« Fuis aussi, je t’en conjure, fuis vers la cataracte mugissante de Rutja[1], vers le tourbillon aux flammes bouillonnantes, où sombrent les troncs d’arbres, où roulent les grands pins avec leurs racines, les hauts sapins avec leurs riches couronnes ; descends le torrent orageux à la nage, parcours l’onde immense, établis ta demeure dans son lit étroit !
« Et si tu n’y trouves point de place, je te précipiterai, dans le fleuve noir de Tuoni[2], dans le gouffre éternel de Manala[3], et tu n’en sortiras de tous les jours de ta vie, à moins que je ne vienne moi-même te délivrer avec neuf moutons nés d’une seule brebis féconde, avec neuf taureaux, nés d’une seule vache, avec neuf étalons, nés d’une seule jument[4].
« Si tu demandes un cheval, si tu as besoin d’un cheval d’attelage, je me charge de te le procurer. Hiisi a un bon cheval, un cheval à la rouge crinière, dans la montagne, sa bouche vomit le feu ; de ses naseaux jaillit la flamme éclatante ; ses sabots sont de fer, ses pieds d’acier ; il est capable de gravir les collines, de franchir les vallées, avec un habile, avec un fier et puissant cavalier.
« Si cela ne te satisfait pas, procure-toi les suksi[5] de Hiisi[6], les suksi de Lempo[7], faits de bois d’aulne, le lourd bâton de Pahalainen[8] ; avec eux tu pourras t’élancer à travers les bois de Lempo, les plaines de Hiisi, les champs de l’être mauvais. Si une pierre fait obstacle à ta route, tu la briseras en morceaux ; si une branche de sapin t’arrête, tu la couperas en deux parties ; si un héros se dresse devant toi, tu le repousseras de côté.
« Mets-toi maintenant en mouvement, ô être vicieux,
- ↑ Voir page 74, note 1.
- ↑ Voir page 120, note 1.
- ↑ Voir page 120, note 2.
- ↑ En donnant ces animaux en échange.
- ↑ Voir page 79, note 1.
- ↑ Voir page 50, note 1.
- ↑ Voir page 41, note 3.
- ↑ Fils de Paha. Voir page 64, note 3.