Dictionnaire de la Bible/Tome 4.1.b LOTUS-MARC
Est-ce là la statue dont ont parlé saint Clément, saint Irénée, et le Carmen de Sodoma ? Il est difficile de le savoir. La femme de Lot est appelée par les anciens Juifs n>"W, Edith, « le témoin, » et une de ses filles rwibr,
Plutilk. J. BONkCCORSI.
- LOTAN##
LOTAN (hébreu : Lôtân ; Septante : AwTtiv), fils aîné de Séir l’Horrééen. Voir Séir 1. Il avait une sœur qui s’appelait Thamna et il eut pour fils Hori et Héman ou Homam. Gen., xxxvi, 20, 22 ; I Par., i, 38-39. Lotan fut un des chef ( 'allûf) du pays de Séir, avaut que la famille d'Ésaû fùl devenue maîtresse du pays. Gen., xxxvi, 29. Thamna, sa sœur, est nommée, dans sa généalogie, probablement parce qu’elle est la même que la Thamna qui devint la seconde femme (pîlégés) d'Éliphaz, fils d'Ésaû. Gen., xxxvi, 12. Il s'établit ainsi des liens de parenté entre les anciens habitants de Séir et les descendants d'Ésaii. Voir Horréen et Iduméens, t. iii, col. 757, 834.
- LOTUS##
LOTUS (hébreu : SûSan ; Septante : xpivov ; Vulgate : Ulium), fleur et motif d’architecture.
I. Description. — Sous ce nom les anciens Égyptiens désignaient les fleurs de diverses Nymphéacées habitant les eaux tranquilles et chaudes de leur pays. Ces grandes herbes aquatiques sont fixées au sol par des rhizomes charnus qui se ramifient dans la vase où ils enfoncent de nombreuses racines latérales, et qui produisent sur leur face dorsale des pétioles et des pédoncules assez allongés pour que les fleurs et les limbes foliaires viennent s'épanouir à l’air libre, malgré la profondeur des eaux. La fleur se compose d’un réceptacle charnu, étalé ou même creusé en forme de coupe, logeant en son milieu les carpelles avec leurs nombreux ovules. Les graines à maturité renferment un embryon recouvert par un périsperme charnu doublé extérieurement par un albumèfr’farineux. Les sépales, au nombre de
112. — Nymplixa Lotus.
4 ou 5, bordent la coupe réceplaculah’e, puîs en dedans, suivant une spirale continue, une série de larges pétales passe insensiblement à des staminodes rétrécis pour se terminer par de vraies étamines à filets minces et an thères fertiles. Les fleurs sont blanches dans le Nymphsea Lotus (flg. 112) de Linné, dit lotus blanc, et les feuilles bordées de dents aiguës. Dans le lotus bleu, Nymplixa stellata de Wïlldenow (fig. 113), les pétales
113. — Nymphœa stellata.
sont azurés, plus étroits, et les anthères pourvues d’un long appendice. Enfin, le lotus rose, Nymphiea Nelwnibo de Linné (fig. 114), est placé aujourd’hui dans un genre distinct, Nelumbium, pour ses feuilles qui se dressent en l’air au lieu de reposer à la surface de l’eau, et dont le limbe est pelté-orbiculaire au lieu d'être échancré en cœur comme dans les précédents. En outre, à la maturité, ses fruits libres indéhiscents et réduits chacun à une seule graine font saillie hors des alvéoles du réceptacle qui prend une forme comparable à celle d’une pomme d’arrosoir. Ce Nelumbium speciosum semble aussi avoir une origine plus orientale et n'être en Egypte que naturalisé. F. Hy.
II. Exégèse. — Le nom égyptien du lotus blanc, Nymphxa Lotus, est intéressant à noter à cause de sa ressemblance avec le nom hébreu du lis. Il se. présente
fréquemment dans les textes sous la forme — ^-. "^^ seSni, suSin : c’est bien le même mot que le SùSan hébreu. Seulement ce dernier s’applique d’ordinaire à d’autres plantes que le lis des eaux ou lotus. Voir Lis, col. 283. Il paraît cependant retenir ce sens de lotus dans III Reg., vil, 19, 22, 26, 49, où il s’agit d’un motif d’architecture. — Le lotus blanc se trouve représenté sur les monuments les plus anciens de l’Egypte ; ses fleurs bien conservées, disposées en guirlandes se rencontrent souvent dans les tombeaux ; elles servaient d’ornement aux Égyptiennes. « Il n’est pas rare de voir, dit V. Loret, La Flore pharaonique, 2e édit., Paris, 1892, p. 114, surtout à l'époque des Ramessides, des femmes coiffées d’un diadème d’or autour duquel s’enroulent en spirale des pédoncules du Nymphxa Lotus, dont les fleurs viennent gracieusement retomber sur le front. » Est-ce à cet ornement que fait allusion le traducteur latin de Judith, x, 3, qui, parmi les paruresde l’héroïne, signale les lilia, ce mot pouvant s’appli
quer au lis des eaux, ou lolus ? Le sens du mot grec, iéXta, il est vrai, est plutôt celui de bracelet ou de collier.
Parmi les motifs de décoration de l’art égyptien revient fréquemment le lotus dont on représente la feuille,
décorations du temple et des monuments hébreux, étant tirées surtout du règne végétal, ces fleurs épanouies
114. — Nymphdsa Nelumbo ou Nelumbium, speciosum.
le bouton et la fleur. Avec le mélange de ces différentes parties de la plante, il sert souvent de bordure aux tableaux funéraires. Ce motif de décoration se trouve non seulement en Egypte (lig. 115), mais en Chaldée (fig. 116),
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-J-J.._~J*fc, - 115.
— Bordure de fleurs et de boutons de lotus. Thèbes. XVHP dynastie. D’après Prisse d’Avesne.
en Chypre, en Phénicie et à Carlhage (fig. 117). G. Perrot, Hist. de l’art, t. ii, p. 319-331 ; t. iii, p. 109, 460 ; t. iv, p. 325. Il est à croire qu’il a dû passer, avec tant d’autres emprunts, d’Egypte et de Phénicie en Palestine. Les
— Fragment du seuil d’une porte de Khorsabad. D’après l’original. Musée du Louvre.
dont parle III Reg., n. 30, devaient être quelque chose de semblable. — Le lotus bleu, appelé en égyptien sarpat, se retrouve joint au lotus blanc dans les guirlandes des
117. — Stèle punique, avec fleurs et boutons de lotus. Bibliothèque nationale. Paris.
momies, et sur les tableaux funéraires. Sa ressemblance de forme avec le précédent pouvait lui faire donner par : 371
LOTUS — LOUP
372
des étrangers le même nom de Sûsan comme au lotus blanc, et il pouvait également être emprunté par la décoration hébraïque. — Mais le lotus sacré des Égyptiens était le lotus rose, le Nelumbium speciosum, appelé Neheb ou Nescheb dans les textes, qui a maintenant disparu de la terre des Pharaons. C’est ce lotus qu’Hérodote, ii, 92, nomme le lis rose du Nil. Précisément parce que c’était une plante sacrée, on ne le trouve pas en nature dans les tombeaux comme les deux autres. Mais c’est lui que l’on remarque le plus fréquemment employé comme motif de décoration, et dans la forme des chapiteaux. Il est vrai que cette représentation n’est pas semblable à la réalité : la fleur sacrée ainsi peinte ou sculptée sur les monuments est un type de convention. V. Loret, La Flore pharaonique, p. 112 ; G. Perrot, Histoire de l’art, t. i, p-577-585. Dans l’architecture légère on retrouve cependant une imitation plus fidèle du lotus réel. Perrot, ibid., fig. 312, 317, 318 p. 541543, 585. C’est dans tes chapiteaux égyptiens en forme de lotus qu’il faut aller chercher l’explication des ꝟ. 19 et 22 du chap. vu du III’livre des Rois. « Les chapiteaux qui étaient sur la tête des colonnes étaient en forme de SvSan. » « Sur la tête des colonnes il y avait un ouvrage en forme de Sûsan. t> Le SûSan paraît bien être ici le lis d’eau, le lotus et non pas le lis proprement dit dont la forme ne se retrouve pas dans les chapiteaux égyptiens et phéniciens. Les descriptions de ce chapitre, éclairées par l’art égyptien et phénicien, permettent de reconstruire les chapiteaux des colonnes de bronze. M. de Vogué l’a tenté dans Le Temple de Jérusalem, in-f°, Paris, 1864, p. 34 et pi. xiv. Mais si le chapiteau a des pétales de lotus sculptés sur son pourtour, en lui-même il n’a pas l’aspect d’une fleur aux divisions de la -corolle nettement accusées ; il est plutôt campaniforme. L’Histoire de l’art, t. iv, pi. vi et-vn, et p. 318-320, donne une autre restitution qui répond mieux de ce côté aux conditions du problème. Le chapiteau a une partie bombée et celle sorte de bulbe ou de boule s’épanouit en fleur de nénuphar ou lotus. Les divisions de la corolle sont nettement accusées par les profondes échancrures du contour. Mais les pétales étant tronqués, l’ensemble ne représente encore qu’assez imparfaitement le calice ou la corolle du lotus. Voir Lis, col. 285. La mer d’airain était en forme de SoSavnah, II Par., IV, 5. La restitution qu’en donne VHistoire de l’art, t. iv, fig. 172, p. 327, est plutôt campaniforme. Voir Mer d’airain. Fr. Wœnig, Die Pflanzen in alten Aegypten, 2e édit, Leipzig, 1886, p. 17-74.
E. Levesqxie.
LOUAGE. Voir Location, col. 319.
- LOUIS DE LÉON##
LOUIS DE LÉON, augustin espagnol, né à Belmonte, dans la Manche, province de Cuença, en 1527 (non à Grenade), mort à Madrigal le 6 août 1591. Il fit ses études dans cette dernière ville et entra en 1543 dans l’ordre des augustins. En 1561, il devint professeur de théologie scolastique à l’Université. Ses leçons et ses livres eurent un grand succès, mais une de ses publications, le Commentaire du Cantique des Cantiques, qu’il expliquait allégoriquement, fut mal accueillie et déférée à l’Inquisition, qui lui reprocha aussi certaines propositions sur la Vulgate. Louis de Léon tut emprisonné à Valladolid de 1572 à 1577. Il supporta cette épreuve avec beaucoup de courage et de patience. Remis en liberté, reprit sa chaire à l’Université et devint plus tard vicaire général de la province de Castille et enfin provincial de son ordre. Voir Gr. Mayans y Siscar, Vida y juicio del M. Fray Luis de Léon, en tête de ses <Euvres, dans la Biblioteca de autores espanoles de Bibadeneyra.
Ses œuvres scripturaires sont contenues dans les trois -premiers tomes de l’édition complète de ses écrits en langue latine, Mag, Luyssi Legionensis, Augusliniani,
divinorum librorum primi apud Salmaticenses Interprètes Opéra, nunc primum ex MSS. ejusdem omnibus P.P. Augustiniensium studio édita, 7 in-4°, Salamanque, 1891-1895. Le tome premier contient : Proœmium et Expositio in Canticum Moysis : In Psalmosproœm ium ; Expositio in Psalm osxx vi, xxvill, lvii, et lviii ; In Ecclesiastem proœniium, argurnentum et expositio : quant Magister non absolvit, sed à vers. 13 capitis ix perfecta fuit à P. Didaco de Tapia, Ord. S. Augustini. Continet etiarn hoc volumen appendicem in Psalmos xr, xri, xviii et civ, quorum expositio Magistro Legionensi falso adscripta est. — Tome second : In expositionem Cantici Canticorum introductio, et in quodlibet caput ipsius Cantici triplex explanatio. — Tome troisième. In Abdiam Prophetam explanatio : In Epistolam B. Pauli ad Galatas expositio ; Commentaria in Epistolam Il B. Pauli Apostoli ad Thessalonicenses, quse versiculo 4, capitis ii, abrumpit, et P. Tapia resumpsit usque ad reditum Magislri, quum tamen hujus continuatio inventa fuerit. Scripsit etiam, in lucemque edidit paulo ante mortem opusculum : De utriusque Agni immolatione legitimo tempore, quo Ludovicus magnam inter doctos circa Paschse tempus disceptationeni promovit. Vernacula lingua edidit : Los Nombres de Cristo (De nominibus Christi) ; Exposicion de Job (Job commentaria) ; La Perfecta Casada (De perfectae uxoris exemplari).
Louis de l.éon fut un grand écrivain, en langue espagnole et en latin ; il connaissait l’hébreu et le grec.
— Comme beaucoup de ses œuvres furent dictées à ses élèves, et plus tard corrigées et développées par lui avant de les livrer g l’impression, les manuscrits qui nous en ont été conservés diffèrent les uns des autres. Il corrigea lui-même plusieurs fois ses écrits, toujours mécontent de son travail, sévère et très difficile pour la iorme littéraire. L’édition de Salamanque (1891-1895) est la plus correcte et la plus sûre.
Les commentaires du Cantique de Moïse, des Psaumes et de YEcclésiaste sont littéraux, fondés sur le texte original, avec de nombreuses concordances bibliques et une grande érudition profane : le tout entremêlé d’applications morales. — Quant à son Exposition du Cantique des Cantiques, il en publia d’abord une traduction espagnole avec des notes. Elle est dans la Biblioteca de Autores espanoles, de Ribadeneyra, Escritores del siglo xvi, t. 11, Madrid, 1855, p. 247-284. C’est elle qui lui valut son procès inquisitorial. Plus tard, il la publia en latin à Salamanque, en 1582, en y ajoutant le commentaire du Psaume xxvi. Une nouvelle édition parut en 1582. L’une et l’autre renferment un commentaire littéral et un commentaire moral. En 1589, une dernière édition, publiée également à Salamanque, fut enrichie d’un troisième commentaire, un commentaire mystique. L’auteur expose ainsi lui-même sa triple explication : Prima verborum interpretationem continet ; altéra Deum amantis animée progressus in amore complectïtur ; tertia comprehendit Ecclesise militantis, a mundi initio usque ad finem sseculi, amoris cursum atque rationem. — L’Exposilio in Abdiam Prophetam est littérale, historique et allégorique. D’après l’auteur : par Édom il faut entendre non seulement les Iduméens, mais aussi les Perses et les Juils. V Expositio in Epi~ stoUis Pauli et in Ecclesiastem est également littérale avec des réflexions morales. — Voir Gonzalès de Tejada, Vida de Fray Luis de Léon, Madrid, 1863 ; H. Reusçh, Luis de Léon, Bonn, 1873. R. Martinez y Vigil.
LOUP (hébreu : ze’êb, le zibu assyrien et le deeb arabe ; Septante : Xûxo ; ; Vulgate : lupus), carnassier du genre chien.
1° II diffère du chien par sa taille plus grande, un museau plus allongé, une mâchoire plus forte, des oreilles toujours droites et un pelage très touffu (fig. 118). Il a
plus de férocité que de courage. Il n’attaque l’homme que quand il est affamé, mais il fait une guerre terrible aux bergeries et aux basses-cours. — Le loup commun, canis lupus, a fait de tout temps la terreur des troupeaux
118. — Loup de Syrie.
de Palestine, bien qu’aujourd’hui il soit surtout confiné dans le Liban. Socin, Palàstina und Syrien, Leipzig, 1891, p. lx. On le rencontre néanmoins encore assez souvent dans les plaines maritimes ou celles de Gênézareth, dans les ravins de Galilée et surtout du terri ver les troupeaux de ses attaques, on entoure pendant la nuit les parcs à moutons de branchages épineux. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 340. D’ordinaire le carnage du loup ne se borne pas à une seule brebis. Si les chiens sont absents ou inattentifs, il étrangle tout ce qu’il peut, emporte avec lui une première victime qu’il mange et revient en chercher ensuite deux ou trois autres qu’il cache. La faim l’oblige quelquefois à se jeter sur un troupeau, même en plein jour. Il lui arrive aussi de suivre l’homme pour le surveiller de loin et profiter de ses moindres faiblesses pour l’assaillir. 2° La Sainte Écriture ne parle guère des loups qu’au sens figuré. Jacob mourant dit prophétiquement du dernier de ses fils : « Benjamin est un loup qui déchire ; le matin, il dévore ta proie, et le soir, il partage le butin. » Gen., xlix, 27. Voir Benjamin (Tribu de), t. i, col. 1598. Le loup est naturellement l’image de ceux qui exercent la violence, des chefs de Jérusalem qui ruinent et dévorent le peuple, Ezech., xxii, 27, des juges iniques d’Israël qui n’attendent même pas au matin pour commettre l’injustice. Soph., iii, . 3. Une peinture du cimetière de Calliste représente Susanne sous la figure d’une brebis menacée à droite et à gauche par deux animaux, dont l’un au moins est certainement un loup, et caractérisent bien les deux vieillards accusateurs (fig. 119). Cf. Martigny, Dictionnaire des antiq. chrét., 2e édit., Paris, 1877, p. 747. Les Chaldéens vont tomber sur Juda comme les loups du désert. Jer., v, 6. Ils sont montés sur
J^rViliV^v
119. — Susanne entre les deux vieillards figurés par un loup et un léopard. Peinture du cimetière de Calliste. D’après Perret, Les catacombes de Rome, t. 1, pi. Lxxviii.
toire montagneux de Benjamin, et quelquefois aussi dans les forêts de Basan et de Galaad. Les loups de Palestine, bien que beaucoup moins nombreux que les chacals, font beaucoup plus de ravages que ces derniers. Voir Chacal, t. ii, col. 477. Ils ne vont pas par bandes, mais deux ou trois seulement à la fois. Ils se cachent la nuit à proximité des bergeries, derrière des rochers, avancent avec cette démarche caractérisée par notre expression française « à pas de loup », sans éveiller l’attention des chiens de bergers, sautent dans l’enceinte qui renferme le troupeau, voir t. ii, fig. 611, col. 1987, saisissent leur victime en silence et s’enfuient avec leur proie. Les bergers de Galilée ont coutume de tirer de temps en temps des coups de fusil pendant la nuit, afin de tenir à distance ces dangereux carnassiers. Le loup de Syrie a le pelage plus clair que celui d’Europe. Les indigènes parlent d’une autre espèce plus féroce, celle du loup qu’ils appellent scheeb, qui n’est autre probablement que le Canis lycaon des naturalistes. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 153155. Dans le sud de la Palestine se rencontre aussi le loup d’Egypte, canis lupaster, qui a une taille plus petite que celle du loup ordinaire, un poil jaune doré et un système musculaire qui ne lui permet pas de s’attaquer à de gros animaux. Il doit se contenter tout au plus d’agneaux ou de chevreaux, et vit surtout d’animaux morts dont il traîne les cadavres daus les cavernes, llaà peu près tes mœurs des chacals. Pour préser des chevaux plus rapides que les loups du soir. Hab., i, 8. Le loup sort le soir pour chercher sa proie : il peut faire jusqu’à cent soixante kilomètres dans sa nuit pour la trouver ou se mettre à l’abri. Nul cheval n’approche d’une vitesse si grande et si soutenue. En Sibérie, on a vu plus d’une fois des bandes de loups accompagner et même devancer, dans leur course affolée, les chevaux attelés aux traîneaux. L’agneau à dans le loup un ennemi acharné ; nul accord n’est possible entre eux. Eccli., xiii, 21. Et pourtant, à l’époque de la rédemption, ils habiteront et paîtront ensemble, Is., xi, 6 ; lxv, 25, c’est-à-dire que les hommes les plus ennemis deviendront tous frères, par la grâce du Sauveur. — Dans le Nouveau Testament, où les agneaux et les brebis représentent les disciples de Jésus-Christ, les ennemis de l’Évangile sont naturellement figurés par les loups. Ces loups sont d’abord les faux prophètes : « Ils viennent à vous avec des vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. » Matth., vii, 15. Ces paroles font allusion à la ruse hypocrite du loup. Il se dissimule pour commettre ses méfaits, ou bien il fait montre de douceur. Quand un loup veut s’emparer d’un jeune chien encore inexpérimenté, mais peut-être défendu par des gardiens plus à craindre, il s’approche, attire son attention par des gambades de toutes sortes comme pour l’inviter à jouer, et, quand il a réussi à le faire venir à l’écart, se jette sur lui. Il sait de même amener un chien plus vigoureux dans une embuscade où se trouve un autre loup,
et où tous deux peuvent Je terrasser. Ces procédés ne sont pas ignorés des taux prophètes. En donnant la mission à ses apôtres, Notre-Seigneur leur dit qu’il les envoie « comme des brebis au milieu des loups ». Matth., x, 16. Plus tard, il envoie de même ses disciples « comme des agneaux au milieu des loups ». Luc. x, 3. Les Juifs d’abord, puis les persécuteurs païens n’ont que trop justifié cette comparaison. Enfin, saint Paul dit aux pasteurs d’Éphèse : « Je sais qu’après mon départ il s’introduira parmi vous des loups cruels qui n’épargneront pas le troupeau. » Act., xx, 29. Il explique lui-même que ces loups sont les faux docteurs qui, par un enseignement pernicieux, entraîneront des disciples après eux. Act., xxix, 30. — Un des chefs des Madianites qui pillaient la Palestine du temps de Gédéon s’appelait Zëèb (Vulgate : Zeb), c’est-à-dire le Loup. Jud., vii, 25.
Voir Zeb,L.OW Jehuda, rabbin et commentateur juif, né à Worms, en 1520, mort à Prague, en 1609. Il fonda dans cette dernière ville une école pour l’étude du Talmud. Ce fat un cabbaliste célèbre et l’on a raconté de lui bien des choses extraordinaires. Ses œuvres les plus remarquables, énumérées dans l’épitaphe placée sur son tombeau, sont : Explication du Pentateuque de Raschi, Prague, 1578 ; Derekh chajjim, explication des paroles des Pères, Cracovie, 1589 ; ’Or hôdes, « la nouvelle lumière, » explication d’Esther (1600). J. Sedlacek.
1. LOWTH Robert, fils de William Lowth, théologien et hébraïsant protestant anglais, né à Buriton le 27 novembre 1710, mort à Londres, le 3 novembre 1787. Il entra, en 1722, au collège de Winchester, et, en 1729, à New Collège, à Oxford, où il prit ses grades universitaires. Il reçut ensuite les ordres, et fut d’abord vicaire à Overton, Hampshire, en 1735. En 1741, il fut nommé professeur de poésie à Oxford, et fit un cours sur la poésie des Hébreux qu’il publia plus tard. Il accompagna Henry Bilson-Legge dans son ambassade à Berlin, en 1748. Choisi en 1749 pour faire ; l’éducation des fils du duc de Devonshire, il voyagea quelque temps avec eux. Après avoir occupé diverses charges ecclésiastiques et divers évêchés, il obtint enfin l’évêché de Londres en 1777, et il occupa ce siège jusqu’à sa mort. Le plus célèbre de ses ouvrages est son livre sur la poésie hébraïque : De sacra poesi Hebrxorum. Prxlectiones academicse Oxonii habit » a Roberto Lowth. Subjicitur metricseHarianse brevis confutatio, et oratio Crewiana, in-4°, Oxtord, 1753 ; 2e édit., in-8°, 1763. Réimprimé avec les notes de J. D. Michælis, 2 in-8°, Gœttingue, 1758-1762 ; id., 1769-1770. Une 3e édit., du livre parut à Oxford, en 1775, in-8° ; une autre fut publiée à Leipzig, en 1815, in-8°, par E.-F.-C. Rosenmûller cum notis et epimetris J. D. Michælis… Insunt C. F. Richteri de eetate libri Jobi definienda atque C. Weisii de métro Rariano commentationes. La réfutation du système de Hare donna lieu à une controverse assez longue entre Lowth et plusieurs savants de son temps (Thomas Edwards, Warburton, John Brown). Son livre fut traduit en allemand, avec notes, par Michælis, Gœttingue, 1763 etl793 ; en anglais par Gregory, avec les notes de Michælis, 2 in-8°, 1793 ; en français par Suard, 21n-12, Lyon, 1812, et Avignon, 1839 ; en français également par Roger, de l’Académie française, in-8°, Paris, 1813. — Il faut citer encore de lui : Isahia, a new translation, with a preliminarij dissertation and notes, in-4°, Londres, 1778 ; in-4°, 1779 ; in-8°, 1790 ; 13e édit., in-8°, 1812. Il en existe une traduction allemande par G.-H. Richerz, avec des additions et des notes par B. Koppe, 4 in-8°, Leipzig, 1779-1781. Dans cet ouvrage, Lowth modifia trop arbitrairement le texte original sous prétexte de le corriger, mais il eut le grand mérite de faire ressortir, dans sa dissertation préliminaire et dans sa version même, le
caractère et la forme de la poésie hébraïque, qu’il avait déjà étudiés avec succès dans son premier écrit. C’est à lui que l’on doit d’avoir mis en évidence le trait caractéristique de la poésie hébraïque qu’il appela « parallélisme », nom qui lui est resté. Voir Hébraïque (Langue), t. iii, col. 489. — Voir Memoirs of the Life and Wrilingsof the late Bishop Lowth, 2 in-8°, Londres et Gœttingue, 1787. A. Régnier.
2. LOWTH William, théologien protestant anglais, né à Londres le 3 septembre 1660, mort à Buriton (Southampton), le 17 mai 1732. Il étudia d’abord sous la direction de son grand-père, Simon Lowth, puis entra à Merchant Taylors’school, à Londres, le Il septembre 1672, et enfin fut admis comme élève à St-John’s collège, à Oxford, le Il juin 1675. C’est là qu’il termina ses études, et il devint plus tard fellow du même collège. Son premier ouvrage, intitulé Vindication of the divine authority of the Old and New Testaments, Londres, 1683 et 1690, et publié pour répondre aux attaques de Le Clerc contre l’inspiration de l’Écriture Sainte, lui concilia les bonnes grâces de Peter Mew, évêque de Winchester, qui fit de lui son chapelain, puis le nomma chanoine, le 8 octobre 1696, et enfin lui donna le bénéfice de Buriton, où il vécut jusqu’à sa mort. Outre l’ouvrage déjà mentionné, on peut citer de lui : Comræntary on the prophets, qui parut en plusieurs parties de 1714 à 1725, et qui fut ensuite réuni en un volume pour faire suite à un livre de Patrick intitulé Commentary on the earlier books of the Old Testament, avec lequel il fut plus d’une fois réimprimé, en même temps que les Commentaires da Nouveau Testament de Whitby, Arnald et Lowman. A. Régnier.
1. LUC (SAINT) (grec : A.oux5 « ), troisième évangéliste et auteur des Actes des Apôtres (fig. 120). — 1° Son nom.
— Aooxâç est généralement aujourd’hui regardé comme une abréviation de Aovxavôç. Il existe dans le Nouveau Testament d’autres abréviations de noms propres de cette sorte, par exemple : KXcéTraç de KXeôitatpoç. Voir t. H, col. 806. Les manuscrits de l’Italique, Vercellensis, a, Corbeiensis, ꝟ. 2, Vindobonensis, i, et le codex Dublinensis de la Vulgate (du ixe siècle) intitulent le troisième Évangile secundum Lucanum. Ct. Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J. C. latine, Oxford* 1893, 1. 1, fasc. 3, p. 307. Ce nom de Lucanus se retrouve dans Priscillien, Opéra, édit. Schepss, Vienne, 1889, p. 47, et sur un sarcophage d’Arles, du v° siècle (fig. 121). C’est le nom du poète Lucain. Godet, Introduction au N. T., Paris, 1900, p. 448-449, conclut sans raison suffisante, de la forme abrégée de son nom et de sa qualité de médecin, les médecins étant ordinairement des affranchis, que Luc était originaire de la Lucanie et un esclave affranchi de « l’excellent Théophile » à qui il a dédié ses deux livres. Cette contraction du nom de Luc est préférable à celle qui le lait dériver de Aovr.nxvo ; , car on ne s’expliquerait pas l’élision de Vi, et les exemples analogues de noms latins montrent bien que Lucianus aurait été plutôt contracté en Lucius. Par cette raison déjà il faudrait écarter les identifications, parfois proposées, de saint Luc avec les Lucius nommés dans le Nouveau Testament. Ct. Origène, In Rom., 1. X, 32, t. xiv, col. 1288. D’ailleurs, d’autres motifs s’y opposent. Un Lucius est le parent de saint Paul, Rom., xvi, 21 ; l’autre était originaire de Cyrène. Act., xiii, 1. Voir ces noms. La contraction de LuciKUs, soutenue par Grotius, malgré l’analogie avec’OXojmwc ; , Rom., xvi, 15, dérivé de’O).o[ntt<58<opo ; , est moins vraisemblable que celle à laquelle s’est ralliée la majorité des critiques.
2° Sa patrie et sa condition. — Au témoignage de saint Paul, Col., iv, 14, cf. ꝟ. 11, Luc était un médecin d’origine païenne. Il est placé par l’Apôtre au nombre de ses compagnons, distincts de ceux qui étaient sortis
du judaïsme, ꝟ. 11. Sa connaissance des formes plus classiques du grec peut confirmer cette origine. J. Belser, Einleitung in dos N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901,
mieux le grec que l’hébreu. Cf. Epist., xx. 4, t. xxli, col. 378. D’autre part, son exacte connaissance des usages juifs a fait penser à plusieurs qu’il était prosélyte. Saint
120. — Saint Luc. Évangéliaire de Cambridge. D’après Garrucci, Storia deW arte cristiana, t. iii, pi. 141.
p. 110-111. Les hébraïsmes de son style ne s’y opposent I Jérôme, Liber heb. qusest. in Gen., t. xxiii, col. 1002,
pas, car ils peuvent provenir des sources qu’il a reprorapporte cette tradition, sans l’accepter. Les fréquentes
duites dans ses écrits. D’ailleurs, il faut convenir avec relations de Luc avec les Apôtres et avec les chrétiens,
-Saint Jérôme, In ls., vi, 9, t. xxiv, col. 98 qu’il savait l convertis du judaïsme, ont suffi à le mettre au courant
des coutumes juives. Les anciens écrivains ecclésiastiques ont généralement affirme que saint Luc. était originaire d’Antioche. Eusèbe, H. E., iii, 4, t. xx, col. 220 ; Qusest. ad Stephan., suppl., 4, t. xxii, col. 961 (plusieurs critiques pensent qu’Eusèbe a puisé ce renseignement dans VEpist. ad Aristidem de Jules Africain) ; S. Jérôme, De vir. illust., 7, t. xxiii, col. 610 ; Euthalius, Elenchus, prolog., t. lxxxv, col. 636.- Les anciens prologues latins du troisième Évangile, qui sont antérieurs à ces écrivains, indiquaient déjà le même lieu d’origine. P. Cossen, Monarchianische Prologe, dans Texte und linters., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1, p. 7 ; Wordsworth et White, Novum Testamentum D. N. J.-C. latine, Oxford, 1893, t. l, fasc. 3, p. 269, 271. Cette désignation du lieu de naissance de Luc ne provient pas d’Act., un, 1, puisque l’auteur du troisième Évangile et des Actes est différent de Lucius de Cyrène, mentionné là comme membre de l’Eglise d’Antioche. M. Ramsay, Paulus in der Apostelgeschichte, p. 330, a prétendu que Luc était originaire de Macédoine et que sa famille avait seulement des relations à Antioche. Mais les anciens affirment
que Cléophas est nommé, Luc, xxiir, 18, le trahissait à leurs yeux. Cf. Théophylacte, Enarrat. in Evang. Luc, t. cxxiii, col. 685, 1113. Mais le contexte exige que le personnage nommé soit un témoin des événements de la semaine, ce qui ne convient pas à saint Luc. L’auteur du canon de Muratori dit expressément du troisième évangéliste : Dominum tamen nec ipse vidit in carne. La tradition patristique a reconnu dans saint Luc non un apôtre, mais un homme apostolique, non un disciple immédiat du Christ, mais seulement un disciple des apôtres. S. Irénée, Cont. hxr., III, iv, 2, t. vii, col. 845 ; Tertullien, Adv. Marcion., iv, 2, t. ii, col. 363 ; S. Jérôme, In Is., 1. xviii, t. xxiv, col. 650 ; In Matth., prol., t. xxvi, col. 18 ; S. Augustin, De consensu Évangel., i, ii, iii, t. xxxiv, col. 1043 ; Cont. Faust., XVII, iii, t. xlii, col. 341 ; Constit. apost., II, lvii, t. i, col. 729 ; S. Chryso6tome, In Matth., hom. i, 2, t. Lvn, col. 16 ; In Acta, hom. i, 1, t. lx, col. 13 ; Théodoret, Hist. relig., præf., t. lxxxii, col. 1283. On ne sait pas avec certitude à quelle époque et dans quelles circonstances Luc devint chrétien. Comme il était originaire
121. — Sarcophage d’Arles. D’après une photographie.
explicitement que Luc est né à Antioche. Ils attribuent, ainsi que l’auteur du Canon dit de Muratori, à saint Luc la profession de médecin. Saint Paul, d’ailleurs, l’avait appelé Luc « le médecin ». Col., iv, 14. On a confirmé cette dénomination par les détails médicaux et les termes techniques, employés dans le troisième Évangile, iv, 38 ; xxii, 43, etc., et dans les Actes, xiii, 11. Hobart, The médical language of saint Luhe, Dublin, 1882 ; A. Harnack, Medicinisches aus derâltesten Kirchengesch.ich.te, dans Texte und Unters., Leipzig, 1892, t. viii, fasc. 4, p. 37-40. Eusèbe, Qusest. ad Stephan., suppl., 4, t. xxii, col. 961, et saint Jérôme, Epist., xx, 4, t. xxii, col. 378, concluaient de la profession de saint Luc qu’il était inter omnes evangelislas grœci sermonis erudilissimus. Comme les médecins étaient souvent, dans l’antiquité, de condition servile, des exégètes modernes, ainsi qu’on l’a vu plus haut, ont conclu, contrairement à la tradition, que Luc était un esclave affranchi.
3° Sa conversion. — Dans le prologue de son Évangile, 1, 1-3, saint Luc laisse clairement entendre qu’il n’a pas été un des disciples immédiats de Jésus, puisqu’il se propose de raconter les faits, non tels qu’il les a vus, mais tels qu’il les a appris des témoins oculaires et des auditeurs du Sauveur. Néanmoins, on a voulu le mettre en rapports directs avec Notre-Seigneur. Adamantius, Dial. de recta in Deum fide, t. xi, col. 1721, et saint Épiphane, User., li, 11, t. xli, col. 908, en ont fait un des soixante-douze disciples. Luc, x, 1. Saint Grégoire le Grand, Moral, in Job, præf., i, 3, t. lxxv, col. 517, rapporte que quelques-uns reconnaissaient en lui le second disciple qui vit Jésus ressuscité, sur le chemin d’Ëmmaûs ; son silence sur ce personnage, alors
d’Antioche, il est vraisemblable qu’il a été converti de bonne heure par les premiers prédicateurs de l’Évangile, qui vinrent de Jérusalem en cette ville. Act., xi, 19-30. Cette conclusion est confirmée par une addition que le texte occidental contient dans ce récit entre les versets 27 et 28. Le Codex Cantabrigiensis D présente, en effet, cette leçon : ’Hv ôe tcoIXt) àyaXkitxmi ; , (7UV£<rrp « [i(j.éva)v Ss J)|iûv ly e’ç, etc., appuyée par plusieurs manuscrits de la vieille version latine, ainsi qu’il résulte d’une citation de saint Augustin, De sermone Domini in monte, 1. II, c. xvii, 57, t. xxxiv, col. 1295 : Eratque magna exsultatio. Congregatis autem nobis, surgens unus, etc. Si cette leçon était originale, il en résulterait qu’elle mettrait en scène l’auteur du livre des Actes et que par suite saint Luc aurait été un des premiers membres de la jeune Église d’Antioche. Quelques-uns ont pensé qu’ij, avait été converti à la foi chrétienne par saint Paul après que celui-ci eut été amené à Antioche par Barnabe. Act., xi, 25. Mais on remarque avec raison que saint Paul n’appelle jamais Luc son ce fils ».
4° Luc, compagnon de saint Paul. — Quoi qu’il en soit, nous savons avec certitude que saint Luc a été le compagnon de saint Paul et son collaborateur. Lui-même nous "a laissé dans les Actes le récit circonstancié d’un témoin oculaire. Voir t. i, col. 153-155. L’écrivain témoigne de sa présence par l’emploi du pronom pluriel nous à partir d’Actes, xvi, 10. Nous ignorons comment il se rencontra avec saint Paul à Troade, maisil devait être connu de l’apôtre qui avait séjourné à Antioche. II partit avec lui et l’accompagna jusqu’à Philippes de Macédoine. Son récit montre qu’il eut une part à la fondation de l’Église de cette ville. Act., xvi, 10-17. Il ne fut
pas emprisonné avec Paul et Silas et ne les suivit pas à leur départ. 19-40, On en a conclu qu’il demeura à Philippes pour affermir et développer la communauté chrétienne. La séparation de Luc et de Paul dura cinq ou six années. Cela résulte de l’absence de la salutation de la part du premier dans six lettres du second. Ce ne fut que lorsque Paul, après ses deux missions en Grèce et en Asie Mineure, repassa à Philippes pour aller porter à Jérusalem l’argent recueilli dans, les Églises de la Macédoine, que Luc l’accompagna de nouveau. Act., xx, 6. Du rapprochement de ce texte avec II Cor., viii, 18, il ressort que le frère, loué dans ce dernier passage, ne peut guère être saint Luc, quoi qu’en aient pensé plusieurs Pères. S. Ignace, Ad Ephes., 15, t. v, col. 749 ; Origène, In Luc, hom. r, t. xiii, col. 1804 ; S. Ambroise, In Luc, i, t. xv, col. 1538 ; S. Jérôme, Eptst, , lui, n. 8, t. xxii, col. 548 ; De virîs illust., 7, t. xxiii, col. 619 ; S. Chrysostome, In Act., hom. i, 1, t. lx, col. 15 ; In II Tim., hom. x, 1, col. 655 ; (quoiqu’il reconnaisse Barnabe, In II Cor., hom. xvhi, 1, t. lxi, col. 523). Ce frère, célèbre dans toutes les Églises par sa prédication de l’Évangile (et non par la rédaction d’un Évangile)j avait été délégué par les Églises de la Macédoine pour cet office de charité consistant à recueillir des collectes pour les fidèles de Jérusalem, en vue de l’accompagner dans cette ville. R. Cornely, Comment, in S. Pauli Eptst. ad Cor. altérant, Paris, 1892, p. 230232. Saint Paul l’envoie de Macédoine, II Cor., viii, 1, avec Tite et un autre frère. lbid., 16-22. Or, c’est de la Macédoine que le même apôtre revint à Philippes, où il retrouva Luc qui, au lieu d’aller à Corinthe, fit route avec lui et d’autres compagnons parmi lesquels n’est pas Tite, vers Jérusalem. Act., xx, 3-6. Voir t. ii, col. 998-999. Si l’on admettait néanmoins que ce frère soit saint Luc, il faudrait reconnaître que saint Paul attendit à Philippes son retour de Corinthe avant de partir pour Jérusalem, emportant la collecte faite parmi les Corinthiens.
A partir de la rencontre de Paul et de Luc à Philippes, le livre des Actes devient une sorte de journal de voyage. Après la fête de Pâques, Paul et Luc rejoignirent à Troade, où ils les avaient devancés, leurs compagnons de route. Ils y demeurèrent sept jours. Act., xx, 5, 6. Tandis que Paul se rendait à Assos par terre, Luc et les autres y allaient par mer. Ils emmenèrent l’Apôtre à Mitylène, puis par mer à Samos et à Milet. Act., xx, 13-15. Après l’entrevue si émouvante avec les anciens d’Éphèse, les voyageurs s’embarquèrent pour Cos, Rhodes et Patare, puis, sur un autre vaisseau, pour Tyr. Act., xxi, 1-3. De Tyr, ils descendirent à Ptolémaïde et à Césarée, où ils séjournèrent quelques jours. Act., xxi, 7, 8. Malgré les dangers prédits à Paul, ils montèrent à Jérusalem, où ils furent bien accueillis. Act., xxi, 15, 17. Luc fut témoin oculaire des événements qui s’accomplirent en cette ville et qu’il raconte. Act., xxi, 18-xxvi, 32, aussi bien que de l’emprisonnement de Paul à Césarée. On ne peut affirmer qu’il soit demeuré constamment dans cette ville auprès de l’Apôtre. Quoique le récit à la première personne du pluriel cesse dans les Actes, il est légitime de penser que Luc était nn de ces amis de Paul à qui le gouverneur Félix autorisa l’accès de la prison. Act., xxiv, 23. Ce qui rend vraisemblable son séjour continu à Césarée durant les deux années de l’emprisonnement de Paul, c’est que, dés que l’envoi de celui-ci à Rome tut décidé, Luc et Aristarque se trouvèrent là pour l’accompagner. Act., xxvii, 1, 2.
Luc fut donc témoin oculaire des événements du voyage de Césarée à Rome et put raconter dans les Actes les circonstances du trajet, les villes où ils firent escale, les changements de vaisseaux, le naufrage à Malte, la continuation du voyage jusqu’à Rome et la situation de l’Apôtre dans cette ville. Act., xxvii, 2-xxvin, 29. Saint
Paul y demeura deux ans. Act., xxviii, 30. Saint Luc resta un certain temps avec lui, car dans les Épitres aux Colossiens, îv, 14, et à Philémon, jr. 24, qu’on rapporte généralement à la première captivité de Paul à Rome, l’apôtre salue ses correspondants au nom de Luc. Mais de l’absence de salutation de sa part dans l’Épltre aux Philippiens, qui a été écrite de Rome après les précédentes, il résulte qu’il avait quitté l’apôtre avant la fin de son séjour en cette ville. D’autre part, saint Paul était seul lors de sa première comparution devant César. II Tim., iv, 16. Nous ignorons où se rendit Luc en sortant de-Rome. L’indication fournie par les Acta Pauli, Lipsius, , Acta Apostolorum apocrypha, Leipzig, 1891, 1. 1, p. 104, suivant laquelle Luc se serait rendu en Gaule, n’a-aucune valeur. Durant la seconde captivité de Paul à Rome, nous retrouvons Luc à ses côtés. II Tim., iv, 11. On. rapporte généralement la composition des Actes à la deuxième année de la première captivité de saint Paul à Rome. Voir t. i, col. 155. Le troisième Évangile, qui est un irpttfToc Xôyo ; , Act., i, 1, serait antérieur. Voirplus loin. Quelques critiques ont attribué à saint Luc, sans raisons suffisantes, la rédaction de l’Épître aux Hébreux. Voir t. iii, col. 545.
5° Dernières années. — Nous manquons de renseignements anciens et certains sur l’histoire de saint Luc après la mort de saint Paul et sur la fin de sa vie. Ceux que nous possédons sont relativement récents et souvent, contradictoires. Saint Épiphane, Adv. hmr., li, 11, t. ili, col. 907, prétend que saint Luc prêcha l’Évangile en Dalmatie, en Gaule, en Italie et en Macédoine, surtout en Gaule, comme Crescens. Voir t. ii, col. 1111. Saint Grégoire de Nazianze, Orat., xxxiii, 11, t. xxxvî, col. 228, le fait aller en Achaïe, où il aurait rédigé son Évangile. Garni., 1. I, sect. i, carm. xii, t. xxxvii, col. 474. Les Constitutions apostoliques, 1. VII, c. xlvi, t. l, col. 1052, affirment que saint Luc ordonna Avilius, le deuxième évêque d’Alexandrie. Diverses subscriptions de manuscrits du troisième Évangile, citées en note, ibid., par Cotelier, indiquent Alexandrie la Grandecomme le lieu de la composition de cet Évangile. Siméon Métaphraste, Vita S. Luc », 7, t. cxv, col. 1136, tait retourner saint Luc de Rome en Orient, parcourir toute la Libye et parvenir en Egypte, où il convertit la Thébaïde supérieure et où il fut institué évêque dan » une ville aux sept portes delà Thébaïde inférieure. Selon lui, ibid., 8, col. 1137, saint Luc y mourut en paix. Néanmoins, il place sa sépulture en Achaïe et raconte la translation de ses reliques de Thébes en Béotie à Constantinople par les soins de Constance. Ibid., 9, 10, col. 1137. De telles contradictions montrent le peu de valeur de ses renseignements. Cf. Ménologe grec, au 18 octobre, t. cxvii, col. 113. Nicéphore Calliste, H. E., ii, 43, t. cxlv, col. 876, prétend que l’évangéliste alla de Rome en Grèce. Saint Grégoire de Nazianze, Orat., iv, n. 69, t. xxxv, col. 589, est le premier qui parle du martyre de saint Luc. Saint Gaudence, évêque de Brescia, Serin., xvii, t. xx, col. 962, rapporte que saint Luc fut tué à Patras en Achaïe. Saint Isidore de Séville, De vita et obitu Patrum, 82, t. lxxxiii, col. 154, sait que saint Luc mourut à l’âge de 74 ans et qu’il fut enseveli en Bithynie ; il déclare qu’il avait été très, chaste déslson enfance. Le vieux prologue du troisième Évangile contenait ces mêmes renseignements : neque uxorem unquam habens neque filios, lxxiv annorum obiit in Bithynia, plenus Spiritu sancto. P. Corssen, Monarchianische Prologe zu den vier Evangelien, Leipzig, 1896, p. 8. Selon Nicéphore Calliste, toc. cit., saint Luc fut pendu à un olivier et son sépulcre était célèbre. Le pseudo-Dorothée, Patr. Gr., t. cxxiii, col. 685, prétend que saint Luc est mort et a été enseveli à Ephèse. Cf. A. Dutau, Vn prétendu tombeau de saint Luc à Ephèse restitué à la mémoire de saint Antipas, Paris, 1883. La vingtième année du règne de Constance, en 357, les
reliques.de saint Lac ont été transférées d’Achaïe (mais de Bithynie, selon S. Isidore de Séville) à Constantinople. S. Jérôme, De vir. ill., 7, t. xxiii, col. 621 ; Cont. Vigilantium, 5, ibid., coi. 343 ; Chronic, an. 360, t. xxvii, col. 690 ; Théodore le Lecteur, Excerpta, t. lxxxvi, col. 213 ; S. Isidore de Séville, De vita et obitu Patrum, 82, t, lxxxiii, col. 154. Quelques ossements se trouvaient à Brescia, S. Gaudence, Serm., xvii, t. xx, col. 963 ; à Funda, S. Paulin de Noie, Epist., xxxii, n. 17, t. lxi, col. 339 : à Antioche et à Ostie. Id., Poema, xxx, v. 35, ibid., col. 672. L’Église célèbre la fête de saint Luc le 18 octobre. On a donné le bœuf comme symbole au troisième évangéliste parce que son récit commence par le sacrifice offert par Zacharie, père de Jean-Baptiste.
6o Saint Luc était-il peintre ? — D’après Nicéphore Calliste, ff, E., 1. II, c. xliii, t. cxlv, col. 876, saint Luc était très habile dans l’art de la peinture. Siméon Métaphraste, Vita S. Lucm, 6, t. cxv, col. 1136, lui attribue une image du Christ qu’on honorait de son temps. On lui a attribué aussi des peintures de la sainte Vierge. Cette attribution repose sur le témoignage de Théodore le Lecteur, du vi « siècle. Il rapporte que l’impératrice Eudoxie avait trouvé à Jérusalem un portrait de la mère de Dieu, peint par l’apôtre Luc, et qu’elle l’avait envoyé à Constantinople. pour en faire présent à sa bellesœur Pulchérie, femme de Théodose II. Théodore le Lecteur, Excerpta, i, 1, t. lxxxvi, col. 165. Les Madones dites de saint Luc reproduisent un type byzantin de la Vierge et peuvent remonter au ve siècle. Rien d’authentique ne justifie l’attribution à saint Luc de ces images. Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, 2e édit., Paris, 1877, p. 791-792 ; E. von Dobschûtz, Christusbilder. Vntersuchungen zur christlichen Légende, Leipzig, 1899, t. ii, p. 266o-280°. Cf. Acta sanctorum, octob. t. viii, p. 282-313. E. Mangenot.
2, LUC (ÉVANGILE DE SAINT). — I. AUTHENTICITÉ.
— L’authenticité du troisième jivangile n’a jamais été contestée, et la critique la plus avancée respecte l’universelle attribution de ce récit à saint Luc. Les titres grecs et latins : Eùafféitov xoctà Aouxôév, Evangelium secundum Lucam, ou autres analogues, qui se lisent en tête des manuscrits et des éditions, remontent au il* siècle, voir t. ii, col. 2060, à l’époque où le troisième Évangile était expressément attribué à Luc, son auteur. Mais des citations formelles ou implicites du troisième Évangile dans les écrits de la fin du Ier siècle et du commencement du H « prouvent que ce livre existait déjà et étais connu dans l’Église entière.
1o Existence et connaissance du troisième Évangile à la fin du Ier siècle et au commencement du il". — Saint Clément de Rome cite, de mémoire, semble-t-il, des paroles prononcées par Jésus. Aucune ne répond textuellement à aucun des synoptiques. Quelques mots cependant ressemblent de plus près à saint Luc, qu’à saint Matthieu. Ainsi, I Cor., xiii, 2, w ; StSoTe, oûrwç Soô^ffsxai ûixïv, rappelle de très près Luc, vi, 38. Funk, Opem Patrum apostolicorum, 2e édit., Tubingue, 1887, p. 78. I Cor., xlvi, 8, combine Matth., xxvi, 24, et Luc, xvii, .2. Ibid., p. 120. La ressemblance entre I Cor., xxm, 4, et Luc, xxi, 29, 30, est plus éloignée. Sans être décisives, ces coïncidences sont plus que suffisantes à prouver l’emploi du troisième Évangile à Rome entre 93 et 95. La AtSax^ » 1 u’es * de P eu postérieure, mêle en deux endroits, i, 3 ; xvi, 1, Funk, Doctrina duodecim Apostolorum, Tubingue, 1887, p. 6, 46, Luc, vi, 28-32 ; xii, 35, à des passages de saint Matthieu. Cf. t. ii, col. 2064. La citation que fait saint Ignace, Ad Smyrn., iii, 2, Funk, p. 236, ne convient pas exclusivement à Luc, xxiv, 39, car si ce passage est visé, il est complété par une citation étrangère aux Évangiles canoniques. Saint Polycarpe, Ad Philip., ii, 3, Funk
p. 268, mélange Matth., vii, 1, avec Luc, vi, 36-38, et Matth., v, 3, 10, avec Luc, vi, 20. L’écrit de Papias étant perdu on ne peut prétendre avec certitude que cet écrivain ne connaissait pas saint Luc ; il pouvait le citer sans qu’Eusèbe ait pris soin de le noter. Il est d’ailleurs vraisemblable que Papias l’avait entre les mains aussi bien que saint Ignace et saint Polycarpe. Dans le Pasteur d’Hermas, Simil., ix, c. xxvi, 3, Funk, p. 547, il y a une allusion évidente à une parole de Jésus. Luc, ix, 24 ; xvii, 33. i.a II" Clementis, xiii, 4, cite textuellement en partie Luc, vi, 32, 35 ; v, 2, Luc, x, 3 ; viit, 5, Luc, xvi, 10, avec cette entrée en matière : Asysi yàp 3 Kûpto ; bi tô e-iocYYeii’to ; toutefois, comme la première partie de la citation ne se trouve pas dans les Évangiles canoniques, quelques critiques pensent que l’auteur cite un évangile apocryphe ; vi, 1, Luc, xvi, 13, Funk, p. 150, 154, 160. Basilide, qui enseignait à Alexandrie vers Tan 120, se servait du troisième Évangile. D’après les Philosophumena, vu, 26, t. xvi, col. 3315, il citait Luc, i, 35, comme une parole sainte. Les Acta Archelai, 55, t. x, col. 1524, nous apprennent que le treizième livre de son commentaire sur l’Évangile commençait par la parabole du pauvre Lazare et du mauvais riche, que Luc seul raconte, xvi, 19-31. Au rapport de Clément d’Alexandrie, Strom., i, 21, t. viii, col. 888, les disciples de Basilide célébraient le jour du baptême de Jésus et ils en fixaient la date à la quinzième année de Tibère, date indiquée par saint Luc, iii, 1, pour le début de la prédication de Jean-Baptiste. Quelques-uns d’entre eux plaçaient la mort de Jésus à la seizième année de Tibère. Or, selon saint Irénée, Cont. hser., II, xxii, t. vii, col. 781, c’étaient des valentiniens qui s’appuyaient sur Luc, iv, 19, citant Is., lxi, 2. Dans le c. li, ajouté au traité De præscript., de Tertullien, t. ii, col. 70, il est dit que Cerdon ne recevait que le seul Évangile de saint Luc, et encore pas en entier. Carpocrate interprétait d’une façon singulière une parole de Jésus, citée par saint Irénée, Cont. hser., i, xxv, n. 4, t. vii, col. 683, en des termes, se rapprochant de Luc, xii, 58-59, plus que de Matth., ’v, 25-26. De cette enquête il résulte qu’au milieu du n « siècle, le troisième Évangile se trouvait aux mains de tous les chrétiens, catholiques ou hérétiques. 2o Dans la seconde moitié du ip siècle. — Les preuves de la connaissance et de la diffusion du troisième Évangile dans cette courte période abondent, et c’est alors que se manifeste l’attribution précise de cet écrit à saint Luc, Saint Justin, Dial. cum Tryph., 103, t. vi, col. 717, déclare que les Évangiles, qu’il nomme Mémoires des apôtres, ont été écrits par des Apôtres ou par des disciples des Apôtres. Il sait donc les noms des évangélistes, bien qu’il ne les cite pas, et il place évidemment saint Marc et saint Luc parmi les auteurs de la seconde catégorie, puisque cette mention sert à introduire le récit de la sueur de sang de Jésus, qui est particulier à saint Luc, xxii, 44. D’ailleurs, un très grand nombre de traits de la vie du Sauveur cités par lui ne sont rapportés que dans le troisième Évangile. Voir t. ii, col. 2068, 2069. Tatien, disciple de saint Justin, a publié un Aià TEmrâpwv, qui combinait en un seul récit les quatre narrations canoniques de la vie de Jésus. On sait qu’il en excluait les généalogies. Or, l’une d’elles se trouve dans l’Évangile [de Luc. Une allusion à Luc, vi, 25, se remarque, Orat. adv. Greecos, xxxii, t. VI, col. 872. Dans le fragment de Tatien, conservé par Clément d’Alexandrie, Strom., iii, 12, t. viii, col. 1181, il y a une autre allusion soit à Luc, xvi, 13, soit à Matth., vi, 24. Les hérétiques de cette époque rendent le même témoignage en faveur du troisième Évangile. Marcion a rejeté les trois autres Évangiles qu’il connaissait pour ne conserver que celui de saint Luc comme son seul Évangile et. celui de ses Églises. Il l’abrégeait encore, en enlevant ce qui ne cadrait pas avec ses doctrines, et il ne gardait qu’une parcelle d’Évangile,
S. Irénée, Coni. hser., i, xxvii, % t. vii, col. 688 ; Tertullien, Adv. Marc, IV, ii, v, t. ii, col. 361, 367. Quelques critiques avaient prétendu que l’Évangile écourté de Marcion était l’original même de saint Luc et que le troisième Évangile canonique n’en était qu’une amplification. Cette prétention est insoutenable, car le plus grand nombre des omissions s’explique par l’intérêt doctrinal et les versets supprimés ont tous le cachet propre au style de saint Luc. Il est donc évident que la modification du texte de saint Luc vient de Marcion et non de l’Église catholique. Cf. Zahn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, Erlangen et Leipzig, 1891, t. ii, p. 409-455, qui a reconstitué l’Evangile de Marcion, p. 455-494. Comme Marcion, Valentin se servait de passages évangéliques qui n’étaient fournis que par saint Luc, et ses disciples les interprétaient arbitrairement. S. Irénée, Cont. hser., III, xiv, 3-4, t. vii, col. 916, 917. Ils cherchaient en particulier de grands mystères dans le récit de l’Annonciation. Luc, i, 26-55. S. Irénée, Cont. hser., l, Xv, 3, t. vii, col. 620 ; Philosophumena, vi, 35, 51, t. xvi, col. 3247, 3279. Héracléon, disciple de Valentin, donnait une interprétation de Luc, xii, 8-12, que Clément d’Alexandrie, Strom., IV, 9, t. viii, col. 12811284, rapporte et discute. Les Marcosiens reconnaissaient dans la drachme perdue, dont saint Luc est seul à parler, xv, 8, l’image de la sagesse égarée. S. Irénée, Cont. hser., i, xvi, 1, t, vii, col. 629. Ptolémée, autre disciple de Valentin, acceptait cette explication et entendait d’une manière analogue la parabole de la brabis perdue, propre à saint Luc, xv, 4, les actes du vieillard Siméon, et de la prophétesse Anne, relatés dans le troisième Évangile, Luc, H, 28, 36 ; il interprétait aussi suivant son système Luc, vii, 35. S. Irénée, Cont. hser., i, viii, 2, col. 529, 532. L’épisode de Jésus au temple à l’âge de douze ans, Luc, H, 42, et le choix que le Sauveur fit de douze Apôtres, Luc, vl, 13, étaient pour les valentiniens des indices de l’existence des douze Éons. Jbid., I, iii, 2, col. 469. Les Ophites expliquaient dans leur sens les récits concernant la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus, ainsi que la mort du Christ. Ibid., i, xxx, 11, 14, col. 701, 703. Voir t. ii, col. 2070. Les Récognitions clémentines, dont la source judéo-chrétienne remonte au milieu du ne siècle, citent plusieurs fois Je texte de saint Luc, i, 40, 54 ; ii, 32 ; iv, 5 ; v, 13 ; ti, 4 ; x, 45, t. ï, col. 1231, 1237, 1264, 1317, 1336, 1349, 1442-1443. Les Homélies clémentines font de même. Hom., iii, 15 ; iv, 71 ; viii, 7 ; ix, 22 ; xii, 23 ; xvii, 5 ; xviii, 3 ; xix, 2, t. ii, col. 121, 156, 229, 257, 300, 388, 405, 424. Ces citations de saint Luc sont d’autant plus remarquables que l’auteur de la littérature clémentine était un adversaire de saint Paul ; elles montrent ainsi l’autorité dont l’Évangile de saint Luc jouissait dans l’Église entière. Un païen lui-même, Gelse, qui écrivait vers 178, connaît le troisième Évangile. Il reproche à son auteur l’insolence audacieuse avec laquelle il fait remonter la généalogie de Jésus, fils d’un charpentier, au premier homme et aux rois d’Israël. Origène, Cont. Cels., ii, 32, t. xi, col. 852. Il oppose les évangélistes, Matthieu et Marc, qui parlent de deux anges, et les autres, Luc et Jean, qui n’en placent qu’un auprès du tombeau de Jésus. Ibid., v, 56, col. 1269.
3° Affirmations que saint Luc est l’auteur du troisième Évangile. — C’est dans la même période de la seconde moitié du IIe siècle que nous rencontrons les premières affirmations explicites de la composition du troisième Évangile par saint Luc. Le canon dit de Muratori, qui date des environs de 170, l’attribue expressément à Luc, le médecin et le disciple de saint Paul. Voir t. ii, col. 170. Il est témoin de la tradition de l’Église romaine, bien placée pour connaître l’activité littéraire de saint Luc, compagnon de Paul pendant sa captivité à Rome. Saint Irénée, représentant des Églises d’Asie Mineure et de Gaule, dans son traité Cont. hier., composé entre 177
et 189, connaît les noms des auteurs des quatrs Évangiles
canoniques ; il nous dit du troisième : Kal Aouxâ ?
Sa 4 àxQ/, 0’j60 ; ILaiXctM xb ùtt’èxEtvou xi]f>ua<r15|i£vov Eùay-Y
&iov èv fiiêliw xaTÉÔsxo. III, 1, 1, t. vii, col. 845. Il tait
ainsi ressortir la relation qui existe entre le troisième
Évangile et la prédication de saint Paul. Le prêtre africain,
Tertullien, attribue le troisième Évangile à Luc,
un homme apostolique, qui a vécu avec les Apôtres et
après les Apôtres. Adv. Marcion., iv, 2, t. ii, col. 363.
Il affirme au même endroit, col. 364, que saint Paul
a été illuminator Lucas. Cf. c. iii, col. 365. Il déclare,
ibid., c. v, col. 367, que les Églises apostoliques ont
coutume d’attribuer à Paul l’écrit de Luc. Clément
d’Alexandrie, dans ses Hypotyposes qui sont perdues, a
conservé, au rapport d’Eusèbe, H. E., vi, 14, t. xx,
col. 552, une tradition particulière sur l’ordre de composition
des quatre Évangiles canoniques : il plaçait
en premier lieu les Évangiles qui renfermaient des
généalogies de Jésus. Il connaissait donc le troisième
Évangile. Mais Origène, disciple de Clément, mettait
l’Évangile de Luc au troisième rang ; il déclarait en
outre qu’il avait été recommandé par Paul et écrit pour
les gentils. Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 584. Cf. In
Luc, Hom. ï, t. xiii, col. 1803. Le vieil argument latin,
qui est en tête du troisième Évangile et qui remonte au
me siècle, attribue ce récit évangélique à saint Luc et
affirme qu’il l’a rédigé en Achaïe après saint Matthieu
et saint Marc. Wordsworth et White, Novum Testamentum
D. N. J. C. latine, Oxford, 1893, fasc. 3, p. 269,
271. Les Constitutions apostoliques, ii, 57, t. ï, col. 729,
attribuent les quatre Évangiles, qui étaient lus dans les
assemblées liturgiques, aux apôtres Jean et Matthieu et
aux compagnons de Paul, Luc et Marc Eusèbe affirme
plusieurs fois que Luc est l’auteur du troisième Évangile.
H. E., iii, 4, 24, t. xx, col. 220, 269. De même
S. Jérôme, De viris, 7, t. xxiii, col. 621 ; Comment, in
Ev. Matth., prol, , t. xxvi, col. 18 ; S. Chrysostome, In
Acta, Hom, . ï, n. 1, t. lx, col. 15. Dès lors, tous les écrivains
ecclésiastiques ont unanimement attribué à saint
Luc la composition du troisième Évangile. Qu’on ne
prétende pas que cette tradition n’a point de fondement
historique et qu’elle n’est que le résultat du travail
exégétique des Pères sur le troisième Évangile. Bien
qu’elle se manifeste tardivement en termes tormels, elle
ne se présente pas dans les premiers témoignages
comme une opinion, fondée sur l’examen intrinsèque du
livre, mais comme un fait simplement affirmé et recueilli
de la tradition antérieure. D’ailleurs, le nom de l’auteur
n’est pas mentionné dans l’Évangile ; en le donnant, on
a reproduit un souvenir vraiment historique. Si l’on
eût procédé par simple supposition, d’autres noms de
personnages plus connus que Luc se seraient plus naturellement
présentés à la pensée. « Une tradition aussi
unanime et aussi précise <jue celle qui a désigné le nom
de l’auteur du troisième Evangile et des Actes ne peut
être un pur accident, et ceux qui la rejettent sont,
comme dit Plummer, tenus de l’expliquer. » Godet,
Introduction au Nouveau Testament, Neuchâtel, 1900,
t. ii, p. 666. D’autre part, dans le contenu du troisième
Évangile, rien ne s’oppose à l’attribution de ce récit à
saint Luc. Loin de là, des critiques y trouvent, au contraire,
une confirmation des données traditionnelles. Cf.
Bacuez, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1900, t. iii,
p. 160-165 ; Cornély, Introductio specialis, Paris, 1886,
p. 128-132.
II. Intégrité. — Toutes les éditions critiques du Nouveau Testament reproduisent intégralement le texte du troisième Évangile. Quelques-unes cependant essaient d’exclure un passage célèbre, celui qui raconte la sueur de sang du Sauveur au jardin de Gethsémani.Luc., xxii, 43, 44. Lach mann, en 1842, Hort et Westcott, en 1881, l’ont imprimé entre crochets. Ces derniers, The New Testament in the original Greek, Cambridge et Londres, 1882,
IV. - 13
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LUC (ÉVANGILE DE SAINT)
p. ii, appendix, p. 66, 67, le tiennent pour une interpolation d’origine occidentale adoptée dans des testes éclectiques, et pour un fragment de ces traditions écrites ou orales, qui circulèrent quelque temps en certains pays et que les scribes du ne siècle sauvèrent de l’oubli. Nous étudierons successivement : 1° les témoignages pour ou contre l’authenticité de ces versets ; 2° les causes qui ont fait suspecter l’authenticité de ce passage.
I. TÉMOIGNAGES POUR OU CONTRE L’AUTHENTICITÉ.
— 1° Les manuscrits. — Les uns omettent ces versets, les autres les contiennent. Cette diversité a été signalée par plusieurs Pères. Saint Hilaire de Poitiers, De Trinit. , iv, 1, t. x, col. 375, tout en les commentant, déclare qu’ils manquaient et in grxcis et in latinis codicibus complurimis. Saint Jérôme, Dial. adv. Pelag., ii, 16, t. xxiii, col. 552, dit qu’ils se lisent seulement in quibusdam exemplaribus tant grsecis guam latinis. Saint Épiphane, Ancorat., 31, t. xliii, col. 73, semble dire que ces versets manquent dans certains manuscrits grecs. Du lait que plusieurs Pères grecs et latins ne les comment pas (voir plus loin), on peut conclure qu’ils ne les lisaient pas dans leurs manuscrits. En réalité, les manuscrits grecs qui sont parvenus jusqu’à nous se rangent en deux catégories : les uns omettent ces versets ou les marquent de signes de doute et d’hésitation ; les autres les reproduisent. Les onciauxABBT a les omettent. Mais À a conservé à la marge la section eusébienne avr( ou 283°, se rapportant au canon i ou 10. Voir t. ii, cpl. 2052. Or cette section, en cet endroit, ne peut convenir qu’à Luc, xxii, 43, 44. L’original sur lequel ce manuscrit a été copié contenait donc ces versets, et le copiste ne les a probablement pas transcrits parce qu’ils étaient raturés comme ils l’ont été dans N (voir plus loin). L’hypothèse suivant laquelle le copiste aurait emprunté les sections eusébiennes à un autre manuscrit est moins vraisemblable » ft a (correcteur du Sinaiticus, du IVe siècle) pointillé ce passage et le met entre crochets ; mais N b (autre correcteur, du vi » siècle) cherche à faire disparaître ces traces de doute. Seuls les cursiꝟ. 124, du XIIe siècle, 561 et 579, du xiii, omettent ce passage. 13 n’a de première main que les mots wq>87] 8é, Luc, xxii, 43 ; la suite, qui avait été omise, a été suppléée en marge, il y a aussi la section eusébienne <nty. Dans T, û, 123, 344, 440, 512, tout le passage est marqué d’obèles. ESVAII, 24, 36, 161, 166, 274, 408, ont auprès du texte un astérisque, qui, en plusieurs cas, est vraisemblablement une indication liturgique. Le cursif 34 contient une scholie, qui signale l’absence de ce passage dans un certain nombre d’exemplaires. Les cursiꝟ. 69, 124, 346, 348 (et peut-être les autres qui sont apparentés à ce groupe célèbre, dit groupe Ferrar) reproduisent Luc, Xxii, 43, 44, et les premiers mots du), . 45, après Matth., Xxvi, 39 (346 les a, en outre, à leur place naturelle). Ferrar et Abbott, À collation of four important manuscripts of the Gospels, Dublin, 1877, p. 92 ; J.-P.-P. Martin, Quatre manuscrits importants du N. T., Amiens, 1886, pi 44-45. Une troisième main a ajouté ce passage dans C à la marge en face du même endroit de saint Matthieu. C’est une particularité liturgique qu’on retrouve dans presque tous les ëvangéliaîres grecs. En effet, tandis que le mardi du tyrophage on omettait dans la leçon les versets 43 et 44, à la messe du jeudi-saint on lisait une leçon formée de Matth., xxvi, 2-20 ; Joa., xiii, 3-17 ; Matth., xxvi, 21-xxvii, 2 ; mais dans ce dernier fragment on insérait Luc, xxii, 43, 44 et les premiers mots de 45, modifiés de façon à leur donner dans le contexte un sens, entre les versets 39 et 40 de Malth., xxvi. Cependant l’évangéliaire 8 a le passage contesté dans la leçon du mardi du tyrophage. Les synaxaires présentent les mêmes particularités. Les manuscrits à texte continu, qui ont été adaptés à l’usage liturgique, ont, en face de Matth., xxvi, 39, et de Luc, xxii, 42, des rubriques, des notes ou des sigles qui signalent cette transposition liturgique. On
en peut conclure que l’insertion de Luc, xxil, 42-45, dans Matth., xxvi, 39, est due dans les manuscrits du groupe Ferrar à l’influence de la liturgie. Sauf ces rares exceptions, le passage de saint Luc existe dans l’immense majorité des manuscrits, dans les onciaux nDFGHKLMQRUXATs, dans ESVTAIIÛ de première main et dans les cursifs.
2° Les versions. — Anastase le Sinaïte (vers 700), Vise dux, xxii, t. lxxxix, col. 289, faisait ressortir l’importance du témoignage des versions bibliques en faveur de l’authenticité de l’épisode de la sueur de sang. Ceux qui n’ont pas cette section, disait-il, sont convaincus d’erreur, puisqu’on la trouve dans toutes les versions et dans la plupart des Évangiles grecs. Seul de tous les manuscrits latins, le Brixianus, f, omet ces deux versets. Aussi les éditeurs Wordsworth et White, Novum-Testamentuni D. N. J. C. latine, Oxford, 1893, t. i, fasc. 3, p. 462-463, les ont-ils maintenus dans leur édition critique de la Vulgate. Ce passage se trouve dans toutes les versions syriaques, Peschito, Curetonienne, charkléenne et hiérosolymitainë, ainsi que dans le Aià ztaa&purj de Tatien. Il manque cependant dans le manuscrit sinaïtique, publié en 1895 par M mM Lewis et Gibson. Cf. C. Holzhey, Der neuentdeckte Codex syrus sinaiticus, Munich, 1896, p. 72 ; A. Bonus, Collatio codicis Lewisiani cum codice Curetoniano, Oxford, 1896, p. 72. Les versions coptes, à l’exception de plusieurs manuscrits de la version bohaïrique, voir t. ii, col. 948, le possèdent ainsi que les traductions éthiopienne, arménienne et arabe. Les lectionnaires syriens, coptes et arméniens (pas tout cependant pour ces derniers) le contiennent aussi.
3° Les Pères. — La plupart des Pères ont lii, cité ou commenté ce passage. Le témoignage des Pères grecs est spécialement important. Saint Justin, Dial. cum Tryphone, 103, t. vi, col. 717, 720, a lu dans les Mémoires écrits par les apôtres et leurs disciples l’épisode de la sueur de sang. S’il ne nomme pas saint Luc, c’est qu’il ne désigne jamais les Évangiles, qu’il cite comme Mémoires des apôtres, par le nom de leurs auteurs. En parlant des Mémoires des Apôtres et de leurs disciples, il fait allusion au troisième Évangile. Saint Irénée, Cont. hier., III, xxii, 2, t. vii, col. 957, signale la sueur de sang au milieu de détails évangéliques qui prouvent la réalité de la chair du Sauveur. Saint Hippolyte, Cont. Noet., 18, t. x, col. 828, fait de même. Cf. un autre texte du même érivain, cité par Anastase le Sinaïte, Vise dux, c. xxiii, t. lxxxix, col. 301. Saint Denys d’Alexandrie, Interp. Luc, t. x, col. 1594, commente ces versets d’une façon singulière. Eusèbe les connaît et en forme une section spéciale, la 283e de saint Luc, qu’il place dans le canon Xe avec les passages propres à un seul Évangile. Arius, cité par saint Épiphane, Adv. hser., hasr. lxix, 19, 59, t. xui, col. 232, 300, concluait de ce passage que Jésus n’était pas Dieu. Didyme, De Trinit., 1. III, c. xxi, t. xxxix, col. 900, 913, réfute les hérétiques qui en abusaient. Saint Athanase, In Ps. lxviii, 17, t. xxvii, col. 309, le cite. Saint Cyrille d’Alexandrie, In Ps. lxviii, 1, t. lxix, col. 1161, fait de même. Il est dès lors étonnant qu’on ne trouve pas d’explication dans son commentaire sur Luc, t. lxxii, col. 924. Se servent encore de ces versets le pseudo-Césaire de Nazianze, Dialog., i, inter. 23, 29, t. xxxviii, col. 881, 884, 888 ; saint Épiphane, qui réfute Arius, Adv. hser., lxix, 59, t. xlii, col. 300, et explique le texte, Ancorat., 37, t. xliii, col. 84 ; saint Chrysostotne, In Matth., homil. lxxxiii, t. lviii, col. 746 ; In Ps. cix, 8, t. lv, col. 277 ; In Joa., homil. lxiii, t. us, col. 350 (ici, il attribue le passage à saint Matthieu) ; Théodore de Mopsueste, Fragmenta dogmatica, t. lxvi, col. 984, 995 ; Théodore., In Ps. xv, 7, t. lxxx, col. 961 ; Demonsï. per syllog., t. lxxxiii, col. 325 ; le Pseudo-Denys l’Aréopagite, De ceelest. hicrarch. , iv, 4, t. iii, col. 18) ; et saint Maxime le Con
fesseur, Scholia, in h. loc, t. iv, col. 60, suivant qui la tradition dont parle Denys est l’Évangile de saint Luc rédigé d’après la prédication de saint Paul ; Cosmas Indicopleuste, Topog., t. lxxxviii, col. 437 ; Anastase le Sinaïte, Vise dux, c. xiii, t. lxxxix, col. 233 ; InHexœm., 1. XI, ibid., col. 1028. Parmi les Pères latins, saint Hilaire.de Poitiers, De Trinit., 1. X, 40, 41, t. x, col. 375, reste indécis par suite de l’absence de ces versets dans beaucoup de manuscrits. Saint Jérôme, Dial. adv. pelagianos, 1. II, 16, t. xxiii, col. 552, connaît ces versets, reproduits seulement en certains manuscrits grecs et latins. Saint Ambroise les omet dans son commentaire de saint Luc, t. xv, col. 1818. Cependant Anastase le Sinaïte, Cont. monophysitas, t. Lxxxrx, col. 1185, a conservé un extrait de ce commentaire, dans lequel Vévêque de Milan parle en termes exprès de la sueur de sang et de l’ange consolateur. Saint Augustin cite ces versets. De consensu Evangelist., III, iv, 12, t. xxxiv, col. 1165 ; In Ps. cxl, t. xxxvii, col. 1817, 1818. Vigile de Tapse admet les faits qu’ils expriment. De Trinit., vi, t. lxii, col. 281. Bède, In Luc., VI, t. xcii, col. 603, en commentant ce passage, réfute les anciens hérétiques. La masse des témoignages et des documents est donc favorable à l’authenticité de cet épisode, propre à saint Luc. Ils sont de tous les pays et remontent par saint Justin jusqu’au ne siècle. On ne peut contester l’originalité pas plus que l’antiquité du passage, et c’est vraisemblablement par suite d’un attachement excessif au Vaticanus, <jui l’omet, queHort et Westcott l’ont tenu pour une addition. On comprend mieux la suppression de ces versets en un certain nombre de documents que leur insertion dans la majorjté.
II. CAUSES QUI ONT FAIT SUSPECTER LEUR AUTHENTI-CITÉ. — Les critiques en ont indique plusieurs, qui n’ont pas toutes la même vraisemblance. — 1° Depuis Wetstein, ils citent, sans indiquer la source où ils ont puisé ce renseignement, un écrivain arménien, qui n’est autre que Jean Mayrakomiétzi. II vivait dans la première moitié du vne siècle et il s’opposa avec vigueur à l’union des arméniens et des grecs décidée au concile de Garin (629). Or, il affirmait que Saturnilus, hérétique du il » siècle, avait ajouté au troisième Évangile les versets relatifs à la sueur de sang. Cf. Isaac le Patriarche, De rébus Armenise, t. cxxxii, col. 1253. Mais, d’après saint Irênée, Cont. hœr., i, 24, t. vii, col. 674, et l’auteur des Philosophumena, vii, 28, t. xvi, col. 3322, Saturnilus ou Saturnin enseignait que le Christ n’était pas né, qu’il n’avait ni corps ni figure et qu’il avait seulement paru être un homme. S’il en est ainsi, il est peu vraisemblable qu’il ait ajouté dans saint Luc l’épisode de la sueur de sang. On pourrait plutôt le soupçonner de l’avoir enlevé, parce qu’il était trop contraire à son enseignement docète. D’autre part, Saturnin était Syrien d’origine. Or un correspondant de Photius, Ad Amphiloch. , q. ccxix, t. ci, col. 992, affirmait que quelques Syriens retranchaient ce passage de l’Évangile. Mais ces renseignements sont trop vagues pour qu’on en tire une conclusion ferme.
2° Comme les hérétiques, surtout les ariens, abusaient de ce passage pour nier la divinité de Jésus-Christ, des orthodoxes, c’est-à-dire des catholiques, au rapport de saint Épiphane, Ancorat., 31, t. xi.ni, col. 73, l’auraient supprimé par crainte de l’abus qu’on en faisait, et aussi parce qu’ils ne comprenaient pas bien la fin du passage. C’est pourquoi l’évêque de Salamine, ibid., 37, col. 83, l’interprète sainement. Cette suppression expliquerait les témoignages de saint Hilaire de Poitiers et de saint Jérôme, rapportés plus haut.
3° On peut regarder comme certain, nous l’avons déjà remarqué précédemment, que l’omission de Luc, xxii, 43, 44, au moins dans plusieurs manuscrits grecs, a été occasionnée par l’usage liturgique. Ce passage, en effet, ou bien n’était pas transcrit à sa place naturelle, parce
qu’il n’était pas lu à l’office public en même temps que les versets qui précèdent et qui suivent, ou bien était copié à la suite de Matth., xxvi, 39, soit en marge, soit dans le texte, ou parfois même se lisait aux deux endroits. Ces faits ont pu précéder l’organisation officielle du sectionnement liturgique actuel de l’Église grecque, de telle sorte que l’omission de ce passage dans les manuscrits du troisième Évangile aurait, au témoignage des Pères de cette époque, été assez répandue au cours du IVe siècle. Mais plus tard et peu à peu, les versets omis ou détachés de leur contexte primitif auraient repris leur place naturelle, qu’ils n’ont plus perdue.
4° Quoi qu’il en soit de ces causes, dont l’action n’est pas certaine, il est avéré qu’au vn « siècle une branche de l’eutychianisme, la secte des aphtardocètes ou incorrupticoles, qui prétendaient que le corps de Jésus-Christ n’avait subi aucune corruption, rejetait en particulier l’épisode de la sueur de sang. En efl’et, Anastase le Sinaïte n’accuse pas seulement Apollinaire d’avoir nié ce fait évangélique, Cont. Monophysit.-, t. lxxxix, col. 1184, il fait le même reproche aux gaianites, qu’il réfute. Vise dues, c. xiv, ibid., ol. 253. Il constate, d’ailleurs, que l’essai de suppression, dont ce passage a été l’objet, a été inutile, puisqu’il est demeuré dans la plupart des manuscrits grecs et dans toutes les versions ; aussi déclaret-il altérés les manuscrits qui ne la contiennent pas. Ibid., c. xxii. col. 289. Léonce de Byzance, Cont. Nestorian. et Eutych., iii, 37, t. lxxxvi, col. 1376, réfute aussi les incorruptibles sur ce point et affirme que les Pères ont admis que Jésus avait été réconiorté par un ange dans son agonie.
C’est sous la même influence que la suppression de ces versets a été faite, au milieu du vne siècle, dans la version arménienne par le moine Jean Mayrakomiétzi, partisan des erreurs de Julien d’Halicarnasse. Le patriarche Isaac reproche aux arméniens hérétiques d’avoir enlevé de l’Évangile le passage de la sueur de sang de Jésus, sous le faux prétexte que ce phénomène ne convenait pas à un Dieu, Orat : i cont. Armenios, c. v, t. cxxxii, col. 1172, bien que saint Chrysostome, sur qui ils appuient leurs erreurs, admette cet épisode évangélique. Ibid., c. vi, 3, col. 1176. Ce sont donc d’impies altérateurs de l’Évangile. Ibid., c. xiii, 13, col. 1208, 1209. Le même reproche est adressé aux Arméniens par un écrivain du IXe siècle, Collectanea de quibusdam hxresibus earumque auctoribus, dans J. Basnage, Thésaurus monument, eccles. et hist., t. ii, p. 49, et par le moine Nicon, au siècle suivant, De impia Armeniorum religionc, dans Pat. Gr., t. i, col. 656-657. Mais le patriarche Isaac, De rébus Armenix, t. cxxxii, col. 1252, a nommé l’auteur responsable de cette altération de la Bible arménienne. C’est le moine Jean Mayrakomiétzi, partisan des erreurs de Julien d’Halicarnasse et adversaire du concile de Chalcédoine. Il prétendait que ce passage avait été ajouté dans l’Évangile par le docète Saturnin. S’il ne fut pas d’abord écouté, sa doctrine finit par être acceptée en Arménie grâce à l’influence d’un de ses disciples, le moine Sergius. Photius, Epist., îx, 5, t. en, col. 705-706. Ce fait est encore attesté par Théodore Kerthenavor, contradicteur’de Jean Mayrakomiétzi, Il déclare, en effet, que les Aphtardocètes arméniens prétendaient qu’on ne pouvait pas admettre le récit de la sueur de sang, contenu dans la première traduction arménienne de l’Évangile, parce qu’il n’était pas conforme à leur sentiment. Voir Œuvres (en arménien), publiées à la suite de celles de son disciple Jean Otzniétzi, in-8°, Venise, 1833, p. 148. Une partie de son écrit est remplie par la discussion des objections des hérétiques contre la sueur de sang du Verbe incarné. Elle contient notamment des citations de Pères grecs qui affirment la sueur de sang de Jésus. L’abbé P. Martin en a publié une traduction latine, Introduction à la critique textuelle du N. T., Paris, 1884-1885,
t. iii, p. 493-504. Cf, Jean Otzniétzi, Orat. cont. Phantasticos, p. 67, 74. — Toutelois, les Syriens monophysites n’ont pas admis cette opinion des aphtardocètes arméniens. Ils n’acceptaient pas les sentiments de Julien d’Halicarnasse, mais ceux de Sévère d’Antioche. Or, Sévère reconnaissait l’épisode de la sueur de sang comme authentique, dans A. Mai, Classicorum auctorum Colleclio, t. x, p. 439-440. — Ces causes diverses suffisent à expliquer comment, à des époques différentes et dans des milieux variés, les versets de saint Luc, racontant la sueur du sang du Sauveur et l’intervention de l’ange consolateur, ont été retranchés du troisième Évangile. D’ailleurs, la suppression dans un petit nombre de documents est, de soi, plus naturelle et plus vraisemblable que l’insertion d’un fragment non original dans la masse des textes. Tout concourt donc à démontrer l’authenticité de ces versets célèbres, — Cf. Scrivener À plain Introduction to tke criticism of the New Testament, t. ii, p. 353-356 ; Westcott et Hort, The New Testament in the original Greek, Cambridge et Londres, 1882, t. ii, appendice, p. 64-67 ; Cornely, Introductio, Paris, 1886, t. iii, p. 133-134 ; J.-P.-P. Martin, Introduction à la critique textuelle du JV. T., partie pratique (lithog.), Paris, 1884-1885, t. iii, p. 1-399, 484-504 ; A. Durand, dans le Dictionnaire de théologie catholique, Paris, 1900, t. i, col. 615-619.
III. Plan et contenu. — Bien que la marche générale du récit de saint Luc soit parallèle à celle des Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc, le troisième Évangile a ses particularités propres, voir t. ii, col. 2080-2081, et suit un plan spécial. Il débute par un prologue et une dédicace, 1, 1-4, uniques en leur genre dans la littérature évangélique et n’ayant d’analogue que le début des Actes, autre écrit de saint Luc. Fait à la manière grecque, peut-être par imitation de Dioscoride, De re medica, et d’an fort beau style, ce prologue forme une période cadencée, aux tournures et aux expressions attiques. Comme les historiens grecs, saint Luc y expose son projet et son but, en s’adressant au personnage considérable à qui il dédie son écrit. Voir Théophile. On peut distinguer dans le récit proprement dit quatre parties principales, ou plutôt, puisque l’historien suit régulièrement l’ordre chronologique, quatre périodes de la vie de Jésus.
I. première partie. — La première, i, 5-H, 52, raconte l’enfance et la jeunesse de Jésus. Saint Luc, qui s’est proposé de remonter au commencement des événements, ne débute pas, comme saint Matthieu, par la naissance du Sauveur ; il va jusqu’à l’annonce de la naissance du précurseur. Ses premiers récits comprennent sept morceaux, divisés en deux groupes de trois événements, complétés par un septième fait qui termine la période : — 1o l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste, i, 5-25 ; — 2o l’annonce de la naissance de Jésus, i, 26-38 ; — 3o la visite de Marip à Elisabeth, i, 39-56 ; — 4o la naissance du précurseur, i, 57-80, ; — 5o celle de Jésus, ii, 1-20 ; — 6o la circoncision de Jésus et sa présentation au Temple, ii, 21-40 ; — 7o le premier voyage de Jésus à Jérusalem et sa manifestation aux docteurs juifs, il, 41-52.
il. seconde partie. — La seconde partie, iii, l-rx, 50, concerne la préparation au ministère public et la prédication en Galilée. La préparation au ministère public comprend : — 1o le ministère de Jean-Baptiste et le baptême de Jésus, iii, 1-22 ; — 2o l’âge et la généalogie du Sauveur, iii, 23-38 ; — 3o la tentation dans le’désert, iv, 1-13. — Le ministère galiléen est divisé en deux sections par l’élection des Apôtres. — Première section. Avant cette élection : — 1o retour en Galilée et manifestation à la synagogue de Nazareth, iv, 14-30 ; — 2* miracles opérés en divers endroits de la Galilée, iv, 31-44 ; — 3o pèche miraculeuse et choix des premiers disciples, v, 1-11 ; — 4o guérison d’un lépreux et d’un paralytique, v, 12-26, —
5o vocation de Lévi et murmures des pharisiens, v, 2739 ; — 6o nouveaux murmures des pharisiens, parce qu’un jour de sabbat les disciples mangeaient des épis de blé, vi, 1-5 ; — 7o guérison de l’homme dont la main était desséchée, vi, 6-11. — Seconde section. Après l’élection des Apôtres : 1o choix de ceux-ci, vi, 12-16 ; — 2o discours au milieu des champs, vi, 17-49 ; — 3o guérison du serviteur du centurion et résurrection du fils de la veuve de Naïm, vii, 1-17 ; — 4o Jean-Baptiste envoie ses disciples vers Jésus qui le loue, vii, 18-35 ; — 5o Jésus est oint par une pécheresse, vil, 36-50 ; — 6o Jésus parcourt la Galilée avec ses disciples : parabole de la semence, Jésus rejoint par sa mère et ses frères, tempête apaisée, le démoniaque délivré et les démons se jetant sur un troupeau de porcs, guérison de l’hémorrhoïsse et résurrection de la fille de Jaïre, viii, 1-56 ; — 7o mission des Apôtres, ix, 1-6 ; — 8o opinion d’Hérode sur Jésus, ix, 7-9 ; — 9o multiplication des pains, ix, 10-17 ; — 10o confession de Pierre et prédiction de la passion, ix, 18-27 ;
— 11o transfiguration, ix, 28-36 ; — 12o guérison d’un lunatique, IX, 37-43 ; — 13o nouvelle prédiction de la passion et avis divers donnés aux Apôtres, IX, 44-50.
/II. troisième partie. — La troisième partie, ix, 51xix, 28, contient le récit du long voyage de Jésus vers Jérusalem : — 1o Débuts du voyage à travers la Galilée : opposition des Samaritains, réponses à trois disciples, mission des soixante-douze disciples, parabole du bon Samaritain, réception chez Marthe, l’oraison dominicale et l’ami importun, délivrance d’un possédé, conseils aux foules, repas chez un pharisien, discours aux disciples et à la foule, annonce du massacre des Galiléens, parabole du figuier, guérison de la femme courbée, paraboles du grain de sénevé et du levain, ix, 51-xm, 21. — 2o Nouvelle série d’incidents du voyage : sur le nombre des sauvés, réponse à faire à Hérode et apostrophe à Jérusalem, Jésus chez un chef des pharisiens, conditions à remplir pour être disciple de Jésus, paraboles de la brebis et de la dragme perdues, de l’enfant prodigue, de l’économe infidèle, du pauvre Lazare et du mauvais riche, avis aux disciples, xiii, 22-xvii, 10. — 3o Derniers épisodes du voyage : guérison des dix lépreux, réponse donnée aux pharisiens sur l’avènement du royaume de Dieu, paraboles du juge et de la veuve, du pharisien et du publicain, bénédiction des enfants, le jeune homme riche et les dangers des richesses, prédiction de la passion, guérison de l’aveugle de Jéricho, Jésus chez Zachée, parabole des mines, en marche sur Jérusalem, xvii, 11-xix, 28. Voir t. ii, col. 2105-2108.
îr. quatrième partie. — La quatrième partie, xix-29xxiv, 53, fait le récit de la passion et de la résurrection de Jésus. — l re section, préparatifs de la Passion : entrée triomphale à Jérusalem, Jésus dans le Temple chasse les vendeurs et répond aux prêtres, aux pharisiens et aux sadducéens, la petite pièce de la veuve, discours sur la ruine de Jérusalem et la fin du monde, xix, 29-xxi, 38.
— 2e section, la Passion : trahison de Judas, la cène, l’agonie au jardin des Oliviers, l’arrestation de Jésus, le reniement de Pierre, les insultes des gardiens, la condamnation par le Sanhédrin, Jésus au tribunal de Pilate et devant Hérode, ramené en présence de Pilate, est livré aux Juifs, Simon de Cyrène et les femmes de Jérusalem, la crucifixion, les deux larrons, mort et sépulture de Jésus, xxii, 1-xxin, 56. — 3e section, résurrection et ascension : les femmes et Pierre au sépulcre, apparitions de Jésus aux deux disciples à Emmaûs, aux Apôtres réunis, dernières recommandations et ascension, xxiv, 1-53.
IV. Date. — Faute de date précise et certaine, on est réduit sur ce point à des conjectures, fondées sur les critères internes et le témoignage des anciens. — 1o Critères internes. — 1.e prologue, i, 2, montre que l’auteur appartenait à la seconde génération chrétienne, puisqu’il a appris les faits qu’il raconte des témoins oculaires et des premiers prédicateurs. Du verset 1er, Jiili
cher, Einleitung in das N. T., 3 « et 4e édit., Tubingue et Leipzig, 1901, p. 265, conclut que la littérature évangélique était « déjà dans sa fleur », quand saint Luc écrivit son récit. Assurément, l’auteur s’excuse d’entreprendre son ouvrage, alors que d’autres l’ont précédé dans cette voie. Néanmoins, il se propose de faire mieux que ses devanciers. La manière dont il s’exprime laisse entendre que la littérature évangélique n’était encore qu’à ses débuts. S’il y avait eu beaucoup d’écrits évangéliques complets, et non de simples essais, saint Luc n’aurait pas, semble-t-il, commencé une œuvre nouvelle.
— 2. Les discours eschatologiques de Notre-Seigneur, tels qu’ils sont rapportés par saint Luc, montrent, disent certains critiques, non seulement que cette rédaction est postérieure à celle des deux autres évangélistes, mais encore qu’elle a été faite après la ruine de Jérusalem. En effet, la description du siège de Jérusalem, Luc, xix, 43, 44, est faite en termes si concrets et si précis que la prophétie devait être déjà réalisée. Tandis que saint Matthieu et saint Marc rapprochent et confondent l’annonce de la ruine de Jérusalem et celle de la parousie, saint Luc, xxi, 24, paraît connaître l’existence d’un intervalle entre ces deux événements. "Voir t. ii, col. 2271-2272. Mais en saint Matthieu et en saint Marc il n’y a pas nécessairement connexion de temps entre les deux événements, et il y a moyen d’introduire un intervalle considérable dont la durée n’est pas fixée. Voir t. ii, col. 2274. D’autre part, si saint Luc est plus précis, c’est qu’il a été plus complètement et plus exactement renseigné. Il n’est donc pas nécessaire de supposer réalisée la destruction de Jérusalem.
2o Témoignages extrinsèques. — 1. Dans le prologue des Actes, i, 1, saint Luc parle de son Évangile comme d’un ouvrage antérieur, tov |iiv Ttpûtov X6yov, composé précédemment. La date du SeÙTEpoç Xdyoç, si elle était fixée avec certitude, servirait à déterminer la date du troisième Évangile. Mais les critiques restent en désaccord au sujet de l’époque de la composition des Actes. Si beaucoup la fixent aux années qui ont suivi de près les derniers événements racontés, voir t. i, col. 155, d’autres nient la dépendance des deux écrits et rabaissent leur âge. P. Batiffol, Anciennes littératures chrétiennes. La littérature grecque, Paris, 1897, p. 32-33. Les Actes ont donc été écrits avant 64, ou entre 78 et 93, ou vers 100 et 105, et le troisième Évangile un peu auparavant, selon les opinions. Voir plus loin. — 2. Les anciens écrivains ecclésiastiques ont affirmé que les Évangiles avaient paru suivant l’ordre de leur classement ordinaire. Seul, Clément d’Alexandrie rapportait une tradition divergente, d’après laquelle les Évangiles, contenant des généalogies, étaient les plus anciens. Voir t. H, col. 2075. Schanz, Commentar ûber das Evangelium des heiligen Marcus, Fribourg-en-Brisgau, 1881, p. 27 ; Commentar ûber das Evangelium des heiligen Lucas, Tubingue, 1883, p. 36, regarde cette donnée comme une réflexion personnellede Clément qui, visant saint Matthieu, met en première ligne les Évangiles dans lesquels se trouvent les récits de l’enfance, plutôt que comme une tradition particulière de l’Église d’Alexandrie. Les anciens ont dit aussi avec la même unanimité que saint Luc avait écrit son Évangile avant la mort de saint Paul, puisqu’à leur sentiment l’apôtre aurait approuvé l’écrit de son disciple. Il y a toutefois une exception. Saint Irénée, dont le témoignage est rapporté par Eusèbe, H. E., v, 8, t. xx, col. 449, assure bien que saint Luc vient en troisième lieu dans l’ordre des évangélistes, mais il affirme que saint Marc, le second, n’a composé son Évangile qu’après la mort de saint Pierre et de saint Paul. Toutefois, comme ce témoignage paraît inconciliable avec les affirmations des autres Pères et aussi avec celle d’Irénée lui-même sur la composition des Actes du vivant de saint Paul, Cont. hser., III, xiv, 1, t. 711, col. 913-914, on a proposé de traduire’é&oSo ; ,
non par trépas, mais par sortie de Jérusalem. Patrizi, De Evangeliis, 1. i, Fribourg-en-Brisgau, 1853, p. 38 ; Jungmann, Dissartationes selectx in historiam ecclesiasticam, Ratisbonne, 1880, t. i, p. 54-55 ; A. Camerlynck, Saint Irénée et le canon du Nouveau Testament, Louvain, 1896, p. 27-31. Théophylacte, Enar. in Ev. Lucie, arg., t. cxxiii, col. 685, et Euthymius, Comment, in Lucam, t. cxxix, col. 857, indiquent une date très précise, quinze ans après l’ascension, pour la composition du troisième Évangile. Mais cette donnée, qu’on retrouve dans les souscriptions de plusieurs manuscrits grecs, est une tradition tardive qui remonte au plus haut au VIIe siècle et qui est sans valeur. D’ailleurs, d’après les Actes, saint Luc n’était pas encore à cette époque le compagnon de saint Paul.
3o Opinions des critiques. — Les dates proposées par les critiques pour la composition du troisième Évangile sont très distantes les unes des autres et s’échelonnent entre les années 64 et 150. Voir t. ii, col. 2062. Les plus éloignées sont fondées exclusivement sur les critères internes. Elles présupposent que le récit évangélique présente la ruine de Jérusalem comme un fait accompli. Voir Harnack, -Die Chronologie der altchrist. Lit., t. i, p. 246-250. Mais cette interprétation ne s’impose pas, et il est encore légitime, même en bonne critique, de soutenir que la date du troisième Évangile est antérieure à l’an 70. Les arguments extrinsèques, qui ne manquent pas de poids, sont iavorables à ce sentiment. Les catholiques s’y rallient généralement. Ils vont avec Schanz, Comment, ûber das Ev. des h. Lucas, p. 37, des débuts de la guerre juive, 67-70, au temps de la captivité de saint Paul à Rome, 63 ou 64, ou auparavant même, entre 56 et 60.
V. Lieu de la composition. — 1o Données patriotiques.
— L’ancien prologue latin, qui est du me siècle, place la composition de l’Évangile de saint Luc in Achaise partibus. P. Corssen, Monarchianische Prologe zu den vier Evangelien, dans Texte und Unters., Leipzig, 1896, t. xv, fasc. 1er, p. 8. Saint Jérôme, Comment, in’Ev. Matlh., prolog., t. xxvi, col. 18, assure que saint Luc in Achaise Bœotiseque partibus volumen condidit. Mais son éditeur, Vallarsi, remarque que la plupart des manuscrits préfèrent Bithynise à Bœotiie. Saint Grégoire de Nazianze, Garni., 1. I, sect. i, xii, 32, t. xxxvii, col. 474, affirme aussi que Luc a écrit en Achaïe. La souscription du cursif 293 fournit le même renseignement. Les documents syriens disent que c’est à Alexandrie en Egypte, en même temps qu’ils prétendent que saint Luc est allé dans cette ville. Voir col. 381. Quelques souscriptions de manuscrits parlent de Rome. La donnée la plus ancienne et la plus générale est en laveur de la Grèce ; mais elle n’est pas présentée comme une tradition certaine — 2o Opinions modernes. — Aussi les critiques n’accordent-ils que peu de valeur aux documents anciens et préfèrent-ils déterminer le lieu de la composition du troisième Évangile d’après leur opinion sur la date de cet écrit. Il ne s’agit évidemment que de ceux qui maintiennent à saint Luc la composition du troisième Évangile. Les critiques qui l’attribuent à un chrétien inconnu ne prennent pas la peine de déterminer le milieu dans lequel il a paru. Parmi les premiers, les uns désignent Rome : c’est là que les Actes ont été composés ; c’est là que le troisième Évangile a été connu d’abord. Godet, Introduction au N. T., Paris, 1900, t. ii, p. 627, suppose que saint Luc, avant la fin de l’emprisonnement de Paul à Rome, dans le cours de l’an 63, se rendit en Orient, probablement en Palestine et à Césarée, où, auprès du diacre Philippe, il rédigea l’Évangile que Paul avait jugé nécessaire pour le monde gréco-romain. D’autres critiques pensent à l’Asie Mineure, et quelques-uns à Césarée, pendant la captivité de saint Paul.
VI. Destinataires. — Dans le prologue de son Évan
gile, i, 3, saint Luc adresse son livre à Vexcellent Théophile, qui est un personnage historique, ayant une dignité officielle, plutôt qu’une désignation collective, représentant les chrétiens qui aiment Dieu et sont aimés de lui. C’est pour lui, dans son intérêt, que Luc a cru bon de rédiger son Cvangile selon la méthode et le plan qu’il indique : Toutefois Théophile semble être le patronus libri, c’est-à-dire le personnage distingué sous l’autorité et parfois aux frais de qui le livre était présenté au public, plutôt que l’unique destinataire du troisième Évangile. En effet, par-dessus Théophile, l’auteur s’adressait à toute une catégorie de lecteurs, qui se trouvaient dans la même situation que lui et avaient les mêmes besoins religieux. Or, Théophile et les lecteurs du troisième Évangile n’étaient pas des Juifs. Saint Luc ne leur suppose pas une connaissance détaillée de la langue, des mœurs et de la géographie de la Palestine. Il ne cite aucun mot araméen ou hébreu ; il explique les usages juifs qu’il rapporte et il nomme toutes les localités par leurs noms grecs. Il présente Jésus comme le Sauveur de l’humanité entière, et non comme le Messie attendu par le peuple juif. Théophile et les lecteurs du troisième Évangile étaient des païens, mais des païens convertis, car rien ne laissa soupçonner que saint Luc se propose d’attirer à la foi chrétienne ceux pour qui il écrit. Les Pères avaient déjà constaté ce caractère du troisième Évangile, et ils avaient déclaré que saint Luc s’adressait à tous les païens convertis, toÏç àm> xûv èBvûv, Origène, cité par Eusèbe, H. E., 1. VI, c. XXV, t. XX, col. 581, ou aux Grecs, d’après le vieil argument latin, P. Corssen, Monarchianische Pr éloge zuden vier Evangelien, p. 8 ; S. Jérôme, Epist., xx, ad Damas., n. 4, t. xxii, col. 378 ; S. Grégoire de Nazianze, Carnx., 1. I, sect. î, xxii, 1, t. xxxvir, col. 492, ou à tous les chrétiens. S. Chrysostome, In Matth., homil. i, n. 3, t. lvii, col. 17. Disciple de-saint Paul, Luc visait assurément les Églises fondées par l’Apôtre dans le monde gréco-romain, dans lesquelles la majorité des convertis avait appartenu à la gentilité. Aussi dans son récit évite-t-il ou adoucit-il tout ce qui aurait pu les froisser. Ainsi il omet les paroles de Jésus : Lnviam gentium ne abieritis, Matth., x, 5 ; Non sum missus nisi ad oves quse perierunt domus Israël. Matth., xv, 24. Aux gentils, Matth., v, 47, il substitue les pécheurs, vi, 34 ; au lieu de dire : Eritis odio omnibus gentibus, Matth., xxiv, 9, il dit simplement : Eritis odio omnibus, xxi, 17. Quand il parle de l’empire, de ses magistrats, de ses officiers, c’est avec une considération marquée, ii, 1, 2 ; iii, 1 ; vii, 2-9, Il évite de leur attribuer la mort de Jésus, dont il charge les Juifs, xxi ii, 25. Il a reproduit seul les paraboles les plus capables de donner confiance aux païens convertis, et il présente Jésus comme le Sauveur de l’humanité entière.
VIL But. — Saint Luc lui-même nous l’apprend dans son prologue : « Plusieurs ayant déjà essayé de rédiger le récit des choses accomplies parmi nous, selon ce que nous ont rapporté ceux qui dès le commencement ont été les témoins oculaires et les ministres de la parole, j’ai cru bon, moi aussi, après avoir tout examiné avec soin depuis l’origine, de t’en écrire, excellent Théophile, une narration suivie, pour que tu reconnaisses la solidité des enseignements que tu as reçus dans la catéchèse. » I, 1-4. Il se proposait donc une double fin : 1° celle de composer une biographie de Jésus plus complète et mieux ordonnée que les essais qui avaient été tentés antérieurement ; 2° celle de fournir à Théophile et à tous ses lecteurs, chrétiens convertis de la gentilité, un moyen d’affermir leur foi et de confirmer la catéchèse des premiers prédicateurs de l’Évangile. Eusèba de Césarée, H. E., iii, 24, t. xx, col. 268, a fort bien compris et exposé ce but historique " et dogmatique de saint Luc.
d° Saint Luc est donc avant tout un historien. Il a . des préocupations historiques ; il se propose de remon ter plus haut que ses prédécesseurs, de prendre le récit à l’origine et de composer une narration suivie. Il s’est informé de tout et il tient à ce qu’on le croie. Il indique les sources auxquelles il a puisé, et il veut procéder avec exactitude et ordre. Il harmonise la vie de Jésus avec l’histoire profane et il fournit des points de repère pour la naissance et le commencement de la prédication. L’exactitude de l’historien ne saurait être mise en doute. Sur les deux erreurs historiques attribuées à saint Luc, voir Lvsanias et Cyrinus, t. ii, col. 11861191. Quant à l’ordre chronologique, il est rigoureusement suivi pour la trame générale des événements. Voir t. II, col. 2099-2114. Toutefois, saint Luc intervertit la suite chronologique pour certains détails, dont quelques-uns ne manquent pas d’importance. Il le fait ou pour grouper ensemble des idées ou des faits analogues, par exemple, i, 64-66 ; ii, 17-20 ; iv, 36-38 ; viii, 34-37 ; soit pour compléter une narration, avant d’en commencer une autre dont le début se mêle à la fin de la précédente, m, 18-21 ; xxxiii, 44, 45. Ce procédé particulier qui fait grouper des détails particuliers ne trouble pas l’ordre général des événements. H. Lesêtre, La méthode historique de saint Luc, dans la Revue biblique, 1892, t. i, p. 171-185.
2° En écrivant la vie de Jésus, saint Luc se propose de confirmer la vérité de la catéchèse orale. On peut donc dire avec raison que cet historien n’a pas écrit exclusivement ad narrandum, mais ad probandum, dans un but dogmatique. « Non qu’il veuille tirer des faits des conséquences forcées ; s’il raisonnait, il ne serait plus historien, mais apologiste ; les faits parleront assez d’eux-mêmes ; il se contente de les présenter exactement. » Lagrange, Les sources du troisième Évangile, dans la Revue biblique, 1896, t. v, p. 16. Or, les laits, tels qu’il les expose, montrent que Jésus est le Fils de Dieu et qu’il est descendu du ciel pour sauver tous les hommes ; ils présentent l’Homme-Dieu comme le divin médecin de l’humanité. Jésus est venu pardonner aux pécheurs, et l’Évangile de saint Luc a pu être appelé l’Évangile de la miséricorde, parce qu’il est rempli des marques d’amour et de bonté du Sauveur pour les pécheurs. Saint Luc, s’adressant aux, chrétiens de la gentilité répandus dans le monde gréco-romain, tend à faire ressortir que le règne de Jésus sur terre n’est pas opposé aux puissances terrestres, et il a soin de remarquer que le royaume de Dieu est intérieur et spirituel, xvii, 20, 21. De là, le soin qu’il prend de ne pas froisser le pouvoir toujours susceptible, et de reconnaître ses droits dans les choses temporelles, xx, 20-26. On a constaté aussi dans tout le troisième Évangile une sympathie prononcée pour les pauvres et une insistance fréquente sur le détachement des biens de la terre et le danger des richesses. — C’est sans aucun fondement que l’école de Tubingue avait reconnu dans l’Évangile de saint Luc un écrit de polémique, dirigé contre le parti judaïsant. D est’de fait que cet Évangile est beaucoup moins antijuif que celui de saint Matthieu. Il n’exclut pas Israël du salut apporté au monde par Jésus. Il raconte que Jésus pleura sur Jérusalem, xjx, 41. et pria pour ses bourreaux, xxiii, 34, et il relate l’ordre donné aux apôtres d’aller prêcher la rémission des péchés parmi toutes les nations païennes, mais en commençant par Jérusalem, xxiv, 47.
VIII. Sources. — N’ayant pas assisté aux faits qu’if raconte, saint Luc, avant d’écrire, a dû se renseigner et se procurer des matériaux authentiques. En véritable historien, il nous apprend lui-même dans son prologue qu’il a consulté les témoins oculaires et les ministres de la catéchèse orale. Il ne dit rien qui n’ait été transmis par la tradition des premiersjemps ; il n’a fait que préciser et coordonner les renseignements qu’il a recueillis. Mais à qui a-t-il eu recours pour connaître la tradition primitive ? à des auteurs ou à des témoins ? Les
critiques donnent à ces questions des réponses différentes. On admet généralement que saint Luc a eu recours à la tradition orale, puisqu’il l’indique dans son prologue. On se sépare, lorsqu’il s’agit de déterminer l’importance de l’emprunt. Tandis que les tenants de l’hypothèse de la tradition attribuent tout le troisième Évangile à une forme particulière de la catéchèse, voir t. ii, col. 2091-2093, d’autres ne font dépendre de cette source que tout ou partie seulement des particularités de son écrit. Quant aux ministres de la parole et aux témoins oculaires que Luc a pu interroger et consulter, on a dressé la liste des personnages de cette double catégorie, avec qui il a eu des rapports d’après l’histoire et la tradition. On a placé en première ligne l’apôtre saint Paul, dont Luc a été le disciple et le compagnon, Les Pères avaient devancé les critiques dans cette voie. On ne peut pas conclure rigoureusement, il est vrai, du texte du canon de Muratori, voir t. ii, col. 170, comme l’ont fait quelques critiques, que Luc a écrit son Évangile au nom de Paul, parce que dans ce passage le nomine signifie plutôt en son nom propre, mais saint Irénée, cité par Eusèbe, H. E., Y, 8, t. xx, cl. 449, dit expressément : Kai Aovxâj 8è, S àxéXouOo ; naûXcnj, ™ un’èxsi’voy xy]pu<ra6|jLevov EùayT^’07 " P’ëXi’io xatÉÔETO. Tertullien, Adv. Marcion., iv, t. ii, col. 367, affirme aussi qu’on a coutume d’attribuer à Paul l’Évangile de Luc. Au témoignage d’Origène, rapporté par Eusèbe. H. E., vi, 25, t. xx, col. 584, le troisième Évangile avait été jecommandé par saint Paul. Eusèbe, H. E., iii, 4, col. 220, et saint Jérôme, De viris illust., 7, t. xxiii, col. 621, ont signalé comme étant l’avis ou l’hypothèse de quelques-uns que, lorsque saint Paul parlait de son Évangile, il entendait parler du troisième, œuvre de son disciple. Saint Chrysostome, In Acta, Hom., i, n. 1, t. lx, col. 15, en conclut qu’on ne se tromperait pas si on assignait à Paul l’Évangile de saint Luc. Sans admettre cette conclusion qui est forcée, beaucoup de critiques reconnaissent avec raison que l’auteur du troisième Évangile a subi l’influence doctrinale de l’apôtre des gentils et ils retrouvent dans son œuvre des indices de paulinisme. Ils signalent des expressions et des idées communes. Voir Schanz, Commentar ïiber das Evangelium des heiligen Lucas, Tubingue, 1883, p. 22-34. Mais si saint Paul a été un ministre de la parole, il n’a pas été un témoin oculaire des faits. Saint Luc, par conséquent, n’a pu lui faire de larges emprunts ni reproduire la catéchèse de son maître. Tout au plus peut-on penser qu’il a raconté la vie de Jésus-Christ d’après les sources authentiques, de manière à justifier et à affermir l’Évangile de Paul dans le sens de l’universalisme de sa doctrine. Il nous est, d’ailleurs, présenté par les Pères, S. Irénée, Cont. hœr., III, x, i, t. vii, col. 872 ; Eusèbe, H. E., iii, 4, t. xx, col. 220 S. Jérôme, De vir. illust., 7, t. xxiii, col. 621, non seulement comme le disciple de saint Paul, mais encore comme celui des autres apôtres, de la bouche desquels il a appris bien des laits et des détails particuliers. On a supposé, en effet, que saint Luc avait vu saint Pierre et saint Barnabe à Antioche. Il est certain qu’il a été mis en rapport par Paul avec Jacques le Mineur à Jérusalem, Act., XXI, 18, avec l’évangéliste Philippe à Césarée. Act., xxi, 8. On a même conjecturé qu’il avait été renseigné sur les récits de l’enfance de Jésus et de Jean-Baptiste par la sainte Vierge elle-même et par les parents du précurseur. La conjecture ne s’impose pas, parce que l’évangéliste a pu connaître ces faits par l’intermédiaire d’autres personnes ou même au moyen de sources écrites. Les critiques, en effet, admettent généralement aujourd’hui qu’en dehors de la tradition orale, saint Luc s’est servi de documents écrits, canoniques ou éxtracanoniques. Ils pensent que ces sources écrites sont désignées par l’évangéliste lui-même lorsqu’il parle de ses devanciers qui avaient essayé déjà de rédiger le récit de la vie de Jésus-Christ. Il est vrai que d’anciens com mentateurs, S. Ambroise, Exposit. Ev. sec. Luc, 1. I, t. xv, col. 1 533-1534 ; S. Jérôme, Translat. hom. Origenis in Luc, homil. i, t. xxvi, col. 232-233 ; Bède, In Luc. Ev. exposil., . I, t. xcii, col. 307, avaient entendu ces expressions comme un blâme jeté sur ces essais qui représentaient des Évangiles apocryphes ou hérétiques. Mais comme ces Évangiles n’avaient pas paru avant celui de saint Luc, les critiques modernes interprètent plus bénignement le terme iiz&^ùfr<sai, conati sunt, « ont entrepris. » En effet, sans les blâmer, puisqu’il se place sur la même ligne qu’eux, saint Luc dit cependant que ces écrivains ont produit des essais, des tentatives plus ou moins heureuses plutôt que des récits entièrement satisfaisants. Il les a utilisés et s’est efforcé de mieux réussir que leurs auteurs. Pour beaucoup de critiques, ces essais d’écrivains inconnus, quoique composés d’après la tradition apostolique, sont tombés dans l’oubli, puis ont disparu, après que les quatre Évangiles canoniques ont été universellement et exclusivement adoptés dans l’Église. On a même cherché, avec plus ou moins de succès, à reconstituer les sources particulières du troisième Évangile. Selon P. Feine, E’ne vorcanonische Uberheferung des Lucas, Gotha, 1891, toute la partie propre à saint Luc aurait été empruntée à un évangile hiérosolymitain, d’origine judéo-chrétienne, composé en grec et formé d’un noyau de discours, auxquels on a joint des paraboles, puis des récits. Mais on ajustement observé que ces morceaux ne forment pas une compotion originale, un document distinct par l’esprit et par le style. La tendance judéo-chrétienne, qu’on prétend y retrouver, se remarque dans l’Évangile entier, et le vocabulaire est le même que dans d’autres morceaux. Resch, Aussercanonische Paralleltexte zu den Evangelien. Drittes Heft, Paralleltexte zu Lucas, dans ïexle und Untersuchungen, Leipzig, 1895, t. x, fasc. 3, p. 834847, a discerné à la base du troisième Évangile un écrit :
yitf » r"nSln, p ! 6Xo ; y^veuéu ; ’Irjsoij, ou évangile hébreu
de l’enfance, et il a essayé de le reconstituer, Das Kindheitsevangelium nach Lucas und Matthâus, Leipzig, 1897, ibid., t. x, fasc. 5, p. 202-226. L’essai de reconstitution a paru prématuré, et il en sera de même de toute tentative analogue. Tout au plus, reste-t-il simplement probable et en une certaine mesure vraisemblable, que saint Luc a pu se servir d’écrits antérieurs, composés par des catholiques et relatant les faits évangéliques.
Mais saint Luc a-t-il connu et employé les Évangiles canoniques de saint Matthieu et de saint Marc ? Cette question a été vivement débattue par les critiques et a reçu des solutions bien divergentes. Les partisans de l’hypothèse de la dépendance mutuelle des Synoptiques l’admettent généralement. Voir t. ii, col. 2088-2091. Sans revenir sur les divers systèmes, et en laissant de côté l’hypothèse d’un proto-Marc, qui est de plus en plus abandonnée, exposons seulement le sentiment prédominant chez les critiques modérés. Ils pensent généralement que, dans les parties communes aux trois Synoptiques, saint Luc s’est servi de saint Marc. Ils constatent la dépendance soit pour l’ordre des faits soit pour l’emploi des termes. Ils expliquent ainsi aisément les ressemblances. Mais dans cette hypothèse, comment rendre compte des divergences notables qui existent entre ces deux évangélistes ? Les omissions, les modifications et les transpositions de saint Luc relativement à saint Marc, s’expliquent par la liberté d’allure que le troisième évangéliste a gardée, en utilisant ses sources. Il se proposait, le prologue en fait foi, de les compléter et de les rectifier. Il l’a fait par rapport au second Évangile, en raison du but qu’il voulait atteindre, des lecteurs dont il tenait à confirmer la foi et des procédés littéraires qu’il employait. C’est ainsi qu’il élimine les détails nombreux, accumulés sous la plume de Marc, se contentant d’un large exposé de la vérité évangélique,
D’autre part, il veut faire une composilion littéraire ; il écrit donc avec art, évite les incohérences du récit, enchaîne les faits et met de l’ordre dans sa narration. La prétendue loi d’économie, d’après laquelle il se serait imposé de ne pas répéter ce qui avait été écrit par ses prédécesseurs, ne se vérifie pas partout, puisqu’il y a entre eux tant de points communs, et elle ne suffit pas à expliquer les omissions de miracles importants et de paroles de Jésus. À son défaut, on est réduit à dire que saint Luc s’est servi librement de saint Marc et lui a emprunté seulement ce qui convenait à son but et rentrait dans son genre littéraire.
L’usage de saint Matthieu par saint Luc crée de plus grandes difficultés. Quelques-uns, considérant les récits de l’enfance, le nient catégoriquement. Ils estiment que si saint Luc avait connu le premier Évangile, il se serait préoccupé d’élablir l’accord entre ses récits et ceux de saint Matthieu. D’autres, examinant les parties communes aux Synoptiques, remarquent des faits parallèles, étrangers à Marc, et une dizaine de coïncidences verbales. Par suite, les deux écrits leur paraissent dépendre l’un de l’autre. Jûlicher admet la dépendance par les Logia, recueil de discours de Jésus, antérieur au premier Évangile. Voir t. ii, col. 2097. Cf. Simons, Bat der dritte Evangelist den kanonisehen Matthâus benûtzt ? Bonn, 1880. Mais l’hypothèse des Logia ne résout pas toutes les difficultés et soulève de graves objections. 1) faut donc envisager le rapport de Luc avec Matthieu. Or la dépendance immédiate de Luc à l’égard de Matthieu, tout en étant possible, demeure douteuse, et la dépendance indirecte elle-même n’est que probable, non pas par l’intermédiaire des Logia, ouvrage évangélique contenant les discours de Notre-Seigneur avec le récit de la passion, mais par le moyen de catéchèses, d’abord orales, fixées par écrit et exploitées par saint Matthieu et saint Lus, Voir Lagrange, Les sources du troisième Evangile, dans la Revue biblique, 1896, t. v, p. 5-38 ; Calmes, Comment se sont formés les Évangiles, Paris, 1899, p. 35-43.
Quelques critiques allemands ont prétendu que l’auteur du troisième Évangile s’était servi des écrits de l’historien juif Josèphe. Il lui aurait emprunté certains faits historiques et plusieurs termes particuliers. Krenkel, Josephus und Lukas, Leipzig, 1894. Ils ont rapproché ce que l’évangéliste dit de saint Jean-Baptiste, m, 1-20, de ce qu’en rapporte Josèphe, Antiq. jud, , XVIII, v, 2. Mais les deux récits différent en deux points capitaux : sur les effets du baptême de Jean et sur les causes de sa mort. Voir t. iii, col. 1158. Le dénombrement de Cyrinus, t. ii, col. 1186. Luc, H, 2, aurait été connu de l’écrivain évangélique par ce qu’en dit l’historien juif. Antiq. jud., XVII, xiii, 15 ; XVIII, i, 1 ; xii, 1. Mais on admet généralement que les deux recensements sont différents. Voir t. H, col. 1188. La parabole des mines, Luc, XIX, 11-27, contiendrait, dit-on, une allusion au voyage d’Archélaûs à Rome, dont parle Josèphe, Antiq. jud., XVII, lx, 1 ; XVIII, iv, 3. Voir t. i, col. 927. Mais Notre-Seigneur devait connaître un fait qui était de notoriété publique et pouvait y faire allusion, sans que son historien ait dû recourir à l’ouvrage de Josèphe. D’ailleurs, le dernier trait de la parabole, Luc, xix, 27, ne correspond à aucun détail rapporté par l’historien juif. Quant aux termes communs à saint Luc et à Josèphe, ils s’expliquent suffisamment par l’emploi de la même langue de la part de deux écrivains presque contemporains. D’ailleurs, le plus souvent, ils sont usités dans des applications toutes différentes. Les noms de lieux étaient ceux qui avaient cours alors dans le public. La dépendance de saint Luc à l’égard de Josèphe ne repose donc sur aucune preuve suffisante.
IX. Style. — De tous les livres du Nouveau Testament, sauf peut-être l’Épltre aux Hébreux, l’Évangile de saint Luc possède seul un réel mérite littéraire, et il est écrit
dans un grec plus correct et plus soigné que les trois autres Évangiles. Son style présente, d’ailleurs, une grande analogie avec celui du livre des Actes : ce qui n’a rien de surprenant, étant donnée l’identité d’auteur. Voir t. r, col. 154. Toutefois, la langue des deux ouvrages de saint Luc est formée de deux éléments bien distincts. 1° On y trouve, pour le lexique et la syntaxe, un assez grand nombre de vestiges du grec littéraire. Voir t. iii, col. 321-322. Saint Luc a un vocabulaire exclusivement personnel. Or une très grande partie de ses expressions propres n’a de parallèle que chez les écrivains de la littérature grecque classique. Sa langue se distingue aussi par une correction soignée et des tournures littéraires qui dénotent un écrivain d’origine grecque. 2° Mais, d’autre part, on y remarque des constructions embarrassées, des hébraïsmes ou aramaïsmes assez nombreux et un style sémitisant. On a signalé comme une particularité surprenante l’emploi par saint Luc du nom hébreu de Jérusalem. Tandis que Matthieu et Marc ne connaissent que la forme grecque’Iepo<r<SXu|ia (sauf Matth., xxiii, 37), Luc, sur trente passages dans lesquels il nomme la capitale juive, la désigne vingt-six fois par la forme hébraïque’lepoudaXViii, et quatre fois seulement, ii, 22 ; xiii, 22 ; xix, 28 ; xxiii, 7, par la dénomination grecque. Comment expliquer ce contraste, sinon en disant que dans les passages écrits dans la langue littéraire, comme dans le prologue par exemple, il nous faut reconnaître le style propre de saint Luc, tandis que dans les parties où se remarquent les expressions ou les tournures hébraïques ou araméennes, l’auteur utilisait des sources, à savoir ces premiers essais de littérature évangélique, composés en araméen ou en grec aramaïsant, dont il parle dans le prologue et dont nous avons admis plus haut l’existence. Le style de saint Luc est donc disparate. Néanmoins, on ne peut lui dénier l’unité dans le troisième Évangile aussi bien que dans les Actes. Son vocabulaire propre et ses formes syntactiques préférées se retrouvent dans toutes les parties de ses écrits. Cette unité de style résulte assurément de la liberté avec laquelle saint Luc reproduisait le contenu des sources qu’il consultait. Il ne les copiait pas servilement, mais les ordonnait dans la trame de, son propre récit et les adaptait à son plan et à son but, en leur imprimant le cachet de sa manière d’écrire. Cette façon de composer explique le caractère littéraire de sa rédaction. Il n’a pas le pittoresque et le dramatique de saint Marc ; mais s’il est rarement pathétique, s’il ne recherche pas l’émotion et la vie, il est toujours exact et précis comme un historien et il est parfois élégant et délicat. Aussi Renan, Les Évangiles, Paris, 1877, p. 283, a-t-il dit du troisième Évangile : « C’est le plus beau livre qu’il y ait. » Cf. Vogel, Zur Characteristik des Lucas nach Sprache und Stil, 1897.
X. Texte. — On savait depuis longtemps que le texte grec des ouvrages de saint Luc, surtout des Actes des Apôtres, nous était parvenu en deux états différents, représentés par deux séries de documents critiques : 1° le texte considéré comme étant le plus rapproché de l’original et reproduit dans les manuscrits onciaux s, A, B, C, les deux plus anciennes versions syriaques, la Vulgate (au moins dans son ensemble) et spécialemant parmi les Pères grecs Clémant d’Alexandrie, Origène et saint Chrysostome ; 2° le texte dit occidental, qu’on retrouvait dans le Codex Bezæ D, dans les versions phyloxénienne et sahidique, dans quelques anciens manuscrits latins et dans saint Irénée, saint Cyprien et saint Augustin, et qui reflétait l’état du texte aux IIe et ni’siècles. Or de ce double état dutexte, F. Blass a conclu à une double rédaction des ouvrages de saint Luc. Pour les Actes, l’auteur aurait rédigé à Rome comme un premier jet, qu’il aurait ensuite revisé avec soin etretouché. pour le fond et la forme, avant de l’envoyer à Antioche à Théophile. Le premier jet, ou la rédaction j), est de
meure à Rome et s’est répandu en Occident, tandis que la rédaction plus soignée, a, se serait répandue d’Antioche dans tout l’Orient. M. Blass a édité la iorme romaine : Acta Apostolorum secundum formant quse videtur romanam, Leipzig, 1896. Il a émis ensuite une hypothèse analogue au sujet du troisième Évangile. Il a supposé que saint Luc l’avait rédigé en Palestine, pendant la captivité de saint Paul à Césàrée, puis qu’arrivé à Rome avec l’apôtre, il l’avait retravaillé. Il a donné une édition de la rédaction définitive : Evangelium secundum Lucam secundum jormam quse videtur romanam, Leipzig, 1897. Ces hypothèses ont été vivement discutées. Bien que combattue, celle qui concerne les Actes a reçu bon accueil de plusieurs critiques, à qui il a semblé que les nombreux détails contenus dans la recension romaine dérivaient de l’auteur lui-même, étant si peu importants qu’ils n’auraient pas pu être interpolés ou retranchés plus tard. Toutefois, d’autres critiques ont fait ressortir les incorrections et le mauvais état du texte des Actes dans cette recension romaine, soi-disant originale. Voir en particulier B. Weiss, Der Codex D in der Apostelgeschichte, dans Texte und Untersuch. , Leipzig, 1897, nouvelle série, t. ii, fasc. 1er. La double rédaction du troisième Évangile a eu moins de succès et les critiques l’ont généralement rejetée. Les variantes de cet écrit dans les deux séries de documents ne présentent pas le caractère constant et marqué qu’elles ont dans le texte des Actes. D’autre part, elles ne se distinguent pas assez fortement des variantes semblables que les trois autres Évangiles ont dans les mêmes documents. Il n’y a donc pas lieu d’admettre pour l’Évangile de saint Luc une double rédaction originale. Zahn, Einleitung in das N. T., Leipzig, 1900, t. ii, p. 339-360 ; J. Belser, Beitrâge zur Erklârung der A postelgeschichte, Fribourg-en-Brisgau, 1897 ; Id., Einleitung in dasN. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 214233 ; A. Jttlicher, Einleitung in das N. T., 1901, p. 357360.
XI. Commentateurs. — 1o Pères. — Origène, Fragmenta, t. xui, col. 1901-1910 ; In Luc. homiliee, trad. lat. de S. Jérôme, ibid., col. 1801-1900 ; Pat. tat., t.xxvi, col. 221-332 ; Eusèbe, Comment. inLuc., t. xxiv, col. 529606 ; S. Athanase, Fragmenta in Lucam, t. xxvii, col. 13911404 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Explanatio in Luc. Ev., t. lxxii, col. 475-950 ; S. Ambroise, Expositio Ev. sec. Luc, t. xv, col. 1527-1850 ; S. Augustin, Qusest. Evangel. , 1. II, t. xxxv, col. 1333-1364 ; Arnobe le Jeune, Adnotationes ad quœdam Ev. loca, t. un, col. 578580 ; Tite de Bostra, Lukascholien, dans J. Sickenberger, Titus von Bostra. Sludien zu dessen Lukashomilien (Texte und Untersuch., Leipzig, 1901, nouv. série, t. vi, fasc. 1er, p. 140-245). Le Commentarius in Lucam, publié sous le nom de Tite par Cramer, Catense grsec. Patrum, Oxford, 1844, t. ii, p. 3-174, n’est pas de lui. Voir J. Sickenberger, op. cit., p. 16-41. La Chaîne de Nicétas d’Héraclée sur saint Luc a été partiellement publiée dans une traduction latine par Cordier, Catena grsecorum Patrum in Lucam, Anvers, 1628, et en grec par le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectif, Rome, 1837, t. ix, p. 626-724. Cf. J. Sickenberger, Die Lukaskatene des Niketas von Herakleia, dans Texte und Unters., Leipzig, 1902, nouv. série, t. tu, fasc. 4.
2o Moyen âge. — Bède, In Luc. Ev. expositio, t. xcii, col. 301-634 ; Druthmar, Brevis expositio in Luc. Evang., t. cvi, col. 1503-1514 ; Théophylacte, Enarr. in Ev. Lucie, l. cxxiii, col. 683-1126 ; Euthymius, Comment, in Lucam, t. cxxlx, col. 853-1102 ; Albert le Grand, In Lucam, dans Opéra, Paris, 1894, t. xxii, xxm ; S. Bonaventure, Comment, in Ev. S. Lucee, dans Opéra, Quaracchi, 1895, t. vii, p. 1-604.
3 ? Temps modernes. — 1. Catholiques. — Sans parler des commentaires qui embrassent la Bible entière ou les quatre Évangiles, tels que ceux de Maldonat, de
Jansénius, de Corneille de la Pierre, de Luc de Bruges ; de Cal met, etc., nommons deux commentaires spéciaux sur saint Luc : Stella, In Evangelium Lucie, 2 in-l<>, Salamanque, 1575, souvent réédité ; F. Tolet, Comment, in J. C. D. N. Evangelium sec. Lucam, Rome, 1600, plusieurs fois réimprimé. Au XIXe siècle, Schegg, Evangelium nach Lucas, Munich, 1861-1865, 3 vol. ; Bisping, Exegetisches Handbuch zum JV. I., 1868, t. n ; Curci, Il Nuovo Testamento, Turin, 1879, t. i ; Mac Evilly, An Exposition of the Gospel of S. Luke, Dublin, 1879 ; Fillion, Évangile selon S. Luc, Paris, 1882 ; Schanz, Commentar ùber das Evangelium des heiligen Lucas, Tubingue, 1882 ; Liagre, Commentarius in libros historicos N. T., Tournai, 1889, t. n ; Knabenbauer, Evangelium secundum Lucam, Paris, 1896 ; Ceulemans, Comment, in Ev. sec. Marcum et in Ev. sec. Lucam, Malines, 1899 ; Girodon, Commentaire critique et moral sur l’Évangile selon saint Luc, Paris, 1903.
2. Protestants. — Bornemann, Scholia in Lucee Evangelium, Leipzig, 1830 ; Ritschl, Da> Evangelium Marrions und das kanonische Evangelium des Lucas, Tubingue, 1846 ; Van Oosterzee, Das Evangelium nach Lucas, Bieleteld, 1859 ; 4e édit. par Lange, 1880 ; Heubner, Erklârung der Evangelien Lucas und Johannes, 2e édit., 1860 ; Bleek, Synoptische Erklârung der drei ersten Evangelien, édit. H. Holtzmann, 2 vol., Leipzig, 18&1 ; Keil, Kommentar ùber die Evangelien des Markus und des Lukas, Leipzig, 1879 ; Godet, Commentaire sur l’Évangile de saint Luc, 2 in-8o, Neuchâtel, 1871 ; 3= édit., 1888-1889 ; B. Weiss, Die Ev. des Markus und Lucas, Gôttingue, 9e édit., 1901 ; Nbsgen, Die Evangelien nach Matthàus, Markus und Lucas, Munich, 2e édit., 1896 ; Hahn, Das Evangelium des Lukas, 2 vol., Breslau, 1892, 1894 ; Holtzmann, Die Synoptiker und Apostelgeschichte^’édit., Tubingue, 1901 ; Abbott, Tlw Gospel according to Luke, Londres, 1878 ; Jones, Speaker’s Commentary, New Testament, 3e édit., Cambridge, 1872, t. i ; Farrar, The, Gospel according to St. Luke, Cambridge, 1880 ; Plummer, Commentary on the Gospel according to St. Luke, Edimbourg, 1896 ; 3e édit., 1900 ; A. Wright, The Gospel according to St. Luke, Londres, 1900.
