Grammaire de l’hébreu biblique/Syntaxe/Proposition/Paragraphe 164

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 502-503).
§ 164. Proposition d’affirmation[1].

a On ne notera ici que certaines nuances particulières d’affirmation ; pour l’affirmation solennelle du serment cf. § 165.

Outre les adverbes אָמְנָם vraiment, אַךְ assurément, sans aucun doute (1 R 22, 32) etc., on emploie pour renforcer l’affirmation l’adverbe démonstratif הִנֵּה (הֵן) voici[2] : Ps 121, 4 הִנֵּה לֹא־יָנוּם certes, il ne dort pas ; Gn 12, 11 הִנֵּה־נָא יָדַ֫עְתִּי certes, je sais ; 16, 2 ; 47, 23 (הֵן) ; Éz 16, 44 ; Ct 1, 16 הִנְּךָ יָפֶה oui, tu es beau ; 4, 1.

b De même כִּי est parfois employé pour renforcer légèrement l’affirmation : il a la valeur d’un certes, oui faible, et doit généralement s’omettre dans la traduction[3]. Ce כּי d’affirmation se trouve surtout dans l’affirmation solennelle du serment (§ 165 b, e) et dans l’apodose conditionnelle (§ 167 s). En dehors de ces cas on le trouve çà et là, d’une façon plus ou moins probable, p. ex. Gn 18, 20 זַֽעֲקַת סְדֹם וַֽעֲמֹרָה כִּי רָ֑בָּה la clameur de S. et de G., (certes) elle est grande[4] ; autres exemples où le כּי d’affirmation est admis par certains auteurs : Is 32, 13 ; Ps 49, 16 ; 77, 12 ; 118, 10 ; Lam 3, 22.

c כִּי־אִם aboutit au sens de indispensablement, assurément surtout dans un jurement : 2 R 5, 20 ; Jér 51, 14 (cf. § 165 e, c) ; voir § 173 c.

d הֲלֹא employé d’une façon exclamative aboutit parfois à une nuance spéciale d’affirmation, p. ex. dans la formule הֲלֹא הִיא כְתוּבָה cela est écrit, comme on sait, dans… Jos 10, 13 (cf. § 161 c).

e L’infinitif absolu est souvent employé pour exprimer emphatiquement l’affirmation ; cf. § 123 e.

f Sur אִם et אִם לֹא avec valeur affirmative, cf. § 165 j.

  1. Nous disons proposition d’affirmation (= d’assurance), plutôt que proposition affirmative (opp. à négative), parce que l’affirmation dont il est ici question peut avoir une forme négative, p. ex. Certes, il ne dort pas (Ps 121, 4).
  2. Comparer l’emploi analogue en arabe du mot correspondant إِنَّ ʾinna « voici, certes », au sens faible. Comme force, ce mot correspond plutôt à כּי, § b.
  3. La valeur affirmative de כּי provient soit de son sens premier de démonstratif (cf. Brockelmann, 2, 111), soit de son emploi comme conjonction relative (cf. Brown, s. v. כּי 1, d, e).
  4. Ici le כּי s’explique probablement ainsi (il y a ceci) qu’elle est grande ; le sujet est en casus pendens pour l’emphase.