, sont aussi extrêmement dures ; de sorte qu’on a bien de la peine à les monder, & à en tirer la moëlle. Quand elle est récente, elle ressemble fort à celle du Levant, soit par sa couleur, qui est pourtant moins noire, soit par le goût, qui est un peu gras & douceâtre, à peu près comme les pruneaux ; soit par l’effet purgatif ; si ce n’est que causant des tranchées, elle ne purge pas si aisément. P. Du Tert.

On a aussi planté des grains de cassiers du Levant dans les Îles, qui y sont fort bien venus. Ils ne sont pas si hauts que les autres ; mais ils ont les feuilles plus longues & plus polies : ils fleurissent & se dépouillent comme eux ; ils portent un grand panache revêtu de plusieurs fleurs jaunes, assez ressemblantes à celle du pied d’alouette ; mais un peu plus grandes, d’une couleur qui a quelque rapport à celle de la giroflée jaune. Le bois de cassier est si cassant, qu’une branche grosse comme la jambe ne pourroit porter un homme sans risque de rompre. Id.

Cassier ou caneficier bâtard, c’est le terme par lequel on distingue dans les Îles d’Amérique certaine espèce de caneficier, dont les gousses ne sont point remplies de cette moëlle purgative. Cassia silvestris. Voyez Du Tertre, Rochefort, Plumier, Tournefort.

CASSIN. Le mont Cassin. Montagne d’Italie dans la terre de Labour, province du Royaume de Naples, Cassinus mons. Le mont Cassin est proche d’Aquin, qu’il a au nord. Cette montagne a pris son nom d’une ville ancienne & considérable des Volsques, nommée Cassin, Casinum, ou Cassinum. Voyez Vigénere sur Tite-Live, t. I., p. 1760 & 1761. On appelle encore Mont-Cassin une célèbre Abbaye de Bénédictins, qui est dans le bourg de Saint Germain, bâti des ruines de la ville dont nous venons de parler. Cette Abbaye est le Chef-d’Ordre des Bénédictins ; & l’on dit, un Moine du Mont-Cassin, la Congrégation du Mont-Cassin. S. Benoît se retira en 519 au Mont-Cassin, & y bâtit ensuite un Monastère.

Cette Congrégation a porté le nom de Sainte Justine de Padoue, jusqu’en l’an 1504, que le Monastère du Mont-Cassin y ayant été uni, Jules II voulut qu’elle quittât le nom de Sainte Justine, pour prendre celui du Mont-Cassin, qui étoit chef de tout l’Ordre. Elle a environ 95 Monastères célèbres, & une centaine environ de plus petits, qui dépendent des premiers. Tous les Abbés de cette Congrégation se fervent d’ornemens pontificaux, & donnent les quatre mineurs à leurs Religieux. Les Freres Convers s’appellent Freres commis. Le Supérieur général de la Congrégation s’appelle Président, & est élu tous les ans dans le Chapitre-général. La Congrégation du Mont-Cassin fut formée en 1409 & les années suivantes par Louis Barbo, noble Vénitien, Prieur des Chanoines séculiers de saint Georges in Alga à Venise. Le Page Grégoire XII lui donna cette Abbaye, & lui ordonna de l’accepter. Il obéit ; il y mit la réforme, qui s’étendit en peu de temps dans plusieurs autres Monastères d’Italie dont il forma une Congrégation, qui se nomma Sainte Justine, & que Barbo fit approuver par Martin V, l’an 1417. P. Hel. t. VI, p. 29.

☞ CASSIN. s. m. Partie du métier à étoffes de soie, à gaze, &c. C’est un cadre de deux pieds & demi de long sur vingt pouces de large, porté par les deux estafes du métier, & qui soutient un autre cadre en talus, appelle cage, garni de petites lames, entre lesquelles sont enfilées sur des verges de fer, qui leur servent d’axe, les rangées de poulies sur lesquelles les cordes de rame sont passées. Encyc.

☞ On appelle cassin-volant un cassin ordinaire, garni de tous ses cordages, rame, semple, dont on se sert pour la lectlure des desseins, tandis que les autres métiers travaillent. Une aiguille de plomb du poids de quatre onces détend la corde de rame, & par conséquent celle de semple.

CASSINE. s. f. Nom en usage en quelques endroits, pour désigner une petite maison à la campagne : ce qui s’est dit premièrement de l’habitation d’un Hermite ou d’un Moine qui s’est retiré en quelque lieu désert pour vivre en solitaire : Casula, villa.