XII. Bibliographie. — Patrizi, De Evangeliis, 1. I, c. iii, Fribourg-en-Brisgau, 1852, p. 62-92 ; Aberle, Einleitung in das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1877, p. 6083 ; Kaulen, Einleitung in die heiligen Schrift A. und N. T., à » édit., Fribourg-en-Brisgau, 1887, p. 413-427 ; Jos. Grimm, Die Einlieit des Lucasevangelium, Mayence, 1863 ; Reuss, Die Geschichte der heiligen Schriften N. T., 6e édit., Brunswick, 1887, p. 200-218 ; R. Cornely, Introductio specialis in singulos N. ï. libros, Paris, 1886, p. 110-169 ; Trochon et Lesêtre, Introduction à l’étude de l’Écriture Sainte, Paris, 1898, t. iii, p. 97-121 ; H. J. Holtzmann, Lehrbuch der historisch-kritischen Einleitung in das N. T., 3e édit., Fribourg-en-Brisgau, 1892, p. 385-380 ; Trenkle, Einleitung in das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 114-123 ; Al. Schàfer, Einleitung in das N. T., Paderborn, 1898, p. 229-248 ; P. Batiffol, Six leçons sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1897, p. 39-46 ; Godet, Introduction au N. T., Paris et Neuchâtel, 1900, t. ii, p. 443-670 ; Zahn, Einleitung in das N. TÇWédit., Leipzig, 1900, t. ii, p. 334-441 ; A. Jiilicher, Einleitung in das N. T., 3e et 4e édit., Tubingue et Leipzig, 1901, p. 259-266 ; J. Belser, Einleitungin das N. T., Fribourg-en-Brisgau, 1901, p. 104-213.
E. Mangenot.
3. LUC ou LUCAS François, dit de Bruges, prêtre et théologien catholique flamand, né à Bruges, en 1549, mort à Saint-Omer, le 19 février 1619. H eut pour maîtres Guillaume d’Harlem et Montanus, et acquit une profonde connaissance des langues grecque, hébraïque, chaldéenne et syriaque. En 1602, il fut nommé archidiacre et doyen de la cathédrale de Saint-Omer. Il est 403
LUC DE BRUGES
LUCIEN D’ANTIGCHE
404
connu, en latin, sous le nom de Lucas Brugensis. Nous -avons de lui : Notationes in Biblia sacra, in-f°, Anvers, 1580, 1583, et in-l », 1581 ; in-f », Leipzig, 1657. — Variée lectiones Veteris et Novi Testamenti, vulgates latines editionis collectée, in-f », Louvain, 1580-1583, où il a mis une préface et des notes nombreuses qui sont fort estimées. — Romanse corrections in latinis Bibliis jussu Sixli V recognitis loca insignioria, in-12, Anvers, 1603 ; Venise, 1745. — Itinerarium Jesu Christi ex IV Evangeliis. — Commentarii in Evangelia, m- ! ", Anvers, 1606, auxquels fait suite le commentaire intitulé : Notarum ad varias lectiones in IV Evangeliis occurrentes libellus duplex, quorum uno greecse, altero latinee varietates explicantur, ainsi que De usu chaldaicee Bibliorum paraphraseos, sive apologia pro chaldaico paraphraste, jussu theologorum Lovaniensium scripta. — Sacrorum Bibliorum vulgatee editionis concordanlix, 5 in-f°, Anvers, 1617 ; La Haye, 1712. C’est la première bonne concordance de la Bible qui ait été publiée. — Enfin Luc prit part à la publication de la Bible polyglotte d’Anvers, et à la Biblia hebriea et latina Ariee Montani (Genève, 1609). Voir A. C. de Schrevel, dans la Biographie nationale, publiée par l’Académie de Belgique, t. xii, 1892, col. 550-563.
A. Régnier.
LUCIEN D’ANTIOCHE. — I. Histoire. - Lucien, né à Samosate vers le milieu du IIIe siècle, commença ses études à Édesse sous un certain Macaire et vint les poursuivre à Antioche sous Malchion. Il y fut ordonné prêtre et y jouit d’une grande réputation d’éloquence et de doctrine. Selon Théodoret, citant une lettre d’Alexandre d’Alexandrie à Alexandre de Constantinople, il aurait passé de longues années exclu de l’Église : ’ATtomjvaYWYoç k’[i£tve Tptùv iju<r ! i<57ni>v 7toàU£toGç -/pfivou. H. E., 3, t. lxxxii, col. 901. Si le fait est vrai, on est surpris qu’aucun autre écrivain du ive ou du ve siècle n’incrimine ""son orthodoxie et que tous, au contraire, avec Eusèbe, H. E., ix, 1, t. xx, col. 809, saint Jérôme, De viris illust., 11, t. xxiii, col. 685, et saint Jean Chrysostome, Homilia in sanct. martyr. Lucianum, t. l, col. 519-526, le comblent d’éloges. On sait que plus tard les ariens et les macédoniens se réclamèrent de lui et lui attribuèrent une profession de foi hétérodoxe ; mais Sozomène, qui rapporte ces accusations, H. E., iii, 5, t. lxvii, col. 1044, ne s’y associe point, et Nicéphore, H. E., ix, 5, t. cxlvi, col. 236, les répudie expressément comme mensongères. L’auteur du Dialogue sur la Trinité, imprimé parmi les œuvres de saint Athanase, t. xxviii, col. 1203-1205, défend lui aussi l’orthodoxie de Lucien. Lucien souffrit le martyre à Nicomédie sous Maximin, l’an 3Il ou 312. Il fut enseveli à Hélénopolis. Cf. Acta sanctorum, au 7 janvier, 1. 1, p. 357-364 ; Siméon Meta phraste, même date, t. cxiv, col. 397-416 ; c’est à ce dernier que Suidas, Leocicon, édit. Bernhardy, au mot Aouxtavôç, t. ii, 1853, col. 607-608, a emprunté sa notice.
II. Édition critique des Septante. — 1° Témoignages des auteurs anciens. — En Lucien, le critique nous intéresse plus que l’homme privé. Malheureusement, les auteurs qui nous parlent de lui répètent tous à peu .près les mêmes détails. Saint Jérôme est le plus explicite. Cf. De vir. illustr., 77, t. xxiii, col. 685 ; Epist. cvi, ad Sunniam et Fret., t. xxii, col. 838. Le texte suivant, Prsef. in Par., t. xxviii, col. 1324 (répété Adv. Rufin., Il, 27), quoique bien connu, est si fondamental en cette matière qu’il est nécessaire de le transcrire ici : AUxandria et Mgyptusin Septuaginta suis Hesychium laudat auctorem ; Constantinopolis usque Antiochiam Luciani (variante : Juliani) marfyris exemplaria probat ; médise inter has provincise Paleestinos (variante préférable : Paleestinee), codices legunt, quos ab Origene élaboratos, Eusebïus et Pamphilus vulgaverunt : totusque orbis hac inter se trifaria varietate compugnat. Ce texte nous apprend deux choses très intéressantes :
1. qu’il y avait, au temps de saint Jérôme, trois principales recensions des Septante : celle d’Hésychius, celle de Lucien et celle d’Origène ; 2. que la recension de Lucien était généralement adoptée en Asie Mineure, d’Antioche à Constantinople. On ne sait comment concilier ce détail précis avec la donnée fournie à Sunnia, t. xxii, col. 838 : Sciatis aliam esse editionem, quara Origenes et Csesariensis Eusebius, omnesque Grsecite tractatores xoiv^v, id est communem appellant atque vulgatam, et a plerisque nunc Aouxtavôç dicitur ; aliam Septuaginta inlerpretum quse in à|aw>oî ; codicibus reperitur. Le pseudo-Athanase, Synopsis Script., 77, t. xxviii, col. 436, rapporte qu’on trouva l’autographe de Lucien muré dans une construction de Nicomédie. Le même écrivain prend la recension de Lucien pour une septième version pareille aux six autres qu’Origène avait utilisées dans ses Octaples. Ce passage se trouve copié dans un opuscule imprimé à la suite des œuvres de Théodoret, t. lxxxiv, col. 29. Un manuscrit de Théodoret contient une note très précieuse : Il faut savoir que le sigle ô désigne les Septante, a Aquila, S Symmaque, 5 Théodotion, etc. >, désigne Lucien. Voir le texte grec dans Field, Origenis Hexapla, 1. 1, p. lxxxv. Cette note concorde avec l’avis contenu dans la lettrepréface de la version arabe du texte syro-hexaplaire, qui nous avertit que les leçons de Lucien sont indiquées par la lettre L.
2° Manuscrits de la recension de Lucien. — C. Vercellone, Variée lectiones vulg. lat. Biblior., Rome, 18601862, t. ii, p. 435-436, après avoir reproduit tout au long des variantes très remarquables de II Reg., xxiii, extraites de la marge du codex Gothicus Legionensis, ajoutait : « Toutes ces leçons lui sont communes avec les manuscrits 19, 82, 93, 108 de Holmes. Il faut que ces manuscrits appartiennent à une même recension, qui est, à peu de chose près, reproduite dans la Polyglotte d’Alcala, basée elle-même sur le codex 108. » Le codex 108 (Vatican 330) avait été, en effet, envoyé de Rome au cardinal Ximénez, qui s’en était presque exclusivement servi pour l’édition des livres historiques. On avait ainsi un groupe de manuscrits des Septante, étroitement apparentés ; mais on ignorait encore la relation qui les rattachait à Lucien. On savait bien par les textes cités plus haut que le sigle >, en grec, et la lettre lomad, en
syriaque, désignaient Lucien ; et Hodius avait déjà attiré l’attention sur ce point ; mais on n’avait pas tenu grand compte jusqu’alors de cette particularité, parce que Montfaucon voyait dans le X l’initiale de oi XoijioÏ (les autres) et que certains érudits pensaient que le lomad devait être un gomal, désignant les trois versions d’Aquila, de Symmaque et de Théodotion. — Sur les indications de M. Ceriani, préfet de la Bibliothèque Ambrosienne à Milan, Field, l’éditeur des Hexaples, examina les sept leçons marquées d’un lomad dans la traduction syro-hexaplaire du codex Parisiensis (Bibliothèque nationale, syriaque 27). Ce codex a été édité depuis par P. de Lagarde, Veteris Test, ab Origene recensiti fragmenta apud Syros, Gœttingue, 1880. Il contient des fragments du quatrième livre des Rois et porte en marge la lettre lomad devant des leçons spéciales aux endroits suivants : ix, 9, 28 ; x, 24, 25 ; xi, 1 ; xxiii, 33, 35. Field trouva ces variantes conformes au groupe de manuscrits signalés ci-dessus ; ces manuscrits appartenaient donc à la recension de Lucien. Procédant de même pour les passages des prophètes, qui dans le codex Barberini portent le sigle ~k, Field constata que ces leçons étaient communes aux codex numérotés 22, 36, 48, 51, 61, 90, 93, 144, 147, 233, 208 de Holmes. Field, Origenis Bexapl. quee supersunf, Oxford, 1875, t. i, p. lxxxvh-lxxxvih. — Si les codex énumérés ci-dessus représentaient bien, comme on le supposait, la recension de Lucien, on devait s’attendre à trouver les m
LUCIEN D’ANTIOCHE
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mêmes leçons caractéristiques dans Gbrysostome et dans Théodoret, puisque, au témoignage de saint Jérôme, les exemplaires de Lucien étaient généralement employés d’Antioche à Gonstantinople. Les recherches faites par Ficld, par P. de Lagarde et par d’autres, confirmèrent ces prévisions et servirent de contrôle à l’hypothèse. — Bref, on regarde aujourd’hui comme appartenant principalement à la recension de Lucien — les textes sont rarement purs de tout mélange — les codex suivants : 19, 22, 36, 48, 51, 61, 82, 90, 93, 95, 108, 118, 144, 147, 153, 185, 231, 233, 308 de la numérotation de Holmes ; de plus : Paris, Coislin grec, 184 ; Athènes, Biblioth.nat., 44 ; pour les Pères : saint Jean Chrysostome et l’école d’Antioche ; pour les versions : la vêtus latina, la gothique d’Ulfilas, la syriaque philoxénienne, la slavonique, la version arménienne (partiellement). Ci. Swete, lntrod. ta the Old Test, in Greek, Cambridge, 1900, p. 482. P. de Lagarde a édité les livres historiques, selon la recension de Lucien, d’après cinq manuscrits : 108, 82, 19, 93, 118 de Holmes : Librorum Vet. Test, canonicar. pars prior grmce, Gœttingue, 1883. Cl. Ankïtndigung einer neuen Ausgabe der griechischen Uebersetzunq des A. T., Gœttingue, 1882. Faute de tonds, il est mort sans pouvoir publier le reste. Il avait exclu de son édition les livres deutérocanoniques : Judith, Tobie, Machabées.
III. Caractères de la recension de Lucien. — M. Driver, Notes on the Hebrew Text of Samuel, Oxford, 1890, croit pouvoir caractériser de la sorte le travail critique de Lucien : 1. Fréquente substitution de synonymes ; 2. Doublets provenant d’une double version, lais Vat. grec. 330, fol. 282 v°
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xac àv « TsXeî iiXtoç tô itpw’i' xa où (Txo-cicrEi iizo yifyovs &i ûetoç (ôç potàvï] èx Y^i ?’8 ti ôu)( îutu ; 6 ôïxSajjiou [hetc< tJi*
8 « 8ta6ï|xr|V àlwvtov EBsto [J.oi
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xal tpTjXàles aùtriv
est certainement un contresens occasionné par une mauvaise leçon. Ezech., xxxi, 10, est traduit par les Septante : %aX elîov èv ta yi) « i>6ïjvai aùtôv, au lieu qu’il faudrait : « Et son cœur s’éleva dans sa superbe. » Lucien en iait : xal È7rT)p87) t xapSîa aù-roû èiti tô) û^et aùtoy, xai’e ! 80v èv to û^wOîjvai aùxôv. — La substitution de synonymes semble assez arbitraire, du moins, il est difficile d’y découvrir une loi fixe. Voir Field., Hexapla, t. i, p. xc. — Comme Lucien, de même qu’Origène, cherchait à se rapprocher de l’hébreu, on remarque quelqueiois entre le texte hexaplaire et Lucien une certaine ressemblance ; mais cette ressemblance est assez superficielle. Un détail qui a son importance parce qu’il a servi de confirmation à la découverte du texte de Lucien, c’est que ce critique, d’après le témoignage d’un auteur syriaque, copié par M. Ceriani dans un manuscrit du Musée Britannique (addition. 12159, loi. 302), remet à8uvat x-jpioi ; dans les passages d’Ézéchiel où les autres manuscrits des Septante ont simplement xùptoç. Et cela se vérifie en effet dans les codex 22, 36, 48.
Voici à titre de spécimen, les dernières paroles de David, II Reg., xxiii, 1-5, d’après le manuscrit grec 330 du Vatican qu’on suppose représenter la recension de Lucien. Nous maintenons les abréviations, l’accentuation et la ponctuation du codex, qui n’emploie pas l’iota souscrit et, entre autres singularités, place l’esprit sur la première lettre de la diphtongue initiale. Dans son édition de Lucien, Lagarde reproduit presque sans changement le codex vat. 330 (108 de Holmes). Dans les versets ci-joints il met seulement ap^e au lieu de &pY_ai (ligne 9) :
Texte des Septante de Swete, t. i, p. 663
1- — riiUTo ; AauslS vitoç’Ietrffat, xa ictaibi ; àvr|p 8v àvéuTï)cr£v Kùptoç êitt v v piorôv 6eo0’Iax<oë, xai sOitpeitsïç i^aXpioi’IapaïjX 2. — iwsùjjia Kvipiôu èXâXrjisv èv èjjiot,
xa ô Xoyoç auTOu èVs yXw<ttyjç |xou*
3. — Xiftt à 8sb ; ’I<Tpa7)X*
è{xo1 èXàX7|<T£v çùXaÇ ï’I<rpa7)X IIapaëoX7|V e’utoV’Ev àv6pûit(j) itô> ; xpataiwiTij-ce çdëov Xpto"toû ;
4. — xal èv Beû çwt itpwîa ; àvaTEÎXai 7JX10 ; ,
cô ïtpon où Kùpeoj itapYJX6ev
ix çsyyouç*
xa uç i ùetoù)(Xo’r)ç àrco Y*K 5. — où yàp outo ; <5 01x61 ; jjiou [ma’Io-^upoO ;
SiaBrixiiv Y « p aîwviov iQs.t6 p.ot, è-coi|Aï)v sv îtavi’i xaipû, iteçuXaYf.svï)v.
ses côte à côte dans le texte ; 3. Adoption de leçons qui supposent un texte hébreu supérieur au texte massorétique. — Le second caractère est particulièrement frappant. Voici quelques exemples : Is., xxiv, 23, les Septante traduisent : xai tax^aeTai o rcXivôoç, xai iteoretTo ; to t£ïxo4, ce que Symmaque rend par : xa èvcpaitr, (T£-cat 7) aeX^v7), xo alo-/uv6rj<TBTai ô ^Xtoç. Lucien retient et accole les deux versions, dont l’une, celle des Septante,
Vulgate, II Reg., xxiii, 1-5.
1.
Dixit David filius Isai : dixit vir cui constitutum est de christo Dei Jacob, egregius psaltes Israël.
2. — Spiritus Domini locutus est per me,
et sermo ejus per linguam meam.
3. — Dixit Deus Israël mihi,
locutus est lortis Israël,
dominator hominum,
justus dominator in timoré Dei.
4. — Sicut lux aurorse, oriente sole,
mane absque nubibus rutilât,
et sicut pluviis germinat herba do terra.
Nous donnons aussi, comme terme de comparaison, la version latine contenue dans la marge du Codex Gothicus Legionensis, dont la collation se conserve au Vatican, latin 4859. Nous avons dit que Vercellone avait remarqué les rapports entre cette version et le texte grec de quatre manuscrits parmi lesquels se trouve notre codex 330. Cette observation fit taire un grand pas à la découverte de la recension de Lucien :
Vat. latin 4859, pars 1, fol. 116 V.
F’idéïis David filius Jesse, fidelis vir quem
suscitavit Deus Christum Dei Jacob :
et speciosus psalmus Israël.
Spiritus Domini locutus in me,
et verbum ejus in lingua mea est,
Dixit Deus Jacob,
in me locutus est custos Israël,
parabolam die hominibus
juste incipit in timoré Domini.
Quasi lux matutina et orietur sol mane
et non tenebrescet a lumino ;
quasi pluvia, quasi herba de terra.
407
LUCIEN D’ANTIOCHE
LUCIFER
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Vulgate, II Reg., xxiii, 1-5.
Nec tanta est domus mea apud Deutn, ut pactum seternum iniret mecum,
firinum in omnibus
atque munitum.
Il est évident de prime abord : 1. que la version du codex Gothicus suppose un texte grec très voisin de la recension dite de Lucien ; 2. que la recension de Lucien suppose un texte hébreu différent du texte massorélique, lequel est identique au fond avec celui qu’a eu sous les yeux l’auteur de la Vulgate ; 3. que la recension de Lucien, dans le passage cité, équivaut à une traduction nouvelle : c’est le cas en particulier pour les morceaux difficiles où le texte original est moins bien conservé et peut s’entendre de plusieurs façons. Mais la différence entre les Septante et Lucien est rarement aussi accentuée. — La polyglotte d’Alcala suit d’abord assez fidèlement le codex 108 (de Holmes) qui lui servait de prototype ; mais elle l’abandonne à partir du verset 4.
IV. Lucien et le Nouvea.it Testament. — Saint Jérôme, dans sa lettre à Damase, Prssf. in Evang., t. xxix, col. 527, parle de codices, quos a Luciano et Hesychio nuncupatos, paucorum hominum asserit perversa conlentio. D’après sa remarque formelle, il s’agit du Nouveau Testament aussi bien que de l’Ancien. A la fin du décret de Gélase nous trouvons cette mention : Evangelia quæ falsavit Lucianus, apocrypha, t. ux, col. 162, qui semble faire écho à la protestation de saint Jérôme. Mais l’authenticité du décret de Gélase est très suspecte, surtout pour les derniers articles. Ce sont, dans l’antiquité, les seules traces d’une recension du Nouveau Testament entreprise par Lucien. Cependant Westcolt et Hort, The New Testament in Greek, Cambridge, 1882, lntrod., p. 138, regardent comme assez probable que Lucien ait pris part à la revision du texte qu’ils appellent syrien.
V. Conclusions. — 1. On ne sait rien de positif sur la participation de Lucien à une recension du Nouveau Testament. — 2. Au contraire, on est arrivé à déterminer avec une certitude suffisante, au moyen d’indices convergents, les versions et les manuscrits qui représentent sa recension des Septante. — 3. Cependant, comme les textes sont presque toujours mêlés et qu’il est souvent difficile de ramener une leçon à sa véritable origine, il faut se garder de croire que nous soyons en mesure de reconstituer dans ses détails la recension de Lucien. P. de Lagarde lui-même ne regarde pas son édition comme définitive. — 4. Le plus pressé en ce moment semble être de restituer les Hexaples, en utilisant tous les moyens aujourd’hui à notre disposition. On classerait ensuite tous les manuscrits connus des Septante d’après la recension à laquelle ils appartiennent Alors seulement une édition définitive de la versioD aloxandrine deviendrait possible. Tout porte à croire que la recension’de Lucien servirait beaucoup à ce travail.
F. Prat.
- LUCIFER##
LUCIFER (hébreu : hêlêl ; Septante : éourçôpo ; ; Vulgate : lucifer), planète connue en astronomie sous le nom de Vénus.
1° Vénus est une des planètes inférieures, c’est-à-dire de celles qui sont plus voisines du soleil que la terre. Sa distance au soleil, par rapport à cette dernière, est seulement de 0, 72. Elle paraît osciller tantôt à l’est, tantôt à l’ouest du soleil, de 45° à 48° dans chaque sens. Dans le premier cas, on la voit le soir, s’éloignant, puis se rapprochant du point de l’horizon où le soleil se couche ; dans le second, on la voit le matin, exécutant le même mouvement avant le lever du soleil. La révolution de l’astre dure environ 225 jours ; .mais c’est seulement au bout de 584 jours qu’il occupe la même position relativement au soleil et à la terre. Vénus a des phases, comme la lune. Sa lumière est blanche et sur Vat. latin 4859, pars I, fol. 116 v ». Quoniam non sic domus mea cum Deo
quoniam testamentum œternum posuit mihi paratum salvare me quæ in omnibus
et custodiet hsec.
passe en éclat celle de toutes les autres planètes. Cependant cet éclat n’atteint pas son maximum quand le disque est complètement éclairé, car alors l’astre est à son plus grand éloigneraient par rapport à nous ; il se montre quand l’astre, encore voisin de la terre, marche vers son premier quartier, ou abandonne son dernier. Les anciens n’ont pas connu les phases de Vénus, à cause de la faiblesse de son diamètre apparent. Mais les Égyptiens s’étaient rendu compte de l’identité de Bonou, « oiseau, » l’astre en deux personnes, qui se montre tantôt le soir et tantôt le matin. Ils lui donnaient pour cela deux autres noms, Ouâîti, l’étoile solitaire qui apparaît la première après le coucher du soleil, et Tiou-noutiri, le dieu qui salue le soleil à son lever. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 96. Les Grecs appelaient cette planète’Ewo-oôpoç, « qui amène l’aurore, » "Eo-irepo ; , « l’étoile dusoir, » et 4>w(Tq>6poç, « portelumière ; » les Latins Lucifer, « porte-lumière, » Vesper, « étoile du soir, » et Venus, à cause de sa beauté. Nous l’appelons aussi « étoile du matin » et « étoile du berger ».
2° Dans sa prophétie contre Babylone, Isaïe, xiv, 12, interpelle le roi en ces termes : « Te voilà donc tombé du ciel, Lucifer, fils de l’aurore, » hêlêl bên safyar, ô’Eiompôpo ; 6 ?rp « >i àvaréXXwv, Lucifer qui mane oriebaris, « Lucifer, qui te levais au matin. » Le monarque assyrien l’emportait jadis en puissance et en gloire sur tous les autres princes, comme la planète dépasse en éclat les autres étoiles. Le mot hêlêl vient de hàlal, qui signifie « briller », comme l’arabe halal et l’assyrien elêlu. Aquila et le Syriaque l’ont fait venir de yâlal, « se lamenter. » Saint Jérôme, In ls., v, 14, t. xxiv. col. 161, adoptant leur interprétation, traduit hêlêl par ulula, « effraie, » mot latin qui a une ressemblance phonétique avec l’hébreu. Il ajoute d’ailleurs que ce nom désigne Lucifer, parce que celui-là doit pleurer et se lamenter, qui autrefois dans sa gloire a été comparé à la splendeur de l’astre du matin. — Ce texte d’Isaïe, bien que se rapportant littéralement au roi de Babylone, a été souvent appliqué au démon, le grand déchu du ciel, dont la ruine a surpassé toutes les autres en honte et en profondeur. — Le grand-prêtre Simon, fils d’Onias, est comparé à l’étoile du matin, à cause de l’éclat de son ministère et de sa vertu. Eccli., l, 6. — Le Fils de Dieu doit donner au vainqueur l’étoile du matin, qui représente ici la gloire du ciel. Apoc, H, 28,
— Jésus-Christ lui-même est appelé par saint Pierre le Lucifer qui doit se lever dans les cœurs des chrétiens, par la grâce et la lumière de la foi en cette vie, et ensuite en personne à son second avènement. II Pet., ii, 19. — Saint Jean le nomme aussi « l’étoile brillante du matin ». Apoc, xxii, 16. — Dans sa liturgie du samedisaint, à VExultet, l’Église reprend ce titre donné au Sauveur. Elle souhaite que le Lucifer matinal trouve le cierge pascal allumé, « ce Lucifer qui ne connaît pas de déclin, et qui, revenu des enfers, a fait briller sa pure lumière sur le genre humain. » — Malgré son sens littéral et son application à Jésus-Christ, le nom de Lucifer a fini par ne garder dans la tradition chrétienne que le sens péjoratif qui lui vient de son application à Satan. Encore les Pères remarquent-ils que ce nom n’est pas propre au démon et qu’il indique seulement ce que l’ange déchu était avant sa révolte. Cf. Pétau, De angelis, III, iii, 4.
3° La Vulgate emploie encore le mot lucifer pour traduire boqér, « la lumière dû matin, » Job, xi, 17 ! mazzârôt, « les signes du zodiaque, » Job, xxxviii, 32,
et sahar « l’aurore, » Ps. ex (cix) 3.409
LUCIUS
LUD
410
- LUCIUS##
LUCIUS (grec : Aefoioç), nom d’un consul romain, d’un Cyrénien et d’un parent de saint Paul.
1. LUCIUS, consul romain qui écrivit à Ptolémée VII Physcon, roi d’Egypte, la lettre par laquelle il lui faisait savoir que le grand-prêtre Simon avait envoyé une ambassade à Rome pour renouveler l’alliance conclue en 161 avant J.-C entre les Romains et Judas Machabée. Les Romains, lui disait-il, ont reçu le bouclier d’or que leur offrait Simon. C’est pourquoi il leur a plu d’écrire aux rois et aux peuples de ne pas attaquer les Juifs et de ne pas porter secours â ceux qui les attaqueraient. Ils devaient en outre renvoyer en Judée les fugitifs de ce pays réfugiés chez eux. Copie de cette lettre était adressée à Démétrius II de Syrie, à Attale II de Pergame, à Ariarathe V de Cappadoce, à Arsace VI roi des Parthes, à Lampsaque, aux Spartiates, à Délos, à Mynde, à Sicyone, en Carie, à Samos, en Pamphylie, en Lycie, à Halicarnasse, à Coos, à Sidé, à Aradon, à Rhodes, à Phaselis, à Gortyne, à Gnide, à Chypre et à Cyrène. 1 Mach., xv, 16-23. Voir tous ces mots. Le consul est désigné seulement par son prénom, il y a donc lieu de chercher parmi les magistrats de cette époque quel est le Lucius dont il s’agit ici. Trois noms ont été mis en avant avec plus ou moins de vraisemblance.
1° Lucius Cæcilius Metellus Calvus qui fut consul en 142 avant J.-C. Sans doute Simon envoya une ambassade à Rome avant le décret des Juifs en sa faveur, décret qui est daté du 18 du mois d’Elul de l’an 172 des Séleucides, c’est-à-dire de l’an 140 avant J.-C. I Mach., xiv, 554-27. Néanmoins il est peu probable que l’ambassade soit antérieure de deux ou trois ans au décret et que la réponse ait été faite par le consul de l’an 142.
2° Lucius Valerius, préteur. Ceux qui regardent comme possible l’identification de ce personnage avec le consul Lucius s’appuient sur un texte de Josèphe, Ant. jud., XIV, viii, 5. L’écrivain juif donne â la date du mois Panemos dé la neuvième année du règne d’Hyrcan II, 54 avant J.-C, un sénatus-consulte que la .plupart des historiens modernes identifient avec celui qui fut voté au temps de Simon. Lucius Valerius, fils de Lucius, préteur, présida la séance du sénat aux ides de décembre, c’est-à-dire le 13 de ce mois, dans le temple de la Concorde. Ses assesseurs furent Lucius Copinius, fils de Lucius, de la tribu Collina, et Papirius, de la tribu Quirina. Les ambassadeurs juifs qui comparurent devant le sénat s’appelaient Alexandre, fils de Jason, Numénius, fils d’Antiochus, et Alexandre, fils de Dorothée. Ils offrirent un bouclier d’or en signe d’amitié. Le sénat fit alliance avec les Juifs et écrivit aux rois et aux villes indépendantes de ne pas leur nuire et de respecter leur pays. La teneur du sénat-consulte est identique à la lettre de Lucius. I Mach., xv, 16-23. Josèphe se serait donc trompé de date, à moins que le même fait ne se soit reproduit deux fois. Quant à la contusion entre le titre de préteur et celui de consul, elle est explicable par la traduction du grec en hébreu et de l’hébreu en grec, et par le fait que dans cette langue le préteur est appelé arpimr|Y<5 ; et le consul (rrporniyoç Ootitoc
3° Lucius Calpurnius Pison, consul en 139. La date de son consulat coïncide avec celle de l’envoi de cette lettre. C’est l’hypothèse la plus généralement admise. On donne souvent à ce personnage le prénom de Cnéius, mais la meilleure leçon de Valère Maxime, I, iii, 2, « dit Teubnerj 1888, p. 17, le nomme Lucius. C’est à celle occasion que le même auteur rapporte l’intervention du préteur Hispalus qui força à retourner chez eux les Juifs qui essayaient d’implanter leur culte à Rome. Valère Maxime, I, iii, 2. La date du consulat de Lucius Calpurnius Pison est celle de l’année où les ambassadeurs juils retournèrent à Jérusalem, c’est-à-dire l’an 474 des Séleucides, 139-138 avant J.-C.
Bibliographie. — Mendelssohn, De senatus consulli
Romanorum abJosepho Anliq., XIV, viii, 5, relati temporibus, in-8°, Leipzig, 1873 ; Ritschl, Eine Berichtigung der republicanischen Consularfasten, dans le Reinische Muséum, t. xxviii, 1873, p. 586-614 ; t. xxix, 1874, p. 337 ; Th. Mommsen et Ritschl, dans le Zeitschrift fur wissenschaftl. Théologie, 1874, p. 231-238 ; Lange, dans le Jahrbericht ûberdie Fortschritte der classischen Allerthums-wissenschaft, de Bursian, t. i, 1873, p. 872-876 ; Th. Mommsen, Der Senatusbeschluss bel Josephus, Antiq., XIV, viii, 5, dans l’Hermès, t. îx, 1875, p. 281291 ; Mendelssohn et Ritschl, Der rômische Senatusbeschluss bei Josephus, dans le Rhein. Muséum, t. xxx, 1875, p. 419-435 ; Wieseler, dans les Iheolog. Studienund Kritiken, 1875, p. 524 ; 1877, p. 281-290 ; Grimm, dans la Zeitschrift fur wissenschaftl. Iheolog., 1876, p. 121-132 ; E. Schûrer, Geschichte der Jûdischen, Volkes im Zeitaiter Jesu Christi, in-8° Leipzig, 1890, 1. 1, p. 199-200.
E. Bedrlier.
2. LUCIUS de Cyrène (grec : Aoôxio ; 6 Kupïjvatoç ; Vulgate : Lucius Cyrenensis). Les Actes des Apôtres, xin, 1, nomment Lucius de Cyrène parmi les prophètes et les docteurs qui enseignaient à Antioche et qui, sur l’ordre de l’Esprit-Saint, imposèrent les mains à Barnabe et à Saul, destinés par lui à une mission particulière. Act., xiii, 1-3. On ne sait rien par ailleurs sur ce personnage. Les Constitutions apostoliques, vii, 46, t, i, col. 1053, disent que saint Paul établit un Lucius comme évêque à Cenchrêes : on ne peut savoir si c’est celui-ci ou un autre. L’hypothèse qui l’identifie avec saint Luc est inadmissible : le nom de celui-ci, AouxSç, est une abréviation de Aouxâvo ; . Le pseudo-Hippolyte, Da lxx Apost., 44, t. x, col. 955, compte Lucius parmi les soixante-douze disciples et le fait évêque de Laodicée. D’après les martyrologes d’Usuard et d’Adon, il aurait été le premier évêque de Cyrène. L’Église latine célèbre sa fête le 6 mai. Voir Acta sanctorum, 6 mai, t. ii, 1680, p. 99, Voir Luc, col. 379. E ; Beurlier.
3. LUCIUS, parent de saint Paul. Dans Rom., xvi, 21, Lucius est nommé avec Timothée Jason et Sosipater parmi les parents de saint Paul qui saluent les Romains. Nous ne savons, rien de ce personnage, en dehors de ce qui est dit de lui à cet endroit, et il est impossible de savoir s’il doit être ou non identifié avec le précédent. Si c’est le même personnage, comme on le croit communément, sa parenté avec saint Paul montre clairement qu’il est Juif ; par conséquent il n’est pas le même que saint Luc qui n’est jamais appelé parent de l’Apôtre, Col., iv, 14 ; II Tim., iv, 11 ; Philem., 24, et qui n’était pas Juif d’origine. E. Beurlier.
- LUCKE Gottfried Christian Friedrich##
LUCKE Gottfried Christian Friedrich, théologien allemand protestant, né à Egeln près de Magdebourg, le 23 août 1781, mort à Gœttingue le 14 février 1855. S’étant fait recevoir à Berlin licencié en théologie, il fit en cette ville des cours d’exégèse sur le Nouveau Testament. En 1818, il obtint une chaire à la nouvelle université de Bonn, d’où il passa en 1827 à celle de Gœttingue. Il a publié : Commentatio de Ecclesia Christianorum apostolica, in-4°, Gœttingue, 1813 ; Ueber den neutestatnentlichen Karton der Eusebius von Càsarea, in-8°, Berlin, 1816 ; Grundriss der neutestamentlichen Hermeneutik und ihrer Geschichte, in-8°, Gœttingue, 1817 ; Commentar ûber die Schriften der Evangelisten Johannes, 4 in-8°, Bonn, 1820-1832 ; 3e édit., 1843-1856, Il a collaboré à la Synopsis Evangeliorum, publiée par son ami de Wette, in-4°, Berlin, 1818.
LUD (hébreu : Lûd ; Septante : Aovê), le quatrième fils de Sem. Gen., x, 22 ; I Par., i, 17. D’après l’opinion commune, il est l’ancêtre des Lydiens. Telle est la tradition judaïque. Josèphe, Ant. jud., i, vi, 4, qui l’appelle AoOêsç, dit qu’il est le père de ceux qu’on appelle
aujourd’hui AiiSot et qu’on nommait auparavant AoOSoi. Hérodote, i, 7, place de même dans la période mythique un héros nommé Lydus, père des Lydiens. Fr. Lenormar. t, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, -9e édit., in-8°, Paris, 1881, t. i, p. 288, pense au contraire qu’il y a là une assonance de noms purement fortuite, que les Lydiens sont un peuple de race et de langage aryens. D’après lui, Lud représente la division septentrionale des Araméens ou Syriens. Que Lud désigne une race sémitique, cela est incontestable, mais il ne s’ensuit pas qu’il ne soit pas le père d’une de celles qui ont formé la nation lydienne, où l’on rencontre à côté d'éléments aryens les traces évidentes d'éléments sémitiques. G. Radet, La Lydie au temps des Merruades, in-8°, Paris, 1892, p. 54-57, 67. Voir Lydie.
E. Beurlier.
- LUDIM##
LUDIM (hébreu : Lûd, Lûdim ; Septante : AouSieîn, A(i> ; ie£(ji, Ao’jS, AiSoi ; Vulgate : Ludini, Lydi, Lydii, Lijdia), descendants de Mesraïm, fils de Cham. Gen., x, 13 ; cf. I Par., i, 11. C’est donc une race chamite habitant l’Egypte. Quel est ce peuple ? il est difficile de le dire exactement. D’après E. de Rougé, Recherches sur les monuments des six premières dynasties, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. xxv, 1866, p. 228 ; G. Ebers, Aegypten und die Bûcher Mose’s, in-8°, Leipzig, 1868, t. i, p. 39 ; et Fr. Lenormant, iîist. anc. despeuples de l’Orient, ^ édit., in-8°, Paris, 1881, p. 269 ; les Lûdim sont les mêmes que les Rutennu, c’est-à-dire les hommes, la race dominante ; ce mot peut, en effet, se lire aussi Lut-ennu. Cette identification est niée par Chabas, Voyage d’un égyptien en Syrie, in-8°, Paris, 1866, p. 352. Cf. De Saulcy, Bulletin de la Société de géographie, t. xvii, 1879, p. 209-241 ; 327-357. M. de Rochemonteix, dans le Journal asiatique, VIIIe sér., t. XII, 1888, p. 199-201, voit dans les Rutennu, Romitou ou Rotou, les fellahs ou le petit peuple, par opposition aux Anamim, qui formaient la classe riche. Voir Anamim, t. i, col. 538. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, in-8°, Paris, 1895, t. i, p. 43, considère le mot Romitou ou Rotou comme étant le nom ethnique des Égyptiens, mais il ne se prononce pas sur le rapprochement de ce nom avec celui des Lûdim. Ce peuple est plusieurs fois cité par les prophètes. Dans Isaïe, lxvi, 19, le Seigneur annonce que parmi ceux qui auront échappé au châtiment, il en enverra du côté delà mer, en Afrique et en Lydie, nations armées de flèches, etc., et qu’ils annonceront sa gloire aux gentils. Le mot Lydia de la Vulgate correspond au mot AoOS des Septante et au mot Lûd de l’hébreu. S’agiMI ici des Lûdim de l’Egypte ? Le rapprochement avec le mot Put ou probablement Phut ou Put qui désigne un autre peuple africain, rend cette hypothèse très vraisemblable, mais d’autre part il est aussi question dans le texte hébreu de ce passage, de Tarsis, de fubal et Yâvân, c’est-à-dire des Tibaré^ niens situés sur les bords de la mer Noire, des Ioniens et des îles. Les Septante intercalent Aoû5 entre « JoûS et Moer^x, et ajoutent : %a eU ©oëèX xal si ; ttjv 'EXXiSa xal s ! ; Ta ; viijcTov ; ; la Vulgate traduit les mots fubal et Yâvân par ltaliam et Gresciam.
Cette liste énumère des peuples des diverses parties du monde, on ne peut donc pas exclure avec certitude l’hypothèse que le mot Lûd s’applique au Lydiens d’Asie, d’autant plus que dans le texte grec de Judith, II, 23, où est racontée la campagne d’Holofeme contre les Lydiens d’Asie Mineure, le mot Ao-jo est comme ici précédé du mot 4>o08. Voir Lydie. Jérémie, xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9), prophétisant contre Néchao II, roi d’Egypte, nomme dans les troupes égyptiennes les Lydii (hébreu, Lûdim ; Septante, Ayfioi), il.s’agit bien ici d’une peuplade africaine. Ézéchiel, xxvii, 10, nomme les Lydii (hébreu, Lûd ; Septante, A-j601)> parmi les mercenaires au service de Tyr. Ce nom est placé dans
le texte hébreu entre celui des Perses et celui de Phût dans les Septante et dans la Vulgate entre les Perses et les Lydiens. Faut-il les rapprocher des premiers et y voir les Libyens d’Asie, ou des derniers et y voir les Lûdim d’Egypte ? il est vraiment impossible de le dire. Les Tyriens pouvaient également avoir des mercenaires des deux contrées. Plus loin Ézéchiel, xxx, 5, prophétisant contre l’Egypte, donne la liste des peuples de cet empire qui périront par l'épée avec lui, et il nomme les Lydi (hébreu, Lûd ; Septante, AOSoi). Dans ce verset le texte hébreu et la Vulgate ne nomment avec les Lydi que des peuples africains, l’Ethiopie, la Libye ; les Septante y ajoutent les Perses et les Cretois, mais c’est probablement une interpolation, car on ne voit pas trop leur place entre les Éthiopiens, les Lûdim et les Libyens. Les Lûdim sont représentés comme des archers, Is., lxvi, 19 ; Jer., xlvi, 9 (Septante, xxvi, 9). Voir Arc, 1. 1, fig. 219, col. 900 ; fig. 225, col. 903 ; Archer, col. 932.
E. Beurlier.
- LUDOLPHE DE SAXE##
LUDOLPHE DE SAXE (Ludolphus ou Leutholfus de Saxonia), célèbre moine du xive siècle, était probablement originaire de Saxe, comme son nom l’indique. On ne connaît pas la date exacte de sa naissance (vers 1300) ; on sait seulement qu’il entra d’abord dans l’ordre de saint Dominique, où il se distingua par sa piété aussi bien que par son érudition. Il y resta vingt-six ans (trente ans suivant d’autres), après lesquels il se décida à entrer chez les chartreux, où il pensait trouver plus de facilité encore pour mener une vie contemplative ; il ne tarda pas à être élu prieur de la chartreuse de Strasbourg, où il mourut probablement aux environs de 1370. Selon d’autres, il mourut à Mayence. Son principal ouvrage est une Vita Christi, Strasbourg, 1474, qui fut très répandue pendant deux siècles, et qu’on a réimprimée de nos jours : Vita Jesu Christi, in-f », Paris, 1865 ; 4 in-8°, Paris, 1870. Cet ouvrage fut traduit en français et publié à Lyon, en 1487. Lecoy de la Marche a donné une nouvelle édition de cette traduction, Vie de Jésus-Christ composée au XVe siècle d’après Ludolphe le Chartreux ; texte rapproché du fro.nçais moderne, in-4°, Paris, 1869-1872. Autres traductions : dom FI. Broquin, La grande vie de Jésus-Christ, nouvelle traduction intégrale, 6 in-8°, Paris, 1864-1865 ; 7 in-12, Paris, 1870-1873 ; Vie de NotreSeigneur Jésus-Christ traduite nouvellement sur le texte latin, 2 in-12, Paris, 1848 ; 5e édit., 1873. Nous avons aussi de lui : Commentaria in Psalmvs davidicos juxta spiritualem præcipue sensum, Paris, 1506, 1517 et 1528 ; in-f », Venise, 1521 ; in-4°, Lyon, 1540, etc. Ludolphe de Saxe est un des auteurs auxquels oii a attribué l’Imitation de Jésus-Christ ; mais cette opinion n’a guère d’autre fondement qu’une certaine ressemblance, dans le style et dans les idées, entre l’Imitation et la Vita Christi. Voir Ul. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen dqe, Paris, 1877-1883, 1. 1, col. 1429. A. Régnier.
- LUGDUNENSIS##
LUGDUNENSIS (CODEX).-i"Histoire. -La fortune de ce précieux codex est assez curieuse. En 1837, Fleck avait signalé à l’attention du monde savant un manuscrit ancien, examiné par lui à la Bibliothèquede Lyon, où il portait le n » 54. Il comprenait deux parties très hétérogènes : 1. Un Bède, donné par l’archevêque de Lyon Amolus (841-852) à sa cathédrale ; 2. Une version latine du Pentateuque, différente de la Vulgate. M. L. Delisle, qui l'étudia à son tour dans les Mélanges de Paléographie et de Bibliographie, Paris, 1880, p. 1-35 (Le Pentateuque de Lyon à lettres onciales, mémoire lu à l’Académie des Inscriptions, le 23 octobre 1878), fit une découverte importante. Entre autres lacunes ; le Lévîtique et les Nombres manquaient totalement dans le manuscrit de Lyon. M. Delisle se ressouvint que ces deux livres composaient justement un manuscrit appartenant à lord Ashburnham et publié à ses frais, dix ans
auparavant. La première page du codex Ashburnham portait : Explicit liber Exodus. Incipit Leviticum ; la dernière. : Explicit liber Numeri. Incipit Deuteronomium. Cela comblait exactement la lacune du manuscrit de Lyon. Par la paléographie, par la dimension des pages et la disposition des colonnes, par l’arrangement des cahiers numérotés, M. Delisle prouva à l’évidence que les deux codex n’en avaient fait qu’un autrefois et que Fleck les avait encore vus ensemble vers 1837. Sur ces preuves, lord Ashburnham restitua généreusement à Lyon les feuillets qui lui avaient été vendus en 1847 par Libri, l’auteur de tant de vols commis au préjudice de nos bibliothèques publiques. — En octobre 1895, quand fut mise en vente la bibliothèque du baron de Verna, M. Delisle remarqua dans le catalogue un manuscrit qu’il reconnut être la suite des précédents et la bibliothèque de Lyon s’empressa de l’acquérir.
2° Description. — Le manuscrit tel qu’il est aujourd’hui contient 232 feuillets de parchemin : 64 feuillets restés à Lyon, 80 restitués par lord Ashburnham, 88 achetés en 1895. Les pages, mesurant m 30 X m 24, sont
— chose rare — à trois colonnes de 26 ou 27 lignes. Les lignes ont 14 ou 15 lettres en moyenne. L’écriture est continue, sans séparation entre les mots qui sont souvent coupés en deux à la lin des lignes. La ponctuation primitive est très rare et les signes semblent employés un peu au hasard. La division en paragraphes, indiquée par des lettres plus grandes placées en vedette, tient lieu de ponctuation. Quelquefois, au milieu des paragraphes, un espace plus ou moins considérable marque une pause ; assez souvent, à la fin des paragraphes se voit une feuille de lierre. — Par endroits, le parchemin est jauni, noirci, fripé ; mais en général l’état de conservation ost très satisfaisant et peu de manuscrits de cet âge ont un plus bel aspect.
3° Age, origine, valeur critique. — Ziegler attribue notre manuscrit au vip siècle ; mais cette date est certainement trop tardive. M. Delisle pense qu’il est du vie. G, Paris, Journal des savants, 1883, p. 389, ne voit aucune objection à le faire remonter au v". M. Ul. Robert est de cet avis : il lui semble qu’on n’aurait pas copié, d’une façon si coûteuse, un ancien texte biblique à peu près hors d’usage, après l’adoption générale de la Vulgatc. De plus la formule : Incipit Exodus. Lege cum poice (folio 24 v°), ne lui paraît pas pouvoir être postérieure au v 8 siècle. — Pour des raisons philologiques, G. Paris inclinait à penser que la version avait été faite dans le midi de la France, peut-être à Lyon même. M. Robert croit au contraire, en s’appuyant principalement sur le vocabulaire, qu’elle est d’origine africaine. Peut-être cependant sa base d’observation n’est-elle pas assez étendue. — On se rendra compte de l’importance du nouveau texte si l’on songe qu’avant la découverte du manuscrit de Verna, le Deutéronome, à partir de xi, 4, n’était représenté dans les versions préhiéronymiennes que par le cantique de Moïse, Xxxii, publié par Sabatier, par Deut., xxiii, 42-53 ; 55-58 ; xxxi, 11-26 du Codex Wirceburgensis (Ranke, Antiquissi-ma Vet. Test, versionis latinm fragmenta, Vienne, 1871) et par Deut., xxii, 7-xxin, 4 ; xxviii, 1-31, xxx, 16-xxxii, 29 du Codex Monacencis (Ziegler, Bruchstûcke einer vorhieronymianischen Uebersetzung des Pentateuch, Munich, 1883). Voici la conclusion de M. Ulysse Robert, Pentateuchi, etc., 1881, p. cxu-cxlii : « Le codex Lugdunensis a été de bonne heure, vers le vu » siècle, l’objet de revisions ou de corrections qui ont eu pour but de le ramener à la Vulgate. La traduction est à peu près sûrement d’origine africaine et semble remonter à la dernière moitié du iue siècle et être antérieure à la fin du rv>. Elle a été faite sur une version grecque qui diŒre. assez de celles du Codex Vaticanus et du Codex Alexandrinus. Elle n’est pas la version nommée par saint Augustin ltala. Elle a dû être connue de quel ques-uns des premiers Pères et de plusieurs écrivain » chrétiens. Malgré les nombreuses fautes qu’elle présente, elle n’en a pas moins un grand intérêt, parce qu’elle comble une importante lacune dans la série des Livressaints de l’Église primitive. » Dans son étude sur la troisième partie (manuscrit de Verna), M. Robert compare le texte du Lugdunensis avec les 66 manuscrits employés par Holmes et Parsons. Le résultat est que les manuscrits les plus rapprochés du Lugdunensis sont ceux qui dans la nomenclature critique portent les numéros 74, . 54, 106, 134 ; les trois premiers sont du xrv » siècle, le dernier du xe ou du XIe. Swete pense, mais avec un point d’interrogation, que les n M 74, 106, 134 appartiennent à la recension d’Hésychius.
4° Éditions. — La partie qui n’a jamais quitté Lyon, comprenant : Gen., xvi, 9-xvii, 18 ; xix, 5-29 ; xxvi, 33xxxiii, 15 ; xxxvii, 7-xxxviii, 22 ; xlii, 36-l, 26 ; Ex., i, 1-vn, 19 ; xxi, 9-36 ; xxv, 25-xxvi, 13 ; xxvii, 6-xl, 36 ; Deut., i, 1-xi, 4, a été éditée, avec une savante préface et des photogravures, par M. U. Robert, Pentateuchi versio lalïna antiquissimae codice Lugdunensi, Paris, 1881. — La partie volée par Libri, renfermant l’ensemble du Lévitique et des Nombres, moins Lev., xviii, 30-xxv, 16, avait été précédemment publiée par les soins de lord Ashburnham, mais ne fut pas mise dans le commerce i Librorum Levitici et Numerorum versio antiqua ltala e codice perantiquo in bibliotheca Ashburnhamiense conservato nunc primum typis édita, Londres, 1868. Voir Revue critique, 1870, t. ix, p. 341. — Enfin la partie achetée en 1895, contenant le Deutéronome à partir de xi, 4, Josué et les Juges jusqu’à xx, 31, a été éditée, avec une étude sur le texte, par M. Robert : Heptateuchï partis posterioris versio latina antiquissimae codice-Lugdunensi, Lyon, 1900. F. Prat.
- LUITH##
LUITH (hébreu : hal-Lûhi{ ; Septante : Aoveiï, ’AXtM) f localité du pays de Moab. Isaïe, xv, 5, et Jérémie, xlviii, 5, dans leurs prophéties contre Moab, disent en ternies semblables que l’habitant de ce pays montera en pleurant « la montée de Luith ». D’après Eusèbe et saint Jérôme, Onomast., édit.Parthey et Larsow, 1862, p. 266, 267, le village de Luith, qui existait encore de leur temps, sous le nom de Lueitha ou Luitha, était situé entre Aréopolis et Zoar. Aréopolis est l’Ar-Moab de l’Écriture. Voir t. i, col. 814. F. de Saulcy, Voyage autour de la mer Morte, t. i, p. 310, 317 ; t. ii, p. 42 (cf. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, 1896, p. 272), croit que la montée de Luith peut être identifiée avec la route qui, des environs de Zoar, sur la rive orientale de la mer Morte, conduit aux hauts plateaux de Moab par l’ouadi Bené I}ammad, au nord de l’ouadi Kérak ; il y eut là une voie romaine. Voici comment s’exprime de Saulcy : « Une localité des plus importantes à déterminer, c’est celle de Louéïth. Elle était sur la route d’Aréopolis à Zoar du temps d’Eusèbe. L’Écriture la place sur une montée ; donc Loueïth, placée sur la voie fréquentée d’Aréopolis à Zoar, voie qui passait, à n’en pas douter, par l’ouad-ebni-Hammîd, devait. se rencontrer de toute nécessité dans l’ouad qui, de la rive moabitique, montait à la plaine d’Aréopolis. Or, la dernière niontée qui donne accès à « e haut plateau gravit, & travers des ruines énormes, un Djébel-Nouehia ou Nouehid ; ces ruines portent le même nom de Nouehin ou Nouehid ; les lettres L et N, dans la bouche des Arabes de cette contrée, permutent avec une extrême facilité : je n’hésite donc pas un seul instant à voir dans les ruines et la montagne de Nouehid les ruines et la montée de Loueïth. » Voyage autour de la mer Morte, t. ii, p. 42-43. « Cette ville ruinée, ajoute le même auteur, Dictionnaire topographique de la Terre-Sainte, in-8°, Paris, 1877, p. 210, est à deux heures de marche au nord d’er-Rabbah. » M. Conder, Palestine, in-12, Londres, 1889, p. 258, identifie la montée de Luith avec Tal’at
eUHeith, ou, comme il l’écrit dans The Survey of western Palestine, t. i, 1889, p. 228, Talât Heisah ou elHeithah, vallée dont un sentier conduit au côté méridional du mont Nébo, mais il reconnaît lui-même que son identification ne repose que sur une altération possible de l’hébreu Lûhît. — On croit avoir trouvé ce nom dans une inscription nabatéenne découverte dans le pays de Moab et conservée maintenant au Musée du Vatican. Corpus inscript, semit., part. II, 1. i, fasc. H, n » 196, p. 219. Ct. Clermont-Ganneau, Notes nabatéennes, dans le Journal asiatique, mai-juin 1891, p. 537-538. Le P. Lagrange, qui a publié le premier l’inscription, Une inscription nabatéenne, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, 1890, p. 290-291, avait lu Behitu, au lieu de Se-Lukeitu.
- LUMIÈRE##
LUMIÈRE (hébreu : ’ôr, ’ôrâh, mâ’ôr, nehdrdh, nîr ; Septante : f ûç, çoma-jui ; ; Vulgate : lumen, lux), vibration d’un milieu très subtil, appelé éther, et dont l’effet le plus important est de rendre les corps visibles.
I. La lumière physique. — 1° Dieu est le créateur de la lumière. Gen., i, 3-5 ; Eccli., xxiv, 6 ; Is., xlv, 7 ; Jer, , xxxi, 35 ; Bar., iii, 33, 34 ; II Cor., iv, 6. C’est pourquoi la lumière est invitée à le louer, comme toutes les autres créatures. Ps. Cxlviii, 3 ; Dan., iii, 72. Dieu a séparé la lumière d’avec les ténèbres. Gen., i, 4 ; Job, xxvi, 10 ; Eccle., ii, 13 ; II Cor., vi, 14. — 2° Certains corps ont le pouvoir de répandre de la lumière ; tels sont, dans le firmament, les astres, le soleil, la lune et les étoiles, Gen., i, 14-18 ; Is., xiii, 10 ; Ezech., xxxii, 7 ; Sap., x, 17 ; Matth., xxiv, 29, et, sur la terre, le feu des foyers, Sap., xvii, 5 ; II Mach., i, 32 ; Luc, xxii, 56, des incendies, II Mach., xii, 9, ou des flambeaux. II Mach., iv, 22 ; Luc, viii, 16 ; xi, 33 ; Act., xvi, 29 ; Apoc, xviii, 23. Mais Dieu s’est réservé le secret de la production et de la distribution de la lumière. Job, xxxviii, 19, 24. — 3° Il fait lever sa lumière sur tous. Job, xxv, 3 ; Matth., v, 45. Quand celle-ci paraît, la terre devient comme l’argile qui reçoit une empreinte, c’est-à-dire que tous les objets, auparavant ensevelis dans l’ombre, se montrent avec leur relief naturel. Job, xxxviii, 13 (hébreu). La lumière éclairait les Hébreux pendant que les Égyptiens étaient dans les ténèbres. Exod., x, 23. La lumière est douce aux yeux de l’homme. Eccle., xi, 7. C’est grâce à elle qu’il peut diriger sûrement ses pas sur la terre. Joa., xi, 9, 10. — 4° C’est l’apparition de la lumière qui constitue le jour. Gen., i, 14 ; Job, iii, 4, 9 ; Tob., v, 12 ; xi, 8 ; xii, 3 ; Sap., xvii, 19 ; xviii, 1, 4, etc. De là les expressions « avant la lumière », Judith, xii, 5 ; Ps. cxxvii (cxxvi), 2 ; I Mach., vi, 33 ; xi, 67 ; Luc, xxiv, 22 ; « dès la lumière, i> Ps. lxiii(lxii), 2 ; « la lumière du matin, » Jud., vi, 31 ; I Reg., xxv, 34 ; Il Reg., xxiii, 4 ; Sap., vi, 15 : xvi, 28 ; Mich., ii, 1 ; Act., xxvii, 33 ; « jusqu’à la lumière, » Act., XX, 11, pour désigner différents moments du jour ou de la nuit. Cette lumière est particulièrement brillante dans les jours d’été. Is., xviii, 4 ; cf. Eccli., xxxiii, 7.-5° « Voir la lumière, » c’est naître à la vie de ce monde, ou, comme nous disons en français, voir le iour. Job, iii, 16 ; Bar., iii, 20. « Donner la lumière, » c’est faire naître. Job, iii, 20. La lumière est appelée « lumière des vivants », parce qu’elle éclaire les hommes qui vivent sur la terre. Job, xxxiii, 30 ; Ps. lvi (lv), 13. Quand cette lumière disparaît, c’est la mort. Eccli., xxii, 10 ; cf. Eccle., xii, 2. — 6° Par métonymie, la lumière des yeux est la faculté qu’ont les yeux de percevoir la lumière. Ps. xxxviii (xxxvii), 11 ; Tob., x, 4 ; XIV, 3. Elle réjouit l’âme, Prov., xv, 30, et sert à l’homme pour se guider. Matth. vi, 23. — 7° Une lumière miraculeuse éclaire saint Pierre dans sa prison de Jérusalem, Act., xii, 7, et saint Paul sur le chemin de Damas. Act., ix, 3 ; xxii, 6, 9, 11 ; xxvi, 13.
II. La lumière dans le sens métaphorique. — 1° La lumière est très souvent prise comme symbole de la prospérité. Esth., viii, 16 ; x, 6 ; xi, 11 ; Job, xxii, 28 ;
xxxm, 28 ; Bar., iii, 14. Cette lumière est assurée au juste. Ps. xcvii (xcvi), 11 ; Prov., iv, 18 ; xiii, 9. Elle brillera pour Israël au jour de sa restauration, Is., Lvni, 8, et ira en croissant. Is., xxx, 26, Souvent cependant ce sont les ténèbres de l’épreuve qui empêchent de luire la lumière de la prospérité. Job, xvii, 12 ; xxx, 26 ; Is., Llx, 9 ; Jer., xiii, 16 ; Lam., iii, 2. Cette lumière s’éteint pour le méchant. Job, xviii, 5, 6, 18 ; xxxviii, 15 ; Jer., iv, 23 ; xxv, 10. Elle disparaît au jour des vengeances divines. Am., v, 18, 20 ; Zach., xiv, 6, 7. — 2° Elle est aussi le symbole de la gloire. Tob., xiii, 13. — 3° Enfin la lumière, par conséquent la beauté, l’éclat, caractérise les œuvres de bien. La Sainte Écriture compare donc à la lumière la sagesse, Sap., vi, 23, 24 ; vii, 10 ; Eccli., xxiv, 37 ; la justice, Ps. xxxvii (xxxvi), 6 ; Sap., v, 6 ; Eccli., xxxii, 20 ; la charité. Is., lviii, 10 ; I Joa., ii, 9, 10, etc.
— 4° Mettre une chose à la lumière, c’est la faire connaître, la révéler publiquement. Job, xii, 22, 25 ; xxviii, 11 ; Matth., x, 27 ; Luc, xii, 3 ; cf. Ephes., v, 13. Comme Dieu connaît tout, les ténèbres sont lumière à ses yeux. Ps. cxxxix (cxxxviii), 12 ; Dan., ii, 22. — 5° Saint Jean-Baptiste a été un flambeau de lumière, par sa prédication et ses vertus. Joa., v, 35. Satan, pour tromper les hommes, sait se transformer en ange de lumière, c’est-à-dire prendre l’apparence d’un envoyé de Dieu. II Cor., xi, 14.
III. La lumière divine. —1° La lumière physique n’est qu’une image de la lumière surnaturelle qui entoure la divinité. Dieu est le Dieu de lumière. Eccli., xlvi, 18. Il a tout l’éclat de la lumière la plus vive. Hab., iii, 4. Il est vêtu de lumière, Ps. civ (cm), 2, et habite une lumière inaccessible. I Tim., vi, 16. Sa Sagesse est une lumière éclatante. Sap., vii, 26, 29. C’est Dieu qui illumine tout le ciel de sa splendeur. Apoc, xxii, 5. — 2° Dieu est le Père des lumières. Jacob., i, 17 ; I Joa., i, 5.’Il étend sa lumière tout autour de lui, Job, xxxvi, 30, 32, et répand sur ses créatures la lumière de ses miséricordes. Eccli., xxxvi, 1 ; Bar., v, 9. La lumière de son visage désigne sa providence, sa bonté et son assistance. Ps. iv, 7 ; xxxvi ^xxxv), 10 ; lxxxix (lxxxvlu), 16. — 3° Dieu est la lumière des justes par sa loi. Ps. cxii (cxi), 4 ; cxix (cxviii), 105 ; Prov., vi, 23 ; Sap., vii, 10 ; xviii, 4 ; Eccli., xlv, 21 ; Is., li, 4 ; Bar., iv, 2. Cette lumière guide dans le chemin de la vertu. Job, xxix, 3 ; Eccli., L, 31 ; Is., H, 5 ; xlii, 16 ; l, 10. "Voilà pourquoi le juste demande à Dieu d’envoyer cette lumière. Ps. xliii (xlh), 3. Les méchants sont ennemis de la lumière. Job, xxiv, 13. « Celui qui fait le mal hait la lumière. » Joa., m, 20. Ils prennent leurs ténèbres pour la lumière. Is., v, 20 ; Rom., ii, 19. Mais un jour, pour la récompense des bons et la punition des méchants, le jugement de Dieu éclatera comme la lumière. Os., vi, 5 ; Soph., iii, 5. — 4° Dieu est particulièrement la lumière d’Israël, par la loi qu’il lui a donnée et la protection dont il le couvre. Is., x, 17 ; Mich., vii, 8, 9. Cependant, une lumière plus parfaite est promise à Jérusalem, Is., lx, 1, 3, 19, 20, et à toutes les nations. Is., ix, 2 ; Matth., iv, 16 ; Luc, ii, 32 ; Act., xxvi, 23 ; Apoc, xxi, 24. Cette lumière sera apportée au monde par le serviteur de Dieu, le Messie, Is., xlii, 6 ; xlix, 6, et en son nom par les Apôtres. Act., xiii, 47.
IV. Jésus-Christ, lumière du monde. — 1° Jésus-Christ est par excellence la lumière des âmes, lumière qui constitue la vie, brille dans les ténèbres et éclaire tout homme venant en ce monde, Joa., i, 4, 5, 7-9 ; viii, 12 ; ix, 5, lumière que méconnaissent ceux qui commettent le mal, Joa., iii, 19, 20, mais qui doit guider ceux qui ont la foi et pratiquent la vérité. Joa., iii, 21 ; xii, 35, 36, 46 ; I Joa., Il, 8. — 2° Ceux qui marchent à cette lumière arrivent à la vraie vie. Joa., viii, 12 ; 1 Joa., î, 7. Ceux qui ne la possèdent pas doivent se convertir des ténèbres à la lumière. Act., xxvi, 18. En participant à cette lumière, Col., i, 12 ; I Pet., ii, 9, en se servant des armes de la lumière, c’est-à-dire des grâces de la foi contre le mal, Rom., xiii, 12, ils deviennent des fils de lumière, Luc, xvi, 8 ; Joa., xii, 36 ; Eph., v, 8, 9 ; I Thes.j v, 5, et sont appelés à être la lumière du monde. Matth., v, 14, 16. H. Lesêthe.
LUMINAIRE ou mode d’éclairage chez les Hébreux.
— Les procédés employés pour éclairer l’intérieur des tentes ou des maisons ont dû être d’abord très primitifs chez les Hébreux, comme chez les anciens peuples. Le besoin de cet éclairage était, du reste, fort restreint, car, la nuit venue, on ne se retirait guère dans les maisons que pour dormir, et la clarté de la lune ou des étoiles, dans un ciel habituellement serein, suffisait amplement pour guider quelqu’un au dehors. Le premier mode d’éclairage a été le feu du foyer, répandant la lueur dans toute la pièce où il était allumé. "Voir Feu, t. ii, col. 2220-2223. Il y eut ensuite des réchauds permettant de déplacer la matière éclairante ; tels étaient les >afj.iroips ; de l’époque homérique, ou vases à leu dans lesquels on brûlait de la résine ou du bois sec. Odys., xviii, 307, 343 ; xix, 63. On se servit aussi de torches ett bois résineux, Iliad., xviii, 492 ; Odys., i, 428 ; vii, 101 ; Hésiode, Scut., 275, etc. ; de bois ou de fibres végétales trempés dans des matières combustibles, comme la graisse, l’huile, la poix, etc. Voir Torche. Il ne semble pas cependant que les Hébreux aient jamais utilisé la graisse pour s’éclairer, car la graisse était réservée par la Loi pour être brûlée en l’honneur du Seigneur, même quand il s’agissait d’animaux tués simplement pour l’alimentation, en dehors des sacrifices. Lev., xvii, 6. Voir Graisse, col. 293. Les Hébreux connaissaient bien la cire, dont les Livres Saints ne parlent cependant qu’au point de vue de sa fusibilité. Voir Cire, t. ii, col. 780. On ne peut guère douter qu’ils l’aient utilisée pour l’éclairage, au moins dans les derniers temps, à l’exemple des Grecs et des Romains qui connaissaient le flambeau de cire, xripitov, Plutarque, Moral., Quart, rom., 2, édit. Didot, t. i, p. 325, candela, Pline, H. N., xvi, 70 ; ce.re.us ; Plaute, Cure, I, i, 9 ; Cicéron, Deoffic., 3, 20, 80, etc. Toutefois, la cire perd si facilement sa consistance dans les climats chauds qu’on n’a dû l’employer qu’exceptionnellement à l’éclairage en Palestine, comme d’ailleurs dans les pays grecs et romains. Les Hébreux s’éclairaient surtout à l’huile. Voir Huile, col. 774 ; Lampe, col. 54. Cet éclairage présentait des inconvénients assez graves : faible clarté, fumée abondante, par suite d’une combustion incomplète, et, partant, mauvaise odeur. Les anciens ne se plaignaient pas de ces inconvénients parce que les travaux délicats se Élisaient à la clarté du jour et non à la lampe, et que, d’autre part, ils n’avaient pas d’éclairage supérieur auquel ils pussent comparer celui qui laissait à désirer.
- LUNATIQUE##
LUNATIQUE (grec : (re^victCosiévo ; ; , Vulgate : lunaticus), malade atteint d’épilepsie. Chez les anciens, l’épilepsie était considérée comme provenant de l’influence de la lune, êx tîjç <re>.T|VTiç, Élien, Nat. anim., xiv, 27, de Yiracunda Diana, Horace, Ars poet., 454, d’où le sens du verbe <re>Y]vidi£, « être épileptique. » Manéthon, iv, 81. Cf. Daniel, De lunaticis, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 180, 181. L’influence de la lune n’est pour rien dans l’apparition des phénomènes épileptiques. — L’épilepsie, qu’on appelle aussi mal caduc, comitial, sacré, haut mal, etc., est une maladie nerveuse provenant de lésions du cerveau par suite d’excès de toute nature, de frayeur et de quelques autres causes moins fréquentes que les précédentes. Elle est souvent héréditaire, se déclare ordinairement avant l’âge de puberté chez les sujets à tempérament très nerveux et est presqse toujours incurable, à moins qu’elle soit due à des lésions accidentelles, auxquelles la chirurgie peut remédier. Les accès sont
irréçuliers et quelquefois précédés de malaises et de vertiges ;
mais il arrive aussi que le malade est frappé subitement.
Il tombe alors tout d’un coup là où il se trouve ;
l’œil est fixe et tourné en haut, le visage violacé, la
bouche tordue et écumante, tout le corps agité de mouvements
convulsifs. Au bout d’un temps qui va d’une
à cinq minutes, les muscles se détendent, le visage pâlit,
la bouche rejette une salive écumeuse ou sanguinolente
et le malade demeure dans un état de stupeur qui
se prolonge plus ou moins. Dans certains cas, l’épilepsie
n’est que partielle ; elle se borne alors à des vertiges,
des absences et des convulsions locales.
1° Saint Matthieu, iv, 21, mentionne des lunatiques parmi les nombreux malades que Notre-Seigneur guérissait près du lac de Tibériade. Cf. Marc, iii, 10 ; Luc, vi, 18-19. — 2° L’enfant pour lequel les Apôtres ne purent rien et que le Sauveur guérit après sa transfiguration, était un épileptique. Matth., xvii, 14. Souvent, au cours de ses accès, il tombait dans le feu ou dans l’eau. D’après saint Luc, ix, 39, c’est un esprit qui le saisit, et alors il crie tout d’un coup ; l’esprit l’agite, le tord, le fait écumer et ne le quitte qu’après l’avoir tout brisé. Saint Marc, ix, 16-21, donne plus de détails sur le cas de l’enfant. Au dire du père, l’enfant a un esprit muet qui le saisit et l’agite ; alors l’enfant écume, grince des dents et devient tout raide. En présence du Sauveur, l’enfant est saisi par l’esprit, tombe à terre et s’y roule en écumant. Le père ajoute que pareils accès lui arrivent depuis son enfance et que souvent l’esprit le jette dans le feu ou dans l’eau. Il y a bien là les symptômes et les phénomènes caractéristiques de l’épilepsie. Il s’y ajoute cependant d’autres effets qui ne dépendent pas du mal lui-même, la surdité, le mutisme qui est habituellement la conséquence naturelle de la surdité, Matth., xii, 22 ; Luc, xi, 14, et des chutes multipliées dans le feu ou dans l’eau. Les chutes dans l’eau donnent à supposer que l’enfant habitait les bords du lac et que peut être son père était pêcheur, et l’emmenait avec lui en barque. Ces derniers effets sont attribués par le père à l’influence d’un esprit qui cherche à faire périr l’enfant. Marc, ix, 21. On a prétendu souvent que, du temps de Notre-Seigneur, on mettait sur le compte des démons des maladies dont on ne connaissait pas la cause et qui n’étaient que des névroses aujourd’hui étudiées et classées au nombre des phénomènes purement naturels. La remarqueest juste en bon nombre de cas. Ici pourtant il n’est pas permis de l’appliquer complètement. On ne peut admettre que Notre-Seigneur se soit trompé au point de traiter comme démoniaque un simple malade. « Esprit sourd et muet, dit-il, je te le commande, quitte-le et ne rentre jamais en lui. » Marc, ix, 24. Cette adjuration provoque une nouvelle crise qui l’ait croire à la mort de l’enfant. À prendre les paroles du Sauveur à la lettre, il semble que le démon n’est tenu pour responsable que de la surdité et du mutisme de l’enfant. En ce dernier, l’épilepsie serait naturelle, quoique rendue plus aiguë par la présence du démon. De là, les deux actes successifs accomplis par le Sauveur : l’adjuration, qui chasse le démon sourd et muet, non cependant sans que celui-ci provoque en partant une nouvelle crise d’épilepsie, et ensuite la guénsôû de cette dernière maladie par le contact du divin Maître qui relève l’enfant. Les deux actes, sommairement indiqués par saint Matthieu, xvii, 17, et saint Luc, ix, 43, sont nettement distingués par saint Marc, ix, 24, 26. L’épilepsie da cet enfant a donc pu être naturelle, comme celle des autres lunatiques dont parle saint Matthieu, iv, 24 ; mais le démon était entré en lui pour le, rendre sourd-muet. Cette dernière infirmité, qui n’est pas une conséquence de l’épilepsie, était évidemment habituelle chez l’enfant, car personne ne se fût étonné qu’il ne parlât pas et n’entendit pas pendant ses crises. Le démon agissait certainement en cet enfant.
419
LUNATIQUE — LUNE
420
Notre-Seigneur le suppose formellement, et il avertit ses apôtres que ce démon ne pouvait être chassé que par la prière et par le jeûne. Matth., xvii, 20 ; Marc, IX, 28. Saint Luc qui, en sa qualité de médecin, devait savoir distinguer entre un malade et un possédé, n’hésite pas à signaler ici l’influence du démon. Voir Démoniaque, t. ii, col. 1375-1378. Mais il n’est pas nécessaire d’attribuer à cette influence tous les phénomènes que décrit le récit évangélique. Sans doute, le père admet qu’il en est ainsi : mais Notre-Seigneur restreint cette influence à la surdité et au mutisme. Quant à la phrase qu’ajoute saint Marc, IX, 25, à propos du démon : « Et criant, et l’agitant avec violence, il sortit de lui, » elle n’indique pas nécessairement une crise épileptique, mais plutôt une simple brutalité du démon, qui aimait d’ordinaire à signaler ainsi sa retraite forcée. Marc, i,
26 ; Luc, iv, 35.LUNE (hébreu : yârêafy, et trois fois lebânâh, la « blanche », Cant. vi, 10 (Vulgate, 9) ; Is., xxiv, 23 ; xxx, 26 ; Septante : aeXîivi) ; Vulgate : luna), petite planète satellite de la terre.
I. L’astre. — 1° Dieu a fait de la lune ham-rn, â’ôr haq-qâton, tov ç<<><TTÎ)pa tov làaau>, luminare minus, « le petit luminaire, » par
opposition au soleil, « afin
de présider à la nuit. »
Gen., i, 16. Cette prési dence n’implique, bien
entendu, pas autre chose
qu’un envoi de lumière
du haut du ciel à la terre.
Les étoiles sont associées
à cette présidence de la
nuit, Ps. cxxxvi (cxxxv),
9, qui ne s’exerce que par
la lumière que projettent
les astres. Jer., xxxi, 35.
Par la durée de sa révo lution, qui est de vingt sept jours, sept heures et
quarante-trois minutes, la
lune sert à marquer les
temps. Ps. civ (cm), 19.
Chez les anciens, chez les
Hébreux en particulier,
l’année se divisait en mois
lunaires, ce qui donnait
à la lune une importance
spéciale. Eccli., xliii, 6-8.
Cf. Prov., vii, 20. Voir
Année, t. i, col. 641-642.
La clarté de la lune n’égale
pas celle du soleil. I Cor.,
xv, 41, Aux yeux de Dieu,
la lune même n’est pas
brillante. Job, xxv, 5.
Néanmoins son éclat est
tel, sous le ciel limpide de
l’Orient, que l’Épouse du
Cantique, VI, 9, est pro clamée « belle comme la
lune », et qu’on peut dire du pontife Simon, fils d’Onias, qu’il brille comme la pleine lune dans la maison de Dieu. Eccli., l, 6. En la contemplant, le Psalmiste s’étonne que le Créateur, qui a fait les astres, ait eu pour l’homme un regard de prédilection. Ps. viii, 4. Comme le soleil et les étoiles, la lune est invitée à louer Dieu. Ps. cxlviii, 3 ; Dan., iii, 62. — 2° Le cours de la lune étant très régulier et recommençant invariablement avec les mêmes phases, « durer autant que la lune, » c’est durer sans fin. Ps. lxxii (lxxi), 5 ; lxxxix (lxxxvhi), 38. Les phases de la lune font dire que « le sot change comme la lune ».
122. — Le dieu Khonsou.
D’après Mariette, Album photo graphique du Musée de Bou laq, pi. 4.
Eccli., xrvii, 12. Sur la lune arrêtée par Josué, en même temps que le soleil, Jos., x, 12, 13 ; Hab., iii, 11, voir Béthoron 1, t. i, col. 1703. Sur les fruits des lunes ou des mois, Deut., xxxiii, 14, voir Fruit, t. ii, col. 2411. Sur la lune qui brûle pendant la nuit, Ps. cxxi (cxx), 6, voir Insolation, t. iii, col. 886. — Joël, ii, 10, dit que la lune s’obscurcit au passage des sauterelles, à cause des épais nuages que forment ces insectes. — 3° Dans le songe de Joseph, le soleil, la lune et les étoiles qui se prosternent devant lui représentent son père, sa mère et ses frères. Gen., xxxvii, 9, 10. La lune sous les pieds de la femme de l’Apocalypse, xii, 1, marque l’éminente dignité de cette femme. Dans la description de la vieillesse que fait l’Ecclésiaste, xii, 2, le soleil, la lune et les étoiles désignent les yeux, qui sont les lumières du corps. — 4° Des modifications de la lumière lunaire sont fréquemment indiquées dans la description des grandes interventions divines. La lune s’éclipsera au jour du jugement de Babylone, Is., xiii, 10, et de l’Egypte, Ezech., xxxii, 7. Il en sera de même au jour du dernier jugement. Joël, iii, 15 ; Matth., xxiv, 29 ; Marc, xm, 24. À la restauration de Jérusalem, la lune sera aussi brillante que le soleil, Is., xxx, 26, et cependant elle rougira, c’est-à-dire perdra de son éclat, si on la compare à la cité sainte. Is., xxiv, 23. Au jugement dernier, elle sera changée en sang, c’est-à-dire n’aura plus qu’une lumière rougeâtre et sinistre. Joël, ii, 31 ; Act., il, 20 ; Apoc, vi, 12. Divers autres phénomènes affecteront la lumière de cet astre. Luc, xxi, 25 ; Apoc, viii, 12. Dans le ciel, c’est la clarté même de Dieu qui tiendra lieu de celle de la lune. Is., lx, 19, 20 ; Apoc, xxi, 23.
II. Son culte. — 1° Le culte idolâtrique de la lune a été en honneur chez tous les peuples anciens avec lesquels les Hébreux ont été en rapport. En Egypte, Thoth était un dieu-lune, et Isis une déesse-lune, à laquelle on offrait des pourceaux en sacrifice. Hérodote, ii, 47. Cf. Dbllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. ii, p. 264, 270 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 92, 93. Sous la xixe dynastie, le génie Khonsou (fig. 122) fut identifié avec la Lune, et c’est en son honneur que Ramsès III commença’à Karnal’un temple qu’on mit un siècle à terminer. En Syrie, n Chanaan et en Phénicie, la lune devenait une Astarthé. Voir Astarthé, 1. 1, col. 1184-1186. Les Chaldéens adoraient le dieu Sin, qui était un dieu-lune (fig. 123), et le confondaient même parfois avec Anou, le dieu-ciel, le prince des dieux. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 654655 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6 6 édit., t. iii, p. 86-87. À Babylone, un des principaux temples, le Bit-Iz de la Grande-Lumière, était dédié à la lune. Cf. Vigouroux, La Bible, t. iv, p. 163. Elle était particulièrement honorée sous le nom de Naunara à Ur Kasdim la patrie d’Abraham Voir 1. 1, fig. 323, col. 1161 ; fig. 265, t. ii, col. 695, la lune figurée sur des cylindres chaldéens. Chez les Perses, le soleil et la lune étaient, avec les douze constellations, les dépositaires de toutes les faveurs divines. Cf. ûôllinger, Paganisme et Judaïsme, t. ii, p. 196. Le dieu-lune s’appelait Mâo (fig. 124), et il formait l’un des deux yeux d’Ormuzd, l’autre étant le soleil. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, 1899, p. 577, 681. En Asie Mineure, la lune était tantôt une déesse, tantôt un dieu Lunus, le sexe de la déesse variant chez eux comme chez les peuples de l’Orient Cf. Dbllinger, Paganisme et Judaïsme, t. ii, p. 173, 174. Duchesne, Les origines chrétiennes, Paris, 1878-1881, lithogr., p. 44, conjecture que le culte du dieu Lunus n’était pas étranger aux observances de néoménies que saint Paul reproche aux Colossiens, ii, 16 ; Enfin, les Grecs honoraient leur Sélénè^ Odyss., ix, 144 ; Hésiode, Theogon., 371, etc., et les Romains leur Diane. Ovide, Met., xv, 196, etc. — 2° Pour prémunir les Hébreux
contre de tels exemples, la Loi leur recommandait de veiller à ne pas se laisser séduire par le culte du soleil, de la lune et des étoiles, Deut., iv, 19, particulièrement au pays de Chanaan. Deut., xvii, 3. Dans sa confession, Job, xxxi, 26, déclare que, quand la lune s’avançait majestueuse, il ne l’a jamais regardée comme une divinité. — 3° Lorsque l’idolâtrie s’introduisit en Israël, la lune y eut ses adorateurs. Le roi Josias brûla tout ce qui avait servi au culte de l’armée des cieux et chassa les prêtres établis par ses prédécesseurs pour offrir des parfums à la lune et aux autres astres. IV Reg., xxiii, 4, 5. Dans le même temps, Jérémie, viii, 1, 2, annonçait qu’on tirerait de leurs tombeaux les os des rois de Juda et de tous ceux qui avaient aimé, servi et adoré le soleil, la lune et l’armée du ciel, et qu’on les laisserait sur le
nicienne, par conséquent une divinité astrolâtrique de personnification assez variable, et pouvant être successivement ou en même temps la lune, représentée par une Astarthé qui porte le croissant sur la tête, voir t. i, col. 1185, fig. 333, et l’Istar assyrienne ou l’étoile appelée Vénus. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 452. — 4° Dans sa lettre aux captifs de Babylone, Jérémie les met en garde contre le culte des fausses divinités. Il leur rappelle que le soleil, la lune et les autres astres ne sont que des créatures qui obéissent à Dieu, et que les idoles, loin d’être des divinités, ne sont même pas capables d’éclairer comme la lune. Bar., VI, 59, 66. L’auteur de la Sagesse, xiii, 2, reproche aussi aux gentils d’avoir fait de la lune une divinité.
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-rï 123. — Le dieu Sln, recevant l’hommage de deux adorateurs. D’après Menant, Glyptique orientale, t.’i, pi. 4, n. 2.
sol, comme du fumier devant ces astres. Le même prophète parle aussi de la « reine du ciel », mélékef hassâmayim, ce que les versions traduisent par <rxpaTiâ to-j oôpavoû, « armée du ciel, » Jer., vil, 18, ou par [3affûio-ffa toû oùpavoû, regina cseli, la « reine du ciel ». Jer., xliv, 17-19, 25. À cette reine du ciel, les Israélites offraient des gâteaux particuliers appelés kavvdn, xa-jwv. Jer., vii, 18 ; xliv, 19. Voir Gâteau, 10°, t. iii, col. 114,
124. — Le dieu Mao. Monnaie de Kanerkès. PAONANOPAOKA NHPKIKOPANO. Le roi debout, à gauche. — (Ç. MAO. Le dieu Mao ou Lune debout, à gauche, tenant un sceptre.
Les femmes, avec le consentement de leurs maris, lui présentaient de l’encens et des libations, et elles prétendaient que ces offrandes à la déesse leur assuraient la prospérité. Jer., xliv, 17-19, 25. Apulée, Metani., xi, appelle la lune regina cseli, « reine du ciel, » et Horace, Carm. sœc, 35, siderum regina, ce reine des astres. » D’après Hérodien, V, vi, 10, les Phéniciens lui donnaient le nom d’âo-cpoâpxri, qui a le même sens, et les Égyptiens, en accueillant la déesse chananéenne, lui gardaient l’appellation de nibit pit, « dame du ciel. » Ci. Prisse d’Avennes, Monuments égyptiens, pi. xxxvii et p. 7. Dans les textes où il parle de la « reine du ciel », Jérémie a certainement en vue une Astarthé phé LUSTRATION (Septante : âyvKTu-a, iyvia[16z, p « v-Tto- [io’ç ; Vulgate : ablutio, aspersio, lustratio), purification des personnes ou des choses au moyen d’un liquide, eau, sang ou huile. Les versions emploient ces différents mots pour traduire les expressions mê hattâ’f, « eau de péché, » mê niddâh, « eau d’impureté, » qu’elles rendent par eau « d’aspersion », destinée à purifier de l’impureté physique ou morale. Num., viii, 7 ; xix, 9, 13, 20 ; xxxi, 23 ; Zach., xiii, 1 ; Heb., xii, 24. En hébreu, « faire une lustration » ou « une expiation » se dit kippdr, forme pihel qui ne signifie très probablement pas « couvrir », d’après l’arabe kafâr, comme l’ont cru quelques auteurs, mais « essuyer », comme le syriaque kapar, ainsi que l’avait remarqué Raschi. Gen., xxxii, 21. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 383. Le pihel assyrien ukappar "a le même sens que l’hébreu, et les takpirdti sont les lustrations ou expiations pratiquées sur les personnes ou les choses. Ci. Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. xxii-xxui.
1. Lustrations d’eau. — 1° Procédés employés. — Les lustrations d’eau se faisaient par immersion, ablution ou aspersion. — 1. Par l’immersion, on plongeait complètement dans l’eau la personne ou la chose. L’immersion hébraïque a été l’origine du baptême de Jean-Baptiste, puis du baptême chrétien. Voir Baptême, t. 1. col. 1433. — 2. L’ablution était surtout pratiquée pour le visage, les mains et les pieds. Voir Laver les mains, col. 136 ; Lavement des pieds, col. 132. — 3. L’aspersion se faisait en projetant le liquide avec un aspersoir d’hysope, attaché à un bâton de cèdre par un ruban écarlate, Lev., xiv, 51, 52 ; Num., xix, 18 ; Ps. li (l), 9 ; Heb., xix, 19. Voir Aspersion, 1. 1, col. 1116-1123.
2° Lustrations consécratoires. — La lustration servait tout d’abord à consacrer à Dieu les personnes ou les ,
choses, en les séparant de toute attache profane. C’est probablement de cette manière que Moïse, avant de monter sur le Sinaï, sanctifia le peuple, et l’obligea ensuite à laver ses vêtements.- Exod., xix, 14. L’Épitre aux Hébreux, ix, 19, suppose une aspersion d’eau et de sang pour la consécration de l’alliance. Exod., xxiv, 8. Il y eut aussi des lustrations pour la consécration des prêtres. Exod., xxix, 4 ; Lev., viii, 6, et des lévites. Num., viii, 21. Dans le service ordinaire du Tabernacle et du Temple, les prêtres avaient à faire des ablutions avec l’eau de la mer d’airain. Exod., xxx, 17-21 ; II Par., iv, 6 ; Ezech., XL, 38. Le grand-prêtre se préparait ordinairement à l’exercice de ses fonctions par une ablution totale. Le jour de la fête de l’Expiation, il avait à se laver cinq fois tout le corps et dix fois les mains et les pieds. Voir Expiation (Fête de l’), t. ii, col. 2137. Les Israélites prirent plus tard l’habitude de faire des ablutions avant la prière, l’entrée dans le Temple, la participation aux choses saintes, etc. Ps. xxiv (xxm), 3, 4 ; xxvi (xxv), 6 ; I Reg., xvi, 5 ; Judith, xii, 7, 8 ; xvi, 22 ; Marc, vii, 3, 4, etc. Au Temple, on lavait avec soin les différentes parties des victimes, avant de les présenter sur l’autel. Lev., i, 9, 13 ; Exod., xxix, 17.
3° Purifications. — 1. À tous ceux qui avaient contracté quelque impureté légale s’imposaient des lustrations purificatrices. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857-860. On employait alors l’immersion, soit du corps avec les vêtements, soit de l’un et des autres séparément. Cette immersion pouvait se faire en tout temps et tantôt suffisait seule, tantôt devait être accompagnée d’autres rites. Les kelîm ou objets susceptibles de purification lustrale étaient au nombre de sept : vêtements, cilices, objets de peau, d’os, de métal, de bois et de terre cuite. On les purifiait par immersion. Lev., vi, 20-21 ; xi, 25, 28, 40 ; xiii, 6, 34, 54. 56, 58 ; xiv, 8, 47 ; xv, 5-27 ; xvi, 26, 28 ; xvii, 15 ; xxii, 6 ; Num., viii, 7, 21 ; xix, 7, 8, 10, 19, 21 ; xxxi, 24 ; Ps. li (l), 4, 9. — 2. L’impureté était lavée par la lustration, mais l’effet légal n’était produit que le soir du jour où la lustration avait eu lieu. Lev., xi, 25, 40 ; xv, 11, 18, 22, 27 ; Num., xix, 7, 8, 10, 21, 22.
4° Aspersions après le contact d’un mort. — 1. Une grave impureté résultait de tout contact avec un mort ou avec ses restes. L’impureté atteignait tout ce qui se trouvait dans sa maison, personnes et choses. L’aspersion se faisait avec de l’eau à laquelle était mêlée de la cendre de la vache rousse. Voir Vache rousse. Cette eau était appelée mê niddâh, « eau d’impureté, » c’est-à-dire eau destinée à purifier de l’impureté. Num., xix, 9, 13, 20. La cendre de la vache rousse était conservée en trois endroits : au mont des Oliviers, pour les purifications du peuple, dans le Temple, pour les purifications des prêtres, et dans un autre endroit, devant le mur de la ville, en souvenir de la combustion de l’animal. On mettait de cette cendre dans un vase et l’on versait dessus de l’eau vive. Num., xix, 17. Cette eau se puisait ordinairement à la fontaine de Sijoé. En dehors de Jérusalem, on devait procéder autrement. Dans la pratique, on se contentait de placer sur l’eau une pincée de cendre, en quantité suffisante paur qu’on pût l’apercevoir à la surface. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6. — 2. L’impureté contractée au contact d’un mort durait sept jours. L’aspersion avec l’eau lustrale se faisait le troisième et le septième jour. Tout Israélite, même s’il n’était ni prêtre, ni lévite, pouvait la faire, pourvu qu’il fût pur. Comme ce genre d’impureté se contractait partout où quelqu’un mourait, il était indispensable qu’on pût en être purifié même dans les bourgades où ne se trouvait aucun prêtre. L’homme atteint d’impureté se lavait’et lavait ses vêtements après la seconde aspersion, et il redevenait pur le soir du septième jour. Num., xix, 2-22. Le traité Para, dans la Mischna, explique ce qui se rapporte à la
vache rousse et à l’eau lustrale. — 3. Ceux qui avaient pris part à une bataille, tué des ennemis on touché des morts, devaient subir la lustration, eux, leurs prisonniers et tout le butin. L’obligation était si stricte que celui qui s’y dérobait méritait d’être retranché d’Israël. Num., xix, 13, 20 ; xxxi, 19, 23. Cf. Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 114, 115. Quelques auteurs ont pensé que saint Paul fait allusion à la lustration pratiquée après le contact d’un mort, quand il parle de ceux qui se font baptiser pour les niorts, ùicèp twv vexpûv, pro mortuis. I Cor., xv, 29. Il est certain que la préposition ûitèp ne signifie pas seulement « pour, en faveur de », mais aussi « à cause de, au sujet de ». Cf. Bailly-Egger, Dictionnaire grec-français, Paris, 1895, p. 1998. À prendre ces mots isolément, on pourrait croire en effet qu’il s’agit des lustrations que les vivants font à cause des morts. Mais le contexte montre que le baptême en question était reçu pour lès morts, comme pouvant leur servir parce qu’ils doivent ressusciter. Voir Baptême des morts, t. 1, col. 1441 ; cf. Dict. de théologie catholique, t. H, col. 361. La lustration avec l’eau et la cendre de la vache rousse fut pratiquée jusque dans les der niers temps, puisque le traité Para, iii, 5, relate la combustion de vaches rousses sous les grands-prêtres Ananel, nommé par Hérode, Ismaël, fils de Phabi, nommé par Valérius Gratus, et Élionaios, fils de Kanthéra, nommé par Agrippa. Cf. Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 218. Comme la souillure par contact des morts devait se produire fréquemment, et jusque dans les moindres bourgades, il fallait pouvoir se procurer soit la cendre nécessaire, soit de l’eau déjà préparée. Il’y avait, en tout cas, de longues formalités imposées par cette lustration. C’est une des raisons pour lesquelles Notre-Seigneur répond à celui qui veut le suivre, mais demande d’abord à ensevelir son père : « Laisse les morts ensevelir leurs morts. » Luc, ix, 60 ; Matth., vin 22.
5° Les pratiques juives. — 1. Les docteurs juifs avaient réglé par le détail tout ce qui se rapportait aux lustrations. Ils déterminaient ainsi les espèces d’eaux qui pouvaient servir. L’eau des étangs et des fosses, des citernes ou des cavernes, les eaux de montagne même au repos, celles qu’on avait recueillies au moins en volume de quarante se’âh, soit 520 litres, pourvu qu’elles ne fussent pas devenues impures, étaient propres à la préparation du levain et au lavement des mains. Leseaux courantes de montagne servaient au même usage. Les eaux rassemblées en volume d’au moins quarante se’âh convenaient pour les bains de purification et pour le lavage des ustensiles. Il n’en fallait pas moins même pour la purification d’une aiguille. Une source de faible débit avait la même valeur, soit pour les bains soit pour la purification des ustensiles. L’eau courante, bien que minérale ou thermale, purifiait également. X’eau pure de source était exigée pour purifier ceux qui avaient été atteints de flux ou de lèpre, et pour la préparation de l’eau lustrale avec la cendre de la vache rousse. Lesdocteurs ajoutaient beaucoup d’autres prescriptions minutieuses pour l’usage de ces différentes eaux. Le traité Mikvaoth (Lavacra) de la Mischna roule tout entier surce sujet. On voit que les six auges de pierre de Cana, qui contenaient chacune deux ou trois métrètes, soit de 77 à 146 litres, fournissaient, au moins dans leur ensemble, la quantité d’eau suffisante pour les purifications traditionnelles. Joa., ii, 6. Comme cette réglementation n’émanait que des docteurs et qu’il n’était pas toujours possible de satisfaire à leurs exigences, il arrivait bien souvent que, pour le lavement des mains en particulier, on se contentait d’une très faible quantité d’eau. Voir Laver- (Se) les mains, col. 136. — 2.< Les prêtres et leslévites devaient toujours prendre un bain rituel avant d& commencer leur service quotidien dans le Temple. Cf-Yoma, m, 3 ; Tamid, i, 1, 2 ; Middoth, i, 9 ; Testant., xii, -425
LUSTRATION
426
Palriarch. Levi, 9. Ils avaient de plus à se laver les mains et les pieds avec l’eau de la mer d’airain. Exod., xxx, 17-21 ; xl, 30-32 ; Tamid, i, 4 ; ii, 1 ; Philon, Vita Mosis, iii, 15. — 3. Les Esséniens prenaient des bains d’eau troide avant chaque repas, quand ils avaient communiqué avec un étranger et en d’autres circonstances encore. Josèphe, Bell, jud., II, viii, 5, 9, 10. Les pharisiens les imitaient en cela d’aussi près que possible. Matth., xv, 2 ; Marc, vii, 3, 4 ; Luc, xi, 38 ; Chagiga, ii, 5 ; Yoma, iii, 2. — 4. Aux prosélytes, on imposait avec la circoncision et un sacrifice, un bain rituel appelé tebîlâh, destiné à les constituer en état de pureté légale. Cf. Kerithoth, 81 a ; Jebamoth, 46 a ; Pesachim, viii, 8. 6° Les pratiques étrangères. — 1. Les lustrations d’eau ont été en usage chez la plupart des peuples anciens. Elles se pratiquaient spécialement à l’occasion des actes qui se rapportent à la naissance ou à la mort. Hérodote, i, 198 ; ii, 37, les signale chez les Babyloniens, les Arabes et les Égyptiens. Les anciens textes montrent quelle place les ablutions d’eau lustrale et les purifications par l’eau occupaient dans le rituel des Babyloniens et des Assyriens. Cf. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, p. xxm-xxv. Cbez les Égyptiens, l’obligation des purifications préparatoires était si stricte pour le prêtre avant toute fonction liturgique, qu’il en tirait son nom de ouîbou, « le lavé. » Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 123 ; Porphyre, De abstin., iv, 7.
— 2. Chez les Grecs, on n’entrait pas dans les temples sans s’asperger d’eau, soit avec la main, soit avec une branche de laurier. Cette eau était disposée dans des vases placés près de la porte, et on la sanctifiait en y plongeant un tison pris sur l’autel. Cf. Pollux, i, 8 ; Hippocrate, Morb. sacr., 2, etc. À la porte des maisons renfermant un cadavre, on plaçait également des vases pleins d’eau pour s’asperger. Cf. Euripide, À Icest., 98-102 ; Pollux, viii, 7. Le contact d’un mort nécessitait une purification complète. Cf. Euripide, Jphig. Taur., 380. Après la mort d’Alexandre, Perdiccas crut devoir soumettre toute l’armée à une lustration. Justin, xiii, 4. Cf. Diogène Lærce, i, 110 ; Pausanias, II, xx, 1 ; Odyss., IV, 756 ; Thucydide, Bell. Pelopon., iii, 104 ; etc. — 3. Chez les Romains, les lustrations s’imposaient également à l’occasion des rapports conjugaux, cf. Cicéron, Pro Cal., 14 ; Perse, Sat., xi, 15 ; Suétone, À ug., 94, 4 ; de la naissance, cf. Térence, Andr., III, ii, 1, etc. Le huitième jour après sa naissance, pour les filles, et le neuvième, pour les garçons, était le dies Ivstricus, « jour lustral, » où l’on purifiait l’enfant. Cf. Suétone, Ner., 6 ; Macrobe, Saturn., 1, 16 ; Arnobe, iii, 202, etc. On faisait d’autres lustrations après la mort et l’on purifiait les maisons après l’enlèvement du cadavre. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 468-471. On faisait des aspersions d’eau dans les maisons, les temples, les villes entières, on les pratiquait dans les jeux publics, et l’on s’imaginait par là se purifier des parjures, des homicides et de tous les crimes. Ovide, Fast., ii, 45 ; v, 673-690 ; Tertullien, De baptismo, 5, t. i, col. 1204-1205.
II. Lustrations de sang. — 1° Les aspersions rituelles.
— 1. Avant la promulgation de la loi mosaïque, deux aspersions de sang sont déjà mentionnées. Après l’immolation de l’agneau pascal, en Egypte, les Hébreux doivent mettre de son sang sur le linteau et les poteaux de leurs portes, afin d’être épargnés par la dixième plaie. Ils avaient à se servir pour cela d’un bouquet d’hysope. .Exod., xii, 7, 13, 22, 23. Chez les Babyloniens, dans une cérémonie pour le salut du roi, le magicien immolait un agneau, puis oignait avec son sang les linteaux et les montants de la porte du palais. Cf. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, p. xvii, 256. C’était là probablement un ancien rite chaldéen, que Moïse ne fit que reproduire en Egypte. Le sang de la victime avait pour but d’interdire la porte à toute cause de mal. Au désert,
avant de remonter sur le Sinaï, Moïse fit immoler des taureaux par des jeunes gens, et avec une partie du sang, il aspergea le peuple en disant : « Voici le sang de l’alliance que Jéhovah a faite avec vous sur toutes ces choses. » Exod., xxiv, 6-8 ; Heb., iS, 18-21. Cette aspersion fut faite avec un bouquet d’hysope que liait de la laine écarlate. Heb., ix, 19. — 2. Dans la cérémonie de la consécration d’Aaron et de ses fils, Moïse dut prendre avec son doigt du sang provenant du taureau immolé, et en mettre sur les cornes de l’autel ; puis, avec le sang du bélier, marquer le lobe de l’oreille droite, le pouce droit et l’orteil droit d’Aaron et de ses fils ; enfin, prendre du sang sur l’autel avec de l’buile d’onction, et en asperger les nouveaux prêtres et leurs vêtements. Exod., xxix, 12, 20, 21 ; Lev., viii, 15, 23, 24, 30. — 3. Le sacrifice expiatoire comportait plusieurs lustrations de sang. Le prêtre prenait du sang du taureau immolé, entrait dans le Tabernacle et, avec son. doigt, faisait sept aspersions devant le voile du Saint des saints ; puis il mettait du sang sur les cornes de l’autel des parfums, et d’autres fois, sur les cornes de l’autel des holocaustes. Lev., iv, 5-7, 17, 18, 25, 30, 34 ; îx, 9. Les Hébreux regardaient cette lustration de sang et la libation de sang qui suivait comme essentielles au sacrifice expiatoire. Voir Libation, col. 234. Tant qu’elles n’étaient point faites, le péché ne pouvait être remis, Heb., rx, 22, et ni les prêtres, ni les assistants n’avaient aucun droit sur les victimes. Cf. Gem. Zebachim, 26, 2 ; Nazir, vi, 9 ; Siphra, fol. 210, 1. Pour empêcher le sang de se coaguler dans le vase qui le contenait, on l’agitait avec un bâton. Le prêtre montait à l’autel et commençait la lustration par le coin du sud-est et la terminait à l’angle du sud-ouest. Il trempait l’index droit dans le sang et, le pressant avec l’ongle du pouce, il faisait couler le sang sur la corne de l’autel. Cf. Gem. Zebachim, 53, 1. Il essuyait ensuite son doigt sur le bord du vase et le trempait à nouveau pour la lustration suivante, et ainsi de suite. Le sang qui restait après la quatrième lustration était versé à la base de l’autel, pour s’écouler dans le Cédron. Cf. Meila, iii, 2 ; Josèphe, Ant. jud., III, ix, 3 ; Reland, Antiquitates sacrm, p. 160, 161 ; Iken, Àntiquitates hebraicse, Brème, 1714, p. 176-178. Dans le sacrifice pour le délit, si l’on ne pouvait offrir que des oiseaux, on se contentait d’asperger un côté de l’autel avec le sang de la victime. Lev., v, 9. — 4. À la fête de l’Expiation, le grand-prêtre faisait sept aspersions avec le sang du taureau devant le propitiatoire, sept autres avec le sang du bouc devant le propiatoire et sur le propiatoire même. Puis, avec le sang des deux victimes, il faisait la lustration des quatre cornes de l’autel et aspergeait l’autel même. Lev., xvi, 14, 15, 18. C’était une lustration solennelle qai ne se faisait qu’une fois l’an. Exod., xxx, 10 ; Heb., îx, 7. — 5. Pour la purification des lépreux, il fallait aussi des lustrations de sang. Tout d’abord, le prêtre égorgeait un oiseau, trempait dans son sang un aspersoir fait d’hysope lié au bois de cèdre par un ruban écarlate, et aspergeait sept fois le lépreux guéri. Puis, avec le sang de l’agneau du sacrifice, if lui marquait le lobe de l’oreille droite, le pouce droit et l’orteil droit. Lev., xvi, 6, 14, 17, 35, 38. Pour la purification d’une maison dont les murs étaient atteints de la lèpre, voir coI. 186, le prêtre faisait avec le sang de l’oiseau immolé sept aspersions semblables à celles qui étaient prescrites pour le lépreux lui-même. Lev., xiv, 51, 52 — 6. Enfin, quand on avait immolé la vache rousse, le prêtre devait encore faire devant le Tabernacle sept aspersions avec son doigt trempé dans le sang de l’animal. Num, , XIX, 4. — 7. Il est dit, Heb., IX, 21, que Moïse aspergea de sang le Tabernacle et ses ustensiles. Cette aspersion n’est pas mentionnée dans le Pentateuque. Le souvenir en avait été conservé par la tradition. 2° Lustrations païennes. — Chez les Grecs, le sang &
des victimes servait surtout aux libations. Cependant, pour certaines purifications, on arrosait la main avec le sang d’un porc sacrifié. Cf. Athénée, vi, 78. À Athènes, avant l’assemblée du peuple, on aspergeait avec le sang d’un porc les bancs sur lesquels les citoyens devaient s’asseoir. Cf. Dôllinger, Paganisme et judaïsme, Bruxelles, 1858, trad. J. de P., t. i, p. 305. À Rome, on aspergeait du sang des victimes les personnes et les choses. Sous l’empire, les tauroboles et les crioboles devinrent à la mode. Celui qui voulait se purifier se plaçait dans une fosse recouverte d’un plancher percé de trous, sur lequel on immolait un bœuf ou un bélier en l’honneur de Cybèle, la mère des dieux. Le sang tout chaud inondait le personnage, le purifiait pour vingt ans et lui conciliait la faveur divine. D’autres fois, on recourait à cette aspersion sanglante pour assurer le bonheur d’autrui, particulièrement de l’empereur. Cf. Dôllinger, Paganisme et judaïsme, t. iii, p. 248-251.
3° Le sang de Jésus-Christ. — Les Apôtres comparent l’effusion du sang de Jésus-Christ aux lustrations de l’ancienne loi. C’est par ce sang que nous avons été purifiés et sanctifiés. Rom., iii, 25 ; v, 9 ; Eph., i, 7 ; Col., 1, 14, 20 ; I Joa., i, 7 ; Apoc., i, 5 ; v, 9. Par la grâce de l’Esprit-Saint et l’obéissance personnelle, on participe à l’aspersion de ce sang. I Pet., i, 2. Le grand-prêtre entrait chaque année dans le sanctuaire avec le sang des boucs et des taureaux ; Jésus-Christ est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire nouveau avec son propre sang, infiniment supérieur en efficacité au sang des anciennes victimes et à la cendre de la vache rousse. C’est avec son sang qu’il a scellé la nouvelle alliance, bien mieux que Moïse n’avait scellé l’ancienne, en aspergeant le livre et le peuple avec le sang des victimes animales. Heb., ix, 11-25.
III. Lustrations d’huile. — Elles ont été peu fréquentes. Il n’est question d’aspersion d’huile que pour la dédicace-de l’autel des holocaustes, Lev., viii, 10, 11, et pour la purification du lépreux. Lev., xiv, 15, 16, 26, £7. À la consécration d’Aaron et de ses fils, Moïse fit sur eux des aspersions avec un mélange d’huile et de sang. Exod., xxix, 21 ; Lev., viii, 30. On arrosait aussi avec de l’huile les offrandes de farine ou de gâteaux. Lev, , ii, 4, 5, 7 ; vi, 15, 21 ; Num., vi, 15 ; vii, 13-79, etc. Voir Huile, t. iii, col. 775. Sur l’emploi de l’huile pour le sacre des rois, voir Onction.
IV. Symbolisme des lustrations. — 1° L’eau. — Le symbolisme de l’eau ressort de sa nature même. L’eau purifie les corps, d’autant plus efficacement qu’elle même n’est pas corrompue. Voilà pourquoi on exigeait ordinairement de l’eau vive, qui n’eût encore été souillée par aucun contact, Num., xix, 17, ou de l’eau en grande quantité. Les ablutions étaient d’autant plus répétées qu’on tenait à obtenir une pureté plus grande. Les lustrations d’eau symbolisaient donc la pureté intérieure réclamée pour le service de Dieu. Le Seigneur daigna même parfois se servir du symbole extérieur pour produire l’effet qu’il figurait, comme dans la guérison de Naaman, à la suite de sept bains dans le Jourdain, IV Reg., v, 10, 14, et dans le baptême chrétien. La valeur de ce symbole est indiquée par l’Église qui, dans la bénédiction solennelle des fonts le samedi saint, demande que ces eaux pures, « outre la purification naturelle qu’elles peuvent procurer en lavant les corps, soient également efficaces pour purifier les âmes. »
2° Le sang. — 1. D’après la Sainte Écriture, le sang est le néfès, la vie même. Lev., xvii, 10, 14 ; Deut., xii, 23. Cf. Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 238-243. Le sang, principe ou condition essentielle de vie corporelle, symbolise par là même la vie morale et spirituelle rendue à celui qui a péché, par l’immolation de la victime qui lui a été substituée et par l’application de son sang. Cette application par la lustration était réputée nécessaire pour la rémission du
péché. Le sang mis à l’oreille et aux doigts de la main et du pied d’Aaron et de ses fils marque l’introduction en eux d’une vie nouvelle. Car il faut que le prêtre soit disposé à entendre la loi de Dieu, à mettre la main à son exécution, à marcher selon ses prescriptions. Cf. Saint Cyrille d’Alexandrie, De adorât., xi, t. lxviii, col. 760. Le même rite était pratiqué pour le lépreux guéri, afin de signifier le droit qu’on lui rendait de converser avec ses semblables et de renouer ses rapports avec eux. L’aspersion du peuple par Moïse, pour la confirmation de l’alliance, Exod., xxiv, 8, appliquait au peuple le sang de la victime et lui donnait part à la nouvelle vie religieuse. Les différents objets du sanctuaire ayant pour but de manifester la présence de Dieu, et les cornes de l’autel représentant ses perfections, voir Corne, t. ii, col. 1010, quand on faisait des lustrations de sang sur les cornes de l’autel, devant le Saint des saints ou sur le propitiatoire, on renouait ou on resserrait la vie religieuse d’Israël avec son Dieu, après qu’elle avait été compromise par le péché. — Quelquefois on mêlait l’eau avec le sang, Heb., îx, 19, peut-être pour empêcher ce dernier de se coaguler. Les deux symbolismes s’unissaient alors. « L’eau a dans les purifications le même rôle que le sang dans les sacrifices ; ils représentent l’expulsion du principe de péché, celle-ci du corps de l’homme, et celui-là de son âme vivante ». Bâhr, Symbolik, t. ii, p. 465. C’est pourquoi il est dit de Jésus-Chrit, qui a changé en réalité le symbolisme de l’Ancien Testament, qu’il est venu « par l’eau et le sang ». I Joa., v, 6. 3° L’huile. — 1. Elle symbolise l’esprit de Dieu. Cf.
I Reg., x, 1, 6 ; xvi, 13, 14 ; ls., lxi, 6 ; Act., x, 38 ;
II Cor., i, 21 ; I Joa., ii, 20, 27. La raison de ce symbolisme est que l’huile est une source de lumière et de vie, représentant ainsi l’Esprit de Dieu, principe de toute lumière et de toute vie. La lumière, c’est pour l’Israélite la loi de Dieu ; la vie, c’est la conformité de sa volonté avec cette loi. Ps. xxxvi (xxxv), 10 ; Prov., vi, 23. Cette conformité conduit à la sainteté. L’huile de sainteté, Ps. lxxxix (lxxxviii), 21, sert donc à consacrer le prêtrepour le service de l’esprit de sainteté. Ps. li(l), 13 ; ls., lxiii, 10, 11. Cf. Bâhr, Symbolik, t. ii, p. 171-174. La lustration d’huile signifie pareillement, pour le lépreux, le retour à la lumière et à la vie dans les conditions normales. —2. L’huile était mêlée au sang pourla consécration des prêtres. Le sang marquait la relation dans laquelle le prêtre allait être avec Dieu, tandis que l’huile indiquait sa consécration, par conséquent la dignité qui lui était conférée personnellement. Cf. Bâhr, Symbolik, t. H, p. 425.
4° La cendre. — Celle de la vache rousse entrait dans la composition de l’eau lustrale destinée à purifier du contact des morts. Le mélange de l’eau et de la cendre, , très propre à purifier physiquement certains objets, a : été regardé par les anciens comme un excellent moyen de purification.. Cf. Virgile, Eclog., viii, 101 ; Ovide, Fast., IV, 639, 725, 733, etc. Dans l’Inde, on s’en sert encore pour les purifications religieuses. Cf. Rosenmûller, Dos alte und das neue Morgenland, Leipzig, 1818, t. H, p. 200. La cendre de la vache rousse n’était pas une cendre quelconque ; elle provenait d’un animal immolé pour le péché, Num., xix, 9, 17, et de plus elle semblait concentrer en elle la vertu purificatrice du feu, puisque l’animal avait été complètement brûlé. Le symbolisme de la cendre renforçait donc celui de l’eau. IL fallait qu’il en fût ainsi, parce que la souillure provenant du contact d’un mort était regardée par les Hébreux comme la plus grave de toutes. Cf. Kelim, 1, 4.
5° L’aspersoir. — 1. On se servait ordinairement du doigt pour les lustrations de sang ou d’huile à faire aux cornes de l’autel, sur les oreilles, les mains et les pieds de certaines personnes. Lev, , iv, 6, 25, 30, 34 ; viii, 15 ; ix, 9 ; xiv, 17, 28, etc. C’est également avec le doigt seul qu’on faisait les aspersions de sang devant le sanctuaire
ou sur le propitiatoire. Lev., iv, 17 ; xiv, 16, 27 ; xvi, 14, 10 ; Num., xix, 4. Il n’y a probablement pas à chercher de symbolisme dans ce procédé. On se servait du doigt comme de l’instrument le plus approprié pour accomplir le rite. Peut-être faut-il voir dans les aspersions du sanctuaire avec le doigt, ordinairement faites par le grand-prêtre, l’indication d’un rapport immédiat, sans intermédiaire instrumental, entre le ministre sacré et la divinité. — 2. L’aspersoir généralement prescrit se composait d’un morceau de bois de cèdre auquel on attachait une branche d’hysope à l’aide d’un ruban de laine cramoisi. L’hysope est une plante aTomatique. Voir t. iii, col. 796. Dans toute l’antiquité, on lui a attribué une vertu purificatrice. Ps. li (l), 9. On la mêlait aux aliments et on l’utilisait comme médicament pour débarrasser la poitrine des humeurs nuisibles. Cf. Dioscoride, De materia médical., iii, 30 ; S. Augustin, In r$. L, 12, t. xxxvi, col. 593. Les prêtres égyptiens, Porphyre, De abstin., iv, 6, et les thérapentes, d’après l’écrit attribué à Philon, cf. Schùrer, Geschichte des jtidischen Volkes, t. iii, p. 535, mettaient de l’hysope dans leur pain, en vue de se purifier. Le cèdre est un arbre dont le bois est odoriférant et incorruptible. Voir t. ii, col. 377 ; Pline, H. N., xlyi, 73, 79. On employait l’huile de cèdre pour préserver de la putréfaction, et même pour conserver les cadavres. Pline, H. N., xvi, 39. Dioscoride, De mat. med., i, 105, l’appelle vsxpoO ÇtoTj, « vie du mort, » et il signale la résine du cèdre unie à l’hyssope comme spécifique contre les maladies de peau, ce qui explique l’emploi du cèdre et de l’hysope dans l’aspersion du lépreux. Lev., xiv, 4. C’est comme symbole d’incorruptibilité et de purification que le cèdre intervient ici, accentuant ainsi le symbole de l’hysope. Chez les Babyloniens, le bârû ou devin devait avoir en main, dans ses fonctions rituelles, « le cèdre cher aux grands dieux. » Cf. Marlin, Textes religieux
par le cèdre, qui s’élève dans les hauteurs, la foi par l’hysope, qui s’attache humblement au rocher, la charité par le cramoisi, qui a la couleur du feu. Saint Thomas, Sum. theol., I" II*, q. cil, a. 5, ad 5 um, voit dans le bois de cèdre l’incorruptibilité, dans le cramoisi la fixité de la couleur, dans l’hysope la conservation de l’odeur même quand la plante est desséchée, et il applique le symbole au texte de la Vulgate : Ut sint multi-. tudini filiorum Israël in custodiam, « afin qu’elles (les cendres de la vache rousse) servent à garder la multitude des enfants d’Israël, » Num., xix, 9, tandis qu’il faut traduire l’hébreu : « Afin qu’elles soient à la garde de l’assemblée des enfants d’Israël, pour l’eau de purification. » Quand il s’agil des aspersions devant le Tabernacle, saint Thomas, ibid., adopte l’explication symbolique de saint Augustin. D’autres croient que le cèdre, l’hysope et le cramoisi représentent l’orgueil, l’humilité et les péchés, III Beg., iv, 33 ; Is., i, 18 ; la sublimité du Christ, son abaissement, son sang répandu ; le corps, l’âme et l’esprit ramenés à la pureté ; l’éloignement de la corruption, la suppression de la mauvaise odeur (du lépreux), le retour de la couleur dans sa chair, etc. Ces explications sont moins satisfaisantes que la première. Elles serrent de moins près la nature des objets employés et, pour la plupart, considèrent dans le cèdre surtout sa hauteur, alors qu’il n’est question que d’un simple morceau de bois. Il est à remarquer que l’kysope seul est mentionné dans l’aspersion des portes en Egypte, Exod., xii, 22, et dans l’aspersion avec l’eau de la vache rousse, Num., xix, 18, parce que dans ces occasions on ne pouvait aisément se procurer du bois de cèdre, et que dès lors le lien en ruban cramoisi devenait
inutile.LUTH, instrument à cordes dont on fait dériver le nom de l’arabe i^ » U, al-’ûd.— 1° Dans l’Écriture. — Il est
125. — Luths égyptiens. Thèbes, D’après Champollion, Monuments de l’Egypte, pi. cliv et O.K.
assyriens et babyloniens, p. 233. Le ruban cramoisi est le symbole de la vie dans sa plénitude et sa force. Voir t. H, col. 1070, et Bàhr, Symbolik, t. i, p. 333-338. Il y a donc là un triple symbole, convergeant à l’expression d’une même idée : le bois de cèdre, marquant l’incorruptibilité, le cramoisi, signifiant la plénitude de la vie, et l’hysope faisant disparaître le principe de corruption pour conduire à la vie. Cf. Bàhr, Symbolik, t. ii, p. 504, 505. On donné. d’autres explications du triple symbole. Saint Augustin, Qusest. in Heptat., iv, 33, t. xxxiv, col. 731, dit que l’espérance est représentée
possible que le mot’édût, dans le titre hébreu de3 Psaumes lx et lxxx, corresponde à l’arabe-’ûd, et désigne le luth. Voir Édut, t. ii, col. 1598. En dehors des titres des Psaumes, qui peuvent être bien postérieurs aux Psaumes eux-mêmes, le luth n’est pas désigné avec certitude dans la Bible. Toutefois le nom hébreu de nébél, dont l’assimilation avec le néfer égyptien est très probable, désigne peut-être le luth. Voir Nébel. La version anglaise revisée adopte la traduction Iule dans Isaïe, v, 12 (hébreu nébél) et dans I Mach., iv, 54. Les anciennes versions arabes rendent kinnôr soit par’ud,
soit par lanbur ou tanbura, qui est un instrument do la même famille, formé, d’un corps de résonance circulaire, pourvu d’un très long manche et de deux ou trois cordes. On le joue avec les doigts, ou avec un plectre d’écaillé, ou une plume d’aigle. Sa vogue et son importance furent presque égales à celles du luth. L’un et l’autre instrument sont figurés sur les monuments égyptiens (fig. 125 et 126), plus rarement en Assyrie (fig. 127).
developements of the arabic music, Leyde, 1883, p. 157 ; Kiesewetter, Die Musik der Araber nach Originalquellen, Leipzig, 1842. C’est l’instrument le plus répandu dans l’usage actuel, en même temps que le plus ancien dans l’école musicale arabe. Sa sonorité douce et profonde se prête à l’accompagnement des autres instruments et surtout des voix.
4° Perfectionnements. — À l’origine le luth avait deux
126. — Scène musicale, flûte, harpe, luth, lyre. Thèbes. D’après Champollion, Monuments de VÉgypte, pi. CLXXV, 2.
2° Description. — Instrument à cordes pincées ou grattées, de la famille des guitares et mandolines, composé d’un ample corps de résonance en bois, très rebondi, etxd’une table de bois, armée d’ouïes ; et pourvu
127. — Luth assyrien.
D’après Rawlinson, The flve great monarchies, 1864, 1. 1, p. 156.
d’un tire-cordes, fixé à la partie inférieure de l’instrument, d’un manche court et d’un chevillier renversé en arrière du manche. Le luth des Arabes modernes est fait de bois de noyer et d’abricotier ; la table est en bois de sapin très fin, et les ouïes en bois précieux ou en os de chameau. Les chevilles sont d’ordinaire en buis.
3° Origine. — Le luth est venu très anciennement de l’Inde, par la Perse. Land, Remarks on the earliest
cordes, la « grave », bamm, et 1’ « aiguë », zir, placée « au-dessous » de l’autre et répétant les sons à l’octave haute. Les Arabes insérèrent deux cordes intermédiaires et obtinrent par là une échelle tonale de quatre tétracordes, soit deux octaves moins deux sons. Plus tard, c’est-à-dire après le xe siècle, apparut une cinquième corde, et la série fut ainsi de deux octaves pleines. À la suite de perfectionnements successifs, le jeu de cordes du luth devint ce qu’il est de nos jours. Les cordes, en boyau ou en soie, sont généralement au nombre de onze ou douze, soit une ou deux cordes simples (additionnelles ) destinées à fournir les notes basses, et cinq cordes doubles. Parfois on trouve sept paires de cordes. L’accord est le suivant : sol2, la2, ré3, sol3, uti, lai (grave), ou, selon l’accord de Constantinople : ré2, mÎ2, la2, ré3, sols, lai. Anciennement, l’accord du luth était entièrement par quarte, au point que les théoriciens appelaient « accord de luth », l’accord d’un instrument à la quarte, Land, Recherches sur l’histoire de la gamme arabe. Extraits du Livre de la Musique d’Al-farabi, Leyde, 1884, p. 86. Gonséquemment la première corde du luth se trouvait anciennement de deux degrés plus basse. Le doigté est le même aujourd’hui qu’au Xe siècle. Le musicien, assis, tient le corps de l’instrument sur ses genoux et contre sa poitrine, et joue avec une plume qu’il a dans la main droite, grattant les cordes sur les ouïes de la table, tandis que la main gauche tient le manche de l’instrument et presse les cordes avec les quatre doigts libres. Ces conditions sont les plus favorables à l’exécution de traits rapides. Les sillets qui marquaient la place des notes le long du manche, au Xe siècle, disparurent quand les modes musicaux se développèrent. Enfin, les cordes, qui avaient un unique point d’assemblage à la base, et s’écartaient en triangle, ont été rendues parallèles par le tire-cordes, devenu nécessaire quand on augmenta le nombre des cordes. — Les instruments de même famille encore en usage aujourd’hui sont utiles à décrire, pour faire comprendre la structure du luth ancien. — Les Persans jouent le thar, mandoline en boif.j mûrier, pourvue d’un gros manche en
noyer et de clefe de buis, couverte d’une peau d’agneau mort-né, et pourvue de cinq cordes, deux en fil de fer et deux en laiton. Le dotHar, plus petit, a deux cordes de soie jaune et se joue avec l’ongle de l’index droit, tandis que le thar se frappe avec un plectre de cuivre. Voir V. Advielle, La musique chez les Persans en 1885, ’Paris, 1885, p. 12-13. J. Parisot.
- LUTHER Martin##
LUTHER Martin, hérésiarque, né à Eisleben (Thuringe), le 10 novembre 1483, mort dans cette ville le 18 février 1546. Il fréquenta l’université d’Erfurt de 1501 à 1505 et en sortit avec le titre de maître (magister). Poussé par l’effroi que lui causa la mort subite d’un ami, il entra, malgré l’opposition de son père, un ouvrier mineur, dans l’ordre de Saint-Augustin. Le sacerdoce lui fut conféré en 1507, et en 1508 il obtint une chaire de philosophie à la nouvelle université de Wittenberg. Il y enseigna la dialectique et l’éthique d’Aristote. En 1509 il devint Baccalaureus ad Biblia, revint à Erfurt où il resta un à deux ans, puis alla à Rome pour y traiter des affaires de son ordre. Il quitta Rome plein d’admiration pour tout ce qu’il y avait vu et appris. -De là il revint à Wittenberg, où il obtint le grade de docteur le 18 octobre 1512. En 1515, il fut nommé vicaire de son ordre dans la Misnie. Dès cette époque s’élevèrent des doutes sur son orthodoxie. En 1517, la veille de la Toussaint, il commença à attaquer l’Église catholique en lui opposant son hérésie sous le titre d’ « Évangile », et la guerre qu’il lui fit ne cessa qu’avec sa vie même. Luther a exercé une grande influence. C’est à lui qu’est du le développement de la science biblique dans le sein du protestantisme depuis son époque jusqu’à nous, de la doctrine de l’inspiration verbale jusqu’au nihilisme moderne en matière biblique. Le rationalisme biblique est le fils de cet hérésiarque. Vigouroux, Esquisse de l’histoire du rationalisme biblique en Allemagne, dans La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, 1. 1, 1-109. Après avoir admis primitivement l’inspiration verbale la plus stricte, comme les extrêmes se touchent, on en est venu à abandonner entièrement l’inspiration en la remplaçant par le rationalisme du xviiie siècle et par la critique nihiliste du xix « . Les différentes étapes du chemin parcouru sont indiquées par les noms de Grotius, de Locke, de Lessing, de Strauss, de Harnack. Voir Allemande (Exégèse rationaliste), t. i, col. 370.
Luther est l’auteur de la version allemande de la Bible dite luthérienne. Cette Bible allemande devait, dans sa pensée, tenir la place de l’autorité de l’Église qu’il avait rejetée. h’Evangelium, comme il nomme constamment son hérésie, devait tenir lieu de tout. À l’en croire, il fut le premier à faire connaître la Bible aux Allemands : Die Biblia war im Papsttum den Leuten unbekannt. Luther’s Tischreden, Erlangen Ausgabe, t. lvii, 1854, p. 35. En réalité il ne fut pas le premier traducteur de la Bible en allemand. Kehrein, dans le Kirchenlexikon, 2e édit., Fribourg, 1883, t. ii, col. 753-754, énumère 14 éditions imprimées avant Luther, tant en haut allemand qu’en bas allemand, et encore ne les connaît-il pas toutes. Ce qui est vrai, c’est que sa traduction est supérieure à celles de ses.devanciers par le style et la beauté du langage, malgré de graves défauts. Voir Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, ergdnzt und herausgegeben von Lud. Pastor, 1o=-12 B édit., Fribourg, 1893, t. vii, p. 543-575. Au point de vue de la langue la Bible de Luther, surtout après les nombreuses retouches des luthériens et d’autres, est devenue un chefd’œuvre, mais au point de l’exactitude et de la fidélité elle est très défectueuse. Voir Allemandes (Versions) de la Bible, t. i, col. 376-378.
Les ouvrages les plus importants de Luther sur l’Écriture sont : 1. Predigten ûber 1. Mosis und S. Mosis, 4524-1536 (Luther’s Werke, Erlangen Ausgabe, t. xxxm xxxv) ; 2. In Deuleronomium, S. Mosis, 1525 (Erl. Ausg., Exeg. Op., t. xiii) ; 3. Auslegung der Psalnien, explications diverses réunies dans l’édition d’Erlangen, t. xx’vii-xli ; 4. Auslegung der Hohelied, édit. de Walch, Halle, t. v, p. 2385-2506 ; 5. Auslegung zu Habakuk, 1526 (Erl. A., t. xlii, p. 1-107) ; zu Zacharie, 1527 (Erl. A., t. xlii, p. 108-862) ; zu Daniel, 1530 et 1546 (Erl. A., t. xli, p. 232-323) ; 6. Predigten ûber Matthæus cap. xrm, 24-cap. xxiv, 1537-1540 (Erl. A., t. xliv-xlv) ; 7. Kommentar zum Galaterbrieꝟ. 1519 (Weimarer Ausgabe, t. ii, p. 436-618) ; 8. zu I Pétri, 1523 ; 1539 (Erl. A., t. lu) et beaucoup d’opuscules traitant différentes parties de l’Écriture. L’édition d’Erlangen contient tous les commentaires latins dans la série : Opéra Lutheri exegetica latina, t. i-xxm, 1829-1861 ; t. xxiv-xxviii, 18841886, et en dehors de la série, le Kommentar zum Galaterbrief, 3 in-8o, 1843-1844.
Les différentes éditions des œuvres de Luther sont : 1. L’édition de Wittenberg, 1539-1558, 19 in-f », douze en allemand et sept en latin, avec une préface de Luther au t. Ier allemand et au t. i « latin (1545). — 2. L’édition d’Iéna, 12 in-f », 1555-1558, 8 en allemand et 4 en latin ; de plus deux volumes supplémentaires, Eisleben, 1564-1565 ; cette édition a eu plusieurs réimpression^, 1556-1564, 1575-1580. — 3. L’édition d’Altenburg, 10 in-f », 1661-1664, contenant les œuvres allemandes seulement et des traductions de plusieurs ouvrages latins. Elle est fort incomplète, malgré un volume supplémentaire publié en 1702 à Halle. — 4. L’édition de Leipzig, 23 in-f°, 1729-1740 ; elle se base sur l’édition d’Altenburg. — 5. L’édition de J. G. Walch, 24 in-4o, Halle, 1740-1750, rééditée à Saint-Louis (États-Unis), 1880. Les ouvrages latins y sont traduits en allemand. Cette édition, quoique assez complète, est défectueuse à plusieurs points de vue : elle modernise l’allemand de Luther, l’interprétation du latin laisse à désirer, et on n’y trouve aucun renseignement sur les éditions dont elle fait usage. — 6. L’édition d’Erlangen et Francfort, 1826, inachevée. Elle donne les ouvrages allemands, t. i-lxvii, 1826-1857, Exegetica opéra latina, t. i-xxm, 1829-1861, t. xxiv-xxxviii, 1884-1886. — 7. L’édition de Weimar, Dr. M. Luther’s Werke, Kritische Gesammtausgabe, in-8o, Weimar, 1883 sq. ; ont paru en 1901, t. i-xxiv, excepté t. X, xvrt, xviii.
Sur Luther, voir Vogel, Bibliotheca biographica Lutherana, Halle, 1851 ; et depuis, Janssen, Geschichte des deutschen Volkes, 9o -12e édit., Fribourg, 1883, t. I et m. — Cardinal S. Hergenrother, dans Conciliengeschichte, von Hefele, Fortsetzung, t. IX, Fribourg, 1890. — Evers, Martin Luther, ein Lebens-und Charakterbild, 6 in-8o, Mayence, 1883-1891. Parmi les auteurs protestants, citons : von Ranke, Deutsche Geschichte im Zeitalter der Reformation, 6 in-8, 5e édit, , Leipzig, 1873. — J. Kœstlin, Martin Luther, sein Leben und seine Schriften, 2 in-8o, Elberfeld, 1875 ; 3e édit." abrégée, 1883. — G. Plitt et E. F. Petersen, Dr. Martin Luther’s Leben und Wirken, Leipzig, 1883. — Th. Kolde, Martin Luther, eine Biographie, Gotha, 1884. — Sur la traduction de la Bible par Luther, voir la bibliographie, Allemandes (Versions) de la Bible, t. i, col. 377-378, et Hagemann, Nachricht von denen fûmehmsten Uebersetzungen der Kl. Schrift, 2e édit., Brunswick, 1750/Hopf, Wûrdigung der hilherischen Bibelûbersetzung mit Rùcksicht auf altère und neutre Uebersetzungen, Nuremberg, 1847 ; Bindseil, Verzeichniss der Originalrvusgaben der lutlterischen Vebersetzung der Bibel, Halle, 1841. E. Michels.
