Grammaire de l’hébreu biblique/Morphologie/Nom/Paragraphe 88C
a Qatl. Avec voyelle primitive a. La forme est généralement segolisée (§ 96 A b) : קֶ֫טֶל. Parfois la forme devient קְטַל avec la voyelle a à la fin (§ g). Certains qatl peuvent être d’origine secondaire, à savoir un renforcement de qitl (cf. *bint > *bant > בַּת fille § 98 d) ou une réduction de qatil ou de qatal (à מֶ֫לֶךְ roi comparer l’arabe málik, à יֶ֫לֶד enfant l’arabe u̯álad). Les noms de la forme qatl sont de beaucoup les noms les plus nombreux.
b Racines fortes : מֶ֫לֶךְ, suffixe מַלְכִּי roi § 96 A c, אֶ֫בֶן pierre, אֶ֫רֶץ, הָאָ֫רֶץ terre, בֶּ֫טֶן ventre, כֶּ֫לֶב chien, כֶּ֫רֶם vigne, שֶׁ֫מֶן huile, כֶּ֫בֶשׂ agneau.
Avec finale féminine (Flexion § 97 A b) : מַלְכָּה reine, עַלְמָה jeune fille, כַּבְשָׂה et (avec affaiblissement de ◌ַ en ◌ִ, § 29 g) כִּבְשָׂה agnelle, שִׂמְלָה manteau à côté de שַׂלְמָה (avec métathèse, favorisée p.-ê. par la racine usuelle שׁלם), בִּקְעָה vallée.
c Racines à 2e gutt. א : raʾš > rā(ʾ)š > rọ̄(ʾ)š = רֹאשׁ (avec א étymologique purement graphique) ; de même צֹאן petit bétail (comp. ar. ḍaʾn ضَأْن) ; cf. § 24 d. Pour נֹאד outre cf. § 7 b.
Racines à 2e gutt. ה, ח, ע. La gutturale amène presque toujours la vocalisation ◌ַ֫◌ַ : לַ֫הַב flamme ; נַ֫חַל vallée, פַּ֫חַד effroi, נַ֫עַל sandale, נַ֫עַר garçon, שַׁ֫עַר porte. Cependant avec ח on a les deux mots לֶ֫חֶם pain et רֶ֫חֶם matrice, sein ; cf. § 96 A i.
d Racines à 3e gutt. א[1] : פֶּ֫רֶא onagre, גֶּ֫בֶא mare, טֶ֫נֶא vase.
Racines à 3e gutt. ה, ח, ע. La gutturale amène la vocalisation ◌ֶ֫◌ַ : זֶ֫בַח immolation, טֶ֫בַח égorgement, קֶ֫מַח farine ; סֶ֫לַע rocher, נֶ֫גַע coup.
e Racines ל״י (Flexion § 96 A q). La forme primitive qati̯ prend deux formes קֶ֫טֶה et קְטִי, קֶ֑טִי (pour l’explication de détail cf. § 96 A q) : בֶּ֫כֶה pleurs, חֶ֫גֶה murmure, קֶ֫צֶה fin ; — בְּכִי (autre forme de בֶּ֫כֶה), שְׁבִי captivité, צְבִי I ornement, II gazelle, גְּדִי chevreau, לְחִי joue, פְּרִי fruit.
Avec finale féminine : שִׁבְיָה captivité, צְבִיָּה gazelle, בְּרִית pacte.
Racines ל״ו : שָׂ֔חוּ (Éz 47, 5)[2] natation. — Avec finale féminine : שַׁלְוָה tranquillité.
f Racines ע״ו. Avec ו consonantique. L’a a été labialisé en o̦ (å) devant le ו (cf. § B g) : מָ֫וֶת, cst. מוֹת mort § 96 A l, אָ֫וֶן le mal, עָ֫וֶל injustice, תָּ֫וֶךְ milieu. Au lieu de שָׁ֫וֶא* on a la forme abrégée שָׁוְא néant et même 1 fois (Job 15, 31, ketīb) שָׁו. — Avec contraction : יוֹם jour, צוֹם jeûne, שׁוֹר bœuf, שׁוֹט fouet.
Avec finale féminine : עַוְלָה, pl. עוֹלֹת injustice.
Racines ע״י. Avec י consonantique. Le י a amené la voyelle auxiliaire i : בַּ֫יִת, cst. בֵּית maison, עַ֫יִן œil, חַ֫יִל force, זַ֫יִת huile § 96 A m, יַ֫יִן vin, צַ֫יִד chasse. — Avec contraction[3] : חֵיל rempart, חֵיק sein.
Avec finale féminine : אֵימָה effroi, צֵידָה vivres pour le voyage, שֵׂיבָה tête chenue.
Remarque. À la forme qatl répond dans les racines ע״ע la forme qall, § B g.
g Qetal[4]. Dans quelques noms la voyelle a passé à la fin du mot, comme en araméen (plusieurs de ces noms existent aussi en araméen) : דְּבַשׁ, suff. דִּבְשִׁי miel (aram.), זְמַן*, suff. זְמַנָּם temps (aram.), סְבַךְ* broussailles (aram.), אֲגַם, pl. אֲגַמִּים marais (aram.), הֲדַס, pl. הֲדַסִּים myrte (aram.) ; חֲשַׁשׁ chaume, חֲתַת effroi, סְתָו hiver (aram.).
