Dictionnaire de Trévoux/6e édition, 1771/CASCADE

Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 298).

CASCADE. s. f. Chûte naturelle ou artificielle d’eau, qui tombe d’un lieu plus élevé dans un lieu bas. Prœceps aquæ lapsus. Dans les montagnes on voit mille petits ruisseaux qui font des cascades naturelles.

☞ Les cascades naturelles s’appellent cataractes. Les cascades artificielles, qui sont l’ouvrage de la main des hommes, tombent par nappes comme la rivière de Marly ; en goulettes, comme les bosquets de Saint Cloud ; en rampe douce, comme celle de Sceaux ; en buffets, comme à Trianon & Versailles ; ou par chûte de perrons, comme la grande cascade de Saint Cloud.

Ce mot est venu de l’italien cascata, qui a été fait de cascare, & de cado. Ménage.

Cascades. Terme d’Algèbre. Méthode des cascades qui résout les équations déterminées de tous les degrés. On approche toujours de la valeur d’une inconnue par des équations différentes & successives, ou en baissant d’un degré : & de là est venu le nom de cascade. Fontenelle.

Cascade de feu. Terme d’Artificier. C’est une chûte de feu qui imite la chûte d’eau appelée cascade.

On dit figurément d’un homme qui est tombé d’une grande fortune dans une grande disgrace, qu’il a fait une grande, une rude, une étrange cascade.

Cascade se dit aussi figurément des fautes de jugement, des inégalités qui se trouvent dans un Ouvrage. Lapsus, errores, menda. Jugement de l’Auteur, où étiez-vous, quand vous fîtes cette magnifique cascade ? dit Balsac. On dit encore d’une nouvelle qu’on ne sait point de la première main, & qui a passé auparavant par plusieurs bouches, qu’on ne la sait que par cascade, qu’elle n’est venue à celui qui la dit que par cascades.