- LUTTE##
LUTTE, combat corps à corps (fig. 128). L’action de lutter est exprimée en hébreu par le verbe’âbaq, à la forme niphal, né’ëbaq ; Septante : èmiXaisv : Vulgate : luctabatur. Il a pour racine le mot’âbâq, poussière, à cause de la poussière que faisaient les lutteurs. — Au mo
ment où il passait le gué de Jaboc, Jacob rencontra un ange sous forme humaine, qui lutta avec lui jusqu’au matin et qui, ne pouvant le vaincre, hii dessécha le nerf de la cuisse. À la suite de cette lutte, l’ange lui donna le nom d’Israël, c’est-à-dire : « fort contre Dieu. » Gen.,
Luc, xii, 19, 20, 29, 30. Il montre le mauvais riche vivant ici-bas dans le luxe, mais châtié dans l’autre vie, par une juste compensation. Luc, xvi, 19, 25. Loin de blâmer le luxe pieux dont il est l’objet de la part de Marie-Madeleine, il en fait l'éloge. Matth., xxvi, 7 128. — Athlètes égyptiens s’exerçant à la lutte. Beni-Hassan. D’après Ctaampollion, Monuments de l’Egypte, pi. ccclxiv.
xxxii, 23-28. Voir Jacob, ii, t. iii, col. 1068. — Saint Paul compare à la lutte des athlètes les combats du chrétien contre le démon, il les appelle itaXr), colluctatio. Eph., vi, 12. — Sur les règles de la lutte, voir Athlète, t. i, col. 1225. E. Beurlier.
LUXE, usage d’objets superflus et coûteux pour la nourriture, la toilette, l’habitation, etc. — 1° Les Hébreux menaient en général une vie simple. Le luxe ne s’introduisit chez eux qu’exceptionnellement, dans les palais des rois et ensuite chez les riches, particulièrement à Jérusalem. La magnificence de Salomon, à sa table, dans ses vêtements et ses palais, est longuement décrite dans la Bible. III fieg., IV, 21-28 ; x, 11-29 ; II Par., ix, 10-28. Les rois, ses successeurs, l’imitèrent selon leurs moyens. Leurs rapports avec leurs puissants et riches voisins d’Egypte, de Tyr, de Syrie et d’Assyrie, excitèrent leur émulation. Ils s’efforcèrent de mener une vie somptueuse, qui leur permit de faire bonne figure auprès des autres monarques orientaux. Le pieux roi Ézéchias lui-même fut assez fier de montrer ses trésors à Bërodach(Mérodach)-Baladan, fils du roi de Babylone. IV Reg., xx, 12, 13 ; Is., xxxix, 1, 2. Les femmes israélites, comme toutes les femmes orientales, avaient un faible pour les parures d’or. Au désert, à la demande d’Aaron, elles en offrirent pour la fabrication du veau d’or. Exod., xxxii, 2-4. Elles gardèrent néanmoins la plus grande partie de leurs objets précieux. Aussi quand, un peu plus tard, Moïse fit appel à la générosité de tous pour la fabrication du mobilier sacré, l’or afflua entre ses mains, ainsi que les pierres et les étoffes précieuses. Exod., xxxv, 4-29. À l'époque d’Isaïe, un grand luxe présidait à la toilette des femmes de Jérusalem. Le prophète énumère les principaux objets dont elles aimaient à se servir. Is., nr, 16-24. Plus tard, sous les Séleucides, les formes du luxe grec tendirent à s’acclimater à Jérusalem. I Mach., i, 15, 16 ; II Mach., iv, 11-16. — Sur les objets de luxe en usage chez les Hébreux, voir Anneau, t. i, col. 632 ; Bijou, t. i, col. 1794 ; Bracelet, t. i, col. 1906 ; Chaîne, t. ii, col. 479 ; Chambre a coucher, t. ii, col. 516 ; Chaussure, t. ii, col. 631 ; Collier, t. ii, col. 834 ; Croissants, t. ii, col. 1127 ; Festin, t. ii, col. 2212 ; Maison, Meubles, Miroir, Palais, Parfum, Vêtement.
2° Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur mentionne les habits de luxe que portent les courtisans dans les maisons des rois. Matth., xi, 8 ; Luc, tu, 25. Il recommande de ne pas s’attacher aux choses superflues et d’attendre le nécessaire du Père qui est dans les cieux.
13 ; Marc, xiv, 3-9 ; Joa., xii, 3-8. Il permet que Joseph d’Arimathie l’ensevelisse dans le sépulcre que ce riche personnage s'était préparé pour lui-même. Matth., xxvii, 60 ; Luc, xxiii, 53. Saint Paul explique en ces termes le cas qu’un chrétien doit faire du luxe : « Nous n’avons rien apporté en ce monde, et il est clair que nous n’en pouvons rien emporter. Ayons la nourriture et de quoi nous vêtir, et contentons-nous-en. Car ceux qui veulent s’enrichir tombent dans la tentation, dans le piège du démon, et dans beaucoup de convoitises frivoles et pernicieuses qui engloutissent les hommes dans la ruine et la perdition. » I Tim., vi, 7-9. Voir Richesse. Ces paroles de l’Apôtre ne condamnent pas absolument la possession et la jouissance de la richesse, ni même l’effort qu’on fait dans une légitime mesure pour l’acquérir. Il veut surtout qu’on n’y attache pas son cœur par une convoitise trop ardente, de nature à faire perdre de vue l’avenir éternel. Cf. S. Augustin, Serm., clxxvii, 6-8, t. xxxviii, col. 950-958." Il y a d’ailleurs, au sujet du luxe, à tenir compte, suivant la situation de chacun, soit des préceptes, soit des conseils évangéliques. Saint Paul tend évidemment à conduire les chrétiens dans la voie indiquée par ces derniers.
LUXURE (grec : âxocOocperfa, ieréXyetoc, àawnia, iropvefoc ; Vulgate : immunditia, impudicitia, luxuria), nom générique comprenant toutes les formes de l’impureté. Voir Adultère, t. i, col. 242-245 ; Courtisane, t. ii, col. 1091-1092 ; Fornication, t. ii, col. 2314-2317 ; Inceste, t. iii, col. 864-867 ; Prostitution. À ces formes de luxure, il faut en joindre deux autres, que la Loi punissait de mort : la bestialité, Exod., xxii, 19 ; Lev. r. xviii, 23>xx, 15, et la sodomie. Lev., xx, 13 ; I Cor., vi, 10 ; I Tim., i, 10 ; II Pet., Il, 7 ; Gen., xix, 4-11. — 1° Jérémie, v, 7, reproche aux habitants de Jérusalem leurs luxures de tout genre. Sous les rois de Syrie, le Temple de Jérusalem, changé en temple de Jupiter, était devenu un rendez-vous pour la luxure. II Mach., VI, 4. Les diverses formes de la luxure, familières aux païens, I Pet., iv, 3, 4, et entrées dans la pratique des faux prophètes ennemis de l'Évangile, II Pet., ii, 2, 18 ; Jud., 4, ferment le ciel à celui qui les adopte. Gal., v, 19. Sara, fille de Raguel, proteste que ce n’est pas dans une pensée de luxure qu’elle épouse le jeune Tobie. Tob., viii, 9. — 2° La Vulgate emploie les mots luxuria, luxurior, Vuxuriosus, dans plusieurs cas, où il s’agit simplement d’ivrognerie, de bonne chère, ~de plaisirs faciles. Deut., xxi, 20 ; xxviii, 54 ; Eccle., x, 17 ; Sap., ii, 8, 9 ; Eccli. r xi, 29 ; xiv, 4 ; xxi, 28 ; Luc, xv, 13 ; Eph., v, 19 ; Tit. »
i, 6 ; Jacob., v, 5 ; II Pet., ii, 13. Ces choses ne peuvent d’ailleurs que favoriser la luxure, comme le dit la V.ulgate, Prov., xx, 1, dans un texte qui signifie seulement en hébreu : « Le vin est moqueur, s II est dit de veiller à la fille luxurieuse, luxuriosa ; il y a dans le texte grec : àStaTpÉTtro ; , « sans réserve. » Enfin saint Paul dit à Timothée de se défier des jeunes veuves qui luxuriatse fuerint in Christo, « qui se sont mal conduites dans le Christ, » en grec : xaia.Tzpriviâ<ra>m toO XpiuxoC, « qui font fi du Christ, » qui l’abandonnent pour se remarier.
I Tim., v, 11.LUZA, nom d’une ville chananéenne et d’une ville héthéenne.
1. LUZA (hébreu : Lûz ; Septante : AouÇa ; dans Gen., xxviii, 19 : OyXa|j.XoiJÎ, par l’union des deux mots du texte original : ’ûlâtn Luz, c’est-à-dire, appelée « auparavant Lûz » ), nom primitif de la ville qui fut appelée par les Hébreux Béthel, ou du moins d’une localité tout proche de l’endroit où s’élève la Béthel israélite. Voir Béthel 1, t. î, col. 1673. Gen., xxviii, 19 ; xxxv, 6 ; xlviii, 3 ; Jos., xvi, 2 ; xviii, 13 ; Jud., i, 23.
2. LUZA (hébreu : Lûz ; Septante : AoûÇâ), ville du pays des Héthéens. Lorsque la maison de Joseph alla attaquer Luza-Béthel au moment de la conquête de la Palestine, elle s’empara de la ville, grâce à la trahison d’un de ses habitants, qui fut en récompense laissé libre avec sa famille. Il alla s’établir dans le pays des Héthéens et bâtit là une ville à laquelle il donna le nom de Luza, en souvenir de son lieu natal. Jud., i, 22-26. Il existe encore aujourd’hui au nord-ouest d’Hasbeya une localité de ce nom, mais on ne peut affirmer que ce soit celle dont parle Jud., i, 26. On a fait toute sorte d’hypothèses sur son identification, sans pouvoir alléguer autre chose en leur faveur qu’une vague ressemblance de nom.
- LYCANTHROPIE##
LYCANTHROPIE, genre dé folie dont fut atteint Nabuchodonosor. Voir Daniel (Le livre de), t. ii, col. 1264, et Folie, t. ii, col. 2301-2302.
- LYCAONIE##
LYCAONIE (grec : Auxaovta), région de la province romaine de Galatie, Act., xiv, 6 (fig. 129).
I. Évangélisation. — 1° La Lycaonie fut évangélisée par saint Paul dans sa première mission. Accompagné de Barnabe, il se réfugia dans ce pays pour éviter la persécution suscitée contre eux par les Juifs et quelques femmes de distinction à Antioche de Pisidie. Act., xiii, 50. La première ville où il prêcha fut Icône. Act., xiii, 51-52. Voir Icône, t. iii, col. 803. Persécutés de nouveau dans cette ville, ils allèrent à Lystre et à Derbé, autres villes de la même région. Act., xiv, 6-7. Voir Derbé, t. ii, col. "1386, et Lystre, t. iii, col. 460. Ils ne rencontrèrent pas dans ces villes les mêmes difficultés que dans les précédentes. La population était simple et pauvre et les brigands qui occupaient le Taurus Cilicien ne permettaient guère aux étrangers d’y pénétrer, aussi n’y avait-il pas dans ces contrées de synagogues juives. Les Lycaoniens étaient superstitieux ; ils croyaient volontiers que les dieux apparaissaient au milieu des hommes. La tradition rapportait que Lycaon avait été’changé en loup pour s’être moqué d’eux. Ovide, Mstamorpli., i, 220-241. C’était aussi chez eux que. la fable plaçait la métamorphose de Philémon et de Baucis en arbres que l’on montrait encore. Ovide, Metamorph., viii, 621-725. Cet état d"esprit explique comment, après la guérison d’un boiteux par saint Paul à Lystre, la foule éleva la voix et s’écria en lycaonien : « Les dieux sont descendus vers nous sous une forme humaine, » et prenant Barnabe pour Jupiter et Paul pour Mercure voulut leur offrir un sacrifice. Voir Jupiter, t. iii, col. 1866. Act., xiv,
8-12. Chassés de Lystre, à la suite de l’arrivée des Juifs d’Antioche et d’Icône qui les poursuivaient, ils passèrent à Derbé, et après avoir évangélisé cette ville, revinrent à Lystre, à Icône et à Antioche de Pisidie. Act., XIV, 19-22. 2° Dans sa seconde mission, après l’assemblée de Jérusalem en 51 après J.-C, saint Paul accompagné de Silas retourna en Lycaonie. Cette fois il y pénétra en venant de Cilicie et en passant les Portes Ciliciennes, défilé qui traverse le Taurus de Pamphylie. Il prit la route qui gagne Derbé, Lystre et Icône. Act., xvi, 1. C’est dans ce voyage que, sur le bon témoignage des frères de Lystre et d’Icône, il prit avec lui ximothée, fils d’une Juive et d’un père grec, qu’il circoncit à cause des Juifs. Act., xvi, 1-4. D. constata que les Églises
129. — Carte de Lycaonie.
lycaonionnes se fortifiaient dans la foi et augmentaient de jour en jour. Il recommanda aux chrétiens d’observer les décisions des Apôtres et des anciens de Jérusalem. Act., xvi, 4-5.
II. Description et histoire. — 1° Description. — La Lycaonie était une vaste plaine, limitée au sud par les monts d’Isaurie et le Taurus. Elle était bornée au nord par la Galatie proprement dite, à l’ouest par la Phrygie et la Pisidie, au sud par l’Isaurie et à l’est par la Cappadoce. Les principales villes du pays, étaient Icône, Laodicée la Brûlée, Tyrixum, Lystre et Derbé.
2° Histoire. — Il est fait mention des Lycaoniens pour la première fois dans l’histoire au temps de l’expédition de Cyrus le jeune contre son frère Artaxerxès. Xénophon, Anab., i, ii, 19. C’était un peuple belliqueux et jaloux de son indépendance. La Lycaonie fut englobée dans l’empire d’Alexandre et, après lui, dans le royaume des Séleucides. Elle passa ensuite sous la domination d’Eumène, roi de Pergame. Polybe, xxii, 27 ; Tite Live, xxxviii, 39. Cette domination était plutôt nominale que réelle à cause de l’éloignement. Les Galates s’emparèrent probablement de la partie nord, la partie sud fut disputée entre ceux-ci et les indigènes ; en 129 avant J.-C. elle fut donnée par Aquilius aux fils d’Ariarathe IV, roi de Cappadoce. Justin, xxxvii, 1. Conquise par le roi de Pont Mithridate VI Eupator, en 74 elle lui fut enlevée par les victoires de Pompée. Lorsque le général romain organisa le pays en 64, la Lycaonie paraît avoir été divisée en trois parties. Le nord fut ajouté à la Galatie, Ptolémée, V, iv, 10 ; le sudest, y compris Derbé, à la Cappadoce, Strabon, xii, vi, 3 ; W. Ramsay, Historical Geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1890, p. 336, 310, 369 ; l’ouest fut joint à la province romaine de Cilicie en 64. Cicéron, Ad Attic., v, 15 ; v, 21, 9 ; Ad fam., iii, 5, 4 ; xv, 1, 2 ; xv, 3. Antipater de Derbé, ami de Cicéron, profita des troubles de
la guerre civile pour se créer une principauté indépendante dans cette ville et il posséda également Laranda. Strabon, XVI, vi, 3. Antoine avait donné la partie ouest à Polémon de Laodicée en l’an 39 avant J.-C. Strabon, XII, vi, 1. En 36, la Lycaonie fut donnée par Antoine au dernier roi de Galatie, Amyntas. Dion Cassius, xlix, 32 ; li, 2. À sa mort, en l’an 25, elle fut comprise, comme le reste du royaume de ce prince, dans la province romaine de Galatie. Dion Cassius, mi, 26 ; Corpus inscript, latin., t. iii, part, i, n. 291. Cf. Th. Mommsen et J. Marquardt, Manuel dés Antiquités romaines, trad. fr., t. ix (J. Marquardt, Organisation de l’Empire romain, t. n), in-8°, Paris, 1892, p. 277, 282, n. 4 et 5 ; Corpus inscript, grxc, n. 3991. Voir Galatie, t. iii, col. 77. En l’an 37 après J.-C, Caligula donna à Antiochus IV, roi de Commagène, la partie de la Lycaonie voisine de la Cilicie, c’est-à-dire le sud-est. Elle demeura en sa possession jusqu’en 72 ; Eckhel, Doctrina numorum, t. iii, p. 258. C’est alors que cette région prit le nom de Lycaonie antiochienne par opposition à la Lycaonie gàlatique. Corpus inscript, latin., t. x, ii, 8660. Cf. Ptolémée, V, vi, 17 ; W. Ramsay, dans la Revue numismatique, 1894, p. 169. Ptolémée, V, vi, 17, place Derbé dans. la Lycaonie antiochienne, mais le fait qu’elle porte le nom de Claudio-Derbé prouve que sous l’empereur Claude elle était comprise dans la province romaine de Galatie. Voir Derbé, t. ii, col. 1386. Sous Claude et Néron, quand saint Paul visita la Lycaonie, celle-ci était donc divisée en deux parties, la Lycaonie gàlatique à laquelle appartenaient Lystre, Derbé et le pays environnant, et la Lycaonie antiochienne.
Saint Luc place la frontière de la Lycaonie entre Icône et les villes de Lystre et de Derbé ; il ne tient pas compte des délimitations politiques, mais des traditions locales qui regardaient toujours Icône comme une ville phrygienne. Il est en cela d’accord avec Xénophon, Anab., i, ii, x 19 ; tandis que Strabon, XII, vi, 1 ; Cicéron, .Ad fam., iii, 6 ; xv, 3, etc., qui tiennent compte des divisions administratives, placent au contraire cette ville en Lycaonie. W. Ramsay, The Church in the Roman Empire, in-8°, Londres, 1894, p. 36-43. Les habitants du pays, quoique Icône suivit le destin administratif de la Lycaonie à laquelle elle était incorporée, mettaient une sorte de point d’honneur à revendiquer leur origine phrygienne ; c’est ainsi qu’Hiérax, compagnon du martyr saint Justin, se déclare esclave d’Icône en Phrygie. Act. Justini, 3. Ruinart a tort de vouloir dans ce passage corriger Phrygie en Lycaonie. De même Firmilien, évêque de Césarée de Cappadoce, décrit Icône comme une cité phrygienne. S. Cyprien, Epist., lxxv, 7 ; t. iii, col. 1161, alors que de son temps elle appartenait à la province de Cilicie depuis Septime Sévère ; W. Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure ; — Lebas Waddington, Voyage archéologique en Asie Mineure, t. iii, n. 1480 ; après avoir fait peut-être partie de la province de Cappadoce sous Trajan, en même temps que la Lycaonie antiochienne. Ptolémée, v, 6 ; Corpus inscript, latin., t. v, p. ii, n. 8660. Lors de la formation de l’assemblée fédérale des Lycaoniens en l’honneur des empereurs, ou wo’.vôv Auxaovîa ; (fig. 130), dont nous ignorons la date, mais qui est probablement du temps des Flaviens, Icône fut l’une des villes où elle se réunissait, d’après Eckhel, Doctrina numorum, t. iii, p. 32. Cf. J. Marquardt, l. c, p. 285. Au contraire B. Head, Historia numorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 595, indique seulement parmi les filles où l’on trouve des monnaies du xotvôv, Barata, Dalisandus, Derbé, Hydé, Ilistra, Laranda et Savatra. On n’en trouve ni à Icône ni à Lystre, Cf. Revue numismatique, série iii, t. i, 1883, p. 24 ; E. Babelon, Inventaire sommaire de la collection Waddington, in-8°, Paris, 1898, p. 270-274. W. Ramsay, The Church, p.- 39, n. 1, croit qu’on peut s’expliquer cette absence par le fait qu’Icône était devenue une colonie romaine au temps d’Hadrien.
sous le nom de Colonia Aelia Eaanana Iconiensiutn, R. Cagnat, Revue arclxéologique, série iii, t. xxvii, 1891, p. 414, col. 2, n. 99 ; et il suppose une raison analogue pour Lystre.
Le nom de Lycaonien ne se trouve pas dans les Actes,
130. — Monnaie de Lycaonie.
Ar KAI M ior -MAinnON ee. Buste de Philippe père. — ^. KOI-NON AÏKAONIAS BAPAT[ £U v] (de Barata). Jupiter debout ; à ses pieds, l’aigle.
mais l’adverbe >uxaovi<rrf est employé dans Act., xiv, 11 (Vulgate, 10), pour désigner la langue propre aux indigènes. Les villages et les petites villes avaient conservé cette langue et les mœurs primitives. Les grandes villes comme Icône et Derbé avaient été grécisées et possédèrent plus tard des colonies romaines. Le pays était formé de hauts plateaux, froids et nus, où l’on ne trouvait un peu d’eau potable qu’en creusant des puits à une très grande profondeur. Les habitants vivaient surtout de l’élevage du bétail et en particulier des onagres. Strabon, XII, vi, 1.
Bibliographie. — H. Kiepert, Manuel de Géographie ancienne, trad. fr., in-8°, Paris, 1887, p. 76-77 ; W. Ramsay, Historical Geography of Asia Minor, in-8°, Londres, 1890, p. 330-346, 350, 355, 357-360 ; Id., The Church in the Roman Empire, 3e édit., in-8°, Londres, 1894, p. 15, 37-39, 41, 56-58, 95, 106, 108, 110, 111, 157, 164, 390, 423, 427 ; Id., St. Paul, the traveller and the roman citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 107-126 ; Id., Historical commentary on Galatians, in-8°, Londres, 1899 ; J. R. Stillington Sterrett, Wolfe Expédition in Asia Minor, in-8°, Boston, 1888, et An epigraphical Journey in Asia Minor, Boston, 1888, dans les Papers of the American School of Athens, t. m et n. Le tome n a été publié après le tome m.
E. Beurlier.
- LYCIE##
LYCIE (Auxfa), contrée située au sud de l’Asie-Mitieure (fig. 131). La Lycie et la ville de Phaselis, dans cette même contrée, sont mentionnées dans I Mach., xv, 23, parmi les pays auxquels fut envoyée la lettre du
131.
Carte de la Lycie.
consul Lucius en faveur des Juifs. — Saint Paul aborda à Patare en Lycie, dans le voyage qu’il fit de Milet à Jérusalem. Act., xxi, 1. Il toucha également à Myre, dans le voyage qu’il fit, comme prisonnier, de Jérusalem à Rome. — Le texte des Machabées prouve quil
y avait des colonies juives importantes en Lycie et les arrêts de saint Paul dans les ports de cette province montrent qu’ils étaient sur le chemin que suivaient les navires allant à Jérusalem par Joppé et en revenant. Une inscription grecque de Tlos, datée du n » siècle après J.-C, indique la présence d’une communauté juive importante dans cette ville. Elle est gravée sur un tombeau que Ptolémée, fils de Lùcius, déclare ouvert à tous les Juifs en reconnaissance de ce qu’ils avaient nommé son fils archonte. Hula, Eranos Vindobonensis, 1893, p. 99-102. Cf. Hevue archéologique, 1893, t. ii, p. 356. — Le christianisme progressa lentement en Lycie. Nous possédons, sur une inscription d’Arycanda, un fragment d’une pétition que les Lyciens et les Pamphyliens adressèrent à Galère pour lui demander de mettre fin à la secte chrétienne. Th. Mommsen, dans les Archàologische epigraphische Mittheilungen aus Œsterreich, 1893, p. 93 ; Revue archéologique, 1892, t. î, p. 421 ; 1893, 1. 1, p. 96. — La Lycie est située au sud-ouest de la Carie et au sud-est de la Pamphylie. Elle est entourée par la mer de trois côtes, à l’est, au sud et à l’ouest. Les montagnes produisent un bois excellent pour la construction des navires, aussi les Lyciens ont-ils toujours été un peuple de marins, et même de pirates. Il n’y a pas dans cette région de vallées profondes comme
132. — Monnaie de Lycie.
Tète d' Apollon, lauré, de face ; à côté de M, à droite,
une petite lyre. — fy AÏKlapi]. Tête de face.
en Carie et en Ionie, cependant, à l’embouchure du Xanthe et des autres torrents qui descendent vers la mer, étaient situés des ports importants. Ceux de Patare et de Myre étaient les points de départ ou d’arrivée des navires en relations avec l’Asie Mineure et Alexandrie. Voir Myre et Patare. Phasélis était célèbre par son triple port. Strabon, XIV, iii, 9. Voir Phasélis.
Homère cite les Lyciens parmi les alliés de Troie. Iliad., vi, 171 ; x, 430 ; xii, 312 ; Odijss., v, 282, etc. E. de Rougé, Extrait d’un mémoire sur les attaques dirigées contre l’Egypte par les peuples de la Méditerranée, dans la Revue archéologique, 1867, t. xvi, p. 39, 96-97, pense que les Lyciens sont le même peuple que lesiowfcou qui attaquèrent l’Egypte sous la dix-neuvième dynastie. Cette opinion, contestée par quelques savants, est admise par la plupart. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, 1897, t. ii, p. 359. Ramsès III pénétra en Lycie et sa flotte alla jusqu'à Patare qui figure sous le nom de Pontar dans une inscription de Médinet-Abou. Cf. F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., 1882, t. ii, p. 316. Les Lyciens défendirent vaillamment leur indépendance contre Crésus, roi de Lydie, mais ils furent soumis par les Perses. Hérodote, ini, 90. Leurs vaisseaux jouèrent un rôle important dans les guerres médiques. Hérodote, vu, 91-92. Conquise par Alexandre le Grand, la Lycie, après sa mort, fit partie de l’empire des Séleucides. Ce fut une des contrées que les Ptolémées leur disputèrent avec acharnemeni et dont ils se rendirent maîtres, au moins pour un temps. Théocrite, xviii, 82 ; Corpus inscript, grxc, n. 5127 ; Bulletin de correspondance hellénique, t. xiv, 1890, p. 162-176. Cf. ï. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. fr., in-8°, Paris, 1885, t. iii, p. 337, 367, 380, 385 ; J. P. Mahaffy, The Empire of the Ptolemies, in-12, Londres, 1895, p. 131, 199. Après un court intervalle durant lequel la Lycie recouvra son indépendance, elle passa sous la domination romaine, après la défaite d’Antiochus le Grand en 189.
Le Sénat la céda aux Rhodiens, mais les Lyciens résistèrent à Rhodes, avec l’appui d’Eumène, roi de Pergame. Les Romains, indignés de la conduite de Rhodes, qui avait soutenu contre eux Mithridate Eupator, rendirent aux Lyciens leur indépendance. Polybe, xxii, 7 ; xxiii, 3 ; xxvi, 7 ; xxx, 5 ; Tite Live, xlv, 25 ; Appien, Mithrid. LXi ; Syriac, xliv ; Corpus inscriptionum grxcarum, n. 5882 ; Bullettino delV Instiluto di Diritto Romano, t. ï, 1888-1889, fasc. 2 et 3, p. 78. Ce fut la période la plus prospère de ce pays. La Lycie était dans cette situation d’indépendance au moment où lui fut envoyée la lettre de Lucius, elle y demeura jusqu’au temps de Claude. En l’an 43 après J.-C, cet empereur, pour mettre fin ans luttes des Lyciens entre eux, créa la province de Lycie-Pamphylie. Suétone, Claude, xxv ; Dion Cassius, lx, 17 ; cf. Tacite, Annal., xii, 4 ; xiii, 33 ; Pline, H. N., xii, 9. Mais cette organisation ne devint définitive que sous Vespasien. Suétone, Vespas., vin. Ce fut après la création de la province romaine que saint Paul aborda à deux reprises en Lycie.
Au temps de sa liberté la Lycie formait une confédération de villes qui avaient un système monétaire unique. Les délégués de ces villes se réunissaient chaque année dans l’une d’elles, désignée par le sort. La confédération avait un président, un amiral, et d’autres fonctionnaires. Sous l’empire, cette assemblée fut spécialement consacrée au culte impérial. G. Fougères, De Lyciorum communi, in-8°, Paris, 1897 ; cf. E. Reurlier, Le culte impérial, in-8°, Paris, 1891, p. 102, 130. Parmi les villes dont existent des monnaies fédérales se trouvent les trois villes nommées dans la Bible, Patare, Phasélis et Myre. Strabon, XIV, m ; Koner, Beitrâge zur Munzkunde Lyciens, dans Pinder et Friedlânder, Beitrâge zur alteren Munzkunde, in-8°, Berlin, 1851, t. i, p. 93-122 ; C. Waddington, dans la Revue numismatique, 1853, p. 85-98 ; J.-P. Six, dans la Revue numismatique, série III, 1886, p. 101-116, 141, 192, 423438.
La langue lycienne est encore un problème pour les philologues ; on n’identifie guère que les noms propres ; son alphabet est dérivé de l’alphabet phénicien par l’intermédiaire d’un alphabet dorien. Cf. Deecke, Arkwright et Imbert, dans le Museon, 1891, p. 270 ; J. Halévy, dans la Revue critique, 1893, t. ï, p. 441 ; Imbert, dans les Mémoires de la société de linguistique, 1894, p. 449 ; Ph. Berger, Histoire de l'Écriture dans l’antiquité, in-8°, Paris, 1891, p. 145.
Bibliographie. — Ch. Fellows, An account of discoveries in Lycia, in-4°, Londres, 1841 ; Spratt et Forbes, Traveh in Lycia, Milyas and the Cibyratis, 2 vol. in-8°, Londres, 1847 ; O. Benndorf et C. Niemann, Reisen in Lykien und Karien, in-8°, Vienne, 1884 ; H. Kiepert, Lykia, in-8°, Vienne, 1884 ; E. Petersen et
F. von Luschan, Reisen in Lykien, Milyas und Kybyratis, in-f », Vienne, 1880 ; René Cagnat, L’année épigraphique, 1889, p. 12, 68 ; Sk. Treuber, Geschichte des Lykier, in-4°, Stuttgart, 1887 ; Id., Beitrâge zur Geschichte der Lykier, in-4° ; Tubingue, 1887-1889 ;
G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, t. v, 1890, p. 345-360. ' E. Beurlier.
- LYCIET##
LYCIET (hébreu : 'âlâd ; Septante : piixvoç ; Vulgate : rhamiius), arbuste épineux.
I. Description. — De la famille des Solanées et rangés dans la tribu des Atropées pour leur fruit charnu et leur corolle dont les lobes se recouvrent dans le bouton, les Lycium sont des arbrisseaux touffus, à petits rameaux se terminant souvent en épines. Le calice de la fleur ne s’accroît pas après l’anthèse, et souvent se déchire prenant la forme d’une coupe à bords irrégulièrement dentés au fond de laquelle se trouve enchâssée la baie à sa maturité.
Le type le plus répandu sur le pourtour du littoral méditerranéen est le Lycium europeum de Linné m
LYCIET — LYDDA
444
(fig. 133) à feuilles glabres, souvent glocescentes, et réunies en faisceaux d’où partent les ûeurs solitaires
133. — Lycium europeum.
ou. géminées, puis les baies globuleuses, rouges ou orangées. Dans les déserls d’Egypte et d’Arabie, on trouve le Lycium arabicum de Schweinfurth encore plus épineux et plus ramifié, à feuilles plus petites et souvent duvetées, distinct surtout par sa baie noirâtre. En Syrie encore croit le Lycium barbarum Linné, Lycium xtulgare de Dunal ; à rameaux blanchâtres, grêles et pendants, portant des fleurs réunies en petits faisceaux à dents du calice aiguës et à anthères saillantes hors de la corolle. Enfin le Lycium afrum Linné, dont les branches sont aussi blanchâtres et très épineuses, diffère par ses étamines incluses. F. Hy.
II. Exégèse. — Dans l’apologue de Joatham, Jud., ix, 14-15, les arbres à la recherche d’un roi, après s’être vainement adressés à l’olivier, au figuier, à la vigne, viennent prier V’âtâd de régner sur eux. Et V’dtâd répond : « Si vraiment vous voulez m’établir pour roi, venez, confiez-vous à mon ombrage ; sinon, un feu sortira de Y’âtdd et dévorera les cèdres du Liban. » Tous les interprèles voient dans V’âtâd un arbuste ou buisson d’épines, image d’Abimélech qui aspire à régner sur Sichem et ne pourra que blesser et nuire. Ce sera le châtiment des habitants de Sichem qui se confient dans cet homme vain et dangereux au lieu de se reposer en ceux qui leur apporteraient l’abondance et la paix, symbolisés par l’huile, Ja figue et le viii, produits les plus précieux du pays de Chanaan. Le même mot’âtdd revient au Psaume LVIII (hébreu), 10, dans une locution
proverbiale que les Septante et la Vulgate, lvii, 9, n’ont pas bien saisie :
Avant que vos chaudières sentent l"<î(âd Verte ou enflammée l’ouragan l’emportera.
On sait que les gens des déserts de Palestine ou du Sinaï, pour cuire leurs aliments, suspendent leur chaudière sur un tas de branches arrachées aux buissons environnants, principalement au rhamnus épineux, très abondant en ces régions. Or il arrive quelquefois qu’avant la cuisson, un ouragan éteint le feu, emporte le tas.de bois à peine touché par la flamme ou déjà en partie consumé, et disperse tous les préparatifs. Mais si les exégètes s’accordent à voir dans V’âtâd un arbuste épineux, ou ils ne cherchent pas à en déterminer l’espèce, ou ils portent leur vue sur diverses sortes d’épine. La détermination cependant peut être faite. Le mot se retrouve en arabe oi>, ’atad, en araméen, ’atdâ’, ’attâ’, en hébreu talmudique, ’âtâd, en assyrien, etidu, etidtu, et les Septante rendent le mot hébreu par pânvoç, que la Vulgate traduit par rhamnus. Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 201, cite du supplément de Dioscoride l’identification suivante : ’Pà|xvoç-’Açpol’AxaSiv, « pour les Africains le rhamnus c’est V’âtâd. » Les lexiques arabes en effet, comme Golius, Lexic. arab., p. 120, donnent la même équivalence. Or V’âtâd arabe a pour synonymes VAussedj, , , ».^a, et le Ghargad, v>i*,
qui sont deux espèces i"âlàd, les deux premières espèces de Rhamnus de Dioscoride, 1, 119, qui sont le Lycium europeum et le Lycium afrum, ce dernier aux rameaux plus blancs. Ibn-El-Beïthar, Traité des Simples, dans Notices et Extraits des Manuscrits de la Bibl. nation., t. xxv, l re partie, 1881, p. 482-483. Dans la traduction arabe de Dioscoride, eod. loco, p. 484, « Bamnos c’est Vaussedj, » et une note marginale ajoute : i en latin Kambronos. » Or c’est à peu près le nom que le Lycium porte en Espagne : Cambronera, Cambrones. L’aussedj désigne encore en Algérie le Lyciet. L’espèce plus blanche de Lycium est le Ghargad ; en Algérie, Rhardaq, même nom avec transposition de lettres, désigne le Lycium afrum. Ibn-El-Beithar, dans Notices et extraits, t. xxvi, 1 M partie, 1883, p. 10. P. Belon, Observations de plusieurs singularités, 1. II, c. xxviii, in-4°, Paris, 1588, p. 221, remarque qu’en Egypte : « Les terres y sont séparées par les hayes faites de l’arbrisseau de rhamnus. » Ce que les Égyptiens appellent Vseg d’après Prosper Alpin. En Palestine, dit Belon, Obs.sing., 1. II, c. lxxviii, p. 309 : « Les hayes sont faites de rhamnus, » et c. lxxxviii, p. 325 : ce Cherchant les plantes entournoyant les murs de Jérusalem et en les examinant diligemment, pour ce que désirions sç’avoir quelles espines trouverions, pour entendre de quelle espèce estoit celle dont fut faite la couronne de Nostre-Seigneur, et n’y ayanls trouvé rien d’espineux plus fréquent que le rhamnus, dont nous a semblé, que sa couronne fust de un tel arbre. » Il est possible, en effet, que parmi les àxivOoct, spinse, dont fut tressée la couronne du Sauveur, avec des branches de Zizyphus spina-Christi, se soient trouvés mélangés des rameaux épineux de Lyciet. Le Lycium europeum est très abondant en Palestine. Celsius, Hierobotanicon, t. i, p. 199-209 ; I. Lôw, Aramâische Pflantennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 44-45. Quant à l’Aire à"âtdd, ou Aire du Lyciet, voir t. 1, col. 1198.
E. Levesql’e.
LYDA, orthographe du nom de Lydda dans I Mach., xi. 34. Voir Lydda.
- LYDDA##
LYDDA (hébreu : Lôd ; grec : A-j880 : dans Josèphe : to Avfiôa ; 7] AuSSr, ), ville de Palestine. Elle est appelée Lôd dans le texte hébreu de l’Ancien Testament, Lydda, forme gréciséa de Lod, dans le Nouveau et dans les Machabées. Du temps des Romains, on lui donna le nom de Diospolis, « ville de Zeus ou Jupiter, » mais cette
appellation n’a pu supplanter l’ancienne qui survit encore aujourd’hui dans le nom actuel de Ludd (fig. 134). 1° Description. — Les Actes des Apôtres, ix, 38, nous
134. — Monnaie de Lydda.
IOïM 40MNAN EEBAE. Tète de JuliaDomna, à droite.— fi).ASEn rOrH [A.los]nOMS. Tête de la ville, en Déméter, tenant une torche, à gauche.
apprennent que Lydda n’était pas loin de Joppé (Jaffa). Elle est, en effet, à dix-huit kilomètres au sud-est de cette ville, à quinze kilomètres environ de la mer Méditerranée, dans un endroit fertile, au milieu de jardins
d’Ono, I Esd., tr, 33 (sept cent vingt-un, d’après II Esd., vu, 37), descendants de Benjamin. II Esd., xi, 34 (hébreu, 35). — À l’époque des Machabées, Lydda joua un rôle assez important. Josèphe, Ant. jud., XX, iv, 2, dit que c’était un bourg aussi grand qu’une ville ; ii devint le chef-lieu d’une toparchie. Bell, jud., III, iii, 5 ; Pline, H. N., V. ii, 70. Vers 145 avant J.-C, le roi de Syrie, Démétrius II Nicetor, détacha cette ville et sa banlieue (vô[io ; ) de la Samarie pour la rattacher à la Judée et la donner à Jonathas Machabée. I Mach., xi, 34 ; cf. x, 30, 38 ; xi, 28 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9. Antiochus VI Dionysos confirma cette donation. I Mach., xi, 57. Pompée enleva Lydda aux Machabées, mais elle leur fut rendue par Jules César l’an 48 avant notre ère. Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 6. Quatre ans plus tard, en 44, Cassius vendit les habitants de cette ville comme esclaves, Josèphe, Ànt. jud., XIV, 2 ; Bell, jud., i, xi, 2, mais Antoine ordonna leur mise en liberté (42). Ant. jud., XIV, xii, 2-5. Dès le commencement de la prédication des Apôtres, Lydda compta des chrétiens parmi ses habitants, Actes, x, 32, et c’est
K
135. — Vue de Ludd. D’après une photographie.
et de vergers entourés de haies de cactus, sur la grande route des caravanes qui va de Syrie en Egypte (fig. 135). « Elle est parsemée, sur un grand nombre de pointe, 4’élégants palmiers qui s’élèvent soit isolés, soit par bouquets, et qui lui donnent un cachet tout oriental… Les bazars sont fournis des principales choses nécessaires à la vie ; les fruits surtout y abondent… Plusieurs puits à norias donnent une eau aussi abondante que légère ; l’un des meilleurs est désigné sous le nom de Blr Mdr Elias (puits de Saint-Élie)… Quant au climat de Loudd, il est, pendant l’été, très chaud. » V. Guèrin, Judée, t. i, p. 323. La plupart des maisons sont en pisé.
2° Histoire. — Lod-Lydda n’apparaît dans l’Écriture que dans les livres écrits après la captivité de Babylone. De son histoire antérieure à cette époque, nous savons seulement qu’elle avait été fondée par un Benjamite appelé Samad. I Par., viii, 12. Une partie de ses habitants fut emmenée en Chaldée et parmi les captifs qui revinrent en Palestine avec Zorobabel, on comptait sept cent vingt-cinq hommes de Lod, d’Hadid et
là que saint Pierre guérit Énée, que la paralysie retenait depuis huit ans dans son lit, ꝟ. 33-34. Ce miracle augmenta le nombre des conversions à la foi nouvelle, ꝟ. 35. Aussi Lydda eut-elle de bonne heure un évêque, suffragant du patriarche de Jérusalem. Cestius Gallus l’avait incendiée en l’an 66. Bell, jud., II, xix, 1. En 68, elle était soumise à Vespasien. Bell, jud., IV, viii, 1. Son nom reparait souvent dans l’histoire après la ruine de Jérusalem. Elle posséda, comme Jahmia sa voisine, une célèbre école juivg. Son importance déclina lorsque le calift Soliman eut fondé en 716 dans son voisinage la ville de Ramléh. Elle joua cependant un rôle au temps des croisades. Saladin la ravagea en 1191 et les Mongols en 1271. Aujourd’hui, le chemin de fer de Jaffa à Jérusalem, qui y a établi une de ses stations, lni redonne un peu de vie. Les pèlerins y admirent les ruines de l’église de Saint-Georges, qui y fut construite au moyen âge. D’après la tradition locale, saint Georges, martyrisé à Nicomédie sous l’empereur Dioclétien, était originaire de Lydda et c’est là qu’il fut enseveli. Les musulmans l’honorent comme les chrétiens. D’après une croyance
arabe, c’est devant la porte de Lydda qu’aura lieu le premier combat de Jésus contre l’Antéchrist. — Voir Reland, Palxstina, 1714, p. 877-879 ; V. Guérin, Judée, t. i, p. 322-334 ; Survey of western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 252, 267-268 (avec une vue de l’église SaintGeorges) ; Liévin, Guide-Indicateur de la Terre Sainte, 4e édit., Jérusalem, 1897, t. i, p. 133136 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, 2e édit., t. i, p. 141, 182, 285, 520 ; t. ii, 37, 137-141, 302, 307.
- LYDIE##
LYDIE, nom d’une femme chrétienne et d’un pays.
1. LYDIE (grec : AuSfa ; Vulgate : Lydia), femme convertie par saint Paul. Lydie fut rencontrée par l’apôtre à Philippes de Macédoine, dans un lieu de prière pour les Juifs (upoffEux’i) situé près des portes de la ville et où il s’élait rendu un jour de sabbat. Cette femme, originaire de Thyatire, était teinturière en pourpre et craignait Dieu, c’est-à-dire était prosélyte. Elle fut convertie et baptisée avec sa famille et fut ainsi la première personne qui embrassa le christianisme en Europe. Après son baptême, elle demanda avec instance à l’apôtre de venir habiter chez elle. Act., xvi, 13-15. II est très possible que le nom de Lydie soit un simple surnom tiré de son pays d’origine. Sa qualité de prosélyte s’explique facilement par la présence de Juifs nombreux en Lydie. Voir Lydie 2. Les colonies fondées par Anliochus II étaient très florissantes à l’époque romaine. Joséphe, Antiq. jud., XIV, x, 24 ; Revue des Études juives, t. x, 1885, p. 74-76. La profession de teinturier en pourpre était très répandue dans son pays. Si l’on en croit Pline, H. N., VII, lvii, i, c’est à Sardes qu’aurait été inventée la teinture des tissus. Cf.Hygin, Fabul., 274. Gela veut dire simplement qu’ils ont inventé des procédés nouveaux, car d’autres^peuples, et en particulier les Phéniciens, connaissaient cet art. Aristophane, Acharn., v, 112 ; Fax, v, 1174, parle du rouge de Sardes comme d’une couleur célèbre. Déjà Homère, Iliad., iv, 114, parle de la pourpre de Méonie. Les teinturiers en pourpre de Thyatire étaient fameux. À l’époque romaine, ils formaient de riches corporations qui élevèrent de nombreuses statues dont les. inscriptions nous ont été conservées. Foucart, dans le Bulletin de Correspondance hellénique, t. xi, 1887, p. 100-101. Lydie devait elle-même posséder une certaine fortune, cela apparaît dans le fait qu’elle a à son service tout un personnel et peut recevoir saint Paul et Silas dans sa maison. C’est chez elle qu’ils rentrèrent après que les magistrats de Philippes les eurent fait sortir de prison. Act., xvi, 40. On sait par l’Épltre que saint Paul adressa aux Philippiens combien devint florissante l’Eglise de cette ville dont Lydie et les siens avaient été les prémices. Cf. W. Ramsay, Saint Paul, the traveller and the Roman citizen, in-8°, Londres, 1895 ; G. Radet, La Lydie au temps des Mermades, in-8°, Paris, 1892.
E. Beurlier.
2. LYDIE (hébreu : Lûd ; Septante : Aoiiê, Atàia ; Vulgate : Lud, Lydia), contrée d’Asie Mineure (fig. 136). Dans la table ethnographique, Gen., x, 22, Lûd est nomme
136. — Monnaie de Lydie.
Statêre de Crésus (561-546). Protome de lion et protome
de taureau affrontés. — ^. Double carré creux.
parmi les fils de Sem, entre Arphaxad et Aram. Ce passage est répété dans I Par., i, 17. Lûd est le héros éponjme des Lydiens d’Asie. D’après ce texte, ce peuple
serait donc d’origine sémitique. En fait, au moment où ils apparaissent dans l’histoire, les Lydiens se montrent à nous comme une race mêlée. D’une part Strabon, XII, vin, 3 ; Hérodote, I, clxxi, 7, les considèrent comme d’origine thrace, frères des Mysiens et des Phrygiens. Les noms de certaines de leurs villes, Tralles, Brinla, Thyes 137. — Carte de Lydie.
sos, etc., rappellent les noms de villes thraces. Strabon, XIV, i, 42 ; VII, vi, 1 ; B. V. Head, Historia nutnorum, in-8°, Oxford, 1887, p. 554. D’après Hérodote, i, 35, 74, 94, les usages et les lois de Lydie ressemblent aux usages et aux lois des Grecs. D’autre part, les traditions lydiennes rattachent la dynastie des Héraclides, qui régna sur la lallée de l’Hermus à l’Héraklès-Sandon, vénéré à Babylone, à Ascalon et à Tyr ; Menke, Lydiaca, in-8°, Berlin, 1843, p. 23 ; A. Maury, Histoire des religions de la Grèce antique, in-8°, Paris, 1857-1859, t. iii, p. 152, 245. L’influence araméenne est très sensible dans le Panthéon lydien. A. Maury, Histoire des religions, t. iii, p. 195 ; G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1890, t. v, p. 246. Certaines pratiques rappellent celles de Babylone ou de la Syrie. Hérodote, i, 96 ; Strabon, XI, xiv, 16 ; Xanthos, 19, dans les Fragmenta Historicorum Grxcorum, édit. Didot, t. i, p. 39-40, Nicolas de Damas, 24, ibid., t. iii, p. 271. Les Lydiens appartenaient donc à ces populations que l’historien grec Ephore appelle Migades et dont l’existence est incontestable, malgré les efforts que Strabon, XIV, v, 23-25, fait pour la hier. C’est, à l’élément sémitique des Lydiens que la Genèse donne Lûd pour ancêtre. Cf. Josèphe, Ant.jud., i, VI, 4. Cf. pour l’exposé de toute la question, G. Radet, La Lydie et le monde grec au temps des Mermades, in-8°, Paris, 1892, p. 5157, 67.
Le pays appelé Lydie (fig. 137) à partir du temps de Gygès, c’est-à-dire de 687 avant Jésus-Christ, portait auparavant le nom de Méonie. Homère, Iliad., iii, 401 ; xviii, 291 ; Pline, H. N., V, xxx, 1 ; Hérodote, I, 7 ; vii, 74 ; Strabon, XIII, iv, 5 ; XIV, x, 24 ; cf. XIII, i, 8, pensent que c’est un même peuple sous deux noms différents. Il paraît, en effet, très probable que la Méonie a pris le nom de Lydie par suite d’une invasion étrangère, celledont Gygès était le chef. Ce qui confirme cette hypothèse, c’est qu’Assurbanipal, qui régna de 668 à 625 avant J.-C, dit que la Lydie était « un pays dont ses pères n’avaient jamais entendu parler ». G. Smith, History of Assurbanipal, in-4°, Londres, 1871, cylindre A, p. 64, Incontestablement les Assyriens connaissaient le pays conquis par Gygès ; ce qui était nouveau pour eux, c’était le nom de Lydie. G. Radet, La Lydie, p. 57-59.
La version grecque de Judith, ii, 23, racontant la campagne d’Holoferne en Asie Mineure, nomme Loud parmi les peuples qu’il vainquit. Ce peuple est aussi, nommé dans la version syriaque, mais non dans la Vulgate qui ne contient qu’un abrégé de ce passage. Les annales assyriennes sont ici d’accord avec les verLYDIE — LYRE
450
sions greque et syriaque. Elles nous fournissent des détails sur cette expédition. Gygès, roi de Lydie, avait cessé d’envoyer des ambassadeurs à Assurbanipal et s’était allié à Psammétique, roi d’Egypte, révolté contre l’Assyrie. Assurbanipal le battit et son cadavre fut laissé sans sépulture. Les Cimmériens vainquirent la Lydie et la ravagèrent, et Ardyo, fils de Gygès, s’assit sur son trône. Cylindre A, col. m. G. Smith, Ëistory of Assurbanipal, p. 64-67, cf. p. 71-72, 73-75 ; J. Menant, Annales des rais d’Assyrie, p. 259 ; Gelzer, Das Zeitalter des Gyges, dans le Rheinùch. Muséum, t. xxx, 1875, p. 233-234 ; G. Radet, La Lydie, p. 189-181 ; Fr. Lenormant et E. Babelon, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, S « édit., Paris, 1885, t. iv, p. 344-346 ; G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, 1899, t. ii, p. 428. Voir Assurbanipal, t. i, col. 1146.
La Lydie fut ensuite conquise par Cyrus sur Crésus. Hérodote, i, 76-84. Cf. G. Radet, La Lydie, p. 242-259. Alexandre l’engloba dans son empire et, après lui, elle fit partie du royaume des Séleucides. J. G. Droysen, Histoire de l’hellénisme, trad. franc., in-8°, Paris, 1883-1885, t. ii, p. 135, 495, 589 ; t. iii, p. 449. Antiochus II y établit des colonies juives importantes, notamment à Sardes. Josèphe, Anl. jud., XII, iii, 4. Après la défaite d’Antiochus ni par les Romains, la Lydie fut donnée par eux à Eumène II, roi de Pergame. I Mach., viii, 8 ; Tite-Live, xxxviii, 39. À la mort d’Attale III, elle fut, avec tout son royaume, englobée dans la province romaine d’Asie. Voir Asie, II, t. i, col. 1094. -C’est pourquoi le Nouveau Testament ne parle pas de la Lydie, les villes de cette région sont nommées parmi les villes d’Asie. À l’ancienne Lydie appartenaient Éphèse, Smyrne, Thyatire, Sardes et Philadelphie, aux évêques desquelles saint Jean écrivit les lettres qui figurent au début de l’Apocalypse, I, 4, 11 ; II, i-ii, 18-29 ; iii, 1-13. Voir ces noms. Éphèse avait été évangélisée par saint Paul, qui avait adressé une épître à cette Église. Voir Éphèse, t. ii, col. 1831 ; Éphésiens (Épître aux), t. ii, col. 1849. Thyatire est la patrie de Lydie. Act., xvi, 14. Voir Lydie 1. La première Épître de saint Pierre adressée aux Églises d’Asie, l’est donc par là même aux Églises lydiennes. I Pet., i, 1.
La Lydie était à l’époque de Judith, des Machabées et du Nouveau Testament, la région bornée au nord par la Mysie, à l’est par la Phrygie, au sud par la Carie et à l’ouest par la mer Egée. Elle contenait la vallée du’Caystre et la basse vallée de l’Hermus. Les principales ailles étaient celles qui sont citées plus haut, auxquelles il faut ajouter Colophon, située sur la côte ainsi que Smyrne et éphèse. Sardes était à l’intérieur des terres, dans une immense plaine, ainsi que Thyatire plus au nord et Philadelphie à l’ouest. La route royale de Sardes à Suse traversait la Lydie. Hérodote, v, 49, 52. Les Lydiens parlaient une langue que les Assyriens ne comprenaient pas. Lorsque Gygès envoya une ambassade à Assurbanipal, pour contracter avec lui alliance contre les Cimmériens, la langue de ses messagers était inintelligible aux interprètes ordinaires du roi et l’on eut de la peine à en trouver un qui pût la traduire. G. Smith, History of Assurbanipal, in-4°, Londres, 1871, p. 79. Leur dialecte nous est absolument inconnu. Au temps de Strabon, il avait disparu de la Lydie et n’était plus parlé que dans le petit canton pisidien de Cibyra. Strabon, XIII, IV, 17. Cf. G.Perrot, Histoire de l’arl, t. v, p. 212 ; G. Radet, La Lydie, p. 53.
Bibliographie. — Th. Menke, Lydiaca, in-8°, Berlin, 1844 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 79 ; G. Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-i°, Paris, 1890, t. v, p. 239-308 ; G. Radet, La Lydie au temps des Mer. modes, in-8°, Paris, 1892. E. Beurlier.
- LYDIENS##
LYDIENS (Vulgate : Lydi, Lydii), habitants de Lud,
UICT. DE LA BIBLE.
Jer., xlvi, 9 ; Ezech., xrni, 10 ; xrx, 5 ; et de la Lydie, I Mach., viii, 8. Voir Ludim, col. 411, et Lydie 2.
- LYNAR##
LYNAR (Roch Frédéric, comte de), diplomate allemand et érudit protestant, né le 16 décembre 1708 au château de Lubbenau en Lusace, mort au même lieu le 13 novembre 1781. Ses études terminées aux universités d’Iéna et de Halle, il parcourut divers États de l’Europe et en 1733 obtint la charge de chambellan du roi de Danemark. Il remplit plusieurs ambassades importantes et gouverna plusieurs provinces au nom de ce souverain. En 1765, il abandonna toutes ses charges pour se retirer à son château de Lubbenau et s’adonna à l’étude des questions théologiques. Parmi ses écrits, on remarque : ErklârendeUmschreibung sàmmtlicher apostolischer Briefe, in-8°, Halle, 1765 ; Erklârende Umschreibung der vier EvangeMen, in-8°, Halle, 1775. — Voir H. C. G. de Lynar, Lebenslauf dos Grafen zu
Lynar, in-8°, Leipzig, 1782.1. LYRE (Septante : xiOipa ; Vulgafe : cilhara), instrument à cordes pincées et de longueur égale, composé
138. — Lyre sur une monnaie de Simon. bi>n…J pyDttr, a Simon n[asi (prince) d’Is]raël. a Palme dans une couronne. — r). h… w> ribxa 1 ! nnN niiff. Première année de la rédemption d’ls[raë]l. Lyre à six cordes.
d’un corps de résonance et de deux branches, soutenant une traverse à laquelle étaient fixées les cordes. — Chez les Grecs, la caisse sonore de la lyre était faite de l’écaillé ou de la carapace abdominale d’une tortue, 3(é).u ; , et on l’appelait alors proprement X-ipa. Une peau tendue en recouvrait la concavité. Quand la caisse sonore n’était pas faite avec une écaille de tortue, on l’appelait xt6âp « . La rondeur de la base ne permettait pas de tenir la lyre droite sans l’appuyer : il fallait la serrer entre les genoux ou la tenir contre le bras ou contre la poitrine. Les deux branches, droites ou recourbées, en bois ou en corne, distinctes de la caisse sonore à laquelle elles étaient fixées, portaient une traverse droite, qui retenait une extrémité des cordes, dont l’autre point d’attache était placé à la partie inférieure de l’instrument. Comme la harpe, la lyre n’avait eu à l’origine que trois ou quatre cordes. On en augmenta le nombre graduellement, et la lyre heptacorde fut la plus célèbre et Ja
139. — Cithare sur une monnaie de Simon Barcochébas.
pïD’O, « Simon. ». Cithare à trois cordes. — fy dWiT…
s La délivrance de Jérusalem. » Palme dans une couronne.
plus employée. On ajouta cependant une huitième corde pour établir deux tétracordes harmoniques ; plus tard, pour répondre à l’extension des modes du chant, on donna à la lyre douze et quinze cordes. Voir Burette, Dissertation sur la symphonie des Anciens, dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. iv, 1723,
IV. — 15
p. 127, Toutes les cordes étaient égales en longueur. La grosseur et la tension variaient suivant l’accord.
Les Hébreux possédaient deux espèces d’instruments 5. cordes qu’ils appelaient kinnôr et nébél. Le fait que les anciennes versions traduisent quelquefois par lyra
dans la lyre, de forme rectiligne, entièrement en bois et ne formant qu’une pièce avec les branches dans la cithare. Voir F. A. Gevaërt, Histoire et théorie de la musique dans l’antiquité, t. ii, Gand, 188l, p. 250 ; Guhi et Kôhner, La vie antique. 1. La Grèce, Paris, 1884,
140. — Lyres égyptiennes. Thèbes. D’après Wilkinaon, Mannere and Customs of ancient Egyptians, édit. Birch, 1. 1, fig. 242-243.
les mots hébreux nébél, Is., v, 12 ; III Reg., x, 12, et kinnôr, I Par., xv, 16 ; xvi, 5, est peut-être le résultat d’une conception erronée, que l’on retrouve d’ailleurs dans Hésychius et Suidas : xrôàpof Xûpa. Il faut remarquer cependant que la lyre et la cithare n’étaient pas des
p. 290, 291. Les deux instruments se confondirent à une époque postérieure. H. Lavoix, Histoire de la musique, Paris, 1886, p. 41 ; J. Weiss, Die musikalischen Instrumente in den heiligen Schriften, Graz, 1895, p. 36. D’après cette description, ce sont des lyres et des cithares
141. — Lyre héthéenne.
D’après Humann et Puchstein, Reisen in lileinasicn,
pi. XL VII, ûg. 2.
instruments très différents de la petito harpe antique. Voir Hakpe, t. iii, col. 434. Ces instruments eurent la même origine, et reposent sur le même principe de construction, modifié dans la harpe par la courbure du manche, dans la lyre et la cithare par la division des branches soutenant une traverse, et par l’adjonction « l’un corps sonore de forme ronde et recouvert de peau
142. — Instrument à cordes chaldéen. Musée du Louvre.
de diverses formes que représentent les monnaies juives du Ier et du il » siècle de notre ère (fig. 138 et 139).
La lyre fut l’instrument national des Grecs. Il est à remarquer toutefois qu’elle n’est mentionnée ni par Homère ni par Hésiode. Homère, lliad., i, 187 ; xviii, 569, et Hésiode, Scut., 203, nomment la ç^piu^, instrument que les chanteurs ambulants « portaient » {fipw) sur l’épaule. Voir Hésychius, Lexicon, édit, M.
453
LYRE
454
Schmidt, t. iv, 1862, p. 254. La lyre est-elle, comme la harpe et la cithare, d’origine asiatique ? Sa première apparition sur les monuments égyptiens se trouve dans une tombe de la XIIe dynastie, aux mains d’un person 143. — Lyre assyrienne.
D’après G. Rawlinson, The flve great monarchies, 1864,
t. H, fig. 154.
nage dont le type et le costume nous montrent qu’il ne peut être qu’un Syrien. Voilât. H, fig. 384, vis-à-vis de la col. 1083. Cf. V. Loret, L’Egypte au temps des Phq 144. — Captifs assyriens jouant de la lyre.
D’après G. Rawlinson, The flve great monarchies, 1864, t. H, fig. 164.
raons, in-12, Paris, 1889, p. 145-150. C’est surtout à partir des guerres d’Asie qu’on la voit figurer sur les monuments (fig. 140). Elle a de six à quinze cordes, et son nom
égyptien était très vraisemblablement l jiCj ® v=-h-,
nazu/i ou nadja%i. La lyre où cithare héthéenne repro duite par Humann et Puchstein, Reisen in Kleinasitm und Nordsyrien, Berlin, 1890, pi. xlvii (fig. 141), rappelle l’instrument très antique figuré sur ie bas-relief Âe Sarzec au musée du Louvre (fig. 142), et tout concosErt à démontrer, dans ces représentations, que la lyæ sous ses diverses formes, provient d’Asie, comme toute Ja musique et l’instrumentation des Grecs et des Égyptiens. Nous avons de ce fait l’important témoignage de Stabon, X, 3, 17 : àizb Sï toO h&ovç xal twv ôpyâvwv xa’. r fj.ov<7tXT| nâaix ôpxxt’a xal àaiîxi ; Jevônearai. Cf. Athénée, iv, 23 (al. 76).
La lyre était connue en Assyrie (fig. 143 et 145), comme elle l’était en Egypte (fig. 140). Les Hébreux ont dû aussi la connaître de bonne heure. Un bas-relief assyrien, conservé au British Muséum (fig. 144), représente trois captifs, dont le costume est juif, jouantde la lyre. D’après
145. — Lyre assyrienne.’P’après G. Rawlinson, The flve great monarchies, 1864,
t. H, 11g. 155.
les anciennes versions de la Bible, le kinnôr aurait clé plutôt une lyre qu’une harpe. Quoi qu’il en soit, on ne peut guère douter que le kinnôr ou le nébél ne fût un instrument analogue à la xiôâpa grecque. — Dans le Nouveau Testament, la xiûâpa (fig. 146 et 147) est le seul instrument à cordes qui soit nommé. I Cor., xiv, 7 ; Apoc, v, 8 ; xiv, 2 ; xv, 2. — La lyre n’<existe plus aujourd’hui comme instrument de musique. Dépossédée de ses droits par les instruments plus perfectionnés, elle ne se retrouve que sous le pinceau des peintres et dans les métaphores des poètes. — Voir F. Vigouroux, Les instruments de musique dans la Bible, dans la Bible polyglotte, t. iv, 1903, p. 631-656. J. Pahisot.
2. LYRE (Nicolas de), exégète et théologien franciscain, né vers 1270 à Lyre en Normandie, mort à Paris le 23 octobre 1340. Il embrassa la vie religieuse chez les franciscajns de Verneuil et fit ses études à l’université de Paris* II y fut reçu docteur et y enseigna la théologie. Il’fut provincial de son ordre en Bourgogne. Très vessé dans la connaissance de l’hébreu, il écrivit des commentaires sur toute l’Écriture Sainte, qui lui valurerifie surnom de Doctor ulilis. Il s’y donnait pour tâche de développer uniquement le sens littéral. Ce premier travail terminé, il composa des Moralitates ou Explications mystiques des livres de la Bible. Ces Moralités furent d’abord un ouvrage spécial ; mais elles ne tardèrent pas à être ajoutées à l’explication du sens littésaL L’ouvrage de Nicolas de Lyre a pour titre Poslillx perpetuse sive prxvia commentaria in universa Biblùt, 455
LYRE — I/ÏSANIAS
456
5 in-F>, Rome, 1471-1472. Un siècle plus tard, les Postillx furent complétées par des Additiones, œuvre de Paul de Burgos, juif converti qui vécut de 1350 à 1435 environ. Les Postulas ont eu de nombreuses éditions. On attribue encore à Nicolas de Lyre l’ouvrage suivant, imprimé à Rouen dans les premières années de l’imprimerie : Tractatus de differentia nostrse translationis ab hebraica littera in Vetere Testamento. — Voir
de son fils Lysanias qui lui succéda en 40 et mourut en 36 avant J.-C. Voir Iturée, t. iii, col. 1039. D. F. Strauss, Leben Jesu, 4e édit., in-8o, Tubingue, t. i, p. 341, pense que, par suite d’une erreur chronologique, saint Luc a placé ce Lysanias au temps de Tibère et par conséquent l’a fait vivre soixante ans après sa mort. Les documents épigraphiques, prouvent qu’il n’en est rien. En effet, après la mort de Zénodore, fils de Lysanias I", les pays
143. — Lyres et cithares grecques. D’après VArchâologische Zeitung, 1858, pi. cxv, fig. 2, 4, 6, 10.
Nicolaus de Lyra und seine Stetlung in der MitteraU terlîchen Schrift-Erklârung, dans le Katholik, 1859, p. 934 ; Wading, Scriptores Ord. Minorum, p. 265 ; Id., Annales Minorum, t. ii, ad a. 1291, § 20 ; Jean de
147. — Cythare grecque.
D’après VArchâologische Zeitung, 1858, pi. cxv, n. 7.
Saint-Antoine, Biblioth. universelle franciscaine, t. ii, p. 388 ; Hain, Repert. bibliogr. (1831), i, 3163 ; ut, 9383, 10363 ; Fabricius, Biblioth. latina médise œtatis, t. v (1858), p. 114 ; É. Frère, Le bibliographe normand, 2 in-8o, Rouen, 1857-1860, t. ii, p. 263 ; U. Chevalier, Répertoire des sources historiques du moyen âge, t. i,
col. 1367.- LYSANIAS##
LYSANIAS (Autraviac), tétrarque d’Abilène. Lysanias était tétrarque d’Abilène la quinzième année de Tibère, au temps où saint Jean-Baptiste commença à prêcher sur les bords du Jourdain, c’est-à-dire vers l’an 26 après J.-C. Luc, iii, 1. L’Abilène avait d’abord été comprise dans les territoires soumis à Ptolémée, fils de Menée, et
qu’il gouvernait furent donnés à Hérode le Grand par les Romains. Lorsque mourut Hérode, l’ancien domaine de Zénodore fut divisé. Une partie, comprenant la Trachonitide et l’iturée, passa sous le gouvernement de Philippe. Luc, iii, 1 ; Josèphe, Ant. jud., XVII, xi, 4 ; Bell, jud., II, vi, 3. Une autre trétarchie fut formée du district d’Abila dans le Liban. Voir Abilêne, t. i, col. 50. Josèphe, Ant. jud., XVIII, vi, 10, parle de la trétrarchie d’Abilène au temps de Caligula. D’après lui, ce prince la donna à Agrippa I" en l’an 37 après J.-C, et à cette occasion il l’appelle la tétrarchie de Lysanias. En 41 après J.-C. lorsque Claude agrandit le domaine d’Agrippa Ier, Josèphe, Ant. jud., XIX, v, 1 dit encore qu’il lui donna l’Abila de Lysanias. Après la mort d’Agrippa Ier, le territoire fut pendant quelque temps administré par des procurateurs romains, mais, en 53, Claude la donna à Agrippa II, en même temps que la tétrarchie de Philippe. Josèphe, Ant. jud., XX, vii, 1. Il y avait donc une tétrarchie d’Abilène contemporaine de la tétrarchie de Philippe et elle avait été sous le gouvernement d’un Lysanias. Il est impossible d’admettre qu’il s’agisse de Lysanias Ier ; celaici possédait, en effet, à la fois le territoire qui fut plus tard soumis à Philippe et l’Abilèné, il n’y avait donc pas de séparation entre les deux, pays, de plus sa capitale était Chalcis. Il s’agit donc d’un second Lysanias qui fut tétrarque d’Abilène, au temps où Philippe gouvernait l’iturée, ce qui correspond entièrement au texte de saint Luc. Une inscription trouvée par R. Pococke à Abila en 1737 confirme ces données. Elle est dédiée au Salut des Augustes par un affranchi d’un tétrarque nommé Lysanias ; or, cette formule ne peut s’appliquer qu’à Tibère et à Livie, car après eux, il faudrait descendre jusqu’à Marc-Aurèle et Lucius Verus, époque où tout souvenir des Lysanias avait disparu. De son vivant, Auguste fut seul à porter ce titre ; Livie, après la mort de son mari, prit le titre d’Augusta et le porta jusqu’à sa mort en même temps que Tibère s’appelait Auguste. L’inscription doit donc être datée d’une année placée entre l’an 14 où mourut Auguste et l’an 29 où mourut Livie. Il y avait donc à cette époque, c’est-à-dire exactement au temps où saint Luc en parle, un tétrarque d’Abilène nommé Lysanias. Corpus inscript. Grœc, t. Ii(, n. 4521, addenda, p. 1174. Cf. E. Renan, Mémoire sur la dynastie des Lysanias d’Abilène, dans les Mémoires de l’Académie des 1ns
criplions, t. xxvi, part. 2, 1870, p. 67-69. On ne peut savoir auquel des Lysanias appartiennent les monnaies qui portent la légende Auaocvfou zzzfiipxov xa’t àp^tEpéw ; ; Head, Bistoria numorum, p. 655. Voir Abilène, t. i, fi g. 5, col. 50.
Bibliographie. — Outre le mémoire d’E. Renan : E. Kuhn, Die stâdtische und burgerlicke Verfassung des rômischen Reichs, in-8°, Leipzig, 1865, t. ii, p. 169-174 ; De Saulcy, Recherches sur les monnaies des lélrarques héréditaires de la Chalcidéne et de V’Abilène, dans les Wiener numismatische Monatsfiefte d’Egger, t. v, part. 1, 1869, p. 1-34. Cf. Reichhardt, Zeitschrift fur Numismatik, 1870, t. ii, p. 247-250 ; E. Schurer, Geschichte des Jûdischen Volkes im Zeitalter Jesu-Christi, 2^ édit., t. i, in-8°, Leipzig, 1890, p. 254, 296, 595, 598, 463-492, 462, 600-604 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., Paris, 1896, p. 131-141. E. Beurlier.
- LYSIAS##
LYSIAS, nom d’un général syrien et d’un tribun militaire romain.
1. LYSIAS (grec : Avalai), général syrien. Lysias joui un rôle considérable dans les guerres des rois de Syiie contre les Juifs, au temps des Machabées. Après son départ pour la guerre contre les Perses, c’est-à-dire contre les Parthes, Antiochus IV Épiphane laissa en Syrie Lysias pour gouverner le royaume et être le tuteur de son fils Antiochus qui devint plus tard Antiochus V Eupator. I Mach., iii, 31-33 ; vi, 17. Il est appelé par la Bible, homme illustre, de race royale ou parent du roi. I Mach., iii, 32 ; II Mach., xi, 1. Le terme exact est celui qui est employé dans ce dernier passage ouyvévkiç ; cela ne signifie pas qu’il était uni au roi par les liens du sang ; c’était un titre que les Séleucides et les Ptolémées donnaient à des personnages de haut rang, comme les souverains modernes leur donnent celui de cousins.W. R. Waddington, Inscriptions d’Asie Mineure ; Lebas et Waddington, Voyage archéologique, t. iii, n « = 2757, 2781, 2796 ; Journal of Hellenic Studies, 1888, t. H, p. 225, 226, 228, etc. Cf. Oberhummer, Griechische lnschriften aus Cypern, dans les Sitzungsberichte der K. Bayer. Akadem. der Wissenschaften zu Mùnchen, 1888, t. i, p. 305 ; E. Beurlier, De divinis honoribus quos acceperunt Alexander et successores ejus, in-8°, Paris, 1890, p. 63, 79. Ses fonctions sont désignées par les mots ÈTtîtpoitoç, procurateur, et i% tûv TtpaytiâTwv, chargé des affaires, c’est-à-dire ministre du roi. Cf. II Mach., xiii, 2. Dans II Mach., x, 11, Lysias est appelé, au moment où Antiochus V Eupator commença à régner, <TTpaT71fôç icpoTixpxo ?, c’est-à-dire commandant en chef de l’armée de Phénicie et de Syrie, ou plus exactement de Célœsyrie, selon la variante du Codex Alexandrinus. Lysias eut sous ses ordres la moitié de l’armée syrienne avec des éléphants et reçut les instructions du roi pour l’extermination des Juifs, il devait établir dans leur pays des colons étrangers et distribuer leurs terres au sort. I Mach., iii, 34-37 ; Josèphe, Antiq. jud., XII, vii, 2. Lysias préposa à l’expédition Ptolémée, fils de Dorymne, Nicanor et Gorgias, et leur confia 40000 fantassins et 7000 cavaliers. I Mach., iii, 38-39 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 3. Après la défaite de ces généraux par Judas Machabée, voir Judas, t. iii, col. 1794, Lysias entra lui-même en campagne dans l’automne de l’an 165 avant J.-C. avec 60000 hommes d’élite et 5000 cavaliers. Au lieu d’attaquer directement la Judée par le nord, il y pénétra par le sud, par la voie de l’Idumée. La bataille s’engagea près de Bethsur, que la Vulgate appelle Bethoron. Lysias fut complètement défait par Judas et perdit 5000 hommes. I Mach., iv, 28-34. Voir Béthoron, t. r, col. 1703 ; Bethsur 1, t. i, côl. 1746 ; Judas, t. iii, col. 1796. Antiochus IV irrité retira sa confiance à Lysias et, en mourant, choisit
à sa place pour tuteur de son fils, un autre de ses généraux nommé Philippe. I Mach., VI, 5, 14-17. Lysias apprit la mort d’Antiochus IV et, sans tenir compte de la nomination de Philippe, fit monter Antiochus V Eupator sur le trône, comme s’il était toujours son tuteur. I Mach., vi, 17. Il n’avait pas perdu de temps pour reconstituer une armée formidable composée de 80000 hommes et de toute la cavalerie, et avec elle, en 164, il entreprit une seconde campagne. Il attaqua de nouveau Bethsur, fut encore défait et n’échappa lui-même à la mort que par la fuite. II Mach., xi, 1-2, 5, 12. En homme intelligent, il comprit qu’il fallait faire la paix et promit à Judas d’intervenir auprès du roi de Syrie pour que celui-ci accédât à toutes les demandes des Juifs. Bientôt Lysias envoya aux Juifs une lettre dans laquelle il leur annonçait qu’en effet Eupator accordait tout ce qu’avaient demandé leurs ambassadeurs ; la lettre était datée du 24 Dioscore de l’an 148 des Séleucides, c’est-à-dire de l’an 164 avant J.-C. Voir Dioscore, t. ii, col. 1458. À cette lettre était jointe la copie d’une lettre d’Antiochus à Lysias, et une autre d’Antiochus aux Juifs. II Mach., xi, 1-33. Voir Judas 3, t. iii, col. 1796. La paix conclue, Lysias retourna vers le roi. II Mach., xil, 1. Cette paix fut de courte durée. En 163, Lysias et Antiochus rentrèrent en Judée. Leur armée comptait cette fois environ 100000 fantassins, une nombreuse cavalerie et des éléphants. II Mach., xiii, 2. Passant toujours par l’Idumée, ils assiégèrent Bethsur, livrèrent bataille aux Juifs à Bethzachara. Bethsur dut capituler et Jérusalem fut assiégée. I Mach., vi, 18-52 ; II Mach., xm, 1-22 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 3-5 ; Bell, jud., I, i, 5. Cependant Lysias apprit que Philippe, revenu de Perse avec l’armée qu’Antiochus IV avait conduite dans ce pays, cherchait à s’emparer de la direction des affaires et à le supplanter. Il hâta la conclusion de la paix avec les Juifs, retourna à Antioche et reprit la ville à Philippe. I Mach., vi, 55-63 ; II Mach., xiii, 23. En route, Lysias apaisa les habitants de Ptolémaïde, inquiets du traité de paix signé avec les Juifs. II Mach., xiii, 2526 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 7. Lorsque Démétrins, fils de Séleucus IV Philopator, revint de Rome, en 162, et s’empara du trône de Syrie, l’armée se saisit de Lysias en même temps que d’Antiochus V pour les livrer à leur adversaire, puis, sur l’ordre de Démétrius, les massacra tous les deux. I Mach., vii, 1-4 ; II Mach., xiv, 2 ; Josèphe, Ant jud., XII, x, 1 ; Tite Live, Epist., xlvi ; Appien, Syriac, 47. "Voir Antiochus 3, t. i, col. 698 ; Antiochus 4, t. i, col. 700.
E. Beurlier.
2. LYSIAS Claudius (grec : KXauSt’o ; Ayaioç), tribun militaire romain. Lysias commandait la cohorte chargée de garder la tour Antonia, voir Antonia, t. i, col. 712, au moment où les Juifs s’ameutèrent contre saint Paul, sous le faux prétexte qu’il avait introduit un païen dans le Temple. Informé du tumulte, Claudius fit sortir des centurions et des soldats et courut vers la foule. À la vue du tribun et des soldats, les agresseurs de saint Paul cessèrent de le frapper. Le tribun s’approcha alors de l’apôtre et le fit lier de deux chaînes. Il demanda ensuite qui il était et ce qu’il faisait. Comme la foule continuait à crier et que le tumulte ne permettait pas de se rendre compte des griefs que les Juifs avaient contre saint Paul, Lysias le fit mener dans la citadelle. Les soldats durent le porter, à cause de là violence des assaillants qui poussaient des cris de mort. Au moment d’être introduit dans la tour, saint Paul dit au tribun : « M’est-il permis de te dire quelque chose ? » Le tribun répondit : « Tu sais le grec. Tu n’es donc pas cet Égyptien qui s’est révolté dernièrement et qui a emmené dans le désert 4000 brigands ? i, Act., xxi, 31-37. Lysias, en effet, pensait avoir mis la main sur un chef de sicaires originaire d’Egypte et de qui parle Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 5. C’eût été pour lui une capture de premier ordre, car
ce personnage avait environ 30000 hommes sous s » dépendance. C’était surtout à l’époque des fêtes que ses affidés se montraient et l’on était alors au temps de la Pentecôte. Josèphe, Bell, jud., II, xiii, 3, 4. « Je suis Juif, reprit saint Paul, de Tarse en Cilicie, citoyen d’une ville qui n’est pas sans importance. » Apprenant son erreur, Lysias permit à l’apôtre de haranguer le peuple ; Aict., xxi, 39-40. Paul ayant, dans son discours, parlé dtes Gentils, le tumulte recommença et le tribun dut te faire entrer dans la tour. Pour savoir le motif qui causait une telle indignation dans le peuple il ordonna d’infliger au prisonnier la torture du fouet. Saint Paul dit au centurion chargé de l’exécution : « Vous est-il permis de battre de verges un citoyen romain qui n’est même pas condamné ? » En entendant ces mots, le centurion avertit Lysias. Le tribun accourut aussitôt et dit à saint Paul : « Es-tu Romain ? — Oui, » répondit celui-ci. Le tribun ajouta : « C’est avec beaucoup d’argent que j’ai acquis ce droit de cité. — Et moi, dit saint Paul, je le suis par ma naissance. i> Aussitôt ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent et le tribun, voyant que saint Paul était Romain, fat saisi de crainte parce qu’il l’avait fait lier. Act., xxii, 24-29. Voir Citoyen homain, t. ii, col. 789. Lysias ne savait toujours pas quel genre d’accusation pesait sur saint Paul et il tenait à se renseigner sur ce point. Aussi le lendemain, il le délivra de ses liens et le fit conduire devant le Sanhédrin. Act., xxii, 30. Cependant quarante Juifs s’engagèrent par vœu à ne rien manger jusqu’à ce qu’ils eusfent tué l’apôtre et allèrent trouver les chefs des prêtres pour que, d’accord avec le Sanhédrin, ils priassent Lysias de le conduire devant cette assemblée. Une fois là, ils se chargeaient de le mettre à mort. Act., xxui, 15. Averti par son neveu, Paul pria un centurion de conduire le jeune homme au tribun. Lysias lui recommanda de garder le secret et il donna ordre à deux centurions de tenir prête-pour la troisième heure de la nuit, une escorte composée de deux cents soldats, soixante-dix cavaliers et deux cents hommes armés à la légère, pour conduire saint Paul à Césarée, auprès du procurateur Félix. En même temps, il écrivit à celui-ci une lettre dans laquelle il l’informait que le prisonnier était citoyen romain, que les Juifs lui en voulaient à la suite de discussions religieuses, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui méritât la mort ou même la prison. Il l’envoyait au procurateur pour le soustraire aux embûches de ses ennemis et, en même temps, il leur faisait savoir qu’ils eussent à s’adresser eux-mêmes à Félix. Act., xxiii, 16-30 ; xxiv, 7. La lettre devait être écrite en latin et les Actes n’en donnent qu’une traduction ou une analyse. Lysias arrange un peu les événements lorsqu’il dit qu’il a voulu délivrer saint Paul de ses agresseurs parce qu’il avait appris qu’il était citoyen romain, mais on comprend fæilement pourquoi il se donne ce rôle en écrivant au gouverneur de la province. Lorsque les Juifs eurent formulé leurs griefs devant Félix, celui-ci les ajourna jusqu’au moment où Lysias viendrait à Césarée. Act., xxiv, 23. Claudius Lysias était citoyen romain, il avait acheté son titre pour une somme considérable, lui-même le dit. Act., xxii, 28. Nous savons en effet que la femme et les affranchis de Claude vendaient couramment le droit de cité romaine. Dion Cassius, LX, xvii, 6. Le nom de Claudius que porte Lysias, montre que c’est par eux qu’il l’avait obtenu. Voir Citoyen romain, t. ii, col. 790. Il avait le grade de tribun, c’est-à-dire de commandant de cohorte. La troupe qu’il avait sous ses ordres était un corps d’auxiliaires, de celles qu’on appelait milliariie equitatæ, c’est-à-dire qui étaient composées de mille hommes et qui avaient de la cavalerie. Voir Cohorte, t. ii, col. 827. Elle tenait garnison à la tour Antonia (appelée dans le texte Ttopet160Xr, ; Vulgate, castra). Act., xxi, 34, 37 ; xxii, 24 ; xxiii, 10, 32. Voir Antonia, t. i, col. 712 ; Wensdorf, Claudii Lysise oratio, in-8, Helmstedt, 1743. E. Beurlier.
- LYSIMAQUE##
LYSIMAQUE, nom de deux Juifs.
1. LYSIMAQUE (grec : Au<rt’|iaxoç), Juif de Jérusalem, traducteur de la lettre des Phurim. Esther, xi, 1. La version des Septante du livre d’Esther se termine par la phrase suivante : « L’an 4 du règne de Ptolémée et de Cléopâtre, Dosithée, qui se disait prêtre et de la race de Lévi, et Ptolémée, son fils, apportèrent la lettre des Phurim qui précède, qu’ils disaient exister et avoir été traduite par Lysimaque de Jérusalem, fils de Ptolémée. » La Vulgate reproduit cette mention, Esther, xi, 1, en supprimant le mot eïvail C’est là évidemment une annotation des Juifs d’Alexandrie qui ont voulu conserver un souvenir du présent qui leur avait été fait. La lettre des Phurim, c’est la lettre de Mardochée analysée dans Esther, ix, 20-22, à la suite de laquelle fut instituée la fête des Phurim ou des Sorts. Voir Phurim. C’est aussi la seconde lettre écrite par Esther et par Mardochée pour confirmer la première et envoyée aux Juifs des cent vingt-sept provinces du royaume d’Assuérus. Esther, IX, 29-32. S’agit-il de la traduction du texte complet de ces lettres ou de l’une d’elles, ou encore de celle du livre d’Esther, il est difficile dé le dire. Dan* le premier cas, la mention des Septante nous laisse le regret de ne pas posséder le document que leur avaient apporté Dosithée et Ptolémée ; dans le second, Lysimaque serait le traducteur du livre d’Esther. La première hypothèse parait la plus vraisemblable, d’après le texte grec qui dit que la lettre des Phurim existe. Cette indication a, en effet, un sens très clair s’il s’agit du texte de la lettre. Le livre d’Esther n’en donne que l’analyse ; il est intéressant, dans ce cas, de signaler l’existence du texte même à Jérusalem et l’envoi d’une traduction à Alexandrie. Tandis qu’au contraire on ne voit pas pourquoi on noterait à la fin d’un livre que ce livre existe. La date de l’an 4 du règne de Ptolémée et de Cléopâtre est vague. Il y a en eflet quatre Ptolémées qui ont eu des femmes du nom de Cléopâtre : Ptolémée V Épiphane, 204-181 avant J.-C. ; Ptolémée VII Philomator, 181-146 ; Ptolémée IX Évergete II Physcon, 146-117, et Ptolémée X Philométor Soter II, 117-81. E. Beurlier.
2. LYSIMAQUE, frère du grand-prêtre Ménélas. Lorsque celui-ci fut mandé par Antiochus IV Épiphane parce qu’il ne payait pas au roi la somme qu’il avait promise pour obtenir le souverain pontificat, il laissa à sa place à Jérusalem son frère Lysimaque. II Mach., iv, 29. Le texte grec dit qu’il fut le 61à80-/oç de Ménélas ; la Vulgate traduit ce mot par succedente. Il semble cependant que Lysimaque ne fat que le remplaçant intérimaire de son frère. Celui-ci, en effet, continue à agir comme grand-prêtre. II Mach., iv, 32 ; v, 5. Lysimaque, sur le conseil de son frère, commit de nombreux sacrilèges ; le bruit s’en répandit et la foule s’ameuta contre lui. Pour réprimer le soulèvement, il arma trois mille hommes à qui il donna pour chef un certain Auranos, nom que la Vulgate a traduit par tyrannus, selon la leçon de certains manuscrits qui donnent Tupiwoç. II Mach., iv, 39-40. La foule, encore plus irritée, attaqua la troupe de Lysimaque à coups de pierres et de bâtons, jeta de la cendre sur Lysimaque, mit ses partisans en fuite et le tua lui-même près du trésor.
E. Beurlier.
1, LYSTRE (grec : A-Jutpa), ville de Lycaonie. Saint Paul évangélisa Lystre dans sa première mission. Fuyant Icône, où une partie de la population, ameutée par les Juifs, voulait les lapider, saint Paul et saint Barnabe se réfugièrent dans les villes de Lycaonie et pénétrèrent d’abord à Lystre. Là, ils rencontrèrent un boiteux à qui saint Paul rendit l’usage de ses jambes. Les habitante émerveillés s’écrièrent en lycaonien que les dieux étaient descendus vers eux. Ils appelèrent Barnabe Jupiter et Paul Mercure. Le prêtre du temple de Jupiter, situé à
l’entrée de la ville, amena des taureaux avec des bandelettes et voulait les sacrifier aux Apôtres. Voir, t. iii,
— Monnaie de Lystre.
1MPE AVGVSTI… Tête d’Auguste, à gauche. — R). Pontife conduisant deux zébus, à gauche. Au-dessus : COL IVL || FEL G[EM] ; au-dessous : LUSTRA.
fig. 315, col. 1867. Les Apôtres, ayant appris son dessein, déchirèrent leurs vêtements, s’efforcèrent de faire com de synagogue à Lystre, mais il y avait des Juifs. La po-^ pulation judaïque vivait très mélangée aux païens, puisque la mère de Timothée avait épousé un Grec et que son fils n’était pas circoncis. Act., xvi, 1-4, Le texte grec et la Vulgate donnent l’un et l’autre deux déclinaisons différentes des mots AjdTpa et Lystra. Le datif est celui du pluriel neutre A-jcrrpoiç, Lystris, Act., xiv, 7 ; xvi, 2 ; II Tim., iii, 11, l’accusatif celui du féminin singulier AûdTpav, Lystram. Act., xiv, 6, 21 ; xvi, 1 ; xxvii, 5. Cette double déclinaison existe aussi pour Lydda. Act., ix, 32, 38.
Lystre est placée par Pline, H. N., v, 42, dans la Galatie ; par Ptolémée, v, i, dans l’isaurie, mais la Lycaonie faisait partie de la province de Galatie, et l’isaurie était une partie de la Lycaonie. Strabon, XII, vi, 2-3. Voir Lycaonie, t. iii, col. 437. Cette ville existait certainement avant la conquête romaine, quoiqu’elle ne soit pas nommée dans Strabon, mais elle n’acquit quelque importance qu’à partir du jour où Auguste y fonda une
149. — Site de Lystre (Khaiin Serai). — D’après Ramsay, Tfte Church in the Roman Empire, p. 47.
prendre à la foule qu’ils étaient des hommes et qu’il fallait n’adorer que le Dieu vivant, créateur du ciel et de la terre. Ils eurent peine à convaincre la foule. L’arrivée des Juifs d’Antioche et d’Icône changea la face des choses. La foule lapida saint Paul et le laissa à demi mort. Sauvé par ses disciples, il rentra dans la ville qu’il quitta le lendemain. Act., xiv, 8-20. Voir Jupiter, t. iii, col. 1867. Il repassa à Lystre, en revenant à Antioche. Act., xiv, 21. Saint Paul revint encore à Lystre, en compagnie de Silas, dans sa deuxième mission, après l’assemblée de Jérusalem. C’est là que, sur le bon témoignage des frères, il prit avec lui Timothée, originaire de cette ville, après l’avoir circoncis. Act., xvi, 1-3 : L’apôtre rappelle la persécution qu’il eut à souffrir à Lystre dans II Tim., iii, 11, Il n’est pas fait mention
colonie qui fit partie du système de défenses militaires de la Galatie du Sud. Cette colonie dédia un monument à Auguste divinisé. Elle porte sur l’inscription dédicatoire le nom de Colùnia lul(ia) Félix Gemina Lustra. J. R.^tiHington Sterrett, The Wolfe expédition to Asia Miner, in-8°, Boston, 1888, n. 242, p. 142 ; Corpus inscr. latin., t. iii, Suppl., fasc. î, n. 6787. Dans la collection Waddington, acquise en 1897 par le Cabinet des médailles, une monnaie de Lystre (fig. 148) du temps d’Auguste porte au revers l’inscription Col(onia) Iul(ia) Fel(ix) G[em](ina) Lystra. E. Babelon, Inventaire sommaire de la collection Waddington, in-8°, Paris, 1898, p. 274, n. 4790. La même inscription, en partie effacée, se trouve sur une monnaie de Titus. Ibid., n. 4791. W. Ramsay en signale deux autres, l’une dans la col
Iection du D r Imhoof-Blumer, et l’autre au British Muséum. W. Ramsay, The Church in the Roman Empire, 3e édit., in-8°, Londres, 1894, p. 49.
Le site de Lystre a été soupçonné pour la première fois en 1820 parle colonel Leake. Ce voyageur pensa qu’il fallait le chercher à Khatyn Serai, à 20 kilomètres environ au sud d’Icône. W. Leake, Journal of a tour in Asia Minor, in-8°, Londres, 1824, p. 101-103. En 1882, M. Ramsay voyagea dans cette région, en compagnie de Sir C. Wilson, avec l’espoir de découvrir la ville. Ils trouvèrent, en effet, près du village turc, une grande quantité d’inscriptions latines. M. Ramsay, se fondant sur le fait qu’aucun document connu jusque-là n’indiquait que Lystre eût été une colonie romaine, pensa qu’il fallait chercher ailleurs ; M. C. Wilson persista à croire qu’on était sur la bonne piste, mais ils ne purent pousser plus avant leurs fouilles. En 18<35, M. Sterrett découvrit l’inscription mentionnée plus haut. Elle prouvait que Lystre était une colonie romaine et que les ruines en présence desquelles on se trouvait étaient celles de cette ville. Une autre inscription trouvée par le même savant à Antioche de Pisidie lui donnait la même appellation. J. R. Sterrett, The Wolfe expédition to Asia Minor, n. 352, p. 219. La position exacte de Lystre est sur une colline située à 1500 mètres environ au nord du village moderne, au centre de la vallée (fig. 149). Cette colline s’élève de 40 à 50 mètres au-dessus de la plaine. Peu de traces des anciennes constructions apparaissent à la surface. Près de là, est une petite église en ruines, qui ne paraît pas remonter à une très haute antiquité. A côté de l’église, est une voûte, sous laquelle coule une fontaine, que les Turcs appellent Ayasma, à-(itxay.<x, nom générique qu’ils donnent aux fontaines regardées comme sacrées par les chrétiens. La situation était tout
à fait propre à l’établissement d’une ville fortifiée, capable de tenir en échec les tribus belliqueuses du sud. Jusqu’à présent on n’a découvert aucune trace du temple de Jupiter hors de la ville, dont le prêtre voulut offrir un sacrifice aux Apôtres. MM. Hogarth, Headlam et Ramsay l’ont vainement cherché en 1890. Le piédestal de la statue d’Auguste était probablement resté en place et devait avoir été érigé dans l’enceinte du temple principal de la ville, comme YAugusteum d’Éphèse était dans l’enceinte du temple d’Artémis. L’inscription d’Antioche nous montre que Lystre était dans les meilleurs termes avec cette colonie qu’elle appelle sa sœur, et à qui elle fait don d’une statue de la Concorde. W. Ramsay, The Church in the Roman Empire, p. 47-54. L’étude du Codex Bezss des Actes est particulièrement intéressante pour le séjour de saint Paul à Lystre. On y trouve de nombreuses variantes, dont la principale est la suivante, XIV, 13, ot & tepst’ç toù ovto ; Aioç rcpô rcôXew ; Taôpou ; xai ffTÉ[i[iaTa in toi » ; miXwva ; iviyy.mzt< ; , erJV toïç o’x>otç t, 0eXov èmOôetv. Les prêtres sont désignés au pluriel et le dieu est appelé Zeus Propoleus. F. Rlass, Acia Apostolorum, in-8°, Gœtlingue, 1895, p. 159-161 ; W. Ramsay, The Church in the Roman Empire, p. 52-54 ; Id., Saint Paul the Traveller and the roman Citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 114-119. E. Beurlier.
2. LYSTRE. Dans un certain nombre de manuscrits on lit dans Act., xxvii, 5, le nom de Lystre à la place de celui de Myre en Lycie. Cette leçon a été adoptée par la Yulgate qui traduit par Lystra. On ne connaît pas de ville de ce nom en Lycie, la vraie leçon est donc Myra que donnent les meilleurs manuscrits. Voir F. Rlass, Acta Apostolorum, in-8°, Gœttingue, 1895, ad xxvii, 5, p. 273. Cf. ad xxi, i, p. 224. Voir Myre. E. Beurlier,
M
M, treizième lettre de l’alphabet hébreu. Voir Mem.
MÂA (hébreu : Mâ‘ai ; les Septante ont divisé ce nom en deux : Ίαμά et Άία, un des prêtres qui, lors de la dédicace du rétablissement des murs de Jérusalem, du temps de Néhémie, prirent part à cette fête en jouant de la trompette. II Esd., xii, 35 (hébreu, 36).
MAACHA (hébreu : Mâ‘ǎkâh), nom de neuf personnes et d’un royaume araméen. Comme nom de personne, il a été porté par des hommes et par des femmes.
1. maacha (Septante : Μοχά), le quatrième des enfants que Nachor eut de Roma. Gen., xxii, 24. C’était probablement un fils, puisque le texte ne dit pas expressément que c’était une fille, mais certains commentateurs mettent le fait en doute, Maacha étant un nom donné aux deux sexes.
2. maacha (Septante : Μααχά), une des femmes de David. Elle était fille de Tholmaï, roi de Gessur, et fut la mère d’Absalom et de Thamar. II Reg., iii, 3 ; I Par., iii, 2. Voir Gessur, t. iii, col. 221.
3. maacha (Septante : Μααχά), père du roi Achis qui régnait à Geth, dans le pays des Philistins, lorsque Séméi alla dans cette ville à la poursuite de ceux de ses esclaves qui s’étaient enfuis. III Reg., ii, 39. Le père du roi philistin Achis, mentionné I Reg., xxvii, 2, est appelé Maoch (hébreu : Mâ‘ôk). La différence d’orthographe est trop peu importante pour qu’on soit obligé d’y voir deux noms différents. Cf. Achis, t. i, col. 144. Plusieurs commentateurs admettent, il est vrai, un Achis, fils de Maoch, et un second Achis, fils de Maacha ; mais leur sentiment est peu probable.
4. maacha (Septante : Μααχά, III Reg., xv, 2 ; Άνά, III Reg., xv, 9, 13), fille d’Abessalom ou Absalom (voir t. i, col. 37), femme de Roboam, roi de Juda, et mère d’Abiam. III Reg., xv, 2 ; II Par., xi, 20. On admet communément que celui qui est nommé comme son père n’est pas autre qu’Absalom, fils de David, mais d’après le texte sacré, II Reg., xiv, 27, Absalom semble n’avoir eu qu’une fille appelée Thamar ; on doit donc prendre le mot « fille » dans le sens de « petite-fille ». C’est également dans l’acception de « grand’mère » qu’il faut entendre le titre de « mère » d’Asa, donné à la même Maacha. III Reg., xv, 10. Calmet et d’autres commentateurs distinguent deux Maacha, l’une mère d’Abiam et l’autre mère d’Asa ; il est néanmoins plus probable que c’est une seule et unique personne. Nous lisons II Par., xiii, que la femme de Roboam, mère d’Abia, était « Michaïa, fille d’Uriel, de Gabaa ». Dans ce verset, le nom hébreu Mîkâyâhû est une altération de Mâ‘ǎkâh, et ce qui est dit de son père confirme qu’elle était la petite-fille et non la fille d’Absalom. Josèphe dit expressément, Ant. jud., VIII, x, 1, que Maacha était la fille de Thamar, fille d’Absalom. Cette explication concorde aussi avec la chronologie. Thamar, la fille d’Absalom, devait avoir une cinquantaine d’années à la mort du roi Salomon, son oncle. Roboam, le fils de Salomon, n’a donc pu épouser que la fille de Thamar. Elle était sa cousine, et il est dit qu’il l’aima plus que toutes ses autres femmes. II Par., xi, 21. Parmi les nombreuses épouses de son mari se trouvaient deux de ses parentes, descendant comme elle d’Isaï ou Jessé de Bethléhem : c’étaient Abihaïl, fille ou plutôt petite-fille d’Éliab, frère de David, et Mahalath, fille de Jérimoth, fils de David. II Par., xi, 18. Son fils Abiam ou Abia n’ayant régné que trois ans, Maacha conserva sous le règne de son petit-fils Asa le rang de reine-mère, rang important dans les monarchies orientales. Mais elle abusa de son influence et de son pouvoir pour favoriser l’idolâtrie. Asa commença ses réformes en la privant de la puissance dont elle avait abusé : « Il éloigna du gouvernement Maacha, sa mère, qui avait fait une idole (mifléṣéṭ) à Aschéra et il abattit (littéralement : coupa) cette idole et il la brûla dans le torrent de Cédron. » III Reg., xv, 13 (texte hébreu). Cf. II Par., xv, 16. La traduction de ces deux passages parallèles a été paraphrasée dans la Vulgate. La dignité de reine-mère qu’avait conservée jusqu’alors la femme de Roboam semble indiquer que la mère d’Asa était morte avant l’avènement de ce prince au trône,
5. maacha (Septante : Μωχά), seconde femme du second rang (pîlégéš) de Caleb, fils d’Hesron. Elle eut pour fils Saber et Tharana. I Par., ii, 48.
6. maacha (Septante : Μοωχά), une des femmes de Machir. I Par., vii, 15-16. Le texte original est altéré dans ce passage et très difficile à expliquer. Voir Machir 1.
7. maacha (Septante : Μοαχά ; Alexandrinus : Μααχά), femme d’Abigabaon ou plutôt de Jéhiel, surnommé Abigabaon, de la tribu de Benjamin. Voir Abigabaon, t. i, col. 47, et Jéhiel 2, t. iii, col. 1219. Maacha eut plusieurs fils. I Par., viii, 29 ; ix, 35.
8. maacha (Septante : Μοωχά ; Alexandrinus : Μαχά), père de Hanan, qui fut un des compagnons de David et l’un de ses gibbôrîm ou vaillants. I Par., xi, 43. Voir Hanan 4, t. iii, col. 418.
9. maacha (Septante : Μααχά), père de Saphatias, qui fut le chef de la tribu de Siméon sous le règne de David. I Par., xxvii, 16.
10. maacha (Septante : dans II Reg., x, 6, 8 : Άμαλέκ ; Alexandrinus : Μααχά ; dans I Par., xix, 6 : Μααχά ; Sinaiticus : Μοοχά), petit royaume araméen, appelé aussi ’Aram Mǎ‘ǎkâh, Συρία Μααχά, Syria Maacha. I Par., xix, 6. Il est désigné sous le nom de Machati par la Vulgate dans le Deutéronome et dans Josué. Voir Machati.
1o Situation. — Saint Jérôme, De situ et nom., t. xxiii, col. 910, dit que « Machati (Maacha) était une
ville des Amorrhéens, sur le Jourdain, près du mont Hermon ». D’après les données bibliques, le royaume de Maacha était, en effet, situé dans le voisinage et au sud de l’Hermon, à l’est du haut Jourdain et du lac de Tibériade, Jos., xii, 5 ; xiii, 11, mais il est impossible d’en déterminer avec précision les limites. Nous savons aussi qu’il était limitrophe d’Argob, Deut., iii, 14, à l’ouest de cette contrée, appelée Trachonitide au temps de Notre-Seigneur, aujourd’hui le Ledjah. "Voir Argob, 1. 1, col. 950. Maacha était également voisin de Gessur, et probablement au nord dece pays. Deut., iii, 14 ; Jos., xii, 5 ; xiii, 11, 13. Maacha et Gessur formaient la frontière nord-ouest de Basan. Voir Gessur, t. iii, col. 221. Si la ville d’Abel-Beth-Maacha (t. i, col. 31) était située dans le territoire de Maacha, comme plusieurs le supposent, ce royaume se serait étendu â l’ouest, jusqu’au Nahr Hasbani (voir t. iii, col. 1715), et aurait eu pour limites au nord-est le mont Hermon et au sud-est Gessur, et aurait occupé une partie du Djaulan actuel. Voir Gaulon, t. iii, col. 117. Cf. ZeiUchrift des deutschen Palâstina Vereins, t. xii, 1889, p. 232-233 ; 1890, p. 285-286.
2° Histoire. — 1° Maacha est mentionné une première fois dans le Deutéronome, iii, 14 (Vulgate : Machati), comme indication géographique des possessions de Jaïr, de la demi-tribu de Manassé transjordanienne, mais l’Écriture ne nous fait rien connaître nulle part de l’origine des Maacha tites. — 2° Josué, xii, 5, nous apprend que le royaume d’Og, roi de Basan, s’étendait jusqu’à Maacha. Au ch. xiii, 10, il énumère Maacha ou Machati parmi les territoires qui furent donnés aux Israélites ; mais il constate, jl. 13, qu’ils ne chassèrent point les habitants qui continuèrent à demeurer dans leur pays, — 3° Le second livre des Rois, x, 6, nous montre que les Machatites étaient restés indépendants. Lorsque Hanon, roi des Ammonites, eut outragé les ambassadeurs que lui avait envoyés David pour le féliciter de son avènement au trône, il se hâta de recruter des troupes pour se mettre en état de résister aux Israélites, prévoyant qu’ils ne manqueraient pas de lui faire la guerre. Le roi de Maacha lui fournit mille hommes. Ce faible contingent indique que son royaume était de peu d’importance. Ses mille soldats furent mis en fuite par Joab avec les vingt-cinq mille Syriens de Rohob et de Soba et les douze mille d’Istob, qui avaient été recrutés par Hanon (t.in, col. 1010). II Reg., x, 6-9, 13 ; I Par., xix, 6 r 14. Après ce désastre, le nom de Maacha n’apparait plus dans l’Écriture, si ce n’est pour indiquer l’origine d’Éliphélet, un des braves de David, qui était fils d’Aasbaï et petit-fils d’un Machatite, II Reg., xxiii, 34, et celle de Jézonias, qui vivait du temps de Jérémie et était fils d’un Machatite appelé Osaïas. IV Reg., xxv, 23 ; Jer., XL, 8. Voir Jézonias 1, t. iii, col. 1537. Voir aussi Machati et Maachati. Dans I Par., iv, 19, un Machatite semble être donné comme le fondateur d’Esthamo. Voir Machathi.
11. MAACHA, troisième élément du nom de la ville d’Abel-Beth-Maacha. La Vulgate a conservé le nom hébreu complet dans II Reg., xx, 14, 15, mais en intercalant à tort un et entre Abel (Abéla) et Beth-Maacha. Elle a traduit le second élément, beth, par « maison », Abel donucm Maacha, dans III Reg., xv, 20 et IV Reg., xv, 29. Voir Abel-Beth-Maacha, t. i, col. 31.
- MAACHATI##
MAACHATI, MAACHATITE (hébreu : 1mm-Ma’âkdfî ; Septante : Ma/aÛf, dans IV Reg. ; Mwyaâî, dans Jer.), nom ethnique signifiant originaire du pays de Maacha. Le père de Jézonias, qui vivait à l’époque de la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, n’est désigné que par ce surnom de Maachalite, dans IV Reg., xxv, 23, et dans Jer., xl, 8, mais nousapprenons par Jer., xlii, 1, que son nom propre était Osaïas. Voir Jézonias 1, t. iii, col. 1537. — Le nom ethnique que la Vulgate a rendu par Maachati, dans IV Reg., xxv, 23, et
Jer., xl, 8, l’a été par Machati dans les autres livres de la Bible. Voir Machati.
MÂADD1 (hébreu : Ma’âdai ; Septante : MooSîa), descendant de Bani, qui, du temps d’Esdras, renvoya la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 34.
- MAALA##
MAALA (hébreu : Mahldh ; Septante : MaXot, MaaXâ), l’atnée des cinq filles de Salphaad, de la tribu de Manassé, qui, n’ayant point de. frères, réclamèrent à Moïse et obtinrent l’héritage de leur père. Num., xxvi, 33 ; xxvii, 1 ; xxxvi, 11 ; Jos., xvii, 3. Elle prit un mari de sa tribu. Num., xxxvi, 11. Voir Salphaad.
MA ÂLÊH ADUMMÎM (Vulgate : Ascensio et Ascensus Adommim). Voir Adommim, t. i, col. 222.
MA ÂLÊH AQRABBÎM (Vulgate : Ascensus Scorpionis). Voir Acrabim, t. i, col. 151.
- MAARA##
MAARA (hébreu : Me’ârâh ; omis dans les Septante, qui, au lieu de « Maara des Sidoniens », portent : êvavti’ov [Lagarde : àitô] rdc ?i)c *a o EiStovtot), localité mentionnée dans Jos., xiii, 4, comme appartenant aux Sidoniens. Plusieurs critiques croient le texte altéré en cet endroit ; la leçon des Septante permet, , en effet, avec un léger changement de voyelle, de ramener l’hébreu à : mê-’Azzâh, « depuis Gaza. » Avec une inversion rattachant EiSum’oi à’Ayiv., l’on obtient un sens beaucoup plus naturel : « Toute la terre de Chanaan depuis Gaza jusqu’à Apheca des Sidoniens. » Cependant la leçon Me’ârâh peut être conservée. D’après quelques interprètes, c’est un nom de ville ; toutefois, comme le mot me’ârâh signifie, en hébreu, « caverne, » on admet généralement qu’il s’agit ici d’une caverne ou d’un groupe de cavernes remarquables qui se trouvaient dans le territoire de Sidon. Il existe, en effet, à l’est de Sidon, sur les hauteurs du Liban, des cavernes naturelles, appelées Maghara Djezzin, et auxquelles les indigènes donnent ordinairement le nom de Qal’at, « château, forteresse. » Creusées dans la paroi d’un rocher à pic, elles ont été agrandies et rendues accessibles artificiellement. Guillaume de Tyr en parle, à l’époque des croisades, sous le nom de Cavea de Tyruni ; il dit que cette Cavea, située sur le territoire de Sidon, est inexpugnable : Hist. rer. transm., xix, 11, t. cci, col. 759. On trouve aussi de ces cavernes près d’Adlun, sur la route de Tyr à Sarepta, Murray’s Handbook for travellers in Syria and Palestine, 1868, p. 375, et un peu plus bas, non loin du Nahr el-Qasimiyéh. Duc de Luyn « s, Voyage d’exploration à la mer Morte, Paris (sans date), t. i, p. 25. Josué avait marqué Maara comme la limite septentrionale des conquêtes israélites dans cette région, mais aucune tribu n’étendit si loin ses possessions. — Voir C. Ritter, Erdhunde, Berlin, 1854, t. xvii, p. 99-100 ; Fr. Buhl, dans les Mittheilungen und Nachrichten des deutschen Palâstina-Vereins, 1895, p. 53-55.
- MAASAI##
MAASAI (hébreu : Ma’esai ; Septante : Maacrat’a), prêtre, fils d’Adiel, descendant d’Emmer, un de ceux qui habitèrent à Jérusalem après la captivité. I Par., ix, 12. Voir Emmer 1, t. ii, col. 1263. Maasaï est probablement le même que Amassai’de II Esd., xi, 13. Le père d’Amassaï est nommé Azréel et non Adiel, mais la forme de l’un de ces deux noms est probablement altérée. Voir Amassaï, t. i, col. 446 ; Adiel 2, col. 218 ; Azréel, col. 1311.
- MAASIAS##
MAASIAS, nom de plusieurs Israélites, dont le nombre ne peut être déterminé avec certitude, parce qu’il est impossible de savoir si quelques-uns de ceux qui sont mentionnés dans Esdras et dans Néhémie, sont le même personnage ou des personnages différents. MaaMAASIAS — MABIRE
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sias signifie « œuvre de Jéhovah ». Il est écrit en hébreu de deux façons différentes. La Vulgate transcrit ordinairement Maasias ; quelquefois, Maasia ; une fois, Masia. Elle a rendu aussi par Maasias un nom dont l’orthographe en hébreu est différente. Voir Maasias 15 et 18.
1. MAASIAS (hébreu : Ma’âsêyâhû ; Septante : Maarsaia ; Alexandrinus : Maam’a), lévite de la famille de Merari qui fit partie de la seconde classe, instituée par David pour remplir les fonctions de portiers du sanctuaire et pour jouer du nébel’al’âlâmôt (c’est-à-dire, probablement, pour chanter avec une voix de soprano) dans les cérémonies sacrées. I Par., xv, 18, 20. Voir Alamoth, t. i, col. 333.
2. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâhû ; Septante : Maa<rat’a), fils d’Adaïâs, chef de cent hommes, que le grandprêtre Joïada choisit avec quatre autres pour établir le jeune roi Joas sur le trône usurpé par Athalie. II Par., xxiii, 1.
3. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâhû ; Septante : Maairiou), un des officiers de l’armée du roi de Juda Ozias. II Par., xxvi, 11. Le texte hébreu lui donne le titre de sôtër (Septante : xpi-r^ç, « juge ; » Vulgate : doctor).
4. MAASIAS (hébreu : Ma’âsêyâhû ; Septante : Maairi’a), fils du roi Achaz. Il fut tué par Zéchri, « homme puissant d’Éphraïm, » avec deux autres personnages de la cour du roi de Juda, lorsque Phacée, roi d’Israël, envahit le royaume de Juda, II Par., xxviii, 7. Quelques interprètes supposent sans raison que Maasias n’était pas proprement un « fils du roi », mais que « fils de roi » est dans ce passage un titre de dignité.
5. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâhû ; Septante : Mocoeira ; A lexandrinus ; Mocatriav), èar, « gouverneur. » de la ville de Jérusalem, qui fut chargé par le roi Josias de réparer le Temple. II Par., xxxiv, 8. D’après certains commentateurs, ce Maasias pourrait être le grand-père de Baruch, secrétaire de Jérémie, Jer., xxxii, 12, et de Saraïas, Jer., li, 59, mais l’orthographe des deux noms est différente en hébreu. Voir Maasias 18.
6. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Maanfa ; Sinaiticus : Maa<r<jr]â ; Vulgate : Maasia), prêtre de la famille de Josué qui, du temps d’Esdras, avait épousé une femme étrangère et tut obligé de la répudier. IEsd., x, 18.
7. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Alexandrinus : Maueéa ; ; Vulgate : Maasia), prêtre de la iamille de Harim, qui vivait du temps d’Esdras et qui fut obligé de renvoyer une femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 21.
8. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Maasia ; Vulgate : Maasia), prêtre, de la famille de Pheshur. Esdras lui fit renvoyer une femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 22.
9. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Maaat’a), Israélite, des fils de Phahath Moab, qui avait épousé une femme étrangère et s’en sépara du temps d’Esdras. 1 Esd., x, 30.
10. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Maa<nou), fils d’Ananias et père d’Azarias. Ce dernier répara une partie des murs de Jérusalem du temps de Néhémie. II Esd., iii, 23.
11. MAASIA8 (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Maact’aj Vulgate : Maasia), un des Israélites qui se tenaient
à la droite d’Esdras, pendant que celui-ci lisait au peuple le livre de la Loi. II Esd., viii, 4.
12. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante, omis dans la plupart des manuscrits et des éditions ; Complute : Maadt’ocç ; Vulgate : Maasia), un des prêtres qui expliquèrent la Loi au peuple, lorsque Esdras leur en fit la lecture. II Esd., viii, 7. La Vulgate traduit inexactement que les prêtres et les Lévites faisaient garder le silence au peuple.
13. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Mota<ua ; Vulgate : Maasia), un des chefs du peuple qui signèrent l’alliance avec Dieu du temps de Néhémie. II Esd., x, 25.
14. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Maa<rîa ; Vulgate : Maasia), fils de Baruch, de la tribu de Juda, de la branche de Phares, qui habita à Jérusalem après le retour de la captivité. II Esd., xi, 5. Il est possible que ce soit le même qu’Asaïa de I Par., ix, 5, par suite de la chute du meni ou m initial.
15. MAASIAS (hébreu : Ma’âsêyâh ; Septante : Maaciou). II Esd., xi, 7. La Vulgate écrit son nom Masia. Voir Masia.
16. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; Septante : Bairatou ; Maaaafou), prêtre, père de Sophonie, contemporaine de Jérémie. Jer., xxi, l ; xxix, 25 ; xxxvii, 3. Quelques-uns pensent que ce Maasias est aussi celui qui est appelé père de Sédécias, Jer., xxix, 21, ce dernier nom étant dans ce passage une corruption de Sophonie, mais cette identification n’est pas prouvée. Voir Sophonie 1.
17. MAASIAS (hébreu : Ma’âèêyâh ; omis dans les Septante), père du faux prophète Sédécias, du temps de Jérémie. Jer., xxix, 21. Voir Maasias 16.
18. MAASIAS (hébreu : Mahsêyâh ; Septante : Maacraiov), nom du grand-père du prophète Baruch, secrétaire de Jérémie. Jer., xxxii, 12 ; li, 59 ; Baruch, i, 1. Ce nom, écrit comme les précédents dans les Septante et dans la Vulgate, a une orthographe différente en hébreu : n’ona, Mahsêyâh, au lieu de n’feiyo, Ma’eyasêyâh.
T"- ; 19. MAASIAS (hébreu : Ma’âsêyâhû ; Septante : Maacoctou), fils de Sellum, un des portiers du temple. Il vivait du temps de Jérémie et le prophète conduisit un jour les Réchabites dans une chambre située au-dessus de celle de Maasias. Jer., xxxv, 4. La Vulgate appelle cette chambre thesawwni, « trésor. »
- MAAZIA##
MAAZIA (hébreu : Ma’azyâh, « Jéhovah est une forteresse ; » Septante : Maaijia), un des prêtres qui signèrent l’alliance avec Dieu dû temps de Néhémie. II Esd., x, 8. — Ma’azyâh est une forme contractée du nom suivant Ma’azyâhû (Vulgate : Maaziau).
- MAAZIAU##
MAAZIAU (hébreu : Ma’azyâhû, « t Jéhovah est une forteresse ; » Septante : Miatrai ; Alexandrinus : MooiJâX), prêtre’, ihêi de la vingt-quatrième et dernière famille sacerdotale instituée par le roi David. I Par., xxiv, 18.
- MABIRE Pierre-Hippolyte##
MABIRE Pierre-Hippolyte, ecclésiatique français, né à Vire (Calvados) le 21 décembre 1804, mort à Bayeux le 5 décembre 1884. Ordonné prêtre le 31 mai 1828, Mabire fonda, en 1850, dans le diocèse de Bayeux, auquel il appartenait, l’institution de Sainte-Marie-de-la-Maladrerie, qu’il dirigea jusqu’en 1869. À cette date il fut nommé vicaire général de Bayeux, et il mourut dans l’exercice de cette fonction, — On a de lui : Les Psaumes traduits en français sur le texte hébreu, avec une intro
diiction, des arguments et un appendice où sont exposées quelques vues nouvelles sur l’étude de la langue hébraïque, in-8°, Cæn, 1868. 0. Rev.
- MABSAM##
MABSAM (hébreu : Mibsâm ; Septante : Ma » <rti(i), nom du quatrième des douze fils d’Ismaël. Gen., xxv, 13 ; I Par., i, 29. Un Siméonite porte le même nom en hébreu. I Par., iv, 25 (la Vulgate a écrit son nom Mapsam). On a fait diverses hypothèses sur la tribu Israélite désignée sous le nom de Mabsam, mais on n’a pas réussi jusqu’ici à l’identifier. Quelques, assyriologues ont rapproché ce nom de celui de la tribu arabe des Manmani, nommé avec les Tantmudi dans un cylindre (ligne 20) de Sargon et dans ses Annales (Botta,
et Élon (de Béthanan). Ces trois villes appartenant toutes à la tribu de Dan, il est naturel de supposer que Maccès, qui n’est nommée nulle autre part ailleurs, taisait aussi partie de cette tribu. Conder a proposé d’identifier Maccès avec Mahkus, à trois heures environ au nord-est d’Ascalon, mais cette identification a contre elle de placer Maccès trop au sud, en dehors de la tribu de Dan. T. K. Cheyne, Encyclopœdia biblica, t. M, 1902, col. 2B06.
- MACÉDA##
MACÉDA (hébreu : Maqqêdâh ; Septante : Max » )8î et MaxeSàv), ville royale chananéenne, Jos., XII, 16, dans la plaine de la Séphéla, Jos., xv, 41, qui fut donnée à la tribu du Juda. Elle est nommée la dernière dans le
150. — Vue i’El-Mughar. D’après une photographie.
5, 1. 3-5). Voir Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, 2e édit., 1883, p. 277.
- MABSAR##
MABSAR (hébreu : Mibsâr ; Septante : MàÇâp, Gen., xxxvi, 42 ; Baëadcp ; Alexandrinus : Ma6<xàp, I Par., i, 53), chef (’allûf) des descendants d’Ésaû ou Édom. Il succéda à Théman et eut lui-même pour successeur Magdiel. Gen., xxxvi, 42-43 ; I Par., i, 53-54. Une des villes dépendantes de Pétra en Idumée portait le nom deMàSuapa. Eusèbe, au mot Mctuaptc, Onomastica sacra, édit. Larsow et Partliey, 1862, p. 278, 279 ; Retend, Palæstina, 1711, p. 930 ; Fr. Buhl, Ge&ckichte der Edomiter, in-8°, Leipzig, 1893, p. 38.
- MACCES##
MACCES (hébreu : Mâqas, « limite ; » Septante : Maxé ; ; Alexandrinus : Maypaç), localité qui fut placée sous la dépendance de Bendecar (t. i, col. 1575), un des douze intendants que Salomon avait chargés de pourvoir aux dépenses de la table royale. III Reg., iv, 9. Il était préposé aussi sur trois autres villes, Salebim, Bethsamès
second groupe de la plaine avec Gidéroth, Beth Dagoil et Naama. Jos., xv, 41.
1° Histoire. — Cette ville n’apparaît qu’une fois dans l’histoire sainte, lors de la conquête de la Palestine, à l’occasion de la célèbre bataille de Béthoron. Josué, après avoir battu, près de Gabaon, les rois du sud du pays de Chanaan qui s’étaient alliés contre les Gabaonites, « les poursuivit par le chemin qui monte vers Béthoron, et les tailla en pièces jusqu’à Azéca et à Macéda. » Jos., x, 10. Le roi de Macéda était parmi les confédérés et les fugitifs. Il se réfugia, avec les rois de Jérusalem, d’Hébron, de Jérimoth et de Lachis, dans une caverne qui était voisine de sa ville royale et qu’il devait par conséquent bien connaître, mais il fut trahi, et Josué, averti du lieu de sa retraite, fit fermer par de grosses pierres l’entrée de la caverne et y établit des gardes jusqu’à ce qu’il eût achevé de poursuivre les autres fuyards. Il revint alors à Macéda, fit sortir les cinq rois de leur lieu de refuge, ordonna à ses oCiciers de leur mettre le pied sur le cou (voir t. i, fig. 35, col. 227), puis
les mit à mort et les fit attacher à une potence où ils restèrent suspendus jusqu’à la nuit ; alors on jeta leurs cadavres dans la caverne, dont on boucha l’accès avec des grosses pierres et, le même jour, la ville de Macéda fut prise et ses habitants passés au fil de l’épée. Jos., x, 16-28. On ne sait plus rien de Macéda.
2° Site. — Du récit de Josué, x, 16-28, nous apprenant que la ville de Macéda ne fut prise qu’après la capture et l’exécution des cinq rois retirés de la caverne, il résulte que cette caverne était en dehors de la ville. Cette circonstance et quelques autres détails permettent, avec quelque probabilité, d’identifier Macéda avec £7-Mughar. C’est un village qui s’élève sur le versant mé sûreté, avec ses compagnons, en se cachant dans une des cavernes des environs ; elles sont situées très haut au-dessus de la route. La caverne où ils se réfugièrent était en dehors de la ville, comme il a été remarqué plus haut. « Ces cavernes sont généralement très petites, l’entrée de quelques-unes s’est écroulée, d’autres ont été comblées, mais il y en a au moins deux qui peuvent contenir cinq personnes et dont l’entrée peut être facilement bloquée par de grandes pierres, comme on en voit d’éparses tout autour. » Conder, Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 413. Voir aussi p. 411-412, 427. — Macéda est peut-être mentionnée dans les listes géographiques de Thothmès III sous le nom de Miqata
151. — Carte de la Macédoine.
Tidional d’une colline (fig. 150), vis-à-vis de cavernes percées dans le roc, dans l’ouadi Sarar. Les maisons sont presque toutes en pisé. Les tombeaux qu’on remarque dans les environs prouvent que c’est là un ancien site. La position est assez forte. La pente de la colline est raide à l’est ; au nord sont des jardins entourés de cactus. Il y a deux puits, l’un au nord, l’autre à l’ouest. Le nom A’El-Mughar ne rappelle pas celui de Macéda, mais il rappelle la caverne où se passa l’épisode célèbre de la prise des cinq rois chananéens, car ce mot signifie en arabe, « les cavernes. » On identifie El-Mughar avec la Macéda biblique, parce que c’est le seul endroit de cette région où l’on trouve des cavernes. De.plus, cette localité est dans le voisinage de Naamah (Naanéh), de Gidéroth (Qalra [ ?]), voir Gadéroth, t. iii, col. 33) et de Beth Dagon (Dedjan, voir t. i, col. 1669), comme le dit expressément Josué, xv, 41. Sa position convient ainsi aux exigences du récit sacré. Josué poursuivit les Chananéens vaincus par la vallée d’Aïalon jusqu’à la plaine où était située Macéda (El-Mughar). Le roi fugitif de Maéda, qui connaissait bien les lieux, crut qu’il serait en
Voir W. M. Mùller, Asien und Europa nach allâgyptUchen Denkmâletn, 1893, p. 162.
F. Vigouroux.
- MACÉDOINE##
MACÉDOINE (MaxeSovt’a ; Vulgate : Macedonia), contrée située au nord de la Grèce (fig. 151).
I. La Macédoine dans la Bible. — 1° Il est question de la Macédoine dans l’Ancien Testament à propos d’Alexandre le Grand. I Mach., i, 1 ; vi, 2. Voir Macédonien ? .
2° Dans le Nouveau Testament, la Macédoine est la province romaine de ce nom. Ce fut une vision qui décida saint Paul à aller prêcher l’Évangile en Macédoine dans sa deuxième mission. Étant à Troade, il vit pendant la nuit un Macédonien qui lui dit : « Passe en Macédoine et secours-nous. » Il s’y rendit aussitôt, considérant cette vision comme un appel du Seigneur. Act., xvi, 7-10.
Venant de Troade par Samothrace, il aborda à Néapolis et de là il se rendit à Philippes où il séjourna quelques jours. Act., xvi, 11-12. Voir Néapolis, Philippes. C’est dans cette dernière ville qu’il séjourna
chez la marchande de pourpre Lydie. Voir Lydie 1, col. 447, À Philippes, la guérison d’une servante possédée par un esprit de python le fit dénoncer aux magistrats municipaux. Mais ceux-ci durent le relâcher et lui faire des excuses ainsi qu’à son compagnon Silas, quand ils apprirent qu’ils étaient tous deux citoyens romains. Act., xvii, 13-40. Voir Citoyen, t. ii, col. 789. De Philippes, les apôtres se rendirent à Amphipolis et à Apollonie, puis à Thessalonique où les Juifs les persécutèrent et firent emprisonner Jason qui les avait reçus. Act., xvii, 1-9. Ils partirent ensuite pour Bérée où les Juifs les reçurent mieux, mais où ceux de Thessalonique les poursuivirent. Act., xvii, 10-13. Silas et Timo 152. — Tétradracbme macédonien des premiers temps
de la domination romaine.
Tête de Diane. — i^. MAKEAONQN et deux monogrammes.
thée restèrent à Bérée et saint Paul partit par mer pour Athènes. Act., xvii, 14. Voir Ampiiipolis, t. i, col. 520 ; Apollonie, t. i, col. 776 ; Bérée 3, t. i, col. 1609 ; Thessalonique. De Corinlhe, saint Paul écrivit aux Thessaloniciens deux épîtres,
1° Saint Paul se félicite beaucoup des Macédoniens. Il loue la noblesse de sentiments des habitants de Bérée. Là les Juifs reçoivent la parole évangélique avec empressements examinent avec soin les Écritures pour voir si ce qu’on leur dit est exact. Act., xvii, 11. Voir Bérée 3, t. i, col. 1609. Les habitants de Thessalonique sont l’objet de sa particulière affection ; il en attacha plusieurs à sa personne ; I Thess., H, 8, 17-20 ; iii, 10 ; II Cor., ix, 4. Voir Thessalonique. Les Macédoniens
153. — Monnaie macédonienne des premiers temps
de la domination romaine.
Tcte de Dionysos (Bacchus). — îi). MAKE. Monogrammes. Chèvre.
étaient très généreux dans leurs offrandes pour leschréliens de Jérusalem, il stimule le zèle des Corinthiens en leur parlant des Macédoniens. II Cor., ix, 2-4. Il note la charité des Macédoniens à son égard. II Cor., ’xi, 9. Les habitants de Philippes, en particulier, lui étaient aussi très dévoués, Phil., IV, 10, 14, " et étaient généreux pour lui. Phil., iv, 15-19. — 2° Dans sa troisième mission, saint Paul avait le dessein en quittant Éphèse de se rendre à Jérusalem en faisant le tour par la Macédoine et l’Achaïe. Act., xix, 21 ; I Cor., xvi, 5 ; II Cor., i, 16 ; H, 13 ; I Tim., i, 3. Il y envoya d’abord Timothée et Éraste, Act., six, 22 ; puis il partit lui-même, après l’émeute d’Éphèse. Il n’y fit d’abord qu’un court séjour et passa en Grèce. Act., xx, 1-2. Trois mois plus tard, il revint en Macédoine, accompagné de quelques disciples de ce pays. C’est de Macédoine que saint Paul écrivit sa seconde Épitre aux Corinthiens. Il y parle des afflictions de toute nature qu’il endure dans ce pays, II Cor., vii,
5 ; il cherche à stimuler le zèle des frères de Corinthe en leur disant l’éloge qu’il a fait d’eux aux Macédoniens et qu’ils ne voudront pas démentir. II Cor., ix, 1-5. — 3° Le vif intérêt que saint Paul portait aux Églises de Macédoine est attesté par les Épitres qu’il adressa aux Thessaloniciens et aux Philippiens. Les Épitres aux Philippiens furent écrites de Rome. Timothée prit une grande part à l’évangélisation de la Macédoine. Act., xvi, 3 ; xvii, 14 ; xix, 22 ; I Thess., iii, 2 ; II Cor., i, 1. Voir Timothée. —4° Les Juifs étaient nombreux en Macédoine. Ils avaient un lieu de prières à Philippes, Act., xvi, 13, des synagogues à Thessalonique et à Bérée. Act., xvii,
154. — Tétradrachme de la province première de Macédoine,
des premiers temps de la domination romaine.
Tête de Diane. — fy MAKEûONQN IIPûTHE et monogramme.
1, 10. — 5° Les femmes jouèrent un rôle considérable dans l’évangélisation de la Macédoine et la première convertie y fut une femme, Lydie, originaire de Thyatire, mais fixée à Philippes. Act., xvi, 13-14 ; Phil., IV, 2-3.
IL Description et histoire de la Macédoine. — La Macédoine n’apparaît dans la Bible qu’à l’époque d’Alexandre. Les rois macédoniens, surtout Philippe II et Alexandre, avaient si_amis à leur puissance toutes les tribus de races diverses qui habitaient le pays et leur royaume avait pour limites à l’ouest le prolongement septentrional du Pinde, c’est-à-dire les monts Lyncus, Bceon et Scarpos, à l’est les massifs de l’Orbèle et du
155. — Monnaie de la seconde province de Macédoine.
Vers 150 avant J.-C.
Tête de Diane. — i$. makeaonqn âErrEPAE.
Rhodope, au sud la mer de Thrace, l’Olympe et les monts Cambuniens. Du côté du nord, il n’y avait pas de frontières naturelles. La Macédoine se divisait géographiquement en trois parties : 1° la basse Macédoine ou Èmathie, plaine que traversent le bas Axius, le Ludias ou Rœdias et le bas Haliacraon. C’est le berceau de l’empire macédonien. C’est là que se trouvaient Pella, dont Philippe II fit sa capitale, et Bérée. Voir Bérée 3, 1. 1, col. 1609. 2° La haute Maeédoine, à l’ouest, pays montagneux et sans villes avant Philippe. Elle comprenait la Lyncestide arrosée par l’Érigon, l’Élimée et l’Orestide arrosées par le haut Haliacmon, enfin la Pœonie tout à fait au nord ; 3 ô la Macédoine orientale. Elle comprenait la Mygdonie, plaine située à l’est de l’Axius et surla côte de laquelle, au nord du golfe Thermaïque. Là se trouvait la ville de Therme dont Cassandre, après la mort d’Alexandre, fit sa capitale et qu’il appela Thessalonique. La plaine arrosée par le cours inférieur du Slrymon et
où se trouvaient les mines d’or des monts Pangée, avait pour ville principale Crénides, à la place de laquelle Philippe II fonda la forteresse de Philippes. Sur la côte de la Macédoine orientale se trouvaient un certain nombre de colonies grecques, en particulier Néapolis, à côté de l’ancienne ville de Dafon, et Ampliipolis, sur une presqu’île qu’arrose le Strymon. Entre les deux golfes où aboutissent l’Axius et le Strymon, s’avance la presqu’île de Chalcidique où se trouvait la ville d’Olynthe. La Chalcidique se termine elle-même par trois petites presqu’îles. La plus orientale, qui portait le nom d’Acte, est remplie par la masse du mont Athos ; celle du milieu, la Sithonie, a d’excellents ports dont le principal est celui de Torone. La presqu’île occidentale ou Pallène avait pour ville principale Potidée.
