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tiques, & la premiere celle des Quiétistes. Voyez Mystique & Quiétiste.

Il est vrai cependant, à parler en général, que l’inaction n’est pas un fort bon moyen pour réussir auprès de Dieu. Ce sont nos actions qui nous attirent ses faveurs ; il veut que nous agissions, c’est-à-dire qu’avec sa grace nous desirions & nous fassions le bien ; & notre inaction ne sauroit lui être agréable.

INADMISSIBLE, adj. (Jurisprud.) c’est ce que l’on ne doit pas recevoir ; il y a des cas, par exemple, où la preuve par témoins est inadmissible, c’est-à-dire qu’elle ne doit pas être ordonnée. Certains faits en particulier ne sont pas admissibles ; savoir ceux qui ne sont pas pertinens. Voyez Enquête, Faits, Pertinent & Preuve par témoins. (A)

* INADVERTANCE, s. f. (Gramm. & Morale.) action ou faute commise sans attention à ses suites. Il faut pardonner les inadvertances. Qui de nous n’en a point commis ? Il y a des hommes que la nature a formé inadvertans & distraits. Ils sont toujours pressés d’agir, ils ne pensent qu’après. Toute leur vie se passe à faire des offenses & à demander des pardons. L’inadvertance est un des défauts de l’enfance. C’est l’effet en eux de la vivacité & de l’inexpérience.

INALIENABLE, adj. (Jurisp.) se dit des choses dont la propriété ne peut valablement être transportée à une autre personne. Le domaine de la couronne est inaliénable de sa nature ; les biens d’église & des mineurs ne peuvent aussi être aliénés sans nécessité ou utilité évidente. Voyez Domaine, Église, Mineurs. (A)

* INALLIABLE, adj. (Gramm.) qui ne se peut allier avec. Il se dit au simple & au figuré. Ces métaux sont inalliables. Les intérêts de Dieu & ceux du monde sont inalliables. Voyez Allier.

* INALTÉRABLE, adj. (Gramm.) qui ne peut s’altérer ou être altéré. Il n’y a rien dans la nature qui soit inaltérable, le froid, le chaud, l’humidité, la raréfaction, le mouvement, la fermentation, &c. sont des causes d’altération qui agissent sans cesse.

Inaltérable se dit aussi au figuré ; placez le stoïcien dans la prospérité, placez-le dans la disgrace, sa grande ame demeurera inaltérable.

INAMOS, s. m. (Hist. nat. Bot.) fruit qui croît sur un arbre des Indes qui ressemble à nos pruniers & par le fruit & par la fleur.

INANITION, s. f. (Medecine.) ce mot exprime dans le langage medecinal populaire, plus encore que dans la vraie langue de l’art, un état de langueur & d’épuisement presque absolu, l’extrème degré de foiblesse. Il est spécialement consacré par l’usage à désigner cette espece de foiblesse, la moins grave de toutes, qui provient du défaut de nourriture accoutumée, soit qu’on en ait pris moins qu’à l’ordinaire dans un ou plusieurs repas précédens ; soit que l’heure accoutumée d’un repas soit simplement retardée. Ce sentiment peut à peine être regardé comme une incommodité. Quant aux états de foiblesse, d’accablemens plus inhérens, plus graves, qui sont des objets vraiment medicinaux. Voyez Force, Foiblesse, Débilité, Epuisement, Enervation, Exténuation. (b)

INAPPERCEVABLE, voyez Appercevable.

INAPPLICATION, INAPPLIQUÉ, voyez Application.

INAPPRÉTIABLE, voyez Apprétier.

INAPPÉTENCE, (Medecine.) voyez Dégout.

INARIMÉ, (Géog. anc.) c’est un des anciens noms de l’île d’Ischia, située vis-à-vis de Cumes dans le golphe. Voyez Ischia.