Les cassines sont des maisons ou l’on retire les grains & les autres fruits. P. Benoit. Les ennemis s’étoient retranchés dans une cassine : on attaqua la cassine, & on l’emporta l’épée à la main. Ce mot est formé du latin casa. C’est ce que nous appelons en France une ferme ou une métairie, & dans quelques provinces, une petite maison de plaisir hors de la ville, qu’on nomme ailleurs bastide.

Ce mot vient de cassina, qu’on a dit aussi dans la basse latinité dans le même sens.

CASSIOPÉE. s. f. Constellation céleste qui est dans la partie boréale du ciel, composée de 13 étoiles fort apparentes ; mais Tycho, Bayerus & Galilée, en ont observé plusieurs autres. Il y a cinq étoiles principales dans cette constellation, dont celle qui est la plus éloignée du pôle, s’appelle la poitrine de Cassiopée. La grande ourse, & Cassiopée, sont au même méridien ; mais elles sont opposées l’une à l’autre, de sorte que quand la grande ourse est au-dessus du pole, Cassiopée est au même méridien au-dessous du pôle. Cassiopeia. Les Arabes l’appellent chaise royale.

En l’année 1572, il parut en cette constellation une nouvelle étoile, qui surpassoit en grandeur & en éclat Jupiter même. On la prit même pour un astre, parce qu’elle en avoit le brillant & la clarté : elle avoit un lieu fixe comme les étoiles, & en avoit le mouvement. Elle diminua peu-à-peu, & disparut après dix-huit mois. Tous les Astronomes de ce tems-là firent là-dessus plusieurs dissertations, entr’autres Tycho-Brahé & Kepler, l’Abbé Maurolycus, Fortunius Licetus, Théodorus Gramineus, &c. Théodore de Beze crut qu’elle étoit du genre des comètes ; que c’étoit la même étoile qui apparut aux Mages pour les conduire en Bethléem, & qu’elle venoit annoncer le second avénement de Jésus-Christ. Le Landgrave de Hesse & Andreas Rosa, ont été de même avis : il a été réfuté par Tycho, & plus fortement par l’expérience du temps écoulé depuis, qui a fait voir combien cette prédiction étoit vaine.

Au reste, les Poëtes disent que Cassiopée étoit femme de Céphée, Roi d’Ethiopie, & qu’elle eut la témerité de se comparer en beauté aux Néreïdes. Ces Nymphes marines, pour s’en venger, firent envoyer par Neptune un monstre qui ravageoit tout le pays. L’Oracle consulté répondit que pour appaiser la colère des Dieux, il falloit exposer Andromède, fille de Céphée & de Cassiopée, pour être dévorée par un monstre marin : Persée la délivra, & obtint même de Jupiter que Cassiopée seroit mise au nombre des astres.

☞ CASSIS. Espèce de groseillier. Voyez Cacis.

Cassis, Petite ville de France, sur la côte de Provence, entre Marseille & la Ciutat, avec un petit port.

CASSOLETTE. s. f. Petit vaisseau ou réchaut de cuivre ou d’argent, où l’on fait brûler des pastilles & des odeurs agréables. Anthepsa odoraria. Il se dit aussi de l’odeur même qui sort de la cassolette. Voilà une agréable cassolette. On dit ironiquement & par antiphrase, voilà une étrange cassolette, quand on sent quelque chose de fort puant.

On donne encore le nom de cassolette à une espèce de boîte ou étui, où l’on renferme des odeurs qu’on porte dans sa poche. Les cassolettes sont de diverses figures, & ont plusieurs loges ou cellules qui s’ouvrent séparément. Chaque odeur a sa cellule, en sorte que dans l’une on met du musc, dans l’autre de l’ambre gris, dans une autre de la civette, &c. Ceux qui aiment les odeurs ont toujours la cassolette à la main ; les autres n’en font guère usage que pour servir de correctif, lorsqu’on sent quelques mauvaises odeurs.

Ce mot vient de cassoletta, italien, diminutif de cassola & de cassa. Men.

Cassolette, est aussi un vase de sculpture, avec des flammes ou de la fumée, qui sert d’amortissement, & qui se fait le plus souvent isolé. On en fait aussi en bas relief. Authepsa odoraria opere Architectonico adumbrata.

Cassolette. s. f. Espèce de poire. J’aime assez les poires qui ont la chair cassante avec une eau douce & sucrée, & quelquefois un peu parfumée, comme la cassolette, &c. La Quint.

La cassolette est une poire longuette & grisâtre, qui ne le cède presque en rien à la robine, ni par sa chair ni par son eau, ni par tout son mérite, si ce n’est qu’elle est sujette à mollir. Sa maturité vient aux environs de la mi-Août. Id.