La Macédoine passa sous la domination romaine en 168, après la victoire d’^Emilius Paulus à Pydna (fig. 152 et 153). Elle fut divisée en quatre parties (fig. 154-156) ayant pour chefs-lieux : Ampliipolis, Thessalonique, Hella et Pelagonia. Tout rapport fut interdit enîre les habitants de chacune des quatre régions. Tite Live, xlv, 29. En 146 avant J.-C, la Macédoine fut définitivement organisée en province. Florus, i, 30 (iꝟ. 14). D’après Ptolémée, III, xi », 7, la province s’étendait à l’est jusqu’au Nestus, à l’ouest jusqu’à la mer Adriatique, au nord jusqu’au Drilo et au Scardus, ïu sud jusqu’à l’Épire, au sud-est jusqu’à
1DS. — Monnaie de la quatrième province de Macédoine.
Des premiers temps de la domination romaine.
Tête de Zeus (Jupiter). — n). MAKE40H0N TETAPTHE.
l’Œta et au golfe Maliaque. En 27 avant J.-C., lors du partage des provinces, la Macédoine resta au sénat.’Dion Cassius, lui, 12 ; Strabon, XVII, iii, 25. De Tibère à Claude, c’est-à-dire de l’an 15 à l’an 44 après J.-C, elle devint province impériale. Tacite, Annal., 1, 76, 80 ; v, 10 ; Suétone, Claud., xxv ; Dion Cassius, lx, 24. Elle redevint province sénatoriale et fut réunie à l’Achaïe. Après cette époque, elle fut gouvernée par un propréteur qui portait le titre de proconsul. Corpus inscript, latin., t. viii, 1, n. 7050 ; t. ix, n. 1123, 5533 ; t. xiv, n. 3593, elc. Le siège du gouvernement était Thessalonique. Cette ville jouissait du droit de ville libre ainsi qu’Amphipolis. Pline, H. N., iv, 37, 38. Philippes, fortifiée après la bataille d’Actium, eut le titre de colonie romaine sous le nom de Colonia Augusta Julia Philippensis, Dion Cassius, li, 4 ; Corpus inscript, latin., t. iii, 1, n. 386, 633, ainsi que quelques autres villes. Cf. Act. xvi, 12.
Les Romains avaient tracé des routes à travers la Macédoine ; la plus célèbre était la Via Egnatia, qui partait de Philippes, passait par Amphipolis, Apollonie et Thessalonique, et se dirigeait vers Dyrrachium, sur la côte de l’Adriatique. C’est le chemin que suivit en partie saint Paul. Act., xvi, 11 ; xvii, 1. Il s’en écarta pour aller à Bérée, au sud-est de Thessalonique. C’est encore la route que dut suivre saint Paul pour aller en Illyricum. Rom., xv, 19. Voir Illyrie, t. iii, col. 842. Cf. Corpus inscript, latin., t. iii, p. 127-128.
Bibliographie. — E. M. Cousinery, Voyage dans la Macédoine, 2 in-4<>, Paris, 1831 ; Desdevises du Dézert, Géographie ancienne de la Macédoine, in-8°, Paris, 1863 ; H. Kiepert, Manuel de géographie ancienne, trad. franc., in-8°, Paris, 1887, p. 177-184, 201 ; Théod. Mommsen et J. Marquardt, Manuel des antiquités romaines, t. ix [Organisc.tion de l’Empire romain, par
J. Marquardt, t. n), trad. franc., în-8°, Paris, 1892, p. 203210 ; Th. Mommsen, Histoire romaine, trad. franc, de R. Cagnat et J. Toutain, in-8°, Paris, 1888, t. x, p. 6367 ; F. Hommel, Géographie und politische Geschichts des klassischen Altertums, dans le Handbuch der klassischen Altertums-Wissenschaft d’Iwan Mûller, in-8° Nordlingue, 1889, t. iii, p. 222-227 ; W. Ramsay, St. Paul, the Traveller and the Roman citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 205-237 ; Ofeïcoff, La Macédoine, traduction du bulgare, in 16, Constantinople, 1887-1888 ; M. Demitsas, H M « ît£80v ! a lv), ! - 801ç xot (jlvyiixe(oiç, in-8°, Athènes, 1896 ; V. Bérard, La Macédoine, in-18, Paris, 1897.
E. Beurlier.
- MACÉDONIEN##
MACÉDONIEN (Ma « 8<Sv ; Vulgate : Macedo), habitant de la Macédoine ou originaire de ce pays. — 1° Dans V Ancien Testament. —1. Aman, le persécuteurdes Juifs, est qualifié plusieurs fois de Macédonien dans la traduction d’Esther par les Septante, Esth., IX, 24 ; xvi, 10, et cette traduction inexacte est passée du grec dans la Vulgate, dans la partie deutérocanonique de ce livre. Esth., xvi, 10. Aman était en réalité « Agagite », comme le porte le texte hébreu, c’est-à-dire du pays d’Agag en Médie. Voir Agagite, t. i, col. 260. — 2. Esth., xvi, 1-4, il est dit, par suite du titre de Macédonien qui lui a été donné au ꝟ. 10, qu’Aman se proposait de « transférer le royaume des Perses aux Macédoniens », ce qui, pris à la lettre, serait un anachronisme, les Macédoniens étant inconnus en Asie du temps d’Aman. C’est donc Agagite ou un autre nom de peuple qu’il faudrait lire ici, si ce passage n’est pas une addition postérieure à la conquête de la Perse par Alexandre le Grand. — 3. Alexandre le Grand lui-même est appelé « roi macédonien ». I Mach., i, 1 ; vi, 2. Voir Céthim, t. ii, col. 471. — 4° Dans II Mach., viii, 20, « les Macédoniens » sont les Grecs et les Syriens du royaume des Séleucides.Cf.Diodore de Sicile, xix, 18, 82.
2° Dans le Nouveau Testament. — 1. Un Macédonien apparut en vision à saint Paul et lui demanda de se rendre dans son pays afin de le convertir, ce que l’apôtre fit aussitôt. Act., xvi, 9. — 2. Saint Paul parle aussi des Macédoniens en général, c’est-à-dire des païens, convertis de cette partie de la Grèce qu’on appelait deson temps la Macédoine, dans sa seconde Epître aux Corinthiens, ix, 2, 4. — 3. Un certain nombre de Macédoniens sont nommés dans le Nouveau Testament. Ce sont : Aristarque de Thessalonique, qui accompagna saint Paul à Éphèse et à Rome, Act., xix, 29 ; xx, 4 ; xx vii, 2 ; Gaius dont nous ne connaissons pas la ville et qui était également à Éphèse, lors de l’émeute qui s’éleva contre saint Paul, Act., xix, 29 ; Secundus, de Thessalonique, Act., xx, 4 ; Sopater. fils de Pyrrhus, de Bérée. Act., xx, 4. Voir Aristarque, t. i, col. 963 ; Gaius 1, t. iii, col. 44 ; Secundus, Sopater. Deux femmes macédoniennes, Evodie et Synlique, sont mentionnées parmi les chrétiennes de Philippes. Phil., iv, 2. Voir Evodie, t. ii, col. 2121. E. Beurlier,
- MACELLOTH##
MACELLOTH (hébreu :
lites.
Miqlôf), nom de deux Israé 1. MACELLOTH (Septante : MccxsXûO ; Alexandrinus : MaxotXcofi), le dernier des fils de Jéhiel (Abigabaon) et de-Maacha, Voir Jéhiel 2, t. iii, col. 1219 ; et Maacha 7, col. 466. Il eut pour fils Samaa ou Samaan. I Par., viii, 31-32 ; IX, 37-38. Ses descendants habitèrent à Jérusalem.
2. MACELLOTH (Septante : Ma/.e/.Xwô), chef de la seconde division de l’armée de David. I Par., xxvii, 4. Le texte qui le concerne est obscur et semble dire qu’il n’était que le chef en second de cette partie de l’armée, comprenant vingt-quatre mille hommes, tandis que le général en chef était [Éléazar, f.ls de] Dudia, PAhohite. Voir Dodo 3, Dudia, Éléazar 3, t. iii, col. 1460, 1509, 1650.
479
MACÉLOTH — MACHABÉES
MACÉLOTH (hébreu : Maqhêlôp ; Septante : Maxr|-Xtôô), vingt-sixième station des Israélites dans le désert, après la sortie d’Egypte, entre Arada (t. l, col. 873) et Thahath. Num., xxxiii, 25-26. Le mot hébreu maqhélôf signifie dans Ps.lxvhi (Vulgate, lxvii, 27), « assemblées. » Le site de cette station est inconnu. Cf. Lagrange, L’itinéraire des Israélites du pays de Gessen aux bords du Jourdain, dans la Revue biblique, 1900, p. 278.
- MACÉNIAS##
MACÉNIAS (hébreu : Miqnêyâhû, « possession de Jéhovah ; » Septante : MaxsXXîa, Maxevfa), Mérarite, un des Lévites appartenant au second ordre des musiciens du sanctuaire du temps de David. Il jouait du kinnôr’al haS-Seminif le-nasêa/i. I Par., xv, 18, 21. Voir pour le kinnôr, Harpe, t. iii, col. 434. Semînît est expliqué comme signifiant « à l’octave » et désignant la basse ; on
qu’il écrasait comme un marteau les ennemis du peuple juif. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790. De lui, il passa dans le langage courant à toute la descendance de Mathathias. Cependant le nom de la famille est celui d’Asmonéens. Josèphe, Antiq. jud., XU, VI, 1. Ce nom leur vient d"Aa< ?|ia>vaïaç, grand-père de Mathathias. Les écrivains juifs emploient ce mot de préférence à celui de Machabées et les livres canoniques qui portent leur nom sont désignés par eux sous celui de livre des Asmonéens. Cf. Winer, Realwôrterbuch, au mot Makkabâer. Asmon, en hébreu Ijasmôn, signifie « grand, riche ». Cf. Ps. lxviii (lxvii), 32 (Vulgate : legati). Le tableau suivant donne la généalogie des Machabées : les noms écrits en petites capitales sont ceux des personnages mentionnés dans la Bible. Les dates sont celles de la mort. Elles sont toutes antérieures à Jésus-Christ :
TABLEAU GÉNÉALOGIQUE DES MACHABÉES
Asmon
I Simon
I
Jean
I Mathathias f 167
I
I I 1, 1 I
Jean Gaddis f 161 Smox Thasi f 135 Judas Machabée f 161 Éléazar Abaron f 163 Jonathan Apphus f 143
! _
I P i i
Judas f 135 Jean Hyrcan I f 106 Mathathias f 135 Fille mariée à Ptolemée
I
I i | i i
Salomé Alexandra Antigone f 105 Alexandre Jannée Fils
épouse Aristobule I f 105 épouse Salomé Alexandra f 78
Fils
I Hyrcan H f 30
Aristobule II f 49 I
I I Alexandra ]- 28 épouse Alexandre f 49 Antigone f 49
I
Marianne f 20 épouse Herode le Grand Aristobule f 35
lui attribue aussi le sens de harpe à huit cordes, etc. La signification du mot le-nasêah est également obscure. La Vulgate l’a traduit par epinicion, « chant de victoire, » mais cette traduction est difficile à justifier. Le sens le plus probable est « pour conduire le chant ».
- MACER##
MACER (grec : Mdcxpwv ; Vulgate : Macer), surnom de Ptolemée, qui fut d’abord gouverneur de Cypre, puis de Phénicie. Mâxptov signifie « le long », c’est-à-dire de haute taille. Le latin l’a rendu par Macer, « maigre, » à cause sans doute de la ressemblance de son dans les mois, sans tenir compte du sens. Il Mach., x, 12. Voir Ptolemée Macer.
- MACHABÉES##
MACHABÉES (grec : Maxxaêaîoç ; Vulgate : Mâchai ) feus). Sous ce nom sont désignées deux familles : 1° celle du prêtre Mathathias qui prit la tête du mouvement de résistance à l’oppression des rois de Syrie et gouverna la Judée pendant la seconde moitié du IIe siècle avant Jésus-Christ et la première moitié du i », c’est-à-dire de 166 à 49 ; 2° les sept frères qui furent martyrisés sous Antiochus IV Épiphane.
1. MACHABÉES. Les fils du prêtre Mathathias sont appelés du nom général de Machabées par les livres qui racontent l’histoire des premiers d’entre eux. Ce mot, qu’on peut interpréter par « marteau », fut. donné en surnom à Judas, troisième fils de Mathathias, parce
I. Affranchissement des Juifs par les Machabées. — 1° Révolte des Machabées contre Antiochus. — L’honneur des Machabées est d’avoir été les chefs de la résistance au paganisme hellénique et d’avoir sauvé la religion du vrai Dieu. Lorsque Mathathias et ses fils se soulevèrent contre Antiochus IV Épiphane, le, peuple juif souffrait la plus cruelle persécution. Dès le début du règne de ce prince, un certain nombre « d’enfants d’iniquité » s’étaient laissé séduire par les mœurs grecques. Ils avaient demandé au roi la permission de vivre à la façon des gentils ; un gymnase s’était élevé à Jérusalem et l’on avait vu des Juifs dissimuler leur circoncision. I Mach., i, 12-16. Le chef du parti hellénique, « des impies, » comme les appelaient ceux qui se nommaient eux-mêmes les pieux ou assidêens (voir Assidéens, t. i, col. 1131), était Jason, le propre frère du grand-prêtre Onias III. Il corrompit de nombreux prêtres et alla jusqu’à envoyer un don considérable poulies sacrifices offerts à Hercule dans la ville de Tyr. II Mach., iv, 7-19. Voir Jason 4, t. iii, col. 1141. Après sa victoire sur Ptolemée VI Philométor, le roi de Syrie résolut de faire disparaître la religion d’Israël. Il vint à Jérusalem avec une puissante armée, entra dans le lieu saint, pilla les trésors du Temple et établit un surintendant des tributs qui s’installa dans la capitale juive avec une suite nombreuse. La ville de David fut fortifiée et reçut une garnison syrienne. Il fut défendu d’offrir des sacrifices dans le Temple, les choses saintes fuient
profanées, la célébration du sabbat et des fêtes, la circoncision des enfants furent interdites ; au contraire partout furent bâtis des temples aux idoles et on offrit de l’encens en leur honneur ; les Livres Saints furent déchirés et brûlés, on égorgeait ceux chez qui on en trouvait des copies, toute désobéissance aux ordres du roi était punie de mort. I Mach., i, 21-64. Voir Antiochus 3, t. i, col. 693. Nombreux furent ceux qui préférèrent la mort à l’apostasie. I Mach., i, 65-67. Mathathias et ses fils changèrent cette résistance passive en une lutte à main armée contre l’oppresseur. I Mach., ir. Voir Mathathias5. L’histoire des premiers Machabées, . c’est-à-dire de Judas, de Jonathas, de Simon, est celle d’une lutte incessante et finalement couronnée de succès pour maintenir l’indépendance politique et religieuse du peuple juif. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790 ; Jonathas 3, t. iii, col. 1620 ; Simon 3 Machabée.
2o Judas Machabée. — Durant la première période de leur histoire, de 168 à 153 avant J.-C, les Machabées et leurs partisans réussirent à tenir en échec la puissance syrienne. L’occupation de la cité sainte par les étrangers avait réduit les Juifs à faire une guerre de partisans dans les montagnes. I Mach., ii, 28. Le théâtre des premiers exploits de Judas fut la contrée située au nord-est de Jérusalem. Voir Judas 3, t. iii, col. 1791. La prise de la ville sainte, en 165, termina le premier acte de la lutte. 1 Mach., iv, 36-61 ; II Mach., x, 1-9. Prenant alors l’offensive, Judas attaqua les peuples du voisinage, mais ces guerres n’eurent pour effet que de protéger la Judée contre leurs attaques. I Mach., v, 1-68 ; II Mach., x, 15-38 ; xii, 3-46. En fait, Judas n’eut jamais sous sa dépendance que le voisinage immédiat de Jérusalem. Ses points d’appui étaient la ville sainte et Bethsura au sud de Jérusalem, qu’il avait solidement fortifiées. I Mach., iv, 60-61. Sous le règne d’Antiochus V Eupator, les expéditions de Lysias aboutirent à des traités de paix où l’indépendance des Juifs et la souveraineté de Judas furent reconnues. II Mach., x, 10-14 ; xi, 1-38 ; I Mach., vi, 17-63. Voir Antiochus 4, 1. 1, col. 700 ; Judas, t. iii, col. 1793, et Lysias, t. iv, col.
La campagne de Nicanor, au début du règne de Démétrius Ier, aboutit de même à une défaite et Judas fut de nouveau tranquille. I Mach., vii, 26-50. Voir Démétrius 1, t. ii, col. 1398 ; Nicanor. La mort de Judas, dans la bataille qu’il livra à Bacchides, eut pour conséquence la défaite de ses partisans et le triomphe du parti hellénique. La famine augmenta le désastre et jamais on ne vit pareille tribulation en Israël. I Mach., ix, 23-27.
3o Jonathas Machabée. — Jonathas releva le courage du peuple resté fidèle. Abandonnant la Judée où les Syriens régnaient en maîtres, il se réfugia à Bethbessé, dans le désert. Vainqueur de Bacchides qui assiégeait la ville, il signa avec lui un traité de paix et s'établit à Machmas au nord de Jérusalem. I Mach., ix, 62-73. La rivalité d’Alexandre Balas et de Démétrius Ier Soter fournit à Jonathas une occasion favorable de rendre aux Juifs leur indépendance. Les deux rivaux cherchèrent son appui et ce fut à qui lui ferait les plus brillantes promesses. Jonathas se déclara pour Alexandre. I Macb., x, 1-47. Il reçut en remerciement la reconnaissance officielle de son pouvoir civil et militaire sur la Judée, par Alexandre et par son allié Ptolémée VI Philométor, roi d’Egypte. I Mach., x, 60-65. Voir Alexandre 2 Balas, t. i, col. 348 ; Démétrius 1, t. ii, col. 1361. La mort des deux princes assura le trône de Syrie à Démétrius II en 146-145. Ce roi, qui n’avait pas perdu le souvenir des défaites infligées à son général Apollonius par Jonathas, I Mach., x, 69-87, reconnut l’autorité du Machabée sur la Judée et sur les villes de Samarie dont il s'était emparé. I Mach., xi, 30-37. Le prince asmonéen témoigna sa reconnaissance en défendant Démétrius contre Tryphon, I Mach., xi, 44-50, mais le roi de Syrie se montra ingrat envers son défenseur. Il fut puni de sa trahison ;
Trypbon s’empara d’Antioche et le jeune Antiochus VI,
qu’il fit monter sur le trône, rechercha à son tour l’amitié
de Jonathas et le confirma dans ses titres. I Mach., xi,
57-58. Tryphon voulut bientôt pour lui-même le trône
qu’il avait donné au jeune roi. Par de fallacieuses promesses, il persuada à Jonathas de licencier ses troupes
et l’attira à Ptolémaïde, où il le mit à mort. I Mach., XII,
39-48. Voir Jonathas 3, t. iii, col. 1620. La puissance du
parti national était si solidement établie que cet assassinat ne l'ébranla en rien.
4o Simon Machabée. — Simon prit la succession de son frère, et s’allia à Démétrius II, qui de nouveau reconnut l’indépendance des Juifs. Simon porta à la fois le titre de grand-prêtre et d’ethnarque. L’an 142 avant J.-C. marque la première année de l’indépendance complète de la Judée. I Mach., xiir, 36-42. Le dernier rempart de la puissance syrienne, la citadelle de Jérusalem, fut prise par Simon. I Mach., xiii, 46-51. Voir Démétrius 2, t. ii, col. 1362. Antiochus VII Sidètes, lorsqu’il voulut s’emparer à son tour de la Syrie, commença par s’assurer l’alliance de Simon et par reconnaître l’indépendance des Juifs, I Mach., xv, 1-9 ; il est vrai qu’il revendiqua plus tard comme siens Joppé, Gazara et la citadelle de Jérusalem, mais ces réclamations furent inutiles. L’assassinat de Simon par le général syrien Ptolémée ne rendit pas aux Syriens le pays qu’ils avaient perdu. I Mach., xv, 28-36 ; xvi, 14-17. Jean Hyrcan vengea son père et comme lui fut grand-prêtre et ethnarque de Judée. Voir Jean 4 Hyrcan, t. iii, col. 1154.
5o Caractère de l'œuvre des Machabées. — Par leur bravoure et leur constance, les Machabées avaient réussi à secouer le joug syrien et à reconstituer la nation juive. Cette reconstitution avait été définitive sous Simon et les titres qui lui furent reconnus furent portés par ses successeurs. — 1. Les guerres dont ils furent les héros sont parmi les plus glorieuses que soutinrent jamais des nations noblement jalouses de leur indépendance nationale et religieuse. Les paroles de Judas à ceux qui lui conseillent la retraite : « Dieu nous garde de fuir ! Si notre temps est arrivé, mourons courageusement pour nos frères et ne portons pas atteinte à notre gloire, » I Mach., ix, 10, valent bien celles d’un Léonidas. Non seulement les Machabées tarent des héros, niais ils furent aussi des généraux habiles. Judas organisa ses partisans en armée régulière, la subdivisa en groupes à la tête desquels étaient placés suivant leur importance des chefs supérieurs, des commandants de mille, de cent, de cinquante et de dix hommes. I Mach., iii, 55. Simon donna une solde à ses troupes à l’exemple des rois syriens. I Mach., xiv, 32 ; cf. I Mach., iii, 28. Aux soldats juifs, Jean Hyrcan joignit des auxiliaires étrangers qui se battirent pour eux avec le plus grand courage. Josèphe, Ant. jud., XIII, viii, 4 ; xiir, 5 ; xix, 1. Voir Armée 1, t. i, col. 977, 981-982. Judas et ses successeurs surent employer l’artillerie de siège, ils firent des balistes et des machines diverses. I Mach., vi, 20, 52, Voir Baliste, t. i, col. 1414 ; Catapulte, t. ii, col. 346 ; Machine, t. iv, col. 505, L’habileté diplomatique des Machabées ne fut pas moindre que leur génie militaire. Ils surent se ménager les alliances des Bomains et des Spartiates. I Mach., viii, 1-32 ; xii, 1-23 ; xiv, 16-26 ; xv, 15-2^. — Simon fut le premier qui frappa des monnaies à son nom. Il reçut ce privilège d’Antiochus VII Sidètes. I Mach., xv, 6 : Voir Monnaie.
2. Il est évident cependant que les Machabées furent avant tout de fidèles observateurs de la loi. C’est en Dieu qu’ils mettaient leur confiance et les Livres Saints étaient leur consolation, I Mach., xii, 9 ; ils observaient scrupuleusement le sabbat, ne livrant jamais d’euxmêmes bataille ce jour-là, I Mach., ii, 32 ; II Mach., vi, 11 ; viii, 26, etc. ; l’année sabbatique, I Mach., vi, 53 ; la loi du nazaréat, I Mach., iii, 49 ; les exemptions du service militaire établies par la loi, 1 Mach., iii, 56
IV.
16 483
MACHABÈES
m
cf. Deut., xx, 5, 8 ; les jours de prières et de jeûnes, I Mach., iii, 47 ; II Mach., x, 25, etc. La nouvelle fête de la dédicace fut un hommage aux anciens rites. II Mach., I, 9. Cependant il y eut une innovation de première importance, ce fut l’interruption de la succession héréditaire dans la charge de grand-prêtre. Onias IV, fils d’Onias III, s’enfuit en Egypte et y bâtit, à Léontopolis, un temple schismatique. Josèphe, Ant. jud., XIII, m ; Bell, jud., i, I, 1. Voir OniaS III. Les rois de Syrie s’arrogèrent le droit de nommer le grand-prêtre. Jason, frère d’Onias 111, chef du parti hellénique, sollicita à prix d’argent Antiochus Épiphane, pour obtenir de lui ce titre. II Mach., iv, 7. Alcime dut sa nomination au même prince. I Mach., vii, 9. Voir Alcime, 1. 1, col. 338. Alexandre Ba’as donna la grande-prêtrise à Jonathas, I Mach., x, 20, que reconnurent aussi en cette qualité Démêtrius II et Tryphon. Simon fut â son tour reconnu par Démêtrius II qui lui donna en même temps, ainsi que nous l’avons vu plus haut, le titre d’ethnarque. I Mach., xiii, 36-42. Voir Ethnarque, t. ii, col. 2033.
Dans les lettres adressées à cette époque par les nations étrangères ou par les rois, nous voyons apparaître un autre pouvoir à côté de celui du grand-prêtre et plus tard de l’ethnarque, c’est la Yepoun’a ou assemblée des anciens. I Mach., xii, 6 ; II Mach., i, 10 ; iv, 44 ; xi, 27 ; Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 3. C'était, mieux organisé et avec plus de consistance, le conseil qui avait assisté Moïse, Num., xi, 16, 17, 24-30, et qui, depuis ce temps, avait perdu son autorité et son organisation primitives. Ce conseil composé de prêtres et de laïques fut plus tard appelé sanhédrin. Voir Anciens 3, t. i, col. 554 ; Sanhédrin.
II. Jean Hyrcan et ses successeurs. — Le premier livre des Machabées s’arrête au début du règne de Jean Hyrcan. Voir Jean 4 Hvrcan, t. iii, col. 1154. Voici le résumé de l’histoire de ses successeurs ; elle est la transition entre l’Ancien et le Nouveau Testament, et sa connaissance est indispensable à qui veut comprendre l'état du monde juif au temps où Notre-Seigneur apparut sur la terre.
1o Aristobule 1er (105-104). — En mourant, Jean Hyrcan laissa cinq fils. Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 7. Deux d’entre eux sont inconnus, les trois autres sont Aristobule, Antigone et Alexandre Jannée. Par testament, il donna le pouvoir civil à sa femme et la grande-prêtrise à Aristobule. Josèphe, Ant. jud., XIII, XI, i ; Bell, jud., I, iii, 1. Celui-ci mit en prison sa mère, l’y laissa mourir de faim et s’empara du pouvoir. Il empoisonna de même ses frères, à l’exception d’Antigone. Josèphe.ifeid. La confiance qu’il donna à ce dernier excita contre lui la jalousie. On l’accusa de complot contre Aristobule, si bien que celui-ci le fit tuer par ses gardes. Le meur '37. — Monnaie d' Aristobule I OT.
[3o Tin]>n nsm mi jns rmn>, « Judas, grand-prêtre, et la communauté des Juifs, b dans une couronne de laurier ou d’olivier. — i^. Deux cornes d’abondance ; au milieu, une tête de pavot.
tre commis, Aristobule en eut un chagrin si amer que, dit-on, il hâta sa mort. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 1-3 ; Bell. jud.. I, iii, 1-6. Aristobule, plus encore que son père, s'éloigna des traditions des Machabées, pour adopter les mœurs grecques. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 3. Le premier, il prit le titre de foi, que ses successeurs gardèrent jusqu'à la conquête de la Judée par Pompée. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 1 ; Bell, jud., i, m, 1. Cependant sur ses monnaies, il ne prit ni le titre
royal, ni son nom grec, il s’appelle : Judas grandprêtre (fig. 157). Il portait, en effet, le nom hébreu de Judas. Josèphe, Ant. jud., XX, x. Cf. Madden, Coins of the Jews, in-4o, Londres, 1881, p. 61-63. Aristobule conquit les districts situés au nord de la Palestine, en particulier une grande partie de l’iturée dont il força les habitants à se circoncire et à prjtiquer la loi juive. Josèphe, Ant. jud., XIII, xi, 3. Voir Iturée, t. iii, col. 1039. Il mourut d’une cruelle maladie, après un an de règne, en 104 avant J.-C.
2o À lexandre Jannée (104-78). — À la mort d’Aristobule, sa veuve, Salomé Alexandre, fit sortir de prison les trois frères de son mari, éleva l’alné, Alexandre Jannée,
158. — Salomé et Aristobule I".
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BAEIAISEHï EAAOMHE (en grande partie illisible).
% BAEIAEQE APILTOBOrAOr. Leurs portraits.
au trône et à la grande-prêtrise et l'épousa. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 1 ; Bell, jud-, 1, iv, 1. Le règne du nouveau prince fut rempli par des guerres perpétuelles. Il commença par assiéger Ptolémaïde, mais Ptolémée Lathurus, chassé du trône par sa mère Cléopâtre et souverain de Cypre, vint au secours de la ville. Alexandre fut obligé de lever le siège. Josèphe, Ant. jud., X11I, xii, 2-4. Un instant, Ptolémée fut disposé à traiter avec Alexandre, mais, apprenant que celui-ci demandait contre lui le secours de Cléopâtre, il cessa les pourparlers et fit avancer son armée. Il conquit Asochis en Galilée et prit position contre Alexandre à Asophon, sur les bords du Jourdain. Les Juifs furent défaits et massacrés. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 4-5. Cléopâtre envoya alors une armée en Palestine pour empêcher son fils de devenir trop puissant. Ptolémée essaya une diversion en Egypte, fut battu et' obligé de retourner à Gaza. Cléopâtre s’empara de la Palestine tout entière. Ses conseillers voulaient qu’elle l’annexât à l’Egypte, mais Ananias, général juif aux ordres de la reine, la poussa à traiter avec Alexandre. Ptolémée fut contraint de retourner à Cypre, Cléopâtre rappela son armée et Alexandre régna de nouveau sur le pays. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 1-3. Il tourna alors ses armes contre les pays situés à l’est du Jourdain, prit Gadara, Amathus, puis dans le pays des Philistins, Raphia, Anthédon et enfin Gaza, en 96 avant J.-C. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 3-4.
A ces guerres s’ajoutèrent des dissensions intestines, dont on trouve l'écho dans les traditions rabbiniques. H. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine, d’après les Thalmuds et les autres sources rabbiniques, in-8o, Paris, 1867, t. i, p. 96-98. La secte des pharisiens était perpétuellement en conflit avec le prince. La cause en était surtout dans la négligence que mettait Alexandre à remplir ses fonctions de grandprêtre. Alexandre réprima les émeutes avec une véritable cruauté. Il fit massacrer par ses mercenaires 600 Juifs. Josèphe, Ant. jud., XIII, xiii, 5 ; Bell, jud., I, iv, 3. Cf. Derenbourg, Essai, p. 98, note ; WellhaUsen, Die Pharisâer und die Sadducâer, in-8o, Greifswald, 1874, p. 96. La nature belliqueuse d’Alexandre l’entraîna bientôt à une nouvelle guerre contre les tribus arabes situées à l’est du Jourdain. Il tomba dans une embuscade que lui dressa le roi arabe Obédas. Ce fut à grand’peine qu’il s'échappa et revint à Jérusalem. Josèphe, Ant, jud., XIII, xili, 5. Les pharisiens profitèrent de sa
défaite pour se révolter, et pendant six ans il dut lutter « ontre son peuple à l’aide de troupes mercenaires. Près de 50 000 Juifs périrent, dit-on, dans cette guerre civile. Quand Alexandre leur demanda ce qu’ils désiraient pour conditions de la paix et de la soumission, ils répondirent qu’ils demandaient sa mort. En même temps, ils appelaient à leur aide Démétrius III, fils d’Antiochus Grypas et gouverneur d’une partie de la Syrie. Josèphe, Ant.jud., XJII, xii, 5 ; Bell.jud., i, iv, 3-4. L’armée de Démétrius, unie aux adversaires d’Alexandre, battitcomplètement le prince qui perdit ses troupes mercenaires et fut obligé de s’enfuir dans les montagnes. Cependant le sentiment national ramena à Alexandre 6 000 révoltés ; le reste fut défait par lui. Les chefs de la rébellion, assiégés dans Bémésélis, furent réduits à capituler. Conduits à Jérusalem, ils furent crucifiés avec près de 800 de leurs partisans, en présence de leurs femmes et de leurs enfants. Ce spectacle répandit la. terreur au point que, pendant la nuit, 8000 Juifs s’enfuirent et ne reparurent plus en Judée. Josèphe, Ant.jud., XIII, xiv, 1-2 ; Bell, jud., i, iv, 4-6. Tranquille à l’intérieur, Alexandre eut encore à soutenir des luttes contre Antiochus XII à qui il tenta en vain d’interdire le passage à travers la Judée au moment où le roi de Syrie entreprenait une campagne contre les Arabes. Après la mort d’Antiochus XII, le roi de Damas, Arétas, devint le voisin le plus redoutable des Juifs. Ce prince attaqua Alexandre et le battit. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 2 ; Bell, jud., i, IV, 8. Plus heureux en 84-81, Alexandre conquit Pella, Dium, Gérasa, Gaulana, Séleucie et enfin Gamala. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 3. La débauche à laquelle il continuait de se livrer au milieu des fatigues ruina sa santé et, en 78, il succomba pendant qu’il faisait le siège de Bagaba. Josèphe, Ant. jud., XIII, xv, 5. Son corps, rapporté à Jérusalem, y fut enterré en grande pompe. Josèphe, Ant. jud., Xllï, xvi, 1 ; cf. Bell, jud., V, vii, 3. Les monnaies d’Alexandre Jannée ont une double inscription. Dans le texte hébraïque il porte le nom de Jonathan et dans le texte grec celui
159. — Monnaie d’Alexandre Jannée.
"Wil "Oni Vn pan pat. [a]AEEA, Jonathan, le grand-prêtre, et la communauté des Juifs. Alexa[ndre]. — à). Deux cornes d’abondance dans un grénetis.
d’Alexandre (fig. 159). Cf. Madden, Coins of the Jews, p. 83-90.
3° Alexandra (78-69). — Alexandre laissa le trône à sa veuve Salomé Alexandra (fig. 160) qui nomma grand 160. — Monnaie d’Alexandra.
AAE3AN4 BASIAIS, autour d’une ancre. — fy Soleil à huit rayons.
Trace d’une légende hébraïque.
prêtre son fils aîné Hyrcan. Josèphe, Ant.jud., XIII, xvi, 1-2 ; Bell, jud., i, y, i. Sous tous rapports, son règne fut l’antithèse de celui de son second mari. Elle fut complètement sous la dépendance des pharisiens. Josèphe, Ant. jud., XIII, xvi, 2-3, 6 ; Bell, jud., i, v, 2-3. Sa politique étrangère fut énergique et prudente. Le principal événement de ce règne fut l’expédition d’Aristo bule, fils de la reine, contre Damas. Josèphe, Ant. jud.,
XIII, xvi, 3 ; Bell, jud., i, v, 3. En somme, ce fut un règne paisible au dedans et au dehors. Cependant les sadducéens n’avaient pas renoncé à la puissance, ils se groupaient autour d’Aristobule, second fils de la reine. Le prince se révolta quand il vit sa mère malade et disposer du trône en faveur d’Hyrcan II, son fils aîné. Alexandra mourut avant que la guerre éclatât entre les deux frères. Josèphe, Ant. jud., XIII, xvi, 6-5 ; Bell, jud., i, v, 4.
4° Aristobula II. — À peine Alexandra fut-elle morte et Hyrcan II, déjà grand-prêtre, eut-il commencé à exercer le pouvoir civil, qu’Aristobule l’attaqua. La bataille s’engagea près de Jéricho. Une partie des troupes d’Hyrcan passa à Aristobule et lui assura la victoire. Hyrcan se réfugia dans la citadelle de Jérusalem, mais il fut obligé de se rendre et de céder à Aristobule, à la fois, le pouvoir civil et la grande-prêtrise. Josèphe, Ant.jud.,
XIV, i, 2 ; Bell, jud., i, vi, 1. Cf. Ant.jud., XV, iii, 1 ; XX, x. C’est alors que nous voyons entrer en scène Plduméen Antipas ou Antipater, père d’flérode le Grand. Voir Hérode 2, t. iii, col. 698 ; Idumée’, t. iii, col. 830. Convaincu à juste raison qu’il avait plus à redouter du belliqueux Aristobule que du faible Hyrcan, Antipater persuada à ce dernier que sa vie était en danger, lui recruta des partisans parmi les Juifs et enfin lui assura l’alliance des princes arabes. Quand il l’eut convaincu, il partit avec lui de Jérusalem pendant la nuit et se réfugia à Pétra, capitale d’Arétas. Moyennant la promesse que ce dernier travaillerait au rétablissement d’Hyrcan sur le trône, le prince asmonéen promettait de rendre au roi arabe les douze villes prises sur lui par Alexandre Jannée. Josèphe, Ant.jud., XIV, i, 3-4 ; Bell.jud., i, vi, 2. Arétas attaqua Aristobule et le défit ; presque toute l’armée du prince vaincu passa à Hyrcan, qui assiégea son frère dans le Temple. Josèphe, Ant. jud., XIV, H, 1-2. Cf. Derenbourg, Essai, p. 113. Sur ces entrefaites, Seaurus, lieutenant de Pompée, arriva à Damas ; les deux frères lui envoyèrent chacun de leur côté des ambassadeurs avec des sommes d’argent considérables. Scaurus jugea que la position d’Aristobule était plus forte et se décida pour lui. Arétas fut sommé de lever le siège. Aristobule le poursuivit et lui infligea une défaite sanglante. Josèphe, Ant. jud., XIV, ii, 3 ; Bell, jud., i, vi, 2-3. A partir de ce moment l’influence romaine fut dominante en Judée. Aristobule combla Pompée de présents, Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 1, mais le général romain refusa de se prononcer entre les partis qui divisaient les Juifs, Josèphe, Ant.jud., XIV, iii, 3 ; Diodore de Sicile, xl ; il exigea qu’ils demeurassent en paix, jusqu’à la fin de son expédition contre les Nabatéens. Josèphe, Ant. jud, , XIV, iii, 3. Aristobule mécontent quitta Dium où il était avec Pompée. Celui-ci interrompit son expédition pour le châtier.
Le prince juif, au lieu d’obéiraux messages de Pompée, se prépara à lui résister dans Jérusalem. Pompée apparut bientôt devant la ville sainte. Aristobule effrayé se rendit au camp romain et promit de livrer la ville si Pompée suspendait les hostilités. Celui-ci garda Aristobule et ordonna à Gabinius d’entrer à Jérusalem, mais les Juifs fermèrent les portes. Pompée irrité s’avança contre la ville sainte. À l’intérieur, les Juifs étaient divisés, les partisans d’Aristobule voulaient résister, les amis d’Hyrcan, au contraire, voulaient ouvrir les portes à Pompée qu’ils considéraient comme leur ami. Ils l’emportèrent et Pompée envoya Pison pour en prendre possession. Les Romains furent néanmoins obligés de faire l’assaut de la citadelle. Après un siège de trois mois, elle fut prise et 12 000 Juifs furent massacrés, en 63 avant J.-C. Josèphe, Ant. jud., XIV, iii, 3-iv, 2 ; Bell, jud., i, vi, 4-vn, 5 ; Dion Cassius, xxxvii, 16 ; Strabon, XVI, ii, 40, Tite Live, Epitome, 102 ; Tacite, Hisl., v, 9 ; Appien, Syriae., L. Pompée pénétra jusque dans 487
MAGHABÉES — MACHABÉES (LIVRES DES)
le Heu saint, mais ne toucha pas aux trésors du Temple et prit soin qu’on continuât les sacrifices. Les auteurs de la révolte furent mis à mort, un tribut considérable fut imposé à la Judée et une grande partie du territoire passa sous la dépendance du proconsul de Syrie. Hyrcan II reçut le gouvernement du reste avec le titre de grandprêtre, mais perdit celui de roi. Josèphe, Anl. jud., XIV, iv, 4 ; XX, x ; Bell, jud., i, vii, 6-7 ; Cicéron, Pro Flacco, 67. Aristobule fut emmené comme prisonnier de guerre, avec ses fils Alexandre et Antigone, et il figura au triomphe de Pompée. Un grand nombre de Juifs furent également conduits à Rome et, affranchis plus tard, formèrent la communauté juive de Rome, qui devint très importante. Josèphe, Ant. jud., XIV, iv, 5 ; Bell, jud., i, vii, 7 ; Plutarque, Pompée, 45 ; Appien, Mithridate, 117. Voir Affranchis, t. i, col. 255.
5° Le gouvernement des rois Asmonéens. — Les derniers Machabées furent des souverains indépendants. Comme un grand nombre de vassaux des Séleucides, ils profitèrent de la décadence du royaume de Syrie pour prendre eux-mêmes le titre de roi. Cependant, pour leurs compatriotes, ils furent surtout grands-prêtres. Quelques-uns d’entre eux furent peu zélés dans l’accomplissement de leurs fonctions, mais ils n’en conservèrent pas moins héréditairement un titre auquel ils tenaient et qui était indispensable à leur autorité sur la nation juive. Les partis qui avaient divisé la Judée sous les premiers Machabées continuèrent leur lutte sous d’autres noms, pendant cette seconde période. Ceux que les livres des Machabées appelaient « les impies » avaient trouvé un moyen de concilier l’observation de la loi de Moïse avec les mœurs helléniques, ils s’appelaient maintenant les sadducéens et, pleinement sympathiques à la politique des derniers princes asmonéens, ils étaient à leur service dans l’armée et dans la diplomatie. Voir SaddiîCÉens. Les Assidéens étaient devenus les Pharisiens et, de plus en plus, sous prétexte d’observer scrupuleusement la loi, ils y ajoutaient des observances nouvelles. S’ils eurent quelque temps une influence prépondérante sous Salomé Alexandra, sous les autres princes, les Sadducéens furent les inspirateurs du gouvernement. Voir Pharisiens.
Tandis que les premiers Asmonéens avaient surtout cherché à faire rentrer en Palestine leurs compatriotes établis dans les pays voisins, I Mach., v, 23, 43-54, les derniers, au contraire, cherchèrent à soumettre les peuples voisins et à les judaïser. C’est ainsi que nous avons vu Aristobule, après avoir conquis les districts situés au nord de la Palestine, forcer les habitants de la partie de l’Iturée qu’il avait soumise à se faire circoncire. Alexandre Jannée avait de même annexé à son royaume les pays situés à l’est du Jourdain, et sur la côte le pays des Philistins. La conquête romaine ruina l’œuvre asmonéenne et il ne resta à Hyrcan II que quelques débris de leur empire.
Bibliographie. — Outre les histoires générales du peuple d’Israël et les ouvrages relatifs aux deux Livres des Machabées, voir H. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine d’après les Thalmuds et les autres sources rabbiniques, t. i : Histoire de la Palestine depuis Cyrus jusqu’à Adrien, in-8°, Paris, 1867 ; Milman, Post-biblical History of the Jews, front the close of the Old Testament about the year 420 titl the destruction of Jérusalem in the year 70, 2 in-8°, Londres, 1856 ; Stanley, Lectures on the history of the Jewish Church, 3e série, From the captivity to tlw Christian Era, in-12, Londres, 1876 ; Bost, L’époque des Maccabées, histoire du peuple juif depuis le retour de l’exil jusqu’à la destruction de Jérusalem, in-8°, Strasbourg, 1862 ; F. de Saulcy, Histoire des Machabées ou princes de la dynastie asmonéenne, in-8°, Paris, 1880 ; Wellhausen, Die Pharisâer und die Sadducàer, in-8°, Greifewald, 1874 ; Grætz, Histoire des Juifs, trad.
Wogue, in-8°, Paris, 1884, t. ii, p. 79-223 ; E. Schûrer, Geschichle des jùdischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 162-294.
E. Bedrlier.
2. MACHABÉES (LES SEPT FRÈRES). On désigne sous ce nom sept jeunes gens qui furent martyrisés avec leur mère par ordre d’Antiochus IV Épiphane, roi de Syrie. Le second livre des Machabées, vii, 1-41, raconte leur supplice et leur courage héroïque. Le quatrième livre apocryphe des Machabées a longuement développé ce chapitre. La Bible ne leur donne pas le nom de Machabées. Elle n’indique pas davantage où se passe la scène de leur martyre, ni quelle en est la date. On admet généralement, avec le Martyrologe romain, que les sept frères turent martyrisés à Antioche. C’est la tradition commune des Églises d’Orient et d’Occident. Voir Antioche 2, ii, col. 680. L’auteur du IIe livre des Machabées dit du reste que le roi était retourné peu auparavant dans cette ville. II Mach., v, 21. Il dit aussi que la persécution sévit dans toutes les villes grecques du royaume. II Mach., v, 8-9. — Voir Cardinal Rampolla, Del luogo dél niartirio et del sepolcro dei Maccabei, in-f", Rome, 1898. E. Bedrlier.
3. MACHABÉES (LIVRES DES). Il existe sous ce nom quatre livres, deux canoniques et deux apocryphes ; parfois même on en compte un cinquième qui est en réalité un des livres de Josèphe. Les deux livres canoniques contiennent l’histoire des princes asmonéens qui portèrent le surnom de Machabées, emprunté au premier d’entre eux, Judas. Voir Judas 3, t. iii, col. 1790. Nous parlerons d’abord des questions communes aux deux livres, puis de ce qui regarde particulièrement chacun d’eux.
I. Canonicité des deux livres des Machabées. — La question de la canonicité est la même pour les deux livres des Machabées. Tous deux sont du nombre des sept livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament. Voir Canon des Écritures, t. ii, col. 137. Dès les premiers siècles de l’Église ils sont cités par les auteurs ecclésiastiques comme les autres livres des Septante et au même titre que ceux d’entre eux qui ne sont pas dans le canon juif de Jérusalem. Voici cependant les textes qui les concernent particulièrement : Hermas cite des expressions de II Mach., vii, 23, et vii, 28, dans Pastor, Visio, i, 3 et 4 ; Mandat., i, 1, t. ii, col. 894 et 913. Clément d’Alexandrie cite I Mach., Strom., i, 21, t. viii, col. 852 ; II Mach., i, 10, Strom., v, 14, t. ix, col. 145. Origène cite I Mach., ii, 24, In Ep. ad Rom. T vin, 1, t. xiv, col. 1158 ; II Mach., Exhorl. ad martyr. r 22-27, t, xi, col. 589. Tertullien cite I Mach., Adv. Jud., 4, t. ii, col. 606. Saint Cyprien a quatre citations de I Mach., et sept de II Mach., Teslimonia ; Thasci Cypriani Opéra omnia, édit. G. Hartel, t. i, p. 117, 128, 132, ad Forlun., 11, p. 339-343, voir Patr. Lat., t. iv, col. 734, 743, 746, 669-672. Saint Hippolyte emploie comme faisant partie de la Sainte Écriture les deux livres des Machabées, I Mach., ii, 33, Frag. 32, in Daniel, t. x, col. 661 ; I Mach., i, 58, et II Mach., vi, 7, De Christo et Antichristo, t. x, col. 769. Des manuscrits grecs qui renferment les deux livres des Machabées à la fin des Septante le Sinaiticus est du IVe siècle et VAlexandrinus du Ve. Saint Athanase, au contraire, dans son Epist. fest., 39, t. xxvi, col. 1176-1436 où il donne le catalogue des Écritures, ne parle pas des livres des Machabées, même parmi les deutérocanoniques, cependant il cite le martyre des sept frères dans son commentaire sur le psaume lxxviii, t. xrvu, col. 357. Saint Épiphane les omet de même, De ponder. et mensur., 22-23, t. xliii, col. 277. Le Canott 80 des Apôtres, qui est du ve siècle et qui a été reçu par l’Église grecque dans le concile in Trullo, compte parmi les livres de la Bible, non seulement les deux livres des Machabées, mais.
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MACHABÉES (LIVRES DES)
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même le troisième. Nous trouvons encore les deux livres des Machabées dans la liste des Livres Saints que l’Africain Junilius a dressée d’après l’enseignement de Paul le Persan, docteur de Nisibe, Instituta regidaria divinse legis, t. lxviii, col. 16 ; dans Théodoret, t. lxxxi, col. 1513, 1517, 1521, 1528 ; dans Aphraates, Texte und Untersuchungen de O. von Gebhart et Harnack, t. iii, çart. 3 « , in-8o, Leipzig, 1888, p. 32, 204, 347 ; dans saint Éphrem, Opéra syro-latina, t. ii, p. 218, 231. En Occident, Rufin cite les Machabées parmi les livres qu’il appelle, d’après les anciens, livres ecclésiastiques, Comment, in Symbolum Apostolorum, 36-38, t. xxi, col. 373. Le plus ancien catalogue officiel de l’Église romaine, celui qui est connu sous le nom de Gélase et qui remonte au temps de saint Damase, c’est-à-dire vers 374, clôt l’Ancien Testament par les Machabées ; Thiel, De decreto Gelasii papee, 1866, p. 21 ; Labbe, Concil., 1671, t. IV, col. 1260. Le canon de l’Église d’Afrique les contient également. Saint Augustin, Dedoctrina Christ., Il, 8, t. xxxiv, col. 41. Ce même catalogue est donné par les conciles d’Hippone en 393, de Carthage en 397 et en 419. Mansi, Coll. Concil, t. iii, col. 924 ; t. iv, col. 430. Saint Grégoire le Grand, Moral., xrx, 34, t. lxxvi, col. 119, s’excuse de témérité en citant le premier livre des Machabées. Saint Isidore de Séville compte les Machabées parmi les livres reçus dans le canon de l’Église, quoiqu’ils ne soient pas inscrits dans le canon juit. Lib. Proœmiorum in Vet. et Nov. Testamentum, init., t. lxxxiii, col. 158. Au début du ixe siècle, Nicéphore de Constantinople mentionne les Machabées parmi les livres contestés, t. c, col. 1056 ; ce document a probablement pour source la synopse qui porte le nom de saint Athanase, t. xxviii, col. 284, œuvre d’une date incertaine. Nicéphore cependant cite trois livres des Machabées, tandis que la synopse n’en cite que deux. Au moyen âge latin, Notker dit des Machabées que leur texte ne sert pas comme autorité, mais seulement pour le souvenir et l’admiration, t. cxxxi, col. 996. Le catalogue d’Innocent Ier, qui se trouve dans la collection de canons envoyée à Charlemagne par le pape Hadrien en 774 et qui fut adoptée en 802 par l’Église franque, reproduit celui de Gélase, t. xx, col. 501. Ce même décret est reproduit dans les collections canoniques de Burchard de Worms, vers 1020, et d’Yves de Chartres, vers 1100, t. cxl, col. 715-716 ; t. clx, col. 276-277.
Au XIIe siècle, en Orient, Zonaras, dans ses Annales, se réfère au 85e canon des Apôtres et compte les Machabées parmi les livres canoniques, t. cxxxviii, col. 564 ; il en est de même de Balsamon, t. cxxxviii, col. 121 et 570, et de Blastarès, t. cxliv, col. 1440. En Occident, un anonyme, auteur d’une Epistola ad Hugonem, de modo et ordine legendi Scripturas, t. ccxiii, col. 714, cite les Machabées parmi les livres reçus par l’Église, quoiqu’ils ne le soient pas par les Juifs. Il en est de même de Pierre de Riga, dans son catalogue en vers, t. ccxii, col. 23 ; de Giles de Paris, t. ccxii, col. 43 ; de Pierre de Blois, De divisione et scriptor. sacr. libr., t. ccvii, col. 1052 ; de Rupert de Deutz, t. clxix, col. 1384. Au contraire, Hugues de SaintVictor ne les compte pas dans les livres canoniques, quoiqu’ils soient lus. De Scriptura et scriptor. sacr., t. clxxv, col. 15. C’est aussi l’opinion de Rodolphe de Flavigny, In Levit., xiv, 1, Bibliotheca maxima Patrum, in-f°, Lyon, 1667, t. vii, col. 177 ; de Pierre le Vénérable, Contra Petrobrusianos, t. clxxxix, col. 751. Pierre Comestorles cite parmi les apocryphes, uniquement parce qu’on n’en connaît pas les auteurs, t. cxcviii, col. 1260. C’est la doctrine de Jean de Salisbury, Epist., CXLIH, ad Henric. com. Cantpan., t. cxcix, col. 126, et de Jean Beleth, Bationale divin, offic. 59, t. ccii, col. 66-67. Les Machabées figurent dans la Bible de Langton, dans la liste de S. Bonaventure, Brevilog. proœm. de latitudine S. Scripluræ, 2 ; de Vincent de Beauvais, Spéculum do ctrines, xvii, 33. Hugues de Saint-Cher compte les Machabées parmi les livres vrais quoique non canoniques. Pour lui ils font partie de l’Écriture Sainte. Opéra omnia, Prolog, in /os., Lyon, 1699, 1. 1, p. 178. Voir Canon, t. ii, col. 162. C’est l’avis de Guillaume Ockham, de Jean Home, de Nicolas de Lyre, de Thomas d’Angleterre. Cf. A. Loisy, Histoire du Canon de l’Ancien Testament, in-8o, Paris, 1890, p. 174177. En fait, on voit que ce n’est guère qu’une question de mots et que les Machabées sont reçus par l’Église parmi les livres qui font partie des Saintes Écritures. Au concile de Bâle, Jean de Raguse le proclame, Mansi, Concil., t. xxix, col. 885, et Eugène IV les nomme dans sa bulle du 3 février 1442 parmi les livres reçus dans le canon. Theiner, Acta Conc. Trid., Agram, 1874, t. i, p. 79. Les protestants rejetèrent les Machabées comme les autres livres deutérocanoniques et le Concile de Trente, Sess. IV, Decr. de Canon. Scripturse, renouvelant la bulle d’Eugène IV, comprit les Machabées dans la liste des livres canoniques. Le concile du Vatican, Sess. 111, c. ii, reproduit le décret du concile de Trente. Cf. Canon des Écritures, t. ii, col. 143167.
II. Chronologie des deux livres. — La chronologie suivie dans les deux livres des Machabées a pour base l’ère des Séleucides qui commence le 1er octobre 312 avant J.-C. Mais l’auteur du premier fait commencer les années au mois de nisan, selon la coutume juive ; l’auteur du second les fait au contraire commencer au mois de tischri, c’est-à-dire en automne. De là les différences qui existent pour les dates de certains événements, qui dans le second sont datés d’un an plus tard. Mais la contradiction n’est qu’apparente. Comparez I Mach., vii, 1, et II Mach., xiv, 4 ; I Mach., vi, 16, et II Mach., xi, 21, 33 ; I Mach., vi, 20, et II Mach., xii, 1. Dans le premier livre les années sont 149, 150, 151, dans le second 148, 149, 150. Cf. H. Waddington, Les ères employées en Syrie, dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1865, p. 35-42 ; Patrizi, De consensuutriusque libri Mach., in-4o, Rome, 1856, p. 15-44.
III. Premier livre des Machabées. — i. texte. — Le premier livre des Machabées a été certainement écrit, en hébreu. L’original existait encore du temps de saint Jérôme, Preef. in libr. Sam., t. xxviii, col. 556-557. Origène, cité par Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 581, dit que les livres des Machabées portent le nom de Eap6t10 SspêavaE e>, ce qui équivaut à l’hébreu Sarbaf Sar bené’El, « Histoire du prince des fils de Dieu, » c’est-à-dire de Judas, prince des Juifs ; d’autres lisent : ’Sarbit sâré bené’El, « Sceptre des princes des fils de Dieu, » c’est-à-dire gouvernement des Machabées. F. Vigouroux, Manuel biblique, 11o édit., 1901, t. H, p. 230, n. 1. L’original hébreu apparaît en effet sous la traduction grecque. En voici quelques exemples : xa ifi-jt-zo, v&yyehi, i, 1 ; lyivmio eiç ?<Spov, hayyàh làmâs, i, 4 (Vulgate 5) ; xai âirpâ9vi<Tav toO noir^aai tb 7rov » ip6v, hit makherkd la’asôf hârâh, i, 15 (Vulgate, 16) ; 8tdc60Xo ; itovi, p <S{, sâtân ra’, 1, 38 ; oixoç t^ç paudeiaç, be( ham-malâkdh, 11, 19 ; 8uvà[i£voç Suvr^eTai itpôç fiiiâç, yâkol yûkal Idnû, v, 40, etc. Parfois le grec traduit mal et il est facile de rectifier le sens en se rapportant à l’hébreu. Ainsi, I, 16 ^Vulgate, 17), y|Toi[iâff8ï] t| pæriXsia, paratum est regnum, il faudrait munitum est, le verbe hébreu kûn signifie préparer et fortifier ; IV, 19, ère irXiripoûvToç est un contre-sens, il faudrait >aXoûvroç, le traducteur a confondu le verbe mdlal, parler, avec mdld’, remplir. On pourrait multiplier les exemples de ce genre.
II. VERSIONS. — 1o Version grecque. — La version du premier livre des Machabées a été insérée dans les Septante. Elle existe dans le Codex Alexàndrinus et dans le Codex Sinailicus, qui sont généralement d’accord. Elle se trouve aussi dans le Codex Venetus. Elle manque dans le Valicajius. Le texte reçu est
celui de l’édition publiée par ordre de Sixte V, Vêtus 1’estamentum juxta Septuaginta ex auctoritate Sixti V, Pont. Max. editum, in-f°, Rome. 1587. On ignore d’après quel manuscrit y ont été publiés les deux livres des Machabées. On trouve une ample collection de variantes dans le tome v du Velus Testamentum grsecum de Holmes et Parsons, in-f « , Oxford, 1798-1827, et dans le Vêtus Testamentum grsece juxta Septuaginta interprètes de Tischendorf, t. ii, 6e édit., Leipzig, 1880. Parmi les autres éditions critiques il faut citer Lib. apocr. Vet. Test, grsece, edid. Fritzche, Leipzig, 1871 ; The Old Testament in Greek by Swete, in-8o, Cambridge, 2e éd., 1899. La version grecque est très ancienne, car Josèphe s’en est servi dans la rédaction des livres XII et XIII des Antiquités judaïques et la souvent copiée mot pour mot.
2o Versions latines. — La version latine incorporée dans la Vulga te n’est pas de saint Jérôme, c’est l’ancienne italique. Un manuscrit de Paris du fonds de Saint-Germain-des-Prés contient une autre version des treize premiers chapitres. Elle a été publiée par Sabatier, Bibliorum Sacror. latinse versïones antiques, in-f°, Reims, 1743, t. ii, p. 10-13. Cf. Heysen et Tischendorf, Biblia sacra latina Vet. Testamenti Hieronymo interprète ex antiquis. auctoritate in stichos descripta, in-8o, Leipzig, 1873.
3o Versions syriaques. — La Peschito contient la traduction des deux livres des Machabées. Elle se trouve dans le tome ix de la Polyglotte de Paris et dans le tome rv de la Polyglotte de Londres. Elle a été reproduite à part dans les Libri Vet. lest, apocryphi syriace, édit. Lagarde, in-8o, Leipzig, 1861. Dans le manuscrit de Milan de la Peschito se trouve une traduction syriaque du texte grec reçu qui va jusqu’au chapitre 14 ; Translatio Syra Pescitto Veteris Testamenti ex codice ambrosiano, édit. Ceriani, 2 in-4o, Milan, 18761883.
m. auteur et date. — On ignore le nom de l’auteur du premier livre des Machabées. C’est un Juif de Palestine, comme le prouve la langue dans laquelle il a écrit et sa parfaite connaissance de la topographie palestinienne. Il vivait au temps de Jean Hyrcan (136-106 avant J.-C.) ; il se réfère en effet à l’histoire de son pontificat pour les événements delà fin de son règne qu’il ne raconte pas. I Mach., xvi, 23-24. Le style de ce livre est simple et concis. L’auteur est sobre de réflexions personnelles. Il s’élève cependant à une haute éloquence et devient presque poétique dans le récit des malheurs ou des triomphes de son penple. Cf. i, 26-29 ; 38-42 ; iii, 3-9, 35-36 ; iv, 38-40. On retrouve dans ces passages le parallélisme des poètes hébreux. Son ardente pitié, son dévouement à la loi et au culte sacré, son horreur pour les infamies des rois de Syrie apparaissent dans tout le livre. Cependant ces sentiments sont rarement exprimés.
IV. DIVISION ET analyse. — Le premier livre raconte la lutte que les Juifs soutinrent pour la délense de leur liberté religieuse et politique contre les rois de Syrie Séleucus IV, Antiochus IV Épiphane, Antiochus V Eupator, Démétrius Ier, Démétrius II et Antiochus VII Sidétès, c’est-à-dire de 187 av. J.-C. à 106. Leurs chefs furent Mathathias et ses trois fils Judas Machabée, Jonathas et Simon. — On peut le diviser de la manière suivante : 1o Introduction, i-ii. — 1. Après avoir rappelé, I, 1-10, les conquêtes d’Alexandre le Grand et le partage de son empire, l’écrivain sacré, 2, passe au règne d’Antiochus IV Épiphane. Il décrit les attentats sacrilèges de ce prince contre le Temple, la ville sainte et la Judée tout entière et raconte les débuts de l’insurrect’on juive contre le tyran, i, 11-n, 70. — 2o Histoire des guerres des Machabées. Première section, contenant le récit détaillé des combats, des victoires et de l’administration de Judas Machabée, iii, 1-ix, 22. — Seconde section, gouvernement de Jonathas, ix, 23-xii, 54. — Troisième section. Gouvernement de Simon, xiii, 1-xvi, 17. —
Conclusion : avènement de Jean Hyrcan, fils et successeur de Simon, xvi, 18-24. Voir Judas 3 Machabée, t. iii, col. 1790 ; Jonathas 3, t. iii, col. 1617 ; Simon ; Jean Hyrcan 4, t. iii, col. 1154.
v. valeur historique. — La valeur historique du premier livre des Machabées n’est contestée aujourd’hui par aucun historien, du moins en ce qui touche à la Palestine et à l’histoire du peuple juif. « On ne peut avoir aucun doute, dit E. Schûrer, Geschichte des judischen Volkes im Zeitalter Jesu Christi, in-8o, Leipzig, 1890, t. ii, p. 580, sur la créance qu’il mérite. C’est une des sources les plus dignes de foi que nous possédions sur l’histoire du peuple juif. Il a en particulier une valeur exceptionnelle en ce qu’il date les événements d’après une ère fixe, celle des Séleucides, qui commence en l’an 312 avant J.-C. » Il ajoute cependant : « L’auteur est médiocrement renseigné sur les nations étrangères. On reconnaît le langage naïf d’un observateur qui étudie exclusivement les événements d’après les sources indigènes. » 1. La première critique faite au livre des Machabées est relative à I, 1. Le texte grec porte qu’Alexandre régna le premier en Grèce, après Darius. Cf. I Mach., vi, 2. C’est l’Asie grecque que l’auteur juif envisage quand il parle de la Grèce. Voir Alexandre 1, t. i, col. 346. En fait, il est certain qu’Alexandre est le premier qui ait substitué un royaume grec, en Asie, à la souveraineté perse. E. Frœhlich, Annales compendarii regum Syriæ, in-8o, Vienne, 1744, p. 31. Cf. Imhoof-Blumer, Portrâtkôpffe aufantiken Mùnzen, Hellenischer und hellenisierter Vôlker, in-4o, Leipzig, 1885, p. 14-Aujourd’hui un historien pourrait parfaitement dire qu’Alexandre est le premier roi de Grèce, par opposition aux princes locaux qui le précédèrent. On pourrait même dire qu’il fut le seul, puisque après lui son royaume fut divisé. Le roi de Macédoine devint roi de Grèce, comme le roi de Prusse devint empereur d’Allemagne en 1870. — 2. La seconde objection porte sur la partage que, d’après I Mach., i, 6-7, Alexandre fit de son royaume entre ses généraux avant de mourir. Quinte-Curce, x, 10, dit que plusieurs ont cru en effet qu’Alexandre avait fait ce partage par testament, mais il n’est pas de leur avis. L’opinion de Quinte-Curce ne suffit pas à infirmer celle d’un écrivain antérieur, comme l’est l’auteur des Machabées. En réalité, on ne sait rien de ce qui s’est passé à la mort d’Alexandre, sur les circonstances de laquelle ont circulé les bruits les plus contradictoires. Arrien, Exped. Alexandr., VII, xvi, 27 ; Diodore de Sicile, xviii, 2 ; Justin, xii, 15. Voir Alexandre 1, t. i, col. 346. —3. La troisième difficulté est relative au passage qui concerne les Romains, I Mach., viii, 1-16. Il est certain que le tableau de la constitution et de l’histoire de Rome contenu dans ce chapitre n’est pas entièrement exact, mais l’auteur n’a pas eu d’autre intention que de rapporter ce que Judas avait entendu dire, r^otiot, ScriY^uavro, audivit, audierunt. Dans ces conditions, il n’a pas à rectifier les inexactitudes de la rumeur publique mais à la rapporter telle quelle. — 4. La dernière inexactitude reprochée à l’auteur, est d’avoir supposé des liens de parenté entre les Spartiates et les Juif ?. I Mach., xii, 5-23. Dans ce passage, il cite deux documents, une lettre de Jonathas aux Spartiates et une réponse d’Arius, roi de Sparte. L’affirmation est le fait de ces deux personnages et non celle de l’auteur. Il cite les documents tels qu’ils ont été écrits, c’est le devoir de tout historien consciencieux. Voir Lacédémoniens, t. iv, col. 7. Voir sur ces difficultés, F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit, t. iv, 1902, p. 613-637.
ri. sources. — L’auteur, outre ses souvenirs personnels, avait consulté les annales contemporaines. Il parle de celles qui concernent le pontificat de Jean Hyrcan, I Mach., xvi, 23-24 ; il est probable qu’il en existait de semblables pour les gouvernements précédents. Il cite MACHABÉES (LIVRES DES)
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un nombre considérable de documents officiels, vm. 23-32 ; x, 18-20, 25-45 ; xi, 30-37 ; xii, 6-23 ; xiii, 36-40 ; xiv, 20-23, 27-49 ; xv, 2-9, 16-21 ; il en abrège quelques autres, x, 3-6 ; xv, 22-23. Il est impossible d’apporter une raison sérieuse pour nier l’authenticité de ces pièces.
IV. Second livré des Machabées. — i. texte. — Le second livre des Machabées a été écrit en grec. Saint Jérôme, Prsef. in lib. Sam., t. xxviii, col. 556-557, l’affirme formellement et il ajoute que cela apparaît dans le style. En effet la langue est d’un écrivain qui pense en grec. S’il y a çà et là quelques hébraïsmes, ce sont des locutions habituelles chez les Juifs hellénistes. Très nombreux au contraire sont les héllénismes ou les expressions particulières : KaXbv xat âyaGôv, xv, 12, cf. IV, 37, 40 ; vi, 12 ; xv, 39, etc. ; ônloloy£.X</, viii, 27, 31 ; IV, 21 ; x, 14 ; ii^afayia, H, 25 ; a-yeiv àyâva, IV, 18 ; iupisvsîav- 8ui|jt, cvsiav, vi, 29 ; çiXofpoveïv sî’ç ti, ii, 25 ; àXXo(puXea/u, o’; , IV, 13 ; VI, 24 ; Siti.miù.^t.i, , IV, 40 ; 9a>paxeau, <5 ; , v, 3. ; xaTEuDixTeîv, xiv, 43 ; SuoTcérrjiJLa, v, 20 ; âiteu-OaviÇeiv, vi, 28 ; SoÇixô ; , viii, 35 ; iroXsfioTpotpEtv, x, 14, etc., etc. Jérusalem est écrit sous la forme grecque’IepoôXujtct, i, 1, 10 ; iii, 6, 9 ; iv, 9, etc., tandis que dans le premier livre on trouve la forme hébraïque’Iepouo-a-Xïj [i, i, 20, 29, 38, 44 ; ii, 1, 3, 34, etc. Les lettres du début ont dû être écrites en grec pour être comprises des Juifs d’Egypte. La phrase du récit a l’ampleur de la phrase grecque. Le texte original se trouve dans VAlexandrinus, il manque dans le Vaticanus et dans le Sinaiticus. On ignore, comme pour le premier livre, à quel manuscrit a été emprunté le texte reçu, qui est celui de l’édition Sixtine.
II. VERSIONS. — La version latine de la Vulgate est celle de l’ancienne italique. Elle reproduit exactement le grec, sauf quelques variantes, omissions ou additions insignifiantes. La version syriaque imprimée dans la Polyglotte de Walton, t. iv, est très mauvaise, c’est souvent une paraphrase.
m. auteur, sources. — 1o L’auteur est inconnu. C’était un Juif helléniste, vivant ou ayant vécu à Jérusalem. La date à laquelle il écrivit est également incertaine, cependant elle ne peut être antérieure à 124 avant J.-C, date de la première lettre citée par lui, II Mach., i, 10, ni postérieure à 63, date de la prise de Jérusalem par Pompée. — 2o Il s’est servi pour composer son livre des cinq livres de Jason de Cyrène qu’il a résumés en un seul, ii, 20-33. Voir Jason de Cyrène, t. iii, col. 1140. Il a surtout supprimé les chiffres afin de rendre la lecture moins aride, H, 25-26.
iv. but etstïle de l’auteur. — L’auteur du second livre des Machabées ne s’est pas proposé seulement tle faire un récit, mais surtout d’instruire et d’édifier ses lecteurs. Il veut les exciter à célébrer dignement les fêtes dans le Temple. C’est dans ce dessein qu’il publie les deux lettres du début, i-ii, 19 ; qu’il donne au Temple les épithètes les plus louangeuses, ii, 20, 23 ; v. 15 ; xiv, 31 ; xv, 18 ; qu’il montre les étrangers lui rendant des
honneurs, iii, 2-3 ; xiii, 23 ; ix, 16 ; cf. v, 17-20 ; qu’il raconte tous les faits qui peuvent rehausser sa gloire, m, 24-39 ; xiii, 6-8 ; xiv, 33 ; xv, 32 ; qu’il indique les origines des fêtes, x, 8 ; xv, 36-37. Aux Juifs dispersés il rappelle qu’ils ne doivent pas ériger de temple en dehors de Jérusalem, mais se rendre en pèlerinage dans cette ville, x, 8. Le désir qu’a l’auteur de convaincre donne à son style une certaine chaleur. Il aime à mêler ses réflexions personnelles au récit des événements. A chaque page, il fait remarquer les châtiments par lesquels Dieu punit le blasphémateur, v, 7-10 ; VI, 14 ; vu, 14 ; xiii, 6-8 ; ix, 5-28 ; xv, 32-35 ; la bonté avec laquelle Dieu exauce les prières des sainte ; si le Seigneur éprouve parfois les justes, c’est pour les purifier, iv, 17 ; vil, 6, 18, 32-37 ; viii, 5 ; xiv, 15. Les grandes vérités du jugement dernier, VI, 14 ; de la résurrection des morts, vii, 6, 9, ii, 14, 23, 29, 36 ; de la punition du pécheur dans une autre vie, vi, 23, 26 ; de la récompense des justes, vii, 36 ; de l’expiation dans le purgatoire des fautes non expiées ici-bas, xii, 43, et la puissance de l’intercession des saints, xv, 11, 16, y sont nettement exprimées. Le second livre des Machabées est donc conçu dans un esprit différent de celui du premier. On y trouve parfois, à côté des qualités littéraires que nous avons signalées, un peu de rhétorique et d’affectation, il, 20-32 ; xv, 38-39.
v. division et analyse. — Le second livre des Machabées n’est pas la continuation du premier, mais il contient en grande partie le récit des mêmes événements. Il remonte un peu plus haut, à la fin du règne de Séleucus IV, et s’arrête un peu moins loin, à la délivrance de Jérusalem par Judas, la seconde année du règne Démétrius Ier Soter. — Il se divise en deux parties. 1o La première contient deux lettres des Juifs de Palestine aux Juifs d’Egypte, i-ii, 19. La première de ces lettres invite les frères d’Egypte à célébrer la fête de la Dédicace au mois de Casleu, i, l-10 a. Elle est datée de l’an 188 des Séleucides, 124-125 avant J.-C. a. Schlùnlse, Epistolx qum Il Mach., i, 1-9, leguntur, explicatio, Cologne, 1844. La seconde, v 10Mi, 19, fut écrite peu après la mort d’un Antiochus, i, 13-16. On y trouve le récit du recouvrement du feu sacré par Néhémie, i, 19-36, l’histoire de Jérémie cachant sur le mont Nébo le tabernacle, l’arche et l’autel des parfums, n, 1-12, enfin la création par Néhémie d’une bibliothèque contenant les Livres Saints et les édits des des rois de Perse, ii, 13. — 2o La seconde partie dtbute par une préface qui annonce qu’elle est le résumé des cinq livres de Jason de Cyrène, H, 20-33. — On peut la subdiviser en deux sections : 1. Histoire des événements de la fin du règne de Séleucus IV et du régne d’Antiochus IV Épiphane, m-x, 9 ; 2. Histoire des événements qui se sont passés sous les règnes d’Antiochus V Eupator et de Démétrius Ier Soter, 10-xx.
VI. COMPARAISONS DES DEUX LIVRES DES MACHABÉES.
— En comparant les deux livres, on peut tracer le tableau suivant des passages parallèles :
336-323 323-187 187-176 176-175 176-171 171-170
170 170-168
Î68 168-167
TABLEAU C011PAEÉ DES PASSAGES PARALLÈLES
1IANS LES DEUX LIVRES DES MACHABÉES. ^ ^"
Règne d’Alexandre le Grand
Les successeurs d’Alexandre jusqu’à Séleucus IV
Règne de Séleucus IV, sacrilège d’Héliodore
Avènement d’Antiochus IV Épiphane..
Règne d’Antiochus jusqu’à sa seconde expédition en Egypte
Seconde expédition d’Antiochus en Egypte
Prise de Jérusalem et pillage du Temple par Antiochus.
Philippe le Phrygien gouverneur de Judée
Pillage de Jérusalem par Apollonius
Édit d’Antiochus
I Macu.
II Mion.
I, 1-7.
1>
I, 8-10.. »
9
m, 1-iv, 6.
I, 11.
IV, 7’.
I, 12-16.
iv, 7>-50.
I, 17-20.
v, 1-10.
I, 21-28.
V, 11-21. »
V, 22-23.
I, 29, -42.
V, 24-27.
I, 43-07.
vi, 1-vu, 42.
405
- MACHABÉES##
MACHABÉES (LIVRES DES)
496
Avant J.-C.
167 166-165 166-165 165-164 165-164 165-164 164-163 164-163
163 163-162
162
162 162-161
TABLEAU COMPARÉ DES PASSAGES PARALLÈLES
DANS LES DEUX LIVRES DES UACHABÉES (SUITE).
Soulèvement de Mathathias
Premiers exploits de Judas Machabée
Ses victoires sur Nicanor et Gorgias
Première expédition de Lysias
Dédicace et purification du Temple
Judas fortifie Jérusalem et Bethsura..
Campagnes de Judas contre les peuples païens voisins… Mort d’Antiochus Épiphane, avènement d’Ajitiochus Eupator Seconde expédition de Lysias en Judée. Traité de paix…
Troisième expédition de Lysias. Nouveau traité
Mort d’Antiochus Eupator, avènement de Démétrius I"…
Alcime grand-prêtre.
Expédition de Nicanor contre les Juifs
I lUcn.
Il Macs.
H, 1-70. »
in, 1-26.
VIII, 1-7,
m, 27-1V, 27.
VIII, 8-36.
IV, 28-35. »
IV, 36-59.
X, 1-9.
IV, 60-61.
B
V, 1-68.
X, 15-38 ; xtr, 3-46.
VI, 1-16.
ix, 1-29. »
X, 10-14 ; XI, 1-38.
VI, 17-63.
xiii, 1-26.
vu, 1-4.
XIV, 1-2.
VII, 5-25.
Xiv, 3-14.
VII, 26-50.
xiv, 15-xv, 40.
L’auteur du second livre complète le récit du premier, il y ajoute des noms de personnages qui n’y figurent pas, II Mach., iv, 29 ; viii, 32, 33 ; xii, 2, 19, 24, 35 ; xiv, 19 ; ou des circonstances nouvelles, iv, 14 ; 21, 30 ; v, 7-9, 22-23 ; viii, 33 ; x, 13 ; xiii, 4. On voit donc qu’il est indépendant du premier et que l’auteur a eu entre les mains d’autres sources. — Sur l’accord des deux livres des Machabées, voir F. X. Patrizi, De con~ sensu utriusque libri Machabmorum, in-4°, Rome, 1856.
VII. VALEUR HISTORIQUE DU SECOND LIVRE. — La
valeur historique du second livre des Machabées est considérée par les rationalistes comme bien inférieure à celle du premier. Th. Nôldeke, Die allestamentliche Literatur in einer Reihe von Aufsâtzen dargestellt, in-8°, Leipzig, 1868, p. 99-100. — 1° D’après lui, la première lettre renferme deux données chronologiques contradictoires, l’an 144-143, i, 7, et l’an 125-124, au jꝟ. 10°. — La réponse est facile. De ces deux dates, la dernière est celle de la présente lettre et l’autre celle d’une lettre antérieure. —2° Mais, ajoute-t-on, les Juifs de Palestine ont-ils attendu.quarante ans pour inviter leurs frères d’Egypte à célébrer la fête de la Dédicace établie par Judas Machabée ? — Rien rie dit qu’ils ne l’avaient déjà fait. Peut-être en était-il question dans la lettre de 144-143. Ces rappels n’étaient pas inutiles dans un pays où le grand-prêtre Onias IV, s’étant réfugié à Léontopolis, sous Ptolémée VI Philométor, un temple, semblable à celui de Jérusalem, avait été bâti, contrairement à la loi. Josèphe, Ant. jud., XIII, iii, 1. — 3° Les objections contre la seconde lettre ne portent que sur le caractère miraculeux des faits, il n’y a donc pas à s’en occuper pour ce qui regarde la valeur historique du document. — 4° Dans la seconde partie, J. E. Cellerier, Introduction à la lecture des Livres Saints, in-8°, Genève, 1832, p. 350, note, remarque que le récit de II Mach., ix, est incompatible avec II Mach., i, 10-17, et I Mach., vi, 1-16. La mort d’Antiochus IV Épiphane est, dit-il, raconlée de trois façons différentes. À cette objection on répond : 1. Dans I Mach., vi, et dans II Mach., ix, il s’agit bien de la mort du même Antiochus IV. Il n’y a pas de contradictions entre les deux récits. Le mot Élymaïs, I Mach., vi, 1, n’est pas un nom de ville, il faut lire’Eirriv âv’EXuu, a16t, èv tïj riep<riBi, itriXtc ê’voojoç, c’est la leçon des meilleurs manuscrits. Cf. Diodore de Sicile, xxviii, 3. Voir Élymaïde, t. ii, col. 1711. Ce texte n’est pas en désaccord avec II Mach., IX, 2, qui désigne Persépolis comme la ville dont Antiochus avait voulu piller le temple. Dans I Mach., vi, 4, Antiochus s’en retourne vers Babylone ; dans II Mach., ix, 3, il meurt près d’Ecbatane. Rien n’empêche qu’il meure en route, avant d’être arrivé au but de son voyage. La preuve en est que dans I Mach., mi, 5, c’est sur la route de Perse, qu’il apprend la défaite de ses troupes, rfiv et ; Xltpaiox, et d’après II Mach., îx, 3, en Médie puisque c’est près
d’Ecbatane ; l’auteur du premier livre des Machabées emploie un terme général que précise le second. Celui-ci indique Ecbatane comme la grande ville près de laquelle se trouve Antiochus, qui suivait probablement en sens inverse le chemin qu’avait suivi Alexandre, c’est-à-dire la route qui va de Persépolis à Ecbatane par Tabès et Aspadana. D’après Polybe, xxxi, 11, et saint Jérôme, In Daniel., xi, 44, t. xxv, col. 573, qui cite Porphyre, c’est à Tabès, en Perse ou, plus exactement, en Paratacéne qu’il mourut, après avoir tenté de piller le temple de Diane en Élymaïde. Le récit de la mort de l’Antiochus dont il est parlé dans II Mach., i, 14-16, diffère des deux autres par des traits essentiels. Quelques exégètes prétendent qu’il s’agit ici d’Antiochus III et non d’Antiochus IV. Ils rapprochent le récit biblique de celui des auteurs profanes sur la mort d’Antiochus III et y trouvent de notables coïncidences ;
En effet, la lettre dit que l’Antiochus, dont elle raconte la mort, fut tué par les prêtres du temple de Nanëe parce qu’il voulait piller ce sanctuaire. Nanée est l’épouse de Bel ou Jupiter Élyméen. Or, Strabon, XVI, I, 18, et Justin, XXXII, ii, 1, disent qu’Antiochus III fut massacré par les habitants parce qu’il avait attaqué le temple de Belus. Nanée devait y être honorée avec son époux, La lettre dit que ce sont les prêtres qui l’ont tué, mais il est évident qu’ils ont dû être les instigateurs de sa mort et y avoir participé. Le concours des habitants a été nécessaire pour le massacre de l’armée dont parle Justin. — On objecte que la lettre est écrite par Judas Machabée, II Mach., i, 10, et que par conséquent elle n’a pu l’être avant l’an 166 et que c’est bien tard pour annoncer la mort d’Antiochus III, qui eut lieu en 187. Mais rien n’est moins certain que l’identification du Judas de la lettre avec Judas Machabée, surtout quand quelques lignes plus loin on trouve les mots : « Quant à Judas Machabée, » II Mach., ii, 20, comme pour le* différencier du premier. Plusieurs pensent que ce Judas est Judas l’Essénien dont parle Josèphe, AnL jud., XIII, xi, 2. Voir Judas, 6, t. iii, col. 1803. La lettre est adressée à Aristobule, le maître du roi Plolémée. II Mach., l, 10. Le mot SiSâoxaXo ? a le sens général de conseiller. S’il s’agit, comme on le croit généralement, de l’Aristobule qui dédia son ouvrage sur les livres de Moïse à Ptolémée VI Philométor (181-146), il a pu être conseiller du père de ce roi Ptolémée V Épiphane (204-181), et par conséquent la lettre a pu être écrite peu après 187. La fête dont il est question dans la lettre n’est pas celle de la purification du Temple instituée en 164, après la profanation d’Antiochus Epiphane, mais la fête du feu qui s’alluma quand Néhémie offrit des sacrifices après avoir réparé le temple et l’autel. II Mach., i, 18-36, Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv, p. 641-659. Cependant un grand nombre d’exégètes catholiques admettent qu’il s’agit dans les deux
cas d’Antiochus IV et que Judas Machabée est l’un des rédacteurs de la lettre. C’est l’opinion de Cornélius a Lapide, de Welte, de Kaulen, de Gillet, de Cornely. Cf. C. Trochon et H. Lesêtre, Introduction à l'étude de l'Écriture Sainte, in-18, Paris, 1890, t. ii, p. 351-352. D’après eux, les Juifs ont été trompés par un récit erroné et ce sont les rédacteurs de la lettre et non l'écrivain qui l’a insérée, qui doivent être rendus responsables. C’est du reste une règle de critique incontestable. Voir Antjochus 2, t. i, col. 691, et Antiochds 3, t. i, col. 699. Cf. F. Prat, La Bible et l’histoire, in-12, Paris, 1904, p. 44. — 4° Une dernière objection que tait W. Grimni, Exégetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alt. Testant., in-8°, Leipzig., 1853, t. ix, p. 110-111, c’est que dans II Mach., vi, 7, il est dit qu’Antiochus Épiphane obligea les Juifs à célébrer tous les mois l’anniversaire de sa naissance et que nulle part on ne trouve de trace d’une pareille ordonnance, Grimm s’est trompé ; les exemples de la célébration mensuelle du jour de naissance des rois est habituelle. E. Beurlier, De divinis honoribus quos accepefunt Alexander et successores ejus, in-8°, Paris, 1891, p. 53, 96. — Sur toutes ces difficultés et sur d’autres de moindre importance, voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv, p. 638-668.
V. Bibliographie. — Raban Maur, Commentaria in libr. Machab.j t. Cix, col. 1126-1255 ; J. Stephanus, De bello sacro religionis causa suscepto ad II Machab. Convnientarius (inachevé), Oriolæ 1603 ; N. Serrarius, In libr. Tobiam… Machab. commentarius, in-f°, Mayence, 1610 ; P. Redanus, S. J., Commentaria, historica, setiologica, anagogica in II Mach., Lyon, 1651 ; Cornélius a Lapide, reproduit dans Migne, Cursus complet. Script. Sacrx, t. xx ; J. Ern. Foullon, Commentarii historici et morales adlMacc. librum, in-f°, Liège, 1660 ; Ad secundum Machabteorum librum, 1665 ; P. Verhorst, Sacres militiez iypus et historia seu Comment, literalis et mysticus in 1 Mach., Trêves, 1700 ; J< D. Michælis, Uebersetzung des I Makkab. Bûches mit anmerkungen, Gœttingue et Leipzig, 1778 ; E. Frôlich, Annales compendarii regum et rerum Synae nummis veteribus illustrati, in-4°, Vienne, 1744 ; E. F. Wernsdorff, Prolusio de fontibus historiée Syrise in libris Machabseorum, Leipzig, 1746 ; E. Frblich, De fontibus historiée Syrise in libris Machabseorum prolusio in examen vocata, Vienne, 1746 ; Gtl. Wernsdorff, Commentatio historico-crilica de fide librorum Machabmorutn, Breslau, 1747 ; [Khell, ] Auctoritas utriusque libri Machabseorum canonico-hitdrica asserta, Vienne, 1749 ; J. M. A. Scholz, Commentar zu den BB. der Makkabàer, in-8°, Francfort, 1835 ; C. L. W. Grimm, Kurzgef. exeget. Handb. zu den Apokryphen des Alt. Test., in-8°, Leipzig, 1853, t. m ; F. X. Patrizi, De consensu utriusque libri Mach., in-4°, Rome, 1856 ; C. F. Keil, Commentar ûber die Bûcher der Makkabàer, in-8°, Leipzig, 1875 ; Gillet, Les Machabées, in-8°, Paris, 1880 ; B. Niese, Kritik der beiden Makkabâerbûcher, in-8°, Berlin, 1900. E. Beublier.
4. MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES). En
plus des deux livres canoniques des Machabées il existe trois livres apocryphes qui portent ce titre.
I. Troisième livre des Machabées. — I. nom. — Le troisième livre des Machabées n’a en réalité aucun droit à ce titre. En effet, il ne raconte pas l’histoire des princes asmonéens, mais celle des événements antérieurs à eux. Chronologiquement il devrait être placé avant les deux livres canoniques. Dans la Synopsis du pseudo-Athanase, Patr. Gr., t. xxviii, col. 432, on lit : Maxxocëatxà piëXïa S' nxo)ie|J.aixâ. Grimm, Kurgefasstes exégetisches Bandbuch zu den Apockryphen d. Alten Testaments, petit in-4°, Leipzig, 1857, p. 220, pense qu’il feut lire %x IlTo>.eu, aiy.â et que le mot désigne le livre vul gairement connu sous ce nom de Ille livre des Machabées. C’est bien le titre qui lui convient, puisqu’il rapporte des événements relatifs au règne de Ptolémée IV Philopator. À cause de la date de ces événements, Cotton, dans The fine Books of Machabées, in-8°, Oxford, 1832, l’a placé en tête. Le texte se trouve dans presque tous les manuscrits et dans les éditions des Septante. Les Juifs ne paraissent pas avoir fait usage de ce livre. La première mention qui en est faite par les chrétiens se trouve dans les Canons apostoliques, can. 85, t. cxxxvii, col. 212. On le trouve également dans Théodoret d’Antioche, Ad. Dan., xi, 7, t. lxxxi, col. 1508, dans le catalogue de Nicéphore, t. c, col. 1057, et dans la Synopse du pseudo-Athanase avec le titre que nous avons indiqué plus haut. L'Église latine ne l’a jamais admis dans son canon et il n’y en a pas de traduction dans la Vulgate. Il est au contraire traduit dans la Peschito et les témoignages de Théodoret et de Nicéphore montrent qu’il était accepté dans l'Église de Syrie.
il. BU2' et analyse du livre. — Le dessein de l’auteur est d’encourager les Juifs d’Alexandrie à souffrir pour leur foi en leur racontant ce qu’ont souffert leurs ancêtres, en leur montrant que le Tout-Puissant triomphe toujours de ses ennemis. Pour atteindre ce but, il raconte les événements qui se sont passés à Alexandrie sous le règne de Ptolémée IV Philopator. Ce prince, après la victoire qu’il avait remportée sur Antiochus le Grand à Raphia, en 217 avant J.-C, reçut les lélicitations d’envoyés juifs qui lui firent visiter la cité sainte et l’exhortèrent à offrir des sacrifices. Il voulut pénétrer dans le Saint des Saints, I, 1-11. En vain le peuple le supplia-t-il de renoncer à son projet sacrilège, il persista. Le peuple fut sur le point de résister les armes à la main, i, 11-29. Le grand-prêtre Simon pria le Seigneur, qui châtia le prince impie, en le frappant de paralysie, ii, 1 24. Revenu à lui, Ptolémée retourna en Egypte et résolut de se venger sur les Juifs d’Alexandrie. Il les priva de leurs privilèges et les fît marquer au fer chaud d’une feuille de lierre, comme adorateurs de Bacchus. Voir t. ii, col. 1378. Seuls ceux qui acceptèrent volontairement le culte de ce dieu furent épargnés, ii, 24, 30. La masse du peuple resta fidèle à sa foi, et le roi ordonna d’arrêter les Juifs de tout le pays et de les conduire enchaînés à Alexandrie, ii, 31-m, 1. Un grand nombre purent échapper aux émissaires du roi, grâce à l’aide que leur donnèrent les Égyptiens, iii, 2-iv, 10. Ceux qui furent arrêtés furent conduits à l’hippodrome d’Alexandrie. Avant de procéder au massacre, Ptolémée ordonna qu’on inscrivit les noms de tous les prisonniers. Ce fut alors que se produisit un fait merveilleux. Après avoir travaillé pendant 40 jours, les scribes déclarèrent que le nombre des Juifs était si grand qu’ils manquaient de roseaux et de papyrus, iv, 10-21. Le roi ordonna d’enivrer de vin et d’encens 500 éléphants et de les faire entrer dans l’hippodrome pour qu’ils foulassent les Juifs aux pieds. L’exécution de l’ordre fut différée parce que Ptolémée fut pris soudain d’un sommeil profond qui dura jusqu’après l’heure fixée chaque jour pour son principal repas, v, 1-22. Le lendemain matin Ptolémée avait providentiellement oublié les ordres qu’il avait donnés et se rappela seulement la loyauté dès Juifs envers ses ancêtres, v, 23-25. Le même soir/ cependant il recouvra la mémoire et ordonna le massacre. Comme ses officiers paraissaient se moquer de ces revirements, il fît serment d’envahir la Judée et de détruire le Temple, v, 26-48. Un prêtre nommé Éléazar, vénérable vieillard, pria pour son peuple, et, quand le roi et sa suite arrivèrent à l’hippodrome pour assister au massacre, deux anges effrayèrent les éléphants et ceux-ci se précipitèrent sur l’escorte de Ptolémée, v, 44-vi, 22. La colère du roi se changea alors en pitié pour les Juifs, il leur donna la liberté et fit une grande fête en leur honneur. En mémoire de leur délivrance, les
Juifs instituèrent une fête annuelle, vi, 23-vn, 9. Le roi leur promit de punir ceux d’entre eux qui avaient apostasie, vi, 10-23.
/II. VALEUR HISTORIQUE DtT IIP LIVRE DES MACBA bées. — Davidson, Introduction to the Old Testament, in-8°, Londres, 1862, t. iii, p. 454, dit que le récit du IIIe livre des Machabées est une fable absurde. Cette opinion est certainement exagérée. En effet, les faits attestés par ce livre sont concordants avec ce que nous savons par ailleurs de Ptolémée IV Philopator. La victoire de ce prince à Raphia, sur Antiochus, i, 1-4, est connue par Polybe, v, 40, 58-71, 79-87 ; Tite Live, xxxvii, 4, Justin, xxx, 1. Polybe, v, 87, mentionne son séjour en Cœlésyrie et en Phénicie. Son penchant pour le culte de Bacchus, ii, 25-30, est affirmé par Justin, xxx, 1. Son caractère cruel et vicieux est celui que décrit Plutarque, Quomodo distinguendi sunt adulatores, xii. Théodote, dont il est question, ii, 2, est signalé par Polybe, v, 40, comme commandant en chef les armées de Ptolémée en Cœlésyrie. L’institution d’une fête en souvenir de la délivrance des Juifs, vi, 36, est attestée par Josèphe, Contr. Apion, ii, 5. Cependant Josèphe place l’événement dont il s’agit, et qui est décrit par lui de la même façon, sous Ptolémée VII Physcon. Certains critiques, entre autres Grimm, Handbuch, p. 217 ; Davidson, Introduction, t. iii, p. 455, pensent qu’il y a dans ce récit une transposition des événements qui se sont passés à Alexandrie sous Caligula, Josèphe, Ant. jud., XVIII, viii, 2 ; mais dans le IIIe livre des Machabées rien ne rappelle l’empereur romain et il n’est pas dit que, comme lui, Ptolémée IV ait aspiré à être adoré comme un dieu. Le seul fait qui apparaisse à la fois aux deux époques est la privation du droit de citoyen pour les Juifs, mais il n’y a rien d’étonnant à ce qu’il se soit renouvelé.
IV. AUTEUR, LANGUE, INTÉGRITÉ, DATE VU LIVRE. —
1. On admet généralement que l’auteur du IIIe livre des Machabées est un Juif alexandrin et qu’il écrivit en grec. — 2. Son style est bien en effet d’un Juif alexandrin. On y retrouve des mots du IIe livre, comme àyépwx°Ct III Mach., i, 25, ii, 3 ; cf. II Mach., ix, 7 ; des mots purement grecs pour désigner des choses juives. III Mach., v, 20, 42 ; vii, 5 ; cf. II Mach., iv, 47. L’un et l’autre emploient le mot xôiro ? pour désigner le Temple deJérusalem, et èmqiaveta pour signifier l’intervention miraculeuse de Dieu. III Mach., iv, 3 ; ii, 19 ; cf. II Mach., n, 19 ; iii, 24. Cependant le style des deux livres est si notablement différent qu’on ne peut les assigner au même auteur. Beaucoup d’expressions du IIIe livre sont obscures, I, 9, 14, 17 ; H, 31 ; iv, 11 ; ou poétiques, i, 18 ; iv, 8 ; v, 26 ; vi, 4-8. On y trouve même un iambique trimètre qui semble emprunté à un poète grec : ôuot voveîç 7uapvj(Tav ri îtatôwv yôvoi, v, 31. Les mots y sont souvent pris dans un sens inusité » par exemple, Siâystv, I, 3 ; ànpdTttwtoc, iii, 14 ; xaxaxpâcjôat, lv, 5 ; quelques-uns ne se trouvent nulle part ailleurs : àveraa-rpércxio ?, i, 20 ; Xaoypaçia, ii, 29 ; itpoauaTsXXe<r6 « i, H, 29 ; yap’xrjpia, iv, 20 ; d’autres n’existent que chez les auteurs de basse grécité : sv6e<r[i.oç, ii, 21 ; ipptxaa-fjLÔ ?, iii, 17 ; àXo^iazia, v, 42. Les mots simples sont remplacés par des périphrases emphatiques ; Spôjiov <jvvt’<rra<70ae pour xpèxetv, I, 19 ; êv itpeo-oEt’o) t » jv rjXtxîocv XeXoy-/<à ; , vi, 1. Certains mots portent la trace de la philosophie alexandrine, par exemple les épithètes [Uyt<Tro ; ou ûij/toroî appliquées à Dieu, I, 2, 16 ; iv, 16 ; vi, 2 ; vii, 9 ; la distinction entre Dieu et sa gloire, ii, 2. Cf. Grimm, Handbuch, p. 214. Il est impossible de déterminer exactement la date de la rédaction de ce livre. Elle peut être placée soit dans le premier siècle avant J.-C., soit dans le premier siècle de notre ère. Sous sa forme actuelle, le III » livre des Machabées commence ex abrupto par ces mots : i Se <J>iÀoTiciTcùp ; au y. 2, il est fait allusion à un complot contre le roi, ttjv èmëouXiîv ; enfin, H, 25, il est parlé de compagnons du roi mentionnés plus haut et
dont il n’est pas question dans le texte que nous possédons. Le début du livre est donc perdu.
v. bibliographie. — H. Barclay Swete, The Old Testament in Greek, according the Septuagint, 2e édit., in-8°, Cambridge, t. iii, p. 709-729 ; Grimm, Exegetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alton Testaments, IV" Theil, petit in-4°, Leipzig, 1857 ; Eichhorn, Einleitung in die apokryphischen Schriften des Allen Teslament’s, in-8°, Leipzig, 1795, p. 278-290 ; Bertholdt, Einleitung in sammtliche Kanon. und apokryph. Schriften des Alt. und Neu. Testaments, in-8°, Erlangen, 1812-1819, t. iii, p. 1082-1091 ; E. Schùrer, Geschichte des judischen Volkes im Zeilalter lesu Christi, t. iii, 2e édit., in-8°, Leipzig, 1902, p. 67, 364-367.
IL" Quatrième livre des Machabées. — I. nom. — Le quatrième livre des Machabées est parvenu jusqu’à nous par deux voies différentes. Il se trouve dans un certain nombre de manuscrits des Septante, notamment dans l’A lexandrinus, dans le Vaticanus et dans le Sinaiticus. On le reucontre aussi dans les manuscrits de Josèphe et il a été publié à la suite des œuvres de cet historien. Le meilleur texte est celui de V Alexandrinus. Les manuscrits des Septante lui donnent généralement le titre de 7| TSToÊpTT) xôv Maxxaêaixûv [31ëoc. Dans le Parisinus A, il porte le titre de Maxxaëat’tov xéxapxoç rcepi vtiùypovoç Xoyta-iioû, Traité du sage raisonnement. Eusèbe, Hist. eccl., III, x, 6, t. xx, col. 244, le nomme Ilepi aùxoxpâxopo ? Xoyio-tioû, Sur la suprématie de la raison, et l’attribue à Josèphe.
Dans les œuvres de cet historien, il est publié à la fin sous son double titre : $Xa6.’Lamriîiou et ; Mocxxaëattfuc X<Syoç îi rcepi aùxoxpâxopoî Xoyi*[toCi. Il existe une version syriaque de ce titre qui a été publiée d’après un manuscrit de l’Ambrosienne par Ceriani en fac-similé photographique. On n’en connaît aucune traduction latine ancienne. Ci. Grimm, Handbuch, p. 294-296.
II. LANGUE et STYLE. — Le style du quatrième livre est généralement clair et correct. C’est celui d’un écrivain habitué à penser et à écrire en grec. On y trouve fréquemment des mots composés avec une préposition : êTripioyoXoyeïiToai, ii, 9 ; cmwcoXixeûoiiai, iv, 1 ; .è$eu(j.evîÇeiv r iv, 11 ; etc., avec itâv : îiâvo-oço ; , I., 12 ; TravyétopYo ; , I, 29 ; icavàyioç, vii, 4 ; xiv, 7 ; quelques mots particuliers à l’auteur : aàxoBluicoroc, i, 1 ; jiovoypaçt’a, i, 27 ; àp^tspâffOai, iv, 18 ; àicoÇaiveiv, vi, 6 ; èincup{<rn]c, vii, 2 ; (iKTâpexoç, XI, 4 ; xrjpoyovia, XIV, 19 ; èTrta|Jt. » )X( » >p, XVI, 24. À l’exception de’Ipoo-ôXupia et d"EXêâÇapo{, les noms propres y sont transcrits sous la forme hébraïque. En quelques passages seulement il y est fait usage des Septante, ii, 5-19 ; xvii, 19.
/II. AUTEUR ET DATE DU LIVRE. — 1° Nous avons dit
plus haut que le quatrième livre des Machabées se trouve souvent dans les manuscrits à la suite des œuvres de Josèphe. Eusébe, Hist. eccl., III, x, 6, t. xx, col. 244, l’attribue à cet historien. Saint Jérôme, De viris illustr., 13, t. xxiii, col. 632, est du même avis. Contr. Pelagian. , n. 6, t. xxiii, col. 542. Cf. Grimm, Handbuch, p, 293. Cependant cette attribution paraît être une simple hypothèse contre laquelle militent de sérieuses raisons. Le style du livre est très différent de celui de Josèphe. L’auteur du IVe livre des Machabées connaît le second, que Josèphe ne connaît pas. Les grossières, erreurs historiques qu’il renferme, iv, 15, 26 ; v, 1 ; XVII, 23, seraient inexplicables de la part de Josèphe ; enfin, celui-ci est tout à fait étranger à la philosophie alexandrine dont l’influence est ici manifeste. — 2° La date de la composition ne peut être fixée d’une manière précise. On s’accorde cependant généralement à le rapporter au premier siècle après J.-C. Il est remarqué, iv, 1, qu’Onias est grand-prêtre à vie, remarque qui ne’s’explique qu’après l’abolition de la grande-prètrise à vie, c’est-à-dire après la chute des princes asmonéens. L’effroi des Juifs égyptiens en entendant parler des supplices de leurs
frères de Palestine, xiv, 9, ne se comprend que s’ils étaient eux-mêmes en paix. Le livre est donc antérieur à la persécution de Caligula en 40 après J.-C. C’est entre ces deux dates que le livre a été écrit.
IV. CARACTÈRE ET CONTENU DU LIVRE. — 1° Le
quatrième livre des Machabées est un traité philosophique. L’auteur y soutient « la suprématie de la raison pieuse, c’est-à-dire des principes religieux, sur les passions », I, 1, 13 ; xviii, Cette raison pieuse, c’est la foi judaïque imprégnée de stoïcisme. La forme du livre est celle d’un discours adressé par l’auteur à ses coreligionnaires, xviii, 1. En tête se trouve une introduction où le problème est posé et l’ouvrage tout entier résumé, 1, 1-12. — 2° On peut diviser le livre lui-même en deux parties : Première partie. La première partie, I, 13111, 19, est consacrée à la discussion philosophique. L’auteur définit la raison : « l’intelligence combinée avec une vie intègre, » i, 15 ; la sagesse est la connaissance des choses humaines et divines et de leurs causes, i, 16 ; on l’atteint par la connaissance de la loi, l, 12 ; et elle se manifeste par quatre vertus cardinales : la prudence, la justice, la force et la tempérance, i, 18. Suivent une description et une classification des passions dans leur opposition aux vertus cardinales. La raison picase domine toutes les passions. — Seconde partie. La seconde partie, iii, 20-xvin, 2, montre cette puissance de la raison sur les passions par des exemples tirés de l’histoire des Juifs sous Séleucus, roi de Syrie, et sous Antiochus Épiphane, qui est appelé son fils. L’auteur y raconte, en les accompagnant de nombreuses réflexions morales et édifiantes, le martyre d’Éléazar, v-vn ; celui des sept frères, vm-xiv, 10 ; et de leur mère, xiv, 11-xvi, 25. Cf. IIMach., iii, iv, 7-17 ; v, 1-vi, 11. Il termine en indiquant ses impressions sur le caractère et la signification de ces martyres, xvii-xviii, 2. La fin du livre, xviii, 3-23, paraît être une addition postérieure à la rédaction primitive, mais ajoutée peu après. — 3° Le quatrième livre des Machabées n’a pas d’importance historique. Il se contente, ainsi que nous l’avons dit, de se référer aux événements racontés dans le deuxième livre canonique des Machabées. Freudenthal, Die Flavius Josephus beigelegte Schrift ûber die Herrschaft der Vernunft, in-8°, Breslau, 1869, p. 72-90, pense qu’il s’est servi de l’ouvrage complet de Jason de Cyrène, mais cela n’est pas prouvé. Il croit également que les > xviii, 6-19, sont seuls une addition postérieure. Comme nous l’avons dit plus haut, l’auteur soutient une thèse philosophique et religieuse, et les faits qui sont rapportés ne le sont que comme arguments en faveur de la thèse. La théorie des quatre vertus cardinales est empruntée aux stoïciens, mais pour lui l’idéal de la vertu ne peut être atteint que par l’observation de la loi divine. L’auteur, malgré sa connaissance de la philosophie stoïcienne, est bien resté juif d’idées. Il se rattache aux pharisiens par son zèle pour l’observation scrupuleuse de la loi, par sa croyance à la résurrection et à l’immortalité de l’âme. Il croit que les âmes pieuses entreront dans le bonheur après la mort du corps, IX, 8 ; xvii, 18 ; et les coupables dans les tourments, ix, 9 ; su, 12. Cf. xiii, 16 ; xv, 2 ; xvii, 5. Il croit aussi que les souffrances des martyrs sont une expiation pour les péchés du peuple, vi, 29 ; vii, 12 ; xvii, 29.
v. bibliographie. — Fritzsche, Libri apocryphi Vet. Testant. Grsece, in-8°, Leipzig, 1871 ; H. Barclay Swete, The Old Testament in Greek, aceording to the Septuaginta, 2e édit., in-8°, Cambridge, 1899, t. iii, p. 729-763 ; Ceriani, Translatio Syra Pescitto Veteris Testamenli ex codice Atnbrosiano, in-f°, Milan, 1876-1883, t. h ; Grimm, Exeget. Handbuch zu den Apokryphen, in-8°, Leipzig, 1857, t. iv ; Freudenthal, Die Flavius Josephus beigelegte Schrift ûber die Herrschaft der Vernunft (4. Mahhabâerbuch), eirte Predigt aus dem ersten nuchchristlichen Jahrundert, untersucht, in-8°, Bres lau, 1869 ; E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Voiliez im Zeitalter > lesu-Christi, in-8°, Leipzig, 2e édit., 1891-1902, t. i, p. 89 ; t. ii, p. 549 ; t. iii, p. 393-397.
III. Autre quatrième livre des Machabées. — Sixte de Sienne, Bibliotheca sancta, in-f°, Venise, 1566, t. i, p. 39, parle d’un autre quatrième livre des Machabées qui existait en manuscrit de son temps. Il l’avait vu à Lyon dans la bibliothèque de Santés Pagnino qui fut brûlée peu après. C’était, croit-il, la traduction grecque des Annales de Jean Hyrcan dont il est question dans I Mach., xvi, 24. Voir Jean Hyrcan, t. iii, col. 1154. Sixte en cite les premiers mots : « Après la mort de Simon, Jean son fils devint grand-prêtre à sa place. » Le récit, dit-il, est le même que celui de Josèphe, Ant. jud. t XIII, mais le style en est très différent et abonde en hébraïsmes. Ce témoignage précis montre qu’il s’agit d’un ouvrage différent du Ve livre des Machabées. Cf. E. Schûrer, Geschichte des. jûdischen Volkes im Zeitalter ïesu Christi, 2e édit., t. iii, p. 397.
IV. Cinquième livre des Machabées. — I. nom. — r On donne ce titre à une chronique arabe relative à l’histoire juive et publiée avec une traduction latine de Gabriel Sionite dans la Polyglotte de Paris de 1645 et dans celle de Londres de 1657. C’est Cotton qui, le premier, lui a donné ce nom en la plaçant au cinquième rang dans son livre intitulé The five Books of Machabées, in-8°, Oxford, 1832. À la fin du chapitre xvi, la première partie, c’est-à-dire du chap. i, 1, à xvi, 26, est intitulée : Le second livre des Machabées d’après la traduction des Hébreux. La seconde partie, xvii, 1-lix, 96, est simplement appelée : Le second livre des Machabées. Cette seconde partie contient l’histoire de Jean Hyrcan, xx, ce qui a fait supposer à dom Calmet, Dictionnaire de la aible, au mot Machabées, que nous avons ici la traduction du texte signalé en grec par Sixte de Sienne dans la bibliothèque de Santés Pagnino et dont nous avons parlé plus haut. Cf. Cotton, The five Books of Machabées, intr., p. xxxviii. Il existe à la Bodlêienne deux manuscrits portant le titre d’Histoire des Machabées de Joseph Ben Gorion. Uri, Catalogue, n. 782, 829. Les parties publiées par les Polyglottes de Paris et de Londres en ont été extraites.
II. AUTEUR, DATE, LANGUE ORIGINALE. — 1. Le cinquième livre des Machabées est une compilation écrite en hébreu par un Juif peu après la chute de Jérusalem. Dans la traduction arabe, on retrouve les traces du texte original hébreu. Quand il parle d’un mort, l’auteur ajoute à son nom les formules connues : « Dieu ait pitié de lui » ou « qu’il soit en paix ». Ces tormules devinrent habituelles à la période talmudique, cf. Tosiphta Chullin, t. 100 a. — 2. La Bible y est désignée sous le nom des « Vingt-quatre livres », iii, L, 9 ; ce qui suppose la clôture du canon hébreu ; le Pentateuque y est appelé Thorah, xxi, 9, d’après la coutume juive. Dieu y est désigné par l’expression « le Dieu grand et bon », i, 8, 13, 15 ; v, 27 ; vil, 21, 22, etc. ; Jérusalem par les mots « la cité de la maison sainte », xx, 17 ; xxi, 1, etc., ou « la cité sainte s, xvi, 11, 17,-xx, 18, etc., « la maison sainte, » xx, 7, 27 ; xxiii, 3, etc., « la maison de Dieu, » VI, 21 ; ix, 7 ; xi, 8 ; le Temple est appelé « la maison du sanctuaire », viii, 11. La destruction de Jérusalem y est mentionnée, IX, 5 ; xxi, 30, et la période du second temple y est représentée comme quelque chose de passé, xxii, 9 ; lui, 8 ; mais, d’autre part, il y est question de l’auteur original comme d’une tierce personne, xxv, 5 ; lv. 25, lvi, 45, il est donc évident que, soit le traducteur soit l’éditeur de l’original ont fait des remaniements. Il avait terminé son récit six ans avant la destruction de Jérusalem et la ruine du Temple par Titus.
Le nom de l’auteur est inconnu, quoiqu’il ait écrit d’autres ouvrages auxquels il fait allusion, lix, 96. — Joseph Ben Gorion, chroniqueur juif du ix a siècle, a probablement pris le cinquième livre des Machabées
comme base de son livre intitulé Se fer Vôsippon, livre de Josippon. Grâtz, Geschichte der Juden, von den àltesten Xeiten bis auf die Gegenwart, in-8°, 1853-1870, t. v, p. 281, et appendice, n. 4,
/II. analyse du livre. — Le cinquième livre des Machabées contient l’histoire des Juifs depuis la tentative d’Héliodore pour piller le Temple, jusqu’au temps où Hérode fit périr sa femme Marianne, sa mère Alexandra et ses deux fils Alexandre et Aristobule, c’est-à-dire de 184 à 6 avant Jésus-Ghrist. La table suivante donne la concordance des chapitres de ce livre avec les deux livres canoniques des Machabées et les œuvres de Josèphe :
De ce tableau il résulte que dans toute la période machabéenne, l-xx, l’auteur a puisé ses renseignements dans les livres canoniques des Machabées, et pour la période postérieure, xx-lix, dans Josèphe. Il y a cependant çà et là un certain nombre d’erreurs historiques. On le constate par exemple en comparant : V Mach., X, 16, 17, avec II Mach., x, 29 ; V Mach., ix, avec IMach., vu, 7 ; V Mach., viii, l~8, avec IMach., ix, 73 ; xii, 48, et Josèphe, Ant. jud., xii, 11 ; VMach., XX, 17 avec Josèphe Ant. jud., xiii, 15 ; V Mach., xxi, 17, avec Josèphe, Ant. jud., vil, 12 ; ces erreurs sont surtout manifestes en ce qui concerne l’histoire des peuples étrangers. V Mach.
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I, XVII
I, xvii 505
- MACHABÉES##
MACHABÉES (LIVRES APOCRYPHES DES) - MAUhlK
ÔU6
xii. Dans ce chapitre, l’auteur n’a puisé ni dans les livres canoniques des Machabées, ni dans Josèphe. Il y a aussi des erreurs de traduction ou de copie, par exemple, dans le nom de Félix employé pour trois personnes différentes : V Mach., iii, 14 ; vii, 8, 34 ; et. I Mach., ni, 10 ; II Mach., v, 22 ; viii, 33 ; dans la substitution de Gorgias à Timothée. V Mach., x ; cf. II Mach., x ; Josèphe, Ant. jud., xii, 1. La croyance à l’immortalité de l’âme, à la résurrection des corps et au jugement y est nettement affirmée, v, 12, 13, 17, 22, 43, 48-51 ; lix, 14. Le manuscrit ambrosien de la Peschito donne le titre de Ve livre des Machabées à la traduction syriaque du VIe livre de la Guerre des Juifs de Josèphe.
E. Beurlier.
- MACHATHI##
MACHATHI (hébreu : ham-Ma’akâfi, « le Maachatite ; » Septante : Ntu^aôî ; Alexandrinus : Ma^aW), du pays de Maacha, de Machat/ii, a traduit la Vulgate. I Par., iv, 19 : « Esthamo, qui tut de Machathi. » Ce passage, diversement traduit et interprété, signifie probablement que la ville d’Esthamo fut fondée ou restaurée par un Machatite. Voir Esthamo 1, t. ii, col. 1971.
MACHAT ! , MACHATITE (hébreu : ham-Ma’âkdlî), nom ethnique désignant les habitants du pays de Maacha ou les personnes qui en étaient originaires. La Vulgate a écrit ce mot Maachati dans IV Beg., xxv, 23, et Jer., xl, 8 (voir Maachati, col. 467), Machathi dans I Par., rv, 19 ; elle semble l’avoir pris pour un nom de lieu, et non pour un nom de peuple. Elle aurait dû traduire Maachaticus ou bien Machatssus, comme elle l’a l’ait pour les autres peuples chananéens dont le nom est également précédé en hébreu de l’article, Chananteus, Gergesseus, etc.
1. MACHATI (Septante : Max « 8f [Ma-/f, dans Jos., xii, 5]), mot qui désigne collectivement les habitants de Maacha et s’emploie pour signifier leur pays même. Deut., iii, 14 ; Jos., xii, 5 ; an, 11, 13. Dans II Reg., x, 6, 8 ; I Par., xix, 6, ce pays est appelé Maacha et donné comme araméen. Voir Maacha 10, col. 466.
2. MACHATI (Septante : Ma^a^axOi nom ethnique ou surnom, â cause de son origine, du grand-père d’un des vaillants soldats de David appelé Éliphélet. II Reg., xxiii, 34. Le nom propre de ce Maachatite est inconnu.
MACHBANA1 (hébreu : Makbannai ; Septante : Me>xa6avaf ; Alexandrinus : Mcr/aëavaï’), le onzième des vaillants Gadites qui se joignirent à David persécuté par Saül dans le désert. I Par., xii, 8-15.
- MACHBÉNA##
MACHBÉNA (hébreu : Makbêna’; Septante : Maxaë 7)vâ ; Alexandrinus : Ma ; (a["]vâ). Sué, de la tribu de Juda, fut, dit I Par., H, 49, « père de Machbéna et père de Gabaa. » Cette locution signifie probablement que Sué fut le fondateur ou le restaurateur d’une ville appelée Machbéna, qui est peut-être la même que Chebbon de Josué, xv, 40. Chebbon est supposée avoir occupé l’emplacement d’El-Qoubeibéh actuel, au sud-ouest de Beit-Djibrin (Éleuthéropolis). Voir Chebbon, t. ii, col. 643.
- MACHI##
MACHI (hébreu : Mâkî ; Septante ; Max^Oi Père de Guël, de la tribu de Gad. Guël fui un des douze espions qui furent envoyés par Moïse du désert de Pharan pour explorer la Terre Promise. Num., xiii, 16 (hébreu, 15).
- MACHINE DE GUERRE##
MACHINE DE GUERRE (bébreu : hisbôn ; Septante : nYi^aviQ, op^avov ; Vulgate : machina), engin des-. tiné à l’attaque ou à la défense des villes.
1° Machines de guerre chez les Hébreux. — Les Hébreux ne connurent les machines de guerre proprement dites qu’à partir du règne d’Ozias. Dans le Deutéronome, xx, 20, la Vulgate traduit par le mot machinas,
l’hébreu mesôr que les Septante rendent par yaçiâ-Maaiv. Il s’agit dans ce passage non de machines proprement dites, mais de retranchements faits par les assiégeants à l’aide de pieux. Le Deutéronome ne permet de faire ces pieux qu’avec des arbres sauvages et non avec des arbres fruitiers. — Ozias fit construire, pour défendre Jérusalem, des machines de divers genres. II Par., xxvi, 15. Le texte hébreu les appelle fyisbônôt mahâSebéf hôsêb, « machines inventées par un homme ingénieux » (Sep^ tante : iiïixavàç |ie|jii)x « vo|jisvaç Xo^iotoO ; Vulgate : diversi generis machinas). Dans ce texte, la place de ces machines est désignée ; elles sont installées sur les tours et aux angles des murs. Leur nature est également indiquée. C’étaient des catapultes et des balistes. Voir Baliste, t. i, col. 1414 ; Catapulte, t. ii, col. 346. — Dans les livres des Machabées, il est souvent fait mention des machines de guerre. On voit pour la première fois Judas en faire usage dans le siège de la citadelle de Jérusalem occupée par les Syriens. I Mach., vi, 20. Le texte appelle ces machines (k^otr-ràtrEti ; xal [Avr/avàç. La Vulgate traduit le premier mot par balistas, mais il désigne les emplacements où l’on plaçait les machines. Polybe, IX, xli, 8 ; Diodore de Sicile, XX, lxxxv, 4 ; Phi-Ion, Traité de fortification, v. Cf. Revue de philologie, nouvelle série, 1879, t. iii, p. 128-129. — Judas oppose aussi des machines à celles dont les Syriens avaient muni Bethsura. I Mach., vi, 52. — Jonathas s’en sert pour assiéger la citadelle de Jérusalem, I Mach., xi, 20 ; Simon fait de même au siège de Gaza. I Mach., xiii, 43. Dans ce verset, le texte grec désigne les machines sous le nom d’èXEnoXets. C’étaient d’énormes tours mobiles, reposant sur des roues et inventées récemment par Démétrius Poliorcète ; on les approchait des murailles pour les battre en brèche ou pour les escalader plus facilement. Plutarque, Demetr., 24 ; Diodore de Sicile, xx, 48. Déjà les Assyriens faisaient usage de tours analogues, munies de béliers à leur partie inférieure. Voir Bélier 2, t. i, col. 1562, fig. 479, col. 1565. Cela peut expliquer pourquoi les Septante, dans Ézéchiel, iv, 2, traduisent le mot karim, « bélier, » par le mot peXoo-ràdEtç. Ces tours sont bien, en effet, des emplacements où les béliers sont mis en batterie. Voir Baliste, t. i, col. 1414. — En racontant la prise de Casphin, l’auteur du second livre des Machabées rapporte que Judas invoqua le Dieu qui au temps de Josué avait renversé les murs de Jéricho, sans béliers et sans machines. II Mach., xii, 15.
2° Machines de guerre chez les peuples en relation avec les Juifs. — La seule machine de guerre connue des Égyptiens et des Assyriens était le bélier. Voir Bélier 2, t. i, col. 1502. Au temps des Machabées, les machines de guerre étaient d’usage constant dans les armées gréco-syriennes. I Mach., v, 30 ; vi, 31 ; ix, 64, 67 ; xv, 25 ; II Mach., xii, 27. Les principales de ces machines sont désignées par leur nom propre dans la Bible. Ce sont les juup6ëoX « » a XiOôëoXa (Vulgate : ignis jacula et tormenta ad lapides jactandos), les machines à lancer le feu, c’est-à-dire des javelots enflammés, et les machines à lancer des pierres et des javelots : balistes et catapultes, I Mach., vi, 51 ; les scorpions, axopm’Sia (Vulgate : scorpii), machines à lancer des flèches, qui éjaïèût des engins de construction semblable à celle des Catapultes, mais de plus petites dimensions, enfin les frondes, oçEvSôvsct (Vulgate : fundibula), qui devaient ressembler aux onagres. I Mach., vi, 51. Cf. fig. 429 et 430, 1. 1, col. 1416. Parmi les engins usités par les Gréco-Syriens, il faut noter aussi ceux qui étaient placés sur le dos des éléphants. I Mach., vi, 37. Voir Éléphants, t. ii, col. 1661. — Pour la bibliographie, voir les ouvrages cités au mot Baliste, 1. 1, col. 1416.
E. Beurlier.
- MACHIR##
MACHIR (hébreu : Màkir, « vendu ; » Septante : M « xîp), nom de deux Israélites.
1. MACHIR, fils aine de Manassé et petit-fils de Joseph. Gen., l, 22 (hébreu, 23) ; Jos., xvii, 1. Sa mère était une Araméenne (Syrienne). I Par., vil, 14. Le texte sacré nous fait-il connaître le nom de sa femme ? C’est ce qu’il est difficile de déterminer. Le passage de I Par., 7H, 15-16, où est racontée l’histoire de Machir, paraît altéré d’une façon irrémédiable. « Ce verset, qui est fort obscur, dit Clair, Les Paralipomènes, 1880, p. 121, se lit en hébreu de la manière suivante : « Et Machir prit « une femme à Huppîm et à Suppim, et le nom de sa « sœur était Maacha. s D’après le ꝟ. 16, Maacha était la femme de Machir et par conséquent on devrait s’attendre à lire : « Et Machir prit une femme appelée Maacha. » En somme les mots à Huppim et à Suppîm ne cadrent en aucune façon avec le contexte. Le traducteur latin a suppléé filiis suis après taccepit uxores et changé le singulier’isàh (uxor) en pluriel, mais évidemment par voie de conjecture. » Voir Happhim, t. iii, col. 421. Quoi qu’il en soit, m les fils de Machir, dit le texte sacré, naquirent sur les genoux de Joseph. » Gen., l, 22. Ses descendants se distinguèrent par leur courage, Jos., xvii, 1 ; ils devinrent très puissants et furent appelés Machirites et Galaadites, parce que Machir fut le père de Galaad. Num., xxvi, 29. Dans le cantique de Débora, v, 14, Machir est le nom donné à la demi-tribu transjordanique de Manassé. Voir aussi Jos., xiii, 31. Ce furent en effet les fils de Machir qui conquirent le pays de Galaad, dès le temps de Moïse, et ils en reçurent une partie comme héritage. Num., xxxii, 39-40 ; Deut., iii, 15. Josué, xiii, 31 ; xvii, 1, leur confirma la possession de la moitié du pays de Galaad et de Basan. Ils formèrent la partie la plus importante de leur tribu à l’est du Jourdain. — Certains commentateurs croient que les Machirites étaient alliés aux Benjamites, parce qu’ils traduisent I Par., vii, 15 : « Machir prit une femme de Ruppinx et de Suppîm (Vulgate : Happhim et Saphan), » et qu’ils considèrent kyppîm et Suppîm comme Benjamites. Cf.
I Par., vii, 12 Cette opinion est loin d’être démontrée. Ce qui est certain, c’est la parenté de la famille de Machir avec la tribu de Juda : Hesron, fils de Phares et petit-fils de Juda, épousa, à l’âge de soixante ans, une fille de Machir et en eut un fils appelé Ségub. De Ségub descendait Jaïr, « qui posséda vingt-trois villes dans la terre de Galaad.. » I Par., ii, ’21-22. Jaïr s’était joint sans doute aux Machirites, dans la conquête du pays, à cause des liens de famille qui l’unissaient à eux, et il fut considéré comme faisant partie de la demi-tribu de Manassé. Voir Jaïr 1, t. iii, col. 1109.
2. MACHIR, fils d’Ammiel, qui demevait à Lodabar, à l’est du Jourdain. Voir Lodabar, col. 321. Le nom de cet Israélite a fait supposer à un certain nombre de commentateurs qu’il était de la tribu de Manassé et descendant de Machir 1. Il était contemporain de Saùl et de David. Après la mort de Jonathas, Machir donna l’hospitalité au fils de ce prince, Miphiboseth. II Reg., IX, 4-5. Plus tard, lors de la révolte d’Absalom, lorsque David se fut réfugié à Mahanaïm (Vulgate : Castra), Machir lui resta fidèle et lui apporta des meuhles et des vivres. II Reg., xvii, 27-28.
- MACHIRITES##
MACHIRITES (hébreu : ham-Mdkiri ; Septante : 6 M<x-X’pi ; Vulgate : Machiritx), descendants de Machir, fils de Manassé. Num., xxvi, 29 (hébreu, 30). Voir Machir 1.
- MACHMAS##
MACHMAS (hébreu : Mikmâë (avec un tf), « lieu secret, caché, » I Sam. (I Reg.), xiii, 2, 5 ; xiv, 31 ; Is., x, 28 ; Neh., xi, 31 ; Mikmds (avec d), I Esd., ii, 27 ;
II Esd., vii, 31 ; Septante : Maxime* et Max 5 ! 1° ? selon le Vat., xiii, 5, 11, 16, 22, 23 ; xiv, 31, etc. ; Max<*liâç, Sin., Neh., xi, 31 ; Max(iâ, Sin., Is., x, 28. La Vulgate écrit une fois Mechmas, II Esd., xi, 31), ville de la tribu de .Benjamin (fig. 161).
I. Identification et site. — Malgré la légère différence d’orthographe ou de prononciation, on ne peut douter que Mikmas, nommée I Esd., ii, 27, et II Esd., vil, 31, entre Rama et Gabaa d’une part, Béthel et Haï d’autre part, ne soit la même que Mikmas’, citée II Esd., xi, 31, également entre Gabaa d’une part et Haï et Béthel d’autre part. Le nom de Mukhmâs, évidemment identique à Mikmas (on sait que la lettre : , k, est ordinairement prononcée par les Juifs comme le kh, ’, des Arabes et que le
xdes Grecs etlecA des Latins représentent la même prononciation ) est aujourd’hui porté par un village au nord de Jérusalem, dont la position d’ailleurs correspond parfaitement aux indications topographiques de la Bible et de l’histoire. — La place assignée au nom de Machmas, dans les livres d’Esdras et de Néhémie, est aussi celle qu’occupe en réalité aujourd’hui Mukhmâs. Ce village est situé au nord-est, à près de quatre kilomètres de Djéba’, l’ancienne Gabaa de Benjamin, et à sept kilomètres d’er-Râm, l’antique Rama ; à trois kilomètres au nordouest, on rencontre, non loin de Deir Diouân, les ruines de Qadeira’, et aux environs les autres localités identifiées avec Haï ; Beitîn (Béthel) est à quatre kilomètres, à l’ouest-nord-ouest, de Deir Diouân. Selon le récit de I fieg., xin-xiv, les Philistins campés sur le territoire de Machmas étaient à l’orient de Béthaven, ou, d’après les Septante, à « l’opposé de Bélhoron, à l’orient », h Maxime ÊÇ évavrfaç BaxiOmpiw xatà vôtou. I Reg., xiii, 5. (Sur l’emploi du mot v6to « avec la signification d’ « Orient » voir Reland, Palxstina, p. 293, et t. ii, col. 288.) Mukhmâs est directement à l’est des deux Beit-’Vr, les anciens Béthoron, à dix-sept kilomètres de Beit-Ur et fôqa’, Béthoron-le-Haut, le plus rapproché ; son territoire se développe au sud-est de Deir Diouân, dans le voisinage duquel on cherche le site de Béthaven. Un ravin profond, bordé de deux rochers appelés Bosès et Séné, séparait Machmas de Gabaa. I Rég., xiii, 45. L’ouâd’es-Soneînît, dont le nom rappelle celui du rocher Sénéh, se creuse profond, escarpé, bordé de rochers élevés el à pic, à un kilomètre au sud-ouest de Mukhmâs et au nord-est de Djéba’dont il limite le sahel (plaine). Eusèbe indique Machmas à neuf milles d’Elia, c’est-à-dire à environ treize kilomètres et demi, et près de Rama. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 284.
La distance de Jérusalem, l’Elia des Romains, à Machmas peut être estimée de quatorze à quinze kilomètres. Si le dominicain Burchard, en 1283, dans sa description, publiée dans Peregrinationes medii sévi quatuor, 2e édit. Laurent, Leipzig. 1873, p. 56, et un certain nombre de pèlerins après lui, confondent avec el-Biréh, Machmas dont le nom n’était cependant pas perdu de leur temps, les palestinologues modernes sont unanimes à soutenir l’identité de Mukhmâs avec la cité de la Bible du même nom. Cf. Ed. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, p. 113-115 ; Jos. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, Jérusalem, 1900, p. 101 et 157 ; de Saulcy, Dictionnaire topographique abrégé de la Terre-Sainte, Paris, 1877, p. 212-213 ; V. Guérin Description de la Palestine, Judée, t. iii, p. 63-65 ; R.vonRiess, Biblische Géographie, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 63 ; Conder et Kitchener, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 12 ; Armstrong, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 124, etc.
II. Description. —Assis à la limite du désert, sur une colline du versant oriental des monts judéens, entouré de toutes parts de collines plus élevées, sauf du côté du sud-ouest où l’espace s’ouvre en face des profondeurs de l’oudd’es Soueînîl, Mukhmâs semble vouloir se tenir isolé et fermé pour ceux qui voudraient se dérober aux importunités du monde. Le village actuel est composé d’une trentaine de maisons carrées à toit plat en terrasse ou surmontées de la coupole surbaissée usitée eu
Palestine. Dans les murs on remarque de nombreuses pierres d’un bel appareil, taillées avec un grand soin et contrastant avec le petit appareil moderne au milieu duquel elles se trouvent. Ces pierres appartenaient à d’anciennes constructions dont les débris et les arasements se rencontrent partout sur la colline. Quelques tronçons de colonnes et un superbe linteau en pierre trouvés vers la partie nord-ouest du village paraissent avoir appartenu à une église chrétienne du rve ou du ve siècle. Les citernes dans lesquelles sont recueillies les eaux de pluie sont toutes antiques et la plupart accusent par leur forme en entonnoir la période la plus reculée. Les alentours de Mukhmas sont dénudés, à l’exception d’un joli petit vallon au nord-est couvert d’un bosquet de vigoureux et féconds oliviers.
mille hommes qui devaient occuper deux à deux les chars de guerre, suivant l’antique méthode. L’infanterie par la multitude « était pareille au sable du rivage de la mer ». L’armée vint dresser son camp à Machmas. I Reg., xm, 5, 11. Au nord de Mukhmas, à moins d’un kilomètre, au milieu d’un terrain peu accidenté, s’élève un monticule appelé Tell eWAskar, « . la colline de l’armée [ ?], » et l’on se demande si ce nom ne serait pas un souvenir remontant à cette époque lointaine. Si aucun document positit ne l’affirme, la commodité de l’endroit permet du moins de penser que c’est là que l’armée d’iDvasion a dû fixer son centre, en face de Gabaa de Benjamin où s’était groupée l’armée d’Israël. Saûl, à l’approche de l’ennemi dont il ne pouvait soutenir le choc, à cause de l’infériorité numérique de sa troupe, avait en eûet
161. — Mukhmas. D’après une photographie de M. L. Heidet.
