Page:Paul Joüon - Grammaire de l’hébreu biblique, 2e éd., 1947.djvu/528

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
167 ko
516
Proposition conditionnelle

part holocauste et oblation ; — avec yiqtol (rare) : Dt 32, 27 לוּלֵי אָגוּר si je ne redoutais pas ; (avec לוּ pas d’exemple sûr : dans Gn 50, 15 לוּ יִשְׂטְמֵ֫נוּ s’il nous gardait rancune ! sans apodose, l’emploi de לוּ est étrange et unique) ; — avec participe ou autre proposition nominale (rare) : 2 S 18, 12 לוּ אָֽנֹכִי שֹׁקֵל … לֹא־אֶשְׁלַח même si je pesais… je n’étendrais pas (la main) ; 2 R 3, 14 (לוּלֵי avec participe) ; Nb 22, 29 לוּ יֶשׁ־חֶ֫רֶב בְּיָדִי כִּי עַתָּה הֲרַגְתִּיךְ si j’avais un glaive en main, je t’aurais déjà tuée.

l Remarques : 1) הֵן voici, particule qu’on emploie notamment pour attirer l’attention (cf. § 105 d), est parfois employé avec la valeur de si, comme en araméen et sans doute sous l’influence de l’araméen : 2 Ch 7, 13 הֵן אֶעְצֹר si je ferme (continué par אִם) ; Lév 25, 20 ; Agg 2, 12 ; surtout dans Job : 9, 11, 12 ; 12, 14, 15 ; 23, 8.

Par contre הִנֵּה ne semble pas avoir jamais la valeur propre de si[1].

m 2) הֲ est-ce que ? dans Jér 13, 23 équivaut pratiquement à si : la protase conditionnelle est représentée par une interrogation[2].

n 3) Sur אָבִי cf. § 105 f.

o Proposition elliptique. On trouve des ellipses soit à la protase, soit à l’apodose.

Ellipse à la protase : וְאִם־לֹא et si non (facitis ; § 160 j) : 1 S 2, 16 ; 6, 9 ; וְאִם־אַ֫יִן Ex 32, 32 b. D’après le type de phrase Jug 6, 13 (§ b) on a elliptiquement וָיֵשׁ s’il (l’)est 2 R 10, 15 ; et semblablement וָלֹא si (puisque) c’est non 2 S 13, 26[3] ; 2 R 5, 17. (Pas d’exemple de *וָאַ֫יִן, sans doute par hasard). Pour וָ cf. § 104 d N.

  1. Dans 1 S 9, 7 וְהִנֵּה נֵלֵךְ וּמַה־נָּבִיא לָאִישׁ si nous allons, qu’apporterons-nous à cet homme ? la nuance conditionnelle virtuelle est due au double waw (§ b), non à הִנֵּה qui joue le rôle de mot tampon (§ 166 a), comme ferait אֲנַ֫חְנוּ. Même explication pour 2 S 18, 11 Puisque tu l’as vu, pourquoi… ? Dans Lév 13, 5 וְרָאָה … וְהִנֵּה il examinera… et voici que, הנּה est amené par l’idée de voir (cf. § 177 i). L’idée conditionnelle implicite est due au contexte, non à והנּה, lequel équivaut à et (s’)il voit… Il en est de même dans tous les textes analogues où il s’agit de voir quelqu’un après enquête : vv. 6, 7, 8, 9 ; Dt 13, 15 ; 17, 4 ; 19, 18 ; 1 S 20, 12. Sur l’emploi stylistique de הנּה après les verbes voir, découvrir, cf. Brown, s. v., c, p. ex. Gn 1, 31.
  2. Comp. Os 14, 10 ; Ps 107, 43 ; Job 3, 12-13, et des constructions comme Jacques 5, 13 κακοπαθεῖ τις ἐν ὑμῖν ; προσευχέσθω. — fr. Lui faites-vous une concession, il marchande toujours.
  3. Wellhausen : und wenn nicht, traduit deux fois le waw.