CASSONADE ou CASTONADE. s. f. L’un & l’autre se dit, mais cassonade est le plus usité. Ménage prétend que c’est castonade ; mais on croit qu’il se trompe, au-moins est-il sur qu’on devroit dire cassonade. Sucre qu’on apporte & qu’on vend en poudre ou en gros morceaux, qui n’a pas eu sa dernière préparation, par laquelle on le durcit, on le blanchit & on le met en pain. Saccharum impurum, minus defæcatum vel expurgatum. On tient que la cassonade sucre mieux que le sucre raffiné & mis est pain, mais elle fait bien plus d’écume. ☞ On s’en sert quelquefois pour faire des confitures ; mais il y a plus de perte, & les confitures ne sont pas si belles.

☞ Les Portugais du Brésil apportèrent les premiers en France cette espèce de sucre dans des caisses qu’ils appellent casses, d’où est venu le nom de cassonade.

CASSOORWAN. s. m. Petit poisson rare qui se trouve aux Indes occidentales. Il est un peu plus gros qu’un anchois, mais beaucoup meilleur, & a deux prunelles dans chaque œil, de sorte que lorsqu’il nage, il voit en même temps en dessus & en dessous. ☞ Il a le dos plat avec l’épine & les côtes rondes ; presque à la façon de celles de l’homme.

☞ On l’appelle autrement Cassororari.

CASSOVIE. Ville de Hongrie, qu’on appelle en langage du pays Caschaw, capitale du Comté d’Abanvivar. Cassovia.

CASSUBIE. Le Duché de Cassubie. Cassibia, Cassabiæ Ducatus. C’est une contrée du Cercle de Haute-Saxe en Allemagne. La Cassubie est une province de la Poméranie ultérieure ou Ducale. La Poméranie propre avec la Nouvelle-Marche & Brandebourg la bornent au couchant, la petite Pologne au midi, la Prusse & la Vandalie au levant, & la mer Baltique au nord. Sa capitale est Colberg.

CASSUMMUNIAR ou CASMINAR. s. m. C’est une racine qu’on nous apporte des Indes orientales. Elle est de la grosseur environ du petit doigt, & coupée par de petits morceaux, de couleur brune, d’un goût aromatique, piquant, mêlé de quelque amertume, & entourée par dehors de cercles, comme le galanga. On ignore quelle est la plante dont on tire cette racine ; mais on l’estime un remède excellent pour les maladies des nerfs, pour la paralysie, les convulsions, la colique, les tranchées & les affections hystériques. Miller, cité par James.

CASSURE. s. f. Ce mot se dit en parlant d’une lame d’épée, de couteau, &c. & signifie rupture. Fractura, fractio. Si vous cassez une lame d’épée, & que dans la cassure vous découvriez la lame de couleur grise, la lame est bonne. Liancourt, Maître d’Armes.

CASTAGNETTE. s. f. Instrument dont se servent les Mores, les Espagnols & les Bohémiens, pour accompagner leurs danses, leurs sarabandes & leurs guitares. Crumata. Il est composé de deux petits ronds de bois de prunier ou de hêtre, sec & creusé en forme de cuiller, dont les concavités se mettent l’une sur l’autre, qu’on attache au pouce, & qu’on bat de temps en temps avec le doigt du milieu ou l’annulaire, pour marquer les mouvemens & les cadences. On peut battre huit ou neuf fois les castagnettes dans le temps d’une mesure, ou d’une seconde de minute. On les appelle cascaveaux en Provence, & cascavelles en Languedoc.

Il dansoit la sarabande, & n’étoit jamais sans castagnettes. Scarron.

Ce mot vient de l’espagnol castannetas, & a été formé de la ressemblance qu’ont ces instrumens avec les châtaignes.

☞ Les anciens avoient plusieurs sortes de castagnettes, la crotale, crotalum. Voyez ce mot ; Crumata, dont nous venons de parler ; & crupezia, dont on jouoit avec les pieds : ainsi nommées du grec πιζα (pidza), frapper, & κρουειν (krouein), la plante du pied. On les appeloit aussi scobella, scamilla & scamella, parce que c’étoit comme une petite escabelle ou un marche-pied, qu’on frapoit diversement avec un soulier de bois ou de fer. Mais il y en avoit apparemment de différentes façons. On en représente comme une sandale faite de deux semelles, entre lesquelles il y a une castagnette attachée. Voyez Bartolin. De tibiis veterum.

Castagnette. Etoffe de soie, de laine & de fil, qui se fait par les Hautelisseurs de la Sayetterie d’Amiens.

CASTAGNEUX. s. m. Sorte d’oiseau de rivière. C’est la même chose que le petit plongeon. ☞ Mergulus ou mergus minimus fluviatilis. Il est de couleur de châtaigne, d’où il paroît qu’est venu son nom. Il vit dans l’eau salée & dans l’eau douce. Sa chair a un goût sauvage dans toutes les saisons.

