L’Encyclopédie/1re édition/ALLIER

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ALLIER, v. a. (Chimie.) c’est mêler différens métaux en les faisant fondre ensemble, comme lorsqu’on fond ensemble du cuivre, de l’étain, & quelquefois de l’argent, pour faire des cloches, des statues, &c. V. Métal ou Airain de Corinthe, Alliage.

En alliant l’or & l’argent ensemble, il faut beaucoup d’or pour jaunir l’argent, & il faut peu d’argent pour blanchir l’or.

Les Indiens allient l’or avec l’émeri d’Espagne pour en augmenter la quantité, comme les Européens allient le cuivre avec la pierre calaminaire.

Pour déterminer le degré de l’alliage ou de la pureté de l’argent, on le suppose divisé en douze deniers ; & lorsqu’il est allié avec un douzieme de cuivre, c’est un argent à onze deniers ; lorsqu’il contient un sixieme d’alliage ou deux douziemes, l’argent est à dix deniers.

Il y a environ deux gros de cuivre pour l’alliage sur chaque marc d’argent. L’argent de monnoie est allié avec une plus grande quantité de cuivre, que ne l’est l’argent de vaisselle ; au lieu que l’or de monnoie a moins d’alliage que l’or de vaisselle.

On se sert du terme d’amalgamer lorsqu’on allie le mercure avec les métaux. Le mercure amollit les autres métaux lorsqu’on les mêle ensemble sans les faire fondre, & qu’on y met une grande quantité de mercure, & ce mêlange retient toûjours le nom d’amalgame : mais lorsqu’on employe une moindre quantité de mercure, & qu’on le fond avec les métaux, on se sert du terme d’alliage.

J’ai cherché (Hist. de l’Ac. Royale des Sc. 1740.) à perfectionner l’étain en le rendant plus blanc, plus dur, plus sonore, & en lui faisant perdre le cri qu’il a ordinairement lorsqu’on le fait plier.

J’ai allié le mercure avec l’étain fondu, ce qui se fait fort aisément, pourvû qu’on ait l’attention de ne laisser l’étain au feu que le tems qu’il faut pour le mettre dans une fonte parfaite. Si on l’y laissoit plus long-tems, ou qu’on donnât un feu trop fort, l’étain se calcineroit, & étant trop chaud, il rejailliroit de la matiere en pétillant lorsqu’on y verseroit le mercure.

J’ai essayé différentes proportions du mercure & de l’étain : j’ai trouvé que celle qui convient le mieux est de mettre une partie de mercure sur huit parties d’étain ; suivant cette proportion, l’étain devient plus blanc & plus dur.

Lorsque j’ai mis moins de mercure, il ne perfectionnoit pas assez l’étain ; lorsque j’en ai mis plus, il le rendoit trop cassant ; & même lorsque j’en ai mis beaucoup, il l’a rendu friable.

Le mercure a aussi la propriété de faire perdre par l’alliage le cri de l’étain, & je crois que ce cri n’est pas essentiel à l’étain.

Cet alliage résiste au feu auquel résiste l’étain ordinaire : j’ai chauffé l’étain allié avec du mercure, suivant la proportion que j’ai indiquée : je l’ai fondu & refondu, mais j’ai trouvé que cela ne lui faisoit point perdre de son poids, & qu’il en devenoit plus beau ; ce qui vient de ce que tant qu’on n’employe qu’un feu suffisant pour faire fondre l’étain, ce feu n’est pas assez fort pour vaincre l’adhérence qui est entre les globules de mercure & les parties de l’étain : au contraire il mêle plus également & plus intimement le mercure avec l’étain.

Pour perfectionner le plomb en le rendant plus propre aux ouvrages pour lesquels il seroit utile qu’il fût plus dur, je l’ai allié avec du mercure, & j’ai trouvé que le mercure ôte au plomb sa couleur livide, qu’il le rend plus blanc & plus dur, & que dans cet état il ressemble à de l’étain ordinaire.

J’ai trouvé que la proportion du plomb & du mercure, qui réussit le mieux pour cela, est celle d’une partie de mercure sur quatre parties de plomb.

J’ai refondu le plomb que j’avois ainsi allié avec du mercure ; je l’ai pesé après l’avoir laissé refroidir, & j’ai trouvé qu’il n’avoit rien perdu du mercure que j’y avois mêlé.

Pour allier le mercure au plomb, il faut faire chauffer le mercure dans une cuillere de fer pendant que le plomb est au feu à fondre.

On verse le mercure dans le plomb dès qu’il est fondu, & on retire aussitôt le tout du feu.

Lorsque l’alliage est refroidi, on le remet au feu pour le fondre de nouveau, & on le retire du feu dès qu’il est fondu.

C’est ce tems de la seconde fusion qu’il faut prendre pour verser dans des moules, le plomb ainsi allié, si on veut lui donner une forme particuliere. (M)

Allier, s. m. arbre forestier qui se rapporte au genre de l’alisier. Voyez Alisier. (I)

Allier, (Chasse.) est un engin ou filet fait à mailles claires de fil verd ou blanc, qui sert à prendre les cailles, les faisans, les perdrix, les rales, &c. L’allier pour les uns ne differe du même instrument pour les autres que par la hauteur ou la longueur. Ce filet est traversé de piquets qu’on fiche en terre. Ces piquets tiennent l’allier tendu, & servent à le diriger comme on veut, droit ou en zig-zag. On le conduit ordinairement en zig-zag, parce qu’il est plus captieux, quoiqu’il occupe alors moins d’espace. L’allier est proprement à trois feuilles : la premiere est un filet de mailles fort larges, qui permettent une entrée facile à l’oiseau ; la seconde est à mailles plus étroites, afin que l’oiseau étant entré dans l’allier & trouvant de la résistance de la part de la seconde feuille, fasse effort & s’embarrasse dans les mailles ; la troisieme feuille est à mailles larges comme la premiere, parce que l’oiseau pouvant se présenter à l’allier ou de l’un ou de l’autre côté, il faut qu’il trouve de l’un & de l’autre côté le même piége.

* Allier, riviere de France, qui a sa source dans le Gevaudan, passe entre le Bourbonnois & le Nivernois, & se jette dans la Loire à une lieue ou environ au-dessus de Nevers.