III. Histoire. — 1° Machmas est célèbre dans l’histoire d’Israël par l’exploit de Jonathas, fils aîné de Saûl, accompli sur son territoire, dans la première guerre .soutenue contre les Philistins. Aussitôt après son élection, le nouveau roi s’était empressé, avec les deux mille hommes qu’il avait gardés, d’occuper « Machmas et la montagne de Béthel *, c’est-à-dire toute la région montagneuse du versant oriental, depuis la vallée au sud de Machmas, aujourd’hui Vouâd’es-Soueînît, jusqu’à Béthel et aux monts presque inaccessibles sur lesquels s’élèvent maintenant Taîbèh, et Kefr-Malik et qui prolongent la montagne de Beitîn au nord-est. I Reg., xiii, 2. Jonathas, avec les mille hommes que son père lui avait laissés, avait attaqué et détruit le poste des Philistins de Gabaa, en lace de Machmas, de l’autre côté de la vallée, et s’y était établi. Les Philistins avaient aussitôt réuni une armée formidable : elle était composée, d’après le texte actuel, de trente mille chariots, mais il laut sans doute lire trois mille, nombre auquel correspondent les six mille cavaliers de la troupe, c’est-à-dire les six
abandonné Machmas et s’était replié sur Gabaa où était déjà son fils Jonathas. I Reg., xiii, 15-16. Un poste (massab) de Philistins avait été détaché du gros de l’armée pour garder le passage entre Machmas et Gabaa (nta’âber Mikmàs). C’est le sens du ꝟ. 23 de l’hébreu, différemment rendu par les Septante et la Vulgate, Selon les premiers « [un détachement] sortit de la station des étrangers au delà de Machmas », d’après la version latine jta station des Philistins sortit pour passer vers Machmas ». Les traductions sont peu d’accord avec le contexte ou peu intelligibles. Le texte hébreu, justifié par la nature du terrain, paraît le seul exact. — Jonathas cependant, voyant la petite armée de Saül se dissoudre de jour en jour et las d’attendre, résolut d’attaquer le poste établi sur le bord de la vallée. « Viens et passons au poste (masçab) des Philistins qui est de l’autre côté, » dit le jeune guerrier à son écuyer. 4 Or, il y avait, ajoute le récit, entre les passages (la descente et la montée) par où Jonathas cherchait à passer vers le poste des Philistins, des blocs de rocher élevés, un au passage
d’un côté et l’autre au passage de l’autre côté ; le nom de l’un était Bôjé ? et le nom de l’autre Sénéh ; l’un des blocs se dressait au nord, du côté de Machmas, l’autre au sud du côté de Gabaa. Voir Bosès, t. i, col. 1856, et Séné. Jonathas dit donc au jeune homme qui portait ses armes : « "Viens passons jusqu’au poste de ces incirconcis, peut-être le Seigneur fera-t-il quelque chose pour nous, car il ne lui est pas difficile de sauver avec un grand ou avec un petit nombre. » L’écuyer suivit généreusement son maître. Quand les Philistins les aperçurent ils leur crièrent : « Montez vers nous et nous vous ferons connaître quelque chose. s Jonathas avait convenu de s’avancer sur ces paroles qu’il regardait comme un indice divin de l’assistance de Dieu. S’aidant des mains et des pieds ils atteignirent le bord supérieur de la vallée. Vingt hommes tombèrent les uns après les autres sous leurs coups. Le gros de l’armée, campé plus loin, au nord de Machmas, crut sans doute être surpris par l’armée de Saül ; une terreur panique s’empara des Philistins qui prirent aussitôt la fuite. Les sentinelles de Saül placées de l’autre côté de la vallée s’aperçurent du tumulte et avertirent le roi, Saûl et sa troupe poussèrent un grand cri et accoururent rejoindre Jonathas et son écuyer dont l’absence venait d’être constatée. En arrivant à Machmas, ils trouvèrent que les Philistins avaient tourné leurs armes les uns contre les autres. Une multitude d’Israélites qui avaient dû suivre les Philistins, ainsi qu’un grand nombre d’autres cachés dans les montagnes voisines d’Éphraïm, s’unirent à leurs frères et renforcèrent l’armée de Saül qui s’éleva ainsi jusqu’à dix mille hommes. Le champ du combat fut entre Machmas et Béthaven. La déroute des ennemis fut complète. Les Israélites les poursuivirent jusqu’à Aïalon, au pied des montagnes, à trente kilomètres environ de Machmas, où ils durent s’arrêter épuisés de fatigue et de faim. On sait comment Saùl, s’élançant contre les x Philistins, avait interdit à ses hommes de prendreaucune nourriture avant la défaite de l’ennemi et, comment Jonathas, le héros de la journée, qui ignorait les imprécations de son père, manqua être mis à mort pour avoir goûté un peu de miel dans la poursuite et comment il fut sauvé par l’intervention du peuple. I Reg., xiv. — 2° Isaïe, x, 28-29, traçant prophétiquement la marche de l’armée assyrienne conduite par Sennachérib et s’avançant contre Jérusalem, la voit arriver à Aîath, à Magron et à Machmas, où elle laisse ses bagages, sans doute pour n’être pas embarrassée et retardée au passage difficile du ravin ; elle franchit alors la vallée {’abrou ma’âbrâh) et arrive à Gabaa où elle s’arrête pour la nuit. L’histoire ne raconte pas la réalisation de la prophétie.
— 3° Parmi les Juifs revenus de Babylonie avec Zorobabel (vers 536 avant J.-C.) se trouvaient cent vingt-deux hommes de Machmas. I Esd., ii, 27 ; II Esd., vii, 31. La ville fut repeuplée par des Benjamites, probablement les précédents ou une partie d’entre eux. II Esd., xi, 31. — 4° Jonathas Machabée, après avoir battu le général gréco-syrien Bacchide et avoir traité avec lui, choisit Machmas pour sa résidence (vers 158 avant J.-C.). Il y demeura quelque temps gouvernant le peuple et exerçant sa sévérité contre les impies, les Juifs apostats ou hellénisants. I Mach., ix, 73. Cf. Josèphe, Ant.jud., XIII, 1, 6. Machmas demeura renommée chez les rabbins pour l’excellence de son blé. Mischna, Menahoth, ix, 1 ; cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 154. — Elle était encore, au iv » $iècle, un grand village. Eusèbe, Onom asticon, p. 284. — Mukhmas n’a actuellement pas plus de cent cinquante habitants, tous musulmans et cultivateurs. L. Heidet.
- MACHMÉTHATH##
MACHMÉTHATH (hébreu : ham : Mikmetat ; Septante : ’Ixa<i[uàv ; Alexandrinus : Max89), ville frontière entre la tribu d’Éphraïm et la demi-tribu de Manassé cisjordanique. Jos., xvi, 6 ; xvii, 7, Le site en est incer tain. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 347, à la suite dn moine Burchard, est porté à l’identifier avec le village actuel de Kakoun ou Qaqoun, situé sur une colline de 80 mètres d’altitude, dans la plaine de Saron, au sud-est de Césarée, au nord-ouest de Sébastîyéh (Samarie). M. Guérin s’appuie sur ce qu’il résulte des deux passages de Josué que Machméthathétaitsurla frontière de Ma nasse etd’Éphraïm vers le nord et du côté de la mer et que cette position convient assez bien à celle de Kakoun. De plus, ce village est peu éloigné, au nord, de l’un des ouadis dont la jonction constitue le Nàhr el-Falek. Or, le Nahrel-Falèk peut être identifié ayec le Nahal Qândh (Vulgate : Vallis arundineti), qui formait la limite de Manassé cisjordanique et d’Éphraïm dans ces parages. Jos., xvi, 8 ; xvii, 9. Cf. F. de Saulcy, Dictionnaire topographique de la Terre-Sainte, 1877, p. 213. On objecte contre. cette opinion que Kakoun est trop loin de Sichem. D’après d’autres géographes, le nom de Machméthath, étant précédé en hébreu de l’article, ne désigne pas une ville, mais une région qu’ils supposent être la plaine d’el-Makhnah, au sud-est de Sichem. H. Guthe, Kurzes Bibelwôrterbuch, 1903, p. 434. Voir Manassé occidental (Tribu de).
F. Vigouroux.
MACHŒRE (hébreu : lehî ; Septante : <riaYwv ; Vulgate : maxïlla), pièce osseuse dans laquelle sont plantées les dents. Cette pièce se compose de deux ossements, le maxillaire supérieur et le maxillaire inférieur, mis en mouvement pour la mastication et la parole par une série de muscles masticateurs, abaisseurs et élévateurs, et recouverts par les joues. — 1° Dans plusieurs passages, la mâchoire de l’homme est considérée comme un instrument de violence, par comparaison avec la mâchoire des bêtes féroces. C’est pourquoi le Seigneur brise la mâchoire des ennemis, Ps. iii, 8, ou met le mors dans les mâchoires de ceux qui lui sont rebelles, afin de les soumettre à sa volonté. Is., xxx, 28 ; Ezech., xxix, 4 ; xxxviii, 4. D’autres fois, les mâchoires sont prises pour les joues, auxquelles elles donnent leur forme. Les larmes de la veuve coulent sur sa mâchoire et de là remontent jusqu’au ciel. Eccli., Xxxv, 18, 19. Notre-Seigneur conseille à celui qui est frappé sur la mâchoire droite de tendre la gauche. Matth., v, 39 ; Luc, vi, 29. Dans quelques autres textes, les versions se servent du mot mâchoire là où l’hébreu parle débouche, Ps. xxxi, 9 ; Ose., xi, 4, ou déjoue. III Reg., xxii, 24 ; II Par., xviii, 23 ; Job, xvi, 11 ; Lam., 1, 2 ; iii, 30 ; Mien., v, 1. Voir Joue, t. iii, col. 1700. — 2° Les mâchoires des animaux offerts en sacrifice font partie des morceaux attribués aux prêtres. Deut., xviii, 3 (texte hébreu). — On ne peut point percer la mâchoire du crocodile avec le harpon pour s’emparer de lui. Job, XL, 21 — Fait prisonnier par les Philistins, et arrivé à un endroit appelé Lechi, c’est-à-dire « mâchoire », voir Lechi, col. 145, et Dent, t. ii, col. 1382, Samson mit la main sur une mâchoire d’âne encore
162. — Mâchoire d’âne.
D’après Milne-Edwards, Zoologie, Paris, 1884, p. 212.
fraîche et s’en servit pour frapper mille ennemis. Jud., xv, 14-16. Cf. J. Seiferheld, De maxilla asïni, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, 1. 1, p. 569-578. Cette mâchoire était terhjâh, « fraîche, s non desséchée, . 513
MACHOIRE _ MAÇON
et par conséquent encore parfaitement solide ; Septante : £5eppi|i[j16VJi, « mise dehors, » gisante ; Vulgate : quss jacebat, « qui gisait, » mais avec addition des mots : id est, mandibulam, « c’est-à-dire une mandibule. » Chez les jumentés, le maxillaire inférieur a une forme telle, que, saisi du côté des incisives, il peut constituer un marteau redoutable entre des mains robustes (fig. 162). Il est probable que Samson ne se servit que de la moitié gauche ou droite de la mâchoire. Le maxillaire supérieur est moins solide et sa forme se prêtait beaucoup moins bien à l’usage que voulait en faire. Samson. Sur la mâchoire d’âne de Samson, voir LÉCHf, col. 145.
- MACKNIGHT James##
MACKNIGHT James, érudit anglais protestant, né à Irvin, en 1721, mort à Edimbourg en 1800. Il étudia d’abord à Glasgow, puis à Leyde, et se fit admettre parmi les presbytériens. Après avoir desservi plusieurs églises, il fut en 1772 nommé ministre à Edimbourg. Il publia de nombreux ouvrages qui lui valurent une grande réputation parmi ses coreligionnaires et dans lesquels il favorise les doctrines d’Arminius. Nous ne citerons que les suivants : Harmony of the four Gospels, containing a complète history of the life of Christ, chronologically arrangea in the words of the Evangelists, 2 in-4°, Londres, 1756 ; The truth of the Gospel history, in-4°, Londres, 1763 ; Literal translation front the greeh of ail apostolical Epistles, with a commentary and notes, 4 in-4°, Edimbourg, 1795. En tête de ce dernier travail se trouve une Vie de J. Macknight, publiée par son fils. — Voir Orme, Biblioth. biblica, p. 299.
- MAÇON##
MAÇON (hébreu, au pluriel : gôdrîm ; Septante : Tst^tOTaf, oîxoôo’ij.ot ; Vulgate : csementarii), ouvriers qui bâtissent. La Sainte Écriture parle assez souvent de constructions de villes, de maisons, de murs, d’autels, etc. Les détails qu’elle fournit sur les travaux de maçonnerie sont néanmoins peu nombreux.
1° Premiers maçons. — Dans les premiers temps, les hommes rassemblés dans la plaine de Sennaar construisent leur tour de Babel avec des briques, qui tiennent lieu de pierres, et du bitume, hêmor, qui leur sert de mortier, homér, ir » ]Xoç, csementum. Gen., xi, 3 ; cf. £xod., i, 14 ; Nah., iii, 14. Voir Bitume, t. i, col. 1803 ; Brique, col. 1929.
2° Maçons en Egypte. — En Egypte, les Hébreux furent employés à la construction des villes de Phithom et de Ramessès. Exod., i, 11-14. Voir Corvée, t. ii, col. 1031. Ces constructions se faisaient en briques de simple limon ou mélangées de paille et de fragments de roseaux. Cf. t. i, col. 1931-1933 et la figure vis-à-vis la col. 1932. Voici comment s’exécutait, à l’aide de ces briques, le travail de maçonnerie. À cause des inondations du Nil et de l’instabilité du sol, on commençait par élever un tertre permettant d’établir la construction définitive au-dessus du niveau des crues. « On construisait des murs très épais en briques crues, qui s’allongeaient sur le sol, à une certaine distance les uns des autres, en lignes parallèles ; on en bâtissait d’autres qui étaient perpendiculaires aux premiers, de manière à dessiner sur le terrain une sorte de damier ; on remplissait ensuite les intervalles avec de la terre, avec de la pierre, avec tout ce que l’on avait sous la main. C’était sur cette espèce de socle que posaient les fondations des édifices. La maison trouvait là une base solide que ne lui aurait pas fournie la terre meuble de la plaine. » G. Perrot, L’architecture civile de l’ancienne Egypte, dans la Revue des Deux Mondes, l « r aou t 1881, p. 621, 622. À Phithom, on a retrouvé le mur d’enceinte, en briques crues, entourant à peu près quatre hectares de terrain. À l’intérieur sont des entrepôts, de forme rectangulaire, avec des murs de briques de deux à trois mètres d’épaisseur, sans portes latérales, et ne présentant d’accès que par leurs toits voûtés. édit., Paris, 1896, t. H, p. 264-276. Les recherches de M. A. Choisy, L’art de bâtir chez les Égyptiens, in-4°, Paris, 1904, permettent de se rendre mieux compte des procédés employés par les constructeurs égyptiens. Le bois très rare dans un pays où la végétation forestière fait défaut, ne figure pour ainsi dire pas dans les constructions. La brique crue, faite avec le limon de la vallée du Nil, mélangé de menus déchets de paille, sert exclusivement. La rareté du combustible rendait la cuisson si dispendieuse, qu’on ne construisait en briques cuites que les ouvrages en contact habituel avec l’eau, tels que les aqueducs, les murs de quai, etc. On combattait les effets de l’humidité sur les briques crues par le vide des joints verticaux et l’interposition entre les assises de pailles d’alfa et de sable. Cette disposition permettait au mur de se déformer sans grand risque de rupture, quand il reposait, comme c’était l’ordinaire, sur un mauvais fond et sans presque aucune fondation, les couches plus profondes étant
163. — Bloc scié pour préparer une statue.
D’après Choisy, " L’art de bâtir chez les Égyptiens,
1904, fig. 48, p. 59.
aussi peu stables que celles de la surface. Quand les murs devaient avoir une certaine épaisseur et un développement considérable sur un plan incliné, on leur donnait un profil ondulé, de manière que des travées plongeantes, se succédant à intervalles plus ou moinsrapprochés dans la longueur du mur, fissent obstacle aux glissements. On construisait les murs sans échafaudage, comme l’indique l’absence des trous de boulins. L’extrémité du mur en construction était laissée à l’état de gradins pour servir d’escalier aux maçons, et quand ceux-ci arrivaient au terme de leur travail, ils n’avaient qu’à rassembler les derniers matériaux nécessaires à l’achèvement sur le sommet du mur déjà construit et ensuite à les faire descendre sur les assises à terminer. On construisait les voûtes sans cintrage, le bois manquant pour cela, mais à l’aide d’un mur élevé provisoirement jusqu’au profil de la voûte. Pour les exécuter en pierre, on posait les dalles à plat de manière à former ctes encorbellements progressifs jusqu’à l’achèvement de la voûte. Les outils employés à la taille de la pierre étaient de bronze et entamaient difficilement les blocs. Parfois, comme quand il s’agissait d’une statue, on remplaçait un abatage onéreux de matériaux par le sciage au sable. Dans une première rainure creusée au ciseau, on répandait du sable quartzeux qu’on arrosait d’eau et qu’une sorte de scie de fer ou de bronze, comme celles de nos scieurs de pierres, mettait en mouvement par un va-et-vient, et faisait agir à frottement assez dur sur le fond de la rainure. À longueur de temps, le bloc se trouvait scié suivant un certain plan. On procédait
IV. - 17 &15
MAÇON
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de même sur d’autres plans, de manière qu’il ne restât jstas au bloc, destiné à devenir une statue, que la portion de calcaire, de grès ou de granit que le ciseau seul pouvait abattre pour obtenir le relief désiré. La figure 163 montre un bloc ainsi préparé. Les édifices de pierre, à fondations insignifiantes, ont une structure des plus rudimentaires ; on se contentait de poser des dalles plafonnantes sur des murs ou sur des architraves portées par des colonnes. Les dimensions adoptées correspondent à nu travail de la matière voisin de celui qu’on admet aujourd’hui comme limite de sécurité.
Il est intéressant de connaître les procédés employés par les ingénieurs égyptiens pour le transport et l’élévation des blocs, procédés qui donneront l’idée de ce qui a pu se faire à Jérusalem pour la construction des édifices salomoniens. Le temps et la main-d’œuvre ne manquaient pas. L’outillage se réduisait au levier, employé sous la forme d’une espèce d’ascenseur oscillant (fig. 164)
164. — Ascenseur oscillant.
D’après Choisy, L’art de bâtir, fig. 63, p. 80.
qu’on avait remarqué depuis si longtemps dans les dépôts de fondation, mais dont on ne s’expliquait pas l’usage. C’est M. G. Legrain, inspecteur de Karnak, qui a découvert son mode d’emploi. Le bloc était chargé sur l’appareil au moyen de rouleaux et d’un plan incliné. Le cheminement sur traîneau était facile, grâce au nombre des bras et à la nature du sol très ferme et très plat, qu’on arrosait d’ailleurs pour le rendre glissant, ainsi que le montrent certaines peinturés (fig. 166). À pied d’œuvre, on faisait osciller l’ascenseur au moyen du levier et on le calait avec une pierre (fig. 165). Grâce à
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165. — Manœuvre de l’ascensenr oscillant. D’après Choisy, ibid., fig. 67, p. 82.
ee procédé, un bloc de 1500 kilogrammes peut, à chaque oscillation, être élevé de m 12 par un effort de 200 kilogrammes, aisément fourni par le poids de trois hommes appliqué à l’extrémité du levier. La manœuvre s’exécutait par échelons et calages successifs. La trace de ces échelons a été retrouvée sous forme de gradins de terre, partiellement effondrés, encore accolés aux faces de certains pylônes, notamment à Karnak. Cette explication répond bien aux détails fournis par Hérodote, ii, 125, sur la construction de la pvramide de Chéops. Après avoir
parlé de la grande chaussée que l’on mit dix ans à construire pour transporter les matériaux depuis le Nil jusqu’à l’emplacement choisi, il ajoute : « Cette pyramide fut construite en forme de degrés. Quand on eut commencé à la construire de cette manière, on éleva de terre les autres pierres et, à l’aide de machines faites de courtes pièces de bois, on les monta sur le premier rang d’assises. Quand une pierre y était parvenue, on la mettait sur une autre machine qui était sur cette première assise ; de là on la montait par le moyen d’une autre machine, car il y en avait autant que d’assises. Peut-être aussi n’avaient-ils qu’une seule et même machine facile à transporter d’une assise à l’autre, toutes les fois qu’on avait ôté la pierre. » La machine mentionnée par Hérodote n’est vraisemblablement autre que l’ascenseur oscillant. Pour la mise en place des obélisques, on commençait par les amener horizontalement sur un terre-plein artificiel construit au-dessus de leur base, puis on creusait ce terre-plein du côté du pied do l’obélisque, et à la terre on substituait du sable qu’on retirait ensuite graduellement, de manière que l’immense bloc, pivotant doucement autour d’un tourillon sur lequel il appuyait par son milieu, arrivât peu à peu à l’aplomb de sa base (fig. 167). Enfin, pour la mise en place définitive des blocs et des obélisques, on disposait entre ceux-ci et leur base des sacs de sable sur lesquels la masse appuyait provisoirement. Ensuite on éventrait ces sacs, le sable s’échappait et la masse descendait. Des sachets de sable logés en rainure recevaient alors la charge, ce qui permettait d’enlever la toile des sacs. Les sachets, ouverts à leur tour, laissaient dans la rainure leur toile et leur contenu, et le bloc reposait directement sur sa base. M. Choisy a constaté l’existence de cette rainure à la base d’un des obélisques de Karnak, enfouie sous terre depuis des siècles. Cf. M. d’Ocagne, L’art de bâtir chez les Égyptiens, dans la Revue des questions scientifiques, Bruxelles, janvier 1904, p. 179-194. Ces divers procédés des ingénieurs égyptiens n’ont pas dû rester étrangers aux Phéniciens, entrepreneurs de constructions pour le compte des Hébreux et d’autres peuples de l’antiquité.
3° Maçons chaldéens. — En Chaldée, des règlements étaient imposés aux constructeurs de maisons. Plusieurs articles des lois d’Hammurabi les concernent : 228, quand l’architecte a achevé une maison dans de bonnes conditions, il a droit à un salaire de deux sicles d’argent par sar de maison ; 229, si la maison n’est pas solide, s’écroule et tue le propriétaire, l’architecte est passible de la peine de mort ; 230, si elle tue le fils du propriétaire, le fils de l’architecte est passible de la même peine ; 231, si elle tue un esclave, l’architecte en doit un autre au propriétaire ; 232, si, en tombant, la maison détruit l’avoir du propriétaire, l’architecte est obligé de le dédommager en conséquence et de reconstruire la maison à ses frais ; 233, enfin si un mur n’a pas reçu assez d’épaisseur et s’écroule, l’architecte est tenu de le mettre en bon état à son compte. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, Paris, 1902, p. 102, 103, 157. Si de telles lois n’existaient pas chez les Hébreux, il est probable qu’à partir de leur établissement en Chanaan, ceux-ci, à l’exemple de leurs ancêtres, prirent leurs garanties contre les malfaçons des constructeurs de maisons. La loi du talion, en vigueur chez eux, Exod., xxi, 23-25, les autorisait sans doute à exiger des compensations même corporelles, à la suite des accidents survenus par la faute des tiers.
4° Maçons en Palestine. — 1. Les maçons proprement dits n’apparaissent chez les Hébreux que quand il faut construire le Temple. David laissa à son fils un grand nombre d’ouvriers « taillant et travaillant la pierre et le bois », TE/viToct y.at oîxoS6|iot)16v, latomi et csementarii. I Par., xxii, 15. Ceux qui taillaient la pierre et ceux qui bâtissaient étaient considérés comme appartenant au même métier. Quand on se mit à la construction du y - 3 ^ o æ w s
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Temple, les pierres furent taillées par les gens (bené, vioi, « les fils » ) de Salomon et les gens d’Hiram ; la Vulgate les appelle cxmentarii. Puis les Giblim, Giblii, préparèrent les bois et les pierres pour bâtir. III Reg., v, 18 (32). Les Gibliens étaient les habitants de Gébal, ville de Phénicie. Voir Gébal, t. iii, col. 138. Les hommes de Gébal avaient une grande habileté pour élever des constructions importantes, ainsi qu’en font foi les monuments qu’ils ont laissés après eux. Cf. t. iii, fig. 27, 28, col. 141, 142. Ils dirigèrent la maçonnerie des édifices de Salomon. Sous Joas, des maçons, gôdrîm, ter/tirai, csementarii, travaillent à la réparation du Temple.
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i ^.tov.,
Mise en place d’un obélisque.
D’après Choisy, L’art de bâtir, fig. 95, p. 124.
IV Reg., xil, 11 (13). D’autres gôdrîm sont appliqués au même travail sous Josias. IV Reg., xxii, 6 ; II Par., xxxiv, 11. Au retour de la captivité, les ftoj&tm, tércoveç, cxmentarii, maçons qui taillent la pierre et qui la posent, refirent les fondements du Temple. I Esd., iii, 7, 10.
2. Dans leurs constructions, les maçons employaient le mortier. Voir Mortier. Pour Jes édifices importants, ils se servaient de pierres équarries et bien appareillées, Is., ix, 10 ; Lara., iii, 9 ; Am., v, 11, parmi lesquelles les pierres d’angles étaient choisies avec soin. Job, i, 19 ; Ps. cxviii (cxvii), 22 ; Matth., xxi, 42 ; Marc, xii, 10 ; Luc, xx, 17 ; I Pet., ii, 7. Ils disposaient les poutres de bois en même temps que s’élevait la maçonnerie. III Reg., v, 18 (32) ; Hab., Il, 11. Les maisons de la campagne n’avaient souvent que des murailles de torchis, qu’il était facile de percer. Matth., xxiv, 43. Dans les plaines de la Séphéla et de Saron, sur le bord de la mer, la pierre fait défaut et l’on y construit encore aujourd’hui les maisons des villages en briques crues ou en pisé. Les maçons habiles veillaient à établir leurs constructions solidement, Matth., vii, 24, 26 ; Luc, vi, 48, mais sans y réussir toujours. Luc, xiii, 4. Les mêmes ouvriers faisaient les réparations, particulièrement dans les maisons où l’on constatait la lèpre des pierres. Lev., xtv, 40-42. Ils relevaient les ruines, Is., lviii, 12, et rétablissaient les murs écroulés. Nah., iii, 14. — Sur les outils employés par les maçons, voir Corde, qdv, t. ii, col. 966, et col. 967, fig. 344 ; Équerre, col. 1902 ; Fil a plomb, col. 2244 (le mot csementarius dans Amos, vii, 7, 8, est une addition de la Vulgate) ; Hache, t. iii, col. 389 ;
Marteau, Scie, Truelle.- MACPÊLAH##
MACPÊLAH (hébreu : Makpêlâh, a chose double, » de la racine kâfal, « doubler » ), nom hébreu de la caverne qu’Abraham acheta d’Éphron l’Héthéen, pour y ensevelir Sara, son épouse, et où il fut lui-même plus tard enterré, ainsi qu’Isaac et Rébecca, Jacob et Lia.
I. Nom. — Le nom de Macpêlah se lit au livre de la Genèse seulement où il est cité cinq fois : une fois seul comme nom de lieu, bam-Makpêlâh, « à Macpêlah, » xxiii, 17 ; deux fois comme nom de la caverne, me’drdf ham-Makpêlâh, « la caverne de Macpêlah, » xxiii, 9, et xxv, 9 ; deux autres fois comme nom du champ où se trouvait la caverne, sâdéh ham-Makpêlâh, « le champ de Macpêlah, » xlix, 30, et l, 13. Dans les trois cas, les Septante traduisent constamment par « la caverne double », to <T7nr, Xaiov to 51ttXo*jv, ou, xxiii, 17, êv tw Snr).â> « rarjXaiû. La Vulgate a adopté la traduction identique spelunca duplex. La version samaritaine reproduit ce nom même dans sa forme araméenne Makfêltah, tandis que le targum d’Onkélos lui conserve sa forme hébraïque. Les autres versions anciennes suivent généralement l’exemple des Septante et de la Vulgate. Dans les versions modernes le nom est encore transcrit Macpêlah et Machpêlah. — Dans le texte hébreu, Macpêlah semblerait avoir été le nom primitif de la région, donné ensuite au champ d’Éphron, puis à la caverne qui s’y trouvait, si l’étymologie ne paraissait pas mieux convenir à la caverne, ainsi que l’ont pensé la plupart des interprètes et comme semble l’indiquer l’état de la grotte sépulcrale elle-même.
II. Situation et identité. — Macpêlah se trouvait, selon l’expression de l’Écriture, HfnêMamrê’, Qen., xxii], 17, 20, ou’al-penè Mamrê, xxv, 9 ; xlix, 30 ; L, 13, xoctix irp<<7wirov ou àirévavTï ou xatévavu Ma[16prj, « en face, vis-à-vis, devant Mambré » d’après les Septante et d’après la Vulgate qui traduit par respiciens Mambre, xxm, 17 ; quse respiciebat Mambre, ibid., 19 ; e régions Mambre, xxv, 9 ; contra Mambre, xlix, 30 ; contra, faciem Mambre, ii, 13. Le sens de ces diverses locutions, ne peut pas être plus strict que celui de. l’expression originale lipnê dont la signification est souvent simplement, « en avant de, à une certaine distance de, » c’est celle qui lui attribue ici l’antique tradition indiquant les. tombeaux de Macpêlah, à 3 kilomètres et demi envi^ ron, au sud du hdram ramêt el-Khdlîl, l’ancien Mambré, et dans la vallée où est bâtie la ville actuelle d’Hébron. Tous les anciens documents sont en effet unanimes à indiquer à cette place le monument sépulcral du patriarche vénéré de tous. — L’historien Josèphe, parlant du chêne ou térébinthe près duquel avait habité Abraham, c’est-à-dire de Mambré, l’indique non loin, où irôppu, de la ville d’Hébron. Ant. jud., i, x, 4. Nommant ailleurs cette ville où résidèrent ce patriarche et les ancêtres des Juifs et « où se voient encore leurs monuments sépulcraux », il place « le térébinthe à six stades de la ville ». Bell, jud., IV, ix, 7 ; cf. Ant. jud., i, xiv. Il faut lire, croit-on, « seize stades. » Voir Mambré. Cette dernière est la distance qui, d’après les écrivains postérieurs à Josèphe, sépare réellement Hébron, où sont les sépulcres des patriarches, de Mambré. « Il y a 2 milles (= 16 stades ou 2 292 mètres) du térébinthe à Hébron ; c’est là qu’est le monument commémoratif où ont été déposés Abraham, Isaac, Jacob, Sara, Rébecca et Lia, » dit le pèlerin de Bordeaux, venant du nord. ltinerarium, t. viii, col. 792. Eusèbe de Césarée, plaçant « le village de Bethanim à 2 milles du térébinthe (c’est-à-dire, ajoute saint Jérôme dans sa traduction, du tabernacle d’Abraham [ou de Mambré]) et à 4 milles d’Hébron », indique par là la même distance de 2 milles de Mambré à Hébron « où l’on montre son mausolée ». Onomasticon, aux mots’Api et Aie, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 58, 59 ; t. xxiii, col. 870, et aux mots’Apgû et Arboc, Onomasticon, ibid., p. 54, 55 ; t. xxiii, col. 862. Voir aussi le pèlerin Théodose, De
Terra Sancta, dans Itinera latina, Genève, 1877-1880, p. 70 ; saint Arculfe, dans Adamnan, De locis sanctis, 1. II, c. vil, t. lxxxviii, col. 797-798 ; Pierre Diacre, bibliothécaire du Mont-Cassin, De locis sanctis, t. clxxiii, col. 1123 ; le pèlerin Sévulf, en 1102, Voyage, dans Recueil de voyages et mémoires publiés par la Société de géographie de Paris, t. iv, p. 849 ; l’hégoumène russe Daniel, Vie et pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, traduction de la baronne Ifhitrowo, Genève, 1889, p. 44 ; le pèlerin juif Benjamin, de Tudèle, Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1733, p. 48 ; le dominicain Burchard, Descriptio Terrse Sanctse, dans Peregrinationes medii sévi quatuor, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 91 ; le rabbin Estori ha-Parchi vers la fin du XIIIe siècle, Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1881-1883, p. 299 ; le musulman Mugir ed-Dîn, Histoire de Jérusalem et d’Hébron, édit. du Caire, 1283 (1866), p. 424-425.
— Le Mesdjed ou haram el-Khalît, « la mosquée » ou « le sanctuaire d’el-Khalîl » (nom par lequel les musulmans désignent ordinairement le patriarche Abraham) et, où l’on vénère aujourd’hui les monuments sépulcraux des patriarches (voir t. iii, fig. 120, col. 559), est vers le sud-est de la ville actuelle, au quartier extrême de la ville appelé lui-même hâret el-haram, « le quartier du sanctuaire, s
Le haram est dominé, au nord, par une montagne au sommet de laquelle se trouve la ruine appelée Namré’; la montagne se prolonge jusqu’au petit plateau où l’on voit deux murs d’une vieille enceinte appelés haram ràmet el-Khalîl, « le sanctuaire de la colline du Bien-Aimé : » c’est l’emplacement traditionnel du campement d’Abraham, ou Mambré. La distance de ce lieu jusqu’à l’entrée de la petite ville d’el-Khalil ou Hébron et jusqu’au pied du Djebel er-Remeidéh qui fut, croit-on, l’assiette de l’antique Hébron, est de 3 kilomètres et de près de 4 jusqu’au haram eUKhalil, ou à la mosquée. Le Djebel er-Remeidéh, au sommet duquel est une ancienne ruine connue sous le nom de deir el-’Arbain, « le couvent des Quarante [martyrs], » est à l’ouest de la ville et l’espace entre sa base et la mosquée est d’un peu moins de 500 mètres. Le sanctuaire est "au côté septentrional de la vallée dans laquelle est bâtie la ville actuelle d’el-Khalil. Voir t. iii, fig. 118, col. 555. L’identité de l’emplacement du haram el-Khalil, ou mosquée d’Abraham, avec le champ de Macpêlah renfermant la caverne où furent ensevelis les patriarches, est universellement admise.
III. Description. — Le sanctuaire d’Hébron (t. iii, fig. 120, col. 559) comprend trois parties distinctes : 1° la muraille d’enceinte monumentale ; 2° la mosquée avec diverses constructions annexes contenues dans l’enceinte ; 3° le caveau creusé dans le roc sous le sol de la mosquée et renfermant les sépulcres des patriarches.
1° La muraille du haram el-KhalU. — Ce mur « un des monuments les plus intéressants de la Palestine et du monde », dit M. de Vogué, Églises de Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 344, est un parallélogramme rectangle, orienté du nord-ouest au sud-est. Il mesure 63 m 80 de longueur et 36 mètres de largeur ; sa hauteur est d’environ 15 mètres, du côté du sud-ouest, le plus élevé des quatre. Les faces de l’enceinte ne sont pas planes, mais ûrnées de pilastres engagés. La face regardant le sudouest est unie jusqu’à la hauteur de 4 ou 5 mètres, où elle forme une plinthe oblique sur laquelle s’appuient les pilastres d’aplomb avec la partie inférieure qui leur sert de base. Le nombre des pilastres est de 15 sur les grandes faces et de 8 sur les autres. Leur hauteur est d’environ 10 mètres, leur largeur de l m 10, et leur profondeur de 0°>20. Le mur est couronné d’un simple filet carré s’avançant en saillie en forme de corniche. L’appareil de la muraille, selon MM. Mauss et Salzmann, est identique à celui du haram de Jérusalem, avec cette^ différence que le travail du haram d’Hébron est exécuté avec beaucoup plus de soin. Les blocs sont de
grande dimension, taillés à refend et à face unie ; le refend toutefois, au lieu d’être fait à la brette, est piqué, non pas à la boucharde, mais à la pointe. Les bandes lisses sont obtenues, comme à Jérusalem, par un ciseau plat entaillé qui prend toute la largeur de la bande. Les blocs des assises inférieures mesurent jusqu’à 8 mètres de longueur et l m 15 de hauteur. Ils diminuent de dimension en s’élevant et les blocs des assises supérieures n’ont plus que l m 50 de longueur sur m 50 de hauteur. Toutes ces pierres sont munies d’un encadrement destiné à parer les joints et ces encadrements existent même sur les faces intérieures ou joues des pilastres. Les blocs sont posés sans ciment et en retrait les uns sur les autres. Leur matière est un calcaire mêlé de pétrifications de coquillages, d’insectes, de végétaux, de pierre ponce et de paillettes métalliques, très compact et très dur et paraissant avoir subi une influence volcanique ; aussi, tandis que dans la plupart des édifices du pays, même de date assez récente, un grand nombre de pierres se creusent et s’émiettent, dans la muraille d’Hébron aucune, peut-on dire, ne paraît avoir éprouvé les injures du temps. La pierre de cette nature ne se trouve pas dans le district d’Hébron et Pierotti prétend avoir retrouvé dans le voisinage de la mer Morte, à 40 kilomètres de distance, la carrière d’où ont été extraits les blocs du haram d’Hébron. Macpélâ, in-8°, Lausanne, 1869, p. 87-89. — Cette muraille frappe spécialement par l’aspect de haute antiquité que lui donne la couleur noire dont sont revêtus ces grands blocs, semblable à la patine d’un vieux bronze. Dans sa forme générale comme dans les détails du travail, elle diffère complètement des constructions gréco-romaines dont on retrouve des restes remarquables à Djérasch, à’Amman, à Bosra et dans une multitude d’autres villes de la Transjordane, où s’établirent les colonies grecques d’Alexandre ou celles des conquérants romains ; ses caractères sont essentiellement égypto-phéniciens. Elle offre une autre particularité significative. De tous les monuments remarquables ou publics de la période gréco-romaine venus jusqu’à nos jours à peu près intègres, aucun n’était sans la marque de ses fondateurs, c’est-à-dire sans une inscription indiquant la date et les origines du monument ; rien de pareil ne se voit au haram d’Hébron et personne n’y a jamais signalé d’inscription de cette nature. De ces divers caractères et indices les archéologues concluent généralement à l’origine judaïque de la muraille. C’est aussi l’attestation de la tradition locale, et l’histoire, nous le constaterons bientôt, justifie pleinement cette affirmation et ces déductions. — La muraille antique a été rehaussée, pardessus la corniche, d’un mur à créneaux d’appareil grossier et vulgaire qui paraît d’origine arabe ; elle est encore flanquée de deux minarets, œuvre des musulmans ; l’un est à l’angle oriental et l’autre à l’angle occidental.
2° La mosquée et les diverses constructions qui s’y rattachent. — On pénètre dans l’enceinte par une porte pratiquée dans le côté de la muraille faisant face au nord-est et à laquelle on accède par de larges escaliers disposés sur trois des côtés extérieurs. Bien qu’anciens, ces escaliers sont beaucoup plus récents que le mur. L’entrée de l’enceinte est interdite aux juifs et aux chrétiens et quelques privilégiés seuls ont pu y pénétrer ; c’est à eux que nous devons les détails qui nous renseignent sur l’état intérieur du haram et Khalil. La cour formée par la muraille est occupée par plusieurs bâtiments dont le principal est la mosquée proprement dite. Son fronton, le mur du fond bâti sur la vieille muraille et le toit en dos d’âne recouvert de lames de plomb s’élèvent au-dessus du mur crénelé et se voient du dehors. L’édifice occupe toute la largeur de la cour, qui est d’environ 28 mètres et a 20 mètres de profondeur ; il est ainsi plus large que long. L’intérieur est divisé en trois nefs d’à peu près égale longueur et de même hauteur. Les voûtes
en ogive reposent sur quatre forts piliers en faisceaux couronnés de chapitaux corinthiens. Les architectes qui ont pu visiter la mosquée croient la construction l’œuvre des Croisés, à l’exception de quelques parties demeurées de l’époque bysantine. L’ameublement et l’ornementation sont ceux des autres sanctuaires musulmans. Devant les deux piliers du fond s’élèvent deux cénotaphes, ayant la forme de petits temples carrés se terminant en pyramide et recouvert de tapis de damas vert brochés d’or et d’argent : le cénotaphe de droite est celui d’Isaac et celui de gauche est dédié à Rébecca. La mosquée est précédée d’un vestibule à portique dans lequel se trouvent deux petits sanctuaires à coupole renfermant, celui à droite de la porte, le cénotaphe d’Abraham, et celui de gauche, le cénotaphe de Sara, l’un et l’autre disposés comme les monuments de la grande mosquée. Les cénotaphes de Jacob et de Lia, semblables aux précédents et établis, le premier en face du cénotaphe d’Abraham, celui de Lia en face du cénotaphe d’Isaac, se trouvent à l’extrémité de l’esplanade qui précède la mosquée, dans un bâtiment spécial. On s’y rend en traversant une cour large de 10 mètres, dans le sens de l’axe de l’enceinte, et longue de 20 mètres. Au fond de cette cour, au côté opposé à la porte de l’enceinte, est la mosquée des femmes de laquelle, par une autre ouverture pratiquée dans la grande muraille, on passe dans « la mosquée de Joseph ». Ce petit édifice surmonté d’un dôme renferme un septième cénotaphe appelé « le tombeau de Joseph » parce que là, prétendent à tort les gardiens de la mosquée, a été enseveli ce patriarche, fils de Jacob. Ce monument, comme tous les autres cénotaphes, paraît dater de l’époque musulmane. Il est à l’extérieur de l’enceinte, contre la muraille faisant face au sud-ouest et sous le minaret établi à l’angle occidental du haram.
3° La caverne inférieure. — Cette partie la plus vénérable de Macpêlah et pour laquelle a été construite la grande enceinte, ne paraît pas avoir été visitée d’aucun chrétien depuis la chute du royaume latin de Jérusalem. Ni l’or ni le prestige des personnages royaux qui, en vertu de firmans spéciaux délivrés par les sultans de Stamboul, ont pu pénétrer dans l’enceinte sacrée, n’ont pu leur obtenir des farouches gardiens du garant de faire ouvrir devant eux la grille de fer qui tient fermée l’entrée de la caverne. Les musulmans eux-mêmes, retenus par un respect superstitieux, semblent craindre de plonger leurs regards dans la grotte mystérieuse. Le premier voyageur européen qui, après cinq siècles, a pu, en 1807, franchir le seuil du liaram, l’Espagnol Baria, plus connu sous son nom de renégat Aly bey, n’est point descendu dans la grotte. Les maigres détails que nous avons sur l’état actuel de la partie inférieure de Macpêlah nous sont fournis par un ingénieur, ancien architecte de la municipalité de Jérusalem, le Piémontais Pierotti. D’après lui, l’entrée primitive de la caverne se trouverait du côté du nord, dans la mosquée voisine A’ehDjaûly, dissimulée sous un faux sarcophage qui la couvre. L’entrée actuelle est pratiquée dans le roc formant la voûte de la caverne, en face de la porte principale de la grande mosquée, dans le vestibule, entre les deux sanctuaires d’Abraham et de Sara. La grille de fer qui la recouvre est munie d’une puissante serrure. On y descend par un escalier taillé dans le roc, de m 70 de largeur. Six autres ouvertures, larges d’environ m 30, ont été pratiquées de même dans le roc de la voûte, près de chacun des cénotaphes, pour y descendre près des tombes inférieures, des lampes entretenues par les dons des fidèles de l’islam ; par elles on constate que la caverne s’étend dans toute la longueur de l’enceinte ; la largeur de la grotte serait moindre, d’après les renseignements recueillis par Pierotti. Le 7 janvier 1859, cet ingénieur ayant trouvé l’occasion de’pénétrer dans le haram, constata, au moyen d’une corde graduée descendue par les ouvertures, deux niveaux différents dans le
sol inférieur de la caverne. Le 25 août de la même année, ayant réussi, malgré l’opposition du gardien, à descendre cinq marches de l’escalier, Pierotti put, en se courbant, promener son regard dans l’intérieur de la grotte. Il remarqua, dans la direction du nord, au-dessous de la place que doivent occuper les cénotaphes de Jacob et de Lia, des sarcophages de pierre blanche et du côté méridional, à proximité de l’escalier, la paroi rocheuse, et dans cette paroi une ouverture et des marches basses taillées dans le roc, mettant en communication les deux parties de la caverne. Cette cloison rocheuse semble correspondre au mur antérieur de la mosquée qu’elle doit supporter. Voir Macpéla ou tombeau des patriarches à Hébron, in-8°, Lausanne, 1869^ p. 92-96. — Un document du xii 8 siècle, publié en 1883, par le comte Riant, et racontant l’invention des tombeaux des patriarches à Hébron, fournit quelques détails sur l’état de la caverne à cette époque. Les chambres sépulcrales où furent trouvés les ossements des patriarches étaient au nombre de deux. Elles étaient précédées d’un vestibule, d’un couloir large d’une aune ou coudée, long de dix-sept et haut de onze, et d’une salle circulaire appelée, dans la narration, basilique ou. sanctuaire, où pouvaient se réunir trente personnes. Cette pièce était fermée par des pierres parfaitement jointes. Devant l’entrée de cette salle fut trouvée, également fermée par une pierre taillée en forme de coin, l’ouverture par laquelle on pénètre dans la première chambre sépulcrale. Le sol était de terre et renfermait des ossements. L’entrée de la seconde grotte sépulcrale était au fond de la première, de même soigneusement fermée. On trouva dans cette salle des ossements et un corps scellé. À gauche de la dernière entrée et en face d’une inscription, on découvrit encore une cavité dans laquelle étaient environ quinze vases d’argile pleins d’ossements. Voir Riant, Invention de la sépulture des patriarches Abraham, Isaac et Jacob à Hébron, le 5 juin 1119, dans les Archives de l’Orient latin, in-4°, Gènes, 1883, t. ii, p. 411-421. La description du juif Benjamin de Tudèle mentionne, en 11 73, trois chambres : deux où l’on ne voit rien et la troisième où se trouvent les six sépulcres avec des inscriptions. Le pèlerin vil aussi (Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1733, p. 48-49) des vases (riva) renfermant des ossements d’Israélites. Ce sont à peu près tous les renseignements que l’on peut obtenir des descriptions tant anciennes que modernes, sur la nature et l’état de la caverne de Macpêlah.
IV. Histoire. — 1° Les sépulcres de Macpêlah d’après la Genèse et la tradition juive. — 1. La caverne de Macpêlah était la propriété d’Éphron le Héthéen et se trouvait à l’extrémité de son champ. Sara étant morte à Hébron, Abraham monta de Bersabée en cette ville, pour y ensevelir son épouse. Il proposa à Éphron d’acheter la caverne. Après les longs et cérémonieux pourparlers de coutume en Orient dans ces circonstances, la caverne avec le champ et ses arbres fut cédée en propriété perpétuelle à Abraham, pour quatre cents sicles d’argent, poids équivalant à environ 1200 francs de notre argent, mais de valeur bien supérieure. Le patriarche ensevelit ensuite Sara dans la caverne. Gen., xxm. Quand Abraham mourut, ses deux fils, Isaac et Ismaël, l’ensevelirent prés de son épouse. Gen., xxv, 9-10. Isaac à son tour fut déposé, après sa mort, dans la grotte de Macpêlah, par ses deux fils, Jacob et Ésaû. Rébecca y avait précédé son époux et Lia, décédée avant le départ de la famille de Jacob pour l’Egypte, était venue déjà y attendre le retour des restes mortels de son mari. Gen., xxxv, 29 ; xlix, 30-31. Jacob, voyant approcher son dernier jour, appela son fils Joseph et lui fit jurer de ne pas l’ensevelir en Egypte, mais de transporter son corps dans le sépulcre qu’il s’était creusé pour lui-même dans la terre de Chanaan. Gen., , XLvn, 29-31 ; l, 5. Avant d’expirer, il avait renouvelé devant tous ses enfants réunis, l’ordre de l’ensevelir avec ses pères dans la grotte.
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MACPÊLAH
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du champ de Macpêlah, achetée d’Éphron le Héthéen. Gen., xlix, 29-30. Après avoir fait embaumer le corps à la manière égyptienne et avoir obtenu l’assentiment du pharaon, Joseph, accompagné de ses frères et d’une multitude d’Égyptiens, transporta le cercueil de son père à Hébron et le déposa dans la caverne de Macpêlah. Gen., l, 14.
2. Après avoir raconté la déposition de Jacob, l’Écriture ne prononce plus le nom de Macpêlah ; son souvenir est cependant une fois encore évoqué, par la mention de la sépulture de ce même patriarche et celle de ses fils, mais pour contredire, semble-t-il, le récit de la Genèse : c’est dans le Nouveau Testament, au livre des Actes, vii, 15-16. Dans ce passage, saint Etienne, parlant devant le grand conseil, s’exprime ainsi sur la sépulture de ces patriarches : « Jacob, dit-il, descendit en Egypte et [y] mourut ainsi que nos pères [les douze patriarches ] et on les transporta à Sichem et on les déposa dans le monument qu’Abraham avait acheté à prix d’argent des fils d’Hémor à Sichem. » Les suppositions faites par les commentateurs et les modifications proposées par eux ne résolvent pas la difficulté. Même en admettant qu’Abraham, à son passage à Sichem, ait acheté le champ situé près de cette ville, racheté par Jacob et où Joseph fut enterré plus tard, il reste toujours que Jacob a été déposé non à Sichem, mais à Hébron, à Macpêlah, et son nom au livre des Actes ne peut être changé pour un autre. La phrase demeurera toujours anormale pour nous ; pour être régulière et complète, selon notre mode de nous exprimer, elle devrait être formulée de cette manière : « Jacob et nos pères étant morts en Egypte, on les transporta à Hébron, où on les déposa dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent d’Éphron, fils de Heth, à Macpêlah ; quant à Joseph il fut déposé à Sichem dans la partie de la campagne achetée par Jacob des fils d’Hémor, â Sichem, » ou bien : « Jacob et nos pères étant morts furent déposés, le premier à Hébron… et les autres à Sichem… » Cf. Jos., xxiv, 32. La manière dont s’est exprimé saint Etienne est donc inexacte dans sa concision. — Quoi qu’il en soit de la forme logique de la phrase de saint Etienne, elle mentionne une tradition juive qu’on retrouve aussi dans Josèphe : la translation dans la terre de Chanaan des restes des onze frères de Joseph. Act., vii, 15-16. La concision du langage de saint Etienne ne laisse pas deviner s’il entend parler de Sichem ou d’Hébron ; mais c’est ce dernier endroit que désigne un de ses contemporains ou du moins de l’auteur du livre des Actes, l’historien Josèphe : « Les trères de Joseph, dit cet écrivain, moururent après avoir vécu heureux en Egypte et leurs corps furent transportés quelque temps après par leurs descendants et leurs fils à Hébron, où ils furent ensevelis. » Anl. jud., II, viii, 2. Cet historien avait déjà produit la même assertion dans son histoire de la Guerre de Judée, IV, ix, 7. Parlant d’Hébron il ajoute : « Les habitants d’Hébron racontent qu’Abraham, l’ancêtre des Juits, habita cette ville après avoir émigré de la Mésopotamie et que ses entants descendirent de là en Egypte ; on montre jusqu’aujourd’hui leurs monuments dans la même ville, construits d’un très beau marbre et d’un travail magnifique. » Un texte reproduit par Pierre Diacre, bibliothécaire du Mont-Cassin, et considéré par le professeur italien Gamurrini comme un fragment extrait de la relation du pèlerinage de sainte Sylvie d’Aquitaine, mentionne formellement à YAbramiri d’Hébron « les corps des onze fils de Jacob ». De lotis sanctis, t. clxxiii, col. 1115 ; édit. Gamurrini, Rome, 1887, p. 124-125. Saint Jérôme contredit cette tradition. Décrivant le pèlerinage de sainte Paule Romaine, après avoir conduit la sainte pèlerine an puits de Jacob près de l’ancien Sichem, il ajoute : » Et partant de là elle vit les tombeaux des douze patriarches. » Epist., cviii,
ad Eustochium, t. xxii, col. 889. Le saint docteur fait certainement allusion au tombeau de Joseph voisin du puits de Jacob. Les traditions locales juive, samaritaine et chrétienne indiquent le tombeau de Joseph près de Sichem, sans nommer les autres patriarches. Les rabbins ont toujours été d’accord pour assurer que les Israélites en quittant l’Egypte ont emporté avec eux les ossements des pères des tribus, mais ils diffèrent souvent pour désigner l’endroit où ces ossements ont été déposés. Cf. Carmoly, Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 151-152.
2° Monument élevé sur le tombeau des patriarches.
— 1. Un monument fut élevé à une époque ancienne au-dessus de la caverne de Macpêlah, qui renfermait les restes des patriarches. Josèphe atteste son antiquité quand, parlant des traditions du peuple d’Hébron par rapport à Abraham, il ajoute : « On montre jusqu’à maintenant leurs monuments dans cette ville, leurs monuments, t « |*vrififjieïoi, construits avec un très beau marbre et d’un travail magnifique. » Bell, jud., IV, IX, 7. « Évidemment, dit Victor Guérin, citant ces paroles, il ne s’agit pas ici de la grotte funéraire qu’Abraham acheta d’Éphron, grotte taillée dans le roc vif et que ne décorait certainement aucun marbre, mais, comme plusieurs critiques le supposent, entre autres F, de Saulcy, Josèphe désigne dans ce passage l’admirable enceinte du Haram d’Hébron, dont les blocs gigantesques sont d’une pierre qui imite la beauté du marbre ; entreautres par la régularité de ces assises et l’élégance de ses pilastres engagés, elle atteste un travail des plus remarquables. » Judée, t. iii, p. 223. Josèphe, en disant que ce monument existe « jusqu’à maintenant », (Jiéxp’toO vOv, témoigne par là même de son antiquité. Parla Hérode l’Ancien à qui on aurait pu être tenté d’en faire honneur est écarté ; Josèphe ne le lui attribue point dans l’énumération des diverses œuvres exécutées par ce prince. Il ne l’attribue pas davantage aux Asmonéens. On ne peut cependant croire l’historien juif quand il fait remonter à Abraham lui-même l’origine du monument. Ant. jud., 1, xiv. — Outre les deux points, l’antiquité du monument et son origine judaïque, Josèphe, dans ce passage, en affirme un troisième : la permanence du monument après toutes les destructions de la guerre de Judée. C’est, en effet, dans son histoire de cette guerre écrite à Rome plusieurs années après sa cessation, que l’auteur atteste : « on voit ce monument jusqu’aujourd’hui, » {lé^pt toO vOv… SetxviiToci.
2. De la subsistance après la guerre de Judée du monument dont parle Josèphe, sans doute il ne résulte pas que le monument actuel est le même ; toutefois deux cents ans après cet historien, vers le commencement du IVe siècle, on constate qu’un monument sépulcral, également remarquable, s’élevait encore sur le tombeau des patriarches à Hébron. Eusèbe de Césarée (265-c. 340) l’affirme positivement dans son Onomasticon . « Arbô : c’est Chébron… On y contemple le mausolée, xb (ivrifna, d’Abraham. » Au mot’Ap6&>, p. 54, ce mausolée (memoria), ajoute le pèlerin de Bordeaux en 333, est disposé en carré et fait de pierre d’une grande beauté. It inerarium, t. viii, col. 792. Cf. S. Jérôme, Onomastic, p. 55 ; De loc. et nominibus locorum hebraic., au mot Arboc, t. xxiii, col. 852 ; Epist., xlvi, t. xxii, col. 491. (Les Hébreux prétendaient alors, d’après une interprétation de Jos., xiv, 15, généralement abandonnée aujourd’hui, qu’Adam avait été enseveli à Macpêlah, qui devint ainsi après la sépulture de Jacob, le tombeau des Quatre [patriarches], d’où serait venu à Hébron le nom de Qarial-Arbé 1, « la ville des Quatre. » Ce sentiment semble avoir été accepté par saint Jérôme et suivi par un grand nombre d’autres après lui. Epist., cvth, 23, col. 862 ; Quest. in Gen., ibid., col. 978 ; cf. Hébron, t. hi, col. 561.)
Lorsque, vers l’an 570, le pèlerin de Plaisance, Anlo
nin, vint « au lien où reposent Abraham, Isaac et Jacob, Sara et aussi les ossements de Joseph, il y avait une basilique en forme de portique rectangulaire (quadriporticus). Au milieu était une cour découverte, divisée par une balustrade, en deux parties dont une était réservée aux chrétiens, l’autre aux juifs, qui venaient y pratiquer de nombreux encensements. Le jour d’après la Nativité du Seigneur, on célébrait la [fête de] la déposition de Jacob. La solennité, à laquelle on accourait en masse de toute la Judée, était célébrée par tous avec une grande dévotion ». Itinerarium, t. lxxii, col. 909. Ce pèlerin, ni aucun autre ne dit sous quel règne ni par qui fut exécutée la basilique intérieure ; on l’a attribuée plus tard à sainte Hélène, mais sans aucune raison. Antonin paraît être le premier à indiquer les ossements de Joseph à Macpêlah. On ignore la cause de cette assertion si souvent répétée depuis et consacrée depuis plusieurs siècles par un monument spécial. Divers auteurs ont prétendu, mais sans preuves, que les reliques du saint patriarche auraient été transférées à Hébron, vers cette époque ; quelques-uns y voient le sépulcre d’Abner ; d’autres croient qu’un personnage, du nom de Joseph, différent du fils de Jacob, aura voulu avoir son tombeau dans le voisinage de Macpêlah et a été l’occasion de cette confusion. Cf. Mudjir ed-Dln, Histoire de Jérusalem et d’Hébron, édit. du Caire, p. 56. Cette dernière hypothèse semble la plus vraisemblable. « Les ossements de Joseph sont ensevelis à part, dans une église spéciale, » est-il dit au Liber locorum sanctorum de Pierre Diacre, t. clxxiii, col. 1115.
3. Soixante-dix ans environ après ce pèlerinage d’Antonin, le sanctuaire d’Hébron était passé aux mains des Arabes musulmans devenus les maîtres de la Palestine (637). Ils avaient trouvé debout le monument de Macpêlah. Chosroès, il est vrai, quelques années auparavant (614), s’était jeté sur les églises des chrétiens pour les détruire, mais il avait respecté les monuments vénérés des Juifs qui se trouvaient en grand nombre dans son armée. Les Arabes ne modifièrent pas l’état général du sanctuaire. Trente ans plus tard (vers 670), « saint Arculfe étant venu dans la vallée où est le champ renfermant la double caverne achetée par Abraham, dit l’abbé Adamnan au livre de sa vie, le saint visita le lieu des sépulcres d’Arbé, c’est-à-dire des quatre patriarches, Abraham, Isaac, Jacob et Adam, le premier homme… L’endroit de ces sépulcres est entouré d’un mur peu élevé. Adam est séparé des trois autres, mais non loin, au nord du mur de pierre quadrangulaire… enseveli en terre et recouvert de terre. Les autres patriarches ont leurs tombes surmontées d’un monument ; Sara, Rébecca et Lia sont ensevelies aussi en terre avec des monuments plus humbles. » Adamnan, De locis sanctis, 1. II, c. ix, t. lxxxviii, col. 797-798. Ces monuments étaient vraisemblablement l’œuvre des musulmans, et El-Muqaddasi, géographe arabe du xe siècle, semble en effet les leur attribuer, tout en leur refusant l’honneur de la muraille : « À Habra’(Hébron), le bourg d’Abraham l’ami de Dieu, dit cet auteur, est une muraille très forte ; elle est l’œuvre des djinns, on le sait. Elle est construite avec de grandes pierres taillées. Au milieu de l’enceinte s’élève, bâti depuis le temps de l’islam, un dôme en pierre qui recouvre le tombeau d’Abraham. La tombe d’Isaac est plus avant, celle de Jacob est à l’extrémité opposée de l’enceinte. Les [tombeaux des] femmes sont vis-à-vis [de ceux] des prophètes. L’enceinte a été transformée en mosquée et on a construit autour des habitations pour les pèlerins. » Géographie, édit. Gœje, Leyde, 1877, p. 172 ; cf. El-Istakhry (951), édit. du même, 1870, p. 57 ; Ibn Hauqal (978), it., 1878, p. 113. De cette époque aussi est le petit mur crénelé dont a été rehaussée la grande enceinte. C’est du moins ce que paraît indiquer le musulman persan Nassir i-Khusrau (1047). « Le lieu saint, dit ce pèlerin, est environné
d’une enceinte rectangulaire de £0 coudées de longueur et 40 de largeur sur 20 de hauteur, dont la partie supérieure a 20 coudées. » La disposition et l’ornementation de la mosquée d’Abraham décrite par ce voyageur étaient à peu près telles que les décrivent dans le fyaram actuel les visiteurs contemporains. Cf. Sefer Nameh ou Journal de voyage, trad. Schefer, Paris, 1881, p. 53-58. La plupart des écrivains musulmans de toutes les époques attribuent également la muraille aux génies (djânn), mais comme exécuteurs des ordres de Salomon ; ies autres écrivains arabes l’attribuent simplement à ce prince. Cf. Ibn Batûtâh, Voyages, édit. Defrémery et Sanguinetti, Paris, 1879, t. i, p. 114-115 ; Mudjir ed-Dîn, Histoire, p. 55 ; Yaqout, Dictionnaire géographique, édit. Wûstenfeld, Leipzig, 1856, t. ii, p. 194, etc.
4. Pendant les Croisades, en 1099, avec les Francs vainqueurs, le christianisme rentre en possession de Macpêlah. De mosquée, le sanctuaire redevient une église qui sera célèbre sous le nom de Saint-Abraham. Un chapitre de chanoines y fut installé avec un prieur pour la garde du sanctuaire et le service divin. Cf. de Roziére, Cartulaire du Saint-Sépulcre, p. 120, 142, 171, etc. Plus tard (1167), l’église érigée en cathédrale est mise sous la direction d’un évêque du titre de Saint-Abraham ou d’Hébron. Guillaume de Tyr, Hist. transm., 1. XX, c. iii, t. CCI, col. 781. — Dès le principe, les pèlerins avaient afflué : l’Anglo-Saxon Sœvulf (1102). Peregrinatio, dans le Recueil de voyages et mémoires, t. IV, Paris, 1849, p. 844 ; l’higoumène russe Daniel (1106), Vie et pèlerinage, édit. Khitrowo, Genève, 1889, p. 46. Cf. Benjamin de Tudéle (1133), Itinéraire, édit. de Leyde, 1733, p. 48 ; Petachia de Ratisbonne (vers 1174). Voyages, édit. de Jérusalem, 5632 (1872), p. Il ; l’auteur anonyme du Tractalus de invenlione sanctorum patriarcharum Abraham, Isaac et Jacob (1119), voir Riant, Invention de la sépulture des patriarches Abraham, Isaac et Jacob à Hébron, le 25 juin 1119, dans les Archives le l’Orient latin, in-4°, Gênes, 1883, t. H, p. 411-421 ; Journal officiel, 30 janvier 1883, p. 528 ; Bolland., Acta sanctorum, S. Abraham, 9 oct., édit. Palmé, octobris t. IV, p. 683-691 ; Inventio ss. patriarchorum, d’après le codex de Douai, quicomplète la relation publiée par Riant, n. 851, fol. 93î r -103 v ; cf. Analecta boîlandiana, Bruxelles, 1901, t. xx, p. 464. Une multitude d’écrivains musulmans confirment ces récits pour le fait de l’invention, la date et le replacement des reliques dans la caverne, bien qu’ils diffèrent un peu pour les détails. Cf. Ibn el-Atir (1153), Chroniques, année 513 ; Ali de Hérat (1173), Les Lieux de pèlerinages, dans Riant, Archives ; el-Nodjoum, Extraits, dans le Recueil des Historiens des Croisades, Historiens orientaux, t. iii, p. 499 ; Yaqout, ! oc. cit., p. 458 ; Mudjir ed-Din, loc. cit., p. 45 ; Benjamin de Tudèle, Itinéraire, p. 48-49 ; Riant, Èxuvise sacrse Constantinopolitanse ; Archives, p. 213.
5. Après les Croisades, Saladin, vainqueur des Francs à la bataille de Hattin (15 juillet 1187) et en possession d’Ascalon (5 sep.), avant même de monter contre Jérusalem, n’eut rien de plus empressé que de faire occuper le sanctuaire d’Abraham en même temps que les localités principales du sud de la Palestine. Ibn el-Atir, Kamel et-Tevarikh, dans le Recueil des Historiens des Croisades, Historiens orientaux, t. i, p. 697. Il se contenta de prendre possession de l’église, en l’affectant au culte musulman. « À Ébron, il y a une très belle église, écrivait, après son voyage de 1217, trente ans après l’occupation du lieu par Saladin, le pèlerin Thietmar confirmant cette assertion ; elle est tenue en grande vénération par les Sarrasins, surtout à cause d’Abraham. » Peregrinatio, édit. Laurent, Hambourg, 1857, p. 29. — Pendant quelques années, les juifs et les chrétiens purent visiter Macpêlah sans être molestés. En 1210, le prince de la Captivité étant venu à Hébron muni de lettres de recommandation du kha
life de Bagdad, fut introduit à l’intérieur même de la caverne. Ses compagnons, parmi lesquels était Bar Simson à qui nous devons ces détails, n’osèrent cependant pas le suivre. Ce dernier se rendit aux sépulcres pendant la nuit, guidé par un des gardiens gagné par des présents. Itinéraire de Palestine, dans Carmoly, Bruxelles, 1847, p. 129. Le dominicain Buchard (1283), après avoir été introduit dans l’enceinte, semble y avoir passé encore la nuit. Descriptio Terrée Sanctee, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 91. Vers la même époque, le rabbin Estorinha-Parchi visita Hébron et attribue le grand mur quadrilatéral à Salomon. Tebuoth ha-Arez, p. 300. Trois siècles plus tard, un autre Juif, Uri de Biel (1564), attribue l’édifice au roi David. Jichus ha-Aboth, dans Carmoly, p. 434-435. Après Boniface Stefani de Raguse, custode de Terre-Sainte en 1551 et en 1563, le franciscain Quaresmius, au commencement du xvir 3 siècle, voit dans l’église l’œuvre de sainte Hélène, et constate l’interdiction faite aux chétiens d’y pénétrer ; « les Maures eux-mêmes, ajoute-t-il, n’entrent pas dans la caverne sépulcrale. » Elucidatio Terres Sanclee, Anvers, 1639, t. ii, p. 773. Aux patriarches ensevelis à Macpêlah, les pèlerins de cette période ajoutent Eve, la mère du genre humain, hypothèse de convenance pour la réunir à Adam. — Quant aux écrivains arabes, ils se complaisent à décrire minutieusement tous les embellissements apportés à la mosquée d’Abraham, exécutés par leurs princes de Syrie ou d’Egypte depuis le départ des Francs, et à énumérer toutes les réparations. Une d’elles est de nature à arrêter l’attention par le problème qu’elle soulève : c’est la restauration accomplie par Bibars. Vers la fin de l’an 1267, ce sultan, au dire des historiens Makrizi et Mudjir ed-Dîn, « remit à neuf le tombeau d’Abraham » et l’année suivante releva la ville d’Hébron. La ville avait été prise et ruinée en l’an 1244 par les Kharesmiens unis aux Égyptiens pour combattre el-Malek Sâléh Ismaïl, souverain de Damas et maître de la Palestine, et les chrétiens ses alliés. Cette horde sauvage et indisciplinée avait porté à travers tout le pays la désolation et la ruine ; la mosquée d’Hébron et les tombeaux paraissent donc avoir été détruits alors. En même temps que les sépulcres furent violés, les reliques ne furent-elles pas profanées et dispersées ? Voir Riant, À rchives de l’Orient latin, t. ii, Gênes, 1883, p. 420-421. C’est là, Croyons-nous, une crainte exagérée. Les Kharesmiens, parmi tous les ennemis des sanctuaires chrétiens de la Terre-Sainte, se sont montrés, il est vrai, les plus acharnés et les plus intraitables ; mais, il ne faut pas l’oublier, ces peuples féroces étaient venus alors comme auxiliaires des Égyptiens qui les avaient appelés.- Les Égyptiens étaient musulmans convaincus ; princes et sujets n’avaient cessé de venir visiter le sanctuaire d’Hébron et d’y apporter leurs présents. À la tête de l’armée dévastatrice kharesmo-égyptienne était ce même Bibars, mais alors simple mamelouk d’el-Malek Sâléh Aïoub, souverain de l’Egypte, qui, plus tard son successeur, restaurera la mosquée. Aboul-Féda, Annales, année de l’hégire 642. Cette circonstance explique sans doute la conduite des Kharesmiens. Bibars fut toujours le plus farouche ennemi du nom chrétien ; mais cette haine était l’effet de ses convictions musulmanes, de son fanatisme. Il pouvait envelopper dans la même haine les alliés des chrétiens « t exercer sa fureur sur leurs biens privés, leurs habitations el leurs villes ; mais le sanctuaire d’Abraham n’était pas une propriété du prince de Damas ou des chrétiens, c’était un fief de l’islam, son troisième sanctuaire, plus vénéré même, au dire de quelques historiens, que le hâram de la Mecque. Il n’est pas admissible que Bibars, avec ses Égyptiens, ait pu se porter contre ce sanctuaire à un acte de profanation.
6. Dès le commencement du xiv « siècle, le fanatisme jaloux des musulmans ne permit plus à aucun étranger à leur religion de pénétrer dans l’enceinte sacrée ; il ne
leur permettait pas même, semble-t-il, d’en approcher. Ishaq Helo (1334), Les chemins de Jérusalem, dans Carmoly, Itinéraires, p. 243. Au XIXe siècle seulement ce zèle outré a commencé à se relâcher un peu. Le D’Frânkel, en 1843, put pénétrer à prix d’argent dans la caverne. Il y vit des sarcophages sur lesquels sont gravés en lettres d’or, en hébreu et en arabe, les noms des patriarches ; des tapis de damas vert les recouvrent. Frânkel, Nach Jérusalem, 1858, t. H, p. 478-479. — Le Piémontais Pierotti pénétra trois fois dans le hâram, habillé en Arabe, le 8 novembre 1856, le 9 et le 25 août 1855, sans résultat important pour la connaissance de la caverne de Macpêlah. Le 20 novembre 1863, MM. Mauss et Salzmann, architectes du gouvernement français, s’étaient crus autorisés à franchir le seuil de la porte de l’enceinte, ils durent hientôt s’enfuir devant les menaces de la population ameutée. Les princes ont sollicité des autorisations de la Porte. Muni d’un firman du sultan, le prince de Galles, aujourd’hui roi d’Angleterre, visita, en 1862, l’intérieur de l’enceinte accompagné de Stanley, doyen de Westminster, et du D r Rosen, consul de Prusse, mais il ne put pénétrer dans la caverne. Le marquis de Bute, anglican converti, malgré le firman dont il était porteur, ne fut pas plus heureux en 1866. En 1869, le prince héritier de Prusse, devenu, en 1888, empereur d’Allemagne, sous le nom de Frédéric III, ne put aussi visiter que l’intérieur de l’enceinte, de même que les princes de la famille royale d’Angleterre, avec le capitaine Conder, en 1882. Espérons cependant que le jour n’est plus très éloigné où il sera possible de vérifier l’état de la grotte et d’obtenir, des renseignements précis sur les sépultures et les restes des patriarches.
V. Bibliographie. — Ali bey el-Abassi (Domingo Badia y Leblich), Travels, 1803-1809, in-8°, Londres, 1876, p. 232-233 ; G. H. von Schubert, Heise in das Morgenland in den Jahren 1836 und 1831, in-8°, Erlangen, 1838-1839, p. 473 ; E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 443-440 ; Frânkel, Nach Jérusalem, 1858, t. H, p. 478479 ; Pierotti, Macpéla ou tombeaux des patriarches, in-8°, Lausanne, 1869 ; J.-J.-L. Barges, Hébron et le tombeau des patriarches, dans le Bulletin de l’œuvre des pèlerinages d’Orient, Paris, 1862-1863, p. 150-190 ; M. de Vogué, Les Églises de la Terre-Sainte, in-4°, Paris, 1860, p. 344-345 ; D. Rosen, Die Patriarkengruft zu Hébron deren Besuch durch den Prinzen von Wales und ihre Bedeutung fur die biblische Archàologie, in-8°, Berlin, 1863 ; Id., dans la Zeitschrift fur allgemeine Erdkunde, Berlin, 1864, p. 160-162 ; A. P. Stanley, The Cave of Macpêlah, appendix II, dans Jewish Church, Londres, 1864, t. i, p. 448-510 ; Fel. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, le Haram d’Hébron, Paris, 1865, t. i, p. 155-159 ; Mauss et Salzmann, Excursion à Hébron, dans l’ouvrage précédent, appendice VI, t. ii, p. 328-332 ; Renan, Mission de Phénicie, in-f », Paris, 1864, p. 799807 (cf. Pierotti, Makpéla, p. 112-115) ; Laurent de Saint-Aignan, Description du sépulcre d’Abraham, dans Annales de la philosophie chrétienne, 1870, p. 379-396 ; W. M. Thomson, The Land and the Book, I. South Palestine, in-8% Londres, 1881, p. 268-282 ; Cl. Regn. Conder, Survéy <>f Western Palestine, Memoirs, Londres, 18811883, t. iii, p. 333-346 ; Id., Report on the visit of the princes Albert, Victor and Georges of Wales to the Hébron Haram an 5 apr. 1882, dans Palestine Explor. Fund Quarterly Statement, 1882, p. 197-213 ; Wilson, Notes on the Hébron Haram, ibid., 1882, p. 213-214 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’Art, Paris, 1881-1884, t. iv, p. 274, 277, 340 ; Fr. Liévin de Hamme, O. M., Mosquée d’Abraham, dans le Guide indicateur de la Terre-Sainte, 3e édit., Jérusalem, 1887, t. ii, p. 379-396 ; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 512-533 ; A. M. Luncz, La caverne
de Makpêlah, appendice, dans J. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, Jérusalem, 1900, p. 486-489. L. Heidet.
- MACRI Dominique##
MACRI Dominique, commentateur italien, né à Malte en 1604, entré à l’Oratoire, puis chanoine de Viterbe où il mourut en 1672. Son premier ouvrage, Hierolexicon, in-f°, Rome, 1677 ; Vienne, 1712 ; 6*édit., 2 in-4°, Bologne, 1765-1767, sorte de dictionnaire biblique, fut composé avec la collaboration de son frère. Mais il est surtout connu par son Trattato délie contradizioni apparenti délia S. Serittura, in-12, Venise, 1645, 1653, traduit en latin par Lefebvre, Paris, 1685, et plusieurs fois réédité. Voir Journal des Savants, l. i, 1665, p. 112-113. A. Ingold.
- MACTHESCH##
MACTHESCH (hébreu : ham-MakfëS, « le mortier ; » Septante : t| xaTaxexosijjivï) ; Vulgate : Pila). Nous lisons dans Sophonie, I, 11 : « Gémissez, habitants de Maktês, parce que tout le peuple de Chanaan (les marchands, les Phéniciens) est détruit, et que tous ceux qui portaient de l’argent sont exterminés. » Il résulte de ce passage que MaktêS était un lieu habité par des trafiquants. D’après les uns, on appelait ainsi une localité des environs de Jérusalem, une vailée, ayant la forme d’un mortier, Gesenius, Thésaurus, p. 725 ; la vallée de Siloé, dit saint Jérôme, In Sophon., i, 11, t. xxv, col. 1349, rapportant sans doute une tradition juive sur ce point ; la vallée du Cédron, d’après le Targum (Walton, Polyglott. , Soph., i, 11, t. iii, p. 96). D’après d’autres, c’était un quartier même de Jérusalem, le quartier commerçant, la quartier phénicien, où tous les trafiquants du pays habitaient ensemble, selon la coutume orientale. Keil, Die kleinen Propheten, 1866, p. 460, suppose, avec plusieurs modernes, que ce quartier était situé dans la vallée du Tyropœon, mais son hypothèse, non plus que plusieurs autres, ne s’appuie sur aucun argument positif.,
- MADABA##
MADABA, orthographe, dans la Vulgate, I Mach., x, 36, 37, du nom de la ville appelée ailleurs Médaba. Voir Médaba.
- MADAI##
MADAI (hébreu : Mâdai ; Septante : Ma801, Gen., IX, 2 ; et I Par., i, 5, MaSoein ; Alexandrinus ; MaSai), troisième fils de Japheth. Gen., x, 2 ; 1 Par., i, 5. Son nom est placé entre celui de Magog et celui de Javan. Gen., x, 2 ; I Par., i, 5. Madaï est l’ancêtre éponyme de la nation des Mèdes. La forme assyrienne du nom est Madai. Dans les annales de Salmanasar III, le mot est écrit Amadai, par l’adjonction de l’a prothétique, Journal of the Royal Asiatic Society, l re série, t. xv, p. 242. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, in-4°, Paris, 1899 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit.. t. i, p. 340. Voir Mèdes et Même. E. Becrlier.
- MADAN##
MADAN (hébreu : Meddn ; Septante : MaSaX ; MaSâji, dans I Par., i, 32, où il est interverti avec MaSîân), t r °i~ sième fils d’Abraham et de Célura. Gen., xxv, 2 ; I Par., 1, 32. Le texte sacré ne fait pas connaître sa descendance. Elle dut habiter le nord-ouest de l’Arabie. Dans Gen., xxxvii, 36, le texte hébreu appelle d>jid, Medânîm ou Médanites les marchands qui vendirent Joseph en Egypte, mais au t. 28, elle les a appelés bwd, Midyanîm, Madianites, et les versions ont lu dans les deux passages MaSiijvatot, Madianitse, et c’est probablement la vraie leçon. Nous ne savons donc rien de l’histoire de Madan. Quelques interprètes croient, mais sans aucune preuve, qoe Madan et Màdian sont un seul et même personnage. Le nom de Madan n’est pas d’ailleurs inconnu dans la géographie arabe. On a rapproché ce nom d’une vallée de Medân mentionnée par le géographe arabe Jakut et située dans Je voisinage des ruines de Daidan. Une
tribu arabe préislamite adorait aussi un dieu Madan. S. Margoliouth, dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, 1900, t. iii, p. 309. Voir aussi Arabie, t. i, col. 859.
- MADELEINE##
MADELEINE (grec : t[ MaySaX^vri ; Vulgate : Magdalena, Magdalene), Matth., xxvii, 56, surnom donné à une des Maries mentionnées dans les Évangiles. Voir Marie-Madeleine.
- MADIA##
MADIA (hébreu : Ma’adydh ; Septante : MaocSfaç), un des prêtres qui revinrent avec Zorobabel de la captivité de Babylone en Palestine. II Esd., xii, 5. Au ꝟ. 17, il est appelé Moadia.
- MADIAN##
MADIAN (hébreu : Midyan ; Septante ; Ma8tà[t, MaSecxv), nom du père des Madianites, de ses descendants et du pays qu’ils habitèrent.
1. MADIAN, fils d’Abraham et de Cétura, seconde femme d’Abraham. Il eut lui-même pourflls Epha, Opher ou Epher, Hénoch, Abida et Eldaa. Gen., xxv, 1, 4 ; I Par, , i, 32-33. On ne sait rien de plus de sa personne. Ses descendants sont désignés Sous le même nom de Madian ou sous celui de Madianites. Voir Madianites.
2. MADIAN, nom employé collectivement dans l’Écriture pour désigner les Madianites. Gen., xxxvj, Î35 ; Exod., iii, 1, etc. ; Num., xxii, 4, 7 ; xxv, 18 ; Jùd., vi, 1, etc. ; I Par., i, 46 ; Judith, ii, 16 ; Ps. lxxxii (hébreu, lxxxiii), 10 ; Is., ix, 4 ; x, 26 ; lx, 6 ; Hab., iii, 7. Voir Madianites.
3. MADIAN (TERRE DE). Le pays qu’habitaient les Madianites est appelé dans l’Écriture « terre de Madian », Exod., ii, 15 ; Hab., iii, 7 ; Act., vii, 29 ; « . Madian, » III fieg., xi, 18. Le nom de Madian n’a été trouvé ni en Egypte ni en Assyrie. Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies, in-12, 1881, p. 304, croit seulement qu’on peut identifier les Haydpad des inscriptions cunéiformes avec les descendants d’Epha, fils de Madian. VoirÉPHA 1, t. ii, col. 1830. Les écrivains arabes connaissent une contrée et une ville de Madian. La ville n’est jamais mentionnée dans la Bible.
Les renseignements que nous fournissent les Livres Saints sur la terre de Madian sont assez vagues. Comme les Madianites étaient un peuple nomade et comme il est probable que certains rameaux étaient séparés du gros de la tribu, il est difficile de préciser la région où ils habitaient. L’ensemble des textes indique que le plus grand nombre des Madianites habitait à l’est du golfe Elanitique et qu’il remontait de là, à l’époque de la sortie d’Egypte, jusque dans les plaines du Moab. — 1° L’Exode, ii, 15, raconte que Moïse, après le meurtre de l’Égyptien, se réfugia « dans la terre de Madian ». On place communément cette « terre de Madian », dans la péninsule sinaïtique, mais on ne saurait affirmer qu’elle était près du mont Sinaï. Moïse, selon la coutume des nomades pasteurs, pouvait mener les troupeaux de Jéthro aune certaine distance de l’habitation de son beau-père. Lorsque, après avoir traversé la mer Rouge, il retourna avec Israël au pied du mont Sinaï, Jéthro était assez, loin de là. Exod., xviii, 1, 5, 27 ; Num., x, 29-30. De ces données, on peut donc conclure, seulement, que le « Madian » de Jéthro se trouvait à l’est de l’Egypte, non loin du Sinaï. — 2° Le texte de I (III) Reg., xi, 18, indique le pays de Madian comme intermédiaire entre Édom et Pharan, sur la route de l’Egypte. Vu la position d’Édom, Madian, d’après ce texte, pourrait être placé également et sur la rive orientale du golfe Elanitique et au nord-est du désert sinaïtique. — 3° Les récits des Nombres et des Juges sont plus explicites. Il en résulte clairement que, avant et après la conquête de la terre de Chanaan, les Madianites se trouvaient à l’orient de>
la Palestine. Dans les Juges, vi, 3-33, Madian est associé avec Amalek et les (ils de l’Orient. Cf. Gen., xxv, 6. Il est vrai que les récits des Juges, vi-viii, 3, semblent se rapporter plutôt à des peuples nomades, remarque qui s’applique aux Madianites île l’histoire de Balaam ; on ne peut donc déduire de là rien de précis sur leur vraie patrie. Mais, à en juger par la régularité de leurs incursions, Jud., vi, 1-3, il est peut-être légitime de les supposer habitant une région qui n'était pas trop éloignée, et d’où, en des saisons déterminées, selon la coutume d’autres nomades, ils partaient pour taire des razzias sur les territoires étrangers. Ajoutons que, selon l’avis de presque tous les critiques, le récit des Juges, viii, 4-12, semble clairement supposer un peuple à demeure plus ou moins stable. H. Winckler, Geschichte lsræls, 1. 1, p. 48, croit que les Madianites ont habité la région de Moab avant les Moabites. Une partie d’entre eux eût été assujettie par les Iduméens, et ceux-ci auraient régné longtemps sur le futur domaine de Moab. Les Madianites en auraient été chassés, ou bien se seraient dispersés ou fondus avec d’autres tribus au commencement de la domination israélite. Winckler s’appuie spécialement sur Gen., xxxvi, 35, où il est parlé d’une défaite des Madianites sur la terre de Moab. Mais ceci ne prouve pas que les Madianites aient séjourné d’une manière stable en ce pays ; pour expliquer le fait allégué, il suffit qu’ils aient campé près de ce pays, en venant d’une région plus ou moins éloignée.
La tradition arabe est unanime pour placer la patrie originaire des Madianites sur la rive orientale du golfe d'Élam, dans la 23e station du pèlerinage de La Mecque, appelée Maghâ'ir Schôcaib, au 28e degré de latitude, au nord de Ain Vnne. L’Itinéraire arabe cité par U. J. Seetzen (voir von Zach, Monatl. Correspondenz, 1809, t. xx, p. 310) dit : « Madajin était une cité sur le bord de la mer, où aujourd’hui encore on trouve les restes d’anciens édifices. Il y a là un grand puits mauvais, et tout près un étang, où Moïse abreuva les troupeaux de Scho’aib (nom donné par le Coran au prêtre madianite, beau-père de Moïse). Dans une grotte voisine, dite Mgar [Maghâ'ir) Scho’aiib, les pèlerins font leur prière et puis ils continuent leur chemin. » Cf. Aboulfeda, Géographie, Paris, 1840, p. 88 ; Edrisi, Géographie, trad. A. Jaubert, 2 in-40, Paris, 1836-1840, 1. 1, p. 5, 328-330, 333. Ptolémée, VI, 7, connaît aussi dans ces régions un lieu appelé MaStâtia, à 28° 15' de latitude, et une autre ville de nom presque semblable : MaStàva ou Mo80ûu « , plus vers le sud, sur le bord de la mer, ville qui pourrait bien être la même que la précédente. Eusèbe et saint Jérôme (Onomastica sacra, édit. Lagarde, p. 276, 136) parlent aussi d’une cité de MaSiâjj., Madian, au sud de la province romaine d’Arabie, à l’orient de la mer Rouge, vers le désert des Sarrasins. Cf. S. Jérôme, Inls-, lx, 6, et Ezech., xxv, t. xxiv, col. 590 ; t. xxv, col. 233. Il semble difficile de refuser tout fondement réel à cette tradition arabe. En tout cas, la position assignée à Madian par Ptolémée et les géographes arabes ne contredit pas les données bibliques de l’Exode et des Juges, mais les explique plutôt. On comprend, en effet, sans difficulté que les Madianites, peuple semi-nomade, tout en ayant une demeure relativement fixe sur les côtes orientales du golte d’Akabah, aient fait des apparitions dans la péninsule sinaïtique, placée en face, séparée à peine par un petit bras de mer, comme aussi à l’est du Jourdain, et cela sans parler en outre de dans vraiment nomades qui de temps à autre ont pu quitter la patrie originaire pour chercher fortune dans d’autres régions. Le pays à l’est du golfe d’Akabah, riche en eau, se prêtait d’ailleurs fort bien à une demeure stable. Il a été visité récemment à deux reprises par l’Anglais Richard F.. Burton, qui nous en a donné une description exacte. L’irrigation y est assez bonne ; les collines et les montagnes alternent avec des vallées nombreuses et fertiles.
Les mines y abondent, il y a des traces nombreuses demines d’argent et de cuivre, et vers le sud aussi de mines d’or. Selon M. Burton, les ruines de Maghâ'ir Scho’aib seraient les restes de l’ancien Ma61â[ia ; elles se trouvent de fait presque à la même latitude indiquée par Ptolémée. Les cavernes ont une frappante ressemblance avec celles de Pétra. On peut donc conclure que le siège principal des Madianites était à l’est du golfe Élanitique.
Voir Th. Noldeke, TJeber die Amalekiter und einige andere Nachbarvôlker der Isràeliten, in-8°, Gcettingue, 1864 ; Rich. Burton, The gold Mines of Midian, in-8, . Londres, 1878 ; Id., The Land of Midian revisited, 2 in-8°, Londres, 1879 ; Eb. Schrader, Die Keilimchrifteh und das alte Testament, 2e édit., in-8°, Giessen, 1883, p. 146, 273 ; Ed. Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, in-8°, Berlin, 1890, t. ii, p. 445 ; H. Winckler, Geschichte lsræls, 2 in-8°, Leipzig, 18951900, t. i, p. 47, 172, 194, 210 ; Id., Die Keilinschriften und das A. T., 1902, p. 143. J. Bonjuxorsi.
- MADIANITES##
MADIANITES (hébreu : Midyan ; une fois : Mi~ dyâni ; Septante : MaSuxvet-cai, Num., x, 29 ; plus souvent Midyânïm, au pluriel, Gen., xxxvii, 28 ; Num., XXV, 17 [Septante : MaSivjvaîoi] ; xxxi, 2 [Septante : MaSiavsïTai], et aussi Gen., xxxvii, 36 [Septante : AIa31-rjv « ïot], où Medanim est certainement une simple variante de Midyânim), descendants de Madian, fils d’Abraham et de Cétura.
1. Histoire. — 1° Les Madianites sont nommés pour la première fois dans la Genèse, xxxvi, 35 ; elle raconte qu’ils furent battus, dans le pays de Moab à une époquequi n’est pas précisée, parle quatrième roid'Édom, Adade, fils de Badad. — 2° Ils apparaissent ensuite dans l’histoire de Joseph. Gen., xxxvii, 25^36. Ce sont des marchands qui se rendent en Egypte pour vendre leurs marchandises. Plus tard, ils offrent l’hospitalité à Moïse fuyant l’Egypte. Jéthro, prêtre des Madianites, accueille Moïse, lui donne sa fille Séphora en mariage, et lui confie ses troupeaux. Exod., ii, 15-21. Quand Moïse, devenu le chef du peuple d’Israël, se trouve campé près du mont Sinaï, Jéthro lui amène sa femme et ses deux fils, et plein d’admiration pour la merveilleuse délivrance d’Israël, offre un sacrifice à Dieu. Après être resté quelque temps auprès de Moïse, et lui avoir donné de sages conseils, il retourne dans sa patrie. Exod., xviii, 12-27. Voir Jéthro, t. iii, col. 1521. Hobab, Madianite de la même famille, consentit à accompagner les Israélites, et à leur servir de guide à travers le désert. Num., x, 29-33. Voir Hobab, t. iii, col. 725. — 3° Quand les Israélites sont arrivés dans le voisinage de Moab, nous rencontrons de nouveau des Madianites, mais bien différents de ceux de Jéthro. Ce sont des idolâtres alliés de Moab contre Israël. Num., xxii, 4, 7. Leurs filles, parmi lesquelles Cozbi, contribuèrent à séduire les Israélites à Settim et à les initier au culte de Béelphégor. Num., xxv, 6-15. À cause de ce crime, Dieu les voua à l’extermination. Num., xxv, 1618. Moise exécuta la vengeance divine. Par ses ordres, douze mille hommes, sous la conduite de Phinéas, qui avait mis à mort Cozbi et son complice, attaquèrent les. Madianites ; ils tuèrent leurs cinq rois : Évi (ou Hévéen), Rècemy Sur, Hur et Rébé (voir ces noms), ainsi que tous les combattants, firent les femmes et les enfants prisonniers et s’emparèrent d’un grand butin. Moïse leur reprocha d’avoir épargné les femmes mariées et les. enfants mâles, il ordonna de leur ôterla vie comme aux hommes adultes et de ne réserver que les jeunes filles vierges. Le butin fut en partie distribué aux vainqueurs, en partie offert à Dieu. Num., xxxi, 1-53. Balaam, qui s'était trouvé en ce moment avec les Madianites, périt avec leurs chefs. Num., xxxl, 8. Les cinq princesde Madian qui avaient été tués dans cette bataille sont nommés aussi dans le livre de Josué, xui, 21, comme
vassaux (nesikim, voir Keil, Josua, 1863, p. 103), de Séhon, roi des Amorrhéens, qui fut également battu par les Israélites. Voir Séhon. — 4° Au commencement de l’histoire des Juges, quelques descendants de Hobab, appartenant à la tribu des Cinéens, habitent pacifiquement au milieu des Israélites ou dans leur voisinage. Jud., i, 16 ; iv, 11, 17. Voir Jétrho, t. iii, col. 1521 ; Cinéens, i, 3°, t. H, col. 768. — 5° Plus tard, nous trouvons de nouveau les Madianites parmi les ennemis les plus acharnés d’Israël. Dieu avait livré les Israélites à .Madian durant sept ans. Les Madianites, à qui se joignirent les Amalécites, firent de continuelles incursions sur le territoire des Hébreux. Ceux-ci, appauvris et vivant dans de perpétuelles anxiétés, s’adressèrent enfin Au Seigneur, qui leur suscita un libérateur dans Gédéon. La victoire remportée par ce juge fut complète et le butin énorme. Les chefs ennemis, Oreb et Zeb, Zébée et Salmana, qui s’étaient enfuis, ne purent échapper à la mort. Jud., vi, 1-vm, 28. Le souvenir de ce grand triomphe resta profondément gravé dans la mémoire d’Israël. Is., is, 3 ; x, 26 ; Ps. lxxxiii, 9. — 6° Après Gédéon, les Madianites disparurent, pour ainsi dire, de l’histoire. On trouve seulement la mention du pays auquel ils avaient donné leur nom dans I (III) Reg., xi, 18. Voir Adad 3, 1. 1, col. 166. — Isaïe, lx, 6, annonce que les caravanes de Madian et d’Epha (t. iii, col. 1830) apporteront un jour leur tribut à Jérusalem. — Habacuc, ni, 7, parle de la terreur que cause la venue du Seigneur aux tentes de Madian, ce qui, d’après les uns, se rapporte au passé, Num., xxxi, 2, et d’après les autres, en plus grand nombre, se rapporte à l’avenir, et prédit aux Madianites le châtiment qui les menace. — Le livre de Judith, ii, 16, raconte que « les fils de Madian » furent pillés, tués ou faits prisonniers par Holoferne. — Le nom de Madian n’est mentionné qu’une fois dans le Nouveau Testament, Act., vii, 29, dans le discours de saint Etienne, qui rappelle que Moïse s’était réfugié « dans la terre de Madian et y avait engendré deux fils ». — Dans la suite des temps, les Madianites se sont complètement fondus avec les Arabes. Ils nous apparaissent dans ce que nous savons de leur histoire, en partie nomades, en partie sédentaires, habitant sous la tente et ayant aussi des villes et des places fortes. Num., xxxi, 10. Ils se livraient au commerce des caravanes, Gen., xxxvii, 21, et s’enrichissaient aussi par la guerre et par le pillage. Jud., vi, 3-5. Leurs troupeaux étaient considérables, ils avaient « ne multitude de brebis, de bœufs, d’ânes, Num., xxxi, 32-24, et aussi de chameaux. Jud., vi, 5 ; vii, 12 ; viii, 21-26. Les mœurs, d’une partie au moins d’entre eux, paraissent avoir été très dissolues, puisque Cozbi, la fille d’un de leurs chefs appelé Sur, se livrait, avec d’autres filles madianites, à la prostitution pour nourrir Béelphégor.
II. Ethnographie. — Les critiques modernes voient pour la plupart dans les Madianites une tribu arabe. Guthe, dans Herzog, Renlencyklopâdie, 3e édit, t. xiii, p. 60, en fait des Araméens nomades. H. Winckler, Geschichte Isræls, Leipzig, 1895-1900, t. i, p. 49, et Fr. Hommel, Aufsâtze und Abhandlungen, in-8°, Munich, 1892 sq., t. iii, p. 304, croient que Madian est le nom du peuple qui habita la terre de Musri, mentionnée dans les inscriptions cunéiformes. Selon Glaser, Skizze der Geschichte Arabiens, 1890, p. 449, quelques autres, les Madianites seraient de même race que les Ismaélites. Cette dernière opinion trouve un appui dans Gen., xxxvii, 25-28, où les marchands qui achetèrent Joseph sont appelés tantôt Madianites, tantôt Ismaélites, et dans Jud., iii, . 24, où le grand nombre des anneaux pris aux vaincus madianites se trouve expliqué par le fait que les Ismaélites ont coutume de porter des anneaux. Mais quoique les deux noms s’emploient indifféremment dans ces passages, voir Ismaélites, t. iii, col. 792, on ne saurait confondre rigoureusement les uns avec les autres ;
dans Jud., viii, 24, le nom d’Ismaélites peut être un terme générique, synonyme des riches marchands des caravanes. Lagrange, Le livre des Juges, in-8°, Paris, 1903, p. 150.
La parenté de race entre Madian et Israël, affirmée par la généalogie dans la Genèse, xxv, 1, est hors de doute. Il est à croire qu’il yeutdesunionsplusoumoins fréquentes entre les deux peuples. Ainsi les noms des trois fils de Madian se rencontrent souvent dans les généalogies israélites : Épha, I Par., H, 46-47 ; Épher, I Par., iv, 17 ; v, 24 ; Hénoch est le nom du fils aîné de Ruben. Gen., xlvi, 9 ; Exod., vi, 14 ; I Par., v, 3. Les noms de Jéthro et de Raguël sont aussi assez fréquents en Israël. Le mariage de Moïse avec une Madianite est raconté dans la Bible sans aucune marque de désapprobation. Exod., ii, 21.
J. Bonaccorsi.
- MADMEN##
MADMEN (hébreu : Madmên, « fumier » ), ville du pays de Moab, nommée avec Hésébon. Dans sa prophétie contre ce pays, Jérémie, xlviii, 2, faisant un jeu de mots sur le nom de cette ville, comme dans plusieurs autres passages de cet oracle, dit : Madmên tidmi, « Madmen, tu seras détruite. » Les Septante et la Vulgate ont traduit Madmen comme un substantif commun : rcaîo-iv itaiioe--rae ; silens conticesces ; mais le contexte ne permet guère de douter que ce ne soit un nom propre. Le site en est inconnu. Il est possible que le mem initial de Madmên provienne d’une répétition fautive du niera qui termine le mot précédent gâm. Dans ce cas, on pourrait lire, Dimôn, c’est-à-dire Dibon, comme Isaïe, xv, 38 (Septante : Asi[iiu). Il s’agirait alors de la ville de Dhïbân, Voir Dibon 1, t. ii, col. 1410.
- MADMÉNA##
MADMÉNA (hébreu : Madmannâh ; Septante : MaS(jlt)v<4), orthographe, dans 1 Par., ii, 49, du nom de la ville du sud de la Palestine qui est appelée par la Vulgate Medémena dans Jos., xv, 31. Voir Medémena.
- MADON##
MADON (hébreu : Mâdôn, « discussion ; » Septante : Mapwv ; Alexandrinus : Maêwv), ville chananéenne du nord de la Palestine. Elle avait, a l’époque de la conquête de la Terre Promise par les Hébreux, un roi appelé Jobab qui s’unit à Jabin et aux autres rois du pays pour résister à l’invasion. Jos., xi, 1. Il fut battu par Josué avec tous les autres rois confédérés. Jos., xii, 19. — Dans II Reg., xxi, 20, il est question d’un géant que le texte hébreu appelle’ÎS mâdôn. Les Septante ont traduit ces deux mots par àv-riP MaSiiv, « homme de Madon. » On traduit ordinairement, avec plus de vraisemblance, « un homme de haute stature, » en prenant mâdôn comme substantif commun. Il est question dans ce passage d’une guerre qui eut lieu à Geth. Le guerrier de la race d’Arapha (t. i, col. 878), qui brava les Israélites à cette occasion, était donc probablement de la Palestine du sud et non du nord.
Le site de Madon est très controversé. Un certain nombre de critiques admettent que les Septante ont conservé la vraie leçon sous la forme Maron, mais la question de son identification n’est pas résolue par là. Schwarz, Das heilige Land, p. 138, a proposé de reconnaître Madon dans le Kefar Menda des Talmuds, le Kefr Menda actuel, mais Madon, observe Ad. Neubauer, La géographie du TalmudA868, p.270, « doit se placer.d’après les contextes, dans la Galilée supérieure. » D’après Conder, Tent Work in Palestine, 2 in-8°, Londres, 1878, t. ii, p. 338, Madon pourrait être le Khirbet Mâdin actuel, à un demi-kilomètre au sud de Hattin, près du lac de Tibériade. On y voit des monceaux de ruines et de pierres taillées. Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 365, 403. C’est là une simple hypothèse, mais si l’on maintient Mâdôn, elle ne manque pas de probabilité. Si l’on préfère Mârôn, cette localité pourrait être placée au nordouest de Safed, à Meiron, qui est la Merôn des Talmuds. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 228. —
Plusieurs égyptologues ont lu le nom de Mâdon dans une inscription de Thothmès III racontant ses campagnes en Asie (G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, ¥ édit., 1886, p. 202), mais la lecture était inexacte. M. Maspero, dans la nouvelle édition de son Histoire, t. ii, 1897, p. 268, lit avec raison Mitâni, contrée de la Babylonie occidentale. Cf. E. A. W. Budge, History of Egypt., t. iv, Egypt and her Asiatic Empire, 1902, p. 38, 54, 87, 165. F. Vigouroux.
- MAÉLETH##
MAÉLETH (hébreu : Mahâlat ; Septante : MasXIG), mot hébreu que les Septante et la Vulgate ont transcrit, sans le traduire, dans le titre du Ps. lu (un), 1, et du Ps. lxxxvii (lxxxviii), 1. Dans ce dernier Psaume, la Vulgate écrit Maheleth. — La signification de ce mot est incertaine. D’après les uns, il signifie maladie, sens du mot mal.tâléh, II Par., xxi, 15 ; Prov., xviii, 14, ou mahàldh, Exod., xv, 26 ; xxiii, 25 ; I (III) Reg., viii, 37 ; II Par., vi, 28, et s’applique à deux Psaumes composés à l’occasion d’une maladie. Mais si cette application convient au Ps. lxxxvii, elle ne convient pas également au Ps. lu. D’après d’autres, il désigne un instrument à cordes. Gesenius, Thésaurus, p. 476 ; Id., Wôrterbuch, 12e édit. (Fr. Buhl, 1895, p. 412) ; d’après d’autres encore, un chant ou un air particulier. Frz. Delitzsch, Psalmen, 4e édit., 1883, p. 409, l’entend d’un air triste. Aquila a rendu mahâlat par èm xopzta ; Symmaque, par Sii -/opoO ; Théodotion, par ûitèp zrç -/opsfa ; ; saint Jérôme, dans sa traduction sur l’hébreu, par per chorwm. Cités dans Origène, Hexapl., in loc, t. xvi, part, i, col. 847850. Cette indication « pour la danse » n’est pas en rapport avec le contenu des Psaumes. En résumé, la signification de niahâlaf est douteuse, comme celle de plusieurs autres mots qu’on lit dans le titre des Psaumes. Cf. Frd. Bæthgen, Die Psalmen, 1892, p. xviii.
- MAES André##
MAES André, en latin Màsius, commentateur catholique, né à Linnich, près de Bruxelles, le 30 novembre 1514, mort à Levenaar le 7 avril 1573. Il voyagea beaucoup en Allemagne et en Italie et fut le secrétaire de Jean de Weze, évêque de Constance, archevêque de Lunden et abbé de Reichenau. Il eut à remplir diverses légations à Rome et devint conseiller du duc de Clèves, Guillaume. Il a composé un important commentaire sur le livre de Josué : Josue imperatoris historia illustrata atque explicata, in-f°, Anvers, 1574. À la fin se trouve : In Deuteronomii c. xri et seq. Annotationes. Cet ouvrage de A. Mæs a été inséré dans le t. il des Critici sacri et Migne l’a reproduit dans les t. vu et vm de son Cursus completus Scripturx Sacrse. On a aussi de lui : De paradizo commentarius, in-12, Anvers, 1569, traduit du syriaque de l’évêque Moïse de Bar-Cépha, accompagné de plusieurs pièces ; il a été réimprimé dans la 2e édition des Critici sacri ; Disputatio de Coma Domini, Anvers, 1575. — Voir Valère André, Bibliotheca Belgica, 1643, p. 51 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, 1766, t. ix, p. 197 ; Biographie nationale, Bruxelles, 1894-1895, t. xm.
col. 119-125.- MAGALA##
MAGALA (hébreu : ham-ma’egâlâh ; Septante : (rrpoYYÛXuoiç, « rondeur, rond » ). Le terme hébreu ne désigne pas une localité de ce nom, comme l’a compris la Vulgate, mais le camp de l’armée israélite que Saül avait conduite contre les Philistins. David se rendit au camp pour porter des provisions à ses frères qui étaient au nombre des soldats de Saûl. I Reg., xvii, 20. Un peu plus loin, xxvi, 57, la Vulgate a traduit le même mot ma’egâlâh par « tente », mais là aussi il signifie « camp » du roi Saûl. Cette expression, dérivée de’dgal, « rouler » comme une roue, ou de’âgâlàh, « char, » se disait d’un campement, sans doute parce qu’on le fortifiait en plaçant tout autour des chariots qui lui ser vaient de retranchement et de défense. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 989.
- MAGALHAENS Côme##
MAGALHAENS Côme, né à Braga en 1553, mort à Coïmbre le 9 octobre 1624. Admis dans la Compagnie de Jésus en 1567, il enseigna sept ans les humanités et la rhétorique, huit ans la théologie morale et quatre ans l’Ecriture Sainte. Ses ouvrages d’exégèse sont nombreux et importants. Ce sont : 1o Commentant in Canticuni primum Mosis, Lyon, 1609 ; 2o De ecclesiastico principatu libri très,-in quibus Epistolx très B. Pauli Apostoli quse pontificisevocari soient, commentariis illustrantur r Lyon, 1609 ; 3o In sacram Josue historiam commentariorum tomi duo, Tournon, 1612 ; 4o In Mosis canlica et benedicliones patriarcharum commentariorun libri quatuor, Lyon, 1619 ; 5o In sacram Judicum historiam explanationes et annotationes morales, Lyon, 1626. Il nous reste encore de lui en manuscrit Eayplanatio panegyricaincap. XII Apocalypsis « Signum magnum, apparuit in cœlo ». P. Bliard,
- MAGDAL##
MAGDAL, MAGDALUM (hébreu : Migdôl ; Septante : MocySwXov), nom d’une seule localité d’Egypte, selon les uns ; de deux localités, selon les autres. La Vulgate a rendu le nom hébreu Migdôl par Magdalum dans Exod., xiv, 2 ; Num., xxxiii, 7, et Jer., xliv, 1 ; xlvi, 14 ; par turris, « tour, » dans Ezech., xxrx, 10 ; xxx, 6, où elle traduit ; a turre Syenes usque ad terminos Mthiopix, « depuis la tour de Syène [jusqu’aux frontières de l’Ethiopie], » au lieu de : « Depuis Migdôl jusqu’à Syène [et aux frontières de l’Ethiopie]. » Le mot est sémitique et signifie » tour ». Il entre dans la composition de plusieurs noms propres de lieux : Magdalel, Magdalgad, Mk/dol-’dder. On le trouve assez fréquemment
en Egypte, sous la forme, /^t ^^ ! | À LE, pe-mâlttal, dans les inscriptions de la XIX « et de la XXe dynasties, époque où les pharaons introduisirent dans leur langue un certain* nombre de mots empruntés aux Sémites. Plusieurs tours ou forteresses ainsi nommées furent construites sur la frontière orientale de l’Egypte. On les distinguait les unes des autres en ajoutant au mot maktel, le nom du roi qui les avait bâties, Séti Ier, Ménephtah, Ramsès II. Une Magdal est nommée dans une des lettres trouvées à Tell el-Amarna, et écrite au pharaon d’Egypte par le roi d’Accho (plus tard Ptolémaïde). Voir W. Budge, History of Egypt, 1902, t. iv, p. 228.
1. MAGDAL, forteresse égyptienne située à la pointe septentrionale du golfe de Suez, près de Phihahiroth. Exod., xiv, 2 ; Num., xxxiii, 7. Les Israélites campèrent dans son voisinage, immédiatement avant le passage de la mer Rouge. Il est impossible d’en déterminer la position d’une manière plus précise. Elle faisait probablement partie de la ligne de fortifications qui défendait alors la frontière orientale de l’Egypte contre les invasions des tribus pillardes du désert. Une inscription de Séti Ier nous apprend que ce pharaon, à son retour de Syrie, passa par un endroit ainsi nommé lorsqu’il entra dans son royaume. H. Brugsch, Geographische Inschriften, Leipzig, 1857-1860, Tafel xlviii, n° 1266 b. Cf. Chahas, Mélanges égyptologiques, ne série, p. 128-129.
2. MAGDAL, localité d’Egypte mentionnée dans Jérémie, xliv, 1 ; xlvi, 14, et dans Ézéchiel, xxix, 10 ; xxx, 6. Jérémie nous apprend que, de son temps, des Juifs demeuraient à Magdal et dans plusieurs autres villes d’Egypte ; il leur reproche leur conduite et leur prédit qu’ils n’échapperont pas à Nabuchodonosor, roi de Babylone, non plus que le pays où ils ont voulu chercher un refuge. Ézéchiel annonce que l’Egypte sera dévastée depuis Magdal jusqu’à Syène. Syène marquant la frontière méridionale, Magdal doit marquer la frontière
septentrionale. C’est une locution correspondant à la phrase égyptienne « depuis les étangs de papyrus iusqu’à Abu (Éléphantine) ».W. Budge, Ristory of Égypt, 1902, t. vii, p. 9. La Magdal de Jérémie et celle d’Ézéchiel sont-elles la même ? C’est vraisemblable. Puisqu’ils étaient contemporains, ils ont dû désigner la même ville par le même nom. Cette Magdal est-elle la même que celle de l’Exode ou une forteresse ainsi appelée et encore plus septentrionale ? Il n’est pas possible de trancher la question avec certitude. Tout ce que l’on peut observer, c’est que l’Itinéraire d’Antonin (Recueil des itinéraires anciens, in-4°, Paris, 1845, p. 46) mentionne un Magdala situé plus au nord que la Magdal proche de Phihahiroth, à dou/.e milles romains au sud de Pclusc, et que sa silua plus particulièrement sur l’autorité du nombre des manuscrits, paraissent généralement favorables à Magedan. Les exégètes, les géographes surtout, frappés de l’existence sur la rive du lac de Génézareth d’une Magdala attestée par les écrivains juifs et par la persistance du nom dans le village actuel d’el-Medjdel, inclinent plutôt pour la leçon Magdala : Quelques-uns, tout en acceptant Magedan pour la leçon authentique, pensent que saint Matthieu a cependant eu en vue la Magdala des Talmuds et de l’histoire, patrie de Madeleine et identique au Medjdel moderne. Cf. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, p. 277-278 ; de Saulcy, Dictionnaire, lopographique abrégé de la Terre-Sainte, Paris, 1877, p. 215 ; V. Guérin, Galilée, t. i,
168. — Magdala. D’après une photographie dû M. L. Heîdet.
tion convient à ce que dit Ézéchiel. F. L. Griffîth, dans Ilastings, Dictionary of the Bible, t. iii, p. 367.
F. Vigouroux.
- MAGDALA##
MAGDALA (grec : Ma^âXa, forme araméenne correspondant à l’hébreu migdal, oumigdol, « tour » ou « forteresse » ), ville de Galilée, sur la rive occidentale du lac de Tibériade (fig. 168).
I. Magdala dans l’Évangile. — Le nom de Magdala se lit dans un grand nombre de manuscrits grecs des Évangiles onciaux ou minuscules, dans la version syriaque sinaïtique, dans plusieurs des manuscrits des versions syriaque Peschito, arménienne, éthiopienne et copte, à la place de Magedan, Magadan ou autres variantes qui se lisent dans les autres manuscrits. Matth., xv, 39. Magdala et Magdalan se trouvent encore au lieu de Dalmanutha, Marc., viii, 10, dans la version gothique et une multitude de manuscrits de la version copte. Cf. Tischendorf, Novum Teslamenlum grssce, editio 8° critica major, Leipzig, 1872, t. i, p. 92, 295. Magdala ou ses variantes dans saint Marc est universellement considérée comme une correction. Pour saint Matthieu les sentiments sont partagés. Les critiques, se fondant
p. 203-208 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, p. 365, 369 ; Buhl, Géographie des alten Patâstina, 1896, p. 226, etc. La difficulté provenant du site de Dalmanutha n’existe pas pour ceux qui, avec Fùrrer, placent cette localité à la ruine appelée Miniéh, ou pour ceux qui, comme V. Guérin, Galilée, t. i, p. 205, croient pouvoir la chercher dans quelques-unes des ruines voisines d’el-Medjdel. Voir Dalmanutha, t. ii, col. 1209-1211.
II. Situation. — Quoi qu’il en soit, Magdala est une localité implicitement désignée par l’Évangile dans le nom de Marie-Madeleine, Maria Magdalene, qui équivaut à « Marie de Magdala » ou de « Migdal ». Les auteurs qui acceptent la leçon Magdala s’accordent à reconnaître comme identiques la Magdala près de laquelle aborda le Sauveur après la multiplication des sept pains et des deux poissons, et la Magdala, patrie de Madeleine.
— Saint Matthieu, xxvii, 55-56, saint Marc, xv, 40-41, et saint Luc, xxiii, 49, 55, indiquent la pajrie de Madeleine indirectement en Galilée, quand ils nomment Marie-Madeleine parmi les saintes femmes venues de Galilée qui suivaient le Sauveur. Les Évangélistes ne fournissent au
cun indice permettant de distinguer la patrie de la sainte des nombreux Migdal épars en Galilée. Les Talmuds connaissent une Magdala dans le voisinage de Tibériade, à moins d’une mesure sabbatique, selon Talm. de Jérus., Eroubin, v, 1 ; ou Migdal Nounia, « le Migdal des poissons, » à un mille de la ville, Talm. de Babyl., Pesahim, 46 6. Le Midrasch Ekka, ii, 2, ajoutant que cette ville fut détruite à cause de la profonde corruption de ses habitants, fait peut-être une allusion générale aux faits signalés d’une manière particulière et mystérieuse par les évangiles quand ils parlent de Marie. Marc, xvi, 9 ; Luc, viii, 2. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 216-218 ; J. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, édit. Luncz, Jérusalem, 1901, p. 228. La tradition topographique des saints lieux n’a point cessé, depuis le iv 8 siècle, de désigner aux pèlerins, comme patrie de Madeleine, Magdala, sur la rive du lac au nord de Tibériade et à la limite sud-ouest du Ghoueir, l’antique plaine de Genèsar, Vel-Medjdel des Arabes.
III. Tradition historique. — Au rv’siècle, Pierre de Scbaste, frère de saint Basile le Grand, dans son « Livre de la Démonstration » dont le texte grec est perdu, mais dont Eutychius, patriarche melchite d’Alexandrie, nous a conservé des fragments traduits par lui en arabe, en appelait à l’église de Medjdel en témoignage de la divinité de Jésus : « L’église d’el-Medjdel, voisine de Tibériade, disait-il, atteste que le Messie a chassé les sept démons qui se trouvaient en Marie-Madeleine. » Eutychius patriarca Alexandrinus, auctore Abramo Echellensi maronita à Libano, Rome, 1661, p. 234-236 ; dans El-machriq, V" année, 1902, p. 485. Vers 330, Theodosius indique « de Tibériade à Magdaium d’où fut Marie Madeleine, deux milles (environ trois kilomètres) ; de Magdal jusqu’aux Sept-Fontaines, cinq milles (sept kilomètres et demi) ». De Terra Sancta, dans Tobler et Moliiiier, Genève, 18774880, t. i, p. 72. Saint Willibald, compagnon de saint Boniface, vers 780, ’après avoir visité Tibériade « suit le littoral, et arrive au village de Madeleine. De là il se rend au bourg de Capharnaum, puis il poursuit jusqu’à Bethsaïde ». Hodœporicon, ibid., p. 260. Au ixe siècle l’église semble avoir été ruinée, le Commenioralorium de Casis Dei, rédigé vers 808, ne la cite pas parmi les « Maisons de Dieu » de la Galilée. Cf. ibid., p. 301-304. Le moine Épiphane hagiopolite, au Xe siècle, constate de nouveau, que, « à deux milles environ d’Heptapegon (les Sept-Fontaines), il existe une église et la maison de la Madeleine, dans la région appelée Magdala, où le Seigneur la guérit ; en quittant cet endroit on va à Tibériade. » Descriptio TerrœSanctæ, t.cxx, col. 270. L’higoumène russe Daniel, en 1106, fait également mention de la maison de Marie-Madeleine que Jésus délivra de sept démons, non loin de l’église consacrée aux apôtres [à l’Heptapegon ] ; l’endroit se nomme Magdalia. Vie et Pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, édit. Khitrowo, Gen., 1889, p. 64. Cf. aussi Fretellus, Liber locorum sanctæ terra* Jérusalem, t. clv, col. 1043-1044 ; Jean de Wûrzbourg, ùescriptio T. S., ibid., col. 1071 ; Eguesippe, Tractatus de distantiis locorunt, Terræ Sanctæ, Pat. gt, t. cxxxiii, col. 995 ; anonyme, dans M. de Vogué, Les Églises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 422-423 ; Theodoricus, Libellus de Locis sanctis, édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 102 ; Ricoldo, Liber peregrinationis, dans Peregrinationes medii mvi quatuor, 2e édit. Laurens, Leipzig, 1873, p. 106 ; cf. Burchard du Mont-Sion, Descriptio Terræ Sanctæ, ibid., p. 40 ; Odoric de Pordonone, eriFrioul, i)e Terra Sancta, ibid., p. 147
IV. État actuel. — Le village à’el-Medjdel est situé à quatre kilomètres, au nord-ouest de Tibériade, à la même distance au sud-ouest du Khirbet Miniéh, lui-même à un kilomètre et demi vers l’ouest des fontaines A’Aïn-Tabagha, VHeptapegon ou « les Sept-Fontaines » des anciens, sur le bord du lac, à l’endroit où le ri vage fléchit vers le nord-est, à l’extrémité du Ghoueir qui se développe devant lui comme un immense et plantureux jardin arrosé de nombreux ruisseaux, au pied de la montagne escarpée qui ferme au midi Vouâd’el-Hamdm, la célèbre vallée d’Arbèle. Voir Arbèle, t. i, col. 886. Une trentaine de maisons au plus composent le village. Carrées et petites, bâties grossièrement avec des pierres noires de basalte, et disposées sans ordre, elles sont ordinairement surmontées de tentes de feuillages ou de roseaux sous lesquelles les habitants viennent chercher un peu de fraîcheur surtout pendant les nuits d’été. Le petit monument à coupole bâti au sud-ouest recouvre le tombeau d’un personnage musulman vénéré de la population. À travers le plateau resserré entre la montagne et le lac sur lequel s’élève le village, on remarque de nombreux mais informes débris de vieux murs. On croit reconnaître sur le rivage du lac, dans deux fragments de muraille très épais, les restes d’une ancienne tour. Au nord, une ruine assez grande et de forme rectangulaire semble avoir appartenu à une autre forteresse. Rien de caractéristique n’indique l’emplacement de l’antique église. Deux ou trois séders, un vieux figuier et un palmier sont les seuls arbres dont l’ombre s’étend sur Medjdel. La population est d’environ cent vingt personnes, composée d’éléments d’origines diverses, bédouins, fellahîn, égyptiens, perses et autres, et toute musulmane.
L. Heidet.
MAGDALEL. (hébreu : Migdal-’Êl, « la tour de Dieu ; » Septante : MeYaXa « pt|x, par suite de l’altération du nom de Magdalel et de la juxtaposition du nom suivant Horem ; voir Horem, t. iii, col. 753), ville forte de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 38. Elle est nommée entre Jéron et Horem. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica, édit. Larsow et Partbey, 1862, p. 270, 271, l’appellent Magdiel et la placent entre Dor ( Tantourah) et Ptolémaïde, à neuf milles romains, dit Eusèbe, à cinq milles, dit saint Jérôme, de Dor, c’est-à-dire qu’ils l’identifient avec V Athlit actuelle, ancienne place forte connue du temps des Croisades sous le nom de Castellum Peregrinorum. Voir V. Guérin, Samarie, t. H, p. 285-292. Cette identification n’est pas admissible, parce qu’Athlit ne faisait pas partie du territoire de Nephthali :
— Conder croit que Magdalel est le Mudjeidel actuel. Tent Work in Palestine, t. ii, p. 338 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 91, 137. C’est un village bâti en pierre, où se trouvent plusieurs maisons ruinées. II se trouve sur une colline couverte de figuiers et d’oliviers. On y remarque d’anciens pressoirs taillés dans le roc et comprenant deux compartiments, des tombeaux également taillés dans le roc et des sarcophages. Le village a une source, des citernes et des piscines. Cf. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 406-409. F. Vigouroux.
- MAGDALGAD##
MAGDALGAD (hébreu : Migdal-Gdd, « tour de Gad ou de la Fortune ; » Septante : Mafixhix>.yoiS), ville de la tribu de Juda, dans la Scphéla. Jos., xv, 37. Elle est] nommée entre Hadassa, t. iii, col. 323, et Déléan, t. ii, col. 1340, dans le second groupe des villes de la plaine. Eusèbe et saint Jérôme la mentionnent sous le nom de Magdala. Onomastica sacra, édit. Larsow et Parthey, p. 268, 269. On y avait rendu probablement un culte au dieu Gad, la Fortune. Voir Gad, ii, 2°, t. iii, col. 25. Son nom se retrouve encore aujourd’hui dans le village d’el-Medjdel, à demi-heure de marche environ à l’est d’Ascalon. El-Medjdel, que nous avons visité en 1899, est un des plus importants villages de l’antique plaine des Philistins. Il est situé au milieu de jardins qui se distinguent par leur riche végétation, par leurs grands sycomores et par leurs beaux palmiers. Les rues sont plus larges qu’elles ne le sont communément ailleurs en Orient ; les maisons sont en pierre et spacieuse ». On remarque autour de la mosquée et de plusieurs maisons
des colonnes antiques et des pierres sculptées. Ce village a un bazar assez bien approvisionné. V. Guérin, pour établir l’identification de Magdalgad et A'él-Mëdjdel, s’appuie, Judée, t. ii, p. 131, sur la ressemblance du nom moderne avec le nom ancien et aussi sur sa position. C’est cependant à cause de son site que plusieurs savants rejettent cette opinion ; ils pensent que Magdalgad ne devait pas être si loin à l’ouest, en plein pays des Philistins. Riehm, Handwôrterbuch des biblischen Alterlums, 2e édit., p. 1013. Quelques-uns croient retrouver Magdalgad dans les ruines d’el-Medjeléh, à huit kilomètres au sud de Beitdjibrin (cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 362), ou dans celles de Khirbet Medjdil, à vingt-un kilomètres au sud de Beitdjibrin, deux noms qui rappellent les tours ou niigdôl qui se sont élevées autrefois en ces lieux. — Quelques commentateurs croient que Magdalgad est le Magdolos auprès duquel Néchao II gagna une bataille contre les Syriens, vers l’an 610, d’après Hérodote, t. ii, 159.
F. Vigouroux. MAGDALUM. Voir Magdal.
MAGDiEL (hébreu : Magdî'êl ; Septante : MayeSi-W, l’avant-dernier des chefs Çallûf) du pays d'Édom, parmi les descendants d'Ésaû, nommés dans la Genèse. Il succéda à Mabsar et eut lui-même pour successeur Hiram. Gen., xxxvi, 43 ; I Par., i, 54.
MAGE (grec [au pluriel] : u.âyoi ; Vulgate : magi), nom des personnages qui vinrent d’Orient à Bethléhem pour adorer l’enfant Jésus. Matth., ii, 1-12. Dans les versions, Lev., xix, 31 ; xx, 6 ; I Reg., xxviii, 3, 9 ; II Par., xxxiii, 6 ; Dan., i, 20 ; ii, 2, 10, 27 ; iv, 4 ; v, 7, 11, 15, et dans les Actes, viii, 9 ; xiii, 6, 8, ce nom revient plusieurs fois, mais pour désigner de simples magiciens. Voir Magie.
I. Les magks en Médie et en Perse. — 1° Leur origine et leur genre de vie. — Dans son récit de la prise de Jérusalem, Jérémie, xxxix, 3, 13, nomme, parmi les grands officiers qui accompagnaient Nabuchodonosor, un certain Séréser, qualifié de rab-mâg, ce dont les versions font un nom propre : 'Paënây, Rebmag. L’hébreu mâg correspond à l’assyrien mahthû, qui devient magu dans l’ancien perse et moghu dans l’ancien bactrien. Cf. Buhl, Gesenius' Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 418. Le rab^mâg est le chef des mages. — Les mages étaient, chez les Mèdes, les descendants d’une des anciennes peuplades qui avaient servi à constituer la nation. Hérodote, I, 101. Isolés peu à peu des autres, ils formaient une caste très distincte, qui avait dans ses attributions le service du culte. Tous les mages ne devenaient pas ministres de ce culte, mais tous les ministres du culte appartenaient à la caste des mages. Cf. Porphyre, De abstïn., iv, 16. Les mages se divisaient en plusieurs classes ayant leurs privilèges et leurs devoirs distincts. Il y avait parmi eux des interprètes des songes, de véritables magiciens, et, dans les rangs élevés de la caste, des sages parmi lesquels on choisissait le chef suprême. Ceux qu’on vouait au service du culte y étaient préparés dès l’enfance par une instruction appropriée et recevaient ensuite une initiation spéciale. Ils menaient une vie austère, étaient assujettis à un grand nombre de règles de pureté concernant leur persanne et les objets du culte, gardaient un extérieur digne et modeste, ne mangeaient pas de viande ou du moins en restreignaient l’usage, etc. On leur reprochait les mariages qu’ils contractaient malgré les liens les plus étroits de la parenté ; mais l’ensemble de la caste avait une tenue et même pratiquait des vertus qui lui conciliaient l’estime des grands et du peuple tout entier. Le roi seul, en sa qualité de représentant direct d’Ormuzd, pouvait se dispenser de leur ministère pour offrir des sacrifices. Cf. Hérodote, i, 132 ; Xénophon, Cyropssd., VIII, iii, 9 ; Rapp, Die Religion und Sitte der Perser,
dans la Zeitschrift der deutschen morgenl. Gesellsch., 1866, t. xx, p. 68-94 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. iii, 1899, p. 592-595.
2° Leur histoire. — À l'époque de Nabuchodonosor, la Chaldée n’avait plus en face d’elle, au nord et à l’est, que l’empire méde, comprenant la Perse, la Médie, l'Élam et l’Arménie. Mais précédemment, sous Assurbanipal, l’empire assyrien englobait dans son domaine l'Élam et une bonne partie de la Médie. La caste des mages avait donc pu étendre son action religieuse dans cet ancien empire et la continuer sous la domination chaldéenne ; autrement il faudrait admettre que le nom de « mages » était passé à des prêtres assyriens ou chaldéens. Toujours est-il que, dans les inscriptions, le nom de rab-màg est attribué comme qualificatif, sous la forme ru-bu-u i-im-ga, au père de Nabonide, roi de Babylone. Cf. Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., 1883, p. 417-421. Il n’est donc pas étonnant que cette appellation se lise dans Jérémie, xxxix, 3, 13. L’influence des mages, prédominante chez les Mèdes, surtout sous le règne d’Astyage, fut moins tolérée par les Perses, sous Cyrus et sous son fils Cambyse. En 521, une révolution éclata contre ce dernier. Un mage nommé Gaumâta, doué d’une ressemblance étonnante avec Smerdis, frère de Cambyse, depuis longtemps disparu, se fit passer pour Smerdis lui-même. Peu de mois après, l’imposture fut découverte, Gaumâta mis à mort et Darius, fils d’Hystaspe, installé roi à sa place. Une fête, appelée jia-f0ç<5via, fut alors instituée en Perse, en souvenir du massacre des mages qui avait eu lieu dans le palais. Hérodote, iii, 67-79 ; Ctésias, Persic, 10-15. Les mages n’en gardèrent pas moins une haute situation dans l’empire des Achéménides. Ce furent eux qui interprétèrent un songe de Xerxès et le déterminèrent à son expédition contre la Grèce. Hérodote, vil, 19. Pendant l’expédition, ils tirent un sacrifice de chevaux blancs sur les bords du Strymon et y accomplirent des rites magiques. Hérodote, vii, 1 ! 3, 114. Cicéron, De leg., ii, 10, les accuse d’avoir poussé à la destruction des temples de la Grèce.
3° Leur religion. — La religion des mages était celle qu’un sage, Zoroastre, sur l’existence et l’action duquel on n’a que des données problématiques, avait consignée dans l’Avesta. Cette religion reconnaissait un dieu su-* prême, Ahuramazda ou Ormuzd, ayant au-dessous de lui six Amschaspands préposés aux règnes de la nature et, à un degré inférieur, des milliers de Yazàtas ou Izeds, veillant au bon fonctionnement des êtres. À la tête de ces derniers se trouvait Mithra, le ciel lumineux, plus tard identifié avec le soleil. À Ormuzd s’opposait le génie du mal, Angromainyus ou Ahriman, commandant aux Devas ou démons. Cf. Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. ii, p. 187-212. Sous sa forme élémentaire, , cette religion avait été commune aux Perses, aux Mèdes. et aux Bactriens. Les mages de Médie la réformèrent et en codifièrent les dogmes et les pratiques. Ces dernières étaient multiples et compliquées. Les mages regardaient le feu comme le fils d’Ormuzd et la production divine par excellence. Us l’entretenaient perpétuellement sur des autels ; ils s’abstenaient, comme d’un sacrilège, de le souiller par le souffle de l’haleine humaine ou par le contact d’un cadavre ou d’un objet impur ; ils tenaient au contraire pour œuvre pie la peine qu’on prenait de l’alimenter. Le prêtre était appelé atharvan, « homme du feu. » Ce culte entraînait celui du soleil, « œil d’Ormuzd. » On attribuait aussi une vertu bienfaisante à la lune, aux astres et aux signes du zodiaque. La constellation du Chien jouissait d’une considération particulière, parce que l’Avesta respectait le chien à l'égal de l’homme. La même religion, caractérisée par le culte d’Ormuzd et l’absence d’idoless régnait chez les Perses et chez les Mèdes, à quelques différences près. La principale consistait en ce que les mages de Médie le contentaient d’exposer à l’air les cadavres, pour ne ;
souiller ni la terre, ni le feu, ni l’eau, tandis que les Perses les enterraient. Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, -1858, t. ii, p. 177^04 ; J. Darmesteter, Ormuzd et Ahriman, Paris, in-12, 1877 ; Id., Essais orientaux, in-8°, Paris, 1883 ; Id.> Études iraniennes, in-8°, Paris, 1883, t. n ; Id., Éludes sur l’Avesta, in-8°, Paris, 1883 ; Id., Le Zend-Avesta, traduction nouvelle avec commentaire, 3 in-4°, Paris, 1892-1893 ; C. de Harlez, Les origines du Zoroaslrisme, dans le Journal asiatique, Paris, août-septembre 1880 ; Religion mazdéenne ou avestique, dans le Dict. apologét, de Jaugey, Paris, 1889, p. 2759-2766 ; de Broglie, Cours de l’histoire des cultes non chrétiens, Paris, 1881, p. 20-42 ; Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 571-595 ; Lagrange, La religion des Perses, dans la Revue biblique, janvier 1904, p. 27-55.
4° Leurs rapports avec les Juifs. — Bien que la religion des mages ait eu à souffrir de l’invasion successive des Grecs et des Parthes, le culte d’Ormuzd ne disparut pas et les temples du feu continuèrent à subsister dans les pays occupés par la race iranienne. La captivité et ensuite la dépendance de l’empire perse sous laquelle ils vécurent pendant deux cents ans, avaient fourni aux Juifs l’occasion de se familiariser avec les doctrines et les pratiques des mages, qui, en beaucoup de points, ressemblaient assez aux leurs. Cf. S. Jérôme, In Dan., x, 13, t. xxv, col. 555. Il y eut une certaine influence réciproque, et, chez les Israélites « tout indique, non une imitation, mais un développement original des idées juives, qui a pu être, il est vrai, provoqué et accéléré par le voisinage d’idées analogues ». De Broglie, Cours de l’hist. des cultes non chret., p. 42. Cf. de Harlez, La Bible et l’Avesta, dans la Revue biblique, Paris, 1896, p. 167-172 ; E. Stave, Ueber den Einfluss des Parsismus auf dos Judentum, Leipzig, 1898. La vie ascétique des mages ne laissa pas de causer aux Juifs quelque admiration. Philon, Quod cmnis probus liber, 11, 12, édit. Mangey, t. ii, p. 456457, en parle avec éloges et luj compare celle des gymnosophistes et des esséniens. On a même cru que ces derniers avaient subi l’influence du parsisme. Cf. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes im Zeit J.-C, Leipzig, 1898, t. ii, p. 574. Néanmoins quelques pratiques singulières des mages, celles surtoutauxquelles se livraient les mages inférieurs, leur attirèrent mauvais renom ; c’est ce qui fit que le nom de (m-pt, tnagi, servit à désigner la magie et les magiciens.