Les Latins ont ici transporté la fable de Tiphoée

que les Grecs avoient placé en Asie, & en ont gratifié cette île, à laquelle ils ont donné ce nom Inarimé, qui ressemble un peu à celui des montagnes de Syrie ou de Cilicie. (D. J.)

INARTICULÉ, adj. (Gramm.) se dit des sons, des syllabes ou des mots qui ne sont pas prononcés distinctement. Voyez Articulation & Vent.

* INATTAQUABLE, adj. (Gramm.) qui ne peut être attaqué. Cette ville est inattaquable. Ce titre est inattaquable.

* INATTENDU, adj. (Gramm.) auquel on ne s’attend point. Une épithete bien choisie tient lieu d’une phrase entiere, & produit une impression vive & inattendue. Il fut d’autant plus sensible à sa disgrace qu’elle fut plus inattendue.

INATTENTION, s. f. (Gramm.) manque d’attention. Voyez Attention.

INAUGURATION, s. f. (Hist. mod.) cérémonie qu’on fait au sacre d’un empereur, d’un roi, d’un prélat, qu’on appelle ainsi à l’imitation des cérémonies que faisoient les Romains quand ils entroient dans le college des augures. Voyez Roi, Couronne, Consécration, &c.

Ce mot vient du latin inaugurare, qui signifie dédier quelque temple, élever quelqu’un au sacerdoce, ayant pris auparavant les augures. Voyez Augures. Dict. de Trévoux.

Ce mot est plus usité en latin qu’en françois, où l’on se sert de ceux de sacre, ou de couronnement.

INBAB, s. f. (Commerce.) toiles qu’on vend au Caire. Les grandes inbabs n’ont que 30 piés à la piece, & se vendent cent cinquante médaris.

INCA ou YNCA, s. m. (Hist. mod.) nom que les naturels du Pérou donnoient à leurs rois & aux princes de leur sang.

La chronique du Pérou rapporte ainsi l’origine des incas. Le Pérou fut long-tems un théatre de toutes sortes de crimes, de guerres, de dissensions & de desordres les plus abominables, jusqu’à ce qu’enfin parurent deux freres, dont l’un se nommoit Mangocapac, dont les Indiens racontent de grandes merveilles. Il bâtit la ville de Cusco, il fit des loix & des réglemens, & lui & ses descendans prirent le nom d’inca, qui signifie roi ou grand-seigneur. Ils devinrent si puissans qu’ils se rendirent maîtres de tout le pays qui s’étend depuis Parto jusqu’au Chili, & qui comprend 1300 lieues, & ils le possederent jusqu’aux divisions qui survinrent entre Guascar & Atabalipa ; car les Espagnols en ayant profité, ils se rendirent maîtres de leurs états, & détruisirent l’empire des incas.

On ne compte que douze incas, & l’on assure que les personnes les plus considérables du pays portent encore aujourd’hui ce nom. Mais ce n’est plus qu’un titre honorable sans aucune ombre d’autorité, aussi bien que celui de cacique.

Quant aux anciens incas qui regnerent avant la conquête des Espagnols, leur nom en langue péruviene, signifioit proprement & littéralement seigneur ou empereur, & sang-royal. Le roi étoit appellé capac inca, c’est-à-dire seigneur par excellence ; la reine s’appelloit pallas, & les princes simplement incas. Leurs sujets avoient pour eux une extrème vénération, & les regardoient comme les fils du soleil, & les croyoient infaillibles. Si quelqu’un avoit offensé le roi dans la moindre chose, la ville d’où il étoit originaire ou citoyen, étoit démolie ou ruinée. Lorsque les incas voyageoient, chaque chambre où ils avoient couché en route étoit aussi-tôt murée, afin que personne n’y entrât après eux. On en usoit de même à l’égard des lieux où ils mouroient ; on y enfermoit tout l’or, l’argent, & les autres choses précieuses qui s’y trouvoient au moment de la mort du prince, & l’on bâtissoit de nouvelles chambres pour son successeur.