La forme fém. qetallah, avec redoublement secondaire, très rare, se trouve dans le nom juif d’Esther הֲדַסָּה myrte, סְעַפָּה* branche.
h Qitl. Avec voyelle primitive i. La forme est généralement segolisée en קֵ֫טֶל (§ 96 A b), parfois en קֶ֫טֶל (et alors elle se confond avec qatl). Dans les racines à 2e א, la voyelle passe à la fin du mot : קְטֵל (§ i).
Racines fortes : סֵ֫פֶר, suff. סִפְרִי livre § 96 A e, עֵ֫גֶל veau, סֵ֫תֶר secret, abri, חֵ֫פֶץ amour, volonté ; avec 3e gutturale שֵׁ֫מַע audition, תֵּ֫שַׁע neuf. Avec finale féminine : תִּשְׁעָה neuf, סִתְרָה protection ; avec ◌ֶ : עֶגְלָה génisse.
Racines ל״א : au lieu de חֵטֶא* on a la forme abrégée חֵטְא péché (comp. שָׁוְא § f). Sont probablement qitl à l’origine : דֶּ֫שֶׁא herbe, פֶּ֫לֶא merveille, כֶּ֫לֶא prison.
Racines ל״י : ḥiṣi̯ devient en pause חֵ֑צִי moitié, en contexte חֲצִי ; cf. § 96 A r.
Remarque. À la forme qitl répond dans les racines ע״ע la forme qill, § B h.
i Qetil. Dans les noms de racine à 2e א, la voyelle ◌ֵ passe à la fin : בְּאֵר puits, זְאֵב, pl. זְאֵבִים loup, כְּאֵב douleur, רְאֵם buffle, שְׁאֵר chair ; תְּאֵנָח figue.
La forme qetillah, avec redoublement secondaire, est rare : שְׁמִטָּה relâche, כְּלִמָּה confusion, קְהִלָּה assemblée. Cette forme semble être le fém. d’un infinitif qetil > קְטֵל, répondant au futur en i[5], comme la forme qetullah est le fém. de l’inf. qetul > קְטֹל, § k. Au lieu de la forme attendue קְטֵלָה* on a קְטִלָּה avec un redoublement secondaire, p.-ê. à l’analogie de קְטֻלָּה où le redoublement est phonétiquement nécessaire (קְטֹל, § k).
j Qutl. Avec voyelle primitive u. La forme est généralement segolisée (§ 96 A b) : קֹ֫טֶל. Rarement la voy. ọ passe à la fin : קְטֹל (קְטֹל, § k).
Racines fortes (Flexion § 96 A g) : אֹ֫זֶן oreille, עֹ֫רֶף nuque ; avec 2e gutt. ה : אֹ֫הֶל tente, בֹּ֫הֶן pouce ; avec 2e ע : פֹּ֫עַל œuvre ; avec 3e gutt. : גֹּ֫בַהּ hauteur. Nombreux abstraits : גֹּ֫בַהּ, עֹ֫מֶק profondeur, אֹ֫רֶךְ longueur, רֹ֫חַב largeur, גֹּ֫דֶל grandeur, עֹ֫צֶם force, ע֫שֶׁר richesse, ח֫שֶׁךְ ténèbres.
Avec finale féminine : קָרְחָה endroit chauve, חָרְבָּה ruine, עָרְלָה prépuce, חָכְמָה sagesse, עָרְמָה ruse, טָֽהֳרָה pureté, טֻמְאָה impureté (u conservé devant labiale m), בָּאְשָׁה mauvaise herbe.
Racines ל״י (Flexion § 96 A s) : אֳנִי flotte, fém. (nom d’unité) אֳנִיָּה vaisseau ; עֳנִי, עֹ֑נִי affliction, חֳלִי, חֹ֑לִי maladie ; יֳפִי*, יֹ֑פִי beauté.
Racines ל״ו : בֹּ֫הוּ le vide, תֹּ֫הוּ le vide.
Remarque. À la forme qutl répond dans les racines ע״ע la forme qull, § B i.
k Qetul. La voyelle ọ passe à la fin dans quelques noms, surtout à 2e א : בְּאשׁ puanteur, לְאֹם pl. לְאֻמִּים peuple, שְׁאָט־ (sens douteux), סְבָךְ־ broussailles (comp. סְבַךְ § g).
La forme qetullah, avec redoublement secondaire, est assez fréquente. Dans la plupart des cas, cette forme semble être le féminin de l’inf. qetul > קְטֹל. Le redoublement spontané de la consonne non finale après la voyelle u est constant, § 18 e. Ex. : אֲחֻזָּה possession, יְרֻשָּׁה possession, סְגֻלָּה possession en propre ; פְּקֻדָּה inspection etc., גְּאֻלָּה libération, חֲנֻכָּה consécration, אֲלֻמָּה gerbe, כְּהֻנָּה sacerdoce.
- ↑ L’alef, n’étant pas prononcé, ne change pas la vocalisation ordinaire du type מֶ֫לֶךְ. — Voir des formes semblables provenant de qitl § h.
- ↑ Le ◌ָ pour ◌ַ est probt dû à l’accent zaqef ; cf. Biblica 1, p. 367 N.
- ↑ Tandis que les formes contractées sont nombreuses dans les ע״ו, elles sont rares dans les ע״י. Les deux exemples cités pourraient être originairement des qatil, d’après Bauer-Leander 1, 457.
- ↑ On a parfois la vocalisation qetal à l’état cst., p. ex. נֶ֫טַע*, cst. נְטַע plantation (§ 96 A c).
- ↑ Cf. Barth, Nominalbildung, § 96.