Grammaire de l’hébreu biblique/Écriture/Paragraphe 33

Paul Joüon
Institut biblique pontifical (p. 81).
§ 33. De l’hiatus.

Nous notons ici ce phénomène rythmique qui présente quelque analogie avec la pause[1]. Quand un mot mileʿel terminé par une voyelle est suivi d’un mot commençant par une des gutturales א, ה, ע le ton devient mileraʿ. Le phénomène se présente surtout pour לָ֫מָּה qui devient לָמָ֫ה (sans redoublement) p. ex. לָמָ֫ה אַתֶּם 2 S 19, 11 (§ 37 d). הָ֫בָה devient dans Gn 29, 21 † הָבָ֫ה אֶת־אִשְׁתִּי ; de même pour les impératifs ס֫וּרָה, ק֫וּמָה, שׁ֫וּבָה, p. ex. סוּרָ֫ה אֵלַי Jug 4, 18 ; קוּמָ֫ה יְהֹוָה Nb 10, 35 (où יְהֹוָה = אֲדֹנָי). Contrairement à l’accentuation normale on trouve encore par exemple רָב֫וּ עָלֶ֫יהָ Gn 26, 22 ; שָׂמ֫וּ אֹתִי Gn 40, 15 ; זָד֫וּ עֲלֵיהֶם Ex 18, 11 ; שַׂתָּ֫ עֲוֺֽנֹתֵ֫ינוּ Ps 90, 8 ; וּבָאתָ֫ אַתָּה Zach 6, 10 (cf. § 43 b) ; וְהִבְדִּילָ֫ה הַפָּרֹ֫כֶת Ex 26, 33 ; וְהֵֽבִיאָ֫ה אוֹתָם Lév 15, 29.

Devant une gutturale, on préfère parfois, semble-t-il, une forme plus longue ; cf. §§ 78 i, 79 m.

  1. Faute d’un meilleur terme, nous appelons ce phénomène hiatus : il y a contact entre la voyelle tonique finale et la gutturale initiale (sauf ח, sans doute à cause la nature particulière de cette gutturale, cf. §§ 5 k, 20 c).