☞ CASTALIDES. surnom donné aux Muses, à cause de la fontaine de Castalie qui leur étoit consacrée.

CASTALIE. Nom d’une fontaine consacrée à Apollon & aux Muses. Castallia, Castalius fons. La fontaine Castalie étoit dans la Phocide au pied du mont Parnasse. Les Poètes feignent qu’Apollon métamorphosa une Nymphe qu’il aimoit, en cette fontaine, & qu’il donna à ses eaux la propriété de rendre Poètes tous ceux qui en boiroient. Le murmure de la fontaine Castalie passoit pour inspirer l’esprit prophétique. C’est pour cela que Bochart, Chanann, L. I, c. 16, tire son nom de קסטלה, Kastala, mot arabe, qui signifie le murmure, le bruit que font les eaux d’une rivière ou d’une fontaine. Voyez le voyage de Grèce de M. Spon, P. II, p. 65.

CASTANITE. s. f. Pierre argilleuse, de la couleur & de la forme d’une châtaigne.

CASTE. s. f. Terme de relation. C’est le nom que l’on donne aux Tribus, dans lesquelles sont divisés les Idolâtres des Indes orientales. La Caste des Bramines. La Caste des Banians.

CASTEL. C’est un nom qui se donne à une infinité de petites villes & à d’autres lieux en Italie, en Espagne, & dans les Provinces de France qui en sont voisines, comme en Languedoc. Il signifie château, & vient du latin castellum. Castel Gandolfe, Castellum Gandulphi, Bourg de la Campagne de Rome, où les Papes ont un château, & dont l’air est excellent. Castel Mendo, ville de Portugal dans la Province de Tra los Montes. Castel-Moron, petite ville de France en Gascogne. Il y a aussi Castel, petit pays du cercle de Franconie. Castelnau, ville de Languedoc, Castellum novum ; c’est-à-dire, Château-neuf. On dit aussi Castelnou, si l’on en croit Valois, Not. Gal. p.155, mais Castelnau est mieux. Le Maréchal de Castelnau mourut des blessures qu’il reçut au siège de Dunkerque, & est enterré à Bourges dans l’Eglise des Dominicains. Castelnau-d’Ari, autre ville de Languedoc, Castellum novum Arii. Voyez Valois, Not. Gall. p. 155. Andoque prétend dans son Hist. de Languedoc ; L. XI, p. 314, qu’il fut ainsi appelée des Gots Ariens qui le bâtirent. Catel, dans son Hist. du Languedoc, L. II, dit qu’il y a de l’apparence que Caput arietis, dont fait mention Grégoire de Tours, L. XXX de son Hist. ch. 8 est Castelnaudry.

☞ CASTEL-GELOUX ou CASTEL-JALOUX. Petite ville de France dans la Guienne, avec Bailliage du Duché d’Albert.

☞ CASTEL-SARRASIN, ou plutôt CASTEL-SUR-AZIN. Petite ville de France, dans le haut Languedoc, sur le ruisseau d’Azin.

CASTELANE. s. f. Espèce de prune. La castelane est une prune verte. La Quintinie. Les castelanes sont bonnes en compote.

CASTELLAN. s. m. Terme d’histoire & de relations. Nom d’une dignité, d’une charge en Pologne » Les Castellans sont Sénateurs du Royaume. Les Castellans sont en Pologne ce que sont en France les Lieutenans-Généraux des Provinces, & les Lieutenans de Roi ; ils commandent dans une partie d’un Palatinat sous l’autorité du Palatin. Castellanus, Castelli Præfectus, Provinciæ Legatus.

☞ On divise les Castellans en grands & petits. Les petits n’ont ni séance, ni voix délibérative dans les affaires d’Etat. Les grands ont, comme les autres Sénateurs du Royaume, séance dans les Conseils & aux Diètes, qu’ils ont droit de convoquer. Ils administrent la justice dans leurs Districts, &c.

CASTELLANE. s. f. ou CASTILLAN. s. m. est une monnoie d’or particulière, qui a cours en Espagne, valant quatorze réales, & environ dix deniers. Gaz. 1721, p. 465. D’autres disent 14 réales & 16 deniers, ou 3 livres dix sous de notre monnoie. Castellanus nummus.

Castellane. Ville de France en Provence, au Diocèse de Senès, sur la rivière de Verdon. Elle a droit de députer aux Etats. Castellana.

☞ Il y a aussi une ville de ce nom en Italie, dans les terres du patrimoine de St Pierre, que les Italiens appellent Citta Castellana.

☞ CASTELNAU. Ce mot signifie Château-neuf, & est le nom de plusieurs villes & bourgs de France, qu’on distingue par un sur-nom.