II. Les mages a Bethléhem. — i° Ce qu’ils étaient. — 1. Saint Matthieu parle des mages sans donner aucune explication sur leur qualité. Il suppose donc que le nom seul suffit pour les désigner à ses contemporains. Les mages étaient des personnages appartenant à cette caste qui fournissait les ministres du culte aux Mèdes et aux Perses, et qui d’ailleurs étaient renommés dans le monde connu alors. Hérodote, vii, 37, etc. ; Xénophon, Cyrpped., viii, 1, 23 ; Lucien, Macrob., 4, etc. Quelques Pères ont pris ce nom de mages en mauvaise part et ont vu en ceux que désigne l’évangéliste <Ie purs magiciens, plus ou moins adonnés aux sortilèges et en rapport avec les démons. Cf. S. Justin, Vont. Tryphon., 78, t. vi, col. 660 ; Origéne, Cont. Gels., 1, 60, t. xi, col. 769 ; S. Augustin, Serm. xx, de Epiph., ii, 3, 4, t. xxxviii, col. 1030 ; S. Jérôme, In h., xix, 1, t. xxiv, col. 250. Bien, dans le récit évangélique, n’autorise cette manière de voir. Les mages devaient être bien plus vraisemblablement des hommes sages et pieux, choisis parmi les meilleurs et les plus religieux <Ie leur caste, dignes représentants de cette religion qui tut « l’une des plus semblables au judaïsme et au christianisme qui aient jamais existé ». De Broglie, Cours de l’hist. des cultes non chrét., p. 36. Strabon, XI, IX, 3 ; XV, iii, I, dit que les mages composaient l’un des deux .grands conseils du roi des Parthes, et qu’ils s’adon
naient à une vie de piété. Peut-être qu’en les appelant, Dieu voulait récompenser leur nation de la délivrance et de la protection jadis accordées à son peuple, de même qu’en se rendant en Egypte, le Sauveur marquait sa gratitude pour l’hospitalité autrefois offerte aux Hébreux. — 2. Les mages n’étaient pas des rois. L’opinion populaire qui leur prête ce titre s’appuie sur le texte du Psaume lxxii (lxxi), 10 : « Les rois de Tharsis et des îles lui paieront tribut, les rois de Séba et de Saba offriront dés présents, tous les rois se prosterneront devant lui. » Ce texte revient d’ailleurs à plusieurs reprises dans l’office de l’Epiphanie. Le Psaume d’où il est tiré se rapporte littéralement au règne de Salomon et spirituellement au règne du Messie, auquel les rois et les grands de la terre rendront hommage dans la suite des siècles. Mais les mages ne sont pas spécialement visés, bien qu’ils aient été les prémices de tous ces adorateurs venus de la gentilité. L’on ne peut donc pas conclure de ce texte qu’ils étaient rois, pas plus du reste qu’on ne pourrait, en vertu du même principe, les faire venir de Saba ou de Tharsis. L’idée de la royauté des mages est d’ailleurs étrangère à tous les anciens Pères ; on ne la trouve exprimée que dans des textes apocryphes. Tertullien, Adv. Jud., 9 ; Cont. Marcion., iii, 13, t. ii, col. 619, 339, dit seulement qu’en Orient les mages étaient presque des rois, fere reges, ce qui est conciliable avec la grande autorité dont jouissaient les plus élevés d’entre eux. De même en effet que sous Nabuchodonosor il y eut un rab-mâg, chef des mages, qui prenait rang parmi les premiers officiers du royaume, Jer., xxxix, 3, ainsi y eut-il plus tard, sous les Sassanides, un gouverneur de province qui portait aussi le nom de masmaghan, chef des mages. Cf. Curci, Lezioni sopra i quattro Evangeli, Florence, 1874, t. i, p. 322 ; Fouard, La vie de N.-S. J.-C, Paris, 1880, t. i, p. 88.
2° Leur pays d’origine. — Saint Matthieu, ii, 1, 2, 9, fait venir les mages de l’Orient. Il n’y avait de mages que dans les anciens pays de Perse, de Médie et peut-être d’Assyrie et de Chaldée, qui alors faisaient partie de l’empire des Parthes. Or, ces pays sont exactement à l’est et un peu au nord-est de la Palestine, dont ils sont séparés par le désert de Syrie, entre Damas et la vallée de l’Euphrate. Bien que le mot « Orient » puisse désigner bien d’autres contrées situées à l’est de la Palestine, on ne peut évidemment pas songer à celles où il n’existait pas de mages. Clément d’Alexandrie, iStrom., i, 15, t. viii, col. 777 ; Diodore de Tarse, dans Photius, t. ciii, col. 878 ; saint Cyrille d’Alexandrie, In Is., xlix, 12, t. lxx, col. 1061 ; Prudence, Cathemer., xii, 25, t. lix, col. 902, etc., font venir les mages de Perse. Saint Maxime de Turin, Homil., xvill-xxviii, in Epiph., t. lvii, col. 262 ; Théodote d’Ancyre, Hom. de Nativil., i, 10, t. lxxvii, col. 1364, etc., croient qu’ils sont de la Chaldée ou Babylonie. Saint Justin, Cont. Tryph., 77, 78, t. vi, col. 657 ; Tertullien, Adv. Jud., 9 ; Adv. Marcion. , iii, 13, t. H, col. 339, 619 ; saint Épiphane, Expos, fidei, 8, t. xlii, col. 785, et d’autres en font des Arabes. L’Arabie est au sud-est de la Palestine, mais il n’y avait pas de mages en Arabie. On peut encore moins songer à l’Ethiopie, ni à d’autres pays indiqués par quelques auteurs^
3° Leur nombre et leurs noms. — 1. Les Pères supposent ordinairement que les mages ont été au nombre de trois. Cf. S. Maxime de Turin, Hom., xvir, de Epiph., 1, t. lvii, col. 259 ; S.Léon, Serm., xxxi, 36-38, de Epiph., t. liv, col. 235, 254, 257, 260 ; et plusieurs sermons en appendice à ceux de saint Augustin, t. xxxix, col. 2008, 2014, 2018. Cette fixation du nombre des mages à trois a été naturellement inspirée par le nombre des présents offerts. Mais, étant donné le silence de saint Matthieu sur ce point, on ne peut logiquement conclure du nombre des présents à celui des mages. La tradition
IV.
18
syrienne et la tradition arménienne portent le nombre des mages à douze. Cf. Assemani, Bibl. orient., Rome, 1719-1728, t. iii, 4, p. 309, 316 ; Journal asiatique, février-mars 1867, p. 159. Parmi les anciens monuments, il en est qui représentent trois mages (fig. 169). Cf. Mar 169. — Mages au nombre de trois. Musée de Lalran. D’après une photographie.
tigny, Dict. des antiq. ehrél., Paris, 1877, p. 441, 442 ; Poraté, Archéol. chrét., Paris, 1892, p. 312 ; Marucchi, Éléments d’archéol. chrét., Paris, 1899, t. i, p. 197. Ailleurs on voit deux mages, comme dans la peinture du cimetière des Saints-Pierre-et-Marcellin (fig. 170), ou
170. — Mages au nombre de deux.
Peinture du cimetière des Saints-Pierre-et-Marcellin.
D’après une photographie.
quatre, comme dans la peinture du cimetière de Domitille (fig. 171). Cf. Marucchi, Éléments, 1. 1, p. 318. Sur un vase du musée Kircher, on en compte jusqu'à huit. Ces
naiionale de Paris, les appelle Bithisarëa, Melchior et Gathaspa. Un auteur italien, du commencement du ix' siècle, les nomme Gaspar, Balthasar et Melchior. Cf. Muratori, Berum Italie, scriptores, Milan, 1723-1751, t. ii, p. 114, t. evi, col. 620. Dans des écrits attribués à Bède, t. xciv, col. 541, ils sont encore appelés Melchior, Caspar et Balthasa. Les Syriens leur donnent des noms tout différents : Zarvandad, Hormisdas, Guschnasaph, Arschac, etc. Cf. Assemani, Bibl. orient., t. ni a, p. 316. Chez les Arméniens, ces noms deviennent Kaghba, Badadilma, Badadakharida. Cf. Journal asiatique, février 1867, p. 160. Zacharias de Chrysopolis, t. Clxxxvi, col. 83, et Pierre Comestor, t. cxcxviii, col. 1542, donnent les noms grecs Appelius, Amerius et Bamascus, et les noms hébreux Magalath, Galgalath et Sarakin. Dans Bezold, Die Schatzhôhle, Leipzig, 1883, on trouve les noms syriens Hormizd, Jazdegerd et Peroz. Ci. Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 74-81. Tous ces noms sont probablement fantaisistes et d’ailleurs importent peu. Cf. Acta sanclorum, maii t. i, 1780, p. vu-vin. — 3. On a aussi cherché à trouver dans les trois mages des représentants des trois races qui descendent de Noé. Balthasar, nom chaldéen, désignerait les descendants de Sera, qui peuplèrent la Chaldée ; Melchior, de malki-'ôr, « roi de la lumière, » représenterait les hommes du midi, les Égyptiens et les Éthiopiens, fils de Cham ; enfin Caspar, habitant des bords de la Caspienne, ou Gaspard, équivalant au nom indien de Gudnapar, rappellerait la race de Japhet. On n’a aucune raison de croire que les mages soient venus de pays si différents ; tous, du reste, représentaient également le genre humain appelé à saluer son Sauveur.
4° La raison de leur voyage. — 1. Les mages viennent adorer le Sauveur parce qu’ils ont vu « son étoile » en Orient. Voir Étoile des mages, t. ii, col. 2037. Cette étoile était un signe approprié aux idées religieuses des mages, qui pratiquaient le culte du feu et considéraient les astres comme des images de la divinité. — 2. Par ellemême, l’apparition du météore ne pouvait que les étonner, il faut donc supposer une inspiration intérieure qui donna aux mages le sens de cette apparition. Cf. S. Léon, Serra., xxxiv, in Epiph., iv, 3, t. liv, col. 245. — S. Enfin l’ensemble du récit évangélique demande encore qu’on prête aux mages la connaissance de la venue future du Messie et le désir de le voir, de le connaître et < ! e l’adorer. Saint Irénée, Adv. hssr., iii, 9, 2, t. vii, col. 870 ; Origène, In Num., homil. xiii, 7 ; xv, 4, t. su, col. 675, 689, et beaucoup d’autres Pères croient que les mages attendaient le Messie sur la foi de la prophétie de Balaam. Num., xxiv, 17 : « Une étoile sort de Jacob, un sceptre
171. — Mages au nombre de quatre. Peinture du cimetière de Domitille. D’après une photographie.
personnages ne sont pas habillés en rois, mais ils portent le bonnet phrygien et le costume des riches Persans. Cf. Marucchi, Éléments, t. i, p. 304. — 2. On n’est pas mieux renseigné sur le nom des mages. Un manuscrit de la lin du vne siècle, conservé à la Bibliothèque
s'élève d’Israël. » Mais cette prophétie n'était pas fort claire par elle-même ; d’ailleurs elle datait de trop loin pour qu'à l'époque de la naissance de Notre-Seigneur on pût encore en tenir compte en dehors de la Palestine. Il est beaucoup plus probable que le séjour des
Israélites en Perse durant la captivité avait servi à faire connaître aux mages les grandes prophéties messianiques et que cette connaissance avait été entretenue et développée par les nombreux Juifs restés dans ce pays après la captivité. Voir t. ii, col. 239-240. Il n’est pas étonnant d’ailleurs que l’attente d’un Sauveur, alors générale dans le monde entier, cf. Tacite, Hist., v, 13 ; Suétone, Vespas., 4, eût saisi plus particulièrement l’esprit d’hommes aussi religieux, et aussi réfléchis que les mages.
5° Époque de leur arrivée. — 1. Les mages arrivèrent à Jérusalem « aux jours du roi Hérode » et à une époque où Hérode se trouvait dans sa capitale. Matth., ii, 1, 3, 7. Or Hérode mourut à Jéricho vers la fin de mars de l’an 750 de Rome (4 avant J.-C). Il était resté quelque temps dans cette ville et auparavant avait séjourné aux eaux de Callirrhoé. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVII, vi, 5-vm, 1 ; Bell, jud., i, xxxiii, 6^8. C’est donc tout au plus à la fin de 749 ou au commencement de 750 que les mages ont pu le trouver à Jérusalem. — 2. Il est impossible de savoir exactement depuis combien de temps le Sauveur était né quand ils arrivèrent. La date assignée à la fête de l’Epiphanie, treize jours après celle de la Nativité, ne préjuge en rien la question ; car
l’adoration des mages a suivi de deux ans la naissance. Cf. Eusèbe, Qusust. evang. ad Steph., t. xxii, col. 933 ; S. Épiphane, Hser., Ll, 9, t. xli, col. 904 ; Juvencus, Hist. evang., i, 259, t. xix, col. 95 ; S. Jérôme, Chron. Euseb., an. 3, t. xxvil, col. 562, etc. La conclusion n’est pas rigoureuse, parce que, pour ne point manquer sa victime, Hérode a fort bien pu faire massacrer des enfants un peu plus âgés que celui qu’il voulait atteindre. De fait, à part une représentation de l’enfant Jésus encore dans sa crèche quand les mages l’adorent (fig. 172), cf. Pératé, Archéol. chrét., p. 312, les anciens monuments montrent toujours le divin Enfant sur les genoux de sa mère, souvent même déjà assez grandi. Cf. Garrucci, Storia delV arte christiana, Rome, 1872, t. i, p. 363 ; Lehner, Marienverehrung in den ersten Jahrhimderten, Leipzig, 1880, p. 334 ; Cornely, Introd. spécial, in singulos N. T. libres, Paris, 1886, p. 203-205. — 4. Du côté des mages, les probabilités semblent aussi favoriser une arrivée assez tardive à Jérusalem. L’Evangile ne dit pas à quel moment l'étoile leur apparut. On croit généralement qu’elle commença à se montrer au moment de la naissance ; saint Justin, Cont. Tryph., 106, t. vi, col. 724, avance même son apparition à l'époque
172. — Adoration des mages. Sarcophage du musée de Latran. D’après une photographie.
on sait qu’au courant du iv » siècle les Églises d’Orient célébraient à la fois, le 6 janvier, la naissance du Sauveur, son adoration par les mages et son baptême, tandis qu'à la même époque, en Occident, on fêtait la naissance le 25 décembre. Les deux usages furent ensuite combinés. Saint Jean Chrysostome, dans un sermon de 386, t. xlix, col. 351, atteste que la fête du 25 décembre n'était célébrée à Antioche que depuis dix ans. Elle ne fut adoptée que plus tard à Jérusalem et à Alexandrie, Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 247-249. L’usage liturgique ne peut donc nullement prouver que les mages soient arrivés à Jérusalem treize jours après la naissance du Sauveur, comme le croyait saint Augustin, Serm., cem, 1, 3, t. xxxviii, col. 1035, 1036 ; De consens. Evang., ii, 5, 17, t. xxxiv, col. 1082. — 3. Voici ce qui paraît se dégager de plus net des récits évangéliques. Il est impossible d’admettre que l’adoration des mages ait eu lieu avant la présentation de l’enfant Jésus au Temple ; car, l'éveil étant donné à la haine d’Hérode, cette présentation eût été impraticable. Cf. B. Triebel, De magis post Jesu in teniplo reprissent, advenientibus, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 111-118. De plus, saint Luc, it, 39, d’après certains commentateurs, suppose un voyage de la sainte Famille à Nazareth après la présentation, sans doute en vue des mesures à prendre pour un établissement définitif à Bethléhem, séjour que saint Joseph croyait imposé par les circonstances à l’Enfant et à ses parents. Cf. Grimm, Leben lesu, Ratisbonne, 1876, t. i, p. 329. C’est seulement après ce retour à Bethléhem que les mages se seraient présentés. La précaution prise ensuite par Hérode de faire massacrer les entants de Bethléhem jusqu'à l'âge de deux ans, « selon le temps dont il s'était informé auprès des mages, » Matth., ii, 16, a porté plusieurs Pères à penser que
de l’incarnation, par conséquent neuf mois auparavant. Il n’y a aucun motif pour l’avancer davantage. Or les mages venaient de Perse ; à les supposer partant de Persépolis, le voyage jusqu'à Jérusalem était d’environ 2000 kilomètres par la vallée de l’Euphrate et celle du Jourdain. Les mages durent employer un certain temps à faire leurs préparatifs de départ. Leur caravane, vraisemblablement assez nombreuse, s'ébranla et voyagea avec la lenteur habituelle aux Orientaux. Le chameau peut, il est vrai, fournir une course de 40 à 50 kilomètres par jour, voir Chameau, t. ii, col, 521, ce qui eût déjà exigé au moins quarante jours de marche de Perse en Judée. Mais les mages n’allaient pas de ce train ; rien d’ailleurs ne les pressait. Bien que l’on ne puisse rien préciser, il ressort de toutes ces remarques que les mages ne parurent à Jérusalem qu’un temps notable après
la naissance du Sauveur, temps qui peut aller de trois mois à douze ou quinze. Cf. Greswell, Dissertations on a Harmony of the Gospel, Oxford, 1840, t. ii, diss. xviii.
; 6° Leur séjour en Judée. — 1. Les mages avaient vu
l'étoile dans leur pays et étaient partis après son apparition. Matth., Il, 2. Arrivés à Jérusalem, ils se heurtèrent à l’ignorance du peuple juif qui ne savait rien de la naissance de son Messie et à la malveillance cauteleuse d’Hérode. On les renseigna à l’aide d’une prophétie de Michée, v, 2, et ils partirent pour Bethléhem, qui n’est qu'à une dizaine de kilomètres de la capitale. A leur grande joie, l'étoile se montra de nouveau à leurs yeux, et les précéda vers le terme de leur voyage. Les mages reconnurent que, malgré l’ignorance surprenante dans laquelle ils avaient trouvé les Juifs, eux-mêmes n'étaient pas le jouet d’une illusion. À Bethléhem, et non à Nazareth, comme quelques-uns l’ont imaginé contrairement à toute vraisemblance (cf. Tillemont, Mémoires pour servir à l’hist. ecclés., Paris, 1693, 1. 1,
! not. 4), ils virent l’Enfant non pins dans l’étable, ainsi que quelques-uns l’ont pensé à la suite de saint Augustin, Serm. ce, in Epiph., i, 2, t. xxxviii, col. 1029, mais, comme dit formellement le texte, dans une maison, sic xrjv oîxt’ay. Toutes sortes de raisons autorisent, en effet, à supposer que le séjour du divin Enfant dans l’étable ne se prolongea pas. Les mages se prosternèrent en >.signe d’adoration, comme en présence de la divinité. Bien qu’employé parfois pour exprimer l’hommage offert à un homme, Gen., xxvii, 29 ; xxxiii, 3, 6, 7 ; xxxvii, 7, etc., et la prostration des Perses devant leur roi, cf. Hérodote, vii, 136, le verbe upomuveïv est habituellement employé par les Septante et les évangélistes pour indiquer l’acte d’adoration envers Dieu. Exod., iv, 31 ; Lev., xxvi, 1 ; Num., xxv, 2 ; Matth., IV, 10 ; Luc, iv. 8 ; Joa., iv, 21, etc. Cf. Adoration, t. i, col. 234. — 2. Non contents d’adorer, les mages offrirent des présents, conformément à la coutume invariable des Orientaux quand ils veulent rendre hommage à un personnage marquant. Rien ne permet d’affirmer que les mages aient attaché un symbolisme spécial à leurs présents. Mais les Pères signalent ce symbolisme. D’après eux, l’encens figure la divinité de celui auquel on l’offre, cf. Encens, t. ii, col. 1772-1774, l’or sa royauté et la myrrhe son humanité destinée à la mort et à la sépulture. Cf. S. Irénée, Adv. heer., iii, 9, 2, t. vii, col. 871 ; Origène, Cont. Cels., i, 60, t. xi, col. 772 ; S. Hilaire, ire Matth., i, 15, t. ix, col. 923 ; S. Ambroise, In Luc, ii, 44, t. xv, col. 1569 ; S. Jérôme, ira Matlh., i, 2, t. xxvi, col. 26 ; S. Grégoire, Hom. in Evang., x, 6, t. lxxvi, col. 1112 ; S. Pierre Chrysologue, Serm., clviii, clx, t. lii, col. 619, 622, etc. Saint Maxime de Turin, Hom., xxi, t. lvii, col. 270, voit aussi dans l’encens le symbole du sacerdoce du Christ. D’autres admettent la même signification ou en imaginent de différentes, avec diverses applications morales. Cf. Patrizi, De evangeliis, diss. XXVII, p. 348 ; Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 94.
7o Leur retour. — Sans rien dire de la longueur de leur séjour à Bethléhem, saint Matthieu raconte seulement que les mages furent avertis en songe d’avoir à s’en retourner par un autre chemin. Il leur fut aisé de regagner la mer Morte et le passage du Jourdain sans repasser par Jérusalem. Voir la carte de Juda, t. iii, col. 1760. D’après un auteur dont l’écrit se trouve dans les œuvres de saint Jean Chrysostome sous le litre de Opus imperfeetwm in Matthxum, homil. ii, t. lvi, col. 644, les mages, de retour dans leur pays, furent ensuite baptisés par saint Thomas et associés à sa prédication. Cet auteur, d’après Montfaucon, t. lvi, col. 607, était arien, et son écrit primitivement composé en latin, selon toute probabilité, n’est pas antérieur à la fin du vie siècle. Lui-même déclare qu’il s’inspire du livre apocryphe de Seth, et il y puise plusieurs traits légendaires sur les douze mages qui, de père en fils, observaient les étoiles sur le mont Victorial pour reconnaître celle du Messie, sur l’apparition de l’étoile en forme de petit enfant avec des rayons en forme de croix, sur le voyage qui dura deux ans, etc. Cf. Brunet, Les évangiles apocr-yphes, Paris, 1845, p. 212 ; Journal asiatique, mars 1867. Le martyrologe fait mémoire de saint Gaspard le 1er janvier, de saint Melchior le 6, de saint Balthazar le 11. Cf. Act. sanctor. Bolland., t. i, p. 8, 323, 664. Voici ce qu’on raconte au sujet des reliques des mages actuellement conservées à la cathédrale de Cologne dans un magnifique reliquaire. Retrouvées en Perse par les soins de sainte Hélène, dit-on, elles furent transportées à Constantinople et de là à Milan, à la fin du Ve siècle, par l’évêque de cette ville, Eustorgius, auquel l’empereur Anastase Ier les avait données. En 1163, l’empereur Barberousse, après s’être emparé de Milan, accorda les reliques à Renauld de Dassèle, archevêque de Cologne, qui les emporta dans sa ville épisco pale, où elles sont restées depuis lors, sauf de 1794 à 1804, où on les emporta au delà du Rhin, pour les soustraire aux armées révolutionnaires. Cf. Migne, Dict. des pèlerinages religieux, Paris, 1851, t. i, col. 481-486.
III. Caractère historique du récit. — 1o Pour les rationalistes, le récit de l’adoration des mages appartient aux « légendes de l’enfance », postérieures au corps même de l’Évangile et dignes d’être mises au même rang que les évangiles apocryphes. Le caractère légendaire du récit est encore accusé, prétendent-ils, par son apparence de joli conte oriental et par le silence que les trois autres évangélistes gardent à son sujet. — 2o Mais l’adoration des mages est un récit aussi fermement attesté que les autres récits de saint Matthieu ; il n’y a d’hésitation à cet égard ni dans les versions, ni dans les anciens manuscrits, ni dans les citations des Pères. Ce récit se relie nécessairement à ceux du massacre des innocents, de la fuite en Egypte et du retour à Nazareth. L’allégation de saint Luc, ii, 39, faisant retourner la sainte Famille à Nazareth aussitôt après la présentation au Temple, s’explique tout naturellement, en admettant que saint Joseph n’est allé en Galilée avec Marie et l’Enfant que pour revenir aussitôt après s’établir définitivement à Bethléhem. Mais, même en dehors de cette hypothèse, il n’y aurait pas à s’étonner que saint Luc passât complètement sous silence un fait suffisamment raconté déjà par saint Matthieu, de même que celui-ci ne dit rien de l’annonciation, des conditions de la naissance à Bethléhem, de la circoncision, de la présentation et d’autres événements qui ne se lisent que dans le troisième évangéliste. Le silence de saint Marc et celui de saint Jean ne prouvent pas davantage contre l’historicité du récit de saint Matthieu, puisque l’un et l’autre ne commencent leur narration qu’avec la vie publique de Notre-Seigneur. Saint Jean connaissait certainement ce récit, et saint Irénée, Adv. hœres., iii, 9, 2, t. vii, col. 870, représentant fidèle de la tradition johannique, s’y réfère avec une pleine assurance. Le seul miracle que mentionne ici saint Matthieu, l’apparition d’un météore lumineux, que la science du temps ne lui permettait pas d’appeler autrement qu’une « étoile », est un miracle analogue à ceux de la lumière éclatante qui apparut aux bergers, Luc, ii, 9, de la nuée brillante de la transfiguration, Matth., xvii, 5, des ténèbres de la Passion, Malth., xxvii, 45 ; Marc, xv, 33 ; Luc, xxiii, 44, de la lumière qui aveugla Paul sur le chemin de Damas, Act., ix, 3, etc. La démarche des mages n’a rien que de naturel, si l’on tient compte de leur condition sociale, de leurs préoccupations religieuses et aussi de. la grâce de Dieu qui agit en eux. L’ignorance des docteurs de Jérusalem et d’Hérode par rapport à la naissance du Sauveur rentre également dans l’ensemble des données historiques ; quelle attention auraient pu prêter les personnages importants de la capitale au récit d’une apparition angélique, arrivée dans les environs d’une petite bourgade, attestée seulement par quelques pauvres bergers ignorants, et déjà ancienne de quelques semaines ou peut-être de quelques mois ! Le massacre des Innocents, qui est la conséquence de la visite des mages, est aussi un fait en parfaite harmonie avec ce que l’on sait du caractère d’Hérode. Voir Innocents (Saints), t. iii, col. 880. Il n’y a donc vraiment pas de raison plausible pour élever des doutes sur l’historicité du récit évangélique.
- MAGEDAN##
MAGEDAN, nom de lieu écrit diversement dans les manuscrits grecs, qui portent les uns MayaSâv, d’autres MayeSàv, d’autres encore MaySaXâv ou MaySalà, tandis que la Vulgate a Magedan, Matth., xv, 39. Voir C. Tischendorf, Novum Testamentum grsece, edit. octava minor, 1892, p. 60. S. Marc, viii, 10, au lieu de Magedan ou Ma-fSavi, porte Dalmanutha. Voir ce mot, t. ii, col. 120a .555
MAGEDDO
556
(1280), Descriptio Terras Sanctte, 2e édit. Laurent, Leipzig, 1873, p. 176 ; Marin Sanuto, Liber secretorum fidelium, 1. III, pars xiv, c. 3, p. 249, à la suite des Gesla Dei per Francos, édit. de Bongars. Voir encore la carte de la Terre-Sainte du même dans le même ouvrage, ou celles publiées par Rôhricht, dans la Zeitschrtft des deutchen Palâslina Vereins de Leipzig, t. xrv (1891), carte 1 ; t. xviii (1895), carte 5 ; t. xxi (1898), cartes 2, 6, 7. Voir enfin le Commentarius in Canticum Deborse, Jud., v, 19, Patr. lat., t. xxiii^ col. 1327, attribué à tort à saint Jérôme, mais certainement ancien » Les égyptologues placent aussi Mageddo (Makta) à la sortie des défilés du Carmel, un peu au nord de Thanach, sur le chemin de cette ville au Thabor au pied duquel passaient, près de Dabûriéh, les armées égyptiennes marchant vers le nord de la Syrie. Le récit des annales de Thothmès III, relatant sa campagne de Syrie surtout, paraît décisif. On y voit le monarque égyptien suivre, dans la direction du nord, la route de Mageddo. Il vient camper en un lieu appelé Aruna (ou Aaluri). Au moment où il se remet en marche, son avant-garde est vivement attaquée par un détachement ennemi, qui s’est avancé dans la montagne, tandis que le gros de l’armée syrienne attend dans la plaine, où son aile gauche s’est déployée jusqu’à Thanach au sud, afin de couvrir Mageddo. Thothmès force le passage et une heure après être sorti du défilé du Carmel, arrive sous les murs de Mageddo, où le combat s’engage le jour suivant. Voir H. J. Breasted, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archœology, 1900, p. 96 ; cf. Revue biblique, t. x (1901), p. 155 ; G. Schumacher, Die âgyptische Hauptstrasse von den Ebene Saron bis lu Ebene Jesreel, dans Mitlheilungen und Nachrichten des deutschen Palâstina-Vereins, 1903, p. 4-10. — La démonstration de Breasted paraît décisive en faveur d’el-Ledjûn et achève de ruiner l’identification de C. R. Conder avec MedjeddaS. Ce dernier nom désigne une ruine d’apparence assez peu ancienne, située à quatre kilomètres à l’est de Djelbûn, au pied des anciens monts de Gelboé, à la limite occidentale du Ghôr et à six kilomètres au sud-ouest de Beisân, loin du Carmel et de Thanach, loin de la grande plaine, loin du chemin du Thabor. Séduit par l’homophonie des noms qui, sous ce rapport, seraient absolument identiques, si la lettre’aïn ne terminait celui de la petite ruine du Ghôr, non loin de laquelle sont d’ailleurs des fontaines assez nombreuses, le savant paleslinologue anglais s’efforce de démontrer identité de Medjedda 1 avec l’antique Mageddo. Selon lui, la proximité de Mageddo du Jourdain et de Bethsan serait attestée par le récit de l’Egyptien, dans le Voyage publié par Chabas. Après avoir nommé Beth-Sheal dont le nom semble identique à Bethsan et Kerialh-Aal, le mohar égyptien continue : « Les gués du Jourdain comment les traverse-t-on ? Fais-moi connaître l’affaire du trajet pour entrer à Mageddo qui est outre cela. « Voir F. Chabas, Voyage, p. 206-207, 314. Cf. C. R.. Conder, dans Survey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p. 90-92 ; Id., Tent Work in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 338 ; Palestine Explorât. Fund, Quarterly Statenxent, 1880, p. 220 ; 1882, p. 333. Cette opinion a peu de partisans. Armstrong, Names and Places in the Old Testament, 1887, p. 122-123 ; Guy le Strange, Palestine under theMoslems, Londres, 1890, p. 492 ; Birch, dans Pal. Expl. Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 201,
III. Description. — Ledjoûn est un petit village de douze à quinze maisons de paysans pauvrement construites. Il occupe le sommet d’un petit mamelon s’élevant sur la rive gauche de Youdd’el-Ledjoûn. Trois moulins s’écnelonnent de distance en distance sur les bords de la petite rivière qui court au fond de l’ouadi. Un ancien pont réunit les deux rives. Au sud du village et à droite de la vallée, sur le bord de l’ancienne voie qui vient de la montagne, à l’ouest, et se dirige à travers la grande
plaine, par el-Fûléh, vers le Thabor à l’est, est un vieux khan ruiné où s’arrêtent quelques rares caravanes de passage. Aux alentours du village, sur un espace de près d’un kilomètre de diamètre dans tous les sens, onheurte à chaque pas des débris d’anciennes constructions. Ce sont des matériaux dont les uns paraissent avoir été utilisés par les Arabes, d’autres préparés par les Romains. Au nord-nord-est, à cent mètres à peine du village, un tell d’assez grande étendue commande cet ensemble. Son plateau supérieur et ses pentes ont été occupés par des édifices dont les restes sont cachés sous terre ou perdus au milieu des ronces et des chardons qui couvrent la colline. Parmi ces débris on remarque une vingtaine de tronçons de colonnes en marbre ou en granit et d’innombrables monceaux de fragments de poterie. Un bâtiment, dont il reste quelques-unes des assises inférieures, est orienté d’ouest à l’est, et passe pour avoir été une ancienne église chrétienne. A l’extrémité septentrionale, sur un petit tertre rocheux, était une autre construction ornée de colonnes. Dans les flancs du roc est creusée une grotte dont la voûte est cintrée et d’où jaillit une source abondante. Les indigènes l’appellent’ain élrQubbêh, « la source de la coupole. » La coupole à laquelle ils font allusion est sans doute celle dont parlent les auteurs anciens. « A Ledjoùn il y a un rocher grand et rond, raconte Ibn et-Faqih, géographe arabe du Xe siècle ; il est hors la ville, et sur son sommet est un monument à coupole, appelé « la mosquée d’Abraham ». De dessous le rocher sort un fort ruisseau. On raconte qu’Abraham frappa ce roc avec son bâton et il en sortit une eau assez abondante pour tous les besoins des habitants de la ville. » Géographie, édit. Goeje, Leyde, 1885, p. 117. Yaqout rapporte la même tradition en termes presque identiques, loc. cit. À cent mètres de cette source, parmi d’autres débris, on remarque des sarcophages gréco-romains. Ces ruines sont nommées Khirbet el-Khaznéh, « la ruine du coffre ; » celles de l’ensemble sont désignées du nom du Khirbet el-Ledjûn et le tell est connu sous celui de Tell el-Mutsallim, qui peut être interprété « la colline du gouverneur ». V. Guérin s’esl demandé si cette appellation ne serait pas un souvenir de la résidence de l’officier royal envoyé par Salomon. III Reg., iv, 12. Plusieurs palestinologues ont adopté cette conjecture et ont pensé que le tell est réellement l’assiette de la ville ancienne et primitive.
La Société allemande de Palestine, désireuse d’éclaircir la question de l’identité contestée A’el-Ledjûn avec Mageddo, a chargé le D* Schumacher de Caïpha de faire des fouilles en cet endroit. Le docte ingénieur veut bien me faire connaître, par une lettre en date du Il novembre dernier (1903), les résultats obtenus jusqu’à cette date : « À Ledjûn, j’ai commencé les fouilles à Daher ed-Dâr et à Tell el-Mutesellim, au mois d’avril dernier et nous avons recommencé le 20 septembre. A Ledjoûn j’ai trouvé un grand nombre de briques romaines avec les lettres LEG VI P, ce qui prouve que c’est le siège de la VIe légion et que c’était Legio. Nous avons en outre trouvé des monnaies romaines et beaucoup de débris arabes. Je poursuivrai les travaux à la colline qui est au voisinage de Daher ed-Dâr (l’ancienne Ledjûn ) et j’espère y trouver le camp romain. Ledjoûn est un nom collectif pour toute la région entre le fleuve et le Tell el-Mutesellim et jusqu’aux montagnes du sud… A Tell eVMutesellim j’ai trouvé : un ancien lieu de culte judaïque, avec deux maizeboih, beaucoup de jarres juives renfermant des restes humains d’enfants ; une multitude de murs anciens en pierres et en briques, de nombreux débris égyptiens, des scarabées, quelques petits cylindres babyloniens et grecs ; des restes céramiques de Chypre de 800 av. J.-C-, — rien d’arabe ou de chrétien sur le tell, rien de romain. Nous avons rencontré des traces judaïques à m 50 déjà au-dessous
de la surface. La cité est double : une cité supérieure et une autre inférieure. Sur un point je suis descendu jusqu’à vingt et un mètres dans l’intérieur du tell, traversant des constructions de cinq ou six périodes différentes sans atteindre le fond, car à la profondeur de vingt et un mètres, je trouvais encore des murs. Actuellement nous enlevons les débris et le sol au sommet et à la surface du tell… Déjà les anciens murs paraissent, avec des pavés. Au printemps, j’espère découvrir un temple au sommet du tell, ou un lieu de culte chananéen ou israélite. — Il nous faudra des années pour achever ces fouilles importantes, mais Mutesellim-Lcdjûn est un des lieux les plus importants de Palestine et des plus étendus. C’est sans doute Mageddo-Legio. Je n’ai cependant pas rencontré encore de preuve positive. Je vous montrerai bientôt des tablettes égyptiennes. Le tell est environné de vastes nécropoles pratiquées dans le roc. *> Voir la suite des fouilles dans la Zeitschrift et dans les Mittheilungen und Nachrichten des deutschen Palâstina Vereins. Si les fouilles n’ont pas démontré encore l’identité du Tell Mutesellim avec Mageddo, l’importance des ruines et des débris égyptiens, les tablettes surtout, montrent en cet endroit l’existence d’une station égyptienne, laissent pressentir qu’il était le centre de leur administration en cette région et augmentent considérablement la probabilité de l’identité.
IV. Histoire. — 1o Avant la conquête de Josué.— Le nom de Mageddo était célèbre longtemps avant l’arrivée de Josué et des Israélites dans la Terre Promise. Elle était l’une des stations principales sur la route des Pharaons égyptiens dans leurs campagnes en Syrie et, après la conquête, elle devint l’un des plus puissants boulevards de leur domination en ce pays. Thothmès Ier avait tracé la voie et les armées égyptiennes la suivirent dans toutes leurs guerres, sans jamais s’en écarter. « Au sortir d’Egypte, elles marchaient sur Raphia, la plus méridionale des villes syriennes, de là, sur Gaza, Ascalon, Ierza. À la station de Jouhem, la route se divisait en deux branches. La première, de moitié plus courte que l’autre, menait droit au nord, laissant un peu sur la route le grand port de Joppé et ses jardins délicieux ; près d’Aaloun, elle s’enfonçait dans les gorges du Carmel, puis reparaissait dans la plaine un peu au nord de Taànak, une des villes royales des Cananéens, et quelques milles plus loin aboutissait à Mageddo… Mageddo, bâtie au bord du torrent de Qina, barrait les voies du Liban et pouvait à volonté ouvrir ou fermer la route aux armées qui marchaient vers l’Euphrate. Aussi jouat-elle dans toutes les guerres des Égyptiens en Asie un rôle prédominant : elle fut le point de ralliement des forces chananéennes et le poste avancé du peuple du nord contre les attaques venues du sud. Une bataille perdue sous ses murs livrait la Palestine entière aux mains du vainqueur et lui permettait de continuer sa marche vers la Cœlésyrie. Au sortir de Mageddo, les Égyptiens franchissaient le Thabor et débouchaient sur les bords de la mer de Galilée, auprès de Kinnéret. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, in-18, Paris, 4875, p. 198-199. Cet itinéraire, les Égyptiens avaient dû le poursuivre plusieurs fois sous le règne de Thothmès Ier, de sa fille Hatasou et de Thothmès II, quand une formidable insurrection des princes de Routen (la Syrie supérieure ) obligea Thothmès, monté sur le trône depuis peu de temps, à le reprendre. Arrivé près du bourg de Jouhem, il attendit a les rapports de ses éclaireurs pour régler définitivement son plan de campagne. Le 16, il apprit enfin que les confédérés, commandés par le prince de Kadesh, s’étaient retranchés un peu en avant de Mageddo, au débouché des gorges du Carmel, et couvraient avec des forces importantes la route du Liban. Quelques généraux égyptiens, redoutant les dangers que pouvait présenter une attaque de front, proposèrent de tourner la position par le chemin qui pas sait à Tsewta et tombait dans la plaine de Jezraël entre Mageddo et le Thabor sur les derrières de l’ennemi. Thothmès rejeta leur avis comme entaché de lâcheté. Trois jours de marche rapide l’amenèrent au bourg d’Aaloun ou Arana que les Syriens avaient négligé d’occuper. Parti d’Aaloun, le 20 de bon matin, il franchit le col sans rencontrer d’autre obstacle que la difficulté du terrain, s’arrêta un instant sur le versant septentrional de la montagne pour rallier son arrière-garde attardée et déboucha en plaine vers la septième heure. Comme il était trop tard pour rien entreprendre le jour même, il établit son camp au bord du Qina, en face du camp ennemi. Le 20, dès l’aube, l’armée égyptienne se rangea en bataille. La droite s’appuyait au torrent de Qina, la gauche s’étendait en plaine jusqu’au nord-ouest de Mageddo, sans doute afin de déborder l’ennemi et de le rejeter sous les murs de la ville : le roi était au centre. Les Syriens, surpris par une brusque attaque, furent saisis de panique. Ils abandonnèrent leurs chars et leurs chevaux et s’enfuirent dans la direction de Mageddo ; comme ils se précipitaient pour pénétrer dans l’enceinte, la garnison craignant de voir entrer les Égyptiens après eux, leur ferma les portes. C’est tout au plus si l’on consentit à hisser les généraux sur le rempart au moyen de cordes. Le reste <le l’armée se dispersa et gagna la montagne avec tant de rapidité qu’elle n’eut pas le temps d’essuyer des pertes considérables. Il n’y eut que quatre-vingt-trois morts et trois cent quarante prisonniers ; mais les Égyptiens trouvèrent sur le champ de bataille deux mille cent trente-deux chevaux, neuf cent quatre-vingt-quatorze chars et tout le butin que les Asiatiques avaient abandonné dans la déroute. Mageddo, qui à elle seule valait « mille villes », tint à peine quelques jours : elle se rendit avec tous les princes qui s’y trouvaient renfermés et sa chute décida du succès de la campagne ». Maspero, ibid., p. 203-204 ; de Rougé, Annales de Touthmès III, p. 8-9, 26-28 ; ld., Sur quelques textes inédits du règne de Touthmès III, p. 35-40. Seti Ier mit de nouveau Mageddo au nombre des conquêtes égyptiennes avec Cadès, Hazor et Émath ; il y plaça, ainsi qu’en d’autres villes, une garnison égyptienne chargée de maintenir la population sous le joug des Pharaons. R. Lepsius, Denkmâler ans Aegypten, t. iii, Bl. 140. Cf. F. Claabas, Voyage d’un Égyptien, p_. 208 ; Maspero, Histoire, p. 215 ; Brugsch, Histoire de l’Egypte au temps des Pharaons, t. i, p. 135 ; Conder, The Tell Amarna Tablets, p. 110-111.
2o Au temps des Israélites. — Le roi de Mageddo est compté parmi les rois vaincus par Josué. Jos., xii, 21. Lors du partage de la Terre Promise, Mageddo fut du nombre des villes de la tribu d’Issachar qui échurent aux enfants de Manassé établis à l’occident de Jourdain. Jos., xvii, 11 ; I Par., vii, 29. Cependant, observe le texte sacré, les fils de Manassé ne purent s’emparer de ces villes et les Chananéens continuèrent à les habiter. Les Manassites durent se contenter, quand ils se sentirentassez forts, de les soumettre au tribut. Jos., xvii, 11-13 ; Jud., i, 27-28. — Au temps de Débora, les Israélites s’étaient groupés au Thabor, autour de la prophétesse et de Barac, résolus d£ secouer le joug de Chananéens du nord qui les opprimaient. Sisara, général de Jabin, roi de Hazor, les attendait près de Thanach et de Mageddo, comptant sans doute sur la force de ces forteresses et espérant profiter des avantages du terrain ; il devait en réalité rendre Mageddo témoin de sa défaite et du triomphe des Israélites. Le Dieu du ciel, qui dirige les éléments, combattit pour Israël ; les chars de guerre rangés aux eaux de Mageddo furent culbutés et le Cison entraîna les cadavres des Chananéens. Jud., v, 19-22. — Mageddo, avec Thanach et Bethsan, se trouvait dans la cinquième des douze circonscriptions établies par Salomon pour la levée de l’impôt, et elle fut l’une des villes à la res
tauration desquelles il consacra de grandes sommes. III Reg., iv, 12 ; ix, 15. — Le roi de Juda Ochozias, poursuivi et blessé par Jéhu à la montée de Gaver, prés de Jéblaam, se réfugia à Mageddo où il mourut ; mais son corps fut transporté de cette ville à Jérusalem sur un char. IV Reg., rx, 27-28. — Résolu de reprendre les contrées de la haute Syrie soumises jadis par les rois d’Egypte, le pharaon Néchao avait suivi la route traditionnelle par où ses ancêtres s’étaient acheminés vers l’Euphrate. Arrivé au débouché des gorges du Carmel, non loin de Mageddo, il se trouva en face d’une armée ennemie : c’était le roi Josias accouru de Jérusalem pour barrer le passage à l’adversaire du roi d’Assyrie alors suzerain du roi de Juda. Néchao envoya des messagers à Josias pour lui dire : « Qu’avez-vous à vous occuper de moi, roi de Juda ? Je ne viens pas combattre contre vous aujourd’hui, mais je vais attaquer une autre maison contre laquelle Dieu m’a ordonné de marcher en hâte. Cessez de vous opposer au Dieu qui est avec moi, de peur qu’il ne vous tue. » Josias ne se laissa pas convaincre par ces paroles et s’avança pour combattre. La bataille se livra près de Mageddo. Josias fut blessé grièvement et se retira du combat. Tandis que le roi d’Egypte poursuivait sa route vers le nord, Josias se fit rapporter à Jérusalem et il mourut en route (608 avant J.-C). Il Par., xxxv, 20-24 ; cf. IV Reg., xxiii, 29-30 ; Maspero, Histoire, p. 495. La bataille de Mageddo est racontée par Hérodote, H, 159, qui transcrit par erreur le nom de cette ville par MaySiXoç : « Nékos, dit l’historien grec, livra aussi une bataille sur terre contre les Syriens, près de Magdole ; après avoir remporté la victoire, il prit Kadytis, ville considérable de Syrie. »
Après la mort du roi Josias, Mageddo disparait de l’histoire biblique, et si son nom est encore prononcé par les auteurs sacrés, c’est seulement pour rappeler les lamentations qui s’élevèrent à la mort du pieux roi de Juda, Zach., xii, 11, et dans l’Apocalypse, xvi, 16, pour désigner par figure, suivant l’opinion la plus probable, le champ de bataille de l’avenir où s’assembleront les rois de la terre pour faire la guerre au Très-Haut.
3o Depuis la ruine des Juifs. — Les écrivains qui rappellent le nom de Mageddo le font pour constater qu’il a été remplacé par celui de Legio. Cette appellation était donnée, on le sait, aux résidences fortifiées, occupées par les légions romaines. Plusieurs endroits de la Palestine ont gardé ce nom jusqu’aujourd’hui. À quel moment l’occupation militaire de Mageddo occasionna-t-elle ce changement de nom ? Si l’histoire ne le dit pas, on peut le conjecturer ; ce fut sans doute de la fin du Ier siècle au ni", quand les armées romaines prirent définitivement possession du sol de la Palestine. La situation stratégique de Mageddo était trop importante pour être négligée par un peuple presque exclusivement militaire. Rien ne la signale à l’attention jusqu’à la période arabe. Devenus à leur tour les maîtres du pays, les Arabes ne dédaignèrent pas cette ville non plus, et en en prenant possession lui laissèrent le nom nouveau adopté par les Byzantins avant eux, en l’accommodant seulement à leur langage. Au Xe siècle, le géographe el-Muqaddassi cite el-Ledjdjûn avec Sûr, ’Akkd, Qadès, Kabûl et Beisan comme une des villes principales de la province du Jourdain, et avec Beit-Djibrîn, Jérusalem et Naplouse, comme une des villes les plus importantes de la Palestine. Elle était spacieuse, d’un séjour agréable et abondait en eaux courantes. Géographie, édit. Goeje, p. 152, 162. Au xm » siècle et au xiv « , elle conservait encore son importance, car el-Dimisqi la met au rang des villes principales du gouvernement de Safed. Cosmographie, édit. Mehren, Saint-Pétersbourg, 1866, p. 212. Il y a moins de vingt ans, Ledjoûn était une ruine abandonnée aux troupeaux et dont les Bédouins du Merdj avaient fait leur cimetière. Les moulins établis sur la rivière de l’ouâd’el-Ledjoûn ont attiré quelques familles
qui se sont fixées sur le bord de la vallée et ont rétabli le petit village d’el-Ledjoùn. Sa population, toute musulmane, n’atteint pas encore le nombre de cent habitants.
L. Heidet.
2. MAGEDDO (EAUX DE) (hébreu : mê-Megiddô ; Septante, ûîwp MixyeSSw ; Alexandrinus.-MeYe88<A ; Vulgate : aquæ Mageddo), rivière ou torrent près duquel les Israélites, sous la conduite de Débora et de Barac, combattirent et vainquirent les Chananéens ligués contre eux et commandés par Sisara, général de Jabin roi d’Asor. Jud., v, 19. — L’identification des « eaux de Mageddo » dépend d’abord de la localisation de la ville de Mageddo elle-même dont la rivière a pris le nom. Conder, pour qui Medjedda’est Mageddo, voit les « eaux de Mageddo » soit dans les ruisseaux voisins de Medjedda’, soit dans le nahar Djalûd descendant de la fontaine de même nom vers Beisân et le Jourdain. Voir les écrits de cet auteur cités à Mageddo 1, col. 555, et Handbook to the Bible du même, Londres, p. 287. — Les autres écrivains qui placent, avec raison, le site de Mageddo à Ledjûn ; cherchent les eaux de Mageddo soit dans le voisinage immédiat de Ledjûn, soit dans la grande plaine voisine, appelée elle aussi du nom de Mageddo. Dans ce dernier cas les « eaux de Maggedo » ne seraient pas différentes du torrent de Cison lui-même. C’est le sentiment de l’auteur du commentaire dont nous avons parlé, Mageddo 1, col. 555. Plusieurs d’entre les modernes partagent le même avis. L’appellation de nahar el-Muqafta’donnée actuellement à l’ancien Cison, paraît à quelques-uns le nom même de Mageddo, un peu modifié par la prononciation arabe. Plusieurs cependant rapportent plutôt et plus spécialement l’expression aux cours d’eau qui traversent le territoire de Ledjoùn pour former, sous le nom de nahar el-Ledjûn, le plus important des affluents du nahar el-Muqafta’, l’ancien Cison (voir Cison, t. ii, col. 781), près duquel se décida sans doute le résultat de la bataille. Le nahar el-Ledjûn peut du reste être considéré à bon droit comme l’origine du nahr el-Muquaffa’et il ne serait pas étonnant que le cours du Cison tout entier ait pu être appelé quelquefois « la rivière de Mageddo ». — Le nahar el-Ledjûn est formé par deux ramifications principales : l’une plus au sud, est appelée Youad’es-Sitt, « la vallée de la Dame, » parce qu’elle est particulièrement alimentée par la source nommée’aïn es-Sitt. Ce courant met en mouvement les moulins, de Ledjoûn ; il est assez fort, surtout en hiver, et l’eau n’y fait jamais défaut. Le petit ruisseau fourni par la sourefe de la Coupole se réunit à lui à l’est du village. Le second bras prend naissance au nord du premier et du Tell el~ Mutasellim près du Khirbet el-Khaznéh. La source qui le forme, le’ain Faûdr, « la source bouillonnante et intermittente, » sort en effet avec une grande impétuosité. Un grand nombre d’autres sources (on en compte près de vingt) forment sur le territoire de Ledjoûn divers ruisseaux qui apportent l’appoint de leurs eaux aux deux principaux courants. Ceux-ci se réunissent à moins de-deux cents mètres au delà du Khirbet el-Khaznéh, pour rejoindre le nahar el-Maqa((a’, trois kilomètres plus loin. Parmi les sources du territoire de Ledjoûn, il en est un& désignée quelquefois encore du nom de’aïn er-Rôz, « la source du Riz, » ce qui indique une des anciennes cultures de la région. Tous les alentours de Ledjoûn aa moment de grandes pluies deviennent un labyrinthe de torrents et une immense fondrière dont il est difficile de se tirer. — Quoique les « eaux de Mageddo » puissent désigner plus spécialement le nahar el-Ledjûn, il pourrait s’appliquer à tout l’ensemble des sources et ruisseaux.
L. Heidet.
3. MAGEDDO (PLAINE DE) (hébreu : biq’ap Megiddô, II Par., xxxv, 22, et biq’af Megiddôn, Zach., xii, 11 ; Septante : tb ireêiov MayeSôio ; II Par., Mays66(ôv, dans B 1 et A’; Mageddo est traduit par èxxotctohévo ; , « coupé, » dans Zach., xii ; Vulgate : campus Mageddon, dans Zach., .
et Mageddo, dans II Par.), région près de Mageddo où le roi Josias fut mortellement blessé d’une flèche, en cherchant à s’opposer au passage de l’armée égyptienne conduite par le roi Néchao II. Le prophète Zacharie, faisant allusion à ce fait, s’exprime ainsi d’après l’hébreu et la Vulgate : « En ce jour-là il y aura un grand deuil à Jérusalem, pareil au deuil d’Adadremmon, dans la plaine de Megiddon ; » les Septante dnt traduit la seconde partie : « pareil au deuil de l’olivier’coupé dans la plaine, s w ; xototôc poôvo ; èv neiftp Èxxojtrojj.évov, prenant les deux noms Remmon et Megiddon pour des noms communs. La plupart des interprètes, avec les massorètes et la Vulgate, ont vii, au contraire, dans ces mots les noms propres de deux localités et les prophètes une allusion à la mort de Josias racontée par les Paralipomènes. Cf. Adadremmon, t. i, col. 167-170. Dans le récit de cette mort reproduit par l’historien Joséphe, au lieu de & dans la plaine de Mageddo » on lit i près de la ville de Menden », xaT » Mév8>]v mSXtv. Ant. jud., X, v, 1. MlvSïiy est, selon toute apparence, une erreur de copiste pour MéySlv ou MsyS^v. L’expression « près de la ville » n’apporte aucune modification au récit biblique ; elle constate seulement que la plaine de Mageddo, comme il se déduit de son nom même, était toute voisine de la ville de Mageddo dont elle porte le nom. Reland réfute les raisons des exégètes qui pourraient tirer prétexte de l’expression biblique : « Josias accourut à sa rencontre [de Néchao], » pour voir dans la Mageddo nommée en ce passage, une ville différente de la célèbre Mageddo de l’histoire, située en Issachar dans le territoire d’Israël, et prétendre qu’il faut la chercher dans le royaume de Juda. Ces paroles, de leur nature, laissent toute latitude pour la recherche du site, et le royaume d’Israël ayant été détruit, rien ne pouvait empêcher le roi Josias de venir à la grande plaine attendre l’arrivée de l’armée égyptienne. Adrien Reland, Palsestina, p. 893-894. — Les écrivains pour qui l’ancienne Mageddo est représentée par Medjedda’localisent en conséquence près de cette ruine, « la plaine » de Mageddo où fut blessé Josias. Elle est pour eux soit la partie du Ghôr s’étendant entre le Khirbet Medjedda’et Beisan, soit la large vallée commençant sous Zefa’in et aboutissant également à Beisan, parcourue par le nahar Djaloud et appelée de son nom ouatd’Djalûd, « la plaine de Djaloud. » Cf. Armstrong, Narnes and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 123. C. R. Conder aux passages cités, Mageddo 1 et 2. — Pour tous les autres, la « plaine de Mageddo » c’est la grande plaine se développant à l’est, au pied des collines où gisent les ruines appelées KhirbetLedjûn. Elle s’étend en largeur de cette localité à l’ouest, jusqu’à Zera’in à l’est et en longueur de Somoniniéh et le groupe de collines unissant les monts de Nazareth au Carmel au nord, jusqu’à Djénin au sud. C’est la plaine actuellement appelée le Merdj ibn’Amer, la plaine de Jezraël ou d’Esdrelon de la Bible et « la grande plaine », tô p.iytz raêtov, de Josèphe, d’Eusèbe et des Gréco-Romains. Les paroles mêmes de Zacharie fournissent des arguments qui peuvent paraître décisifs. La conclusion des commentateurs faisant une localité d’Adadremmon, paraît de beaucoup la mieux fondée. Les palestinologues Van de Velde, V. Guérin et après eux plusieurs autres voient le nom de cette ville conservé avec une légère modification dans celui de Rummânéh, petit village arabe dont les citernes attestent l’antiquité. Rummonéh est situé à douze cents mètres, au nord-nord-ouest de Ta’nâk et à quatre kilomètres au sud de Ledjoùn, à l’issue des gorges du Carmel et sur la lisière du Merdj. Non loin de Rummânéh on voit les traces d’une ancienne voie aboutissant au territoire de Ledjûn, après avoir suivi la vallée appelée ouadi’Ard ainsi nommée elle-même du nom d’une ruine ou Khirbet’Âra’: ce nom qui n’est pas nouveau, puisque Ibn et Khordâbéh (vers 860), le plus ancien des géographes arabes connus, cite Y ouadivra", par laquelle
passe le chemin de Ledjûn à Ramléh. par Qalunsaûah, Géographie, édit. Gœje, Leyde, 1889, p. 144. Le nom de cette vallée et de cette ruine pourrait bien rappeler celui d’Aruna ou Aalûna, où les documents égyptiens placent la dernière station de Touthmès avant d’atteindre Mageddo. Quoi qu’il en soit, cette ancienne voie, selon toute vraisemblance, parcourait le tracé suivi par les anciens Égyptiens se dirigeant vers le nord. Josias ne pouvait mieux se placer pour attendre le passage de Néchao que près des collines situées au nord-ouest de l’actuelle Rummânéh. Si cette localité, comme il y a tout lieu de le croire, représente réellement l’antique Hadad-Remmon, le Merdj Ibn’Amer est incontestablement « la plaine de Mageddo », de Zacharie et des Paralipomènes, puisqu’il n’y en a pas d’autres en cette région ; il peut au moins revendiquer pour lui toute la probabilité qui s’attache au nom de Rummânéh et & sa situation. Il n’est pas nécessaire de le faire remarquer, l’argument a la même valeur pour Ledjûn. Si la Bible place le champ de bataille sur lequel tomba Josias à Adadremmon ; si Josèphe, à une époque où le nom de Mageddo n’avait pas péri encore, peut le localiser près de cette dernière ville, n’est-ce pas à cause de la proximité immédiate des deux localités ? Si Rummeneh répond en réalité au site d’Adadremmon, aucune autre localité ne peut mieux représenter Mageddo que Ledjûn. Voir Esdrelon, t. H, col. 1945-1949 ; Jezraél 3, t. iii, col. 1544.
L. Heidet.
IMAGEDDON. Mageddo est ainsi appelée dans la Vulgate. Zach., xii, 11. Voir Mageddo.
- MAGETH##
MAGETH (grec : MaxsS, Moexéë), ville forte de Galaad qui fut prise par Judas Machabée avec Casbon et Bosor. I Mach., v, 26, 36. Judas fit cette campagne pour délivrer des Juifs qui s’y étaient retranchés dans leur quartier afin d’échapper aux Ammonites. Cette ville n’a pas été identifiée.
- MAGICIEN##
MAGICIEN (grec : nâ-p ? ; Vulgate : magus), celui qui pratique la magie. Le mot magus se lit plusieurs fois dans la Vulgate, dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, mais aucun mot hébreu ne correspond exactement à notre terme « magicien » et le [lâyoç n’est nommé avec cette signification dans le texte grec original du Nouveau Testament que Act., xiii, 6, 8, où Barjésu, appelé aussi Élymas (voir 1. 1, col. 1461), est qualifié de ce titre. Les mêmes Actes, viii, 9, disent que Siméon de Samarie était [loq-evwv, ce que la Vulgate traduit par fuerat magus. Dans l’Ancien Testament, le mot magus, & magicien, » de la Vulgate. rend les mots hébreux suivants : id’onim (Septante : ï^a.azfii.t^oi), Lev., xix, 31 ; ’ôb (Septante : l-Fi&rnQuxùQm), II Par., xxxiii, 6 ; hd’-'ôbôt (Septante : ÏYYoçffTpe|iu5ôoi), Lev., xx, 6 ; I Reg., xxviii, 3, 9 ; hd-’aUafîm (Septante : iiâyot), Dan, i, 20 ; il, 2, 10, 27 ; iv, 4 ; v, 7, 15. Au t. 11, de ce même chapitre, la Vulgate, par suite d’une interversion, a rendu par magi le chaldéen hartummîn, tandis qu’elle a traduit par ineantatores le mot’âsfîn. Pour la signification de ces mots hébreux et chaldéens, voir Magie ; Divination, t. ii, col. 1443-1446.
- MAGIE##
MAGIE (grec : u^y’**) « xviri, Vulgate : magica ars, Sap/, xvii, 7 ; yjiyûa, Vulgate : magia, Act., viii, 11), art prétendu d’obtenir, par certains procédés, des résultats qui sont inaccessibles aux moyens naturels et étrangers à l’intervention divine. La magie n’a pas de nom générique en hébreu ; elle n’est désignée dans cette langue que par les noms de ceux qui l’exercent. Parmi les résultats cherchés et en partie réalisés par la magie, on peut signaler l’assujettissement à la volonté humaine d’esprits, de génies ou de démons, leur évocation et leur conjuration, la production de phénomènes extranaturels, apparitions d’esprits, révélations de choses à venir, in
fluences irrésistibles sur les volontés ou les sentiments, et enfin le pouvoir exercé sur les éléments de ïa nature pour opérer des effets extraordinaires, transformations subites, guérisons instantanées, etc. Parfois ces résultats paraissent avantageux, parfois ils sont nuisibles, souvent même ils ne procurent le bien de l’un qu’au détriment d autrui. Les procédés employés dans la magie ont cette marque caractéristique qu’ils n’ont aucun rapport naturel avec l’effet attendu. Ces procédés consistent en paroles, en gestes, en actes, en emploi d’objets auxquels on attribue une vertu mystérieuse qui ne s’exerce d’ailleurs que dans des conditions données et auxquelles doit rigoureusement se soumettre l’opérateur. Il n’y a donc là que superstition pure. Quant aux résultats, si quelques-uns doivent s’expliquer naturellement, si d’autres ne sont qu’apparents et dus à l’imposture, la plupart ne peuvent être attribués qu’à l’intervention d’esprits que l’ensemble des opérations de la magie oblige à regarder comme des esprits mauvais, c’est-à-dire des démons. La magie, comme toutes les superstitions, est née naturellement de la déformation de la croyance religieuse. Aussi la rencontre-t-on chez tous les peuples de l’antiquité, sans qu’il soit nécessaire de lui chercher une origine unique. I. La magie chez les Égyptiens. — 1° Le Dieu Thot, dieu-lune d’Hermopolis, dans l’Egypte moyenne, était considéré comme l’inventeur ou le détenteur des formules magiques, auxquelles ne résistent ni les dieux ni les hommes. Il avait réglé et noté la voix juste, ma khrôou, avec laquelle les incantations doivent être proférées pour obtenir leur efficacité souveraine. On regardait les femmes comme particulièrement aptes à l’aire entendre cette voix juste, et à se mettre en communication avec les êtres invisibles. Aussi la reine devait-elle accompagner le pharaon et le protéger par des pratiques magiques, pendant qu’il sacrifiait. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, , p. 271-272. Les magiciens formés à l’école de Thot avaient à leur service toutes les divinités. Ils tiraient profit de leur pouvoir, en l’exerçant soit pour satisfaire leurs grossiers appétits, soit pour assouvir les rancunes de ceux qui les payaient. Ils étaient habiles à envoyer des songes qui terrifiaient ; la plupart des livres magiques égyptiens renferment des formules pour « envoyer des songes ». Ils effrayaient leur victime par des apparitions et des voix mystérieuses, la livraient à des spectres qui s’introduisaient en elle et la faisaient périr de consomption ; ils l’accablaient de maladies, excitaient la haine ou l’amour dans le cœur des autres, etc. Ils composaient des charmes avec quelques parcelles de la personne visée ou de ses vêtements. Ils pratiquaient l’envoûtement. À une poupée de cire habillée comme la victime, ils infligeaient toutes sortes de mauvais traitements que ressentait aussitôt cette dernière. Ramsès III eut à souffrir d’un envoûtement. On a trouvé les poupées de ciré et les philtres dont les magiciens avaient fait usage contre lui. On ne pouvait se défendre contre les pratiques magiques que par d’autres pratiques du même genre. Cf. Chabas, Le papyrus magique Harris, dans les Mélanges égyptologiques, IIIe série, t. ii, 1873, p. 242-278 ; Birch, Hgyptian magical text from a papyrus in the Brit. Mus., dans les Records of the Past, vi, 1876, p. 113126 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, G’édit., t. H, p. 58-63, 114-116 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. i, p. 145, 212-214 ; E. A. W. Budge, Egyptian magie, in-16, Londres, 1899 ; A. Krman, Zaubersprûche fur Mutler und Kind, aus dem Papyrus 3027 des Berliner Muséums, in-4°, Berlin, 1901. Cf. aussi C. Wessely, Griechische Zauberpapyrus von Paris und London, dans les Denkschriften der Akademie der Wissenschaft, phil. hist. Kl, Vienne. 1888, p. 27-208 ; F. G. Kenyon, Greek Pa--pyri in the British Muséum, in-4°, Londres, 1893,
p. v-vi, 126-139. — 2° Les devins, hartummîm, et les sages, hàkâmïm, sont mentionnés par la Sainte Ecriture à l’occasion des songes du pharaon contemporain de Joseph. Gen., xli, .8. On suppose que ceux qui ont le pouvoir d’envoyer des songes ont aussi l’habileté nécessaire pour les interpréter. Voir Divination, t. ii, col. 1443, 1444 ; Songe. À l’époque des plaies d’Egypte, le pharaon appelle à son aide les hâkâmîm, « les sages, » ceux qui sont censés connaître les causes, et avec eux les mekassefîm, çaptiaxai, maleflci, « les magiciens » proprement dits, qui agissent au moyen des lehâtîm, çaptiaxiat, incantationes, des incantations, des pratiques magiques. Exod., vii, 11. Ces magiciens sont appelés (lartummîm, êitaotooi, « enchanteurs, » dans le même verset. Ils réussirent, comme Moïse et Aaron, à changer leurs verges en serpents et les eaux en sang et à faire pulluler les grenouilles. Exod., vii, 12, 22 ; viii, 3. Ils s’essayèrent en vain à produire des moustiques, Exod., viii, 18, ne tentèrent rien pour imiter la multiplication des mouches, Exod., viii, 24, et furent eux-mêmes cruellement atteints par la plaie des ulcères. Exod., ix, 11. Leurs premiers prestiges avaient été efficaces ; mais quand leur magie fut impuissante à produire des moustiques, prestige qui en soi n’offrait pas plus de difficultés que les précé lents, ils furent obligés de reconnaître le doigt de Dieu. Exod., viii, 19. Il suit de là que le pouvoir magique ne s’exerce pas d’une manière indépendante, mais que la volonté divine lui impose les restrictions et les limites qu’il lui plaît. Le livre de la Sagesse, xvii, 7, attribue les prestiges des enchanteurs égyptiens à la magie, tiayixT] tsx vï l> nia 91° a ars. Saint Paul, II Tim., iii, 8, a conservé le nom de deux des magiciens qui tinrent tête à Moïse, Jannès et Mambrès. Voir Jannès, t. iii, col. 1120.
II. La magie chez les Babyloniens. — 1° Les Babyloniens avaient aussi leur magie très ancienne. Astrologues, de vins et magiciens, ils savaient non seulement lire dans l’avenir et interpréter la pensée des dieux, mais encore forcer les démons à leur obéir, détourner le mal et procurer le bien par des purifications, des sacrifices et des enchantements, ûiodore de Sicile, II, 29. Cf. Fr. Lenormant, La magie chez les Chaldéens et les origines accadiennes, Paris, 1874 (traduit en anglais, avec des additions de l’auteur, 1877, et en allemand, 1878) ; La divination et la science des présages chez les Chaldéens, Paris, 1875 ; A. Laurent, La magie et la divination chez les Chaldéovssyriens, Paris, 1894 ; Tallquist, Die assyrische Beschwôrungsserie Maqlâ, Leipzig, 1895 ; L. W. King, Babylonian Magic and Sorcery, being « the prayers of the Lifting of the hand », the cuneiform Text and Translations, Londres, 1896 ; Kiesewetter, DerOccultismus der Altertums, , Akkader-Hebrâer, Leipiig, 1896 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. iv, p. 290-293 ; Zimmern, Beitrâge zur Kenntniss der babylonischen Religion, I. Die Reschwbrungstafeln Surpu, il. Ritualtafeln (deux fascicules), dans YAssyriologische Bibliothek, Leipzig, t. xii, 1897, 1898, 1900 ; M. Jastrow, Religion of Babylonia and Assyria, Londres, 1898 ; R. C. Thomson, The Reports of the Magicians and Astrologers of Nineveh and Babylon in the British Muséum, 2 in-8°, dans Luzac, Semitic Séries, t. VI et vii, in-12, Londres, 1900 ; C. Fossey, La magie assyrienne, in-8°, Paris, 1903.
2° Les deux premières lois du code de Hammourabi, qui régnait à Babylone environ 2000 avant J.-C, concernent les magiciens ou sorciers. Elles sont ainsi conçues : « 1. Si quelqu’un a ensorcelé un homme en jetant l’anathème sur lui et sans l’avoir prouvé coupable, il est digne de mort. — 2. Si quelqu’un a jeté un maléfice sur un homme, sans l’avoir prouvé coupable, le maléficié se rendra au fleuve et s’y plongera. Si le fleuve le garde, sa maison passe à celui qui a jeté-le maléfice ; si le fleuve l’innocente et le laisse sain et sauf, son ennemi
est digne de mort, et c’est celui qui a subi l’épreuve de l’eau qui s’empare de la maison de l’autre. » Scheil, Textes élamites-sémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 22, 23, 133. On avait ainsi une garantie contre les maléfices des magiciens. Elle n’était cependant pas très sûre, car l’ordalie par l’eau du fleuve pouvait bien n’être pas toujours favorable à l’innocent.
3° Balaam, originaire de Péthor, en Mésopotamie, au confluent de l’Euphrate et du Sagur, pouvait être initié aux pratiques de la magie chaldéenne. Voir Balaam, t. i, col. 1398 ; H. Zschokke, Historia sacra, Vienne, 1888, p. 150.
4° Les magiciens de Babylone sont mentionnés dans le livrp de Daniel, à propos des songes de Nabuchodonosor. Outre les hakkîmîn, les sages et les savants en général, les hartummîm et les gdzzertm, qui sont des magiciens et des devins, voir Divination, t. ii, col. 1443, 1444, 1447, le prophète nomme les’asSdfim, (papjjuxxoî, magi, Dan., i, 20 ; ii, 2, 10 ; les kaidîm, yaslSatoi, Chaldsei, Dan., Il, 2, 4, 10 ; iv, 4, et les mekassefîm, ipapjiotïo (, malefici. Dan., Il, 2. Chacun de ces trois noms vise une spécialité dans l’art magique. Les’aSSdfîm, en assyrien, les aHputi, « les enchanteurs, » chassent par leurs incantations, Siptu, le mal physique et le mal moral. Les kaidîm constituent une caste sacerdotale qui emprunte son nom aux conquérants du pays. Ce sont des astrologues, cf. t. ii, col. 508, 510, tendant à mêler à leur divination d’autres pratiques magiques. Cf. Hérodote, ], 181-183 ; Arrien, Anab., vii, 17 ; Diodore de Sicile, H, 20, 24 ; Cicéron, De divinat., i, 1 ; II, 42, 88, etc. Les mekaSSefim sont des praticiens de la magie ou des sorciers. Cf. Fabre d’Envieu, Le livre du prophète Daniel, Paris, 1890, t. ii, 1™> part., p. 111-114. Sur les formules d’incantations habyloniennes, voir J. Halévy, Documents religieux de l’Assyrie et de la Babylonie, Paris, 1882 ; Loisy, Le rituel babylonien, dans le Congrès scient, internat, des catholiques, 1888, t. i, p. 1-16 ; François Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1900 ; Id., Textes religieux, Paris, 1903, p. 220-298. — 4° Le prophète Isaïe, XL vii, 12-13, interpelle ainsi Babylone au sujet de ses magiciens : « Reste donc avec tes enchantements, hâbdrîm, èrcaoïSaî, incantatores, et le grand nombre de tes sortilèges, keSdfîm <pap( ; .axEia, maleficia, auxquels tu t’es appliquée depuis ta jeunesse… Qu’ils viennent et te sauvent ceux qui étudient le ciel, observent les astres et annoncent l’avenir par les nouvelles lunes. » De fait, les magiciens de Babylone, déjà incapables d’expliquer les songes de Nabuchodonosor, Dan., ii, 10-13, et de Baltassar, Dan., "V, 8, 15, et châtiés en conséquence par le premier, ne purent ni prévoir ni empêcher la ruine de la capitale. J. Oppert a publié, dans Ledrain, Histoire d’Israël, Paris, 1882, t. ii, p. 475-493, la traduction d’incantations assyriennes contre le mauvais sort, de litanies à la lune, de présages, etc.
III. La magie chez les Hébreux. — 1° Témoins en Egypte des pratiques les plus extravagantes de la magie, les Hébreux devaient les retrouver en pleine vigueur dans le pays de Chanaan. Deut., xviii, 12. Aussi Moïse voulut-il les prémunir contre le danger par une loi des plus rigoureuses : « Tu ne laisseras point vivre la magicienne, mekasilefàh. » Exod., xxii, 18. Les versions, traduisent par le masculin pluriel : ipopiiaxo ! , malefici. La magie était souvent exercée par des femmes et n’en devenait que plus à redouter. En portant la peine de mort même contre la magicienne, le législateur donne à entendre que les magiciens sont à plus forte raison compris dans la sentence. C’est ainsi que l’ont entendu les versions. La même peine est d’ailleurs portée dans le Lévitique, xx, 27, contre les nécromanciens qui ont un’ôb et contre les yîdd’onî, qui pratiquent la magie. Cf. Lev., xix, 31 ; xx, 6. La législation est plus explicite -encore dans le Deutsronome, xviii, 9-11. Sans rappeler
la peine de mort portée précédemment, le Seigneur défend aux Israélites de faire passer leurs fils ou leurs filles par le feu, voir Moloch ; d’exercer l’art des qesâmîm, f/.avTEia, ariolus, du me’ônên, xXu]80viWn£Voc, observet somnia, du menahêS, oîaiviïôjievoç, auguria, du mekasSêꝟ. 9ap(iaxô ; , maleficus, du hobêr hdbér, èwaê ! 8(tfv £îiaot5r, v, incantator, du So’êl’ôb, tyyuaxpiirj 80< ; , qui pythones consulat, du yîdd’onî, T£poto<rx(Snoç, divinus, et du dorés’él-hammêfîm, IjiepoiTwv to’jc vExpoO ; , quserat a mortuis veritatem. Toutes ces choses sont en horreur au Seigneur, ce sont des fô’ébôt, $5ù.vfy.ixa, scelera, des abominations, des pratiques criminelles à cause desquelles Dieu exterminera les Chananéens. Deut., xviii, 12. Les différentes espèces dé magiciens sont nommés dans ce texte. Les qesâmîm sont ceux qui cherchent par différents procédés à connaître le parti à prendre. Voir Divination, t. ii, col. 1444. Le me’ônên fait des observations superstitieuses pour découvrir l’avenir ou les choses cachées. Voir t. ii, col. 1446. Le menahêS murmure des incantations pour arriver à savoir l’inconnu. Voir t. ii, col. 1445. Le mekassêf est le magicien déjà rencontré en Egypte et en Chaldée. Le hobêr hdbér, « fascinant la fascination, « exerce son influence magique par des charmes. Voir t. ii, col. 597. Le So’êl’ôb est celui qui interroge les esprits des morts, le nécromancien. Voir t. ii, col. 1446 ; Évocation des morts, t. ii, col. 2128. Le yîdd’onî est une espèce de sorcier. Voir t. ii, col. 1446. Enfin le dorés"’él-hammêtîm, « celui qui interroge les morts, » Is., viii, 19 ; xix, 3, est une variété du nécromancien.
2° Les prescriptions de la loi mosaïque ne furent pas toujours observées. Le penchant qui entraînait les Israélites à l’idolâtrie les poussa aussi à la divination, voir t. ii, col. 1448, et aux autres pratiques de la magie. Saûl dut chasser les devins et les nécromanciens qui étaient restés dans le pays. I Reg., xxviii, 3, 9. Dans le livre de lob, iii, 8, il est parlé de « ceux qui maudissent les jours », c’est-à-dire des magiciens qui, par leurs maléfices, prétendent rendre néfastes certains jours. Cf. Rosenmûller, Jobus, Leipzig, 1806, t. i, p. 85 ; Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876. Cette pratiqueétait familière aux Chaldéens. Cf. F. Wichmanshausen, De maledictoribus diei, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 783-787. Par la suite, le roiManassé s’adonna à la magie, kissêf, IçapuixeijETO, maleficis artibus inserviebat, et la pratiqua dans toutes ses variétés. II Par., xxxiii, 6. Isaïe, par ses allusions, donne à penser que la magie était fort à la mode de son temps. Il reproche à la maison de Jacob d’être pleine de l’Orient, c’est-à-dire des superstitions importées de l’Assyrie et de l’Arabie, et d’avoir des’onenim, « des enchanteurs » comme les Philistins. Is., ii, 6. Il signale la présence du qosêm, « devin, s du hàkam hârâMm, « habile en prestiges, s et du nebôn laljiaS, « expert enchanteur, » au milieu de son peuple, et, pour donner une idée du crédit dont ils jouissaient, il les met au même rang que le guerrier, le juge, le prophète, l’ancien, le magistrat et le conseiller. Is., iii, 2, 3. Il appelle les Israélites benî’onendh, « fils de l’enchanteresse, » et les accuse d’immoler des enfants sous les arbres verts, sans doute pour honorer Moloch, peut-être aussi pour employer leur sang à des pratiques magiques. Is., lvii, 3, 5. Ézéchiel ; xiii, 18, 20, maudit celles qui fabriquent des kesâtôt pour toutes les jointures des mains et des voiles pour les têtes, « afin de tromper les âmes. » Il s’agit ici de magiciennes. Cf. G. Trumph, De pulvillis et peplis Ezech., xiii, 18, dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. l, p. 972-979. Les anciennes versions traduisent le mot hébreu par itpo<rxeipâXotta, pulvilli, « coussins, » que l’on met sous les coudes pour faciliter le repos, ce qui désignerait métaphoriquement les aises que l’on prend vis-à-vis de la loi de Dieu et de la morale. À rencontre des versions, saint Éphrem dit que les kesd(ôt « sont
comme des amulettes dont elles entouraient leurs bras et dont elles se servaient pour rendre leurs oracles à ceux qui les interrogeaient ». Cf. Rosenmûller, Ezech., Leipzig, 1808, 1. 1, p. 351. C’est, en effet, le sens qu’il faut attribuer au mot késèt, au pluriel kesàtôf, par comparaison avec l’assyrien kasû, qui signifie « lier ensemble ». Les kêsâtôt étaient donc des phylactères magiques. Voir Amulette, 1. 1, col. 531. Cf. Delitzsch, dans la Zeitschrift der deutsch., morgenland. Gesellschaft, t. xli, p. 607 ; Rob. Smith, dans le Journ. of Philol., t. xiii, p. 286.
3° La captivité, qui mit un terme à l’idolâtrie des Israélites, ne fit pas disparaître chez eux le goût de la magie. Malachie, iii, 15, menace encore du châtiment divin les mekaSSefîm de son temps, et Zacharie, x, 2, parle de la vanité impuissante des (erdfîm, des qûsemîm et des songes auxquels on ajoutait foi. Plus tard, des livres de magie circulèrent parmi les Juifs sous le nom de Salomon, dont la sagesse, III Reg., v, 12, s’était étendue, prétendait-on, jusqu’à la connaissance complète des recettes magiques. Voici ce qu’en dit Josèphe, Ant. jud., VIII, ii, 5 : « Dieu lui accorda de savoir ce qu’il faut faire contre les mauvais démons, pour l’utilité et la santé des hommes. Il composa des formules d’enchantements pour adoucir les maladies, et laissa d’autres formules d’adjurations, pour lier et chasser les démons sans qu’ils puissent revenir. » L’historien juif ajoute que, de son temps, un certain Éléazar, sous les yeux de Vespasien, de ses fils et des officiers de l’armée, tirait le démon du corps des possédés au moyen d’un anneau renfermant les racines indiquées par Salomon, et, à l’aide des formules de Salomon, enjoignait au démon de ne plus rentrer dans le possédé et de donner des signes extérieurs de son départ. Origène, Séries in Matth., 110 (xxvi, 63), t. xiii, col. 1757, mentionne aussi les livres qui renferment les adjurations de Salomon contre les démons. Le pouvoir magique de ce roi est particulièrement affirmé dans l’apocryphe intitulé Testament de’Salomon, traduit par Conybeare, dans la Jewish quarterly Review, octobre 1898. De fait, le nom de Salomon revient fréquemment dans les recueils de recettes magiques. Cf. Schûrer, Geschichte desjûdischen Volkes im Zeitalter J. C, Leipzig, 1898, t. iii, p. 299-303. En 494, dans un décret sur les livres à recevoir ou à condamner, le pape Gélase mit au nombre de ces derniers l’écrit qui a pour titre : Contradictio Salomonis, ainsi que tous les phylactères portant des noms de démons.
4° On a trouvé en 1930 à Tell-Sandahanna, en Palestine, près d’Éleuthéropolis, à mi-chemin entre Bethléhem et Gaza, des poupées de plomb qui ont servi à des envoûtements (fig. 173), ce qui v tendrait à démontrer que cette pratique magique, usitée en Chaldée depuis l’époque la plus reculée (cf. Heuzey, Les statuette* magiques en cuivre du roi Our-Nina, dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions, 1893, t. xxi, p. 228), n’était pas inconnue des Israélites. Cf. Clermont-Ganneau, L’envoûtement dans l’antiquité et les figurines de plomb de Tell-Sandahanna, dans le Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, octobre 1900, p. 332.
5° La magie garda de nombreux adeptes parmi les Juifs, après l’époque évangélique. Simon de Samarie était un magicien, naYeûtov, magus, qui abusait le peuple par ses pratiques magiques, (laYeîoct ; , magiis ; il considérait probablement le pouvoir de faire descendre le Saint-Esprit comme un pouvoir magique, qui pouvait s’acheter à prix d’argent. Act., viii, 9, 19. Voir SDlON LE Magicien. Barjésu, nommé aussi Élymas, que Paul et Barnabe rencontrèrent à Paphos, était un Juif, mage et faux prophète. Act., xiii, 6-8. Voir Barjésu, 1. 1, col. 1461. Sous le pwcurateur Fadus, Theudas le magicien, y<5tjç, emmena à sa suite un grand nombre-de Juifs jusqu’au Jourdain, qu’il voulait leur faire traverser aisément, au moven de ses prestiges, et là fut mis à mort par les
Romains. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 1. Le même sort menaça, sous Félix, un Égyptien qui avait entraîné la foule sur le mont des Oliviers, en promettant de faire tomber d’un seul mot les murs de Jérusalem. Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 6. — La magie juive eut une grande influence sur la magie des autres peuples. Les magiciens de tous les pays se servaient fréquemment de noms hébraïques pour appeler les démons et de formules hébraïques pour faire leurs conjurations. Cf. Philosophumena, IV, iv, 1, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 94 ; Origène, Cont. Cels., iv, 32, t. xi, col. 1345. Dans les textes magiques il est souvent question du Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, du Dieu Sabaoth, etc. : tffwô <ra€ati)6, aôuvcu sXwcu tz6paa[A, ’Iàw’Aêpiacto’Apëa6tâ(i> Saëocùi’ASuvoct, x. t. X. Cf. Kenyon, Greek Papyri in the Brit. Mus., p. 80 ; Delattre, Bulletin de corresp. hellén., 1888, xii, p. 294-302, etc. On inscrivait les noms hébreux de Dieu sur les amulettes magiques. Voir t. iii, figures 216-248, col. 1225-1226. Dans une formule copte d’exécration, conservée à la bibliothèque Bodléienne,
173. — Poupées magiques en plomb, trouvées à Tell-Sandahanna.
D’après le Palestine exploration fund, Quarterly Statement,
1900, p. 332.
on lit les noms plusieurs fois répètes : Adonai, Eloe, Eloï, Jao, Sabaoth, Emanuel, El. Cf. W. E. Crum, dans la Zeitschrift fur âgyptische Spraxhe, t. xxxiv, 1897, p. 85-89. La kabbale juive eut en grande faveur les recettes et les pratiques magiques. En prononçant certains noms ou certains mots tirés de la Sainte Écriture, ou en les écrivant sur des amulettes, on pouvait s’assujettir les démons, guérir les malades, éteindre les incendies, etc. Cf. Munk, Palestine, Paris, 1881, p. 520 ; Karppe, Étude sur les origines et la nature du Zohar, Paris, 1901, p. 76-79, 273-278, 506-526 ; H. Leclercq, Adjuration, dans D. Cabrol, Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, Paris, 1903, t. i, col. 529532. — Il existe une abondante littérature sur la magie juive ; voir principalement Brecher, Dos Transcendentale, Magie und magische Heilarten in Talmud, Vienne, 1850 ; Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 306-316 ; Paul Scholz, Gôtzendienst und Zauberwesen bel den alten Hebrâern und den benachbarten Vôlkern, Ratisbonne, 1877 ; D. Joël, Der Aberglaube und die Stellung des Judenthums zu demselben, dans les Jahresber. des jùdisch.-lheol. Seminars zu Breslau, 1881, 1883 ; Rob. Smith, On the forms of divination and magie enumerated Dent., xviii, 10, 11, dans le Journal of Philology, 1885, t. xiii, p. 273-287 ; t. xiv, p. 113128 ; Schwab, Les coupes magiques et l’hydromancie dans l’antiquité orientale, dans les Proceedings of the Society of Bibl. Archxol., 1890, t. xii, p. 292-342 ; 1891, t. xiii, p. 583-595 ; R. Slûbe, Jkdisch-babylonische Zauber texte, Halle, 1895 ; W. Davies, Magic, Divination and Demonology among the Hebrews, in-16 ; Londres (1898) ; L. Blau, Dos altjûdische Zauberwesen, Strasbourg,
E. Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes 3e édit, , t. iii, 1898, p. 294-304.
IV. Là MAGIE CHEZ LES GRECS ET LES ROMAINS. —
1o Des pays d’Orient, la magie passa de bonne heure dans les contrées occidentales. L’usage des amulettes, à inscriptions magiques pour détourner toutes sortes de périls, se rencontre partout. Voir Amulette, t. i, col. 527-531. Les lettres éphésiennes et les lettres milésiennes étaient célèbres sous ce rapport. Cf. Clément d’Alexandrie, Stromat., v, 8, t. IX, col. 72 ; Wessely, Ephesia grammata aus Papyrus-Rollen, Inschriften, Gemmen, etc. gesammelt, Vienne, 1886 ; Griechischer Zauberpapyrus, novae papyri magicæ, Vienne, 1893. Voir t. i, fig. 129, col. 528. On a trouvé à Carthage, dans une tombe romaine du 1er ou du IIe siècle, une lame de plomb avec une inscription par laquelle on invoque un démon pour qu’il empêche un certain nombre de chevaux, dont les noms sont transcrits, de gagner aux courses. Voir t. H, col. 1366, fig. 491. Les objets de ce genre abondent. La magie faisait partie intégrante des Cultes officiels de la Grèce et de Rome. Les philtres, les objets magiques, la nécromancie, les immolations d’enfants dont on offrait les entrailles aux dieux infernaux, la communication avec les démons, toutes les variétés de la magie, en un mot, étaient d’usage courant. Cf. Dôllinger, Paganisme et Judaïsme, trad. J. de P., Bruxelles, 1858, t. iii, p. 289-299. Tacite, Annal., ii, 69, parle des procédés magiques employés pour procurer la mort de Germanicus ; on retrouva sur le sol et sur les murs des restes de corps humains, des incantations et des formules pour le vouer aux dieux infernaux, le nom de Germanicus écrit sur des lamelles de plomb, des mélanges de cendre et de sang corrompu, et d’autres maléfices pour livrer les vies aux divinités de l’enfer. Dans toutes les formules magiques, il était souverainement important d’appeler les dieux ou les démons par les noms qui leur plaisaient et de ne s’écarter en rien des textes consacrés, si inintelligibles qu’ils fussent. Cf. Philosophumena, édit. Cruice, IV, iv, p. 93-113 ; A. Maury, La magie et l’astrologie dans l’antiquité et au moyen âge, Paris, 1860 ; Horst, Von der alten und neuen Magie Vrsprung, Idée, Umfang und Geschichte, Mayence, 1820 ; Ennemosei 1, Geschichte der Magie, 2e édit., Leipzig, 1844 ; Eliphas Levi, Dogme et rituel de la haute Magie, 2 in-8o, Paris, 1856 ; Schûrer, Geschichte des jûdisch. Volk. im Zeit. J. C, t. iii, p. 294304. — 2o Il n’est guère fait, dans le Nouveau Testament, qu’une seule allusion à la magie grecque. À Éphèse, à la suite des tentatives malheureuses des fils du Juif Scéva pour chasser les démons par le nom de Jésus, un grand nombre d’habitants renoncèrent aux pratiques magiques. Ils étaient ta roptepya itpalâvrec, « pratiquant les choses magiques, » cf. Dion Cassius, lxix, 11, idée qui est affaiblie dans la Vulgale : curiosa sectati, « poursuivant les choses curieuses. » Ils apportèrent leurs formulaires magiques et en brûlèrent une quantité qui fut estimée à cinquante mille deniers. Act., xrx, 19 ; cf. C. Ortlob, De Ephesiorum libris curios. combust., dans le Thésaurus de Hase et Iken, t. ii, p. 705-714. — Sur la jeune fille de Pbilippes qui avait un esprit de divination, Act., xvi, 16, voir Python.
- MAGISTRIS##
MAGISTRIS (Siméon de), commentateur italien, né à Serra en 1728, mort à Rome en 1802. Entré à l’Oratoire de Rome, il s’y adonna spécialement à l’étude des langues orientales. Pie VI le nomma évêque de Cyrène in partibus et le chargea de la correction des livres liturgiques des Églises orientales. On lui doit la plus belle édition de Daniel qui ait été faite : Daniel secundum Septuaginta ex tetraplis Origenis, nunc primum editus, ex singulari Chisiano Codice annorum supra 1300, grœce et latine, in-f », Rome, 1774. Le P. de Magistris y a ajouté plusieurs dissertations, le commen taire de Daniel attribué à saint Hippolyte martyr ; des fragments du livre d’Esther en chaldéen, du canon des Écritures de Papias, etc. A. Ingold.
- MAGOG##
MAGOG (hébreu : Mâgôg ; Septante : Ma-{ivy), fils de Japhet. Il est nommé entre Gomer, qu’on regarde généralement comme désignant les Gimériens, et Madai, c’est-à-dire les Mèdes. Gen., x, 2 ; I Par., i, 5. — 1o Dans Ézéchiel, xxxviii, 2, Gog est roi de Magog. Voir Gog, t. iii, col. 265. Dieu doit envoyer le feu au pays de Magog, Ezech., xxxix, 6. Josèphe, Ant.jud., i, vi, 1, et saint Jérôme, In Ezech., 1. XI, t. xxv, col. 356, traduisent Magog par Scythes. Mais ce mot dans le langage des anciens est à peu près aussi vague que Magog, si ce n’est qu’il désigne les peuples situés au nord et à l’est du Pont-Euxin. Magog serait donc un peuple du nord. Si Gog est le personnage qui, d’après Fr. Lenormant, est appelé dans le récit des guerres d’Assurbanipal Gâgu bel er Sa’hi, « Gôg, roi des Scythes, » l’étymologie donnée par Josèphe serait confirmée. Fr. Lenormant, Les origines de l’Histoire, Paris", 1882, t. ii, p. 461. Mais d’autre part nous savons que les Scythes avaient fait, à la fin du vif siècle avant J.-C, une formidable invasion en Asie Mineure. Descendus des montagnes du Caucase, ils s’étaient emparés de Sardes, puis de la Médie, avaient battu Cyaxare, roi des Mèdes, et s’étaient dirigés vers l’Egypte. Psanmétique Ier était parvenu à les éloigner à force de présents. Revenant sur leurs pas, ils avaient pillé le temple d’Ascalon, puis avaient été battus et détruits, laissant après eux le souvenir de leurs dévastations. F. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, p. 748 ; G. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, 1899, p. 350-354, 471-474, 480. Magog peut donc désigner les Scythes établis en Asie, comme Gomer les établissements des Gimmériens dans cette même région. Voir Gomer, t. ii, col. 270. — 2o Magog, est cité avec Gog dans l’Apocalypse, xx, 7. À la fin du monde, Satan sortira de la prison où il aura été renfermé pendant mille ans, pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre Gog et Magog, afin de les rassembler pour la guerre. Ces deux noms n’ont pas ici une signification ethnique, ils représentent en général les ennemis de l’Église.. E. Beurlier.
- MAGRON##
MAGRON (hébreu : Migrôn ; Septante : MaySâv, I Reg., xiv, 2 ; MaY£36ci>, Is., x, 28). Ce nom se lit deux fois dans l’Écriture. Il est raconté, I Reg., xiv, 2, que lors d’une guerre contre les Philistins, dans les premiers temps de son règne, « Saùl se tenait à l’extrémité de Gabaa (Gib’dh), sous le grenadier de Magron. » — Environ trois siècles plus tard, Isaïe, prophétisant l’invasion de Sennachérib en Palestine, décrit ainsi la marche du roi d’Assyrie : « Il vient à Aïath, il traverse Magron, il laisse ses bagages à Machmas, [ses soldats] franchissent le défilé, ils couchent à Gaba (Ge’ba’) ; Rama (hà-Râmâh) tremble ; Gabaa (Gib’âh) de Saùl prend la fuite. » Is., x, 28-29 (d’après l’hébreu). — Une première question qui se pose au sujet de ces deux passages, c’est de savoir s’il s’agit d’un seul Magron. On admet assez communément aujourd’hui que le Magron de Saùl n’est pas le même que celui d’Isaïe, parce que le prophète place Magron plus au nord que ne le fait l’historien de Saùl, non pas à côté de Gabaa, mais plus haut entre Aïath (Haï, t. iii, col. 399) et Machmas (col. 507). La situation du Magron de Saùl ne peut être précisée. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 185-187, la cherche à Khirbet el-Mighram, à un quart d’heure de marche à l’ouest de Schafat. Les ruines d’El-Mighram « couvrent un plateau en partie livré à la culture. Des amas de matériaux provenant de constructions renversées jonchent le sol. Une enceinte rectangulaire, longue de quarante pas environ et bâtie avec des blocs assez grossièrement taillés, est encore en partie debout… Çà et là, plusieurs citernes 571
MAGRON — MAHANAÏM’572
pratiquées dans le roc ». V. Guérin, Samarie, t. 1, p. 185. On identifie le Magron d’Isaïe avec les ruines de Makrûn, situées au nord de Machmas, sur la route de Haï. Voir K. Bædeker, Palestine et Syrie, Leipzig, 1893, p. 121. Cependant ce nom manque dans la grande carte anglaise de la Palestine. F. Vigouroux.
- MAHALATH##
MAHALATH (hébreu : Mahâldf), nom de deux femmes dans le texte hébreu. La Vulgate écrit le nom de l’une d’entre elles Mahalath et l’autre Maheleth, Ce même mot se lit dans le titre de deux Psaumes. Voir Maëleth.
1. MAHALATH, femme d’Ésaû. Voir MahÉLETH 1.
2. MAHALATH (Septante : MooXaft), fille de Jérimoth et la première des dix-huit femmes de Roboam, roi de Juda, qui était son cousin. II Par., xi, 18. Son père était un des fils de David et par conséquent frère de Salomon, le père de Roboam. Voir Jérimoth 7, t. iii, col. 1299. D’après un certain nombre de commentateurs, Mahaiath aurait eu pour mère ou grand’mère « Abihaïl, fille d’Éliab, fils d’Isaï », et elle aurait eu trois fils, Jéhus, Somoria et Zoom. Ils suppléent la conjonction i, « et, » devant Abihaïl et traduisent : « Roboam épousa Mahalath, fille de Jérimoth, fils de David et d’Abihaïl, fille d’Éliab, fils d’Isaï. » Les Septante et la Vulgate, au contraire, font d’Abihaïl la seconde femme de Roboam et la mère de Jéhus, de Somoria et de Zoom. Leur traduction paraît plus naturelle et mieux fondée. II Par., xi, 18-19.
- MAHALON##
MAHALON (hébreu : Mahlôn, « malade [ ?] ; » Septante : Macàwv), fils aîné d’Élimélech et de Noémi, de la tribu de Juda et de la ville de Bethléhem. Une famine ayant obligé ses parents à se réfugier dans le pays de Moab, ils l’y emmenèrent avec son frère Chélion, et il y épousa, après la mort de son père, une femme moabite appelée Ruth, tandis que son frère Chélion en épousait une autre appelée Orpha. Ils moururent jeunes l’un et l’autre dans ce pays, au bout de dix ans. Ruth, i, 1-5 ; îv, 10. Booz devint l’héritier d’Élimélech et de ses deux fils en épousant Ruth, veuve de Mahalon. Ruth, iv, 9-10.
- MAHANAÏM##
MAHANAÏM (hébreu : Mahânaïm ; avec hé local : Mahânâimah, « les deux camps » ou « les deux troupes » ; Septante : Maavai’v, III Reg., iv, 14 ; Mavai[i, II. Reg., xvii, 24, 27 ; Mowaéii, II Reg., ii, 8, 12 ; Maâv, Jos., xiii, 26, 30 ; Kajuv, Jos., xxi, 37 (hébreu, 38) ; ils traduisent par napE^oXa ! , « les camps, » Gen., xxxii, l ; TC « pE[160Xri, « le camp, » II Reg., ii, 29 ; III Reg., ii, 8 ; la Vulgate écrit le nom Mahanaim, Gen., xxxii, 1 ; Manaim, Jos., xiii, 26, 30 ; xxi, 37 ; III Reg., iv, li, elle le traduit par castra, « les camps, » II Reg., ii, 8, 12, 29 ; xvii, 21, 27 ; III Reg., ii, 8), ville lévitique de la tribu de Gad. La version syriaque l’appelle Mahanim. Dans Josèphe, Ant. jud., VII, i, 3, ce nom est transcrit Màva-Xtv ou MâvaXtç, « selon les Grecs, » ajoute-t-il, IIape[iëoXai, nom qu’il emploie ordinairement ensuite.
I. Origine et situation. — Jacob, à son retour de la Mésopotamie, s’étant séparé de Laban, à l’entrée des monts de Galaad, t< s’en alla par le chemin qu’il avait pris et les Anges du Seigneur vinrent à sa rencontre. Quand il les eut vus, il dit : C’est le camp (mahânéh) de Dieu et il appela ce lieu du nom de Mahânaïm, c’est-à-dire camp, » ajoute la Vulgate. Gen., xxxii, 1-3. Josèphe, en son récit parallèle, Ant. jud., i, XX, néglige le nom hébreu ; il se contente de<lire : Il (Jacob) appela ce lieu « l’armée de Dieu », QsoC <xTpa-Ô7csêov. — De l’ensemble du récit, il apparaît que Mahânaïm se trouvait au sudouest du Hauran, dans les anciens monts de Galaad, aujourd’hui le Djebelvdjlûn, et au nord du Jaboc que Jacob franchira pour se diriger sur Sichem après avoir campé à Mahânaïm. Gen., xxxii, 22. Cette localité était
sur la frontière de Gad et de Manassé oriental. Jos., xiii, 26, 30. — L’histoire du combat dans lequel périt Absalom, fils de David, l’indique à l’est ou au nord-est de la forêt d’Éphraïm. II Reg., xvii, 24 ; xvtn. — Aucun ancien écrivain ne donne de renseignements plus précis sur la situation de cette ville. Un midrasch postérieur à la clôture du Talmud remplace Mahânaïm par le nom Rimas, Ritmàs ou Dimàs, endroit tout à fait inconnu, Midrasch Yalkout, II Sam., xvii, 24. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud. Paris, 1868, p. 250. Estôri ha-Parchi, au xiiie siècle, est le premier auteur connu jusqu’ici qui ait donné une identification de cette localité. Dans Caftor va-Phérach, édit. Luncz, Jérusalem, 1897, p. 311, il s’exprime ainsi : « Mahânaïm, [c’est] Mahnéh. Mahânaïm esta l’est de Bethsan, en ligne droite, à une demi-journée. À une heure, vers le sud, est la ville appelée El-Estêb, que l’on dit être la patrie du Thesbite. Au nord de cet el-Estêb, se trouve une rivière dont les eaux coulent été et hiver et sur les rives de laquelle se trouvent des jardins et des vergers : on l’appelle ouadi’l-Yabâ’s. » Mafrnéh auquel fait allusion l’écrivain juif n’a pas changé de nom depuis ; il se trouve en effet à trois kilomètres et demi environ vers le sud-Ouest de la ruine appelée par les Arabes Lestib ou Lesteb que l’on voit au pied du sommet nommé Mar-Elids (voir t. iii, fig. 6, col. 53) et considérée par tous les habitants du Djébel-Adjlûn comme la patrie du prophète Élie. Lesteb se trouve lui-même à une distance à peu près égale de l’ouadi’l-Ydbis, tenu pour l’ancien Carith. Mahnéh est en effet à l’orient (au sud-est) de Beisân, la Bethsan biblique. Le village de Fârâh, dont le nom peut rappeler celui d’Éphraïm qui a dû donner son nom à la forêt où périt l’infortuné fils de David, se trouve à six kilomètres environ de Lesteb, vers l’ouest. La situation d’el-Mahnéh, non moins que son nom, correspond certainement aux indications de la Bible. Sa condition seule pourrait laisser quelque doute sur son identité avec la ville de Mahânaïm qui semble s’être élevée plus tard à l’endroit où campa Jacob après s’être séparé de Laban son beau-père.
IL Description. — Le nom de Khirbet Mahnéh ou simplement Mahnéh (fig. 174) est donné à une petite colline couverte de ruines, resserrée entre deux monts qui la dominent au nord-est et au sud, et s’avançant sur la vallée appelée elle-même ouadi Mahnéh. La vallée court du sud-est au nord-ouest pour aller se ramifier à l’ouadi Yâbis dans le voisinage de Ba’oûn. La colline et tous les alentours étaient, en 1890, recouverts d’une épaisse forêt de chênes et de térébinthes pour la plupart plusieurs fois séculaires, à l’exception d’une étroite clairière où le ga ?on épais et frais qui tapissait la terre, annonçait le voisinage d’une source. Les grands arbres ont disparu et sont remplacés, là où le sol n’a pas été complètement dénudé, par des buissons assez clairsemés. La ruine ressemble à la plupart de celles de la région : c’est un amas confus de pierres à peine équarries et de quelques pans de murs grossiers. L’étendue du khirbet est à peine d’un hectare en superficie. Au-dessus de la colline, à l’est, et dans le flanc de la montagne dont elle est la prolongation s’ouvrent plusieurs tombeaux d’apparence antique, creusés dans le roc. Non loin un cercle de pierres est désigné sous le nom d’eS-Seih el-Mahnaûy et considéré comme le tombeau de ce personnage. — La source, ’Ain Mahnéh, est à deux cents pas au nordouest du khirbet et dans la vallée ; elle jaillit assez abondante au milieu d’un bassin circulaire autour duquel sont disposées plusieurs auges de pierre rongées par le temps, dans lesquelles les bergers viennent abreuver leurs troupeaux (fig. 175). Cette source est la première que l’on rencontre dans la montagne en venant de l’orient et l’on comprend qu’elle ait pu inviter Jacob à planter sa tente en cet endroit.
III. Histoire. — Jacob paraît avoir séjourné un temps
assez long â Mahanaïm. C’est de là qu’il semble avoir envoyé ses messagers à son frère Ésau résidant en Séir, pour l’avertir de son retour de Mésopotamie, et là aussi vraisemblablement qu’il attendit leur retour. Gen., xxxiii, 1-6. — Mahanaïm faisait partie à l’arrivée des Israélites, du royaume de Basan, gouverné alors par le roi Og ; aussitôt après la conquête, elle fut attribuée par Moïse à la tribu de Gad, désignée pour résidence aux lévites de la famille de Mérari et une des quatre villes de refuge de la Transjcrdane. Jos., un, 26-30 ; xxi, 37-38. Il semble de là, que dès lors il y avait en cet endroit une ville qui prit le nom donné à cette localité par Jacob. — Saùl et son fils aîné Jonathas étant tombés sur le champ de bataille, aux monts de Gelboé, Abner cousin du roi et
même à la porte de Mahanaïm la nouvelle de l’issue de la bataille. On sait comment, en apprenant bi mort d’Absalom, il se laissa aller à la plus amère douleur et comment, repris durement par Joab, il sécha ses larmeset revint à la porte recevoir les hommages de ses fidèles sujets. Il attendit à Mahanaïm que les principaux de Juda vinssent le rappeler et le ramener à Jérusalem. II Sam. (II Reg.), xvii, 24 ; xix, 15. — Lorsque Salomon divisa le pays d’Israël en douze préfectures, la Transjordane en eut trois : une au sud du Jaboc et deux au nord. Mahanaïm fut le chef-lieu de la prélecture occidentale du nord qui devait comprendre à peu près tout le district d’Adjloûn. Elle fut confiée à Ahinadab, fils d’Addo. III Reg., iv, 14. Il n’es’t plus parlé da
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174. — Khirbet Mafynéh. D’après une photographie de M. L. Heidet.
chef de son armée, redoutant sans doute les Philistins et peut-être aussi David aussitôt acclamé roi, à Hébron, par la tribu de Juda, persuada à Isboseth, fils de Saûl, de s’établir à Mahanaïm. Isboseth y fut reconnu pour roi par tout Galaad, c’est-à-dire par tout le peuple de la Transjordane et par les autres tribus occidentales. II Sam. (II Reg.), ii, 8-10. Mahanaïm devint ainsi la capitale du premier royaume d’Israël. C’est de Mahanaïm deux ans après que partit Abner pour porter la guerre à l’occident, contre le compétiteur du fils de Saûl. Battu à Gabaon par Joab, il regagna Mahanaïm avec les débris de sa troupe. II Reg., ii, 17, 29. Isboseth régna sept ans à Mahanaïm et y fut assassiné par les deux bérothains Baana et Réchab. II Reg., iv, 6. — Quelques années plus tard, David, fuyant devant son fils révolté Absalom, vint à son tour chercher un refuge à Mahanaïm. Il y fut assisté par Sobi, fils de Nalias, roi des Ammonites, et par plusieurs Galaadiles, parmi lesquels se distingua Berzellaï de Rogelim. Le roi organisa la troupe des fidèles qui 4’avaient accompagné ou rejoint, mais après en avoir confié le commandement à Joab, il attendit lui Mahanaïm dans la suite. Mafrnéh n’a point d’histoire. IV. Difficultés pour l’identification. — Au souvenir de ces faits, en présence de Mahnëh, on se demande : comment une localité d’apparence si commune a-t-elle pu être choisie pour résidence royale et capitale d’Israël, par Abner et par. Isboseth ? comment dans des conditions si peu aptes à en faire une ville de défense David et les siens menacés par les troupes d’Absalom ont-ilspu la prendre pour le lieu de leur refuge ? comment d’ailleurs cette localité si restreinte aurait-elle pu accueillir les uns et les autres avec leur suite ? Dans l’état de* choses où nous vivons aujourd’hui et avec nos conceptions, l’identité stricte de Mafjinéh avec Mahanaïm doit nous paraître en effet inadmissible ; tout ce que l’on pourrait concéder, ce serait, ce semble, l’identité des noms, que Mafynéh procède traditionnellement de l’autre. Malynéh, établi dans la région de Mahanaïm, peut avoir pris d’elle son nom ; ou bien, après la destruction de leur ville ses habitants ont pu, comme le fait s’est reproduit en maints endroits, transporter son nom à la nouvelle localité rebâtie un peu plus loin pour remplacer
l’ancienne. L’identité stricte est toutefois moins difficile à accepter, si l’on se met dans les conditions dans lesquelles se trouvaient les anciens, au xie siècle avant l’ère chrétienne. Les villes fortes d’Israël étaient en réalité des villages, souvent fort petits, protégés seulement par un mur assez rustique, avec une porte, comme on en voit encore plusieurs aujourd’hui en Palestine. Gabaa, le village d’origine de Saûl, en tout semblable aux autres, n’avait point cessé jusqu’à sa mort d’être la capitale d’Israël. Les détails sur les circonstances de la mort de son fils et successeur, Isboseth, nous montrent sa demeure, à Mahanaïm, dans les conditions d’une simple maison de villageois. II Reg., iv, 5-6. Si l’on excepte Jérusalem où David s’était fait construire par les Phéniciens,
tentes pour s’abriter en dehors des villes, quand ils ne préféraient pas rester en plein air. Dans ces conditions il n’y a pas à exiger de Mahnéh ce que l’on pourrait demander à des villes de garnison ou aux capitales de notre époque.
Les palestinologues du reste, depuis que Seetzen, en 1806, leur a signalé la survivance du nom de iS.alj.neh, conviennent que ce nom doit être, celui de Mahanaïm légèrement altéré dans sa finale et que son site pourrait être (bien que la plupart nous l’affirment catégoriquement, ils ne connaissent l’endroit que par ouï. dire) celui même de Mahanaïm. Voir Seetzen, Reisen durch Pai&stina, in-8°, Berlin, 1854, 1. 1, p. 385 ; S. Merill, East of the Jordan, 2e édit., in-8°, New-York. 1883, p. 355,
175. — La fontaine de Hafynéh. D’après une jhotographie de M. L. Hcidet.
II Reg., v, 11, une habitation plus luxueuse et où il avait commencé à s’entourer d’un personnel plus nombreux, l’aspect des autres villes du royaume n’avait point changé : les détails de l’histoire et les constatations faites sur l’emplacement des cités bibliques les plus célèbres et les plus importantes nous en assurent pleinement. Mahnéh d’ailleurs est situé à l’arrière, à l’orient des ravins rocheux, profonds et escarpés qui déchirent les premiers plans des montagnes de l’Adjloûn, du côté du Ghôr ; ces monts étaient jadis comme naguère encore d’immenses et inextricables forêts de chênes où en abattant quelques arbres on pouvait fermer tous les passages mieux que par les fossés les plus larges et les tours les plus élevées ; Isboseth et David pouvaient chercher là une retraite plus sûre que dans la forteresse la plus puissante et munie de défenseurs nombreux. Ni l’un ni l’autre n’avaient à installer alors une milice régulière et permanente ; leurs armées étaient composées de masses de paysans accourus pour la circonstance, apportant avec eux, ainsi que le pratiquent encore aujourd’hui les Arabes Bédouins, leurs provisions et leurs
433 ; Rich. von Riess, Biblische Géographie, in-f°, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 60 ; Id., Bibelvtlas, m-i", ibid., p. 19 ; de Saulcy, Dictionnaire topographique abrégé de la Terre-Sainte, in-12, Paris, 1877, p. 217 ; Van Kasteren, Bemerkungen àber einige alte Ortschaften in Ont Jordanland, dans la Zeitschrift der deutschen Palàstina-Vereins, t. xiii, 1890, p. 205 ; Schurer, ibid, , t. xx, p. 2 ; Armstrong, Names and Places in the Old Testament, in-8°, Londres, 1887, p. 187 ; Conder, Heth and Moab, in-8°, Londres, 1889, p. 177-180 ; Guthe, Géographie des Alten Palâstina, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 257. L. Heidft.
- MÀHANÉH-DAN##
MÀHANÉH-DAN (hébreu : Mahanêh-Ddn ; Septante : IIap£[ioo)ài Adcv ; Vulgate : Castra Dan, « camp de Dan » ), nom donné à une localité située près età l’ouest de Cariathiarim, t. ii, col. 273. Elle fut ainsi appelée parce que les Danites y campèrent, lorsqu’ils se rendirent du sud de la Palestine dans le’nord pour s’emparer de la ville de Laïs. Jud., xviii, 12. Mahanéh-Dan était situé entre Saraa et Esthaol, Jud., xiii, 25, et faitait
primitivement partie, par conséquent, de la tribu de Juda, Jos., xv, 33, mais cette portion du territoire avait été cédée à la tribu de Dan. Jos., xix, 41. On ne saurait fixer avec plus de précision le site de Mahanéh-Dan. Conder, Palestine, Londres, 1889, p. 258, le marque dans l’ouadi el-Mutluk. C’est à Mahanéh-Dan que l’esprit de Dieu commença à agir dans Samson. Jud., xiii, 25. Quelques commentateurs ont voulu faire sans raison du Mahanéh-Dan de Samson et de celui dont il est parlé dans l’histoire de la campagne des Danites contre Laïs deux localités différentes. Voir Esthaol, t. ii, col. 1971.
- MAHARAÏ##
MAHARAÏ (hébreu : Mahârai, <a prompt ; » Septante : Noepé, II Reg., xxiii, 28 ; Mapaî ; I Par., xi, 30 ; Alexandrinus : Moopot’i ; Sinaiticus : Nepeé), un des vaillants soldats (gibbôrîm) de David. Il était de Nétophat, ville de la tribu de Juda, II Reg., xxiii, 28 ; I Par., xi, 30, à laquelle il appartenait comme descendant de Zaraï (hébreu laz-zarlyï) ou Zara. David fit de lui un des douze chefs de son armée ; il commandait à vingt-quatre mille hommes, chargés du service pendant le dixième mois de l’année. I Par., xxvii, 13. Dans ce dernier passage, le nom de Maharaï est écrit dans la Vulgate Marai et dans les Septante, Merjpâ ; Alexandrinus : Moopat
- MAHATH##
MAHATH (hébreu : Mahaf ; Septante : MaâG), nom des deux Lévites et d’un ancêtre de Notre-Seigneur.
1. MAHATH, Lévite de la branche de Caath, fils d’Amasaï et père d’Elcana, un des ancêtres d’Héman, chef de chœur du temps de David. I Par., vi, 35 (hébreu, 20). Il n’est probablement pas différent, d’après plusieurs interprètes, de l’Achimoth du ꝟ. 25 (hébreu, 11), mais les versets 25-26 paraissent altérés et il est très difficile de rétablir la leçon originale primitive.
2. MAHATH, Lévite, fils d’Amasaï, de la branche de Caath. Il vivait du temps d’Ézéchias et fut l’un de ceux qui purifièrent le Temple sous le règne de ce roi. II Par. xxxix, 12. Ézéchias le nomma plus tard, avec quelques autres, sous-intendant des revenus du Temple. II Par., xxxi, 13.
3. MAHATH, fils de Mathathias et père de Naggé, de la tribu de Juda, un des ancêtres de Notre-Seigneur. Luc, iii, 26.
- MAHAZIOTH##
MAHAZIOTH (hébreu : Mahâzïôt ; Septante : Me « ijiif ) ; Alexandrinus : Maaïiu>6), Lévite, le plus jeune des quatorze fils d’Héman, de la famille de Caath. Il vivait du temps de David et fut le chef de la vingt-troisième division des musiciens du sanctuaire. I Par., xxv, 4, 30.
1. MAHÉLETH (hébreu : Mahâlat ; Septante : M « e>16), fille d’ismaël et troisième femme d’Ésaù, dont elle était la cousine. Le frère de Jacob l’épousa dans l’intention de faire plaisir à son père Isaac, qui lui avait vu de mauvais œil prendre ses deux premières femmes parmi les filles de Chanaan. Gen., xxviii, 6-9. Dans la Genèse, xxxvi, 3, Mahéleth est appelée Basemath. Voir Basemath % 1. 1, col. 1492. Le Pentateuque samaritain porte Mahâlat dans les deux passages.
2. MAHÉLETH, mot hébreu conservé dans le titre du Ps. lxxxvii, 1, par la Vulgate. Voir Maëleth.
- MAHER-SCHALAL-KHASCH-BAZ##
MAHER-SCHALAL-KHASCH-BAZ (hébreu : Mahêr sâtâl hâS baz), nom symbolique et prophétique donné à un fils d’Isaïe. Les Septante le traduisent de la manière suivante : ToO o^iiùç 7rpovofiT|V 7roirixat (TxtjXwv, Is., viii, 1 ; Ta^soiç (rx-JÏeuaov, & ! U10( irpov&fjieuaov, Is., VIII, 3 ; et la Vulgate : Velociter spolia detrahe, cito preedare, Is., viii, 1 ; Accéléra spolia detrahere, festina prædari,
s., viii, 3, « Hâte-toi d’enlever les dépouilles, prend
vite le butin. » Dieu commanda au prophète d’écrire
sur une tablette, avec un burin d’homme, c’est-à-dire en
écriture intelligible : Mahêr idlàl hâs baz. Et un (ils
étant né à Isaïe, Dieu lui dit : « Donne-lui pour nom
Mahêr sdlâl hds baz, car avant que l’enfant sache dire :
mon père, ma mère, on portera les richesses de Damas
et les dépouilles (iâlal) de Samarie devant le roi d’Assyrie,
il Is., viii, 1-4. Le Seigneur annonçait ainsi à Achaz
et à son peuple, épouvantés par la coalition qu’avaient
formée contre eux Rasin, roi de Damas, et Phacée, roi
d’Israël, qu’ils ne devaient point s’effrayer, puisque ces
deux princes allaient être battus et dépouillés par le roi
d’Assyrie. En effet, peu après, Rasin fut défait et tué
par Théglathphalasar, IV Reg., xvi, 9, et le royaume de
Phacée fut ravagé par le même prince, qui emmena
captifs une partie des habitants de la Palestine du Nord.
IV Reg., xv, 29. — Les noms propres hébreux, étant
toujours significatifs, se prêtent aisément aux allusions
prophétiques, comme dans cet oracle d’Isaïe. Nous en
trouvons d’autres exemples dans Is., vii, 3 (Se’âr Ydsûb),
et dans Osée, son contemporain. Voir Lo-Ammi, Lo-Ruchamah,
col. 317, 363.
- MAHIDA##
MAHIDA (hébreu : Mefridâ’; Septante : Maa8â, I Esd., ii, 52 ; MiSâ, II Esd., vii, 54 ; Alexandrinus et Sinaiticus : MeeiSâ), chef d’une famille de Nathinéens, dont les descendants revinrent de la captivité de Babylone en Palestine avec Zorobabel. I Esd., ii, 52 ; II Esd, , vu, 54.
- MAHIR##
MAHIR (hébreu : Mehir, « prix de vente ; » Septante : Majc’p), fils de Caleb (hébreu : Kelûb), le frère de Sua, de la tribu de Juda. Il eut pour fils Esthon. I Par., iv, 11. Voir Caleb 3, t. ii, col. 59.
- MAHOL##
MAHOL (hébreu : Màhol ; Septante : Ma), ; Alexandrinus : ’A(*a8), père des trois sages Héman, Chalcol et Dorda, auxquels Salomon était supérieur en sagesse. III Reg., IV, 31 (hébreu, v, 11). Le mot mâhôl, en hébreu, signifie « danse ». Ps. xxx, 12 ; cxlix, 3 ; cl, 4 (texte hébreu). De là vient que divers interprètes prennent mâfyôl pour un nom commun et non pour un nom propre, et traduisent, en conséquence : « Héman, Chalcol et Dorda, pères de la danse, » c’est-à-dire, d’après eux, par hébraïsme, habiles à conduire des chœurs de danse, musiciens célèbres. Cf. Frd. Keil, Die Bûcher der Kônige, 2e édit., 1876, p. 45. On allègue en faveur de cette explication que Chalcol et Dorda sont appelés fils de Zara et non fils de Mahol, dans I Par., ii, 6 cependant, comme dans le passage de III Reg., iv, 31 rien n’indique que le roi Salomon soit présenté comme musicien et chorège et qu’au contraire la comparaison porte sur la sagesse de ce prince, la plupart des commentateurs regardent Mahol comme un nom d’homme. Voir Chalcol, Dorda, t. ii, col. 505, 1492 ; Héman 2, t. iii, col. 587.
- MAHUMITE##
MAHUMITE (hébreu : ham-Mafiâvîm ; Septante : 6 Maou ; Alexandrinus : ô Maweîv), surnom d’Êliel, un des vaillants soldats de David. I Par., xi, 46. Mahâvîm paraît être un nom ethnique, désignant la patrie d’Éliel, mais la forme plurielle de ce mot est irrégulière et semble altérée. On croit communément que Mafrâvim signifie « originaire de Mahanaïm » ou Manaïm. Jos., xiii, 26. Il faudrait donc lire : ham-Ma/fanîmî. Voir Éliel 5, t. ii, col. 1677.
- MAHUS Jean##
MAHUS Jean, d’Oudenarde, commentateur néerlandais, frère mineur, enseigna les saintes Lettres dans le couvent de son ordre à Louvain. Sa réputation de vertu et de science le fit nommer premier évêque de Daventry ; mais son grand âge le contraignit à refuser cette
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dignité, et il passa les derniers jours de sa vie dans la retraite. Les Gueux, ayant envahi Daventry, s’emparèrent de lui, et, après mille outrages et supplices, le laissèrent mort sur une des places de la ville, en l’an 1572. Il avait donné au public : 1. Epitome annotationum in Novum Testamentum, ex quinta et ultima editione Erasmi Roterodami, in-8°, Anvers, 1538 ; 2. Compendium commentariorum Francisa Titelmani, minoritx, in Psalmos, Anvers ; 3. In Epistolas D. Pauli Epitome, dont les bibliographes ne décrivent pas l’édition ; 4. Divi Joannis Chrysostomi in Evangelia secundum Matthxum commentaria, ab Arianorum fœce purgata. Cet ouvrage xonsiste en 54 homélies, et fut imprimé à Anvers en 1537. Une autre édition sortit des mêmes presses en 1645 ; une 3e fut donnée à Paris ; 5. Il revit et collationna l’Exposition de saint Bonaventure sur saint Luc, dans les mss. des couvents de frères mineurs de Louvain, Bruxelles, Gand et Utrecht. Elle fut imprimée à Anvers en 1539, en un volume in-8°, que les bibliographes franciscains signalent d’après le catalogue de la Bibliothèque royale de Paris. Elle fut réimprimée à Venise en 1574, en un volume in-8°, qui renfermait aussi les Commentaires du même docteur sur les Lamentations de Jérémie. Cette édition fut surveillée et annotée par le Frère Mineur Jean Balain ou Balagni.
P. Apollinaire.
- MAIER Adalbert##
MAIER Adalbert, exégète catholique allemand, né à Villingen, en Bade, le 26 avril 1811, mort à Fribourgen-Brisgau le 29 juillet 1889. Après avoir fait ses études dans ces deux villes, il fut ordonné prêtre le 27 août 1836 et reçu docteur le 8 novembre de la même année. Il avait été élève de Léonard Hug. Il commença dans l’été de 1837 à faire un cours d’exégèse à l’université de Fribourg sur l’Ancien ot le Nouveau Testament et il célébra en 1886 le jubilé de son long enseignement. Voici la liste de ses* œuvres : Exegetisch-dogmatische Entwickelurigder neutestamentlichen Begriffe von Zo>rç, ’Avdirraoïç und Kpimç, in-8°, Fribourg, 1840 ; Commentar ûber dos Evangelium des Johannes, 2 in-8°, Fribourg, 1843-1845 ; Commenta ? ûber den Brief Pauli an die Rômer, in-8 Fribourg, 1817 ; Einleitung in die Schriften des Neuen Testaments, in-8°, Fribourg ; 1852 ; Commentai- ûber den ersten Brief Pauli an die Korinther, in-8°, Fribourg, 1857 ; Commentar ûber den Brief an die Hebràer, in-8°, Fribourg, 1861 ; Commentar ûber den zweiten Bref Pauli an die Korinther, ïn-8, Fribourg, 1865. — Voir Frdk. von Weech, Badische _Bio<7rapÂi « vn-8°, Karlsruhe, t. iv, 1891, p. 254-258.
MAILLE. Voir Cotte de mailles, t. ii, col. 1056.
- MAJMAN##
MAJMAN (hébreu : Miyâmin ; Septante : Meïajiîv), prêtre de la famille d’Éléazar. Il vivait du temps de David et fut le chef de la sixième classe sacerdotale, lorsque le roi divisa les enfants d’Aaron en vingt-quatre groupes. I Par., xxiv, 9.
- MAIMOUNI##
MAIMOUNI, vulgairement : MAIMONIDE Moïse, ou Mose ben Maimon, théologien et exégète juif, né à Cordoue le 30 mars 1135, mort le 13 décembre 1204. On le désigne souvent sous le nom de Rambam, composé des initiales des mots : Rabbi Moïse Ben Maïmon. Après avoir erré en divers pays avec sa famille, il se rendit en 1165 en Palestine et plus tard en Egypte. Il s’y établit à Fostat (vieux Caire), où il fit des cours publics et devint médecin du sultan. Les Juifs le regardent comme le plus grand de leurs rabbins et l’appellent « la Lumière de l’Orient et de l’Occident ». Il s’attacha surtout à commenter le Tahnud. Ses principaux ouvrages sont : le Yod hazakah ( « main forte » ) ou Mischnah Thorah ( « seconde loi » ), 2 in-f », sans lieu ni date, exposition systématique des doctrines religieuses du judaïsme (rééditions à Soncino, 1490 ;
Constantinople, 1509, etc.) ; le Dalalat al-Haïrin (Guide des égarés), écrit en arabe et plus connu sous le nom de Moréh Nebouchim, titre qui lui fut donné par Tob ben Joseph, qui le traduisit en hébreu. Cette version parut d’abord sans lieu, ni date, puis in-f°, à Venise, 1551 ; in-4°, Berlin, 1791 ; in-f », Paris, 1520 ; in-4°, Bâle, 1629 (par Buxtorf) avec traduction latine. S. Munk en a donné l’édition suivante : Le guide des égarés, traité de théologie et de philosophie, publié pour la première fois dans l’original arabe et accompagné d’une traduction française et de notes critiques, littéraires et explicatives, 3 in-8°, Paris, 1856-1866. Maimonide écrivit cet ouvrage pour un de ses disciples, afin de lui apprendre comment il faut, entendre les locutions de l’Ecriture Sainte qui s’éloignent de l’usage ordinaire et ne doivent pas s’expliquer dans le sens littéral. — Voir Béer, Leben und Wirken des Maimonides, Prague, 1844 ; Stein, Moses Maimonides, in-8°, La Haye, 1846 ; S. Munk, Mélanges de philosophie juive et arabe, in-8°, Paris, 1859, p. 461 ; Abr. Geiger, [Moses ben Maimon, in-8°, Rosenberg, 1850 ; J. Mûnz, Die Religionsphilosophie des Maimonides, in-8°, Berlin, 1887 ; L. Bardowicz, Die rationale Schriftauslegung des Maimonides, in-8°, Rerlin, 1893 ; W. Bâcher, Die Bibelexegese Moses Maimûni’s, in-4°, Strasbourg, 1897 ; Ad. Jellinek, Bibliographie de Maimonide (eu hébreu), in-8°, Vienne, 1893.
1. MAIN (hébreu : yâd, kaf, <t le creux de la main, » hofnaîm, « les deux mains formant le creux, » qomés et so’al, « la pleine main, » la poignée, téfah, « la paume de la main, » mesure, voir Palme ; chaldéen : pas ; Septante : vsip ; Vulgate : manus, palma ; la main droite : yâmîn, Ssixtâ, dextera ; la main gauche : èem’ol, àptÇxspâ, sinislra), organe s’articulant à l’extrémité du bras de l’homme, composé de la paume et de cinq doigts, et servant au toucher, à la préhension, etc. Voir Bras, t. i, col. 1909 ; Doigt, t. ii, col. 1461.
I. Au sens propre. — 1° La main est très souvent nommée dans la Sainte Écriture, à propos de toutes sortes d’actes. Gen., xxvii, 22 ; Exod., iv, 4 ; Jos., viii, 18 ; IReg., ii, 13 ; Is., xiii, 8 ; Dan., x, 10 ; Matth., viii, 3 ; Act., iii, 7. — 2° La loi ordonnait de couper la main à la femme qui avait commis un acte honteux désigné par le texte sacré. Deut., xxv, 12. — Au temps de Judas Machabée, la tête et la main coupées de Nicanor furent apportées à Jérusalem. II Mach., xv, 30, 32. Chez les anciens, tant Égyptiens que Chaldéens, on coupait la main des prisonniers ou des morts et l’on en faisait le dénombrement après la bataille. Cf. Champollion, Monuments de l’Egypte et de la Nubie, pi. xix, ccxxii ; Rosellini, Monumenti storici, p. xciv, cxxxii, cxxxv
176. — Dénombrement des mains coupées après la bataille.
Thèbea. Du temps de Ramsès II.
D’après Champollion, Monuments d’Egypte, pi. ccxxii.
(Gg. 176). — Baltassar vit apparaître une main mystérieuse qui traçait des signes sur la muraille de, son
palais. Dan., v, 5, 24. — Antiochus fit couper les mains aux frères Machabëes. II Mach., vii, 4, 7, 10. — Judas mettait la main au plat, quand Notre-Seigneur le dénonça. Matth., xxvi, 23 ; Marc., xiv, 20 ; Luc, xxii, 21.
— Saint Paul, après avoir été renversé et aveuglé sur le chemin de Damas dut être conduit par la main, Act., îx, 8, et c’est à sa main qu’une vipère s’attacha dans l’Ile de Malte. Act., xxviii, 3. — On se servait de la main pour souffleter. Matth., xxvi, 67. Voir Soufflet.
— _Sur les ablutions des mains chez les Juifs, voir Laver (Se) les ma.ins, col. 136. — 3° La main formant le creux, kaf, ou les deux mains réunies de manière à former cavité, ftofnaîm, devenaient des récipients en certaines occasions. On pouvait ainsi porter de la cendre, Exod., ix, 8, de la poussière, III Reg., xx, 10, de l’orge, Ezech., xiii, 19, des charbons ardents, Ezech., x, 2, 7, de la farine, III Reg., xvii, 12, des parfums, Lev., xvi, 12, de l’huile, Lev., xiv, 15, etc. — Les trois cents hommes que Gédéon prit avec lui s’étaient contentés de boire l’eau du torrent dans le creux de leur main. Jud., vii, 6. — Le creux delà main ne serait propre ni à mesurer les eaux, Is., XL, 12, ni à recueillir le vent. Prov., xxx, 4. — La main pleine ou poignée, qomés, Lev., ii, 2 ; v, 12 ; vi, 8, quelquefois les deux mains pleines, hofnaim, Eccle., iv, 6, supposent l’abondance. Pendant sept années, au temps de Joseph, la terre d’Egypte rapporta liqemâsîm, « à poignées, » c’est-à-dire abondamment, SpâYiuxxa, manipulas. Gen., xli, 47. Une récolte maigre, au contraire, est celle qui n’emplit pas une poignée. Ps. cxxix (cxxviii), 7. — 4° Quand Jéroboam voulut faire saisir le prophète qui maudissait l’autel idolâtrique de Bethel, sa main se dessécha et fut paralysée ; mais, à la prière du prophète, elle fut bientôt guérie. III Reg., xiii, 4-6. — Un jour, dans une synagogue, se trouva en présence de Notre-Seigneur, un homme qui avait une main desséchée, liftâ, arida. Matth., xii, 10-13 ; Marc, iii, 1-5 ; Luc, vi, 6-10. Saint Jérôme, In Matth., II, xii, t. xxvi, col. 78, rapporte que, d’après l’Évangile des Nazaréens et des Ébîonites, cet homme était tailleur de pierres. Il aurait ainsi formulé sa prière : « J’étais tailleur de pierres, gagnant ma vie avec mes mains. Je le prie, Jésus, de me rendre la santé, pour que je n’aie pas la honte de mendier ma nourriture. » Sa main était desséchée et atrophiée par suite d’une paralysie locale qui empêchait la nutrition et le mouvement dans ce membre. Cependant, sur l’ordre du Sauveur, cet homme eut assez de foi pour mouvoir et étendre la main, et il fut guéri. — 5° Par analogie, le nom de « mains », yadôt, àfnwvfcrxot, incastraturx, est donné à des crochets ou tenons qui doivent, comme des mains, soutenir les ais du tabernacle, Exod., xxvi, 17, 19 ; xxxvi, 22, 24, et aux essieux, -/etpeç, axes, des roues des bassins d’airain, qui retenaient les rayons, comme des mains. III Reg., vii, 32, 33.
