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Proposition négative

gnifier il n’y a pas de roi qui entende (participe attributif) ou un roi n’entend pas (participe prédicatif) : 1 R 6, 18 אֵין אֶ֫בֶן נִרְאָה signifie plutôt il n’y avait pas de pierre qui parût ; comparer 1 S 3, 1.

2) Pour אין avec suffixes cf. § 102 k.

j Le choix de la négation, en emploi absolu, se règle d’après les normes données. Dans une réponse on a Agg 2, 12 לֹא avec un verbe à l’indicatif sous-entendu ; Ruth 1, 13 אַל avec un jussif sous-entendu ; Jug 4, 20 אַ֫יִן au sens il n’y a pas.

Après אִם, dans une question disjonctive[1], on a ordinairement לֹא : Gn 24, 21 הַֽהִצְלִיחַ יְהֹוָה דַּרְכּוֹ אִם־לֹא ; après une proposition nominale : 27, 21 הַֽאַתָּה זֶה בְּנִי עֵשָׂו אִם־לֹא ; et même après un יֵשׁ au sens de il est : 24, 49 אִם יֶשְׁכֶם עֹשִׂים … וְאִם לֹא ; mais on a אַ֫יִן après un יֵשׁ au sens de il y a : Ex 17, 7 הֲיֵשׁ יְהֹוָה בְּקִרְבֵּ֫נוּ אִם־אָ֑יִן ; Nb 13, 20. En dehors de la question disjonctive, on a לֹא ou אַ֫יִן selon qu’on veut sous-entendre une forme finie ou un participe ; 1 S 2, 16 עַתָּה תִתֵּן וְאִם־לֹא (sous-entendu תִּתֵּן) ; Gn 30, 1 הָֽבָה־לִּי בָנִים וְאִם־אַ֫יִן (= אֵֽינְךָ נֹתֵן) ; encore וְאִם־אַ֫יִן après verbe fini : Ex 32, 32 ; Jug 9, 15 ; 2 R 2, 10.

Devant l’infinitif construit avec ל on a אַ֫יִן et לֹא avec des nuances à peu près semblables : Esth 4, 2 אֵין לָבוֹא on ne devait pas entrer (on n’avait pas le droit, la permission) ; Eccl 3, 14 אֵין לְהוֹסִיף impossible d’ajouter ; — 1 Ch 15, 2 לֹא לָשֵׂאת il n’est pas permis de porter ; 5, 1 לֹא לְהִתְיַחֵשׂ il était impossible d’enregistrer.

Sur לֹא et אין avec כֹּל cf. § k.

k Le contraire et le contradictoire sont moins rigoureusement distingués que dans nos langues. Ainsi שָׂנֵא haïr peut s’employer là où nous dirions ne pas aimer, p. ex. Gn 29, 31 ; et inversement ne pas ordonner peut s’employer là où nous dirions défendre[2], p. ex. Dt 17, 3. Les groupes formés de la négation לֹא et de כֹּל tout sont ambigus : le sens peut être pas tout, ou rien. Ainsi dans Gn 3, 1 le contexte demande : vous ne mangerez pas de tous les arbres plutôt que d’aucun arbre ; Lév 16, 2 qu’il n’entre pas dans le sanctuaire en n’importe quel temps (non : en aucun temps). Mais le sens est d’ordinaire rien, aucun :

  1. Cf. Driver, in 2 Sam 17, 6.
  2. L’hébreu manque précisément d’un verbe défendre (interdire) ; on dit p. ex. Gn 3, 11 צִוִּ֫יתִי לְבִלְתִּי j’ai ordonné de ne pas (= j’ai défendu de). On trouve même צִוָּה au sens de défendre Dt 4, 23 (et 2, 37 ⸮).