Castelnau de Barbarens. Petite ville de France, dans l’Armagnac, sur le Rat, au Comté d’Asterac.

Castelnau de Brassac. Petite ville de France, dans l’Albigeois, Diocèse de Castres, à cinq lieues de cette ville, & à une de Brassac.

Castelnau de Bretenous. Petite ville de France, avec titre de Baronie, dans le Querci, frontières du Limosin & de l’Auvergne, à douze lieues au dessous d’Aurillac.

Castelnau d’Estreson ou de Trigeson. Castellum novum de tribus fontibus. Petite ville de Languedoc, selon Baudrand. Mais ce n’est qu’un village assez près de Grenade, au nord de Toulouse.

Castelnau de Levi. Petite ville de France, au haut Languedoc, dans l’Albigeois.

Castelnau de Magnoac. Petite ville de France, dans l’Armagnac, à une lieue au dessous de Mauleon, & à huit au-dessus d’Auch.

Castelnau de Montartier. Petite ville de France, en Querci, au midi de Cahors.

Castelnau de Montmirail. Petite ville de France, dans l’Albigeois, au couchant de la ville d’Albi.

Castelnau de Riberac. Château de France dans l’Armagnac, près de l’Adour.

CASTELNAUDARY. s. m. Ville de France, en Languedoc, a de longitude 19d 29′ 58″ ; sa différence du méridien de Paris étant de 0° 1′ 53″, ou 0d 23′ 22″. Pour sa latitude, c’est 43d 18′ 35″, nord. Cassini. ☞ C’est la capitale du Lauragais, Diocèse de Saint Papoul. Castellum Arianorum, ou Castellanium Auracium, Castellum novum Arrii, suivant Longue-Rue.

CASTELOGNE. s. f. Couverture de lit faite de laine très-fine. Lodix lanea. Ce mot vient de castalana, parce qu’on les fait d’ordinaire de la toison des agneaux : on les appelle quelquefois mantes. A Lyon on les nomme catalognes, parce qu’elles sont venues de Catalogne. Ménage.

CASTERAUX. f. C’est la même chose que Coteraux.

CASTIGLIONE. Mot purement italien. C’est un diminutif, qui signifie la même chose que Châtillon en françois, c’est-à-dire, petit Château. Castilio. Nous le conservons dans les mots italiens en notre langue. Castiglione delle Stivere, ville du Duché de Mantoue, Castiglione di Lago, Castiglione di Pescaria, &c

Mouillez le gl dans la prononciation. Quelques-uns de nos Auteurs plus exacts, ou plus scrupuleux, disent Castillon & non pas Castiglione. Ainsi le P. d’Orléans, dans la Vie du P. Louis de Gonzague, a toujours dit le Marquis de Castillon.

CASTILLAN, ANE. s. & adj. Qui est de Castille, natif, ou native de Castille. Mouillez les deux ll dans la prononciation. Castellanus, a. Les Castillans sont graves, sérieux, fermes, constans, fidèles. La nation Castillane a donné à son Roi pendant la guerre, qui finit l’an 1714, le plus bel exemple de fidélité dont l’histoire ait parlé. La langue Castillane a beaucoup de majesté.

Castillan. s. m. Langue Castillane. Castellana lingua. Un Cavalier Espagnol soutint un jour hautement dans une bonne compagnie que le castillan étoit la langue naturelle de Dieu. Comme dit un jour un savant Cavalier de ce pays-là, qui soutint hautement dans une bonne compagnie, qu’au Paradis terrestre le serpent parloit anglois, que la femme parloit italien, que l’homme parloit françois, mais que Dieu parloit espagnol. Bouhours. Il n’y a rien de plus pompeux que le Castillan, il n’a presque pas un mot qui n’enfle la bouche, ou qui ne remplisse les oreilles. Idem.

Castillan. s. m. Voyez Castellane, monnoie dor.

Castillan. s. m. Nom d’un poids d’Espagne. Le castillan est la centième partie d’une livre d’Espagne, qui est environ d’un 6e & 3 quarts pour cent moins pesante que notre poids de marc ; en sorte que 117 marcs d’Espagne n’en font que cent dix de France. Le castillan se divise en huit tomines. Six castillans & deux tomines font une once espagnole. Centesima pars librœ Hispanicœ.

