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Proposition nominale

Remarque. C’est sans doute à l’analogie du pronom employé comme copule qu’il faut expliquer la phrase d’Isaïe אֲנִי הוּא je suis, j’existe : 41, 4 et avec les derniers je suis ; 43, 10, 13 ; 46, 4 ; 48, 12.

k II. Adverbes d’existence יֵשׁ, אַ֫יִן (§ 102 j). L’adverbe d’existence יֵשׁ il y a exprime d’abord l’existence dans le lieu, à savoir la présence, puis, par extension, l’existence tout court[1]. De même אַ֫יִן § 160 g (originairement où ?) exprime d’abord la non-existence dans le lieu, à savoir l’absence, puis, par extension, la non-existence tout court. Ces adverbes ne sont donc pas de simples copules comme le pronom de la 3e p. : à l’idée copulative elles ajoutent celle d’existence, surtout locale : Gn 18, 24 אוּלַי יֵשׁ חֲמִשִּׁים צַדִּיקִם בְּתוֹךְ הָעִיר peut-être y a-t-il 50 justes dans la ville ; 37, 29 אֵין־יוֹסֵף בַּבּוֹר Joseph n’était pas dans la citerne ; Éz 27, 36 וְאֵינֵךְ עַד־עוֹלָם et tu ne seras plus à jamais.

l Remarque. Dans la protase d’une proposition conditionnelle יֵשׁ ou אַ֫יִן avec le participe exprime la disposition (ou la non-disposition) de la volonté à faire une chose : Gn 43, 4 אִם יֶשְׁךָ מְשַׁלֵּחַ littt si tu es envoyant = si tu es disposé à = si tu veux envoyer ; v. 5 וְאִם אֵֽינְךָ מְשַׁלֵּחַ mais si tu ne veux pas envoyer. Avec יֵשׁ : Gn 24, 42, 49 ; 43, 4 ; Jug 6, 36 † ; avec אַ֫יִן : Gn 20, 7 ; 43, 5 ; Ex 8, 17 ; 33, 15 ; 1 S 19, 11 ; 1 R 21, 5.

m III. Le verbe הָיָה est employé, au sens faible d’être, comme copule, quand on veut préciser la sphère temporelle d’une proposition nominale. Ce n’est donc pas une simple copule, mais une copule avec sens temporel comme le verbe fr. être : Gn 1, 2 וְהָאָ֫רֶץ הָיְתָה תֹ֫הוּ וָבֹ֫הוּ or la terre était désolation et solitude ; 3, 1 ; 6, 19 זָכָר וּנְקֵבָה יִֽהְיוּ ils seront mâle et femelle ; 1 R 10, 6 (היה est omis dans le texte parallèle 2 Ch 9, 5).

Dans le groupe formé par היה et un participe, le participe exprime l’aspect duratif et היה la sphère temporelle (cf. § 121 e, f), p. ex. Job 1, 14 הַבָּקָר הָיוּ חֹֽרְשׁוֹת les vaches labouraient ; 2 S 5, 2 (היית omis dans le parall. 1 Ch 11, 2).

  1. Il en est de même du fr. il y a et de l’ital. c’è (= hic est). L’évolution d’il y a au sens du pur auxiliaire être (y a bon = c’est bon) n’appartient encore qu’au français d’Afrique.