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Proposition négative

Parfois on a לא pour quelque raison particulière, p. ex. Ps 38, 15 (p.-ê. pour éviter deux אין ; encore 74, 9 ; Job 28, 14) ; Dt 28, 61 אשׁר לֹא כָתוּב qui n’est pas écrit (לֹא plus simple ici que אין qui signifierait : qui ne se trouve pas écrit dans ce livre).

d לֹא comme négation d’un nom isolé : participe attribut : Jér 2, 2 בְּאֶ֫רֶץ לֹא זְרוּעָה dans une terre qu’on ne peut ensemencer ; 18, 15 ; adjectif : Dt 32, 6 עַם נָבָל וְלֹא חָכָם peuple vil et insensé ; substantif : Dt 32, 21 לֹא־אֵל un non-dieu (= un faux dieu, § k).

e La place de לֹא est immédiatement avant le verbe. Mais cet ordre normal peut être abandonné, surtout pour raison d’emphase. Ainsi on a לֹאSujetVerbe dans Nb 16, 29 לֹא יְהֹוָה שְׁלָחָ֑נִי ce n’est pas J. qui m’a envoyé ; Is 38, 18 ; — לֹא devant une détermination : Ps 49, 18 כִּי לֹא בְמוֹתוֹ יִקַּח הַכֹּל car, à sa mort, il n’emportera rien.

f II. אַל (μή ; latin ne) est la négation de la défense impérative[1]. Il s’emploie avec les formes du volitif direct : jussif, cohortatif (mais non l’impératif) : Ex 34, 3 אִישׁ אַל־יֵרָא que personne ne paraisse ! ; 1 R 13, 22 אַל־תֹּאכַל ne mange pas (opp. vv. 9, 17 לֹא תֹאכַל tu ne mangeras pas ; cf. § 114 i) ; — 2 S 24, 14 אַל אֶפֹּ֑לָה puissé-je ne pas tomber ! cf. § 114 c, i.

Remarques. 1) En poésie on trouve quelques cas où אַל est employé au lieu de לֹא, soit en vue d’une nuance plus énergique, soit par recherche de style. Voir les exemples § 114 k.

2) Pour l’emploi de לֹא avec l’indicatif au lieu de אל avec volitif pour exprimer la finalité-consécution, cf. § 116 j.

3) La place de אל (comme celle de לֹא § e) est immédiatement avant le verbe. Exceptions, pour raison d’emphase : Ps 6, 2 אַל־בְּאַפְּךָ תֽוֹכִיחֵ֫נִי ne me réprimande pas avec colère ; cf. 38, 2 ; Is 64, 8 ; Jér 15, 15.

g III. אַ֫יִן, אֵין il n’y a pas, il n’est pas, est un adverbe négatif d’existence (cf. § 154 k). אֵין, dont le sens primitif est où ?, s’emploie de deux manières différentes : 1) pour nier l’existence dans le lieu : il n’y est pas, il n’y a pas (contraire de יֵשׁ il y est, il y a § 154 k) ; 2) pour nier l’existence tout court : il n’est pas : c’est alors le contraire du verbe auxiliaire être, copule logique de la proposition nominale du type ordinaire ; ainsi à אֲנִי שֹׁמֵעַ j’écoute, s’oppose norma-

  1. Sur פֶּן employé quelquefois au sens de אַל cf. § 168 g N.