CASTILLE. Nom de la plus grande contrée de l’Espagne. Castella. La Castille est au milieu de l’Espagne, & elle a au nord l’Asturie Santillane & la Biscaye ; au levant, les Royaumes de Navarre, d’Arragon & de Valence ; au midi, celui de Murcie avec l’Andalousie, & au couchant, le Royaume de Portugal & celui de Léon. Ce pays se divise en deux Provinces séparées l’une de l’autre par une grande chaîne de montagnes qui se traversent du couchant au levant. La partie qui est au septentrion de ces montagnes s’appelle la Castille vieille, & c’est la Castille propre ; et celle qui est au midi, la Castille nouvelle. La première s’appelle Castille vieille, parce que les Chrétiens la conquirent sur les Maures long-temps avant la nouvelle Castille. La vieille Castille n’a porté que le titre de Comté jusqu’au milieu du XIIe siècle, que Don Sanche III ayant épousé Nunna, héritière de Castille par sa mort de Garcias son frère unique, & dernier Comte de Castille, la donna à Ferdinand son fils sous le titre de Royaume. C’est ce Ferdinand IIe du nom, qui la réunit au Royaume de Léon qu’il avoit déjà. La Castille nouvelle s’appeloit sous les Maures, Royaume de Tolede. Elle n’a pris le nom de Castille que depuis la fin du XIe siècle, que les Chrétiens l’enlevèrent aux Maures. La capitale de la vieille Castille est Burgos ; celle de la nouvelle a été long-temps Tolède : aujourd’hui c’est Madrid, capitale de toute l’Espagne.

On dit couronne de Castille. Castellanum Regnum. Castellani Regni ditiones. La couronne de Castille ne comprend pas seulement les deux Castilles la vieille & la nouvelle : c’est l’une des deux parties générales qui composent le Royaume d’Espagne ; & qui comprend dans les quatre parties du monde un grand nombre de pays fort vastes, & fort écartés. En Espagne, les deux Castilles, l’Estramamadoure castillane, l’Andalousie, les Royaumes de Grenade, de Murcie, de Léon, de Navarre, la Galice, les Asturies, la Biscaye ; en Afrique les villes de Marsalquivir, de Melila, de Pennon, de Velez, de Ceuta, de l’Arrache, & les Îles Canaries ; en Asie, les Îles Philippines, les îles Marianes, ou des Larrons ; en Amérique, le vieux et le nouveau Mexique : la Terre-Ferme ou la Castille-d’or, le Perou, le Chili, le Paraguay, la presqu’île de Tegesta dans la Floride, les Îles de Cuba, Saint Domingue & quelques autres. Si bien qu’il est vrai, comme les Espagnols le disent, que le Soleil ne se couche jamais sur les terres de leur domination.

Le nom de Castille a été donné à cette contrée du mot espagnol castel, château, castellum, à cause des châteaux dont elle est pleine, d’où est venu selon quelques-uns, le proverbe de bâtir des châteaux en Espagne, ainsi qu’on l’a dit au mot Château.

Castillle d’or. Vaste région de l’Amérique méridionale, appelée autrement Terre-ferme. Castella aurea. C’est la partie de l’Amérique méridionale, qui est la plus avancée vers le nord, & que l’on renferme entre le second degré de latitude méridionale & le douzième de latitude septentrionale, & entre les deux cens quatre-vingt-treizième & le trois cens vingt-huitième de longitude. Christophe Colomb, qui dans ses deux premiers voyages n’avoit découvert que les Îles de l’Amérique, parcourut au troisième et au quatrième les côtes de cette grande contrée ; & jugeant que c’étoit un grand continent, il lui donna le nom de Terre-ferme, qui lui est resté. Cependant les Espagnols l’appelèrent quelquefois dans la suite Castille d’or, à cause de la grande quantité d’or qu’ils y trouvèrent. Nos Géographes lui donnent aussi ce nom. Voyez Terre-ferme.

Castille. s. f. Terme populaire, qui signifie, petite querelle ou différent. Rixa, jurgium, dissidium. Ces gens mariés font mauvais ménage, il y a toujours quelque castille entr’eux, quelque chose à démêler.

Ce mot vient par corruption de castine ou cassine, qui signifioit autrefois querelle, riotte.

Castille. s. f. On le dit en Anjou, en Bretagne, & peut-être en quelqu’autres lieux, pour le fruit qu’on appelle a Paris & dans la plûpart de nos Provinces, groseille. Voyez ce mot.

CASTILLON. Castellio ou Castilio, ville sur la Dordogne en Périgord, où les Anglois qui vouloient secourir la ville assiégée par les François, furent si bien battus par Charles VII, qu’ils prirent le parti d’abandonner la Guienne qu’ils possedoient depuis long-temps. La bataille de Castillon ne se donna pas en 1451, comme disent Hoffmann, Maty, & M. Corneille, ni en 1452, comme l’écrit Duchesne, Antiq. des villes de France, L. III, c. 13 ; mais en 1453, le 13 Juillet, comme le marque du Tillet dans son Chronicon de Regib Franc. & le P. Daniel dans l’Hist. de Charles VII. Il y a aussi Castillon de Médoc, Castillo Medulci, petite ville de Guienne dans le petit pays de Médoc, & sur le bord méridional de la Garonne.