II. Au sens figuré. — 1° Comme la main est un des principaux instruments de l’action chez l’homme, elle figure le pouvoir d’agir, Eccli., xxxviii, 35, la puissance, Jos., viii, 20 ; Jud., vi, 13 ; I Par., xviii, 3 ; Ps. lxxvi (lxxv), 6 ; Is., xxviii, 2 ; Jer., xii, 7 ; I Reg., iv, 3 ; II Reg., xiv, 16, etc. ; la force qui soumet et châtie, I Reg., xxiii, 17 ; Ps. xxi (xx), 9 ; Lam., 1, 7, etc. — 2° De là, un certain nombre d’expressions qui se rencontrent souvent. La « main avec » quelqu’un figure l’accord, le concours, etc. Exod., xxiii, 1 ; I Reg., xxii, 17 ; Il Reg., iii, 12 ; IV Reg., xv, 19, etc. La « main contre » quelqu’un marque au contraire l’hostilité et le mal fait à un autre. Gen., xxxvil, 27 ; Deut., xiii, 9 ; Jos., h, 19 ; IReg., xviii, 17, 21 ; xxiv, 13, 14 ; II Reg., iii, 12 ; IV Reg., xv, 19, etc. — Être « dans la main », c’est être avec quelqu’un, Gen., xxxii, 14 ; xxxv, 4 ; Num., xxxi, 49 ; Deut., xxxiii, 3 ; Jer., xxxviii, 10, etc., ou en son pouvoir, Gen., ix, 2 ; xiv, 20 ; xxxii, 17 ; xlii, 37 ; Exod., IV, 21 ; II Reg., xviii, 2 ; III Reg., Xiv, 27 ; IV Reg., x,
24 ; II Par., xxv, 20 ; Job, viii, 4 ; Sap., iii, 1 ; Matth., xxvi, 45, etc., sous sa direction. I Par., xxv, 2, 3, 6 ; II Par., xxiii, 18 ; xxvi, 11, 13, etc. Ce qui se fait « sans la main » d’un autre se fait sans son aide ou son concours. Job, xxxiv, 20 ; Dan., ii, 34 ; viii, 25 ; Lam., iv, 6. « Par la main » signifie par l’intermédiaire ou le ministère de quelqu’un. Num., xv, 23 ; 1Il Reg., xii, 15 ; II Par., xxix, 25 ; Esth., i, 12 ; Is., xx, 2 ; xxxvii, 24 ; Jer., xxxvii, 2 ; Act., v, 12 ; vii, 25 ; xi, 30 ; xix, 11, etc. C’est « de la main » de quelqu’un qu’on reçoit, « de la main » d’un ennemi qu’on est délivré. Gen., ix, 5 ; xxxm, 19 ; Exod., xviii, 9 ; I Reg., xvii, 37 ; Ps. xxii (xxi), 21 ; Job, v, 20 ; Is., xlvii, 14, etc. — 3° « Mettre la main » sur quelqu’un, c’est s’emparer de lui. Luc, xx, 19 ; xxi, 12 ; Joa., vii, 30, 44 ; Act., iv, 3 ; xii, 1, etc. « Mettre en main, » c’est donner le pouvoir de disposer d’une chose. Joa., iii, 35 ; xiii, 3. Être « sous la main », c’est être à la disposition de quelqu’un, I Reg., xxi, 4, être tout préparé. Job, xv, 23. « Selon la main » signifie selon la manière. III Reg., x, 13 ; Esth., i, 7 ; ii, 18. Il suit de ce qui précède que la « main courte » marque la faiblesse ou l’impuissance. Num., xi, 23 ; Is., l, 2 ; ux, 1, etc. — 4° Comme les mains. sont aux deux côtés du corps, « à la main » veut encore dire à côté, ou près, à portée de quelque chose. Exod., ii, 5 ; Deut., Il, 37 ; I Reg, , xix, 3 ; Jer., xlvi, 6, etc. « Des deux mains » ou des deux côtés signifie en long et en large. Gen., xxxiv, 21 ; Ps. civ (cm), 25. Les mains d’un meuble sont ses panneaux latéraux, III Reg., vii, 35, et celles d’un siège sont ses côtés. I Reg., x, 19 ; II Par., ix, 18. Les mains désignent’encore le rang, Num., ii, 17, l’emplacement, Deut., xxiii, 12(13) ; Is., lvii, 8, les parties ou divisions. Gen., xlvii, 24 ; IV Reg., xi, 7 ; II Esd., xi, 1 ; Dan., i, 20. — 5° Les mains servant à l’accomplissement de la plupart des actions, on appelle « œuvres des mains » le travail, Gen., v, 29 ; xxxi, 42 ; Tob., Il, 19 ; Job, I, 10 ; Ps. xc (lxxxix), 17 ; cxxviii (cxxvii), 2, et les biens matériels qu’il rapporte. Prov., xxxi, 16, 31. On donne le même nom aux actes d’ordre moral, Prov., xii, 14, bons, Judith, xiii, 7, ou mauvais. III Reg., xvi, 7 ; Ps. ix, 17 ; Jer., xliv, 8 ; Apoc, ix, 20. C’est pourquoi le Seigneur conseille de couper la main, si elle est une occasion de tentation ou de chute, Matth., v, 30, ce qui signifie qu’il faut sacrifier ce à quoi on tient le plus, quand l’intérêt du salut l’exige. La pureté des mains consiste à ne point commettre d’actions mauvaises. Gen., xx, 50 ; xxxvii, 27 ; Ps. xviii (xvii), 21. Dans le cas contraire, on a l’iniquité ou l’injustice dans les mains. Job, xvi, 17 ; xxxi, 7 ; Ps. xxvi (xxv), 10 ; Is., lix, 6 ; Jon., m, 8. — Les idoles sont appelées « œuvres de la main des hommes », par opposition avec le Dieu incréé et créateur. Deut., xxvii, 15 ; Ps. cxiv (cxiii), 4 ; Rar., vi, 50 ; Act, , vii, 41, etc. — 6° Dans saint Paul, I Cor., xii, 15, 21, la main, partie du corps, figure tel ou tel fidèle, partie du corps mystique de l’Église.
III. Au sens symbolique. — Certains gestes de la main ont, naturellement ou par convention, un sens symbolique en harmonie avec les idées ou les sentiments qu’ils expriment. — 1° La main sur la bouche, comme pour la fermer, signifie le silence qu’on entend garder r oa imposer. Job, xxi, 5 ; xxxix, 34 ; Prov., xxx, 32 ; Sap., viii, 12 ; Eccli., v, 14. On fait aussi un geste de la main pour imposer le silence et l’attention à une assemblée. Act., xii, 17 : xxi, 40 ; xxvi, 1. Mettre ses mains sur sa tête, comme si l’on y recevait un coup grave, est un signe de grande douleur. II Reg., xiii, 19 ; Jer., H, 37. On bat des mains soit par moquerie, Nah., ni, 19 ; Lam., ii, 15, soit pour marquer la joie et l’admiration. IV Reg., xi, 12 ; Judith, xiv, 13 ; Ps. xlvii (xlvi), 2 ; xcvm (xcvii), 8. Pour conclure un contrat, on frappe dans la main de celui avec qui l’on traite. Prov., vi, 1 ; xi, 15 ; xvii, 18 ; xxii, 26. Donner la main marque parfois qu’on s’engage, qu’on fait alliance ou qu’on se
soumet. IV Reg., x, 15 ; I Par., xxrx, 24 ; II Par., xxx, 8 ; I Esdr., x, 19 ; Lam., v, 6 ; Ezech., xvii, 18. Une vie qu’on tient entre ses mains est une vie exposée, que l’ennemi peut ravir. Jud., xii, 3 ; I Reg., xxviii, 21 ; Job, xiii, 14 ; Ps. cxix (cxviii), 109. On lève la main pour faire serment. Gen., xiv, 22 ; Deut., xxxii, 40 ; Dan., xii, 7. On l’étend pour s’emparer injustement de ce qui est à d’autres. Exod., xxii, 8 ; I Mach., xiv, 31. Se croiser les mains, Prov., vi, 10 ; xxiv, 33 ; Eccle., iv, 5, les cacher dans le plat, ou dans son sein, comme traduisent les versions, Prov., xix, 24 ; xxvi, 15, c’est faire acte de paresse. Tendre la main, c’est appeler du secours. Jer., l, 15. Regarder aux mains des autres indique qu’on attend d’eux une aumône, Eccli.. xxxiii, 22, ou des ordres. Ps. cxxm (cxxii), 2. Baiser la main constitue une marque de respect. Eccli., xxix, 5. Enfin l’expression ydd leyâd, « la main à la main, » Prov., xi, 21 ; xvi, 5, signifie simplement : certes, assurément.
— 2° D’autres expressions analogues s’emploient pour les choses religieuses. Telles sont « mettre la main sous la cuisse, » voir Jambe, t. iii, col. 1114 ; « imposer les mains, » voir Imposition des mains, t. iii, col. 847. Remplir les mains de quelqu’un, c’est le consacrer par
xv, 6 ; Ps. xviii (xix), 36 ; cxviii (cxvii), 16 ; cxxxvii (cxxxvi), 5 ; Is., xlviii, 13 ; lxii, 8 ; Act., ii, 33 ; Apoc, il, 1, etc. À droite se tient celui qui prête secours. Ps. xvi (xv), 8 ; cix (cvin), 31 ; ex (cix), 5 ; cxxi (cxx), 5. C’est avec la main droite qu’on fait alliance. I Mach.. xi, 50 ; xiii, 45 ; II Mach., iv, 34 ; xii, 11 ; Gal., ii, 9, etc.
— Par contre, c’est aussi la place de l’accusateur. Ps. cix (cviii), 6 ; Zach., iii, 1, et parfois de l’ennemi. Job, xxx, 12 ; Ps. xci (xc), 7. — 4° La gauche est le côté de ce qui est inférieur ou mauvais. Au dernier jugement, les boucs, qui figurent les méchants, sont placés à gauche. Matth., xxv, 33. Tandis que l’esprit du sage est porté vers sa droite, limînô, c’est-à-dire vers le bien, l’esprit du sot est porté vers sa gauche, li&m’olô, c’est-à-dire vers le mal. Eccle., x, 2. Le premier sait ce qu’il fait et le fait bien, le second agit gauchement et mal. Les enfants ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, c’est-à-dire le bien du mal. Jon., iv, 11. On a donné différents sens au mot’abrêk, que les coureurs égyptiens criaient devant Joseph. Gen., xiii, 43. Voir Abrek, t. i, col. 90. D’après J. Lieblein, dans les Proceedings of the Society of Biblical Archseology, 1898, p. 2Û2-120, le mot hébreu ne ferait que repro 177. — Assyriens priant les mains étendues. Cylindre antique. D’après F. Menant, Empreintes de Cylindres assyriens, pi. ii, fig. 8.
le sacerdoce. Exod., xxviii, 41 ; xxix, 9 ; Lev., xxi, 10. Emplir ses mains pour le Seigneur signifie lui offrir des dons. Exod., xxxii, 29 ; I Par., xxix, 5 ; II Par., xiii, 9 ; xxix, 31. On élève les mains pour bénir, Luc, xxiv, 50, et surtout pour prier (fig. 177), ce geste semblant approcher du Dieu qui est au ciel la main du suppliant. Exod., xvii, 11 ; Deut., xxxii, 40 ; III Reg., viii, 22 ; Ps. lxiii (lxii), 5 ; cxxxiv (cxxxm), 2 ; Il Mach., xiv, 34 ; I Tim., ii, 8, etc. On étend également les mains, soit pour bénir, Gen., xlviii, 14, soit pour prier. Ps. lxxxviii (lxxxvii), 10 ; Is., 1, 15 ; Jer., xv, 6 ; Soph., i, 4 ; I Mach., xii, 39.
IV. La droite et la gauche. — 1° La droite marque souvent un côté, Exod., xxix, 22 : Ps. lxxiii (lxxii), 23 ;
III Reg., vii, 39 ; Jer., xxii, 24 ; Ezech., x, 3, etc., et la gauche l’autre côté. III Reg., vii, 49 ; Gen., xiii, 9 ; xiv, 15 ; xxiv, 49 ; Jud., iii, 21 ; Ezech., xxxix, 3, etc. — 2° À droite et à gauche signifie partout, Is., lit, 3 ; Zach., xii, 6 ; I Mach., v, ~46, et ni à droite, ni à gauche veut dire nulle part. IÎ Reg., xiv, 1, 9. On peut s’écarter à droite ou à gauche. I Reg., vi, 12. Le faire, ait sens moral, ce n’est pas suivre la ligne droite du. devoir. Num., xx, 17 ; Deut., ii, 27 ; v, 22 ; xvii, 20 ; Jos., i, 7 ;
IV Reg., xxii, 2 ; Prov., iv, 27 ; Is., xxx, 21, etc. —3° La droite est la place de la puissance, de l’autorité, du bien, etc. La reine est à la droite du roi. III Reg., ii, 19 ; Ps. xlv (xliv), 10. C’est la place que le Père éternel assigne à son Fils incarné. Ps. cx(cix), 1 ; Matth., xxvi, 64 ; Marc, xiv, 62 ; Act., vii, 55, Col., iii, 1, etc. Le fils préféré de Jacob est appelé Benjamin, « le fils de la droite, » Gen., xxxv, 18, « l’homme de la droite. » Ps. lxxx(lxxix), 18. C’est à la droite du Souverain Juge que seront placés les bons, figurés par les brebis. Matth., xxv, 33. La main droite est oridinairement celle qui fait acte de puissance, de bonté, etc. Gen., xlviii, 18 ; Exod.,
duire le mot égyptien j’J, *- » * =>, ab-reh, s à gauche,
toi ! » invitant les allants et venants à prendre leur gauche sur leur chemin pour laisser le milieu libre. C’est ainsi qu’au Caire, aujourd’hui encore, on crie devant les grands personnages simalak ! « à ta gauche ! » Cf. Lane, Marinera and Customs of the modem Egyptiaiis, t. i, p. 209 ; Levesque, dans la Revue biblique, Paris, 1899, p. 418. W. Spiegelberg, dans Orient. Litterarische Zeilung, 1903, p. 318, croit que’abrêk veut simplement dire : « Attention ! Prenez garde ! » Il se fonde sur deux passages dans lesquels le mot égyptien’br-k paraît avoir ce sens. — 5° David avait à son service des guerriers ambidextres, qui se servaient également bien des deux mains pour lancer des pierres et tirer de l’arc I Par., xii, 2. Les Scythes faisaient de même, et Platon, Leges, vii, trad. Grou, Paris, 1845, p. 299, 300, aurait voulu qu’on apprit aux enfants à devenir adroits des deux mains dans tous les exercices physiques. Aod, Jud., iii, 15, et sept cents frondeurs de la tribu de Benjamin étaient gauchers, Jud., xx, 16, bien que les versions présentent ces derniers comme ambidextres.
— 6° Comme les Hébreux se tournaient habituellement vers le soleil levant, le sud était pour eux à droite et s’appelait yâmîn, I Reg.., xxiii, 19 ; II Reg., xxiv, 5 ; Ps. lxxxix (lxxxviii), 13 ; Job, xxiii, 9, le nord à gauche et s’appelait sem’nl. Gen., xiv, 15 ; Job, xxiii, 9. V. La main de Dieu. — 1° La main de Dieu n’est autre chose que l’exercice de sa puissance souveraine sur les hommes et sur le monde. Exod., xiv, 31 ; Job, xxvil, 11. Cette main est lourde, I Reg., v, 6, 11, quand elle châtie ou éprouve. Exod., vii, 4 ; Deut., ii, 15 ; Jud-, n, 15 ; Ruth, i, 13 ; II Reg., xxiv, 14 ; Is., x, 10 ; Ezech., xm, 9 ; Am., i, 8 ; Act., xiii, 11 ; Heb., x, 31, etc. Cette main puissante, Deut., ix, 26 ; xxvi, 8 ; Jos., iv, 25 ;
I Pet., v, 6, répand ses bienfaits sur l’homme et lui assure son aide quand elle est avec lui, Luc, i, 66, ou quand elle se repose sur lui. II Par., xxx, 12 ; I Esd., vu, 6, 9, 28 ; viii, 18, 22, 31 ; II Esd., ii, 8, 18 ; Is., i, 25 ; Zach., xiii, 7, etc. Elle se repose encore sur certains hommes pour leur communiquer l’esprit prophétique. III Reg., xviii, 46 ; IV Reg., iii, 15 ; Is., viii, 11 ; Ezech., i, 3 ; iii, 14, 22 ; viii, 1 ; xxxvii, 1, etc. — 2° Les mains du Fils de Dieu fait homme devaient être percées. Ps. xxii (xxi), 17. Cf. Zach., xiii, 6, et Lion, t. iii, col. 278.
II les montra en cet état après sa résurrection. Luc, xxiv, 39, 40 ; Joa., xx, 20-27. — Sur la « main » dans le sens de stèle ou de monument commémoratil, voir Main d’Absalom. H. Leséthe.
2. MAIN D’ABSALOM (hébreu : yâd’dbsâlôm ; Septante : jçelp’Aêeacayû)i. ; Vulgate : manus Absalom), nom du monument ou massébéf qu’Absalom s’était érigé de son vivant dans la Vallée du Roi. II Reg., xviii, 18. Le massébéf était une stèle, gt^Xïi, titulus, une pierre dressée sur laquelle on pouvait graver une inscription. D’après Josèphe, Ant. jud., VII, x, 3, « Absalom s’était érigé dans la Vallée royale une colonne de marbre, (TC^Xriv Xt’60u [iapp-ocpivou, placée à deux stades de Jérusalem, qu’il appela sa main, î8(av xe’P « i disant que, si ses fils périssaient, son nom du moins resterait sur cette colonne. » Il y avait donc vraisemblablement une inscription sur cette stèle. Cf. C. Erdmann, De monumento Absalomi, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. i, p. 685-692. Le monument appelé aujourd’hui Tombeau d’Absalom, bien que lui aussi à deux stades de Jérusalem, ne saurait être confondu avec la stèle primitive, tant à raison de son importance que de son architecture très postérieure. Voir Absalom, t. i, col. 98, et de Saulcy, Voyage autour de la Mer Morte, Paris, 1853, t. H, p. 291-295 ; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 199-200. Il se peut que lastèle ait été élevée à cet endroit et remplacée plus tard par un monument plus considérable, de style qui accuse soit l’enfance, soit la décadence de l’art. — Mais pourquoi ce nom de « main » attribué par Absalom à sa stèle ? Déjà Saûl s’était érigé sur le Carmel une yâd, yùç>, que la Vulgate appelle fornix triumphalis, « arc de triomphe. » I Reg., xv, 12. Dans Isaïe, lvi, 5, le Seigneur promet de donner dans sa maison, à ceux qui lui seront fidèles, yâd vâiêm, tôtioç 6vo[j.a<rr6ç, locus et nomen. Le mot yâd peut en effet avoir aussi le sens d’emplacement, Deut., xxiii, 12 (13) ; Is., lvii, 8. bien que dans ce dernier passage le sens de stèle ne soit pas absolument improbable. Il n’est pas à croire que dans l’expression « main d’Absalom », le mot yâd ait le sens d’ouvrage, par substitution de la cause à l’effet. Cette explication ne conviendrait pas aux autres passages. On a retrouvé bon nombre d’anciennes stèles puniques au sommet desquelles était gravée une main. Voir t. i, fig. 238, 239, 240, col. 909, 910 ; t. ii, fig. 599, col. 1903 ; fig. 675, col. 2295 ; t. iii, fig. 75, col. 342. Cette main ouverte est dressée vers le ciel, généralement à la pointe du cippe ou de la pyramide (fig. 178). Les Arabes la peignent encore en noir sur la chaux blanche qui enduit leur maison ; elle éloigne le mauvais œil. Cf. Babelon, Manuel d’archéologie orientale, Paris, 1888, p. 282. Cette représentation a dû être traditionnelle chez les Phéniciens, et, comme ces derniers étaient les entrepreneurs des travaux d’art chez les Hébreux, on en peut conclure que les stèles de Saül et d’Absalom appartenaient à la facture phénicienne, ou que tout au moins elles l’imitaient. Il semble assez naturel dès lors que le nom de yâd ait été attribué aux cippes, aux colonnes ou aux pyramides qui portaient une main sculptée. On ne signale pas en Palestine de cippes sur lesquels soit gravée ou sculptée une main. Mais l’intention d’Absalom, en faisant dresser son monument, était manifeste, « De son vivant, Absalom s’était fait ériger un monument dans la Vallée du roi ; car il disait : Je n’ai point de fils par qui le souvenir de mon nom puisse être conservé. » II Reg., xviii, 18. Le mort, enfoui en terre, à l’abri de toute profanation, voulait encore faire figure
178. — Stèle votive de Carthage
D’après Corpus inscriptionum semiticarum,
pars. I, t. iii, pi. xlv.
parmi les vivants. La stèle funéraire perpétuait son souvenir. Les inscriptions phéniciennes présentent des formules très conformes à l’idée attribuée à Absalom : cippe élevé « de mon vivant », « cippe parmi les vivants, » « cippe mémoire parmi les vivants, » « au-dessus de la couche de mon repos éternel. » Cf. Corpus inscript, phœnic., 46, 58, 59, 116 ; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, dans la Revue biblique, 1901, p. 235.
M AIR, MAIRE, MAJOR John, théologien écossais, . né à Gleghorn en 1469, mort à Saint-Andrew vers 1550. Il vint à Paris pour terminer ses études et y obtint le titre de docteur en théologie. De retour en Ecosse, il fut nommé à une chaire de l’université de Saint-Andrew. Il revint bientôt à Paris, où il enseigna au collège de Montaigu. Vers 1530 il était de nouveau à Saint-Andrew et en 1549 il se déclarait ouvertement pour l’établissement d’une Église nationale écossaise. Parmi ses écrits on remarque : Literalis in Malthmum expositio, in-4°, Paris, 1518 ; Luculentse in IV Evangelia expositiones, in-*, Paris, 1529. — Voir G. W. Sprott, dans Dictionary
of National Biography, Londres, t. xxxv, 1893, p. 386.’1. MAISON (hébreu : bâît, bêt, à l’état construit, analogue à l’assyrien bîtu ; Septante : otxîa, oi’xoç ; Vulgate : dortius), construction destinée à servir d’habitation. Sur l’habitation des nomades, ’ohél, voir Tente.
I. Au sens propre. — 1° La maison désigne d’abord l’habitation de l’homme. Il en est très fréquemment question dans la Bible. Gen., xix, 2 ; Num., xxx, 11 ; Deut., xxii, 20, etc. Quelquefois une. maison, par suite de sa situation, peut être envahie par une moisissure malsaine, appelée « lèpre des maisons ». Lev., xiv, 35
55. Voir Lèpre, col. 186. — 2° Elle est parfois le palais ou l’habitation des rois ou des grands personnages. Gen., su, 15 ; Jer., xxxrx, 8 ; Matth., xi, 8 ; etc. Voir Palais. — 3° La maison de Dieu est le Tabernacle, Jud., xviii, 31 ; xix, 18, etc., ou le Temple, III Reg., vi, 5, 37 ; vii, 12 ; Joa., ii, 16 ; Matth., xxi, 13, etc. Voir Tabernacle, Temple. — 4° Par extension, on donne en hébreu le nom de « maison » à des endroits qui ont des destinations assez variées : celui où l’on boit et où l’on mange, Esth., vii, 8 ; Dan., v, 10 ; celui dans lequel on enferme les prisonniers, Is., xlii, 22 ; Jer., xxxvii, 15 ; le harem. Esth., ii, 3, etc. L’Egypte est appelée très souvent la « maison de servitude », parce qu’elle a été le séjour dans lequel la nation a fini par subir le joug de l’esclavage. Deut., v, 6, 13, etc. La « maison du deuil » est celle dans laquelle le malheur a fait entrer le deuil. Eccle., vii, 3 ; Jer., xvi, 5, etc. Le se’ôl, le tombeau, le séjour des morts, est la maison où doivent se rendre tous les vivants, Job, xvii, 13 ; xxx, 23, la « maison d’éternité », Eccle., xii, 5, le téito ; aïuvtoç, « le lieu éternel. » Tob., iii, 6. Cf. Ps. xlix (xlviii), 12.
— 5° Par analogie, le corps de l’homme est appelé la « maison d’argile » de l’âme, Job, iv, 19, sa « maison terrestre ». II Cor., v, 1. — 6° On appelle aussi « maison » la demeure des animaux, celle de l’araignée, Job, vin, 14, de la teigne, Job, xxvii, 18, de l’onagre, Job, xxxix, 6, du passereau, Ps. lxxxiv (lxxxiii), 4, de la cigogne. Ps. civ (cm), 17. — 7° Par métonymie, la maison désigne encore l’ensemble des objets qu’elle renferme. Gen., xv, 2 ; Exod., i, 21 ; Esth., viii, 1 ; Matth., xii, 29, etc. Les scribes dévoraient les maisons des veuves, sous prétexte d’y prier. Marc, xii, 40 ; Luc, xx, 47 ; cf. II Tim., iii, 6. — 8° Le mot « maison » sert parfois à nommer des choses qui n’ont qu’un lointain rapport avec une habitation. Ainsi Néhémie appelle Jérusalem « la maison des tombeaux de mes pères ». II Esd., ii, 3. On attribue ce^iom à un large fossé, III Reg., xviii, 32, à un espace libre entre deux murailles, Ezech., xli, 9, à un croisement de plusieurs chemins, Prov., viii, 2, aux boîtes renfermant des parfums. Is., iii, 20, etc. — 9° Le mot bèt entre dans la composition d’un grand’nombre de noms de lieux, Bethabara, etc. Voir, t. H, eol. 1647-1764. II a aussi donné son nom à la seconde lettre de l’alphabet hébreu. Voir Beth 1, t. ii, col. 1616. IL Au sens figuré. — 1° On donne le nom de « maison » à ceux qui l’habitent, Luc, xix, 9 ; Rom., xvi, 11 ; I Cor., i, 16 ; Phil., iv, 22 ; II Tim., i, 16, et à ^ensemble des générations qui sont sorties des premiers habitants pour constituer une famille, un peuple, ou une race. Gen., vir, 1 ; xir, 17 ; Èxod., ii, 1 ; Is., vii, 2, etc. La « maison d’Israël » se compose de tout le peuple hébreu. Exod., xvi, 31 ; Lev., x, 6, etc. La m maison de David » comprend toute la descendance de ce roi, à laquelle appartient le Messie. III Reg., xii, 16, 19, 20, 26 ; Luc, i, 27 ; ii, 4. Après le schisme, « la maison de Juda » et la « maison d’Israël » désignent les deux royaumes divisés. Jer., xi, 10 ; xxxi, 27 ; Hel>., viii, 8, etc. A cause de ses infidélités, le peuple hébreu constitue une « maison révoltée ». Ezech., ii, 5, 6, 8 ; su, 2, etc. Le peuple chrétien, au contraire, forme une « maison spirituelle ». I Pet., H, 5. — 2° On applique à la famille’et à la descendance ce qu’on dit d’une maison. C’est ainsi qu’une maison se bâtit, c’est-à-dire qu’une famille se fonde et se développe. Ruth, iv, 11 ; I Reg., n. 35 ; Pïov., xiv, 1. Quelquefois elle penche vers la mort, Prov., ii, 18, et Dieu démolit la maison des orgueilleux. Prov., v, 25.
III. Les maisons des anciens. — 1° Chez les Égyptiens. — Les maisons des Egyptiens de la classe populaire étaient faites à l’aide de simples clayonnages enduits de terre battue et de briques cuites au soleil. Elles se composaient d’une chambre unique, n’ayant d’autre ouverture que la porte. Le signe hiéroglyphique qui désigne
la maison, ii, donne une juste idée de cette simplicité. Chez les plus aisés, l’unique chambre était plus vaste et l’on y dressait un ou plusieurs troncs d’arbres pour
étayer le plafond. Un autre signe hiéroglyphique, ||| montre une construction étayée par un tronc d’arbre fourchu. Dans les villes, les maisons bourgeoises, assez petites d’ailleurs, étaient construites en briques. Elles se composaient de plusieurs chambres, voûtées ou recouvertes d’un toit plat, et communiquant par des portes ordinairement cintrées. Quelques-unes atteignaient deux ou trois étages (fig. 179). Toutes étaient munies d’une
179. — Maisons égyptiennes.
D’après Boussac, Le tombeau A’Anna, dans les Mémoires de la
mission française du Caire, 1896, t. xviii, fasc. 1, pi. xi.
terrasse, sur laquelle on se tenait une bonne partie du temps, spécialement les nuits d’été pour y dormir en plein air. Le logis abritait à la fois la famille, les animaux, les provisions, et tous les objets qui constituaient l’avoir des propriétaires de la maison. On cachait avec soin ce qu’on possédait de plus précieux. Les collecteurs d’impôts, et les voleurs, quand ils le pouvaient, ne se privaient pas de sonder les murs, d’éventrer les plafonds et de défoncer le sol de l’habitation pour y trouver le trésor. À l’intérieur des chambres, le crépi de boue gardait habituellement sa teinte grise. D’autres fois on couvrait les murs d’une couche de chaux, de rouge ou de jaune, et même on les ornait de représentations plus ou moins artistiques. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, 1895, p., 53, 316-319. C’est dans des maisons de ce genre, appropriées au climat du pays, mais de la construction la plus simple, que les Hébreux habitèrent durant leur long séjour dans la terre de Gessen.
2° Chez les Chaldéens. — À l’époque de la captivité, les Israélites durent retourner dans le pays dont ils étaient originaires. Jérémie, xxix, 4, leur dit : « Bâtissez des maisons et habitez-les. » Ils s’établirent donc en Babylonie et dans les contrées environnantes ; beaucoup même y restèrent fixés après l’époque du retour. Les maisons qu’ils occupèrent ou qu’ils bâtirent étaient
180. — Maison chaldéenne à Ur des Chaldéens.
D’après Taylor, Notes on the ruina of Mugayer,
dans le Journal of the royal Asiatic Society, t. xv, p. 266.,
basses, construites en briques crues, souvent surmontées d’une espèce de dôme conique, suivant la coutume du pays. Les maisons chaldéennes qu’on a découvertes en divers endroits sont en bonnes briques, séparées par une mince couche de bitume (fig. 180). Elles n’ont qu’une porte surbaissée et cintrée, avec quelques lucarnes per
cées irrégulièrement vers le haut des murs. Lès chambres intérieures sont tantôt voûtées, et tantôt couvertes d’un plafond soutenu par des troncs de palmier. Dans les murs très épais sont pratiquées des niches étroites. Comme en Egypte, on vivait beaucoup sur le toit des maisons. Dans les maisons plus riches, on ménageait une salle basse où l’on cherchait à entretenir la fraîcheur. C. Perrot, Hist. de l’art dans l’antiquité, t. ii, 163, 448, 449 ; Maspero, Hist. ancienne, 1. 1, p. 745, 746. L’histoire de Susanne montre qu’à Babylone même certains Israélites avaient su se ménager des demeures spacieuses, capables de recevoir un bon nombre de personnes et pourvues d’un assez grand jardin. Dan., xiii, 4, 6.
3° Chez les Hébreux. — 1. En arrivant dans le pays de Chanaan, les Hébreux furent mis en possession de grandes et bonnes villes et de maisons qu’ils n’avaient pas bâties. Deut., VI, 10. Pour construire les autres maisons dont ils avaient besoin, ils employèrent les matériaux qu’ils avaient à leur portée, soit les pierres dans la partie montagneuse du pays, soit, dans les plaines, l’argile dont ils faisaient des briques cuites ou plus ordinairement séchées au soleil ; quelquefois les murailles n’étaient que d’argile mêlée de paille. Aussi les voleurs avaient-ils toute facilité pour les percer sans bruit et s’introduire à l’intérieur pendant la nuit, quand les habitants n’étaient pas sur leurs gardes. Matth., xxiv, 43 ; Luc, xil, 39. Pour les maisons plus importantes, surtout dans les villes, on employait la pierre taillée et le bois. Is., rx, 9 ; Hab., .. ii, 11. Les maisons ordinaires avaient l’apparence d’un gros cube régulier et blanchi à la chaux. L’intérieur ne formait qu’une seule pièce, sans autre ouverture que la porte, par laquelle entraient l’air et la lumière, celle-ci assez peu abondante pour qu’on fût obligé d’allumer une lampe si l’on voulait chercher une menue monnaie perdue. Luc, xv, 8. Quelques niches étaient ménagées dans la muraille pour y poser la lampe ou divers objets. Cf. Le Camus, Notre voyage aux pays bibliques, Paris, 1894, t. ii, p. 98. Sur le mobilier qui se trouvait ordinairement à l’intérieur, voir Meubles. — 2. Les maisons n’avaient presque toujours qu’un étage. Le toit se composait d’une plate-forme ou terrasse, construite avec des dalles ou de larges tuiles posées sur des solives. On y accédait par un escalier extérieur, s’élevant en maçonnerie pleine le long d’un des murs de la maison. Ces sortes de terrasses, analogues à celles des maisons égyptiennes (fig. 181) et chaldéennes, existaient déjà du temps des Chananéens. Jos., ii, 6-8, 15. La loi ordonnait aux Hébreux d’entourer d’une balustrade les terrasses qu’ils construiraient afin d’empêcher les chutes. Deut., xiii, 8. Un pareil genre de toiture n’avait pas d’inconvénient pendant l’été. Il en était autrement à la saison des pluies. Le toit laissait souvent goutter l’eau de la manière la plus désagréable. Prov., xix, 13 ; xxvii, 15. Cette disposition de la maison hébraïque explique l’histoire de la guérison du paralytique de Capharnaûm. À cause de la chaleur du jour, Notre-Seigneur enseignait à l’intérieur d’une de ces maisons qui avaient des salles plus vastes, comme celles dans lesquelles on faisait des festins. Matth., ix, 10 ; Marc, ii, 15 ; Luc, v, 29. Les porteurs du paralytique, ne pouvant entrer dans la maison encombrée par la foule, montèrent le malade par l’escalier extérieur, enlevèrent des tuiles et des solives de manière à pratiquer une ouverture suffisante et, par là, descendirent le paralytique avec son lit. Marc, ii, 4 ; Luc, v, 18, 19. La terrasse servait à des usages multiples. On s’y retirait pour prier, Act., x, 9, converser, prendre l’air, II Reg., xi, 2, dormir la nuit, se mettre à l’abri des importuns dans la tristesse et le deuil. Prov., xxi, 9 ; xxv, 24 ; Tob., iii, 10. De là-haut, il était facile de s’adresser aux passants, II Reg., xvi, 23 ; Matth., x, 27 ; Luc, xii, 3. et de voir ce qui arrivait dans les rues. Is., xxii, 1. Il fallait quelques précautions et un certain
temps pour descendre l’escalier. Matth., xxiv, 17 ; Marc, xm, 15 ; Luc, xvii, 31. On pouvait se sauver de la terrasse au moyen de cordes. Jos., ii, 15. Pendant la saison chaude, on dressait souvent une tente sur ce toit ; à la fête des Tabernacles, on y élevait des cabanes de feuillages dans lesquelles on vivait pendant huit jours. II Esd., viii, 16. La maison était assez fréquemment précédée ou entourée d’une cour, à laquelle un mur servait de clôture. On se faisait parfois enterrer dans ces dépendances de la maison. I Reg., xxv, 1 ; III Reg., u, 34 ; IV Reg., xxi, 18. — 3. Dans les villes, les maisons avaient plus d’importance. Elles étaient assez souvent bâties en pierre et comportaient plusieurs étages. A Jérusalem, le défaut de place obligeait à appuyer les maisons les unes contre les autres au-dessus des rues (fig. 182), ce qui faisait l’admiration des pèlerins juifs. Ils disaient, dans l’un des Psaumes graduels : « Jérusalem,
181. — Modèle d’une petite maison égyptienne, faisant voir la cour et la chambre haute. British Muséum. D’après Wilkinson, The Manners and Customs of the ancient Egyptians, 2e édit., t. i, p. 35t.
bâtie comme une ville dont les parties se tiennent ensemble. » Ps. cxxii (cxxi), 3. Cf. Is., v, 8. L’étage situé au-dessous de la terrasse formait une chambre haute. Quelquefois cette chambre haute était constituée par la terrasse même (fig. 183) entourée d’un treillage et recouverte d’une tente. Cette chambre s’appelle’âlîydh, àvayaiov, ûitEpwov, cœnaculum, solarium. Jud., iii, 20, 23, 25 ; III Reg., xvii, 19-23 ; IV Reg., i, 2 ; xxiii, 12 ; Jer., xxil, 13. C’est dans une chambre hauts que Notre-Seigneur fit la dernière Cène, Marc, xvi, 15 ; Luc, xxii, 12 ; que le Saint-Esprit descendit sur les Apôtres, Act., i, 13 ; que saint Pierre ressuscita Tabitha, à Joppé, Act., ix, 39, que saint Paul prêcha à Troade. Act., xx, 8, etc. Dans les maisons plus importantes, une servante était chargée d’ouvrir la porte. Act., xii, 13-15. Les personnages riches avaient maison d’été et maison d’hiyer. Jer., xxxvi, 22 ; Am., iii, 15. Ces maisons étaient parfois des palais luxueusement ornés. Voir Palais. Une maison d’ivoire était une maison décorée intérieurement de placages et de sculptures en ivoire. Ps. xliv (xlv), 9 ; III Reg., xxii, 39. Voir Ivoibe, t. iii, col. 1044. Sur les lambrissages intérieurs en bois de différentes sortes, voir Lambris, col. 40. — 4. Les propriétaires d’une maison pouvaient la louer à d’autres pour un temps. Il était permis de vendre une maison ; mais elle revenait au propriétaire primitif l’année du jubilé. Quant à celles qui se trouvaient dans des villes pourvues de murailles au temps de Josué, la vente en était définitive si le premier propriétaire ne l’avait pas 591
MAISON
rachetée dans l’année. Lév., xxv, 29-30. On ne permettait pas de démolir une maison pour faire un iardin sur son
182. — Hue couverte à Jérusalem. D’après une photographie.
emplacement, afin de ne pas diminuer le nombre des habitants. Cf. Iken, Antiquitates sacras, Brème, 1741, p. 537-540. — 5. Sur les différentes parties composantes
t. ii, col. 2202 ; Grenier, t. iii, col. 346 ; Jardin, t. iii, col. 1134 ; Latrines, t. iv, col. 125 ; Porte ; Salle a manger ; Toit. Cf. Jahn, Archseologia biblica, dans le Cursus complet. Script. Sacr., de Migne, Paris, 1852, t. ii, col. 847^54. Les cavernes, naturelles ou artificielles, ont aussi servi de tout temps d’habitation en Palestine. Voir Caverne, t. ii, col. 354.
4° Chez les Grecs et les Romains. — 1. La maison grecque occupait l’emplacement d’un rectangle allongé. Au milieu d’un des petits côtés s’ouvrait la porte, donnant accès dans un vestibule ou passage d’entrée avec des pièces de service à droite et à gauche. Venait ensuite une cour, entourée d’un péristyle, avec des chambres tout autour. C’était la partie de la maison destinée aux hommes. Un passage central donnait accès de cette première cour dans une autre, qui avait aussi son péristyle et son entourage de chambres et de dépendances. Cette seconde partie de la maison était réservée aux femmes. Au fond enfin était le jardin. Cette disposition générale variait dans le détail, selon la richesse de la famille. Les maisons grecques avaient presque toujours un premier étage, que la famille occupait et auquel elle accédait par un escalier intérieur. D’autres fois on louait cet étage à des étrangers, et, en pareil cas, des escaliers y menaient directement de la rue. Ces maisons étaient décorées plus ou moins magnifiquement. Les pauvres gens habitaient de misérables logements, composés d’une ou de deux petites pièces et quelquefois d’une troisième à l’étage supérieur, avec escalier intérieur. Lès chambres du premier se louaient aussi séparément, mais alors étaient desservies par un escalier venant du dehors. Cf. Monceaux, dans le Dict. des antiq. grecques et romaines de Deremberg et Saglio, t. H, p. 343-346. Saint Paul eut à habiter des maisons grecques, dans des conditions assez différentes, à Phihppes, chez, Lydie, Act., xvi, 15, à Thessalonique, chez Jason, Act., xvii, 5-7, à Athènes, Act., xvii, 16, à Corinthe. chez Aquila. et Priscille. Act., xviii, 2, 3. etc. — 2. La maison romaine se composait primitivement d’une enceinte formée d’un mur carrée ou rectangulaire, dans laquelle on pénétrait par une porte donnant directement sur la rue. L’intérieur était appelé atrium. Un toit régnait le long
183. — Maison antique du Hauran avec chambre haute. D’après de Vogué, Syrie centrale, t. ii, p. 52, xii, n. 2.
d’une habitation hébraïque, voir Bain, t. i, col. 1387 ; Cellier, t. ii, col. 396 ; Cénacle, t. ii, col. 399 ; Chambre a coucher, t. ii, col. 516 ; Cheminée, t. ii, col. 650 ; Ciierne, t. ii, col. 787 ; Cuisine, t. ii, col. 1146 ; Fenêtre,
des quatre murs et inclinait vers le centre ; une largeouverture rectangulaire, le compluvium, déversait les. eaux dans un bassin central ou impluvium. C’est danscet intérieur que toute la famille vivait en commun.
593
MAISON — MAISON DU BOIS-LIBAN
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Avec le temps, la maison romaine se développa. Voici en quel état apparaît, à Pompéi, la maison de Pansa (fig. 184) : Il y a d’abord l’entrée, ostium, suivie d’un vestibule, donnant accès dans Yairium ; celui-ci est entouré de chambres destinées à divers usages, avec
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184. — Maison de Pansa à Pompéi.
D’après Mazois, Les ruines de Pompéi, t. H, pi. xli-xlh.
Vimpluvium au milieu. Aulond, se trouve Je tablinum, pièce fermée par un rideau, avec deux autres pièces de réception de chaque côté. C’est dans ces pièces que le maître de la maison disposait ce qu’il avait de plus honorable et de plus digne d’être montré à ses hôtes. Un passage ménagé entre le tablinum et une ou deux des chambres latérales menait à une cour ou peristylium, entourée de chambres, munie d’un toit comme celui de l’atrium, et ayant au milieu un bassin rectangulaire, piscina, de dimensions plus grandes que celles
de l’impluvium. Une des chambres latérales, plus spacieuse, servait de salle à manger ou triclinium. Le bassin était parfois entouré d’un viridarium ou jardin dont les ombrages s’étendaient sous les galeries. Au fond du péristyle, une grande pièce appelée cecus (oî » oç, maison) formait un grand salon surélevé de quelques marches, ayant vue par de larges baies sur un grand jardin qui occupait tout le fond de la maison. Dans ce jardin s’abritaient la cuisine et le cellier. Autour de la maison et n’ayant ouverture que sur la rue sont des boutiques et des chambres qui se louaient. Il y avait assez souvent un étage supérieur occupé par les gens de la maison ou mis en location, et aussi une ferrasse, solarium, sur laquelle on prenait le frais. Les pauvres logeaient dans des maisons collectives, dans lesquelles ils prenaient à loyer une ou deux chambres étroites, quelquefois garnies des meubles indispensables. Cf. Rich, Dict. des antiq. romaines et grecques, trad. Chéruel, Paris, 1873, p. 235-238 ; Garnier et Ammann, L’habitation humaine, Paris, 1890, p. 517-564. À Rome, les premiers chrétiens connurent ces différentes espèces de maisons. Saint Paul y loua même un logement dans lequel il resta pendant deux ans. Act., xxviii, 30.
II. Lesêtre.
2. MAISON DE POUSSIÈRE (hébreu Bêt le’afrâh ; Septante : oraoç xaTa Y^wta ô|i<ôv ; Vulgate : Domus Pulveris), localité de Palestine nommée dans Michée, i, 10, et dont la version latine a traduit le nom. Voir Aphrah et Beth-Leaphrah, t. i, col. 735, 1688.
3. MAISON DES FORTS (hébreu : Bê( hag-gibbôrîm ; Septante : B(19aYY « P’|J- » Vulgate : Domus forlium), maison de Jérusalem mentionnée dans le livre de Néhémie. Le chef de la moitié du quartier de Bethsur, Néhémie, fils d’Azboc, lors de la reconstruction des murs de la capitale de la Judée, rebâtit une partie des murailles du sud de la ville jusqu’à la maison des Forts. II Esd., iii, 16. Ces « forts » sont la traduction du mot hébreu gibbôrîm. Dans l’histoire de David, ce nom de gibbôrîm désigne les guerriers qui, s’étant attachés à sa fortune, se distinguèrent par leur vaillance et leur intrépidité. Voir Armée, ii, 3°, t. i, col. 973. Quelque souvenir de ces gibbôrîm se rattachait-il à la maison mentionnée dans II Esd., iii, 16 ? On ne peut ni l’affirmer ni le nier.
4. MAISON DU BOIS-LIBAN (hébreu : bêf ya’ar hal-lebdnon ; Septante : oi’-xoç épurai toC Aiêâvou ; Vulgate : domus saltus Libani), l’un des palais bâtis à Jérusalem par le roi Salomon. Il est certain que le roi avait élevé des constructions en différents lieux de son royaume et particulièrement dans le Liban. 1Il Reg., îx, 19 ; Cant., vii, 5. Mais la maison du Bois-Liban, à raison de la place qu’occupe sa description, III Reg., vu, 1-7, ne peut être que l’une des constructions royales bâties dans la capitale et à proximité du Temple. Cf. Ezech., xi.ui, 8 ; II Esd., iii, 25.
I. Son emplacement. — Cette maison occupait, ainsi que les autres palais de Salomon, la colline d’Ophel, au sud-est du Temple. Voir Jérusalem, t. iii, col’. 13541357. Elle faisait partie d’un ensemble de constructions qu’énumère le livre sacré et qui étaient probablement espacées sur un terrain entouré d’une muraille. Les palais égyptiens se composaient d’une suite de pavillons disséminés dans des jardins protégés par des murs élevés. Cf. Lenormant, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, 1887, t. iii, p. 393. Il est assez à croire que Salomon, pour plaire à la fille du roi d’Egypte devenue son épouse, chercha à reproduire sur la plateforme de la colline d’Ophel quelque chose de ce qui se faisait sur les bords du Nil. Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 2. Trois constructions principales sont donc mentionnées : la maison du Bois-Liban, Ja maison d’habitation de Salomon dans une cour différente et enfin la maison
destinée à la reine. III fieg., vil, 2, 8. Trois groupes de bâtiments analogues se trouvaient dans les palais égyptiens : on y voyait le grand bâtiment dans lequel se tenaient les réunions officielles, les appartements privés du roi et enfin le harem ou habitation de la reine et des femmes secondaires. Cl. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, Paris, t. i, 1895, p.. 276.
II. Description. — 1° D’après le texte hébreu, la maison du Bois-Liban était « longue de cent coudées {52 m 50, en supposant qu’il est ici question de la coudée du Temple, voir Coudée, t. ii, col. 1064), large de cinquante coudées (26 m 25) et haute de trente coudées (15 I "75).^Elle était sur quatre rangs de colonnes de cèdre et il y avait des poutres de cèdre sur les colonnes. On revêtit de cèdre les chambres soutenues par les colonnes et qui étaient au nombre de quarante-cinq, quinze par étage. Il y avait trois étages avec des fenêtres vis-à-vis les unes des autres. Toutes les portes et tous les poteaux étaient carrés, les charpentes en face l’une
(4 m 20 ou 5 ra 25) formaient les fondations, II E Reg., vii, 10, et probablement aussi un sol surélevé de quelques marches qui servait de base à la contruction. Le rez-dechaussée se composait d’une seule salle hypostyle, avec quatre rangs parallèles de colonnes. Les deux rangs extrêmes étaient-ils engagés dans la muraille, de manière à former trois nefs de 8 m 75 de largeur, ou bien en étaient-ils éloignés, de manière à former cinq nefs de 5 m 25 de largeur ? Le texte n’en dit rien ; il ne permet même pas de savoir si les mesures indiquées sont prises au dehors ou à l’intérieur. En toute hypothèse, il était facile d’obtenir des poutres de cèdre ayant 9 mètres de portée. Cette salle du rez-de-chaussée, plafonnée de cèdre, supportait trois étages de chambres. Ces chambres étaient au nombre de quarante-cinq, quinze par étage. Cette indication se conçoit mieux que celle des Septante, qui parlent de quarante-cinq colonnes. Comment les quinze chambres de chaque étage se trouvaient-elles disposées ? Il y en avait
185. — Salle à colonnes dans une maison de la XII* dynastie égyptienne à Ghorab. D’après Flinders Pétrie, Illahum, Kahun and Garob, pi. xvi, 3.
de l’autre ». — 2° D’après les Septante, « sa longueur était de cent coudées, sa largeur de cinquante et sa hauteur de trente. Il y avait trois rangs de colonnes de « èdre et des traverses de cèdre aux colonnes. Il lambrissa la maison par en haut sur les côtés des colonnes. Le nombre des colonnes était ^le quarante-cinq ; la rangée et les trois plafonds (ou étages) et l’emplacement en face de l’emplacement (se répétaient) trois fois. Toutes les portes et tous les emplacements étaient en poutres carrées, et trois fois (il y avait) porte en face de’porte. » La Vulgate mentionne quatre rangs de colonnes, comme le texte hébreu, tandis que les Septante en comptent seulement trois. —3° Josèphe, Anl. jud., VIII, v, 2, donne d’autres détails connus sans doute par tradition, la maison du Bois-Liban n’existant certainement plus de son temps. Il indique les mêmes dimensions, ajoute que les colonnes étaient carrées et toutes en cèdre, mais que le toit avait la forme corinthienne, avec des montants égaux et des panneaux à triglyphes assurant à la fois la solidité et l’élégance de l’édifice. — 4° À l’aide de ces données, voici comment on peut concevoir l’agencement de la maison du Bois-Liban. Elle avait la forme rectangulaire, suivant les dimensions indiquées par les textes. L’édifice n’était pas tout entier construit en bois. Toutes les constructions des palais de Salomon étaient en pierres de choix, taillées à l’avance sur mesure et soigneusement polies sur les deux faces qui devaient rester apparentes, soit au dehors soit à l’intérieur. III fieg., vii, 9. Des pierres de huit ou dix coudées
probablement sept de chaque côté, dans le sens de la longueur, et une autre au fond de la nef centrale et à l’opposé de la principale porte d’entrée. Le parallélisme des portes et des fenêtres, sur lequel insiste le texte, s’explique aisément si les chambres ont une ouverture dans le mur extérieur et une autre sur la nef intérieure, faisant office de cour. Il faut supposer de plus des escaliers pour accéder aux étages et, selon toute vraisemblance, une galerie courant à l’intérieur le long de chaque étage pour desservir les chambres. La hauteur totale de l’édifice étant de 15 m 75, les trois étages devaient être assez bas. En supposant à chacun d’eux une hauteur totale de 3 mètres, i] resterait encore une hauteur de 6 M 75 pour la salle hypostyle, au moins pour ses nefs latérales, la nef centrale restant apparemment sans couverture. L’idée de la maison du Bois-Liban fut sans doute inspirée à Salomon par le désir d’imiter ce qui se faisait en Egypte. Les grands s’y faisaient élever des salles d’apparat éclairées au centre par une baie carrée et soutenues par des rangées de colonnes en bois. À Ghorab, on en a retrouvé une qui remonte à la XIIe dynastie (fig. 185). Les pharaons avaient aussi dans leurs palais de grandes salles supportées par des rangées de colonnes en bois précieux et peintes en couleurs vives. Ces salles servaient à rendre la justice et à recevoir des assemblées nombreuses rénniespour les affaires ou les plaisirs. Ramsès III en avait une de ce genre dans son palais d’Amon. Cf. Papyrus Uan-is, n » 4, pi. iv, lig. 11, 12 ; Maspero, Histoire
ancienne, t. i, p. 276, 317. On ne peut cependant faire que des conjectures sur l’agencement de l’édifice de Salomon. Toujours est-il qu’il y eut là une œuvre de charpente assez compliquée et qu’il ne fallut rien moins que l’habileté professionnelle des ouvriers phéniciens pour la mener à bien.
III. La destination. — 1° La salle du rez-de-chaussée a dû servir de lieu de réunion pour des assemblées assez considérables, comme celle qui est mentionnée 1Il Reg., viii, 1, 2. Le texte sacré indique, comme contigus à la maison du Bois-Liban, un portique de colonnes, long de cinquante coudées (26 m 25) et large de trente (15™75), puis un autre portique en avant, avec des colonnes et des degrés, et ensuite le portique du trône et celui de la justice, ces deux derniers n’en faisant probablement qu’un. III Reg., vii, 6, 7. Josèphe, Ant. jud., VIII, v, 2, place la salle du trône, qu’il identifie avec celle du tribunal 1, entre la maison du Bois-Liban et le Temple. Il est possible qu’en certains cas la salle hypostyle soit devenue comme un vaste vestibule dans lequel on s’arrêtait avant de passer dans la salle du trône. — 2° Quant aux chambres des trois étages supérieurs, elles n’ont pas été faites pour être habitées. C’étaient plutôt des sortes de magasins destinés à renfermer des objets de prix, le trésor royal, des armes, etc. C’est là que furent conservés les cinq cents grands boucliers d’or que Salomon se fit fabriqvier. III Reg., x, 16. À l’époque d’Isaïe, les armures étaient encore déposées dans la « maison du Bois », bêt hay-yâ’ar, Is., XXII, 8 ; c’est aussi là très vraisemblablement que le roi Ezéchias introduisit si complaisamment les envoyés de Mérodach Baladan, pour leur faire admirer son arsenal et son trésor. Is., xxxix, 2. Suivant la parole du prophète, le contenu de ce bâtiment royal devint la proie des envahisseurs, Is., xxxix, 6, et la maison <lu Bois-Liban fut brûlée par les Chaldéens avec tous les autres palais royaux. Jer., xxxix, 8. — Cf. Wilson, The Recovery of Jérusalem, Londres, 1871, p. 319326 ; V. Guérin, Jérusalem, Paris, 1889, p. 231, 232 ; Perrot, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. iv, p. 401408 ; Meignan, Salomon, Paris, 1890, p. 146, 147.
1. MAITRE, MAITRESSE (hébreu : ’âdôn, ba’al ; Septante : xOpioç ; Vulgate : dominus ; au féminin : ba’aldh, xvpiot, domina), celui ou celle qui possède des esclaves, des serviteurs ou des servantes. — 1° Diiférents personnages portent le titre de « maître » par rapport aux serviteurs ou aux esclaves qui sont à leurs ordres. Tels sont Abraham, Gen., xxiv, 9-65 ; Putiphar, par rapport à Joseph, Gen., xxxix, 2-19 ; Joseph lui-même, Gen., xliv, 5 ; Aod, Jud., iii, 25 ; Saûl, I Reg., xvi, 16 ; Jonathas, I Reg., xx, 38 ; David, II Reg., xi, 9-13 ; 1Il Reg., i, 47 ; Elisée, IV Reg., v, 22, 25, etc. Plusieurs femmes sont appelées « maîtresses » au même titre : Agar, Gen., xvi, 4-9 ; l’épouse de Putiphar, Gen., xxxix, 7 ; celle de Naaman, IV Reg., v, 3 ; Esther, Esth., xv, 7, etc. — 2° Les devoirs des maîtres vis-à-vis dé leurs esclaves sontréglés par la loi mosaïque. Exod., xxr, 4-8 ; Deut., xxiii, 15. Voir Esclavage, t. ii, col. 1919, 1920, Parfois cependant beaucoup d’esclaves trouvaient trop dur le joug de leur maître et s’enfuyaient. I Reg., xxv, 10. Chez les étrangers, le maître abandonnait facilement son esclave devenu malade. I Reg., xxx, 13, 15. Les esclaves fidèles honoraient leurs maîtres, Mal., i, 6 ; serviteurs ou servantes avaient les yeux sur les mains de leur maître ou de leur maîtresse pour obéir au moindre signe. Ps. cxxm (cxxii), 2. Cf. Is., xxiv, 2. L’esclave qui héritait de sa maltresse devenait souvent intraitable. Prov., xxx, 23.-3° Dans l’Évangile, le maître est plusieurs fois mis en scène par Notre-Seigneur. . Le maître fait vendre le serviteur infidèle, Matth., xviii, 25-34 ; il trouve ses esclaves fidèles veillant pour l’attendre la nuit, Matth., xxiv, 45-50 ;
Marc, xiii, 25 ; Luc, xii, 36-47 ; il leur remet des talents à faire valoir, Matth., xxv, 11-24 ; Luc, xix, 16-25, les envoie chercher ses invités, Luc, xiv, 21-23, mais cependant ne leur confie pas tous ses secrets. Joa., xv, 15. L’esclave n’est pas au-dessus du maître, mais il doit tendre à lui ressembler. Matth., x, 24, 25 ; Joa., xiii, 16 ; xv, 20. On ne peut pas servir deux maîtres à la fois, surtout quand ils sont de caractère absolument opposé. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 3-13. — 4° Saint Paul recommande aux maîtres chrétiens d’être bons et justes. Eph., vi, 9 ; Col., iv, 1. Les esclaves et les serviteurs leur doivent honneur, I Tim., vi, 1, 2, et obéissance. Eph., vi, 5 ; Col., iii, 22 ; Tit, ii, 9. Beaucoup d’esclaves chrétiens étaient au pouvoir de maîtres païens ; saint Pierre leur prescrit d’être soumis non seulement aux maîtres bons et doux, mais même à ceux qui itaient d’humeur difficile. I Pet., Il, 18. — 5° À Philippes, saint Paul fut poursuivi par une esclave qui avait un esprit de divination et que ses maîtres exploitaient.
L’Apôtre la guérit. Act., xvi, 16-19.2. maître D’HOTEL. Voir Architriclinus, t. i, col. 935.
MAL. — I. Mal moral (hébreu : ra’, râ’dh, Hâve’; Septante : tô Ttorijp’h, to xaxôv ; Vulgate : malum), acte contraire à la volonté de Dieu, accompli par un être intelligent et libre. Sous sa forme concrète et ordinaire, le mal moral prend le nom de péché. Voir Péché.
I. son origine. — 1° Le mal moral fait sa première apparition au paradis terrestre. Il y avait là un arbre que Dieu appelle lui-même « l’arbre de la science du bien et du mal ». Gen., ii, 9, 17. Il est à peine besoin de remarquer que l’auteur du récit sacré n’est pas tombé dans le fétichisme grossier qui consisterait à attribuer à cet arbre la production du bien et du mal. Il n’est d’ailleurs pas question d’arbre du bien et du mal, mais d’arbre « de la science du bien et du mal ». Cette science n’est pas communiquée à l’homme directement par l’arbre, comme par une sorte de sacrement. L’homme ne l’acquiert qu’à l’occasion de l’arbre, par suite d’un choix volontaire dont il est si bien responsable, que Dieu lui dit : « Le jour où tu en mangeras, tu mourras. » Gen., ii, 17. La science du bien et du mal est pour l’homme, d’après l’ensemble du récit, non pas la connaissance théorique du bien et du mal ainsi que de leur distinction, mais la connaissance expérimentale du mal opposé au bien, que l’homme devait acquérir en touchant au fruit de l’arbre. Voir Arbres de la vie
ET DE LA SCIENCE DU BIEN ET DU MAL, t. i, Col. 896. — 2° La
Sainte Écriture ne dit pas si, laissé à lui-même sous l’empire de la grâce de Dieu, l’homme eût enfreint la défense qui lui était faite. Il est théoriquement possible que l’infraction se fût produite, puisque l’homme était à la fois imparfait par sa nature et doué de liberté, par conséquent peccable. En fait, le mal moral n’a atteint l’âme de l’homme qu’à l’instigation d’un autre être qui connaissait déjà ce mal et qui avait quelque raison pour le communiquer à l’homme. Le serpent qui s’adressa à la femme n’était pas un simple animal. Dans l’être sans raison se, cachait un être intelligent et perfide, que le texte de là’Genèse laisse à dessein dans l’ombre, sans doute pour ne pas suggérer aux anciens Hébreux l’idée d’une puissance adverse capable de contrarier d’une manière si mystérieuse et si efficace les desseins de Dieu. On sait que les fondateurs de la religion de Zoroastre étaient tombés dans cette grossière erreur d’admettre en face du dieu bon et suprême, Ormnzd, un dieu du mal presque aussi puissant, Ahrimàn, voir Mages, col. 544, et que dans toutes les autres religions idolâtriques le mal était représenté par des divinités souvent plus invoquées qne les divinités du bien. L’être caché dans le serpent est qualifié dans des textes
subséquents : c’est le démon, Satan. « C’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde, » Sap., ii, 24, par conséquent aussi le mal moral dont la mort n’est que le salaire. Rom., VI, 23. Notre-Seigneur dit que le diable « a été homicide dès le commencement », Joa., viii, 44, et saint Jean le nomme « le grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan ». Apoc, xii, 9. Ce fut donc l’ange déchu qui fut l’instigateur du mal moral dans l’homme. — 3° Avant l’homme, Satan et les anges déchus étaient tombés eux-mêmes dans le mal moral. La Sainte Écriture suppose le fait, mais sans en indiquer la cause. Voir Anges, t. i, col. 583. Créatures libres, intelligentes, mais nécessairement imparfaites et bornées, bien que supérieures à l’homme, les anges avaient donc été peccables eux aussi, et un certain nombre d’entre eux avaient passé de la possibilité du mal moral à son exécution. La possibilité du mal moral est en effet inhérente à l’état même de la créature intelligente et libre, tant que Dieu ne l’a pas fixée dans le bien. Cf. S. Thomas, Summa cont. gentil., Il, 48 ; iii, 10.
— 4° Pour entraîner la créature humaine dans le mal moral, Satan procéda avec cette ruse que le texte sacré attribue au serpent. Gen., iii, 1. Il s’adressa à la femme, plus faible que l’homme, commença par lui poser une simple question, puis la trompa en lui affirmant formellement le contraire de ce que Dieu avait dit. La femme réfléchit à l’assurance qui venait de lui être donnée ; elle contempla le fruit, qui lui parut séduisant, se persuada qu’il était capable de lui faire distinguer le bien et le mal, puis enfin en mangea. Elle en donna ensuite à l’homme, qui partagea probablement sa persuasion et en mangea à son tour. Gen., iii, 1-6. Le mal moral entrait ainsi dans l’âme de l’homme sous la triple forme de l’orgueil, de la désobéissance et de la sensualité. Voir Péché originel.
il la concupiscence. — 1° À partir du moment où elle succomba à la première tentation, l’âme de l’homme contracta un penchant funeste pour le mal moral. De là le trouble immédiat des premiers parents, initiés par leur faute à la connaissance expérimentale de ce mal. Gen., iii, 7, 10, 11. Caïn à son tour ressentit ce trouble lorsque, à cause de l’insuffisance des sentiments intérieurs qui accompagnaient ses offrandes, il comprit que Dieu n’agréait par ses dons et s’emporta violemment. Dieu lui dit alors : « Pourquoi cette irritation ? Pourquoi cet abattement de ton visage ? Si tu fais bien, tu porteras le front haut ; mais si tu fais mal, c’est le péché qui se couche à ta porte ; ses désirs se portent vers toi, mais toi, domine sur lui. » Gen., iv, 6, 7. Dans ce texte, le mal est personnifié comme "un être malfaisant qu’un premier consentement rapproche de l’âme humaine avec laquelle il tend à s’unir. Mais l’homme a la puissance de lui résister et de le dominer. Dieu ne dit pas à Caïn que cette domination n’est ordinairement possible et assurée qu’à l’aide d’un secours surnaturel ; mais il affirme la possibilité et l’obligation de cette domination, et c’est là l’essentiel. L’homme n’est donc pas en butte à une concupiscence invincible. — 2° Saint Jacques rappelle la même doctrine sous une image analogue quand il écrit : « Vis-à-vis des choses mauvaises, Dieu est hors d’atteinte (âicsépa<rro ; ), et lui-même ne tente personne. Mais chacun est tenté lorsqu’il est attiré et alléché par sa propre convoitise. Puis la convoitise, ’après avoir conçu, enfante le péché, et le péché, une fois consommé, engendre la mort. » Jacob., i, 13-15. Il suit de là que Dieu n’est absolument pour rien dans la genèse du mal moral, que l’homme porte en lui sa propre convoitise, comme une tendance permanente au mal, mais que cette tendance n’aboutit au péché que par la coopération volontaire de l’homme. — 3° L’existence de cette concupiscence est souvent constatée par les écrivains sacrés. Gen., VI, 5 ; toi, 21 ; Exod., xxxii, 22 ; Sap., iv, 12 ; Eccli., xxiii, 6 ; Dan., xiii, 8 ; Gal., v, 17. C’est ce qui
fuit dire à David : « J’ai été conçu dans l’iniquité et ma mère m’a engendré dans le péché. » Ps. u (l), 7. Même les plus saints en ressentent les effets. Rom., vii, 15-21. A plus forte raison, les impies et ceux qui vivent selon les principes purement naturels snccombent-ils à ses assauts. Job, xx, 12 ; Eccli., xxxvi, 24 ; Joa., viii, 44 ; Rom., i, 24, 27 ; vi, 12 ; xiii, 14 ; Gal., v, 24 ; Eph., ii, 3 ; Col., iii, 5 ; I Thés., iv, 5 ; I Tim., vi, 9 ; II Tim., ii, 22 ; iii, 6 ; Jacob., iv, 1-3 ; I Pet., i, 14 ; ii, 11 ; iv, 2, 3 ; II Pet., ii, 18 ; Jud., 18, etc. Saint Jean répète que tout ce qui est dans le monde, convoitise de la chair, convoitise des yeux, orgueil de la vie, ne vient pas du Père, mais du monde lui-même, I Joa., ii, 16, et saint Paul enseigne que la loi ancienne, au lieu de triompher de cette concupiscence, n’a fait que l’exciter davantage en multipliant devant elle les obstacles. Rom. ; vii, 7, 8.
— 4° Aussi est-il recommandé fréquemment de combattre ou de fuir tout ce qui peut favoriser la concupiscence et les mauvais désirs et porter l’homme à commettre le mal. Eccli., xviii, 30, 31 ; I Cor., x, 6 ; Gal., v, 16 ; II Pet., i, 4, etc. — 5° Il est à remarquer cependant que le siège du mal est surtout dans l’âme qui, par ses volontés et ses intentions mauvaises, communique la malice aux actes extérieurs. Matth., xv, 1820 ; Marc, vii, 20-23 ; Th., i, 15.
III. CONDUITE À L’ÉGARD DU MAL MORAL. — 1° Le mal
moral, quelle que soit sa forme, offense toujours Dieu directement, Ps. li (l), 6, non seulement quand il se présente à l’état d’acte extérieur, Deut, xiii, 5 ; xvii, 7, 12 ; xix, 19 ; xxi, 21, etc., mais alors même qu’il n’est encore qu’à l’état de pensée. ou de désir consentis. Matth., v, 28 ; xii, 35 ; Marc, vii, 23 ; Luc, VI, 45, etc. Il est par là même radicalement opposé à la charité, Rom., xiii, 10 ; xvi, 19 ; I Cor., xiii, 5 ; III Joa., 11, etc., et funeste* à l’homme. Jer., ii, 19. — 2° De là pour l’homme un premier devoir, celui de demander à Dieu de le protéger contre le mal et ses conséquences. Matth., vi, 13 ; Joa., xvii, 15 ; II] Thés., iii, 3. — 3° L’homme doit ensuite savoir distinguer le bien d’avec le mal, Heb., v, 14, ce dont sont incapables les petits enfants, Deut., i, 39 ; Is., vii, 15, 16 ; choisir entre le bien et le mal, Deut., xxx, 15 ; se détourner du mal, Job, i, 1, 8 ; ii, 3 ; xxviii, 28 ; Ps. xxxiv (xxxm), 15 ; Prov., iii, 7 ; xiv, 16 ; xvi, 6 ; Eccli., iv, 23 ; I Cor., v, 13 ; I Pet., iii, 11, etc. ; ne pas faire le mal, même pour procurer le bien, Rom., iii, 8 ; ne pas rendre le mal pour le bien, Gen., xuv, 4 ; I Reg., xxv, 21 ; Ps. xxxviii (xxxvïi), 21 ; Prov., xvii, 13 ; xxxi, 12 ; Jer., xviii, 20 ; I Mach., xvi, 17 ; etc., ni même le mal pour le mal, Ps. vii, 5 ; Prov., xx, 22 ; Rom., xii, 17 ; I Thés., v, 15 ; I Pet., iii, 9, etc. ; mais vaincre le mal par le bien, Matth., v, 44 ; Luc, vi, 27, 33-35 ; Rom., xii, 21 ; I Pet., ii, 15, à l’exemple du divin Sauveur. I Pet., ii, 23 ; iii, 18.
II. Mal physique (hébreu ; râ’âh, ’àvén, yegtâ’, ke’ib, mak’ôb, ’âtndl, ’î$$âbôn ; Septante : xô xax<Sv, o8ûvti ; Vulgate : malum, miseria, calamitas, dolor), souffrance qui, sous différentes formes, atteint à la fois l’âme et le corps.
I. son origine. — 1° La Sainte Écriture rattache le mal physique au mal moral comme conséquence. Dieu déclare aux premiers parents que s’ils désobéissent, en touchant au fruit défendu, si par conséquent ils commettent le mal moral, ils mourront. Gen., ii, 17 ; iii, 3. Quand le péché est commis, Dieu annonce à la femme que la douleur accompagnera sa grossesse et son enfantement, et à l’homme que la fatigue et la peine se joindront à son travail, nécessaire à sa vie, et que la mort viendra pour lui ensuite. Gen., ïh, 16-19. Ainsi dans le principe, « ce n’est pas Dieu qui a fait la mort et il ne prend pas plaisir à-la perte des êtres qui ont la vie. Il a fait tous les êtres pour qu’ils vivent et tout ce qui est venu au monde, pour se conserver. Il n’y a dans
ces êtres aucun principe funeste d’anéantissement, il n’y a pas sur la terre de domination de l’Adès. Car la justice est immortelle (tandis que par l’injustice s’acquiert la mort). Ce sont les impies qui l’ont appelée du geste et de la voix. » Sap., i, 13-16. — « 2° Quand on sème l’injustice, on en récolte les fruits, » Job, iv, 8 ; Prov., xxii, 8, et s le malheur poursuit les pécheurs ». Prov., xiii, 21. Cette conséquence est constamment rappelée, surtout dans l’Ancien Testament, sous forme tantôt de menace, tantôt d’axiome, tantôt d’explication des faits historiques. Deut., xxxi, 17, 29 ; xxxii, 23 ; Jud., III, 7, 8, 12 ; iv, 2 ; vi, 1 ; II Reg., xii, 9, 11 ; III Reg., ix, 9 ; xxi, 20, 21 ; II Par., vii, 22 ; xxxiv, 24, 25 ; II Esd., xiii, 18 ; Ps. vii, 15, 16 ; Sap., xiv, 27 ; Eccli., iii, 29 ; Is., iii, 11 ; Jer., ii, 3 ; xi, 11 ; Dan., ix, 13 ; I Mach., i, 12 ; Rom., ii, 9 ; I Tim., vi, 10, etc. — 3° De là vient que toute vie humaine est visitée par le mal physique, soit à cause des péchés de la race, soit à cause des fautes personnelles. Le vieux Jacob dit au pharaon d’Egypte : « Les jours des années de ma vie ont été peu nombreux et mauvais. » Gen., xlvii, 9. Job dit aussi que le sort de l’homme sur la terre est celui du soldat et du mercenaire, Job, vii, 1, que sa vie est courte et remplie de misères. Job, xiv, 1, 2. Le Psaume xc (lxxxix), 7-10, exprime avec énergie la même idée. L’Ecclésiaste, II, 23, constate que, pour l’homme qui a travaillé avec sagesse et succès, « tous ses jours ne sont que douleur et son lot n’est que chagrin. » Jérémie, xx, 18, exhale la même plainte : « Pourquoi suis-je sorti du sein de ma mère afin de voir la souffrance et la douleur ? » — 4° Au temps de Notre-Seigneur, il circulait parmi les Juifs une opinion d’après laquelle le mal physique qu’on apporte en naissant, la cécité, par exemple, pouvait être la conséquence soit de péchés commis par les parents, soit de ceux que l’âme* elle-même aurait commis dans une vie antérieure ou du moins dans le sein de la mère. Joa., ix, 2. Saint Jérôme, Epist-, cxxx, ad Demetriad., 16, t. xxii, col. 1120, dénonce comme une impiété originaire d’Egypte et d’Orient la théorie qui prétend que « les âmes, jadis dans les régions célestes, ont été condamnées à cause d’anciennes fautes et comme ensevelies dans des corps humains, de sorte qu’en cette vallée de larmes nous ne faisons ^ue subir la peine de péchés antérieurs ». Les rabbins du Talmud et ceux du Sohar croyaient à cette préexistence des âmes et ne le faisaient que d’après la tradition de leurs devanciers. Cf. Franck, La Kabbale, Paris, 1843, p. 177. Notre-Seigneur déclare formellement que l’infirmité de l’aveugle-né n’a pour cause ni ses péchés, ni ceux de ses parents. Joa., ix, 3. II suit de là que si, en général, le mal physique est la conséquence du mal moral, et que si, comme l’expérience le prouve, la cause de bien des infirmités doit être attribuée à l’atavisme, on n’a pas le droit de conclure de l’existence d’un mal physique à une culpabilité personnelle ou à celle des parents. Cf. Frz. Deiitzsch, System der biblhchen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 299, 464.
il. ses raisons d’être. — 1° Bien que, pour l’humanité en général, la raison d’être du mal physique s’explique par son caractère originel de châtiment, on ne manqua pas d’observer, dans la répartition des souffrances et des épreuves de toute nature, des inégalités et des injustices apparentes qui constituaient un problème difficile à résoudre pour la raison humaine, et dont cependant les âmes religieuses cherchaient à Justifier fa Providence. Pourquoi tant de maux frappentifs f’homme de bien ? Le Seigneur n’avait-il pas promis très formeilement à l’Israélite, en retour de sa fidélité, toutes les bénédictions temporelles pour lui, sa famille, ses troupeaux et son sol, Deut., xxviii, 2-14 ; xxx, 4-10, tandis que les cafaraités, ies mafadies, ies épreuves de toute sorte, fa mort violente, devaient être le salaire de
la méchanceté des actions ? Deut., xxviii, 15-68 ; xxx, 17, 18. D’autre part, ne voit-on pas souvent les méchants prospérer, échappant ainsi à l’épreuve et à la peine qui devraient être, semble-t-il, la conséquence naturelle de leur impiété ? De là un scandale perpétuel, dont un descendant d’Asaph s’est fait l’écho en ces termes :
J’enviais le bonheur des méchants
En voyant la paix des impies.
Ils sont sans tourments jusqu’à la mort,
A leurs corps demeure la vigueur.
Exempts des souffrances humaines,
lis ne sont point trappes comme les autres…
Et l’on dit : Dieu y fait-il attention ?
Le Très-Haut en a-t-il connaissance ?
Voilà ce que sont les méchants :
Toujours heureux, croissant en richesses !
En vain donc mon cœur reste pur,
Et mes mains demeurent innocentes.
Chaque jour je suis frappé,
Dès le matin, c’est l’épreuve
Ps. Lxxm (lxxii), 3-14.
2° Le fivre de Job est consacré tout entier à débattre le probième et à en chercher la sofution. Job, accablé d’épreuves subites, formellement attribuées par le livre sacré à la malice de Satan, qui agit avec la permission de Dieu, se soumet humblement à la volonté divine : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté ; comme il a plu au Seigneur, ainsi soit fait ; le nom du Seigneur soit béni ! » Job, i, 21, et il répond à sa femme, moins patiente que lui : « Si nous avons reçu les biens de la main de Dieu, pourquoi n’en recevrions-nous pas les maux ? » Job, ii, 10. Ainsi le saint homme, bien que conscient de sa justice, ne songe point à incriminer la Providence ; il accepte le mal physique comme une chose qui vient de Dieu même, sans en chercher l’explication. Mais arrivent ses trois amis, qui soutiennent successivement qu’il n’y a de malheureux que les méchants, Job, iv, 8, 9 ; v, 3-5, que Job et ses fils ont dû être gravement coupables, Job, viii, 34, que lui-même est encore traité avec plus d’indulgence qu’il ne mérite, Job, xi, 6, que l’impie est nécessairement frappé par Dieu, Job, xv, 20-35 ; xviii, 5-21 ; xx, 5-29, qu’enfin pour être ainsi traité, Job a dû commettre tous les crimes. Job, xxii, 5-10. Le saint homme se défend en disant que Dieu peut réprouver même sans sujet, puisqu’if est le souverain maître, Job, IX, 17, qu’il frappe l’innocent aussi bien que l’impie, Job, ix, 22, qu’il faut avoir confiance en lui, malgré ses rigueurs, Job, XIII, 15, que lui-même est assuré qu’au jour de la résurrection, il trouvera en Dieu le vengeur de son innocence, Job, xix, 25-27, qu’enfin te bonheur indéniabfe des impjes ôte toute leur valeur aux assertions de ses amis. Job, xxi, 7-15. Eliu intervient alors pour expliquer que l’épreuve détourne l’homme du mal et le préserve de l’orgueil, Job, xxxiii, 17, 27-30, que Job a certainement des fautes à expier, Job, xxxiv, 36, 37, et qu’il doit en appeler à la miséricorde de Dieu. Job, xxxvi, 7-16. Dans la théophanie qui termine la discussion, c’est surtout la majesté et la toute-puissance divines qui sont mises en lumière. L’homme n’a qu’à se taire en face de son maître souverain. Dieu atteste cependant que Joli à" raison contre ses amis, Job, xiii, 7, et il lui rend les biens dont il a été momentanément privé. Cf. Job, t. iii, col. 1571-1574 ; Lesêtre, Le livre de Job, Paris, 1886, p. 19-22. Il résulte de cette analyse que, pour l’auteur du livre, le mal physique atteint l’innocent lui-même, qu’il l’aide à expier ses propres fautes et le prémunit contre le mal moral, mais qu’en somme Dieu, dans sa souveraine sagesse, n’a pas révélé à l’homme la solution totale du mystère de la souffrance.
— 3° Dans les Psaumes, la question est surtout envisagée au point de vue de la prospérité des impies, qui s’effondre à un moment donné. Voir Impie, t. iii, C03
MAL — MALACHIE
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col. 846-S47. Il est cependant noté que Dieu n’est pas insensible aux afflictions de ses serviteurs :
Jéhovah est près de ceux qui ont le cœur brisé, It secourt ceux qui ont l’esprit affligé. Les afflictions du juste sont nombreuses, Mais Jéhovah le délivre de toutes.
Ps. xxxiv (xxxiii), 19-20.
L’auteur du Psaume cxix (cxviii), 25, 28, 50, 67, 71, 75, 87, 107, 143, 153, est un juste qui accepte l’épreuve en expiation de ses fautes et avec confiance en la bonté de Dieu. — 4° Au livre de Tobie, iii, 21, il est’dit que la couronne vient après l’épreuve, la délivrance après la tribulation et la miséricorde après la correction. L’ange Raphaël présente même l’épreuve comme une nécessité pour celui qui plaît à Dieu. Tob., xii, 13. L’Ecclésiastique, xxvii, 6, dit que la tribulation sert à éprouver les justes. D’autres passages promettent la protection de Dieu contre le mal. Ps. xxm (xxii), 4 ; xci (xc), 10 ; cxxi (cxx), 7 ; Sap., xvi, 8 ; Eccli., xxxiii, 1. Mais toutes ces remarques des auteurs sacrés ne dépassent pas les horizons du temps. On ne cherche pas dans la pensée de l’autre vie l’explication des épreuves de la vie présente. Il ne pouvait en être autrement pour un peuple chez qui la notion de la vie future n’a atteint que tardivement son complet développement. — 5° L’auteur de la Sagesse, voisin des temps évangéliques, a sur la raison d’être du mal physique des idées qui tranchent totalement avec celles des écrivains précédents. Il représente les justes en proie à l’épreuve et victimes de la persécution des impies. « Aux veux des hommes, ils ont enduré des tourments, mais leur espérance est pleine d’immortalité. Pour quelques vexations, ils auront de multiples avantages ; c’est Dieu qui les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. » Sap., iii, 4, 5. Au jugement de Dieu, après la mort, « les justes se lèveront avec une fi ère attitude contre ceux qui les auront persécutés… Ils vivront éternellement, car le Seigneur leur réserve la récompense et le Très-Haut garde leur souvenir ; ils auront en partage le glorieux royaume. » Sap., v, 1, 16,
17. C’est donc dans l’autre vie qu’il faut attendre la compensation des maux qui frappent les justes en celleci. Dès lors le mal physique n’est plus seulement une expiation du péché, un préservatif contre le mal moral, une épreuve qu’il faut accepter comme venant d’un Maître avec lequel il n’y a pas à discuter ; c’est encore un moyen que Dieu ménage au juste pour lui faire gagner le bonheur de l’autre vie.
m. d’après l’évangile. — 1° Notre-Seigneur, en face ds ceux qui souffrent, fait allusion aux diverses raisons d’être du mal physique énoncées dans l’Ancien Testament. Le mal moral est la première cause du mal physique ; aussi le Sauveur remet les péchés au paralytique avant de le guérir, Matth., ix, 2, 6 ; Marc, ii, 5, 11 ; ’Luc, v, 20, 24, et il dit à l’infirme de Bethesda : « Sois guéri et ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire. » Joa., v, 14. — 2° Dans le livre de Job, Satan apparaît comme l’instigateur du mal physique ; l’Évangile montre une foule de pauvres gens rendus malades ou infirmes par les démons, voir Démoniaques, t. ii, col. 1374-1377, « molestés par les démons, » Luc, vi,
18, et une pauvre femme liée par Satan durant dix-huit ans. Luc, xiii, 16. — 3° La souffrance est une épreuve destinée à manifester la valeur morale de l’homme ; Notre-Seigneur parle de ceux qui ne se tirent pas à leur honneur de cette épreuve, et qui se détournent à l’approche de la persécution. Matth., xiii, 21 ; Marc, lv, 17. — 4° Le Seigneur se félicitait de la fidélité de Job au milieu des adversités qui l’accablaient, Job, ii, 3 ; de même c’est pour procurer la gloire de Dieu que l’aveugle-né et Lazare ont été frappés. Joa., îx, 3 ; xi, 4.
— 5° Les compensations promises au livre de la Sagesse sont expressément confirmées par le Sauveur dans la
parabole de Lazare et du mauvais riche : « Tu as reçu les biens dans ta vie et Lazare les maux : maintenant il est consolé et toi dans les tourments. » Luc, xvi, 25. — 6° Ce qui est propre à l’Évangile, c’est la béatitude ♦promise à ceux qui pleurent et qui souffrent persécution, Matth., v, 10-12 ; Luc, vi, 22, 23 ; c’est l’annonce de la persécution faite aux Apôtres comme celle d’une condition normale pour remplir leur ministère, Matth., x, 17 ; Joa., xv, 20 ; c’est l’obligation pour chacun de porter sa croix. Matth., xvi, 24 ; Marc, viii, 34 ; Luc, ix, 23. Du reste, le Sauveur lui-même montre par son exemple l’usage qu’il faut faire du mal physique. Il réalise à la lettre la prophétie d’Isaïe, lui, 3, 4, sur l’homme de douleur qui porte nos souffrances et se charge de nos maux, et après avoir passé par toutes les épreuves et par la mort volontaire, il déclare que le « Christ a dû souffrir ainsi pour entrer dans sa gloire ». Luc, xxiv, 26. De là, résulte pour le chrétien la nécessité de supporter, parfois de désirer et même de rechercher le mal physique, sous forme de pénitence volontaire, non seulement pour expier ses fautes, mais encore pour se rapprocher du Sauveur en l’imitant et arriver au ciel à sa suite. Voir Mortification.
iv. d’après les apôtres. — 1° Les Apôtres comprirent l’enseignement du divin Maître, et, battus de verges, « ils furent joyeux d’avoir été jugés dignes de souffrir l’outrage pour le nom de Jésus. » Act., v, 40, 41. Paul et Barnabe enseignaient aux fidèles de Lystre, d’Icône et d’Antioche que « c’est par beaucoup de tribulations qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu ». Act., xiv, 21. — 2° Saint Paul déclare que les maux physiques, de quelque nature qu’ils soient, ne pourront jamais le séparer de l’amour de Jésus-Christ. Rom., viii, 35. Il surabonde de joie en les souffrant, II Cor., vii, 4, et dit que les souffrances du temps, courtes et légères, valent au chrétien une incomparable gloire dans le ciel.
II Cor., iv, 17. Cf. Apoc, vii, 14.li MALACHIE (hébreu : Male’âkî, « messager, envoyé ; » Septante : MaXaxi’a ? ; Vulgate : Malachias), un des douze petits prophètes et le dernier de l’Ancien Testament dans l’ordre des temps (fig. 186).
I. Le nom du prophète. — Malachie est-il le vrai nom du prophète ou n’est-il qu’un nom symbolique ? Ces deux opinions ont eu des partisans. 1° Quelquesuns soutiennent que Malachie n’est qu’un nom symbotique, 1. parce qu’il n’est mentionné nulle part ailleurs dans l’Ancien Testament : ni dans le livre d’Esdras, qui parle pourtant, I Ksd., v, 1 ; vi, 14, d’Aggée et de Zacharie, ni dans Néhémie, ni dans l’Ecclésiastique ; il est vrai que l’auteur de l’Ecclésiastique, xlix, 12, fait l’éloge « des douze (petits) prophètes » ; maison prétend qu’il compte dans leur nombre, à là place de Malachie, Esdras qui n’est pas nommé ailleurs. — 2^ Le nom, qui signifie : « mon messager, » « mon envoyé, » peut avoir été emprunté à Mal., iii, 1, où il s’agit de saint Jean-Baptiste. — 3. Les Septante, Mal., i, 1, ont pris Malachie pour un nom commun et traduit : « [Proposition du discours du Seigneur sur Israël] par son ange, êv x^’P 1 iYYÉXou aOtoO » (maVâkû pour malëâkî). — 4. Une tradition juive, consignée dans le Targum, identifie Malachie avec Esdras : « …par Malachie, nom par lequel on désigne Esdras le scribe. » Cf. S. Jérôme, Prol. in Mal., et In Mal., iii, 7, t, xxv, col. 1541-1542, 1569. - 5. Plusieurs commentateurs, Rupert, Calmet, Ribera, Vitringa, Hengstenberg, Reuss, se sont aussi ralliés à cette opinion. Voir Trochon, Les petits prophètes, in-8°, Paris, 1883, p. 496 ; Knabenbauer, In Proph. minores, 1886, t. ii, p. 410 ; Talmud, Baba Megillah, xv, 1. — Mais elle est rej’elée avec raison par le plus grand nombre des commentateurs anciens et’modemes. — 1. Si Esdras était l’auteur de cette prophétie, on ne voit pas pourquoi il aurait caché son nom. — 2. Tous les noms propres -créais : — 186. — Malachie et les autres prophètes autour de la croix. D’après une fresque attribuée à Giolto. Malachie est le cinquième des prophètes, à gauche, avec cette prophétie : Ecce ego mitto angelu[m] mev[m[ et pr¶bit [viam ante faciem meam]. Mal., iii, 1.
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MALACHIE — MALAGHIE (LE LIVRE DE)
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hébreux, Abdias, Osée, etc., ont une signification ; par conséquent la signification du nom « Malachie » ne peut être une raison pour n’y voir qu’un symbole, pas plus que dans les noms d’Abdias et d’Osée. Cf. Trochon, Les petits prophètes, p. 497 ; Driver, Introduction, p. 356.
— 3. Si le nom de Malachie n’est mentionné nulle part ailleurs dans la Bible, il ne faut pas en être surpris, car d’autres noms sont dans le même cas ; et il est le dernier des prophètes. — 4. Toutes les autres prophéties portant le nom réel de leur auteur, on doit admetlre qu’il en est de même pour le douzième des petits prophètes.
2° L’étymologie du nom, « messager, envoyé, » a été expliquée de deux manières : les uns pensent que ce nom est de ceux qui en hébreu sont formés avec le suffixe ï comme radical, tels que : Garmi, I Par., iv, 19 ; Gaddi, Num., xiii, 12 ; Ezri, Jud., vi, 11, 24 ; viii, 32 ;
1 Par., xxvii, 26 ; Ozni, Num., xxvi, 16 ; dans ce cas le nom signifierait simplement « messager, envoyé ». Cf. L. Reinke, Der Prophet Malachi, Giessen, 1856, p. 187 ; Olshausen, Lekrbuch dey hebr. Spræke, p. 413. D’autres croient que « Malachie » est une abréviation de Male’akîdh, « messager de Jéhovah ; » la Bible nous fournit d’autres exemples de ces abréviations : Zabdi, Jos., vii, 1, 17, 18 ; I Par., vni, 19, est écrit Zabdias ; I Par., xxvii, 27 ; Abi, IV, Reg., xviii, 2, est écrit Abia, II Par., xxix, 1 ; Abdi, I Par., vi, 44 ; II Par., xxix, 12, devient Abdias, L III Reg., xviii, 3, 5, 6, 7, 16, - etc. ; Uri, Exod., xxxi, 2, etc., devient Urias, II Reg., xi, 3, 9, etc. ; c’est ainsi du reste que durent lire les Septante, puisqu’ils ont la forme pleine : MaXa^iac, au lieu de Malawi. — La traduction des Septante, Mal., i, 1 : èv x sl P’ « YY^ 0V a-ltoû, a porté certains Pères à désigner le prophète Malachie par le nom « ange » ; ainsi Tertullien, Adv. Jud., 5, t. ii, col. 608 ; S. Augustin, De civ. Dei, xx, 25, t. xli, col. 699 ; S. Jean Chrysostome, In Heb. Rom. xiv, t. lnxiji, col. 114, mais c’est une pure appellation honorifique : « Il est appelé ange parce que c’est la signification de son nom, dit saint Cyrille d’Alexandrie, In Mal., Proœm., t. lxxii, col. 272, et comme il a annoncé à Israël des oracles célestes et inspirés de Dieu, il peut bien être appelé ange. »
II. Époque a laquelle a vécu Malachie. — 1° Malachie est contemporain d’Esdras et de Néhémie. — Presque tous les exégètes sont d’accord sur ce point ; la critique interne nous fournit des indices assez concluants :
1. La prophétie de Malachie a été écrite après la captivité, à l’époque où la Judée était une province persane ; il est en effet question du « gouverneur ï>, péh’âh, Mal., i, 8 ; cf. II Esd., v, 14 ; Xn, 26 ; Aggée, i, 1. —
2. Le temple était reconstruit, Mal., i, 10 ; iii, 1. — 3. Les abus, signalés par Malachie : alliances avec les femmes étrangères, négligence du peuple à payer les dîmes, sont aussi dénoncés par Esdras et Néhémie. I Esd., îx,
2 ; x, 3, 16-44 ; II Esd., x, 30, 32-39 ; xiii, 4-13, 15-17, 23-29. 2° L’époque précise. — Sur ce point il règne beaucoup
d’opinions : certains auteurs pensent que Malachie écrivit avant l’arrivée d’Esdras en Judée, en 458 avant J.-C. ; Schegg soutient qu’il prophétisa après le premier séjour de Néhémie à Jérusalem et la 32e année du roi Artaxerxès Longue-Main ; d’autres se prononcent pour l’intervalle entre le premier et le second séjour de Néhémie à Jérusalem ; enfin d’autres croient qu’il prophétisa quelque temps après Néhémie. Cf. Knabenbauer, In Proph. minores, ii, p. 413. Nous ne pouvons qu’établir la date qui paraît la plus probable :-i. Comme nous l’avons déjà remarqué, Malachie prophétisa aune époque où le temple était construit, et le culte fonctionnait régulièrement. Mal., i, 7-10 ; ii, 12-13 ; iii, 1, 10. — 2. Malachie semble avoir prophétisé en l’absence de Néhémie : en effet, on voit, Mal., ï", 8, qu’on offrait des dîmes au gouverneur ; or, Néhémie, pendant douze ans, ne mangea pas les dîmes dues au gouverneur ;
II Esd., v, 14-15 ; bien plus lui-même fit beaucoup de largesses au peuple ; ꝟ. 18 ; donc Mal., i, 8, ne vise pas Néhémie, mais un autre gouverneur établi par les Perses ; de plus, on s’explique qu’en l’absence de Néhémie, il ait pu s’introduire les abus signalés par Malachie ; enfin après son second retour à Jérusalem, Néhémie, comme nous l’avons déjà vii, reprend les mêmes abus que Malachie. Ces inductions nous conduisent à conclure que Malachie prophétisa après la 32e année d’Artaxerxès Longue-Main, alors que Néhémie se trouvait à la cour du roi des Perses : « L’auteur a vécu à une époque où il n’était plus nécessaire de prémunir les esprits faibles contre les séductions du polythéisme. Il est encore question d’égarements moraux, mais la principale préoccupation du prophète, ce sont les transgressions relatives à la partie plus ou moins matérielle de la loi mosaïque, nous dirions volontiers les délits politiques* L’organisation de la hiérarchie, le paiement des redevances, l’observation régulière des rites, et la séparation plus stricte d’avec l’étranger, étaient devenus la base de l’ordre des choses établi dès avant la fin du premier siècle après la restauration du Temple. Car c’est bien à cette époque que nous devons rapporter la composition de cet opuscule. Il n’y a pas de doute : le Temple dont Aggée et Zacharie avaient poussé les travaux, existait maintenant, et son culte est censé fonctionner régulièrement. La loi était connue et promulguée, car il y est fait allusion en plusieurs endroits. Mais le peuple, pauvre et découragé, parce que les promesses dont on l’avait nourri ne s’étaient pas accomplies, se montrait exactà remplir ses devoirs religieux, qui… consistaient… à entretenir la caste sacerdotale, à laquelle, si nous ne nou s trompons fort, notre anonyme appartenait lui-même. On est surtout frappé de l’identité des plaintes consignées dans son écrit au sujet des dîmes et des mariages mixtes, avec celles que formule, avec non moins d’énergie, le gouverneur Néhémie dans ses mémoires… Ces différentes données nous portent à placer la rédaction du livre après la promulgation de la loi par Esdras, et avant le dernier séjour de Néhémie à Jérusalem. On pourrait même faire valoir en faveur de cette hypothèse la circonstance que l’auteur parle d’un gouverneur, de manière que ce que Néhémie ditde lui-même, semble prouver qu’il s’agit de quelqu’un d’autre. » Reuss, Les prophètes, t. ii, p. 382-383.
III. Malachie dans la légende. — L’Écriture ne nous apprend rien sur la vie de Malachie en dehors de sa prophétie. La légende a essayé de suppléer à cette lacune. Le Pseudo-Épiphane, De vit. prophet., 22, t. xliii, col. 412-413, dit que Malachie était de la tribu de Zabulon et qu’il naquit dans le territoire de cette tribu, après la captivité de. Babylone, à Sopha (Soçâ, d’après d’autres manuscrits, Sto^S et Toçâ, col. 419). Il était d’une grande beauté et se fit aimer du peuple par la douceur de ses manières. Il mourut jeune et fut enterré dans le tombeau-de ses ancêtres. Tous ces détails sont de pures inventions. Le martyrologe mentionne la fête de saint Malachie au 14 janvier. V. Ermoni.
2. MALACHIE (LE LIVRE DE). — I. DIVISION ET ANA-LYSE. — On a proposé diverses divisions. Cf. Trochon, Les petits prophètes, p. 499. On peut le partager en trois sections : 1° Première section, i, 2-n, 9. Cette section nous représente Dieu comme un Père plein d’amour et comme le gouverneur de son peuple ; comme les Juifs accusent Dieu de ne pas les aimer, Dieu leur répond et leur rappelle ce qu’il a fait pour eux en préférant Jacob à Esaû, i, 2-5 ; il accuse les prêtres de négliger le culte divin, jt. 4-9, et annonce un sacrifice plus pur et universel, ꝟ. 10-11 ; nouvelles ^accusations contre les prêtres, i, 12-n, 2. Dieu parle de l’alliance faite avec Lévi et en indique la nature et les caractères, ii, 3-7 ; le prophète montre comment les prêtres ont rompu cette
alliance, ꝟ. 8-9. — 2° Seconde section, II, 10-16. Cette section représente Dieu comme le Dieu suprême et unique et comme le Père d’Israël : il blâme le peuple à cause de sa facilité à contracter des alliances avec des femmes étrangères, J. 10-12, et à recourir au divorce, ꝟ. 13-16. — 3° Troisième section, ii, 17-iv. Cette section représente Dieu comme le juge équitable et définitif de tous les hommes : les Juifs accusent Dieu d’injustice, H, 17 ; le prophète prédit l’avènement du Messie, iii, 1-4 ; il punira les Juifs et principalement les Lévites, t. 5-6 ; le prophète blâme ceux qui fraudent les dîmes et les offrandes sacrées, jr. 7-12 ; il reprend les Juifs qui se plaignent que Dieu ne punisse pas les méchants, t. 13-15, et annonce que la justice divine séparera les bons des méchants, iii, 16-iv, 3 ; il les exhorte à observer la loi de Moïse, ꝟ. 4, et annonce la venue d’Élie et le jour terrible du Seigneur, ꝟ. 5-6.
II. Authenticité et canonicité. — 1° Il n’y a aucune raison de refuser à Malachie la composition de la prophétie qui porte son nom ; et l’authenticité n’en a jamais été sérieusement contestée. — 2° La canonicité en est prouvée : 1. Par la tradition juive : a) le livre de Malachie a été traduit par les Septante ; b) l’Apocryphe IV Esd., I, 40, range Malachie au nombre des prophètes ; c) ce livre a toujours fait partie du canon juif. — 2. Par les citations du Nouveau Testament ; Matth., xi, 10 ; xvii ; 10-11 ; Marc, i, 2 ; rx, 10 ; Luc, i, 17 ; vii, 27 ; Rom., ix, 13. — 3. Par la tradition chrétienne. Voir Canon, t. ii, col. 144-168.
III. Style et langue. — Le style de Malachie est clair, simple et concis, quoiqu’il n’ait point l’élévation et l’enthousiasme des grands prophètes, d’un Isaïe ou d’un Jérémie, La langue est aussi assez pure et soignée, vu l’époque où écrit le prophète ; on trouve cependant dans ce livre un certain nombre de mots et de formes particulières ; en voici la liste : i, 1, fanât, pour fanîm, « dragons ; » i, 4, rusas, « appauvris ; » i, 5, la combinaison mê’al le, « de dessus le ; » i, 10, 11, 13 ; ii, 13 ; m, 4, minhâh, signification toute spéciale ; i, 12 ; gâ’al dans le sens de « souiller » ; ibid., nib, « fruit, » « revenu ; » i, 14, moshat, « corrompu ; » H, 9, kefî’âSér, « comme qui ; » ii, 11, bat’êl nêkdr, « fille d’un dieu étranger ; » ii, 12, ’êrve-onéh, <i vigilant et répondant ; » n, 14, ’êsét berif, « femme de l’alliance ; » ir, 16, le participe irrégulier, sânê’, « haïssant ; » iii, 1, male’ak berît, « messager de l’alliance » ; iii, 2, bârît, « potasse ; » iii, 5, ’ôsqê iekar, « oppressions du salaire ; » m, 8, qâba’, « ravir ; » nr, 10, l’expression’ad-beli-dây, « jusqu’à l’abondance ; » iii, 14, qedôrannîl, « obscurément ; » iii, 19, sorés ve-ândf, « racine et branche ; » m, 21, ’dsas, « piétiner. » Cf. Packard, The book of Malachi expounded, in-8°, Edimbourg (sans date), p. 4 ; Driver, Introduction, 6e édit., p. 358.
IV. Forme littéraire. — La prophétie de Malachie a une forme littéraire tout à fait particulière et nouvelle ; c’est une espèce de dialogue entre Dieu et les prêtres ou le peuple. Ce dialogue se déroule d’une manière uniforme ; on dirait la méthode scolastique : en premier lieu le prophète établit sommairement, sous forme de sentence, la vérité qu’il désire inculquer ; en second lieu il se pose des objections ; enfin il énonce de nouveau et démontre la proposition originale ; voici quelques exemples de ce procédé : i, 2-3, 6-14 ; ii, 13-14, 17 ; m, 7, 8, 13-18. A. Kôhler, Die nachexilischen Propheten, iv, Maleachi, Leipzig, 1865, a bien caractérisé cette méthode : « Au lieu d’un développement littéraire du sujet, usuel aux plus anciens prophètes, Malachie emploie une exposition dialectique, par demandes et réponses. Nous avous ici les premières traces de cette méthode d’exposition, qui finit par prévaloir dans les écojes qui surgirent à cette époque. »
V. Le texte. — Le texte original est l’hébreu, un hébreu assez pur, comme nous l’avons déjà vu. C’est
DIGT. DE LA BIBLE.
un des mieux conservés de l’Ancien Testament. Le peu de variantes qu’on rencontre dans les divers manuscrits est sans importance. Les différences qu’on remarque dans les anciennes versions proviennent de la variété de ponctuation des mêmes.mots hébreux. Le texte hébreu n’a que trois chapitres ; les Septante, la Peschito et la Vulgate en ont quatre ; ces versions commencent un nouveau chapitre avec iii, 19, de l’hébreu. Le livre de Malachie se trouve dans toutes les versions importantes.
VI. Prophéties messianiques. — Le livre de Malachie contient deux prophéties messianiques : — 1° Prophétie eucharistique, i, 10-11 : Voici la traduction de ce passage :
Je ne prends en vous aucune complaisance,
Dit le Seigneur des armées ;
Je ne recevrai point d’oblatioûs de votre main,
Mais du Levant jusqu’au Couchant
Mon nom est grand parmi les Gentils ;
En tout lieu on me fait des sacrifices,
Et l’on offre à mon nom une oblation pure,
Parce que mon nom est grand parmi les Gentils,
Dit le Seigneur Dieu des armées.
Cette prophétie annonce deux choses : 1. l’abolition des sacrifices de la loi ancienne ; 2. l’institution d’un sacrifice nouveau. Ce sacrifice nouveau ne peut être que l’Eucharistie : a) Le mot minhah, « oblation, » qui désigne dans l’ancienne loi les offrandes de grains, de farine, de pain et de viii, est le plus propre à designer le pain et le vin eucharistiques. — b) Cette oblation est pure ; or dans l’Eucharistie la victime est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est la sainteté même. — c) Cette oblation sera universelle : le sacrifice eucharistique est offert partout où existe l’Église ; il est donc catholique comme l’Église elle-même. — 2° Prophétie de la venue du Messie, iii, 1-4 ; iv, 1-5. — Ces deux passages visent le même événement ; ils annoncent la venue du Messie et de son précurseur, Jean-Baptiste.
VII. Bibliographie. — Outre les ouvrages cités, cf. S. Éphrem, Opéra, t. v, p. 312 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Malach., t. lxxii, col. 276-364 ; Théodoret de Cyr, In Malach., t. lxxxi, col. 1986-1988 ; sur la prophétie de Malachie en particulier, S. Augustin, De civ. Dei, xviii, xxxvt, 3, t. xli, col. 594 ; S. Jean Damascène, De Fide orthod., iv, 13, t. xciv, col. 1149-1152 ; Reinlse, Commentar, in-8°, Giessen, 1856 ; * T. T. Perowne, dans la Cambridge Bible for schools, 1890.
V. Ermoni.
MALADE(hëbreu : davvây ; Septante et Nouveau Testament : o^woroç, âffOsvTJç, à<r8evûv ; Vulgate : mger, segrotus, infirmus), celui qui est atteint de maladie. — La Sainte Ecriture fait mention spéciale des malades suivants : Jacob, malade de vieillesse, Gen., xlix, 1 ; un jeune Égyptien, malade de faim, I Reg., xxx, 13 ; Amnon, malade seulement par simulation, II Reg., xin, 6 ; Abia, le jeune fils de Jéroboam, dont le prophète Ahias perdit la mort, III Reg., xiv, 1, 12 ; Asa, roi d’Israël, atteint de podagre, II Par., xvi, 12 ; le fils de la veuve de Sarepta, atteint de langueur et d’anémie,
III Reg., xvii, 17 ; Joram, Toi de Juda, atteint d’une horrible, dysenterie dont il meurt, II Par., xxi, 19 ; Ochôzias, roi d’Israël, malade à la suite d’une chute,
IV fteg., i, 2 ; Naaman, atteint de la lèpre, dont ensuite hérite Giézi, IV Reg., v, 1, 27 ; Bénadad, roi de Syrie, dont Elisée annonce la guérison, IV Reg., viii, 7 ; Joram, roi d’Israël, malade à Jezraël, IV Reg., viii, 29 ; ix, 16 ; Elisée, atteint de la maladie dont il doit mourir, IV Reg., xiii, 14 ; Ézéchias, roi de Juda, dont Isaïe prédit la gué-rison, IV Reg., xx, 1 ; II Par., xxxii, 24 ; Is., xxxviii, 1 ; Daniel, malade durant plusieurs jours, Dan., viii, 27 ; Antiochus, terriblement malade de l’helminthiase’à laquelle il succombe, II Mach., ix, 7-21 ; dans le Nouveau Testament, le fila de l’officier de Capharnaûm,
IV. - 20
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MALADE
MALADIE
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Joa., iv, 46 ; la femme courbée depuis dix-huit ans, Luc., XIII, 11 ; le paralytique de Béthesda, Joa., v, 2 ; Lazare, qui meurt de sa maladie et que le Sauveur ressuscite, Joa., xi, 2, 4 ; le boiteux de la porte du Temple, que saint Pierre guérit, Act., iii, 2, 7 ; Tabitha, qui meurt de maladie à Joppé et à laquelle le même apôtre rend la vie, Act., ix, 37, 40 ; le boiteux de Lystres, guéri par saint Paul, Act., xiv, 7, 9 ; saint Paul lui-même malade au cours de ses prédications, I Cor., ii, 3 ; Gal., iv, 13 ; son disciple Timothée, souvent malade, I Tim., v, 23, etc. Voir Guérison, t. iii, col. 360, Maladie, et les articles
sur les différentes maladies.- MALADIE##
MALADIE (hébreu : devây, hoir, tnadvéh, mahaléh, mahâluyyvm, tahàlu’im ; Septante : àppoxmoc, nâXaxca, vô<roç, èôûvYi ; Vulgate : œgrotatio, infimiitas (jamais morbus) ; maladie mortelle : mâvét, davato ; , cf. Apoc, vi, 8 ; xviii, 8, mors ; tomber malade ou être malade : hdlâ’, hâlâh, mâras, ’<mas ; à£p<>><rué<>>, hay}.E6111a, (iaXaju’Çm ; aegrotare, inftrmari. Les écrivains du Nouveau Testament affectent l’emploi presque exclusif des mots iddévsta, infimiitas, àaŒvéùi, infirmari, ùai>tv&v, inftrmus), altération de la santé, soit par des désordres transitoires dans l’organisme, soit par des infirmités permanentes.
I. La maladie chez les Hébreux. — 1° Le climat de la Palestine est généralement très salubre ; aussi les maladies étaient-elles assez rares et de courte durée chez les anciens habitants. Tacite, Hist., v, 5, témoigne de la bonne santé dont jouissaient les Juifs. Les maladies avaient pour eux le caractère de châtiment providentiel ; car le Seigneur avait déclaré qu’il punirait leur infidélité par la consomption ou phtisie, Sahéféf, la fièvre, qaddahaf, Lev., xxvi, 16, l’inflammation, dalléqép, la chaleur brûlante, harhur, e dessèchement, horéb, Deut., xxviii, 22, l’ulcère de l’Egypte, Sehîn misraïm, sorte de maladie ^éjcuptive, les hémorroïdes, ôfalim, une espèce de lèpre, gârâb, la gale, hârés, Deut., xxviii, 27, l’ulcère, sehïn, aux genoux et aux jambes, Deut., xxviii, 35, enfin les maladies d’Egypte, tnadvéh misraïm, et toutes sortes de maux qui ne sont pas énumérés en détail. Deut., xxviii, 60, 61 ; cf. vii, 15 ; Exod., xxiii, 25. Ces maladies d’Egypte sont celles dont Dieu a frappé les Égyptiens au moment du départ des Hébreux, Exod., xv, 26, et en général toutes celles qui étaient endémiques sur les bords du Nil. Les Égyptiens, il est vrai, avaient un pays très sain et se vantaient même d’être « les mieux portants de tous les mortels ». Ils souffraient néanmoins d’un bon nombre de maladies qui travaillent encore leurs descendants, « les ophtalmies, les incommodités de l’estomac, du ventre et de la vessie, les vers intestinaux, les varices, les ulcères aux jambes, le bouton du Nil (maladie cutanée parasitaire), et enfin la « maladie divine « mortelle », le divinus morbus des Latins, l’épilepsie. L’anémie, qui ronge un quart au moins de la population actuelle, n’était pas moins répandue qu’aujourd’hui, s’il faut en juger par le nombre des remèdes que les médecins employaient contre l’hématurie qui en est la cause principale. » Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 215, 217. - 2° En évoquant ainsi lès maladies comme châtiments de l’infidélité de son peuple, Moïse ne faisait qu’imiter l’exemple donné, longtemps avant lui, par le roi babylonien Hammourabi. À la fin de son code de lois, celui-ci appelle toutes sortes de malédictions sur celui de ses successeurs qui ne tiendrait pas compte de ses ordonnances. Il le menace, entre autres calamités, d’ « une maladie grave, une peste mauvaise, une plaie dangereuse qu’on ne puisse guérir, dont le médecin ignore la nature, qu’on ne puisse calmer par un bandage, d’une morsure de mort, qui ne puisse être arrachée de ses membres ». Un roi kàssite du xii" siècle avant J.-C. menace de même sorte celui qui démolira sa stèle : « Que Gula… lui fasse
gagner une maladie incurable ! Qu’il répande le sang et la lymphe comme l’eau ! » Cf. Scheil, Textes élamitessémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 130, 164. — 3° Les menaces proférées contre ies Israélites infidèles eurent souvent lieu d’être exécutées. Aussi est-il assez fréquemment question de maladies dans la Sainte Écriture. Le caractère de châtiment qui leur était attribué dans beaucoup de cas est confirmé par Notre-Seigneur lui-même, quand il dit au paralytique de Béthesda : « Ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive pire. » Joa., v, 14. Saint Paul assigne comme cause à certaines maladies des chrétiens de son temps la mauvaise réception de la sainte eucharistie. I Cor., xi, 30. D’autre part, Dieu avait promis de punir l’iniquité des pères sur les enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération. Deut., v, 9. C’est ce qui fait que les disciples, en voyant l’aveuglené, demandent à Notre-Seigneur si sa cécité a pour cause les péchés de ses parents ou les siens. Joa., ix, 2. Elle pourrait avoir pour cause les péchés des parents ; quant aux péchés de l’aveugle avant sa naissance, les Juifs en fondaient la possibilité sur la lutte d’Esaû et de Jacob au sein de leur mère, Gen., xxv, 22 ; Ose., xii, 3, lutte qui ne pouvait impliquer aucune responsabilité morale. Notre-Seigneur enseigne à ses apôtres que la maladie ou l’infirmité peuvent visiter quelqu’un pour une tout autre cause que ses péchés ou ceux de ses parents. Joa., ix, 3 ; xi, 4.
II. Maladies ou infirmités mentionnées dans la Bible.
— Bégayement, infirmité du bègue, hébreu : ’illêg ; Septante : ifisMiïujv ; Vulgate : balbus. Is., xxxii, 4, Voir t. i, col. 1550.
Cécité, infirmité de l’aveugle, hébreu : ’ivvêr ; Septante : TUfWç : Vulgate : cxcus. Exod., iv, 11 ; Gen., XIX, 11, etc. Voir t. i, col. 1289.
_ Choléra, dans le sens de colique, Septante : ^oXépa ; Vulgate : choiera. Eccli., xxxi, 23 ; xxxvii, 33. Voir t. ii, col. 715.
Claudication, infirmité du boiteux, pissêah, xuXôç, claudus. Voir Boiteux, t. i, col. 1842.
Coups et blessures, voir Mutilation. Lev., xxi, 19, etc. Voir t. i, col. 1842.
Dessèchement d’un membre, Matth., xii, 10 ; Marc, m, . 1 ; Luc, vi, 6. Voir Main et Paralysie.
Dysenterie, Luc. : 8u<revcepîov ; Vulgate : dysenteria. II Par., xxi, 14-19 ; Act., xxviii, 8. Voir t. ii, col. 1517.
Èléphantiasis, Job, ii, 7 ; Deut., xxviii, 27. Voir t. ii, col. 1662.
Épilepsie, mal des lunatiques, atÀYivcaso^vot, lunatici. Matth., iv, 24 ; xvii, 14. Voir Lunatique, col. 417.
Fièvre, hébreu : qaddahap, dalléqép, harhur ; Septante : 7tup£T(i ; , pfyoç, èp£8[<r|jid ; ; Vulgate : ardor, febris. Deut., xxviii, 22, etc. Voir t. ii, col. 2234.
Flux, hébreu : zâb ; Septante : pûatç ; Vulgate : flu&us seminis, nom générique de désordres affectant les organes de la génération, gonorrhée, spermatorrhée, blennorrhée, etc. Lev., xv, 3. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857.
Folie, hébreu : Siggd’ôn ; Septante : K<tp<x.iù.r%[*, 7capa(ppdvTiircç ; Vulgate : amentia. Deut., xxviii, 28 ; Zach., xii, 4. Voir t. ii, col. 2301.
Gale, hébreu : gârdb, hérês, Septante : ij/tSpa ct^pitt, xvrjçirç ; Vulgate : scabies, prurigo. Lev-, XXI, 20 ; Deut., ’xxviii, 27. Voir t. iii, col. 82.
Gangrène, grec : YaYy-paiva ; Vulgate : cancer. II Tim., n, 17. Voir t. iii, col. 105.
Helminthiase, maladie vermiculairë. Voir t. ut, col. 583.
Hémorroïdes, hébreu : ’ofalim, tehorîm. Deut, xxviii, 27 ; I Reg., v, 6. Voir t. iii, col. 587, etOFAUM.
Hernie, infirmité du merôah’é&ék± (iôvopx l î> hernwsus. Lev., xxi, 20. Voir t. iii, ~eol. 637.
Hydropisie, maladie de I’û6pa>mx6ç, hydropicus. Luc, xiv, 2. Voir t. iii, col. 790.
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MALADIE
MALASAR
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Impétigo, hébreu : nétéq, yalléfét ; Septante : 8paû<T(i.a, iEty.Tiv ; Vulgate : impétigo. Lev., xiii, 30 ; xxi, 20 ; xxii, 22. Voir t. iii, col. 844.
Insolation. IV Reg., iv, 18-20 ; Judith, viii, 3 ; Jon., IV, 8. Voir t. iii, col. 885.
Jaunisse, hébreu : yêrdqôn : Septante : îVrepo ; : Vulgate : aurugo. Jèr., xxx, 6. Voir t. iii, col. 1145.
Lèpre, hébreu : gârâb, né(éq, sara’af, sehin ; Septante : Xé-rcpa : Vulgate : lepra. Leï., xiii, 2 ; Num., XII, 10, etc. Voir col. 175.
Lunatiques (Maladie des), épilepsie. Voir col. 417.
Lycanthropie, espèce particulière de folie. Voir t. ii, col. 2301, 3°.
lUutilation, voir Eunuque, t. ii, col. 2044 ; Incision, t. iii, col. 868 ; Mutilation.
Mutisme, infirmité du muet, ’illêni, [ioyiXâXo ; , Sûcrxmçoc, xwçd ; : Vulgate : mutus. Is., xxxv, 6 ; Matth., ix, 32. Voir Muet.
Paralysie, mal du paralytique,-napoiXuTcx6ç, paralyticus. Matth., iv, 24 ; viii, 6, etc. Voir Paralysie.
Peste, hébreu : débér, mâvét, qotéb, réêéf ; Septante : ftàvaxo ; ; Vulgate : pestis, pest-ilentia. Exod., v, 3 ; ix, 3 ; Beut., xxviii, 21, etc. Voir Peste.
Plaie ou blessure, hébreu : dakkê’, tnahas, makkâh, pesa 1 ; Septante : Tpaûjia, tcXtjy^, (rjvTpi|i|i.a ; Vulgate : plaga, vulnus. Is., i, 6, etc. Voir Plaie.
Podagre, maladie qui a son siège dans les pieds. III Reg., xv, 23. Voir Podagre.
Possession, comportant des maladies causées ou aggravées par la présence du démon. Voir Démoniaques, t. ii, col. 1374.
Surdité, infirmité du sourd, hêrês, xwçd ; , surdus. Exod., iv, 11, etc. Voir Sourd.
Teigne, hébreu : nétéq, saffahaf ; Septante : 9pa0c7[ia ; Vulgate : pustula, macula. Lev., xiii, 2, 30, 37, etc. Voir Teigne.
Ulcère, hébreu : sehîn ; Septante : s).xo ; ; Vulgate : ulcus, Exod., ix, 9, 11 ; Lev., xiii, 18-20, etc. Voir Ulcère.
III. Devoirs imposés a l’occasion de la maladie. — Il est recommandé de recourir à Dieu par la prière dans la maladie. Eccl., xxxviii, 9. Dieu vient particulièrement en aide au malade qui a eu le souci des pauvres. Ps. xli (xl), 4. C’est un devoir de visiter les malades, Eccli., vii, 39, et Notre-Seigneur, au jour du jugement, regardera ces visites comme faites à lui-même en personne. Matth., xxv, 36-44. Quand un chrétien est malade, il faut appeler les prêtres de l’Église pour qu’ils l’oignent d’huile et prient sur lui. Jacob., v, 14. Voir Extrême-Onction, t. ii, col. 2140. — Voir Th. Bartolini, De morfcis biblicis, miscellanea biblica, in-12, Francfort, 1672, 1705, et dans Ugolini, t. xxx, p. 1521 ; R. Mead, Medica sacra sive de morbis insignioribus gui in Bibliis memorantur, in-12, Amsterdam, 1749 ; Chr. Reinhard, Bïbelhranhheiten welche im alten Testamente vorkommen, Leipzig, 1767 ; Chr. Ackermann, Erlâuterung derjenigen Krankheiten deren im N. T. Erwâhnung geschicht, Géra, 1784 ; Jahn, Archssolog. biblic, dans le Cursus complet, de Migne, Paris, 1852, col. 936946 ; Th. Shapter, Medica sacra, in-12, Londres, 1834 ; J. P. Trusen, Darstellung der biblischen Krankheiten, in-8°, 1843 ; R. J.Wunderbar, Biblisch-talmudîsche Medicin, in-8°, Riga, 1850-1860 ; Frz. Delitzsch, System der biblischen Psychologie, Leipzig, 1861, p. 286-306 ; R. Bennett, The Diseases of the Bible, in-16, . Londres, 1887 ; J. Berendes, Die Pharmacie bei den alten Culturvôlker, 2 in-8°, Halle, 1891, t. i, p. 82-124 ; W. Ebstein, Die Medizin im Alten Testament, Stuttgart, 1901, p. 71-161
{Bibliographie, p. 181-184).- MALALAI##
MALALAI (hébreu : Milâlai ; omis dans les Septante), un des prêtres qui jouèrent de la trompette lors de la dédicace des murs de Jérusalem, du temps de JJéhémie. II Esd., xii, 35 (hébreu 36).
- MALALÉEL##
MALALÉEL (hébreu : Makâlale’êl ; Septante : MotXeXeT|X), nom d’un patriarche antédiluvien et d’un Israélite.
A. MALALÉEL, patriarche antédiluvien, descendant de Seth, fils de Caïnan et père de Jared. Caïnan l’engendra à l’âge de 70 ans et il engendra lui-même Jared à l’âge de 65 ans. Il vécut huit cent quatre-vingt-quinze ans. Gen., v, 12-17 ; I Par., i, 2. Saint Luc, iii, 3, le nomme dans la généalogie de Notre-Seigneur.
2. MALALÉEL, père de Saphatia, de la tribu de Juda. Il était l’ancêtre d’Athaïas, fils d’Aziam, qui s’établit à Jérusalem après la captivité de Babylone. Athaïas était de la famille de Phares, quoique la ponctuation de la Vulgate latine semble dire le contraire. II Esd., xi, 4. Cf. le texte hébreu et ꝟ. 6.
- MALASAR##
MALASAR (hébreu : hammélsar ; Septante : ’A(jt.eX<ràê). Il est raconté au livre de Daniel, 1, 8-20, qu’un personnage auquel le chef des eunuques de Nabuchodonosor avait confié Daniel et ses trois compagnons, permit aux jeunes Hébreux de ne manger que des légumes et de ne boire que de l’eau. Le texte hébreu désigne ce personnage sous le titre de "isban, Dan., i, 11, 16. La Vulgate
a vu dans ce mot un nom propre, Malasar ; de même les Septante, éd. de Sixte-Quint : ’AjieXffàS. Avant les découvertes cunéiformes, on essayait d’expliquer ce mot par le néo-persan ~**Jl « , vini princeps, cellarius. Gesenius, Thésaurus, p. 797. Aujourd’hui on le tient généralement pour un mot babylonien qui désignait un fonctionnaire de la cour. Frd. Delitzsch, dans S. Bær, Daniel, Leipzig, 1882, Prsef., p. xi, propose de voir dans l’hébreu ham-mélsar. l’assyrien massaru, « le gardien, le préfet, » que l’auteur de Daniel a fait précéder de l’article. Dans la tablette K. 8669, ana masarti nazàzu semble s’entendre, en effet, du service de la table royale. Cf. Mittheilungen der Vorderas. GeseiUchaft, 1898, p. 252, lig. 17 ; p. 254, lig. Il et 20. La présence de la lettre l dans l’hébreu s’expliquerait comme celle du X dans le grec pâXaoi[iov, de la racine sémitique o’uo. J. Halévy (communication verbale) croit que le texte massorétique contient la transcription exacte des consonnes du mot assyrien et que la lettre n n’est pas ici l’article hébreu, mais qu’elle répond à l’aspirée douce, >, babylonienne. Ham-mélsar serait donc amêta sîru, « l’homme élevé en dignité. » Cette opinion a pour elle le grec’AjjieXffdiê, très probablement pour’A[ieXc7<xp, car le "i, r, a pu très facilement se changer en t, d, sous la plume du copiste du texte hébreu correspondant. Mais si les expressions de daianu sîru, « le grand juge, » de sukkallu sîru, « le grand envoyé, » etc., se rencontrent fréquemment dans les textes babyloniens ou assyriens, il n’en est pas de même encore, à ma connaissance, pour atnêlu sîru, comme désignation d’une fonction spéciale. Il faudrait donc traduire Dan., i, 11 : « Daniel dit au grand à qui le chef des eunuques avait confié, etc., » et i, 16 : « Le grand emportait les mets et le viii, etc. » Enfin Marti, Dos Buch Daniel, Tùbingue, 1901, p. 5, remarque à la suite de Cheyne que dans certains manuscrits des Septante, on lit un texte tout différent. Dan., i, 11 : ’AëieaSpf tû àva8£ix6évTi àpxi£Uvo13x<j> Êil tôv AavtTJX, etc. Voir Swete, The Old Testament in Greek according to the Septuagint, Cambridge, 1894. Cette leçon supposerait un original dans lequel au lieu des mots’jnoïï-'jt D>DnDn ito ma-iitfN nsSan, on aurait lu
… T -. T - - t v- : - : v un nom propre (Abiesdri ou plutôt, d’après Cheyne, Bêlsazzar, dans son Encyclopàdia biblica, t. iii, 1902, col. 3019), suivi de btMï- 1 : ? nra iwn n’DnBn "vs, « Abies — t - t’.. v- : "t dri (ou Bêlsazzar), le chef des eunuques qui avait été préposé sur Daniel, etc. s Cette correction est complètement arbitraire. F. Martin.
- MALCHUS##
MALCHUS (grec : MstXx°s)> serviteur (SoOXoi ; ) du grandprêtre Caïphe qui se rendit au jardin des Olives avec ceux qui allaient arrêter Notre-Seigneur. Comme il se distinguait sans doute parmi les plus ardents contre le Sauveur, saint Pierre voulut le frapper de son épée, mais il lui coupa seulement l’oreille droite. Jésus guérit aussitôt sa blessure. Les quatre évangélistes ont raconté cet épisode, Matth., xxvi, 51 ; Marc, xiv, 47 ; Luc, xxii, 50-51, mais saint Jean, xviii, 10, est le seul qui nous ait conservé le nom de Malchus et qui nous apprenne que l’apôtre qui l’avait blessé était Pierre. Saint Matthieu, saint Marc et saint Jean ne mentionnent pas la guérison de la blessure, mais saint Luc, qui note avec soin les détails qui l’intéressaient comme médecin, marque que Jésus guérit le serviteur du grand-prêtre en lui touchant l’oreille (à^itievoç toO ùm’ou), d’où l’on peut conclure qu’elle n’avait pas été coupée complètement. Malchus avait un de ses parents qui était comme lui au service du grand-prêtre et ce fut ce parent qui demanda à Pierre, dans la cour de Caïphe : « Ne t’ai-je pas vu dans le jardin (des Olives) avec lui (Jésus) ? » et l’apôtre renia alors son Maître. Joa., xviii, 26-27. — Le nom de Malchus, dérivé de mélék, « roi, » est sans doute le même nom que Mallùk (Vulgate : Maloch et Melluch), que nous lisons I Par., vi, 29 (Vulgate, 44) ; I Esd., x, 32 ; II Esd., x, 4, 27 ; xii, 2. Il devint assez commun parmi les Grecs, mais il était donné spécialement à des personnes d’origine orientale. Voir W. Pape, WSrterbuch der griechischen Eigennamen, 8e édit., 1863-1870, t. ii, p. 850.
- MALDER Jean##
MALDER Jean, théologien catholique, né à Lewes-Saint-Pierre, près de Bruxelles, le 14 août 1563, mort à Anvers, le 21 octobre 1633. Il fit ses études à Douai et à Louvain, et en 1586 obtint dans cette dernière ville une chaire de philosophie. En 1594, il se fit recevoir docteur en théologie, obtenait ensuite la chaire de théologie seholasti que et devenait chanoine de Saint-Pierre. Il fut choisi pour être supérieur du séminaire en 1598, et en 16Il il était élu évêque d’Anvers. On a de lui Commentarius in Cantica Canticorum, in-8°, Anvers, 1628. — Voir Valère André, Bibliotheca Belgica (1643), p. 531 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas (1766), t. vii, p. 18 ; Dupin, Table des auteurs du xvip siècle (1719),
col. 1758.- MALDONADO ou MALDONAT Jean##
MALDONADO ou MALDONAT Jean, né en 1534 à Casas de la Reina (Estramadure), mort à Rome le 5 janvier 1583. Il enseignait depuis quelque temps à Salamanque, lorsque Dieu l’appela à la vie religieuse. Reçu au noviciat de la Compagnie de Jésus à Rome, le 10 août 1562, il fut envoyé l’aimée suivante à Paris, où il professa avec grand éclat la philosophie et la théologie. En quittant la France il se rendit en Lorraine pour y visiter les maisons de son ordre. Rappelé à Rome par Grégoire XIII, afin de travailler à l’édition de la Bible grecque des Septante, il mourut dans cette ville peu après son retour. Il nous reste de Maldonat sur l’Écriture Sainte trois ouvrages considérables, dont de nombreuses éditions en France, en Allemagne et en Italie attestent le succès : 1° Joannis Maldonati Soc. Jes. theologi Commentarii in quatuor Evangelistas, Pont-à-Mousson, 1596 ; Venise, 1597, 1606 ; Lyon, 1598 et 1615 ; Brescia, , 1598 ; Mayence, 1602, 1622, 1874 ; Paris, 1617, 1621, etc. ; 2° Commentarii in prophetas IV, Jerenxiam, Ezechielem, Baruch et Danielem, Lyon, 1609 ; Paris, 1610 ; Tournon, 1611 ; Mayence, 1611 ; Bruxelles, 1636. — Le commentaire sur Ezéchiel a été inséré dans le Cursus Script. Sac. de Migne, t. xrx, col. 645-1016 ; 3° Commentarii in preecipuos Sacres Scripturee libros Veteris Testamenti, in-f », Paris, 1643°. La bibliothèque de l’école Sainte-Geneviève, à Paris, possède une courte dissertation inédite De Scriplurse authoritate, due à la
plume du savant religieux. — Voir P. Prat, Maldonat et l’Université de Paris, in-8°, Paris, 1866.
P. Bliard.
MALE (hébreu : zdkâr, zàkûr ; Septante : a.pa-iv, àpævt xôç ; Vulgate : mas, masculus, masculinus ; quelquefois :
gébér, àvqp, vir), individu appartenant au sexe masculin.
Le mot est employé à propos des hommes et des animaux.
