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droite : or s’il se mouvoit uniformément en ligne droite, nous changerions sensiblement de position par rapport aux étoiles fixes ; & comme cela n’arrive pas, il s’ensuit que le centre de gravité de notre système planétaire est en repos. Par conséquent quel que soit le mouvement du Soleil dans un sens, & dans un autre, selon la différente situation des planetes, il ne peut jamais s’éloigner beaucoup de ce centre. Ainsi le centre commun de gravité du Soleil, de la Terre & des planetes peut être pris pour le centre du monde. Voyez Soleil & Centre.

VII. Les planetes se meuvent dans des ellipses dont le centre du Soleil est le foyer, & décrivent des aires autour du Soleil qui sont proportionnelles aux tems.

Nous avons déja exposé ce principe à posteriori comme un phénomene : mais maintenant que nous avons dévoilé le principe des mouvemens célestes, nous pouvons démontrer à priori le phénomene dont il s’agit de la maniere suivante : puisque les pesanteurs de chaque planete vers le Soleil est en raison inverse du quarré de la distance ; si le Soleil étoit en repos & que les planetes n’agissent point les unes sur les autres, chacune décriroit autour du Soleil une ellipse dont le Soleil occuperoit le foyer, & dans laquelle les aires seroient proportionnelles aux tems. Mais comme l’action mutuelle des planetes est fort petite, & que le centre du Soleil peut être sensé immobile, il est clair que l’on peut négliger l’effet de l’action des planetes & le mouvement du Soleil ; donc, &c. Voyez Planete & Orbite.

VIII. Il faut avouer cependant que l’action de Jupiter sur Saturne produit un effet assez considérable, & que, selon les différentes situations & distances de ces deux planetes, leurs orbites peuvent en être un peu dérangées.

L’orbite du Soleil est aussi dérangée un peu par l’action de la Lune sur la Terre, le centre commun de gravité de ces deux planetes décrit une ellipse dont le Soleil est le foyer, & dans laquelle les aires prises autour du Soleil sont proportionnelles aux tems. Voyez Terre & Saturne.

IX. L’axe de chaque planete, ou le diametre qui joint ses poles, est plus petit que le diametre de son équateur.

Les planetes, si elles n’avoient point de mouvement diurne sur leur centre, seroient des spheres, puisque la gravité agiroit également par tout ; mais en vertu de leur rotation les parties éloignées de l’axe font effort pour s’élever vers l’équateur, & s’éleveroient en effet si la matiere de la planete étoit fluide. Aussi Jupiter qui tourne fort vîte sur son axe a été trouvé par les observations considérablement applati vers les poles. Par la même raison, si notre Terre n’étoit pas plus élevée à l’équateur qu’aux poles, la mer s’éleveroit vers l’équateur & inonderoit tout ce qui en est proche. Voyez Figure de la Terre.

M. Newton prouve aussi à posteriori que la Terre est applatie vers les poles, & cela par les oscillations du pendule qui sont de plus courte durée sous l’équateur que vers le pole. Voyez Pendule.

X. Tous les mouvemens de la Lune & toutes les inégalités qu’on y observe découlent, selon M. Newton, des mêmes principes, savoir de sa tendance ou gravitation vers la Terre, combinée avec sa tendance vers le Soleil ; par exemple, son inégale vîtesse, celle de ses nœuds & de son apogée dans les syzigies & dans les quadratures, les différences & les variations de son excentricité, &c. Voyez Lune.

XI. Les inégalités du mouvement lunaire peuvent servir à expliquer plusieurs inégalités qu’on observe dans le mouvement des autres satellites. Voyez Satellites, &c.

XII. De tous ces principes, sur-tout de l’action

du Soleil & de la Lune sur la Terre, il s’en suit que nous devons avoir un flux & reflux, c’est-à-dire que la mer doit s’élever & s’abaisser deux fois par jour. Voyez Flux & Reflux, ou Marée.

XIII. De-là se déduit encore la théorie entiere des cometes ; il en résulte entr’autres choses qu’elles sont au-dessus de la région de la Lune & dans l’espace planétaire ; que leur éclat vient du Soleil, dont elles réflechissent la lumiere ; qu’elles se meuvent dans des sections coniques dont le centre du Soleil occupe le foyer, & qu’elles décrivent autour du Soleil des aires proportionnelles aux tems ; que leurs orbites ou trajectoires sont presque des paraboles ; que leurs corps sont solides, compacts & comme ceux des planetes, & qu’elles doivent par conséquent recevoir dans leur périhélie une chaleur immense ; que leurs queues sont des exhalaisons qui s’élevent d’elles & qui les environnent comme une espece d’athmosphere Voyez Comete.

Les objections qu’on a faites contre cette philosophie ont sur-tout pour objet le principe de la gravitation universelle ; quelques-uns regardent cette gravitation prétendue comme une qualité occulte, les autres la traitent de cause miraculeuse & surnaturelle, qui doit être bannie de la saine philosophie ; d’autres la rejettent, comme déduisant le système des tourbillons ; d’autres comme supposant le vuide ; on trouvera la réponse des Newtoniens à ces objections dans les articles Gravité, Attraction, Tourbillon, &c.

A l’égard du système de M. Newton sur la lumiere & les couleurs. voyez Couleur & Lumiere ; voyez aussi aux articles Algebre, Géométrie & Différentiel, les découvertes géométriques de ce grand homme. Chambers.

Nous n’avons rien à ajouter à cet article sur l’exposition de la philosophie newtonienne, sinon de prier le lecteur de ne point en séparer la lecture de celle des mots Attraction & Gravité. Plus l’Astronomie & l’Analyse se perfectionnent, plus on apperçoit d’accord entre les principes de M. Newton & les phénomenes. Les travaux des Géometres de ce siecle ont donné à cet admirable système un appui inébranlabie. On peut voir le détail aux articles Lune, Flux & Reflux, Nutation, Précession, &c.

Cependant M. Newton a essayé de déterminer celle de la Lune par la hauteur des marées, il trouve qu’elle est environ la 39e partie de la masse de la Terre Sur quoi voyez l’article Lune. (O)

NEWTOWN, (Géog.) ville d’Irlande au comté de Down, à une lieue S. de Bangoo, sur le côté septentrional du lac de Strancfort. Elle envoie deux députés au parlement du Dublin. Long. 11. 55. lat. 54. 40.

NEW-ZOL (Géog.) ville de la haute Hongrie, la troisieme des sept villes des montagnes, avec titre de comté. Il y a dans cette ville & aux environs les plus belles mines de cuivre qui soient en Hongrie ; mais comme il est fort attaché à la pierre qui est dans la mine, on a bien de la peine à l’en tuer. Quand on en est venu à bout, on le fait brûler & fondre quatorze fois avant qu’on puisse s’en servir. New-zol est située sur la riviere de Grau, à 14 lieues N. E. de Léopolistad. Long. 37. 24. lat. 48. 40.

NEXUS, (Droit rom.) c’est-à-dire, citoyen attaché par esclavage à son créancier pour dettes. On appelloit nexi chez les Romains ceux qui ayant contracté des dettes, & ne les pouvant acquitter au jour marqué, devenoient les esclaves de leurs créanciers, qui pouvoient non-seulement les faire travailler pour eux, mais encore les mettre aux fers, & les tenir en prison. Liber qui sua opera in servitute pro pecuniâ quam debet, dum solveret, dat, nexus vocatur, dit Varron.