Castillon est un diminutif de Castel, qui signifie château. Ces villes apparemment n’étoient d’abord que de petits châteaux. C’est de-là qu’est venu leur nom.

☞ CASTINE. s. f. Pierre blanchâtre qu’on mêle avec la mine de fer pour en faciliter la fusion en absorbant les acides du soufre, qui font la matière la plus ennemie du fer.

CASTOIGNAEU ou CASLOIGNEAU, s. f. Petit panier dans lequel on met quelques espèces de marchandises.

CASTON. s. m. Vieux mot qui signifioit chaton d’une bague.

CASTONADE. Voyez Cassonade.

CASTOR ou BIÈVRE. s. m. Animal amphibie, qui vit tantôt sur terre & tantôt dans l’eau, & qui ne s’apprivoise jamais. Castor tiber. Il vit de feuilles & d’écorces d’arbres. Les anciens, comme Solin, Pline, Andromachus, Ælian, Apulée, Cicéron, &c. ont cru qu’il s’arrachoit lui-même les parties naturelles, quand il étoit poursuivi des Chasseurs, sur quoi les Poëtes ont dit des merveilles :

          Imitatus Castora, qui se
Eunuchum ipse facit, cupiens evadere damno
Testiculorum. Juv.


C’est pourtant une erreur. C’en est une aussi d’assurer avec plusieurs Naturalistes, que les testicules du castor sont attachées à l’épine du dos. Dioscoride a fort bien remarqué qu’ils sont cachés dans les aines. Il y a encore dans les aines, tout auprès des testicules, des bourses de la grosseur d’un œuf d’oie, dans lesquelles est contenue une liqueur très-unie dans la médecine, qu’on appelle castorum. On confond ordinairement ces bourses avec les testicules ; mais ce sont des choses entièrement différentes. On trouve de ces bourses dans les femelles aussi-bien que dans les mâles, ce qui détruit le sentiment de ceux qui prétendent que le castoreum est renfermé dans les testicules du castor. Cet animal se sert de cette liqueur, lorsqu’il est dégoûté, pour se donner de l’appétit : il la fait sortir, en pressant avec sa patte les vésicules qui la contiennent. Les Sauvages en frottent les pièges qu’ils tendent à ces animaux, afin de les y attirer. Cet animal ressemble à la loutre, mais il est plus gros. Sa tête va en arrondissant, & son muffle est aplati & camus, garni de poil. Il a la langue de pourceau, des joues de lièvre, & des yeux de rat. Son foie est gros & noirâtre, & divisé en cinq lobes. Son fiel est petit aussi-bien que sa ratte. Sa vessie est semblable à celle de pourceau. Ses rognons sont gros. Les Sauvages estiment fort la chair de castor

Il a été disséqué un castor à l’Académie des Sciences, qui étoit long de trois pieds & demi depuis le museau jusqu’à l’extrémité de sa queue. Sa plus grande largeur étoit de douze pouces, & il pesoit plus de trente livres. Sa couleur étoit brune & fort luisante, tirant sur minime. Son plus long poil étoit d’un pouce & demi, délié comme des cheveux ; & le plus court d’un pouce, & doux comme le duvet le plus fin. Ses oreilles étoient rondes & fort courtes, sans poil par dedans, & velues par dehors. Il avoit quatre dents incisives, comme les écureuils, les rats & autres animaux qui aiment à ronger. La longueur de celles d’enbas étoit de plus d’un pouce ; & celles d’enhaut qui se lissent au-devant des autres, ne leur étoient pas directement opposées, mais étoient disposées à agir à la manière des ciseaux en partant l’une contre l’autre, étant fort tranchantes par le bout, & taillées en biseau. Leur couleur étoit blanche par dedans, & d’un rouge clair par dehors, tirant sur un jaune de saffran bâtard. Il avoit seize dents molaires, huit de chaque côté. Les sinus de son cerveau étoient disposés d’une manière extraordinaire. Les doigts de derrière étoient joints par une membranne, comme ceux d’une oie. Ceux de devant étoient sans membrane, semblables à ceux des rats de montagne, ou, comme dit la relation d’une autre dissection, comme les mains d’un singe, & ils s’en servent comme d’une main, de même que les écureuils. Ses ongles étoient taillés de biais, & creux par dedans, comme des plumes à écrire. La queue de cet animal tient plus de la nature du poisson, que de celle des animaux terrestres, aussi bien que ses pieds, qui en ont le goût. Elle étoit couverte d’écailles de l’épaisseur d’un parchemin, longues d’une ligne & demie, & d’une figure hexagone irrégulière, qui formoient une épiderme ou pellicule qui les joignoit ensemble. Elle avoit onze pouces de long, & étoit de figure ovale, large en sa racine de quatre pouces, & de cinq au milieu. Cet animal s’en sert avec ses pieds de derrière pour nager, elle lui sert aussi de battoir, pour battre le mortier dont il a besoin, quand il bâtit une maison, qui a quelquefois deux ou trois étages. Ses testicules n’étoient pas attachés à l’épine du dos, comme disent Matthiole, Amatus Lusitanus & Rondelet ; mais ils étoient cachés aux parties latérales de l’os pubis à l’endroit des aines, & ne paroissoient point au dehors non plus que la verge, & on ne peut les retrancher sans le faire mourir. Il avoit quatre grandes poches situées au bas de l’os pubis. Les deux premières plus élevées que les deux autres, avoient la figure d’une poire ou d’un V, fort ouvert, & se communiquoient ensemble. Elles avoient une tunique intérieure charnue, d’une couleur cendrée, rayée de plusieurs lignes blanches qui avoient plusieurs replis semblables à ceux de la caillette d’un mouton, & de l’étendue de deux pouces. On y trouva les restes d’une matière grisâtre, qui avoit une odeur fétide & fort attachée : & c’est-là le castoreum dont on parle tant.

