Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Verbe/Paragraphe 50

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 112-113).
§ 50. Participe et adjectif verbal.

a Le participe est actif ou passif (§ 40 b). Le participe actif se trouve dans les conjugaisons actives et réfléchies. Le participe passif se trouve dans les conjugaisons passives. De plus, dans la conjugaison qal, les verbes statifs peuvent avoir un adjectif verbal (§ 41 c).

b Qal. L’adjectif verbal a les formes qatil, qatul, p. ex. כָּבֵד, קָטֹן. C’est de ces formes nominales qu’on a fait les parfaits statifs, qui ne sont que des « adjectifs conjugués ». La forme nominale qatal, d’où l’on a tiré le parfait d’action קָטַל, ne se trouve employée comme adjectif verbal que dans les verbes ע״ו, p. ex. קָם se levant, où elle a supplanté le véritable participe (§ 80 d). L’adjectif verbal du type קָטֹן est très rare ; on trouve יָגֹר redoutant, בּוֹשׁ ayant honte, אוֹר brillant. L’adjectif verbal du type כָּבֵד est au contraire assez fréquent, p. ex. יָשֵׁן dormant, יָרֵא craignant. Mais il a été souvent supplanté par le participe actif, p. ex. אֹהֵב aimant, שׂנֵא haïssant (§ 41 c).

c Le participe actif a la forme primitive qātil, simple extension de la forme qatil par allongement de la 1re voyelle, d’où qọ̄tẹl, généralement écrit defective קֹטֵל (§ 7 c). Pour la flexion, cf. § g.

Le participe passif a la forme primitive qatūl, simple extension de la forme qatul par allongement de la 2e voyelle, d’où קָטוּל[1].

d Participium tantum. Assez souvent le participe קֹטֵל existe, alors que la conjugaison qal n’est pas attestée, p. ex. דֹּבֵר parlant (39 fois, avec le sens de מְדַבֵּר 39 fois aussi) ; קֹוֶה espérant (le participe du piel קִוָּה n’existe pas) ; חֹכֶה 1 fois espérant, comme מְחַכֶּהf. ; כֹּסֶהf. couvrant et passif כָּסוּיf. couvert, comme מְכַסֶּה, מְכֻסֶּה ; participe passif בָּרוּךְ béni (pual מְבֹרָךְ seulement 6 f.) probablement à l’analogie de l’antonyme אָרוּר maudit.

e Quelques participes קָטוּל ont un sens actif ou voisin du sens actif : אָחוּז dans Ct 3, 8 אֲחֻ֣זֵי חֶ֫רֶב tenant (ordinairement) l’épée, armés de l’épée ; זָכוּר Ps 103, 14 † se souvenant (habituellement), memor. En araméen il y a d’assez nombreux participes passifs קְטִיל employés au sens actif, p. ex. דְּכִיר et אֲחִיד qui correspondent aux deux exemples cités, lesquels sont probablement des aramaïsmes. On a יָדוּעַ dans Dt 1, 13, 15 au sens de qui s’y connaît, homme entendu, gnarus.

f Conjugaisons dérivées. Dans les conjugaisons dérivées (sauf nifal) le participe se forme avec la préformante מ. La voyelle du מ est celle de la préformante du futur, p. ex. מַקְטִיל comme יַקְטִיל. Il y a deux exceptions dans les verbes irréguliers : dans les verbes ע״ע on a מֵסֵב malgré יָסֵב ; dans les ע״ו on a מֵקִים malgré יָקִים (dans ces deux formes מֵ est à l’analogie de מֵיטִיב, § 76 c). Pour les autres voyelles, le participe se modèle aussi sur le futur, p. ex. מְקַטֵּל comme יְקַטֵּל.

La forme ancienne du nifal, qui avait également la préformante מ, a été remplacée par la forme נִקְטָל. C’est la forme même du parfait נִקטַל, avec ◌ָ dû au caractère nominal du participe (comp. p. ex. les noms דָּבָר, מִדְדָּר). Dans le nifal on a donc la même forme au participe et au parfait, comme dans le qal des verbes statifs, et peut-être à l’analogie de ces verbes.

g Flexion des participes. Exemples : קֹטֵל, קֹֽטְלִים (§ 30 g) ; קֹֽטְלָה ou קֹֽטֵלָה et (surtout) קֹטֶ֫לֶת (§ 97 C a) ; — נִקְטָל, נִקְטָלִים ; נִקְטָלָה et (surtout) נִקְטֶ֫לֶת ; — מַקְטִיל, מַקְטִילִים ; מַקְטִילָה et (surtout) מַקְטֶ֫לֶת (cf. § 89 g).

  1. La forme קָטוּל représente seule actuellement la conjugaison du passif du qal. Il existe des restes d’un ancien participe du passif du qal : qutal > קֻטָּל § 58 b.