Les plus grands castors ont trois ou quatre pieds de long, sur douze ou quinze pouces de large au milieu de la poitrine, & d’une hanche à l’autre. Ils pèsent ordinairement depuis quarante jusqu’à soixante livres. A l’égard de leur vie, on ne croit pas qu’elle soit de plus de quinze ou vingt ans. Ces animaux sont ordinairement fort noirs dans le nord le plus reculé. On y en trouve aussi de blancs. Ceux de Canada sont la plûpart bruns ; mais cette couleur s’éclaircit à mesure que les pays sont plus tempérés ; car ils sont fauves, & même ils approchent de la couleur de paille chez les Illinois & les Chaouanous.

Cet animal est par-tout couvert de deux sortes de poil ; excepté aux pates, où le poil est très-court. Le poil de la première espèce est long de huit ou dix lignes, jusqu’à deux pouces, & diminue en approchant de la tête & de la queue. C’est le plus gros, le plus rude & le plus luisant, & il donne la principale couleur au castor.

Il se trouve une plus grande abondance de castors en Canada qu’en aucun autre lieu du monde. Matthiole dit pourtant qu’il y en a beaucoup en Allemagne, Autriche & Hongrie.

Quelques-uns tirent ce mot du grec γαϛὴρ (gastêr), ventre, parce que cet animal est fort ventru. D’autres aiment mieux le faire venir de castrare, à cause qu’il se coupe les testicules quand il est poursuivi, suivant l’erreur commune.

Jean Marius, Médecin d’Ulme, qui imprima en 1685 un Traité latin sur le castor, sous le titre de Castorologia, dit que cet animal est environ de la grosseur d’un chat, qui se nourrit de fruit & d’écorces d’arbres ; qu’il a les pattes de devant semblables à celles d’un chien, & les pieds de derrière de la forme de ceux d’une oie ; que sa queue qu’il garde toujours mouillée, souffrant beaucoup quand elle est sèche, ressemble entièrement à un poisson, ce qui fait dire à quelques Auteurs que cet animal est moitié chair & moitié poisson, & que par conséquent on pouvoit manger la moitié de son corps les jours gras, & l’autre moitié les jours maigres. Il traite fort en détail de tout ce qui regarde cet animal, surtout par rapport à la Médecine. Voy. encore Vossius, le Idolol. L. III, cap. 68.

☞ On appelle castors neufs, les peaux de castors tués à la chasse pendant l’hiver, avant la mue ; castors secs ou maigres, les peaux de castors qui ont été tués pendant la mue, quand ils ont perdu une partie de leur poil.

Castor signifie aussi un chapeau fait entièrement de poil de castor. Petasus ex fibrinis pilis confectus. Demi-castor est un chapeau fait en partie de poil de castor, & en partie d’autre poil. On fait aussi des draps de castor.

Castor, (demi) dans le langage des libertins, est une femme ou une fille dont la conduite est déréglée, quoi qu’elle ne se prostitue pas à tout le monde. Quæ copiam sui corporis aliquoties facit.

CASTOR ET POLLUX. Météore ; vulgairement, le feu Saint Elme. Les Physiciens donnent le nom de Castor & Pollux à ces doubles feux que les matelots apperçoivent au haut de leurs mâts & de leurs cordages, après une grande tempête : il y en a