I. Les hommes. — 1° Quand Dieu créa l’homme « il les créa mâle et femelle ». Gen., i, 27 ; v, 2. Le passage du singulier collectif’otô, « lui, » l’homme, au pluriel’otâm, « eux, » les deux premiers êtres humains, montre très nettement que les deux sexes ne sont pas réunis dans le même individu, mais appartiennent chacun à un individu différent. Cf. Matth., xix, 4 ; Marc, x, 6. Du récit de la création d’Adam et d’Eve, comme de celui de leur désobéissance à Dieu, résulte l’idée, très accentuée chez les Hébreux, de la supériorité de l’homme sur la femme. — 2° Le mâle n’enfante pas, Jer., xxx, 6, mais la femme recherche l’homme. Jer., xxxi, 22 ; Eccli., xxxvi, 23. Job, iii, 3, et Jérémie, xx, 15, en parlant de leur propre naissance, maudissent le jour où il a été dit : Un mâle est né. La femme de l’Apocalypse, xii, 5, 13, enfante un mâle ; c’est la figure de l’Église qui enfante soit le chrétien, soit un peuple à la foi. — Après la naissance d’un enfant mâle la mère reste impure pendant quarante jours ; après la naissance d’une fille, l’impureté dure le double de temps. Lev., xii, 2-5. — La sodomie, ou commerce criminel entre mâles, est sévèrement prohibée. Lev., xviii, 22 ; xx, 13 ; Rom., i, 27 ; I Cor., vl, 10 ; I Tim., i, 10. Il est également défendu aux hommes de prendre des habits de femme et réciproquement. Deut., xxii, 5. — 3° C’est à tous les mâles sans exception qu’est imposée la circoncision. Gen., xvii, 4, 10, 12, 23 ; xxxiv, 15, 22, 24 ; Exod., xii, 48. — 4° Dans les dénombrements, ce sont surtout les mâles dont il est tenu compte. Num., i, 2, 20, 22 ; iii, 15, 22, 28, 34, 39, 40, 43 ; xxvi, 62 ; I Esd., vin, 3-14, etc. — 5° Les mâles sont les victimes principales des exterminations. Le pharaon ordonne de faire périr les enfants mâles des Hébreux. Exod., i, 16, 22. Tous les Israélites mâles, sortis d’Egypte, à l’exception de deux, trouvent la mort au désert. Jos., v, 4. Tous les mâles de la ville habitée par Sichem, fils d’Hémor, Gen., xxxiv, 25, tous ceux des Madianites, Num., xxxi, 7, 17, . de jabès en Galaad, Jud., xxi, 11, de l’Idunaée, III Reg., xi, 15, de Bosor, de Maspha, d’Éphron, I Mach., v, 28, 35, 51, sont passés au fil de l’épée. Les Israélites avaient ordre de tuer tous les mâles du pays de Chanaan. Deut. r xx, 13. — 6° Au point de vue religieux, les mâles ont aussi une situation particulière, par rapport aux droits et aux devoirs. Les mâles premiers-nés appartiennent au Seigneur et doivent être rachetés. Exod., xiii, 12, 15 ; xxxiv, 19 ; Deut., xv, 19 ; Luc, ii, 23. Voir Premier-né. Tous les mâles d’Israël ont à se présenter trois fois l’an au sanctuaire, à l’époque des grandes fêtes. Exod., xxiii, 17 ; xxxiv, 23 ; Deut., xvi, 16. Les mâles de race sacerdotale peuvent seuls manger les victimes des sacrifices d’expiation. Lev., vi, 18, 29 ; vu ; 6 ; Num., xviii, 10 ; II Par., xxxi, 19. Enfin, pour se racheter d’un vœu, tout mâle doit payer, d’un mois à cinq ans : cinq sicles d’argent ; de cinq ans à vingt : vingt sicles ; de vingt ans à soixante : cinquante sicles ; au delà de soixante : quinze sicles. Les femmes se rachètent pour une somme qui n’atteint que la moitié ou les trois cinquièmes des précédentes. Lev., xxvii, 3-7.
II. Les animaux. — 1° Lepremier-né des animaux appartient au Seigneur et doit lui être immolé. Exod., xiii, 12, 15 ; xxxiv, 19. — 2° L’animal offert pour le sacrifice d’action de grâces peut être indifféremment mâle ou femelle. Lev., iii, 1, 6. Pour l’holocauste, les animaux mâles sont seuls admis. Lev., i, 3, 10 ; xxii, 19. Malachie, I, 14, reproche aux Israélites de son temps la transgression de cette loi. — 3° La victime pascale ne pouvait être qu’un mâle. Exod., xji, 5. H, LesÈIRE.
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- MALÉDICTION##
MALÉDICTION, MAUDIRE
618
- MALÉDICTION##
MALÉDICTION, MAUDIRE, le contraire de Bénédiction, Bénir, voir 1. 1, col. 1580-1583, par conséquent acte par lequel on appelle le malheur sur quelqu’un, ou même, par extension, sur des êtres inanimés. Voir aussi Imprécation, t. iii, col. 853-854,
I. Les termes employés. — La malédiction est ordinairement appelée qelâlâh, xftrapa, maledictio, maledictum, une fois mig^érét, âvâXaxriç, increpatio, Deut., xxviii, 20, et une fois, fa’âlâh, iiôxôoç, labor, « peine. » Lam., iii, 65. Les verbes suivants signifient « maudire » : ârar, analogue à l’assyrien arâru, zâ’am, nâqab, qâbab, qillêl ; dans les Septante : àpâ<r9ai, -*aTapS<r6ai, êntica-TapâaSai, xaxoXoysïv ; dans la Vulgate : maledicere ; d’où xaiâpaio ; , èiHxaTapaxot, maledictus, « maudit. » Le verbe bârak, qui signifie « bénir », a aussi quelquefois par antiphrase le sens de « maudire ». Job, i, 5 ; ii, 5 ; III Reg., xxi, 10, 13 ; Ps.x, 3. Ce double sens se retrouve dans l’éthiopien bdrâk et dans le maltais byrek ou bârek. Cf. Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 127.
II. Les malédictions divines. — La malédiction divine est particulièrement redoutable, parce que, si les hommes peuvent appeler le malheur, la justice de Dieu va plus loin et l’inflige à qui le mérite. Heureusement, les malédictions divines ne sont souvent qu’à l’état de menaces, destinées à éloigner du péché ceux qui seraient tentés de le commettre. — l°Dans l’Ancien Testament, Dieu maudit le serpent qui a servi d’instrument à Satan, Gen., iii, 14, la terre souillée par le péché de l’homme, Gen., iii, 17 ; v, 29 ; viii, 21, et Caïn meurtrier de son frère. Gen., iv, 11. Il maudit ceux qui maudissent Abraham, Gen., xii, 3, et celui que ses crimes ont fait attacher au poteau après sa lapidation. Deut., xxi, 23. On lit ici dans le texte hébreu : « Malédiction de Dieu est le suspendu, » ce que les Septante traduisent : « Maudit de Dieu, tout homme suspendu au bois. » Saint Paul, Gal., iii, 13, reproduit la sentence sous cette forme : « Maudit tout homme qui est suspendu au bois. » Il accepte l’addition uSç, « tout homme, » des Septante, et il supprime le mot’Ëlohîm, ûub ©eoû, « de Dieu, » qui se lit dans les anciens textes. Mais il les sous-entend nécessairement, puisqu’il vient de dire que n. le Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, en se faisant maudit à notre place ». Or il est certain que la malédiction formulée par la loi émanait -de Dieu. Saint Jérôme reproduit le texte tel qu’il est dans l’hébreu et les Septante. Aussi est-ce sans raison <ræ In epist. ad Galat., iii, 14, t. xxvi, col. 363, il accuse les Juifs d’avoir ajouté les mots’ëlohîm et ûitb ©eoû aux anciens textes, pour déshonorer les chrétiens en donnant à croire que le Christ avait été maudit de Dieu. Il n’y a rien ici à reprocher aux Juifs, car le Christ a été vraiment maudit de Dieu, en tant que chargé des péchés du monde. De longues malédictions sont portées au nom de Dieu, contre les Israélites transgresseurs de la loi. Lev., xxvi, 14-45 ; Deut., xi, 26-29 ; xxvii, 13-26 ; xxviii, 16-45 ; xxix, 20, 27 ; xxxi, 1, 17-19 ; Jos., viii, 34. Des malédictions analogues, quant à la longueur et quant aux idées, avaient été proférées, longtemps avant Moïse, par le roi de Babylone, Hammourabi, contre ceux de ses successeurs qui contreviendraient aux lois qu’il avait promulguées. Cf. Scheil, Textes élamites-sémitiques, IIe sér., Paris, 1902, p. 123131. Les malédictions divines furent souvent répétées par les prophètes contre les Hébreux infidèles aux lois mosaïques. Jer., xxiv, 9 ; xxv, 18 ; xxvi, 6 ; xxix, 18, 22 ; xlii, 18 ; xliv, 8, 12 ; Zach., v, 3 ; viii, 13 ; Bar., i, 20, etc. Sous Josias, on lut solennellement au peuple les malédictions du Deutéronome. IV Reg., xxii, 19 ; II Par., xxxiv, 24. Daniel, IX, 11, constate que ces malédictions s’étaient réalisées. Elles frappaient également le pays, à cause de ses habitants. Is., xxiv, 6 ; Jer., xxiii, 10 ; snv, 22. C’est encore la malédiction divine que les
écrivains sacrés prononcent contre les méchants, Job, xxiv, 18 ; Ps. cxix (exviii), 21 ; JEecli., xxxiii, 12 ; Sap.. ni, 13 ; xii, 11 ; contre la mauvaise langue, Eccli., xxviii, 15 ; contre ceux qui manquent de fidélité à Dieu, Jer., xi, 3, qui mettent leur confiance dans les hommes, Jer., xvii, 5, qui accomplissent mal l’œuvre de Dieu, Jer., xlviii, 10, qui déshonorent le Seigneur par un culte indigne de lui, Mal., i, 14 ; ii, 2 ; m, 9, ou qui fabriquent des idoles. Sap., xiv, 8. Ces malédictions causent la ruine de quiconque les encourt. Ps. xxxvii (xxxvi), 22. — 2° Dans le Nouveau Testament, Notre-Seigneur maudit le figuier stérile, Marc, xi, 21 ; mais il ne maudissait pas lui-même ceux qui le maudissaient. I Pet., ii, 23. Cependant c’est sous cette forme de malédictions qu’il adresse de sévères reproches aux villes coupables d’incrédulité, Matth., xi, 21, aux riches et à ceux qui cherchent leur bonheur définitif en ce monde, Luc, vi, 24-26, aux scribes et aux pharisiens, adversaires de sa mission rédemptrice. Matth., xxiii, 13-39. La malédiction divine pèse encore sur ceux qui veulent rester soumis à la Loi ancienne, Gal., iii, 10, 13, sur les âmes qui ne profitent pas de la grâce et sont comme une terre stérile, Heb., vi, 8, et sur les faux docteurs, « fils de malédiction, » qui entravent la prédication évangélique. II Pet., H, 14. Enfin les maudits par excellence sont ceux que Dieu enverra au supplice éternel. Matth., xxv, 41.
III. Les malédictions et la. Loi. — 1° Il y avait peine de mort contre celui qui maudissait le nom de Dieu. Lev, , xxiv, 11, 15. Cf. III Reg., xxi, 10, 13. La même peine était infligée à quiconque maudissait son père ou sa mère. Exod., xxi, 17 ; Lev., xx, 9. Cette pénalité est plusieurs fois rappelée. Prov., xx, 20 ; xxx, 11 ; Eccli., m, 18 ; Matth., xv, 4 ; Marc, vii, 10. Il est défendu de maudire les’ëlohîm, et le chef du peuple. Exod., xxii,
28. Le mot’ëlohîm, que les versions traduisent par le pluriel, 9eoi, dii, « les dieux, » ne désigne ici ni Dieu lui-même, qui ne saurait être mis en parallèle avec le chef du peuple, ni les dieux des nations, comme l’ont imaginé Josèphe, Anl. jud., IV, viii, 10 ; Cont. Apion., n, 33, etThilon, De monârch., 1, 7 ; De vit. Mosis, iii, 26, édit. Mangey, t. ii, p. 219, 166, pour être agréables à leurs lecteurs païens, mais les magistrats, déjà appelés du même nom. Exod., xxi, 6. Il est encore défendu de maudire le sourd, qui ne peut entendre ce qu’on dit ni se défendre. Lev., xix, 14. Par contre, des malédictions spéciales sont prescrites contre la femme soupçonnée d’infidélité, malédictions qui devaient avoir leur effet si la femme était coupable. Num., v, 19-22. Voir Eau de jalousie, t. ii, col. 1522, 1523. — 2° L’esprit de la Loi se retrouve dans le conseil de ne maudire en secret ni le roi, ni le riche. Eccle., x, 20. Il est recommandé de ne pas s’attirer, par sa dureté, la malédiction du pauvre, car Dieu l’entendrait, Eccli., iv, 5, 6, bien qu’il n’exauce pas toujours celui qui maudit. Eccli., xxxiv,
29. — 3° Notre-Seigneur ordonne à ses disciples de bénir ceux qui les maudissent. Luc, vi, 28. Les Apôtres rappellent cet ordre, Rom., xii, 14 ; I Pet., iii, 9, et s’y conforment eux-mêmes. I Cor., iv, 12 ; I Tim., iv^IO.
IV : Malédictions contre les hommes. — 1° Noé maudit Chanaan, à cause de l’irrévérence de son père Cham. Gen., ix, 25. Jacob redoute la malédiction de son père Isaac, Gen., xxvii, 12, mais celui-ci maudit ceux qui maudiront Jacob et bénit ceux qui le béniront. Gen., xxvii, 29. Balac, roi de Moab, envoie chercher Balaam, afin qu’il maudisse le peuple d’Israël. Celui-ci, sur l’ordre de Dieu, se refuse à maudire et ne profère que des bénédictions. Num., xxii, 5-xxiv, 9. La formule par laquelle il termine : « Béni soit qui te bénira et maudit qui te maudira, » se retrouve déjà. Gen., xii, 3 ; xxvii, 29. La substitution des bénédictions aux malé619
- MALÉDICTION##
MALÉDICTION, MAUDIRE — MALLOTES
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dictions demandées à Balaam laissa un profond souvenir chez les Hébreux. Deut, xxiii, 4, 5 ; Jos., xxiv, 9 ; II Esd., xiii, 2. Voir Balaam, t. i, col. 1390-1398. Josué profère des malédictions contre ceux qui rebâtiront Jéricho, Jos., vi, 26, et contre les Gabaonites qui l’ont trompé. Jos., IX, 23. Au temps des Juges, Abimélech est maudit par les Sichimites, Jud., ix, 27, 57, et les Israélites maudissent ceux qui marieront leurs filles avec des hommes de la tribu de Benjamin. Jud., xxi, 18. Des malédictions sont ensuite prononcées par Saül contre quiconque mangera avant la victoire remportée sur les Philistins, I Reg., xiv, 24, 28, voir Jonathas, t. iii, col. 1617, - par Goliath contre David, I Reg., xvii, 43 ; par David contre ceux qui lui aliéneraient l’esprit de Saûl, I Reg., xxvi, 19 ; par Sémél contre David, II Reg., xvi, 5-13 ; xix, 21, crime qui doit entraîner la mort du coupable, III Reg., ii, 8 ; par Elisée contre les enfants de Béthel qui l’insultent, IV Reg., ii, 24 ; par Jéhu contre Jézabel, IV Reg., IX, 34 ; par Néhémie contre les Juifs qui épousent des étrangères, II Esd., xiii, 25 ; par Tobie contre ceux qui mépriseront Jérusalem, Tob., xm, 16 ; par les Juifs contre Jérémie, Jer., xv, 10 ; par les défenseurs de Gazara contre les Juifs qui les assiègent, II Mach., x, 34 ; par les’juifs contre l’aveugle-né. Joa., lx, 28. — 2° D’autres malédictions ont un caractère plus général. Les méchants ont la bouche pleine de malédictions. Ps. x, 7 ; xiv (xm), 3 ; Rom., iii, 14. Les hypocrites bénissent des lèvres et maudissent du cœur. Ps. lxii (lxi), 5. Les bénédictions multipliées et importunes deviennent de vraies malédictions. Prov., xxvii, 14. L’impie qui maudit le diable se maudit lui-même. Eccli., xxi, 30. La malédiction sans motif n’a point d’effet. Prov., xxvi, 2. Si elle vient du méchant, Dieu la change en bénédiction, Ps. Cix (cvm), 28, et ce sont les méchants eux-mêmes qui sont maudits, Ps. cix(cvih), 18, avec leur race. Eccli., xli, 12, 13. Le même sort est réservé aux orgueilleux. Eccli., x, 15. La malédiction d’une mèi*e-eause la ruine delà maison. Eccli., iii, 11. Le peuple maudit l’accapareur du blé, Prov., xi, 26, et celui qui dit au méchant : « Tu es juste. » Prov., xxiv, 24. Le serviteur maudit celui qui le traite injustement. Prov., xxx, 10 ; Eccle., vii, 22, 23. NabtiliUiiiwil accusé faussement d’avoir maudit Dieu et le roi. III Reg., xxi, 10, 13. Isaïe, viii, 21, dit que le peuple d’Israël, devenu rebelle, maudira son roi et son Dieu ; il ajoute dans son langage figuré qu’à l’âge d’or, au temps messianique, la vie sera si longue que mourir à cent ans sera considéré comme une malédiction réservée au méchant. Is., lxv, 20. Notre-Seigneur proclame bienheureux ceux que le monde maudit. Matth., v, 11. Les pharisiens maudissaient la foule et l’appelaient ignorante, parce qu’elle s’attachait au Sauveur. Joa., vii, 49. — Sur les malédictions qu’on trouve dans les Psaumes contre les ennemis du poète sacré ou du peuple de Dieu, voir Imprécation, 5°, t. iii, col. 854.
V. Malédictions contre les choses. — Jacob maudit la colère de Siméon et de Lévi. Gen., xlix, 7. La malédiction est portée contre la terre de Méroz, Jud., v, 23, contre Bozra, Jer., xlix, 13, contre la demeure de l’insensé, Job, v, 3, et contre la mémoire de la femme adultère. Eccli., xxiii, 36. Job. iii, 1, et Jérémie, xx, 14, 15, maudissent le jour qui les a vus naître, c’est-à-dire veulent qu’il soit compté comme un jour malheureux. Cf. Eccli., xxiii, 19. Les magiciens maudissent le jour, Job, iii, 8, c’est-à-dire ont le prétendu pouvoir de rendre néfastes certains jours. — La langue bénit et maudit, Jacob., iii, 9, 10, mais les idoles ne peuvent
faire ni l’un ni l’autre. Bar., vi, 65.- MALIN##
MALIN (LE) (grec : & riov^poç ; Vulgate : malus, malignus), nom donné par antonomase, à Satan ou au démon, parce qu’il est méchant. Dans ce sens, itovripô ; est toujours précédé en grec de l’article. La Vulgate l’a
toujours traduit par malignus, dans I Joa., ii, 13, 14 ; m, 12 ; v, 18, 19. Ailleurs, elle l’a rendu par malus, Matth., xiii, 19 ; IIThess., iii, 3 ; par nequissimus. Eph., vi, 16. — Les commentateurs ne sont pas d’accord entre eux pour savoir s’il faut entendre du Malin ou du mal les passages suivants : 1° Matth., vi, 13, et Luc, xi, 4 : pOaat rjjiâéç àitô toû itovripoû, libéra nos a malo, « délivre-nous du mal (ou du Malin). » On l’entend communément du mal ; Matth., v, 37 : ce qui est en plus (de oui ou de non) est du Malin (ou du mal, mauvais). — 2° Matth., xiii, 38 : *rà 5s ÇtÇàvta, eî<xlv q utot tov rcov^poû, zizania autem, filii sunt nequam, « la zizanie est (la figure) des fils du diable (ou des fils du mal, des méchants). » Comme il est dit au ꝟ. 39 que le diable, êistëoXoç, est figuré par « l’homme ennemi », il ne paraît pas naturel que la zizanie figure aussi le même personnage et, dès lors « fils du mal » doit être un hébraïsme qui signifie simplement « méchants >. — 3° Dans sa prière à son père en faveur de ses Apôtres, Joa., xvii, 15, Jésus dit : « Je ne demande pas que tu les enlèves de ce monde, mais que tu les gardes du mal (ou du Malin) », êx toû novujpoû, a malo. Quelques commentateurs entendent aussi ce terme dans le sens de « mal » et non de « Malin ». II Thess., iii, 3 ; I Joa., v, 19. — L’équivoque dans tous ces passages provient de ce que le texte grec ne permet pas de distinguer si le mot original est à itovujpôç, au masculin, « le Malin, » ou tô m>v>)p<Sv, au neutre, « le mal, » parce que le masculin et le neutre ont la même forme aux cas obliques.
— Les démons sont aussi appelés 7tveûp.a itovripov, Matth., xii, 45 (Vulgate : spiritus nequiores) ; Luc, vii, 21 (spiritus malus) ; viii, 2 (spiritus maligni) ; xi, 26 (spiritus nequiores) ; Act., xix, 12 (spiritus nequam), 13 (spiritus malus), 15 (spiritus nequam), 16 (dsemonium pessimum).
- MALLOTES##
MALLOTES (grec : MaUcuTcu ; Vulgate : Mallotœ), habitants de Mallos, ville de Cilicie (fig. 187). Ils sont nom 187. — Monnaie de Mallos.
Tête de Tibrie. — S>. [m]aa.|aq[t]|qn. La ville de Mallos assise, .
tenant une palme ; deux fleuves nageant à ses pieds.
mes avec ceux de Tarse à l’occasion d’une révolte de ces deux villes qui trouvaient mauvais que le roi Antiochus IV Épiphane les eût données en présent à sa concubine Antiochide. II Mach., iv, 30. Le roi vint lui-même pour les calmer et leur donna pour gouverneur Andronique, haut personnage de sa cour, y. 31. Strabon, XIV, v, 16, dit que Mallos était située sur une hauteur près de l’embouchure du Pyrame. Cf. Arrien, Anab., ii, 3. La ville est mentionnée dans Appien, Mithridat., 96, dans Ptolémée, V, viii, 4 ; VIII, xvii, 44, et dans Pline, H. N., v, 27 (22). Scylax, Periplus, 102, Geogr. minor., édit. Didot, t. i, p. 77, dit qu’il fallait remonter un peu la rivière pour arriver à Mallos. Le port de Mallos était Mégarsa. On ne sait à peu près rien de l’histoire de Mallos. On a trouvé dans les environs un grand nombre de monnaies de cette ville. Mionnet, Description de médailles antiques, t. iii, p. 251 ; suppl., t. vil, p. 225 ; Imhoof-Blumer, Annuaire de la Société française de numismatique, 1863, t. vil, p. 89 ; 1886, t. xx, p. 110 ; B. Head, Historia Numorum, in-4°, Oxford, 1887, p. 605606 ; E. Babelon, Les Perses Achéménides, in-8°, Paris, 1893, p. 20, n. 153-155 ; p. 22, n. 164-165 ; Id., Catalogue
sommaire de la Collection Waddington, in-8°, Paris, 1898, p. 242-244, n. 4354-4371. E. Becrlier.
- MALOCH##
MALOCH (hébreu -.Mallûk, dérivé de mélék, « roi » ), nom de cinq Israélites dans le texte hébreu. La Vulgate écrit le nom de deux d’entre eux Maloch et celui des trois autres Melluch, Voir aussi Malchus.
men très remarqué. Il revint dans sa patrie en 1835 et Tannés suivante fut nommé professeur de théologie dog. matique à l’Université de Louvain. Il y enseigna 12 ans. En 1848, il fut nommé évêque de Bruges et occupa ce siège jusqu’à sa mort. On a de lui un savant ouvrage ; La lecture de la Sainte Bible en langue vulgaire jugée d’après l’Écriture, ta tradition et la saine raison, 2 in.
_^J>eict" T yver>e &k.
188. — Carte de l’fle de Malte.
1. MALOCH (Septante : MaW>-/)> Lévite, de la famille de Mérari, fils d’Hasabias et père d’Abdi, un des ancêtres d’Éthan qui fut un des trois maîtres de chœur du temps de David. I Par., VI, 44 (hébreu 29).
2. MALOCH (Septante : MaXoûjc), descendant de Hérem, qui avait épousé une femme étrangère et qui consentit à la renvoyer du temps d’Esdras. I Esd., x, 32.
- MALOU Jean-Baptiste##
MALOU Jean-Baptiste, théologien catholique belge, né à Ypres, le 30 juin 1809, mort le 23 mars 1864. Après avoir fait ses études à l’université de Louvain il se rendit à Rome (1831.), où il conquit le doctorat par un exa 8°, Louvain, 1846. Il fut traduit en allemand par L. ClaruSjltt ^S », Ratisbonne, 1848, et par Stoeteken à Schaffouse, 2 ln-8°, 1849. Après sa mort Pie IX dans une lettre à l’évêque de Liège, en date du 8 juin 1864, fit de lui le plus bel éloge. Voir Der Katholik, 1866, t. i, p. 116, et ii, p. 74-90, 129-156 ; Université catholique de Louvain, Bibliographie académique, p. 38-42 ; Hurter Nomenclator literarius, t. iii, 1895, col. 976-979.]
- MALTE##
MALTE (grec : MeXîtt) ; Vulgate : Melita), île de la Méditerranée située entre la Sicile et l’Afrique (fig. 188).
1° Saint Paul à Malte. — Au cours de son voyage à Rome, saint Paul fit naufrage, en vue de Malte. Les
matelots ne reconnurent d’abord pas l’Ile, mais ils y abordèrent à la nage, après que leur vaisseau eut échoué sur une langue de terre. Ils surent alors qu’ils étaient à Malte. Act., xxvil, 39, xxviii, 1. Les habitants de l’Ile, que saint Luc qualifie de barbares, témoignèrent aux naufragés une bienveillance peu commune. Il faisait froid et la pluie tombait ; ils allumèrent du feu. Paul ayant ramassé des broussailles pour les jeter dans le brasier, une vipère en sortit par l’effet de la chaleur et s’attacha à sa main. Tout d’abord les Maltais crurent voir là une punition de la justice et considérèrent saint Paul comme un meurtrier. Puis voyant qu’il n’avait aucun mal, ils le prirent pour un dieu. Act., xxviii, 26. Un des principaux personnages de l’Ile, nommé Publius, hébergea les naufragés pendant trois jours. Saint Paul guérit le père de Publius en lui imposant les mains. Cette guérison lui attira de grands honneurs et, à leur départ de l’île qui eut lieu trois mois après, les naufragés reçurent des habitants tout ce qui leur était nécessaire pour la route. Act., xxviii, 7-11.
Malte se convertit peu à peu et depuis lors le christianisme y a toujours été florissant. « Jamais, dans la fertile Malte, graine confiée à la terre n’a germé comme la semence jetée par ce naufragé ; de tous les conquérants successifs qui ont passé sur l’île, celui-là est le seul dont le règne ait été durable et que les Maltais n’aient point oublié. » R. Pinon, Deux forteresses de la plus grande Bretagne, dans la Revue des Deux Mondes, 15 juin 1903, p. 855. L’église cathédrale rappelle aux habitants de l’île le souvenir de saint Paul. « La cathédrale de San Paolo est bâtie sur l’emplacement même de la petite grotte où la tradition veut que saint Paul ait habité et qui subsiste, très vénérée, dans la crypte de l’église. » lbid., p. 857.
Quelques commentateurs des Actes ont prétendu que l’île à laquelle avait abordé saint Paul n’était pas Malte, mais une4jg de l’Adriatique, Mélita, aujourd’hui Méléda, sur les côtes de Dalmatie. Les sondages indiqués par saint Luc, vingt brasses, puis bientôt après quinze brasses, Act., xxvii, 28, se rapportent à Malte et non à Méléda. Voir la carte du service hydrographique de la marine autrichienne, Kùslen Karte, Blatt 22, Méléda, édit. de 1879. À Méléda la pente est si rapide qu’on n’aurait pas eu le temps de retrouver une profondeur de quinze brasses après avoir trouvé celle de vingt. A. Breusing, Die Nautik der Alten, in-8°, Brème, 1886, p, 190. La baie de Malte où les naufragés abordèrent porte aujourd’hui le nom de San Paolo. Elle est située au nord-est de l’île. L’emplacement répond exactement à la description de saint Luc. À l’extrémité sud-ouest de la baie est la place où abordèrent les naufragés, qui devaient être nécessairement portés là par le courant tel qu’il est orienté. Au milieu de la passe se trouve le banc sur lequel échoua le navire. J. Vars, L’art nautique dans l’antiquité, in-12, Paris, 1887, p. 258-259 ; F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologiques modernes, 2e édit., in-12, Paris, 1896, p. 341-346.
2° Description et histoire de Malte. — L’île de Malte est située par 35°54’de latitude nord et 13°40’de longitude est. C’est l’île principale d’un groupe auquel elle donne son nom et qui se compose, en outre, des îles Gozzo, anciennement Gaulos, Comino et Cominotto. L’île de Malte a 255 kilomètres carrés soit 28 kilomètres de long sur 16 de large. C’est un vaste rocher calcaire. Elle a aujourd’hui plus de 165000 habitants, dont 60000 pour le chef-lieu, la Cité-Valette. La végétation y est très riche. Elle produit du coton, des oranges, et des roses. Malgré son peu d’étendue, Malte, à cause de sa situation et de l’excellence de ses ports, a une importance commerciale très grande. Aussi les Phéniciens l’occupèrent-ils dés une époque très reculée. Diodore de Sicile, v, 12. Elle devint plus tard une colonie de
Carthage. Scylax, Perip., 111, dans les Geogràph. minor. , édit. Didot, 1. 1, p. 89. La prospérité de l’île devint très grande ainsi que son industrie, Diodore, loc. cit., mais nous savons peu de chose de son histoire. En 218 avant J.-C, Hamilcar rendit Malte aux Romains. Tite Live, xxi, 51. Elle fut annexée à la province de Sicile. Au temps de Cicéron les Maltais étaient encore fameux par leurs manufactures d’étoffes de coton, très recherchées à Rome où on les appelait veslis Melitensis. Cicéron, In Verrem, ii, 72 ; iv, 46 ; cf. Diodore, v, 12. Le coton est toujours une des principales productions de l’île. On y trouvait aussi déjà du temps de Strabon, VI, II, 11, une race de petits chiens qui y existe encore. Les habitants de Malte parlaient un dialecte punique, ce qui explique pourquoi saint Luc les appelle « barbares ». On y trouve des inscriptions en cette langue. Comptes inscr. grssc, n. 5753 ; Corpus inscr. semitic, pars I, n. 124. Leurs mœurs étaient douces et leur caractère généreux. Il n’y a plus aujourd’hui de serpents venimeux dans l’île, les habitants attribuent ce bienfait à l’intervention de saint Paul. Breusing, Die Nautik, p. 191, remarque que l’île, étant autrefois très boisée, devait avoir des serpents qui ont disparu avec le déboisement. Il y avait à Malte une ville importante située où est aujourd’hui Citta Vecchia, qui était en relations d’amitié avec les Syracusains et dont les magistrats sont nommés dans une inscription grecque : îepo6ÛTi) ; et ap^ovireç. Kaibel, Inscriptiones grsecse ltalise et Sicilix, in-f°, Berlin, 1890, n.953. On possède aussi des monnaies de cette ville avec l’inscription MEAITAIÛN (lig. 189).
189. — Monnaie de l’ile de Malte.
MEMTAIQN. Tête de femme à gauche, coiffée à l’égyptienne et surmontée d’un lotus. — ^. Figure virile, accroupie et mitrée avec quatre ailes, tenant dans sa main droite la harpa et dans la gauche un fouet.
Mionnet, Description de médailles antiques, 1. 1, p. 342, n. 17-27. Le titre de Ttpàiiot, princeps, que les Actes donnent à Publius, se retrouve dans une inscription grecque dédiée à un certain L. Prudens, chevalier romain. Kaibel, Inscript, greec. Italise et Siciliee, n. 601. Voir Publius. — Après avoir été soumise aux Goths, aux empereurs grecs, aux Arabes, aux Normands et au royaume des Deux-Siciles, elle fut cédée aux chevaliers de Rhodes par Charles-Quint en 1530. C’est alors que ceux-ci prirent le nom de chevaliers de Malte. En 1798 Bonaparte s’en empara, mais en 1800 elle tomba au pouvoir des Anglais, en la possession de qui elle est encore aujourd’hui.
Bibliographie. — J. Smith, The voyage and shipwrech of St. Paul, in-8°, Londres, 1848 ; J. S. Bayot, Mer Méditerranée, côte de Tunis, îles Maltaises, in-8°, Paris, 1876 ; W. M. Ramsay, St. Paul, the traveller and the citizen, in-8°, Londres, 1895, p. 342. E. Beurlier.
- MALVENDA Thomas##
MALVENDA Thomas, exégète dominicain espagnol, né à Xativa en 1566, mort à Valence (Espagne) en 1628. Il entra dans l’ordre des Frères Prêcheurs en 1582. Il se livra avec ardeur à l’étude du grec, de l’hébreu, de la Sainte Écriture, de la théologie et de l’histoire ecclésiastique. Appelé à Rome, à cause de sa science, il y passa une dizaine d’années et retourna en Espagne en 1610. Parmi ses écrits, on doit signaler son Commetitarius de paradiso voluptalis, in-4°, Rome, 1605, et surtout le
plus important de tous ses ouvrages : Commentaria in Sacram, Scripturam una cum novadeverbo ad verbum ex Hebrseo translations variisque lectionibus, 5 in-f°, Lyon, 1650. Malvenda mourut avant d’avoir terminé son œuvre qui s’arrête au ch. xvi d’Ézéchiel. Le général des Dominicains le fit publier dans l’état où l’avait laissé l’auteur. La traduction est si littérale qu’elle est parfois inintelligible. Les notes sont en majeure partie grammaticales, et, si elles ont été dépassées depuis, elles ont été utiles en leur temps.
là que le nom est passé du personnage qui le portait à la région, parce qu’il l’habitait ou parce qu’il en était le propriétaire. L’Écriture indique elle-même cette origine quand elle dit : « Abraham habitait la vallée de Mambré l’Amorrhéen, frère d’Escol. » Gen., xiv, 13. Saint Jérôme soutient ce sentiment, Quest. in Gen., xxxv, t. xxiii, col. 992. — Cet endroit est, six fois, appelé simplement Mambré, Gen., xxiii, 17, 19 ; xxv, 9 ; xxxv, 27 ; xlix, 30, et L, 13, et, trois fois, désigné par l’expression’êlônê Mamrë 1. Gen., xiii, 18 ; xiv, 13 ; xviii, 1. Cette der
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190. — Site de Mambré.
- MAMBRÉ##
MAMBRÉ (hébreu : Mamrê’), nom d’un personnage, d’un lieu et, d’après la Vulgate, d’un torrent.
1. MAMBRÉ (hébreu : Mamrê’; Septante : Majigptiî), chef amorrhéen, contemporain d’Abraham. Il avait fait alliance avec Abraham, ainsi que ses frères Escol et Aner et tous les trois l’aidèrent à battre les troupes de Chodorlahomar, roi d’Élam, et à délivrer son neveu Lot qui avait été fait captif. Gen., xiv, 13, 24. Voir Abraham, t. i, col. 77. C’est de ce chef amorrhéen que la vallée de Mambré tira son nom. Voir Mambré 2.
2. MAMBRÉ (Septante : M<x116pfi), territoire situé près d’Hébron (fig. 190).
I. Nom. — Ce nom semble dériver de la racine mârâ’ou mârê’, « être gras, replet, » également usitée en arabe
dans le verbe -* ou.ç-o, m<zra a, « profiter a quelqu’un (aliment). » Gesenius, Thésaurus, p. 817. Il paraît de
nière locution, pour la plupart des interprètes modernes, signifie « les chênes ou la chênaie de Mambré » ; les Septante la traduisent par-ri SpOç ï) Map.6prj, « le chêne de Mambré ; » la Vulgate, par convallis Mambré. Les traductions faites sur cette dernière version disent simplement « la vallée de Mambré », mais on sait que le mot convallis signifie plutôt une s plaine » ou « un plateau fermé par des collines ou des montagnes ». Le Targum d’Onkélos a l’équivalent mêsrê Mamrê’, « les plaines de Mamré. » Si les interprètes modernes traduisent plus communément l’expression hébraïque par « les chênes de Mambré », les traducteurs j uifs préfèrent y voir une « plaine » ou « des plaines ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 50-51 et 817 ; Drach, Harmonie entre l’Église et la Synagogue, Paris, 1844, p. 447, 565 ; Vogue, Le Pentateuque, Paris, 1860, t. i, Genèse, p. 91, 93, 113, etc. — L’histoire et la tradition locale en désignant comme site de Mambré un plateau environné de collines où se trouvait une chênaie, ou au moins un chêneremarquable
et célèbre, ne repoussent aucune des deux traductions ou interprétations. — Dans les écrits extra-bibliques, le nom de « chêne » est fréquemment remplacé par celui de « térébinthe s ou même employé simultanément. Voir Chêne, t. ii, col. 657. Cette confusion, ou plutôt cette double appellation, nous devons le faire remarquer dès maintenant, n’a rien de bien surprenant. Le térébinthe, dans les forêts et les bosquets de la Palestine, s’est toujours trouvé mêlé au chêne. Les voyageurs admirent, sur le chemin de Jérusalem à ei-Qoubeibéh, près de Beit-lksa, une magnifique touffe d’arbres où les deux espèces entremêlent leurs troncs et leurs branchages : or, j’ai vu un grand nombre de personnes les prendre, en en approchant, pour un seul
moitié de celle indiquée par tous les écrivains postérieurs. Peut-on supposer qu’au temps de l’historien juif Hébron était plus rapprochée de Mambré ? Suivant plusieurs auteurs, Josèphe a dû écrire « seize stades » (âirî> oraSi’wv t ; ’), la lettre i chiffre (dix) a pu disparaître par l’inadvertance des copistes. Seize stades équivalent à deux milles, distance généralement indiquée, dans la suite, entre Hébron et Mambré. — Après avoir nommé Bethléhem et « r la fontaine de Bethsur où Philippe baptisa l’eunuque », l’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem indique « le Térébinthe ». « Là, ajoute"t-il, habita Abraham et il creusa un puits sous le térébinthe ; c’est là qu’il conversa avec les anges et mangea avec eux. Il y a une basilique d’une grande beauté cons k4° b<4t.H*.
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191. — Lo Haram Remet el-Khalil, près d’Hébron. Angle sud-ouest extérieur. À gauche, l’entrée. D’après une photographie de M. L. Heidet.
arbre ou pour une seule essence, et tandis que les uns y voyaient un superbe chêne vert, les autres les prenaient pour un immense térébinthe. — Le nom « le Térébinthe » a souvent été employé comme nom. propre
- synonyme de Mambré.
II. Situation. — L’endroit appelé Mambré faisait partie du territoire d’Hébron. « Abraham, dit l’écrivain sacré, vint aux chênes de Mambré qui [sont] à (près d’JHébron. » Gen., xxiii, 19 ; xxxv, 27. La caverne de Macpélah, par rapport à Mambré, était « en deçà » ou « au delà » suivant la position de l’écrivain, lipnê Mamrê’, Gen., xxiii, 17, 20, ou’al-penê Mamrê’. Gen., xxv, 9, xlix, 30 ; L, 13. — Parlant de Mambré en paraphrasant le récit de l’Écriture, Josèphe ajoute : « Abraham habitait près. du chêne (Spûç) appelé Ogygès. C’est une région (xp(ov) dans la terre de Chanaan, non loin de la ville d’Hébron. j> Ant. jud., i, x, 4. Cet arbre, qu’il appelle, Bell, jud., IV, ix, 7, « un très grand térébinthe » (TepéêivOos |ieY Icrr l)i se trouvait à six "stades (environ 1100 mètres) de la ville. Cette distance est moindre de
truite par ordre de Constantin. Du Térébinthe à Hébron [il y a] deux milles » près de 3 kilomètres. Patr. lat., t. viii, col. 792. D’après cet Itinéraire, Mambré était ainsi au nord d’Hébron. Eusèbe confirme ces deux points en indiquant « le village appelé Béthanim, à deux milles du Térébinthe (c’est-à-dire de la tente d’Abraham, ajoute saint Jérôme dans sa traduction), et à quatre milles d’Hébron ». Onomasticon, aux mots, ’Api et Ain, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 58, 59 ; t. xxiii, col. 870. Le village actuel de Beit’Ainên, situé au nord-nord-est d’Hébron, à 6 kilomètres environ (quatre milles romains), répond incontestablement au Béthanim d’Eusèbe et de saint Jérôme. Le Térébinthe ou Mambré était donc aussi, d’après eux, à deux milles au nord d’Hébron. Sozomène, racontant ce que fit Constantin à propos du « Chêne de Mambré », ajoute : « Le lieu appelé maintenant le Térébinthe est situé dans le voisinage d’Hébron, à quinze stades (2800 mètres) au midi… L’endroit est à ciel ouvert et labouré ; il n’y a d’autres maisons (ou constructions) que celles qu’y lit autrefois Abraham, autour du chêne
et le puits qu’il y ménagea. » H. E., ii, 4, t. lxvii, col. 941-946. Dans la description de Theodosius (vers 530), « le Térébinthe qui est [encore] appelé le Chêne vert (ilex) de Mambré » est indiqué à deux milles de « la fontaine où Philippe baptisa l’eunuque », c’est-à-dire à deux milles au sud de Bethsur, et à quatre milles de la Caverne double où sont ensevelis les patriarches, située elle-même, d’après l’estimation exagérée du pèlerin, à deux milles d’Hébron. De Terra Sancta, dans les Itinera latina édités par Tobler et Molinier, Genève, 1877-1880, t. i, p. 70. « La colline de Mambré, d’après le récit d’ArcuIfe, est distante de mille pas, au nord des monuments décrits plus haut (les sépulcres des Patriarches) ; elle est couverte d’herbe et de fleurs, en face d’Hébron « l’ami intime t (de Dieu), est le nom, on le sait, par lequel les Arabes se plaisent à désigner ordinairement le patriarche Abraham. Tous ces noms sont autant d’attestations s’unissant aux témoignages des anciens pour nous montrer en cet endroit l’antique Mambré, Les Juifs d’Hébron sont d’accord avec les musulmans pour l’y reconnaître et les palestinologues modernes sont presque unanimes à placer Mambré en cet endroit.
III. Description. — En venant de Jérusalem à Hébron, à 31 kilomètres de la ville sainte et à 3 kilomètres de’aïn-Dîruéh, la fontaine qui coule au pied du bordj-Sûr, l’antique Bethsûr ; avant d’atteindre Hébron, à 3 kilomètres au nord, on arrive à un petit platp.au pn
192. — Le Haram iîêmet el-Khalil, près d’Hébron. À l’angle à gauche, Bir el-Khalil (puits d’Abraham). D’après une photographie de M. L. Heidet.
situé au midi. À la partie supérieure du monticule appelé Mambré se développe une campagne unie (planifies campestris), du côté septentrional de laquelle a été bâtie une grande église de pierre. Du côté droit, entre deux murs de cette grande basilique, on voit, chose étonnants ! le chêne (quercus) de Mambré dont la souche est encore en terre… s Adamnan, De loris sanctis, 1. II, c. viii-ix, t. Lxxxviii, col. 797-798. — Malgré quelques variantes insignifiantes résultant soit de la différence d’appréciation, soit du point de départ et quelquefois de l’inexactitude des copistes, ces indications, auxquelles on pourrait en ajouter plusieurs autres semblables, nous conduisent toutes sans hésitation à l’endroit appelé aujourd’hui Remet el-Khalîl, « la hauteur ou le haut lieu d’el-Khalîl ; » ou fyarâm Remet el-Khalîl, « le sanctuaire du haut lieu à.’el-Khalil, ou encore beit el-Khalîl, a. la maison dî el-Khalîl. » Au même endroit on trouve le puits appelé bir el-Kfialîl. La région voisine de Remet el-Khalil est nommée liallet él-Bofméh, « le quartier ou l’emplacement du Térébinthe. » El-Khalîl,
contre-haut des deux localités dont nous venons de parler. Ce plateau, qui n’a pas 1 kilomètre dans sa plus grande largeur, est entouré de plusieurs hauteurs. — Toute la surface du plateau, complètement dépouillée, il y a une quinzaine d’années, s’est couverte depuis de belles vignes parmi lesquelles s’élèvent quelques figuiers. Au centre, à 300 mètres à la gauche de la route carrossable, on aperçoit une construction, ressemblant de loin à un mur ruiné : c’est elle qui est connue sous le nom de havâm Remet el-Khâlil (fig. 191). Le monument devait être une enceinte rectangulaire dont deux faces seulement sont encore visibles, celle du nord et celle de l’ouest ; les deux autres murs ont disparu, recouverts de terre et de décombres ou détruits. Le mur méridional a 65 mètres de longueur et le mur occidental 50 mètres. Ils sont formés de deux ou de trois assises de grands blocs, parfaitement aplanis, sans bossage ni refend, placés de champ et sans ciment. Les blocs ont de 3 à 5 mètres de longueur, le plus grand mesure 5 m’25 ; leur largeur est de m 75. L’épaisseur du mur est partout de l m 80 ;
les interstices sont remplis avec des pierres ordinaires. La hauteur est de 2 à 3 mètres. Les parois extérieures sont plus soignées que les parois intérieures. L’ouverture donnant accès dans l’enceinte se trouve dans le mur occidental. À l’angle intérieur sud-ouest, se trouve le puits appelé bîr el-Khalîl (fig. 192). Il est formé de belles pierres très régulièrement taillées, mais ne mesurant pas plus de 0°>70 sur m 40 de largeur ; le travail de cet appareil ne paraît pas remonter au delà de la période byzantine. La profondeur actuelle du puits est de 7 mètres et son diamètre de 3. Un arc en plein cintre est à cheval sur l’orifice, qui paraît avoir été autrefois protégé par une voûte. L’eau n’y fait défaut ni été, ni hiver. Des auges en pierre sont disposées à côté du puits pour l’abreuvage des animaux. L’aire du harâm paraît avoir été disposée en trois terrasses s’élevant en gradins l’une au-dessus de l’autre. L’espace est en grande partie recouvert de terre et de décombres. — À l’orient de l’enceinte, à 60 mètres environ, on remarque la ruine d’un édifice de 20 mètres environ de longueur et de 15 de largeur. Son appareil, d’un beau travail, ressemble à celui du puits. Les décombres qui recouvrent en grande partie la ruine ne permettent pas de déterminer sa destination. Non loin sont des pressoirs antiques taillés dans le roc et aux alentours des restes de constructions. L’ensemble de ces ruines est désigné sous le nom de khirbet Remet el-Khalîl. Au delà, la plaine commence à s’affaisser et se creuse peu à peu en un vallon qui se dirige vers l’est-sud-est ; c’est à lui qu’est donnée l’appellation de hallet el^Botméh. À 250 mètres de l’enceinte, au sudouest, au fond d’une petite caverne, jaillit une source qui m’a été désignée sous le nom de’aïn Sdrah, « la fontaine de Sara, » différente d’une autre identique de nom située plus près d’Hébron. Le sommet voisin au midi, où se voient quelques ruines, est appelé encore er-Ràméh. — La colline se prolonge vers Hébron et un second sommet, où se voient aussi des vestiges d’anciennes habitations, reçoit, en cet endroit, le nom de Namré’et la ruine celui de khirbet Nanire". Ce nom différant seulement de Mambré par sa première radicale N qui, dans la langue arabe, remplace fréquemment la lettre M des mots hébreux qui lui sont communs, est considéré par les indigènes comme positivement identique au
nom biblique. « El-Khalîl habitait à Namré, ( « jjf, sous
la tente. Ce lieu est voisin de la localité de N. S. el-Khalîl (sur lui soient le salut et la bénédiction), du côté du nord ; c’est une région où il y a une source d’eau et des vignes, » dit Mudjir ed-Oîn, qâdi de Jérusalem vers la fin du xv « siècle, dans son Histoire de Jérusalem et d’Hébron, édit. du Caire, 1283 (1866), p. 424. Après avoir désigné toute la région, le nom de Namré est demeuré attaché à la partie la plus méridionale seulement.
Une autre hauteur, à l’ouest du harâm et à droite de la route, est nommée Râmet el-’Amléh. Sous cette hauteur au midi, commence l’ouâd’etTuffâh, « la vallée des Pommiers. » Elle se dirige du nord au sud pour aller rejoindre, un kilomètre et demi plus loin, Youâdi Sebtd’. Sur le côté occidental de Youâd’et-Tuffdh, à plus d’un kilomètre du harâm, on trouve une ruine assez étendue, près laquelle est une source et où l’on voit des voûtes en ogive. Elle est connue sous le nom de khirbet en-Nasâra’, « le village ruiné des chrétiens. » Les relations des pèlerins de la fin du xvii » siècle constatent encore en cet endroit la présence d’une église à trois nefs, avec trois portes. Une peinture reproduisait la fuite en Egypte et l’on disait que la Sainte Famille, fuyant vers l’Egypte, avait passé la nuit en cet endroit.
IV. Histoire. — 1<> Les patriarches à Mambré. — i. Abraham, après s’être séparé, à Béthel, de Lot, son neveu, vint dresser sa tente près d’Hébron, à Mambré.
Son premier soin fut d’y élever un autel au Seigneur. Gen., xiii, 18. Il y demeurait depuis quelque temps déjà, quand un fugitif vint lui apporter la nouvelle dé la victoire de Chodorlohomor sur les rois de la Pentapole et de la captivité de son neveu. Ibid., xiv, 13. — 2. Mambré fut le lieu de trois des principales manifestations de Dieu à son serviteur. La première fut celle où le Seigneur lui dit : « Ne crains pas, Abraham, je suis ton protecteur et ta récompense très grande. ^ Gen., xv,
1. Il lui promettait en même temps un fils qui serait son héritier ; il lui annonçait le retour de ses descendants d’Egypte et leur prise de possession de la terre de Chanaan. C’est dans cette apparition qu’il est question pour la première fois de l’alliance conclue avec Abraham. Gen., xv, 18. — Dans la seconde, le Seigneur se présenta à lui comme le Dieu tout-puissant et lui dit : « Marche devant moi et sois parfait. » Gen., xvii, 1. I ! prescrivit la circoncision comme marque de l’alliance avec Abraham et ses descendants ; le nom d’Abram fut changé en celui d’Abraham ; le fils promis devait être de Sara et appelé Isaac. Gen., xvii. —La troisième manifestation, et la plus célèbre fut celle des trois personnages mystérieux qui vinrent visiter Abraham, lui annoncer la naissance prochaine de son fils Isaac et la ruine de Sodome. Abraham les accueillit et les traita avec tous les égards de l’hospitalité la plus délicate, puis les accompagna à quelque distance de Mambré, pour les supplier en faveur des villes coupables. Gen., xvhi. — Quelque temps après, Abraham quittait Mambré, emportant l’espérance certaine de la naissance de l’héritier de la promesse. Gen., xviii, 10 et 14. Abraham était dans sa centième année quand il quitta Mambré. Ismaël, qui lui était né en cet endroit de sa servante Agar, était dans sa quatorzième année. Abraham avait séjourné en ce lieu tout ce temps et pendant les années qui précédèrent la naissance d’Ismaël, mais il est impossible d’en préciser le nombre. Cf. Gen., xvii, 1, 25 ; xxi, 5, et xiii, 18 ; xvi, 16. —
2. Isaac, sur les dernières années de sa vie, avait laissé Bersabée et était venu demeurer « à Mambré, ville d’Arbé qui est Hébron ». C’est là qu’il acheva sa carrière à l’âge de cent quatre-vingts ans. Gen., xxxv, 27-29. — 3. Jacob, y était venu rejoindre son père, à son retour de Mésopotamie et ne semble plus avoir quitté Mambré jusqu’au jour de son départ pour l’Egypte où il allait retrouver son fils Joseph. Gen., xxxv, 27 ; cf. xlvi, 1. C’est de Mambré, appelé en cet endroit la « vallée d’Hébron », ’êméq Hébron, mais dont l’identité ne paraît pas douteuse, que Jacob avait envoyé son fils Joseph, alors âgé de 16 ans, à Sichem, pour prendre des nouvelles de ses frères. Gen., xxxvii, 14. C’est donc là aussi qu’il faut localiser les autres faits racontés en ce même chapitre xxxvii, 1-Il et 31-36, c’est-à-dire l’histoire des songes de Joseph et de son enfance, celle de l’arrivée de sa robe ensanglantée et du deuil de Jacob ; de même les pourparlers pour le départ des fils du patriarche pour l’Egypte, au temps de la famine, xlii, 1-5, 29-35 ; XLIH, 1-15 ; puis l’arrivée des chariots envoyés par Joseph et le départ de la terre de Chanaan, xlv, 25-28 ; xlvi, 1. — Mambré n’est plus nommé dans la suite de l’histoire biblique, mais les Hébreux n’en perdaient pas le souvenir.
2° Le sanctuaire de Mambré. — Les divers lieux de la Terre Promise où les Patriarches séjournèrent ont été les premiers sanctuaires consacrés au culte du vrai Dieu et, pour cette raison, les Israélites les ont eu en vénération et y sont venus pratiquer eux-mêmes divers actes de religion. Si la Bible ne désigne pas catégoriquement Mambré, elle l’insinue du moins assez clairement III Reg., xv, 7-10. Absalom, préparant sa révolte, vient trouver son père David : « Permettez-moi, lui dit-il, d’accomplir le vœu que j’ai fait.au Seigneur [d’aller] en Hébron. Votre serviteur a fait ce vœu quand il était à Gessur de Syrie : « Si le Seigneur me ramène à Jérusa « lem, j’irai lui offrir un sacrifice. » Et David lui dit : Va en paix. Et il se leva et alla en Hébron. » L’acte de religion dont Absalom entretient son père ne doit pas lui être exclusif, mais suppose une coutume plus ou moins générale. Si, d’autre part, les Israélites recherchaient pour ces pratiques les endroits mêmes où s’étaient arrêtés leurs ancêtres, comme on le voit plus spécialement pour Moréh, près de Sichem, peut-on douter qu’en nommant Hébron, Absalom ne fasse allusion à l’endroit même où ont séjourné les ancêtres et où Abraham a élevé un autel, c’est-à-dire à Mambré ? Quand Josèphe, dix siècles plus tard, parle, Ant. jud., i, x, 4, du lieu près d’Hébron où a habité Abraham et dont le souvenir s’est perpétué, il témoigne par là même de la vénération ou du culte des peuples pour ce lieu sacré. — Ce culte antique, continué jusqu’au IVe siècle, est du reste attesté formellement par l’histoire ecclésiastique. Faisant mention de Mambré, où Abraham accueillit ses hôtes célestes, Eusèbe ajoute : « Jusqu’à ce jour, ce lieu est vénéré comme divin (Œïoç), par les peuples voisins, en l’honneur de ceux qui apparurent à Abraham, et l’on y voit jusqu’à maintenant le Térébinthe. » Demonstr. evang., v, 9, t. xxii, col. 583. L’affluence à une époque déterminée de l’année, peut-être au temps présumé de la visite des anges, était innombrable, et l’on y voit établie, une foire annuelle, célèbre au loin et à laquelle on accourait non seulement de toute la Palestine, mais encore de la Phénicie et de l’Arabie. Sozomène, H. E., il, 4, t. Lxii, col. 496. Cette foire, s’il faut en croire ia Chronique pascale, an. 119, t. xcii, col. 614, aurait été, ainsi qu’une foire du même genre tenue à Gaza, appelée foire « hadrienne », du nom d’Hadrien, qui l’aurait instituée, après la prise de Béther et la chute de Barchochébas (135), pour y exposer en vente les Juifs pris dans la guerre. Cf. Michel Glycas, Annales, p. iii, t. clviii, col. 454 ; S. Jérôme. Conirn. in Hiereni., c. xxxi, t. xxiv, col. 877 ; Id., In Zachar., c. xi, t. xxv. col. 1500-1501. Les Juifs, les chrétiens et les païens avaient également Mambré et son chêne en vénération. Cf. Jules Africain, Chron. fragm., xi, t. x, col. 72. Les païens y exerçaient aussi leurs pratiques superstitieuses. Sur l’autel dressé près du chêne, ils répandaient leurs libations de viii, brûlaient de l’encens ou immolaient des bœufs, des boucs et des coqs, et jetaient dans le puits des pièces de monnaie et divers autres objets précieux. L’empereur Constantin fit cesser ces abus. L’autel et les statues furent détruits, le chêne lui-même fut abattu et l’on ne laissa que son tronc en terre. Le culte chrétien devait prendre la place du culte païen et un sanctuaire votif (oîxoç eùr/ipfoî) fut élevé, remarquable par sa richesse et sa beauté, atteste le pèlerin de Bordeaux, t. viii, col. 792, quelques années plus tard. Sozomène, H. E., H, 4-5, t. LXVII, col. 491-496 ; Socrate, H. E., { i, 18, col. 123 ; Eusèbe, Vita Constantini, m, 51-53, t. xxii, col. 1111-1114 ; Id., Onomasticon, au mot Arboc, édit. 1862, p. 54-57 ; S. Jérôme, De situ et nomin. loc. hebr., t. xxiii, col. 862 ; Nicéphore Caliste, H. E., viii, 30, t. cxlvi, col. 115-117. — Les murs à gros blocs du l.iarâm Remet el-Khalîl, dont nous avons parlé, seraient, d’après quelques écrivains, les restes de la basilique élevée par ordre de l’empereur Constantin ; mais, suivant d’autres, cette conjecture ne peut se soutenir et est formellement démentie par l’histoire. C’est à l’enceinte du fyarâm que fait allusion, on ne peut pas en douter, Sozomène décrivant « le lieu à ciel ouvert et cultivé où il n’y a d’autre construction que celle élevée par Abraham autour du chêne et le puits creusé par lui ». On peut ne pas accepter le sentiment de l’historien sur l’origine de ce monument, bien que Josèphe. Ant. jud., i, xiv et xx.li, lui aussi, attribue à Abraham et aux anciens patriarches la" construction de l’enceinte de Macpêlah et quoique l’on ne puisse nier que leurs contemporains fussent
en état d’élever des monuments de cette nature ; mais il faut avouer que son témoignage suffirait à empêcher de confondre l’enceinte de Mambré avec les murs de la basilique constantinienne. Les caractères archéologiques seuls du monument, sa forme, la grandeur de l’appareil, l’absence de tout ciment, ne déclarent-ils pas suffisamment qu’il est sans relation avec une église chrétienne du ive siècle et n’attestent-ils pas, comme le fait justement observer Victor Guérin, une époque bien antérieure à Constantin ? « C’est, continue le même explorateur, un véritable téménos ou enceinte sacrée qui renfermait peut-être l’autel sur lequel Abraham avait offert des sacrifices au Seigneur. La même enceinte contenait aussi l’arbre près duquel ce patriarche avait planté sa tente et le puits qu’il avait creusé. » Judée, t. iii, p. 52. M. Guérin semble plutôt incliner à l’attribuer aux Iduméens quand ils étaient en possession de ce pays. Les ruines de l’église seraient probablement, selon lui, les débris de l’édifice situé à l’orient du harâm. Quoi qu’il en soit, c’est Constantin, qui a dû débarrasser le puits d’Abraham des objets de superstition qui l’encombraient, qu’il faut aussi faire remonter, semble-t-il, la restauration du puits. Le zèle de l’empereur pour purifier et embellir Mambré ne pouvait qu’exciter la dévotion des pèlerins. Saint Jérôme, vers 383, y amenait les nobles descendantes des Scipion, sainte Paule Romaine et sa fille Eustochium, pour leur faire contempler « la demeure de Sara, le berceau d’Isaac, et les vestiges du chêne d’Abraham, sous lequel il vit les jours du Christ et se réjouit ». Epist. cviii, ad Eustock., t. xxii, col. 886 ; cf. Epist. XLVi, Paulse et Eustochii ad Mareellam, ibid-, col. 490. La relation de l’archidiacre Théodosius (vers 530) et celle d’Antonin le Martyr, de Plaisance (vers 570), montrent qu’aucun pèlerin ne se dispensait de la pieuse visite de Mambré. Cf. Théodosius, De Terra Sancta, Genève, 1877-1880, p. 70 ; Antonin de Plaisance, Itinerarium, 16, t. lxiii. col. 905. Les pèlerins chrétiens ne seront pas arrêtés par l’occupation mahométane du pays. Trente-cinq ans environ après la conquête d’Omar (637), l’évêque gaulois Arculfe visitait encore « la vallée de Mambré ». Il y voyait un tronc de chêne planté en terre, considéré comme le noble reste de l’antique chêne d’Abraham, et mesurant deux tailles d’homme ; on prenait de son écorce comme relique. Le pèlerin semble confondre lui aussi l’antique enceinte entre les deux grands murs de laquelle il voit le débris du vieux chêne, avec les murs de la basilique byzantine qui paraît déjà renversée. Adamnan, De locis sanclis, t. lxxxviii, col. 797-798. Si le bibliothécaire du Mont-Cassin, Pierre Diacre, signale encore, au XIIe siècle, « l’autel dressé en cet endroit et l’église qui est devant, » c’est d’après des descriptions antérieures, reproduites par lui, en même temps que celle d’Arculfe. De locis sanctis, t. clxxiii, col, 1123.
3° Le chêne de l’ouàdi Sebtâ ou le faux chêne de M&mbré. — À l’époque des Croisades, l’attention des visiteurs européens semble avoir été détournée des ruines dont nous venons de parler, pour se diriger vers Vouâdi Sebtâ. Là, à un kilomètre et demi de distance, au sudsud-ouest du khirbet en-Nasâra, et à 2 kilomètres vers l’ouest d’Hébron, sur le flanc de la colline couverte de vignes, vers le sommet de laquelle la Société russe de Pale>Uije a élevé un bel hospice pour les pèlerins, se voyait, il y a vingt ans, un superbe chêne vert de 30 mètres de hauteur. Voir t. ii, fig. 242, col. 655. Depuis quelques années l’arbre a dépéri et, à l’exception d’une des branches à l’extrémité de laquelle un faible filet de sève entretient encore un maigre bouquet de feuilles qui ne tardera pas à disparaître, l’arbre géant est complètement desséché. Cet arbre était tenu par le peuple pour le chêne d’Abraham dont parlent les anciens. Cette erreur paraît remonter au commencement du xii « siècle. La description de l’higoumène russe Daniel (1106), en indiquant le chêne de Mambré, à la droite du chemin €35
MAMBRÉ
MAMMON
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venant de Jérusalem, au sommet d’une haute montagne et à deux verstes ou environ 3 kilomètres, semble bien nous conduire au chêne de Vouadi Sebtâ. Vie et pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, traduction KMtrowo, Genève, 1889, p. 44. Dès lors nous voyons tous les pèlerins de l’Occident se diriger du même côté, bien qu’ils trouvent le chêne plutôt au pied de la montagne. Cf. Fretellus (v. 1120), Liber locorum sanctorum, t. clv, col. 1039-1040 ; Jean de Wûrzbourg (1130), Descriptio Terrm Sanctse, ibid., col. 1067 ; Anonyme (v. 1130), dans de Vogué, Les églises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p, 414 ; Theodoricus, Libellus de locis sanctis <vers 1172), édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 81 ; Eugésippe (vers 1200), De distantiis locorum sanctorum, Patr. Gr., t. cxxxiii, col. 995 ; Thielmar (1217), Peregrinatio, édit. Laurent, Hambourg, 1857, p. 29 ; Burchard, Descriptio Terres Sanclæ, ’! ' édit.Laurent, Leipzig, 1873, p. 81 ; Odoric de Pordonone en Frioul, De Terra Sancta, ibid., p. 154, et la plupart des pèlerins des siècles suivants ; Quaresmius, Elucidatio Terrx Sancta}, Anvers, 1639, t. ii, p. 767. Les visiteurs juifs semblent marcher <lans le même chemin. Cf. Benjamin de Tudèle (1173), Itinéraire, édit. L’Empereur, Leyde, 1633, p. 49 ; Samuel ben Simson (1210), Itinéraire de Palestine, dans Carmoly, Itinéraires de la Terre-Sainte, Bruxelles, 1847, p. 128 ; Uri de Biel (1564), Tombeaux des Patriarches, ibid., p. 434-435.
Quant aux Arabes, tous, ainsi que Mudjir ed-Dln (1496), ont constamment maintenu à l’endroit appelé er-Râméh, Je lieu de l’habitation d’Abraham ou Mambré. Cf. Yaqout (1225), Dictionnaire géographique, édit. Vûstenfeld, Leipzig, 1886, t. ii, p. 736 ; Aly de Hérat (1173), Lieux de pèlerinages, dans Guy le étrange, Palestine under the Moslems, d’après un manuscrit d’Oxford, 1890, p. 518 ; Anonyme (1300), Mardsid el-Iltild, édit. Juynboll, Leyde, 1859, 1. 1, p. 456. — Les palestinologues modernes, à deux^ou trois exceptions près, s’accordent tous à considérer la tradition de Vouadi Sebtâ comme une erreur difficilement explicable et à reconnaître dans le Ijaràm Remet él-Khalîl l’emplacement du vrai chêne d’Abraham connu des anciens et son site pour celui de Mambré. Voir E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. i> p. 318 ; F. de Saulcy, Voyage en Terre-Sainte, Paris, 1865, t. i, p. 150 ; t. ii, p. 351 ; V. Guérin, Description de la Palestine, Judée, Paris, 1869, t. iii, p. 267-284 ; Rich. von Riess, Biblische Géographe, Fribourg-en-Brisgau, 1872, p. 61 ; Conder et Kitchner, Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1877-1880, t. iii, p. 322, 377 ; Fr. Liévin de Hamme, O. M., Guide indicateur des sanctuaires et lieux historiques de la Terre-Sainte, Jérusalem, 1887, 1. ii, p. 100-109 ; Buhl, Géographie des Alten Palàstina, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 160.
L, Heidet.
3. MAMBRÉ (Septante : ’Agpwvï), torrent. Judith, ii, 14 (grec, 24). Le nom de Mambré dans la Vulgate est "vraisemblablement une forme corrompue du nom de la rivière Chaboras (un peu moins défiguré dans le grec’Agpwvà). Le Chaboras étant inconnu des traducteurs ou des copistes, ils ont mis à sa place un antre nom. C’est ainsi que la Peschito porte Jaboc. Voir Jaboc, t. iii, col. 1056. Le sens le plus probable du texte est qu’Holoferne fit une razzia depuis le Chaboras jusqu’au golfe Persique. Le Chaboras est appelé Habor dans les Rois. IV Reg., xvii, 6 ; xviii, 11 ; I Par., v, 26. Voir Habor, t. iii, col. 382. Cf. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., t. ii, n. 542, p. 194-196 ; Id., La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 115-116.
- MAMBRÈS##
MAMBRÈS (grec : ’Iapiêp^ ; la Vulgate semble avoir lu Mau.ëpïj « ), un des magiciens d’Egypte qui résistèrent à Moïse. II Tim., iii, 8. Ct. Exod., vii, 11. Le Talmud de Babylone, Menach., 9, dans la Ghemara,
l’appelle kidd, Mamrâ (Mambrès), comme la Vulgate.’Voir J. Buxtorf, Lexicon chaldaicum, édit. B. Fischer, 1869, au mot » uni », p. 481. Cf. Numenius, IlEp ! ciyaSa-j, dans Eusèbe, Prsep. evang., ix, 8, t. xxi, col. 696 ; Pline, H. N., xxx, 2, note dans l’édit. Lemaire, t. viii, p. 288. Saint Paul nomme Mambrès avec Jannès. Voir Jannès, t. iii, col. 1119.
- MAMMON##
MAMMON (u.aquovâ, ou plutôt [ia[iwvâ ; Vulgate : mammona ; en araméen : Wro, état emphatique de
; ioD). L’étymologie de ce mot est incertaine. E.Kautzsch,
Grammatik des Biblisch-Aramâischen, in-8°, Leipzig, 1884, p. Il. Cf. G. Dalman, Grammatik des jud.-palàst. Aramâisch, in-8°, Leipzig, 1894, p. 135 ; Levy, Neu-Hebrâisches und Chaldàisches Wôrterbuch, 4 in-4°, Leipzig, t. iii, 1883, p. 138-139. Le double m qu’on trouvo dans de nombreuses éditions grecques est fautif. Eb. Nestlé, dans Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, 1902, col. 2913. — Ce mot se lit quatre fois dans le Nouveau Testament. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 9, 11, 13. On ne le rencontre pas dans l’hébreu biblique, mais il est dans le Targum (Onkelos, mn, Exod., xxii, 30 [Walton, Polyglott.,
t. i, p. 319], pour traduire l’hébreu kôfér, Vulgate, pretium), et dans la Mischna, Pirke Aboth, ii, 12, etc. Voir J. Buxtorf, Lexicon talmudicum, édit. B. Fischer, 1869, p. 619.— Les Septante semblent avoir lu Mammon, au lieu de’émûndh, « vérité, fidélité, » dans le Ps. xxxvi (hébreu, xxxvji), 3, car ils ont traduit iùoùtoç (Vulgate : divitim). Saint Augustin, qui connaissait la langue punique, la même que le phénicien, traduit mammona par divitise, « richesses, » Qumst. Evang., ii, 34, t. xxxiv, col. 1340 ; Enarrat. in Ps. lui, 2, t. xxxvi, col. 620, et par lucrum, « gain, » De serm. Dom. in mont., n, 47 ; Serm. cxiii, 2, t. xxxviii, col. 648. Dans ces deux endroits, il dit que mammona signifie « richesses » en hébreu et « gain d en punique. Le sens de « richesses » dans l’Évangile ne peut être contesté ; c’est aussi la signification de ce mot en araméen. Voir Payne Smith, Thésaurus syriacus, t. H, Oxford, 1901, col. 2149-2150. Quelques-uns ont prétendu à tort que mammon veut dire « trésor ». « NJiDD ne signifie pas
- T T
trésor, chose cachée, dit M. Rubens Duval, dans la Revue des études juives, t. ix, 1884, p. 143, mais simplement biens, fortune ; les Juifs de Salamâs l’emploient aujourd’hui dans le sens de marchandise. » — Les commentateurs ont souvent supposé que Mammon était une divinité adorée par les Chananéens et qui personnifiait les richesses, comme le Plutus des Grecs et des Romains : Mammona, Syra lingua, divitise, dit la Glossa ordinaria, In Matth., vi, 24, Patr. Lat., t. exiv, col. 10, et elle ajoute : Dicitur hoc nomen esse dxmonis gui præest divitiis. Cette hypothèse n’est établie par aucun document. Notre-Seigneur, en personnifiant Mammon, ne le considère pas pour cela comme un faux dieu ou une véritable idole ; il emploie une figure de langage, comme les Didascalia (dans Edm. Hanler, Eine latinische Palimpsestûbersetzung der Didascalia Apostolorum, in-8°, Vienne, 1896, p. 46) : De solo mammona cogitant, quorum Deus est sacculus, ou comme Tertullien, quand il écrit, en parlant de mammona, Adv. Marc, iv, 33, t. ii, col. 439 ; Injustifiée auctorem et dominatorem totius sseculi nummuni scimus omnes. Le Sauveur, en ajoutant à mammona le mot ttj ; àStxca ; , iniquitatis, Luc, xvt, 9, indique qu’il veut parler des richesses injustement acquises et qu’il prend le mot mammon comme un nom commun. La locution « mammon d’iniquité on d’injustice » semble d’ailleurs avoir été courante et comme proverbiale, car on la trouve souvent dans les Targums et le Talmud. Eb. Nestlé, dans Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, col. 2914
F. VlGOUROt’X.
- MAMUCHAN##
MAMUCHAN (hébreu : Menvûkàn ; Septante : MoufaÀoi )-, nom de celui des sept princes de la cour d’Assuérus (Xerxès), qui prit la parole pour engager le roi à déposer la reine Vasthi. Esther, i, 14, 16, 21. Il est écrit plDO, dans le texte hébreu aux ꝟ. 14 et 21 et pDiff
au jꝟ. 16, avec un qeri qui donne la première leçon. La Vulgate l’a rendu par Mamuchan. Les manuscrits grecs en ont donné des transcriptions assez différentes : MOYXAIOC (Vaticamts, Sinaïticus, Alexandrinus), MAMOYXAIOC (corrections du Sinaïticus, du vn « siècle ) et au h 21 eYNOYXOC, MOYXeOC, MAMOY-X £OC (mêmes corrections). On lit même BOYPAIOC dans l’édition de Lag&rde, Librorum Veteris Testamenti canonicorum, pars prior, Gœttingue, 1883. Ce Bovfa’oî es’peut-être la traduction grecque du mot’iian, « l’Aga t- : it
gite, » Esther, iii, 1, 10 ; viii, 3, 5 ; IX, 24, appliqué à Aman. Le premier Targum d’Esther identifiait, en effet, Memûkân avec Aman ; le second l’identifiait au sage Daniel. Cf. Swete, The Old Testament in Greek according to the Septuagint, Cambridge, 1894 ; Cheyne, Encyclopsedia biblica, Londres, t. iii, 1902, col. 3019 ; Marquart, Fundamente lsrælitischer und jùdischer Geschichte, 1896, p. 68. F. Martin,
- MAMZER##
MAMZER, mot hébreu (wamzêr), qui se ne rencontre que deux fois dans le texte sacré, et que la Vulgate transcrit et explique, dans Deut., xxiii, 3. — 1° Dans ce passage du Deutéronome, le législateur indique ceux qui ne devront pas être admis dans la société israélite. Ce sont : 1° ceux qui ont subi une mutilation qui les rend impropres au mariage ; 2° le mamzêr, jusqu’à la dixième génération, d’après la Vulgate, et, d’après l’hébreu, même à la dixième génération, c’est-à-dire à perpétuité ; 3° l’Ammonite et le Moabite, également à perpétuité ; 4° enfin l’Édomite et l’Égyptien, qui pourront être reçus à la troisième génération. Deut., xxiii, 1-8. Les Septante traduisent mamzêr par lu. Ttopvï) ?, « issu de la femme de mauvaise vie, » et le Syriaque par « fils de l’adultère ». On lit dans la Vulgate : mamzêr, id est, de scorto natus, « fils de la prostituée. » Aquila et Symmaque ont des traductions analogues. Le mot pourrait venir d’un radical màzar, « être impur. » Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 781 ; Barth, Die Nominalbildung in den semitischen Sprachen, Leipzig, 1889, p. 164. Le mamzêr ne saurait être le fruit de l’union illégitime entre un homme, marié ou non, et une jeune fille. Il était loisible à l’homme marié d’avoir une concubine, ou épouse du second rang, et les enfants nés de cette union étaient légitimes, bien que n’ayant qu’un droit restreint à l’héritage du père. Voir Concubine, t. ii, col. 906-907. Quant à l’homme, marié ou non, qui séduisait une jeune fille, il était obligé de l’épouser ou, sur le refus du père, de lui payer une dot. Exod., xxii, 16. Mais la condition sociale des enfants n’avait pas à en souffrir. Il ne reste donc qu’à admettre î’explication des talmudistes, qui font du mamzêr le fruit de l’inceste ou de l’adultère avec une femme mariée. Yebamoth, iv, 13. L’adultère ainsi entendu et l’inceste étaientdeux crimes punis de mort. Lev., xx, 10-14 ; Deut., xxii, 22. Il n’est donc pas étonnant que Dieu ait’voulu exclure à jamais de son peuple lés enfants issus de telles unions, pour inculquer aux Hébreux le respect du mariage, déjà si menacé par la tolérance de la polygamie et du divorce. Il est bien vrai que la descendance incestueuse de Thamar compta parmi les ancêtres du .Messie. Voir Inceste, t. ii, col. 865. Mais cet exemple était antérieur à la législation mosaïque, qui avait précisément pour but d’en prévenir le retour. Sur l’extension du titre de mamzêr à d’autres enfants illégitimes et sur les conséquences sociales et légales de cette situation, voir Bâtard, t. i, col. 1503-1505.
2° Le prophète Zacharie, ix, 6, dans son oracle contre les Philistins, dit qu’Ascalon sera dans la crainte et Gaza
dans le tremblement, que Gaza n’aura plus de roi et Ascalon plus d’habitants, que le mamzêr habitera dans. Azot et que l’orgueil des Philistins sera abattu. Le mam-. zêr désigne encore ici le rebut d’Israël, l’être honteux qu’il chasse de son sein, l’impur étranger qui remplace dans Azot ce qui faisait l’orgueil des Philistins. Les Septante traduisent ici par âXXoyeveïc, <£ étrangers, » et la Vulgate par separator, « celui qui sépare, » en rattachant mamzêr au verbe nâzar, « séparer. » Le sens du mot peut être ici plus large que dans le texte du Deutéronome ; il n’en désigne pas moins une populace impure aux yeux d’Israël et étrangère aux yeux des Philistins, dont elle prend la place dans Azot.
On a cru pouvoir attribuer un autre sens à mamzêr. Ce mot serait un nom assigné par mépris aux habitants d’Azot et aux Philistins en général, que les Septante appellent presque toujours àXXiçuXot, alienigense, en dehors du Pentateuque, ou même le nom primitif des habitants d’Azot, étendu ensuite à tous les Philistins après leur arrivée dans le pays de Chanaan. Il est à remarquer que, si le Deutéronome, xxiii, 2, 3, exclut à tout jamais le mamzêr, l’Ammonite et le Moabite de la société israélite, la loi ayant été transgressée sur ce point au retour de la captivité, II Esd., xiii, 1-3, Néhémie reprocha à ses compatriotes d’avoir épousé des femmes d’Azot, d’Ammon et de Moab. II Esd., Xin, 23. Azot correspondrait donc au mamzêr du Deutéronome. Sans doute, les Hébreux ne furent en contact avec les gens d’Azot et les Philistins qu’au temps des Juges. Mais on pourrait admettre que l’article concernant le mamzêr n’a été inséré dans la loi qu’à cette époque, et cet article ne devenait pas moins nécessaire alors que celui qui visait les Ammonites et les Moabites. Cf. F. de Hummelauer, Comment, in Deuteron., Paris, 1901, p. 403, 404. — D’assez graves raisons s’opposent à cette identification. Tout d’abord, si le mot mamzêr désignait une race si connue, pourquoi ne le voit-on apparaître que si rarement, deux fois seulement, dans toute la Bible hébraïque ? De plus, que signifie-t-il dans la prophétie de Zacharie ? Si le mamzêr n’est autre que l’habitant d’Azot, comment peut-on dire qu’Ascalon et Gaza étant privés de leur roi et de leurs habitants, l’orgueil des Philistins sera abattu quand le mamzêr, c’est-à-dire le Philistin, habitera dans Azot ? Il est vrai que de Jlummelauer traduit : silens sedebit in Azoto, « il se tiendra coi dans Azot ; » mais il y a dans le texte : yâSab mamzêr be’asdôd, « . le mamzêr habitera dans Azot. » L’hypothèse n’est
donc pas suffisamment justifiée,MAN (hébreu : mân ; Septante : (iâv), nom hébreu de la manne. Il a été conservé sous cette forme par saint Jérôme dans Exod., xvi, 31, 33, 35 ; Num., xi, 6, 7, 9, tandis que dans le Deutéronome et dans les autres livres de l’Ancien et du Nouveau Testament, il l’appelle manna. Voir Manne.
- MANAHATH##
MANAHATH (hébreu : Mânahaf ; Septante : Mava-X <18), nom d’un descendant de Séir l’Horréen et d’une localité.
1. MANAHATH, MANAHAT, descendant de Séir l’Horréen, nommé le second parmi les cinq fils de Sobal. La Vulgate écrit son nom Manahat, dans Gen., xxxvi, 23, et Manahath, dans I Par., i, 40. Dans ce dernier passage, l’édition sixtine des Septante écrit Maxavin, ’Alexandrinus : MavoxâO. Voir Sobal.
2. MANAHATH, localité mentionnée I Par., vni, 6. Ce passage est obscur et la traduction douteuse. Il y est dit que des Benjamites, fils d’Ahod (voir Ahod 2, t. i, col. 206), furent transportés de Gabaa (Géba% Djéba), où ils étaient chefs de famille, à Manahath. Les auteurs 639
MANAHATH — MANAHEN
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de cette déportation paraissent avoir été Naaman, Achia, et surtout Géra. I Par., viii, 7. Voir Géra 2, t. iii, col. 197. A la suite de quelles querelles et à quelle époque eut lieu cet événement, nous l’ignorons. Manahath est également inconnu. Le contexte ne permet même pas de décider si ce nom désigne une ville ou une région. Le Targum dit que les fils d’Ahod furent transportés « dans la terre de la maison d’Ésaù » ; plusieurs commentateurs modernes supposent, au contraire, que Manahath est une ville de la tribu de Juda, la Mocvox » que la version des Septante, Jos., xv, 59, ajoute à la liste du texte hébreu, à la suite de Béther. Conder a émis l’hypothèse que Manahath peut être la Mdhla actuelle (n et l sont souvent confondus), à cinq kilomètres environ au sud-ouest de Jérusalem et près de Bittir (Béther). Survey of western Palestine, Memoirs, t. iii, p. 21, 136-137. Le voisinage immédiat de Mâhlah est stérile, mais il y a des vignes à l’est et des oliviers au sud. Les habitants s’approvisionnent d’eau à Ain Yalo, source très appréciée dans le pays.
- MANAHATHITE##
MANAHATHITE (hébreu : ham-Mânal}tî ; Septante : MaÀûc6£), habitant de la ville appelée ham-Menu^ôf dans le texte hébreu. La Vulgate a traduit M enul}ô{ par requietio, « repos. » I Par., ii, 54. Voir Menuhoth.
- MANAHEM##
MANAHEM (hébreu ; Menahêm ; Septante : Mavaïifji), roi d’Israël (773-762 ou 762-753 avant J.-C). L’histoire de son régna est racontée IV Reg., xv, 14-22. Il était fils de Gadi. Quand Sellum eut tué le roi Zacharie pour régner à sa place, Manahem, dont Josèphe, Ant. jud., IX, xi, 1, fait un chef d’armée, partit de Thersa, à 10 kilomètres à l’est de Samarie, se porta sur cette dernière ville et, à son tour, mit à mort Sellum, dont le règne ne fut que d’un mois. Devenu roi, il marcha aussitôt de Thersa, où se trouvaient sans doute ses quartiers militaires, contre la ville de Thapsa, qui x ae reconnaissait pas sa royauté, et dont il entreprit le siège. Ayant pris la ville, il en frappa tous les habitants, pour les punir de lui avoir fermé leurs portes. Les exécutions s’étendirent même aux environs de la cité. Poussant la barbarie aux dernières limites, Manahem fit tuer et mettre en pièces toutes les femmes enceintes, afin d’exterminer jusqu’aux enfants qu’elles portaient. Josèphe n’ose reproduire ce détail ; il se contente de dire que Manahem exerça contre ses propres concitoyens des cruautés qui seraient impardonnables même contre des étrangers vaincus à la guerre. Plusieurs auteurs ont pensé que la ville de Thapsa n’est autre que Tipsakh, la Thapsaque des Grecs, située sur la rive droite de l’Euphrate. Le royaume de Salomon s’étendit en effet jusque-là, 1Il Reg., iv, 24, et Jéroboam II avait réussi à reporter la frontière septentrionale d’Israël jusqu’à l’entrée d’Émath. IV Reg., xiv, 25. Mais cette entrée d’Émath était probablement assez distante de Thapsa vers le sud. Voir Émath (Entrée d’), t. ii, col. 1719. D’autre part, Tipsakh est à 500 kilomètres au nord de Samarie, et il est fort invraisemblable qu’un roi relativement faible, comme était Manahem, ait pu, avec toute une armée, traverser la Syrie et les déserts qui, s’étendent au nord de ce dernier pays, et ensuite assiéger une ville qui faisait partie du domaine assyrien. Aussi est-il beaucoup plus probable que Thapsa doit être cherchée dans les environs de Samarie. Elle ne peut guère être identifiée avec Taphua, mentionnée comme se trouvant sur la frontière d’Éphraïm et de Manassé, Jos., xvi, 8 ; xvii, 7, 8, ni avec Thersa elle-même, comme l’ont cru les Septante. Thapsa est vraisemblablement représentée aujourd’hui par la localité de Tafsah, à 9 kilomètres au sud de Samarie, par conséquent dans la voisinage de Thersa, comme semble le supposer le texte. IV Reg., xv, 16. Voir la carte d’Éphraïm, t. ii, col. 1876, et Thapsa.
A la cruauté, Manahem joignait l’impiété. Sous ce rapport, il ne fut que trop fidèle à suivre les exemples du premier roi d’Israël. Le prophète Osée, vii, 1-xin, 16, décrit les désordres qui se multipliaient alors en Israël et annonce les invasions assyriennes qui en seront le châtiment.
Manahem dut se rendre tributaire du roi d’Assyrie Phul, le même que Théglathphalasar III. Voir Phul. En 743, ce prince fit la conquête de la Syrie septentrionale. Les chefs araméens ne se soumirent pas volontiers à la nouvelle domination ; en 742 et en 739, le roi assyrien fut obligé de repasser l’Euphrate pour mettre à la raison ses nouveaux sujets. Les ravages qu’il exerça au cours de cette dernière campagne jusque dans la vallée de l’Oronte et les déportations auxquelles il soumit la population de plusieurs villes intimidèrent les rois voisins, au point que Rasin, de Syrie, et Manahem, d’Israël, se hâtèrent de porter leurs hommages et leurs tributs à Théglathphalasar. Dans une de ses inscriptions, ce dernier nomme, parmi ses tributaires, Mi-ni-hi-immi Sa-mi-ri-na-ai, « Manahem de Samarie. » Cf. Eb. Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, Giessen, 1872, p. 122-134 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 6e édit., t. iii, p. 514-519 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 150-153.
Manahem paya tribut au roi d’Assyrie pour qu’il lui assurât sa protection et le confirmât dans son pouvoir. La Bible ne dit pas si ce tribut fut volontaire ou forcé. L’inscription de Théglathphalasar déclare que ce dernier « reçut » le tribut de Manahem et de beaucoup d’autres princes. Il est à croire que, si ceux-ci prirent les devants pour s’engager à payer, c’est qu’ils prévoyaient une contrainte à laquelle ils étaient incapables de se soustraire. La contribution fournie par Manahem fut d’ailleurs trop considérable pour avoir été pleinement spontanée. Il versa mille talents d’argent. Le talent d’argent valant alors 8500 francs, la somme totale s’élevait à huit millions et demi, ce qui constituait une lourde charge pour un petit pays comme le royaume d’Israël. Le roi imposa les riches à raison de cinquante sicles d’argent, soit 141 fr. 50 par tête. Le nombre des imposés fut donc environ de 60000, cequi indique que, sous le nom de riches, on comprit tous ceux qui jouissaient de quelque aisance. Satisfait de ce résultat, le roi d’Assyrie ne resta pas plus longtemps dans le voisinage d’Israël et s’en retourna dans son pays. Les Israélites se rendirent compte, sans doute, que le sacrifice qu’on leur imposait leur évitait de plus grandes calamités. Il n’est question d’aucun mécontentement violent contre Manahem, qui mourut paisiblement après dix ans do règne et laissa le trône à son filsPhacéia.
- MANAHEN##
MANAHEN (grec : Mavaiiv), chrétien de l’Église d’Antioche, nommé parmi les prophètes et les docteurs à qui le Saint-Esprit ordonna de conférer à Saul (Paul) et Barnabe leur mission apostolique. Act., xiii, 1-2. Mavavjv doit être l’hébreu nn ; o, Menafyêm, « consolateur. » Le texte sacré dit que Manahen était quvrpotpoç d’Hérode le tétrarque. Cet Hérode est Hérode Antipas, qui fit décapiter saint Jean-Baptiste et était exilé à Lyon pendant que Manahen était à Antioche, car il est le seul de* Hérodes à qui l’indication des Actes puisse s’appliquer. Voir Hérode 3, t. iii, col. 647. — Mais que signifie exactement (TiivTpoooç et qu’était Manahen par rapport à Antipas ? Les sentiments sont divisés à cesujet. D’après la Vulgate, qui traduit <njvrpoçoç par collactaneus, il était son « frère de lait », et c’est là, en effet, un des sens de l’expression grecque. Voir Xénophoû, Memorab., ii, 3, 4, édit. Didot, p. 553. Mais elle signifie aussi « élevé avec quelqu’un », compagnon d’enfance, les princes et les grands de l’antiquité ayant coutume de faire élever avec leurs fils des jeunes gens du même âge. Plutarque, D&
educat. pueror., 6, édit. Didot, Script, moral., t. i, p. 4. C’est ainsi qu’avait fait Salomon pour son fils Roboam. III Reg., xii, 10. D’après d’autres, Manahen, au lieu d’être fils de la nourrice d’Hérode Antipas et son frère de lait, était donc simplement son ami d’enfance. Entre ces deux opinions, il est impossible de se prononcer avec certitude. — Quoi qu’il en soit, la Providence, en faisant élever Manahen avec un des fils d’Hérode le Grand, l’avait ainsi préparé à devenir un des docteurs de son Église. Il devait avoir une cinquantaine d’années lorsque se passa l’événement raconté dans les Actes, xiii, 1-2, en l’an 44 de notre ère. Manahen dut être connu particulièrement par saint Luc, qui était d’Antioche, et l’on a supposé que c’était de sa bouche que l’évangéliste avait appris les détails, qu’il est le seul à donner, sur saint Jean-Baptiste, mis à mort par Hérode Antipas. Luc, i, 57-80 ; iii, 7-14. Antipas avait été élevé a Rome. Josèphe, Ant. jud., XVII, i, 3, et il y retourna aussitôt après la mort de son père, Hérode le Grand, pour tâcher de recueillir sa succession (4 avant notre ère). Josèphe, Ant. jud., XVII, ix, 5 ; Bell, jud., II, II, 3. Manahen l’avait-il accompagné dans la capitale de l’empire ? On l’ignore. — Josèphe, Ant. jud., XV, x, 5, mentionne un Manahen qui jouissait parmi les Esséniens d’une grande réputation de sagesse et de sainteté et qui prédit à Hérode le Grand dans sa jeunesse, qu’il deviendrait roi. C’est par anachronisme que quelques commentateurs l’ont confondu avec le Manahen des Actes, qui était de beaucoup plus jeune. Il est aussi question d’un Manahen dans le Talmud. On célèbre la fête de saint Manahen le 24 mai. Voir Acta sanctorum, maii t. v, 1685, p. 273.
F. Vigouroux.
- MANAIM##
MANAIM, orthographe, dans la Vulgate, Jos., xiii, 26, 30 ; xxi, 37 ; III Reg., iv, 14 ; I Par., vi, 80, du nom du lieu qu’elle a écrit plus correctement M ahanaim dans Gen., xxxii, 2, et traduit par castra, « camps, » II Reg., il, 8, etc. Voir Mahanaïm, col. 571.
- MANASSÉ##
MANASSÉ (hébreu : Menassêh, « qui fait oublier [ ?] » ), nom de plusieurs personnages bibliques et d’une tribu d’Israël.
1. MANASSÉ (hébreu : MenasSéh ; Septante : Mavacrtrfi), fils aîné du patriarche Joseph et de l’Égyptienne Aseneth. Gen., xli, 50, 51 ; xlvi, 20. La joie causée par sa naissance lui fit donner le nom de Manassé (de la racine nâsâh, « oublier, » au participe actif de la forme piêl, « faisant oublier » ) ; son père, en effet, s’écria : « Dieu m’a fait oublier (nassani) toutes mes peines. » Il vint au monde avant le commencement de la famine. Gen., xli, 50. Jacob, en l’adoptant et le bénissant, fit passer son frère Éphraïm avant lui, malgré les efforts de Joseph pour lui maintenir son droit d’aînesse. Gen., xlviii, 1-19. Cf. Éphraïm 1, t. H, col. 1873. Le vieux patriarche prédit cependant que Manassé serait aussi chef de peuples, et que sa race se multiplierait ; mais, ajouta-t-il, « son frère, qui est plus jeune, sera plus grand que lui, et sa postérité se multipliera dans les nations. » Gen., xlviii, 19. L’histoire des deux tribus nous montre, en effet, la prééminence de l’une sur l’autre. Voir Manassé 7 : Éphraïm 2, t. H, col. 1874. L’Écriture nous dit que Joseph put voir encore les fils de Machir, fils de Manassé. Gen., L, 22. Ces détails sont les seuls qu’elle nous ait/’conservés sur la personne de ce dernier ; les autres passages où se lit son nom se rapportent à la tribu
dont il fut le chef.2. MANASSÉ, ancêtre de Jonathan, fils de Gersam, qui devint prêtre de Michas et des Danites de Laïs, Jud., xviii, 30, d’après le chethib du texte massorétique et d’après les Septante (Mocva<r<rij), mais le nom est altéré et il faut lire « Moïse », comme le portent le keri et la Vulgate. Voir Jonathan 1, t. iii, col. 1614.
3. MANASSÉ, le treizième des rois de Juda (697-642.)
Son règne de cinquante-cinqans fut le plus long de
tous ceux qu’on vit en Palestine. Manassé était fils du
pieux roi Ézéchias. Il n’avait que douze ans quand il
monta sur le trône. Sa mère, d’origine inconnue, s’appelait
Haphsiba. L’influence qu’elle exerça sur son fils
fut nulle ou perverse, car Manassé s’appliqua à mettre
toute sa conduite en opposition avec celle de son père.
Isaïe, qui vivait encore, ne réussit pas à maîtriser les
mauvais instincts du jeune roi.
La Sainte Écriture énumère toutes les abominations dont Manassé se rendit coupable : il rebâtit les hautslieux détruits par Ézéchias, rétablit le culte de Baal, d’Astarthé et de l’armée des cieux, éleva des autels aux fausses divinités dans le Temple même du Seigneur, osa y dresser l’idole d’Astarthé, fit passer son fils par le feu en l’honneur de Moloch, s’adonna à tous les genres de magie et favorisa ceux qui les pratiquaient. Les exemples donnés par le prince entraînèrent naturellement le peuple. La dépravation devint telle, qu’elle dépassa celle des anciens Chananéens que Dieu a /ait fait exterminer à l’arrivée des Israélites. IV Reg., xxi, 1-9 ; II Par., xxxiii, 1-10.
Le Seigneur fit prédire le châtiment par ses prophètes. Juda et Jérusalem auront le sort de Samarie. La capitale sera mise en tel état qu’elle ressemblera à un plat qu’on nettoie, dans lequel il n’y a plus rien et qu’on renverse sens dessus dessous. Les habitants du pays deviendront la proie des envahisseurs. IV Reg., xxi, 10-15. Jérémie, xv, 4, annonça plus tard les mêmes calamités, en leur assignant pour cause les crimes de Manassé. Celui-ci ne fit aucune attention à ces menaces. A l’impiété, il joignit la cruauté. Il répandit à profusion le sang innocent, de sorte que la ville de Jérusalem en était inondée. IV Reg., xxi, 16. Une tradition, qui du reste n’est pas certaine, lui attribue même la mort violente du prophète Isaïe. Voir Isaïe, t. iii, col. 944. Le grand châtiment ne tomba sur la nation que plus de cinquante ans après la mort de Manassé ; le prince n’en eut pas moins à subir personnellement les conséquenses de ses crimes.
Quand Asarhaddon vint faire campagne contre l’Egypte, en 673, et s’empara de ce pays, il soumit au passage tous les rois qu’il rencontra. Une de ses inscriptions en énumère vingt-deux, parmi lesquels Mi-na-si-i soi* Ya-u-di, « Manassé, roi de Juda. » Cf. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1872, p. 228. Voir Asarhaddon, t. i, col. 1059. Assurbanipal, fils et successeur d’Asarhaddon, fit deux campagnes contre l’Egypte. Il obligea aussi les vingt-deux rois à lui « baiser les pieds », c’est-à-dire à reconnaître sa suzeraineté. Voir Assurbanipal, t. i, col. 1145. Une de ses inscriptions met au second rang, parmi ces vassaux, Mi-nasi-i sar Ya-u-di, « Manassé, roi de Juda. » Ce dernier était réservé à un châtiment plus terrible que la simple vassalité et que le tribut qui en était naturellement la conséquence. Une armée assyrienne vint le saisir et le mettre aux fers. Chargé de chaînes, il fut mené à Babylone. Mais là, il se repentit et s’humilia devant Dieu ; il fut alors ramené dans son royaume. II Par., xxxm, 11-13. On a contesté la valeur historique de ce "récit, en faisant valoir que le livre des Rois n’en dit rien, qu’Assurbanipal aurait fait conduire Manassé à Ninive, sa capitale, et non à Babylone, et qu’il ne l’aurait pas renvoyé ensuite dans son royaume. Les inscriptions d’Assurbanipal confirment, autant qu’il est souhaitable, le récit des Paralipomênes.
Persuadé que Ninive et Babylone ne pourraient longtemps se maintenir d’accord sous le même joug, Asarhaddon avait, de son vivant même, divisé son empire en deux, donnant à son aîné, Assurbanipal, l’Assyrie avec Ninive pour capitale, et réservant la Chaldée et Babylone à un autre de ses fils, Samassoumoukin ou Sarnmu IV. - 21
643
- MANASSÉ##
MANASSÉ (LE ROI) — MANASSÉ’(TRIBU DE)
644
gfeès, né d’ailleurs d’une Babylonienne. Ce dernier devait rester vassal de son frère. Les deux princes s’entendirent d’abord très bien. Mais par la suite, Assurbanipal, encouragé par ses succès militaires contre l’Egypte, tendit à faire peser de plus en plus sa suprématie sur la Chaldée. Pour garantir son indépendance, Samassoumoukin snscifa une vaste coalition de tous les princes vassaux de FAssyrie, pour lui venir en aide contre Assurbanipal. Ce dernier dit, dans une de ses inscriptions : « Mon frère infidèle, qui ne garda pas mon obéissance, les hommes d’Accad, de Chaldée, d’Aram et de la côte de la mer, … il les fit révolter contre ma main. i> Il dit dans une autre inscription : « Les hommes d’Accad, d’une partie de la Chaldée, d’Aram et du pays de la mer, que Samassoumoukin avait appelés, s’entendirent pour marcher en avant et se révoltèrent contre moi. » Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 240-241. Les hommes du pays de la mer sont les riverains de la Méditerranée, les Phéniciens et les habitants de la Palestine, par conséquent Manassé et ses sujets. Assurbanipal prit l’offensiveen 652. Samassoumoukin, abandonné d’abord par les Élàmites, puis par les Araméens, se renferma dans Babylone, y subit un terrible siège, et, pour ne pas tomber vivant aux mains de son frère, se brûla dans son palais, avec ses femmes, ses enfants, ses esclaves et ses trésors. C’était en 649. Assurbanipal entra à Babylone, y résida quelque temps, en confia l’administration à l’un de ses officiers et retourna à Ninive. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. iii, 1899, p. 377, 378, 415-424.
Il était tout naturel que le roi assyrien cherchât à sévir contre ceux qui avaient pris parti pour son frère. Manassé était de ce nombre. Des troupes assyriennes vinrent le prendre et l’emmenèrent chargé de chaînes et les fers aux pieds, non pas à Ninive, la capitale assyrienne, mais à Babylone, où résidait encore Assurbanipal, probablement satisfait de pouvoir faire constater aux alliés de Samassumukin l’état auquel il avait réduit sa capitale. Les chaînes et les fers aux pieds des prisonniers sont tout à fait conformes aux coutumes assyriennes. Voir Chaîne, t. ii, col. 480 ; Entraves, t. ii, col 1818. On lit dans une autre inscription d’Assurbanipal : « Sarludari et Néchào ilsprirent, ils les lièrent avec des liens de fer et des chaînes de fer aux mains et aux pieds. » Schrader, Keilinschriften, p. 243. Rien d’étonnant par conséquent à ce que Manassé ait été traité de même. Dans sa captivité, le roi de Juda implora enfin le Seigneur ; il s’humilia profondément devant lui et lui adressa une prière, qu’on chercha bien plus tard à reconstituer. Voir Manassé (Prière de). Assurbanipal ne tarda pas à le renvoyer à Jérusalem, peut-être avant de retourner lui-même à Ninive. Cette manière de procéder ne doit pas surprendre non plus de la part d’Assurbanipal. Il raconte dans une inscription comment il traita Néchao, qui avait soulevé l’Egypte contre lui et avait été emmené prisonnier à Ninive : « Faveur je lui accordai, alliance avec lui je fis… Mes officiers comme gouverneurs en Egypte avec lui j’envoyai, … je le rétablis, … un royaume je lui ponstituai. » Cf. Schrader, Keilinschriften, p. 243. On voit que si, à raison de son peu d’importance relative, Manassé n’est pas nommé dans ces inscriptions, le traitement qu’il eut à subir et la grâce dont il bénéficia n’ont pas été sans exemple sous Assurbanipal. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 87-98.
De retour à Jérusalem, Manassé commença par fortifier l’enceinte de la ville du côté où elle était vulnérable. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1363. Puis il mit des officiers dans toutes les villes fortes du royaume. Il se garantissait ainsi contre un coup de main, comme celui qui avait suffi sans doute à la’petite armée assyrienne qui s’était emparée de lui. Pour réparer son impiété précédente, il fit enlever du Temple et jeter hors des
murs de la ville les idoles et les autels qu’il y avait élevés. Il rétablit l’autel du Seigneur et y fit offrir des sacrifices de différente nature. Enfin il ordonna à son peuple de servir le Dieu d’Israël, Jéhovah. Les Israélites n’obéirent qu’à moitié, car c’est sur les hauts-lieux qu’ils continuèrent à immoler, zobhim, mais seulement à Jéhovah leurDieu, la-Yehovâh’ëlohêhém, II Par., xxxiii, 1417. Il fut donc impossible de faire renoncer le peuple à ses habitudes invétérées, quant aux lieux du culte ; il se contenta de répudier le culte des idoles. Voir Hautslieux, t. iii, col. 456.
La captivité de Manassé et sa pénitence ne peuvent être datées que des dernières années de son règne. Pendant cinquante ans, le roi avait donné l’exemple d’une impiété et d’une dépravation effrénées. Comment s’étonner que, si sincère qu’ait pu être sa pénitence, il n’ait pas réussi à effacer le souvenir de ce qui avait précédé ? Son fils Amon, en effet, s’empressa de rétablir les idoles proscrites par son père. Heureusement il ne régna que deux ans, et, assassiné par ses serviteurs, il laissa le trône à son fils le pieux roi Josias. II Par., xxxm, 22-25. Mais c’est toujours à Manassé que les auteurs sacrés reviennent, quand ils veulent signaler la cause principale du grand châtiment qui allait fondre sur le pays. IV Reg., xxiii, 26 ; xxiv, 3 ; Jer., xv, 4. Aussi l’on ne crut pas devoir accorder à Manassé la sépulture royale. Il fut inhumé dans le jardin d’Oza, qui était le jardin du palais, comme fut inhumé deux ans plus tard son fils Amon. Celui-ci, âgé de vingt-deux ans à la mort de son père, n’osa ou ne put rien faire pour lui éviter ce déshonneur. IV Reg., XXI, 18 ; II Par., xxxiii, 20. Ezéchiel, xliii, 7, 9, semble faire allusion à cette sépulture, quand il reproche aux cadavres des rois de souiller
le voisinage du Temple.4. MANASSÉ (Septante : Mava<r<rîi), de la tribu de Juda et de la famille de Phahath Moab ; il avait épousé une femme étrangère et fut obligé de la répudier du temps d’Esdras, I Esd., x, 30.
5. MANASSÉ (Septante : Mava<r<rr|), descendant de Hasom (voir Hasum 1, t. iii, col. 448) ; il vivait et a temps d’Esdras et renvoya, la femme étrangère qu’il avait épousée. I Esd., x, 33.
6. MANASSÉ (Septante : Mavacrcrriç), de la tribu de Siméon, d’après les Septante, Judith, viii, 2, mari de Judith. Il habitait Béthulie et possédait de grandes richesses qu’il laissa en mourant à sa veuve. Judith, viii, 7. Il mourut d’une insolation au temps de la moisson des orges, viii, 2-3, et il fut enseveli « dans une caverne », âv Toi <nrcXa£w, d’après les Septante, xvi, 23. Le texte grec, xvi, 24, dit que Judith, à sa mort, laissa tous ses biens aux parents de son mari. Voir Judith 1, t. iii, col. 1822.
7. MANASSÉ, une des douze tribus d’Israël, divisée en deux groupes : le groupe occidental et le groupe oriental,
I. Géographie. — i. manassé occidental. — La demi-tribu située à l’ouest du Jourdain avait son territoire entre Éphraïm au sud, Issachar au nord, la Méditerranée à l’ouest et le Jourdain à l’est. Nous ne possédons pas, comme pour les autres, la nomenclature de ses principales villes ; aussi son exacte délimitation ëst-elle extrêmement difficile, surtout si l’on ajoute à cette lacune les obscurités du texte. Voir la carte (fig. 193).
1° Limites. — Les frontières de Manassé occidental sont décrites Jos., xvii, 7-11, mais le texte actuel est tellement incomplet que, pour les rétablir, nous sommes réduits aux conjectures. « La frontière de Manassé fut depuis Aser Machméthath, qui est à l’est de Sichem {Naplousé), puis elle allait à droite (c’est-à-dire au sud), si*n*lf„ ; °., P< ru £" i &,
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8. MANASSÉ (PRIÈRE DE), écrit apocryphe. — On lit au second livre des Paralipoménes, xxxiii, 13, que Manassé, converti par la tribulation, s pria Dieu et fut
exaucé. » Plus loin le texte ajoute, ꝟ. 18-19 : <t Le reste des actions de Manassé et sa prière à Dieu et les paroles que les voyants lui adressèrent au nom de Jéhovah, Dieu d’Israël, tout cela se trouve dans les Annales des rois d’Israël. Et sa prière, et la miséricorde qui lui fut faite, et son péché, et son apostasie, et les endroits où il bâtit des hauts-lieux, dressa des aschéras et érigea des statues, tout cela est écrit dans les Paroles d’Hozaï » ( « des voyants », tûv ap(àvT(uv, d’après les Septante, Voir Hozaï, t. iii, col. 167). Au moment où écrivait l’auteur des Paralipoménes, la prière de Manassé existait donc dans les Annales des rois d’Israël et dans les Paroles d’Hozaï. Or, un certain nombre de manuscrits grecs et latins contiennent une prière de Manassé et l’on se demande naturellement si c’est la traduction de celle dont parle l’hagiographe. Malgré Fùrst, Ewald et Bail, cette hypothèse ne peut être admise. Rien, dans la prière, ne trahit un original hébreu ni la main d’un traducteur. Le style est coulant et libre, et la phrase paraît trop longue et trop cadencée pour être une traduction. Si l’on y remarque quelques hébraïsmes de pensée plutôt que d’expression, c’est le cas pour toutes les productions littéraires des Juifs hellénistes. Il faut en conclure avec Fritzsche, Berthold, Bissell, Zôckler, Ryssel et Schùrer, que cette petite composition a été primitivement rédigée en grec et n’a donc rien de commun avec la prière des Annales des rois d’Israël ou des Paroles d’Hozaï à laquelle se réfère l’auteur des Paralipoménes.
1° Analyse et doctrine. — La prière débute par une invocation au Dieu des patriarches, au Dieu tout-puissant, au Dieu plein de miséricorde, 1-7 : « Vous donc, Seigneur, Dieu des justes, vous n’avez pas établi la pénitence pour les justes, pour Abraham, Isaac et Jacob, qui n’ont pas péché contre vous, mais vous l’avez établie pour moi, pour le pécheur. » 8. Suit une humble confession des crimes passés et une instante demande de pardon, 9-13 : « Puisque vous êtes, Seigneur, le Dieu de ceux qui se repentent, donnez en ma personne un exemple de votre bonté. » La fin est une protestation d’éternelle reconnaissance, 14-15. Cette pièce n’est pas un pastiche, ni une mosaïque de phrases empruntées, comme tant d’autres compositions de ce genre ; un véritable souffle de piété l’anime. L’idée principale, savoir que Dieu est le Dieu des pécheurs aussi bien que des justes et qu’il se laisse fléchir par le repentir sincère, idée suggérée d’ailleurs dans le récit des Paralipoménes, est exprimée avec une force inusitée. Il y a un courant d’idées semblables au Livre de la Sagesse, xii, 2, 10, 19, etc. On peut supposer que les deux compositions appartiennent à la même époque et au même milieu. La conversion de Manassé embarrassait le judaïsme plus récent. On disait que la grande Synagogue avait damné Manassé malgré son repentir. Cf. Weber, Jùdische Théologie, Leipzig, 2e édit., 1897, p. 141, 326.
2° La prière deManassé et la tradition. — Les Constitutions apostoliques, II, 22, t. i, col. 641-649, racontent assez longuement la pénitence de Manassé et rapportent in extenso sa prière apocryphe. Quelques détails de cette histoire ont été sûrement empruntés aux légendes juives. Dans sa prison, Manassé, lié et chargé de fers (wctt<naiàTpa>iivoi), n’avait pour nourriture que du pain de son et pour boisson que de l’eau mêlée de vinaigre, en très petite quantité. C’est alors que son cœur fut touché et qu’il adressa à Dieu sa prière. Dès qu’il eut achevé, une flamme ardente l’entoura et fondit ses chaînes de fer. S’il est impossible d’admettre, avec Fabricius et Nestlé, que la prière soit l’œuvre de l’auteur des Constitutions apostoliques ou de son devancier, l’auteur de la Didascalia, et qu’elle soit passée de là dans les manuscrits grecs, on doit convenir que toute ou presque toute la tradition postérieure se fonde sur le récit des Constitutions et dépend absolument d’elles. On s’en aperçoit aux expressions identiques et aux G53
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MANASSÊ (PRIÈRE DE) — MANDRAGORE
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mêmes détails controuvés. La circonstance des liens fondus ou brisés à la suite de la prière remonte à Jules l’Africain (d’après saint Jean Damascène, Sacra Parallela, t. xcv, col. 4436). Voir dans Migne, Patr. Gr., 1. 1, col. 646-648, les notes de Gotelier sur les écrivains ecclésiastiques, qui citent la prière de Manassé ou font allusion aux circonstances qui l’accompagnèrent. Une légende judaïque voulait que Manassé eût été enfermé dans un cheval ou un mulet d’airain, sous lequel on aurait mis le feu. C’est là que le roi pénitent aurait prononcé sa prière à la suite de laquelle la statue se serait fondue, le laissant en liberté. L’Apocalypse grecque de Baruch raconte cette légende, qui ne mériterait pas d’être rapportée si quelques Pères ou écrivains ecclésiastiques ne l’avaient connue. Apoc, de Baruch, 64, dans Kautzsch, Apokryphen und Pseudepigr. , 1900, t.-n, p. 436-437.
3° Manuscrit* et éditions. — Le texte grec de la prière de Manassé se trouve dans un certain nombre de manuscrits des Septante, parmi les cantiques qui assez fréquemment accompagnent le Psautier. Elle occupe le neuvième rang, après les deux cantiques de Moïse, Exod., xv, Deut., xxxii, la prière d’Anne, mère de Samuel, I Reg., ii, le cantique d’Isaïe, v, 1-9, sa prière, xxvi, 9-20, celles de Jonas, ii, 3-10, d’Habacuc, iii, 2-19, d’Ézéchias, Is., xxxyin, 10-20, et avant la prière d’Azarias, Dan., iii, 26-45, celle des trois jeunes gens dans la fournaise, Dan., iii, 52-88, le Magnificat, le Nunc diniitlis, le Benedictus et le Gloria. Swete l’a éditée d’après le Codex Alexandrinus avec les variantes du Psautier de Zurich, The Old Test, in Greek, 2e édit., Cambridge,
1899, p. 12-14. — La version latine, non revue par saint Jérôme, se trouve également dans plusieurs manuscrits de la Vulgate. Robert Estienne l’avait insérée dans son édition de 1540. Elle est imprimée encore dans nos Bibles actuelles à la fin et en dehors des livres canoniques, avec le IIIe et le IVe livre d’Esdras, ne prarsus inierirent. Sabatier l’avait publiée d’après trois manuscrits dans ses Biblior. sacror. Latin, vers, antiq., t. iii, p. 1038-1039, La traduction éthiopienne des Constitutions apostoliques parue à Londres en 1834, la traduction arabe inédite du même ouvrage et la Didascalia Apostolorum syriaque publiée à Londres, en 1903, traduite par M m « Gibson, ibid., et par Achelis et Fleming, Leipzig, 1904, dans Texte und Untersuchtingen, nouv. série, t. x, 2, la contiennent aussi. Enfin il existe une traduction en hébreu faite sur le grec.
4° Commentaires. — Fritzsche, Exeget. Handbuch lu den Apocryphen, Leipzig, 1851 ; Bail, Apocrypha, dans le Speaker’s Commentary, Londres, 1888 ; Kautzsch, Die Apokryphen undPseudepigraphen des A. T^Tubingue,
1900, 1. 1, p. 165-171 (introduction, traduction allemande d’après le texte de Swete et notes critiques développées, par Ryssel). F. Prat.
- MANDRAGORE##
MANDRAGORE (hébreu : dûda’îm ; Septante : [j.avSp « Y<Spaç, ii, îjXa ii, av8paY<Spou > Vulgate : mandragora), plante et fruit communs en Palestine.
I. Description. — La mandragore était rangée par Linné dans le même genre que la Belladone, sous le nom de Atropa Mandragora. Mais, comme l’avait déjà reconnu Tournefort, elle mérite de former une division générique à part, dans la famille des solanées, caractérisée par son énorme souche souterraine, qui se termine en racine pivotante simple ou plus souvent fourchue. Le collet ne s’allonge pas en tige aérienne, mais il produit directement une rosette de grandes feuilles étalées, à limbe oblong-lancéolé, atténué en pétiole épais. Plus tard, du centre de la rosette sortent de longs pédoncules terminés chacun par une fleur. Le calice devient accrescent après l’anthèse, et sert à protéger le fruit devenu une baie volumineuse et polysperme. La corolle marcescente est régulière, campanulée-plissée, à
5 lobes profonds, les ctamines à filets barbus à la base. Dans la véritable mandragore, Mandragora officmarum, (fig. 194), la fleur blanc verdâtre s’épanouit au printemps
19-ï. — Mandragore. Plante, fleur et fruit.
et produit une baie jaune dépassant beaucoup J’enveloppe du calice. C’est la forme qu’on trouve dans les jardins, et qui se maintient dans les cultures abandonnées. Mais le vrai type sauvage semble être la Mandrar gora autumnalis de Sprengel, dont la souche est moins grosse, les feuilles plus réduites, les pédoncules fioranx plus allongés, la baie roussâtre dépassant à peine le calice, la corolle violacée et la floraison automnale.
F. Hy.
II. Exégèse. — On a souvent discuté sur le sens à donner à ces dûda’îm qui sont mentionnés en deux endroits de la Bible, Gen., xxx, 14-16, et Gant., vil, 14. Dans le premier passage on raconte que Rnben, alors âgé d’environ cinq ans, étant sorti dans les champs au temps de la moisson des blés, trouva des dûda’îm, qu’il rapporta à Lia sa mère. Rachel les ayant vos, voolut les avoir ; Lia y consentit à condition que Jaceb demeurerait avec elle la nuit suivante. Dans le second passage, l’épouse du Cantique, vil, 14, fait cette invitation :
Sortons dans les champs
Nous verrons si la vigne bourgeonne,
Si les bourgeons se sont ouverts,
Si les grenadiers sont en fleur ;
Les mandragores font sentir leur odeur,
Et nous avons à nos portes les meilleurs fraits.
Quelques auteurs ont traduit dûda’im par violettes, d’autres par lis, jasmin, ou citron ou même bouquet de fleurs agréables, mais en général on rend ce mot par mandragore. C’est la traduction des anciennes versions : des Septante, (iavSpaY<Jpa ?, et ii, ï|Xa (jiovSpaYÔpau ; de la Vulgate, mandragora ; du Targum d’Onkelos et du sy-’riaque qui, traduisant par le mot jmna>, ydbrufyin, ]L* » 0*_^_t, yabrulfo’, entendent la mandragore (cf. Payne Smith, Thésaurus syriacus, in-f », Oxford, 1879, t. i, col. 1542-1543). Du reste en arabe le mot yabruh, _ « _*}, est certainement la mandragore : Ibn-El-Beïthar, Traité des simples, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxvi, part. i, Paris, 1883, p. 419. On peut donc dire que l’unanimité des anciennes versions donne aux dûda’îm le sens de mandragore. C’est également la pensée de Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, de saint Jérôme, Liber hebraicarum quxst. in Gen., t. xxiii, col. 983, et de nombreux exégètes modernes. Cependant Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 7, critique eette kfenti
flcation, et la repousse parce que, prétend-il, les dûda’îm de Cant., vii, 14, répandent un parfum suave, agréable, tandis que la mandragore n’a pas une bonne odeur. Mais le Cantique ne parle pas d’une suave odeur, il dit seulement que la mandragore répand son odeur. C’est le temps de l’année, remarque-t-il, « où la vigne bourgeonne, où les grenadiers sont en fleur, et où la mandragore répand son odeur, » faisant allusion sans doute à son odeur forte. Pline, H. N., xxv, 74, signale, en effet, l’odeur forte du suc de la mandragore, ajoutant que celle de la racine et du fruit est encore plus forte. « Sa violence étourdit ceux qui n’y sont pas habitués. » D’ailleurs cette odeur désagréable, pour des Européens, plaît aux Orientaux. C’est bien au temps de la moisson des blés, en mai, que le fruit de la mandragore répand son odeur. Celsius fait aussi observer que les propriétés prolifiques qu’on prête à la mandragore n’ont aucune réalité. Assurément ; mais il ne s’agit pas de savoir si de fait la mandragore ne les possède pas, mais si dans les croyances populaires on les lui attribuait : or c’est ce qu’on ne peut nier. La racine de ce mot est iii, d&d, « aimer ; » et les fruits sont appelés pommes d’amour. Les anciens et encore aujourd’hui les Arabes regardent cette plante, dont on vend les racines sur les marchés d’Orient, après leur avoir donné une grossière forme humaine, comme un moyen propre à procurer la fécondité : et c’était là l’objet des vœux de Rachel. Mais le texte fait entendre que Lia, qui a cédé à Rachel les mandragores, a par la protection divine deux fils et une fille, tandis que durant ce temps Rachel reste stérile. Ce n’est que plus tard qu’elle est, elle aussi, exaucée et obtint de Dieu un fils qui fut Joseph. D’où vient cette croyance populaire ? Il est difficile de le dire. Serait-elle née de ce que la racine prend souvent des formes singulières, rappelant plus ou moins le corps de l’homme ? C’est ce qui faisait appeler cette plante par Pythagore ôv8pa^r(iji.opçov et par Columelle, x, 19, seniihonio. En tout cas cette opinion était très répandue dans l’antiquité. Dioscoride, iv, 76 ; Théophraste, Hist. plant., ix, 9. Rien ne s’oppose donc à ce que Rachel, qui croyait à la vertu des theraphim, ait cru aussi à cette propriété, quoique le fait ne soit pas établi. Voir J. D. Michælis, Supplementa ad lexica hebrmca, in-8°, Gœtlingue, 1792, p. 410-414 ; R. Lowth, De sacra poesi Hebrceorum prœlectiones, notas adjecit 1. D. Michælis, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, t. xxxi, col. 518 ; H. B. Tristram, The natural history of the Bible, 8e édit., in-12, Londres, 1889, p. 466-468 ; Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. IV, p. 336-349.
E. Levesque.
MANÉ, THÉCEL, PHARES, mots prophétiques écrits sur la muraille de la salle de festin de Baltassar. Dan., v, 25-28. Voir Baltassar 2, t, i, col. 1421-1422.
- MANÉH##
MANÉH, poids. Voir Mine.
- MANGOUSTE##
MANGOUSTE, carnassier de la famille des viverridés. A ce genre appartiennent l’ichneumon, voir Ichneu 195. — Mangouste.
mon, t. iii, col. 803, et le paradoxure, dont la queue peut se rouler en spirale. La civette d’Afrique, viverra civetta
ou chat musqué, et la civette de l’Inde, viverra zibetha, animaux analogues aux précédents, n’ont pu être connus qu’exceptionnellement des Hébreux. Par contre, la genette, viverra genetta, de la taille du chat, avec un corps plus allongé et des jambes plus courtes, existe encore en Palestine (fig. 195). Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 151. Les animaux de cette famille étaient vraisemblablement compris sous le nom de hôléd et ne pouvaient servir de nourriture.
Lev., xi, 29.- MANHU##
MANHU, mots hébreux, Nin ]o, mân hû’, « quoi cela, qu’est cela ? » conservés dans la Vulgate, parce qu’ils furent prononcés par les Hébreux la première fois qu’ils virent la terre couverte de manne dans le désert du Sinaï et que c’est de là que vint son nom. Exod., xvi, 15. La forme ordinaire du pronom « quoi » en hébreu est no, mdh, non mân, mais la forme mân s’est conservée en chaldéen et en éthiopien et est aussi par conséquent sémitique. L’explication : Quod significat : Quid est hoc ? « ce qui signifie : Qu’est-ce que cela ? » est une addition de la Vulgate (Septante : Tï lazi toOto ; ). Cette interprétation est la seule naturelle et la seule admissible, quoique plusieurs modernes, à la suite de Kimchi, traduisent mân par « portion, don ». Gesenius, Thésaurus, p. 799.
- MANILIUS##
MANILIUS (grec : Màvm ; ou Mâvî.io ; ), légat romain qui écrivit aux Juifs avec Q. Memmius une lettre datée de l’an 165-164 avant J.-C., pour leur confirmer les privilèges accordés par Lysias. II Mach., XI, 34-38. Les Septante et la Vulgate lui donnent le prénom de Titus. Ce personnage et son collègue sont inconnus des écrivains profanes. On a identifié le légat dont il est ici question avec Manius Sergius qui fut envoyé en Syrieavec C. Sulpicius en 163 avant J.-C, vers Antiochus IV Épiphane, . Polybe, XXXI, ix, 6. Dans ce cas, il faudrait adopter la leçon Mâvio ; de l’Aleccandrinus, da Venetus et de la version syriaque. Mais c’est une conjecture peu vraisemblable. Les dates ne coïncident pas. Un des consuls de l’an 165 s’appelait T. Manlius Torquatus, mais il ne pouvait être alors en Syrie. Il vaut donc mieux dire qu’on ne sait rien sur le Manilius de la Bible, ce qui n’a rien d’étonnant étant donné le nombre de légats que Rome envoyait dans toutes les régions et dont on ignore même le nom. E. Beurlier.
- MANNE##
MANNE (hébreu : mân ; Septante : n<xv, [uxvva ; Vulgate : nian manna), nourriture miraculeuse que le Seigneur donna aux Israélites dans le désert.
I. Promesse de la manne. — Les Israélites venaient d’arriver dans le désert de Sin, six semaines seulement après leur sortie d’Egypte, quand ils se plaignirent do n’avoir plus la viande et le pain à satiété, comme dans ce dernier pays. Le Seigneur promit alors de « faire pleuvoir » le pain du ciel, mais un pain, le’hém, c’est-à-dire une nourriture qu’il faudrait chercher hors du camp, qu’on ramasserait au jour le jour et dont on prendrait double portion la veille du sabbat. Moïse et Aaron transmirent la nouvelle à tout le peuple en la précisant : le soir même, la viande désirée serait accordée, et le lendemain matin, on aurait le pain à satiété. Exod., xvi, 212. En accordant ce que con peuple demandait, le Seigneur déclara qu’il voulait tenter son peuple, c’est-à-dire voir s’il obéirait ponctuellement à sa prescription sur la manière de recueillir la manne, Deut., viii, 16, et ensuite qu’il entendait faire éclater sa gloire, par conséquent accomplir un acte en dehors du cours ordinaire des choses et imputable à sa seule puissance.
II. Apparition de la manne. — 1° Le soir même, les cailles tombèrent en abondance dans le camp. Mais ce n’était là qu’un don transitoire, que Dieu accordait pour témoigner de sa bonté et de sa puissance, mais dont
les Hébreux allaient être mis en mesure de pouvoir se passer. Exod., xvi, 13. Aussi lorsque, quelques mois après, ils en réclamèrent de nouveau, le Seigneur en accorda encore, mais punit sévèrement l’indiscrète exigence de son peuple. Num., xi, 31, 32. Voir Caille, t. ii, col. 33. Un autre aliment devait en effet constituer la nourriture habituelle de l’immense caravane. — 2° Le lendemain matin, la rosée couvrait le sol tout autour du camp, et, quand elle se fut évaporée, on vit à terre une couche écailleuse ayant l’aspect de la gelée blanche. Les Israélites s’écrièrent : mân hxC, zl è<rri toOto, quid est hoc, « qu’est ceci ? » Moïse leur dit : « C’est le pain que Jéhovah vous donne pour nourriture. » Exod., xvi, 14-16. Le mot mân est employé ici comme interrogatif au lieu de mâh, qui est le terme ordinairement usité en hébreu. En araméen, » iâ » _veut dire « qui ? » I Esd., v, 3, 9 ; Dan., m, 15, et même « quoi ? » I Esd., v, 4. De ce qu’elle n’apparaît qu’une fois en hébreu, il ne suit nullement que cette forme d’interrogation soit étrangère à cette dernière lan. gue. Ce mot mân, qui avait exprimé leur étonnement, devint pour les Hébreux le nom de la chose nouvelle pour laquelle ils n’avaient pas encore de terme. Exod., xvi, 31. Si le nom de mann es-sama, « don du ciel, » que les Arabes donnent à l’exsudation du tamaris, avait été déjà en usage alors dans la péninsule Sinaïtique, il aurait pu être aussi emprunté par les Hébreux pour désigner une substance analogue, bien que très différente à beaucoup d’égards. Rien pourtant ne prouve que cette expression remonte à une si haute époque, et elle doit vraisemblablement son origine à l’histoire de l’exode. Quant au mot mennu, par lequel les anciens Égyptiens désignaient cette même manne naturelle, cf. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, Leipzig, 1881, p. 226, il a pu être connu des Hébreux ; mais il n’est guère probable qu’ils aient songé alors à s’en servir pour nommer une substance qu’ils voyaient pour la première fois.
III. Nature de la. manne. — 1° À première vue, la manne semblait être quelque chose de niehuspds, pareil à de petites écailles, et ayant la forme de gelée blanche. Exod., xvi, 14. À l’usage, la manne parut semblable à la graine de coriandre. Cette graine a environ cinq millimètres de diamètre et est d’un brun clair. La coriandre abonde dans le pays où étaient les Hébreux. Voir Coriandre, t. ii, col. 973. La comparaison ne porte que sur la grosseur des grains de la manne. La forme écailleuse se retrouve dans les côtes saillantes que présente le fruit de la coriandre. La manne était blanche, justifiant ainsi sa ressemblance avec la gelée. Exod., xvi, 31. Elle avait aussi l’apparence, ’en, elSoç, du bdellium. Num., xi, 7. Le bdellium est une gomme aromatique, de couleur rouge ou plus claire, mais transparente et assei semblable à de la cire. Voir Bdellium, 1. 1, col. 1527. La comparaison porte ici sur la transparence et la consistance. — 2° La manne avait le goût de gâteau, sapîhip, â-fxpi’ç, simila, au miel. Exod., xvi, 31. Elle avait aussi celui de gâteaux à l’huile. Num., xi, 8. Le livre de la Sagesse, xvi, 20-27, appelle la manne « nourriture des anges » et « pain venu du ciel », ce qui marque bien son origine. Il ajoute qu’elle avait en elle tous les goûts agréables, qu’elle s’accommodait au désir de chacun et, qu"ayant l’apparence de la glace, elle fondait au soleil tandis que le feu, la cuisait et en faisait un aliment pour l’homme. Il n’est pas nécessaire de prendre à la lettre tous les traits de cette description. Cette accommodation aux goûts de chacun peut signifier simplement que la manne constituait un aliment assez agréable et assez complet pour tenir lieu de tout autre. « Ceux qui en mangeaient n’avaient pas besoin d’autre nourriture. » Josèphe, Ant. jud., III, i, 6. Pendant quarante ans, la manne constitua la nourriture sinon exclusive, du moins principale des Hébreux au désert. La chair de leurs troupeaux entrait pour quelque chose dans leur alimentation. Il en est question à propos des sacrifices, Lev., vi, 9 ; vii, 15-20,
à propos des animaux purs, Lev., xi, 2-4, des endroits où devaient se faire les immolations. Lev., xvii, 3-16, etc. Mais cette nourriture animale était si rare pour le commun des Israélites, qu’ils se plaignirent par deux fois de n’avoir pas de viande à manger, Exod., xvi, 3 ; Num., xi, 4, et prétendirent ne voir partout que de la manne. Num., xi, 6. Ils avaient pourtant de la farine, Lev., viii, 2, 26, 31 ; ix, 4 ; xxiv, 5 ; Num., vii, 13, 25, 31 ; Jos., i, 11, le lait de leurs troupeaux, des aliments achetés aux peuplades du désert, Deut., Ii, 6, 18 ; etc. Les produits naturels du sol devaient aussi être plus nombreux à une époque où la rosée tombait tous les jours, Exod., xvi, 13, Num., xi, 9, et où la culture n’était pas systématiquement délaissée, comme elle l’est depuis la conquête musulmane. En fait, la manne fut la principale nourriture des Hébreux pendant quarante ans, jusqu’à ce qu’après le passage du Jourdain ils trouvassent en Chanaan l’équivalent de l’aliment du désert, le blé et les autres produits du pays. Jos., v, 12. — 3° La manne pouvait probablement se manger à l’état naturel. Josèphe, Ant. jud., III, i, 6, le suppose, et le récit de l’Exode, xvi, 11-23, tout en mentionnant la cuisson de la manne, ne présente pas cette opération comme nécessaire pour rendre la manne comestible. Néanmoins on pouvait lui faire subir différentes préparations qui servaient au moins à la rendre plus agréable. On la broyait avec des meules, comme du blé, on la pilait dans des mortiers, on la faisait cuire dans des vases et on en fabriquait des gâteaux. Num., xi, 8. On pouvait donc prendre cet aliment sous des formes variées et ajouter à sa saveur naturelle celle qui résultait d’une industrieuse préparation. Aussi, après les deux mécontentements de la première année, on ne voit pas que les Hébreux se soient plaints de la manne. Le souvenir reconnaissant en resta au contraire jusque dans des générations très éloignées. Ps. lxxviii (lxxvii), 24, 25 ; II Esd., ix, 21 ; Joa., vi, 31.
IV. Caractères surnaturels de la manne. — Dans ce que la Sainte Écriture raconte de la manne, on remarque les traits suivants qui la caractérisent comme un don extraordinaire et miraculeux. 1° Moïse annonce à l’avance, de la part du Seigneur, l’apparition de la manne. Exod., xvi, 4-8. — 2° La manne apparaît inopinément, Exod., xvi, 14, et disparaît de même et pour toujours, sur l’ordre du Seigneur. Exod., xvi, 35 ; Jos., v, 12. — 3° Elle descend uniquement dans les régions qu’occupent successivement les Hébreux, des environs du Sinaï à la plaine de Jéricho. — 4° Elle pleut du ciel, comme une rosée, pendant la nuit. Exod., xvi, 4, 13-14 ; Num., xi, 9. — 5° Elle couvre le sol régulièrement tous les matins, sauf le matin du sabbat. Exod., xvi, 23-29. — 6° Les Hébreux ont beau en ramasser les uns plus, les autres moins ; chacun n’en trouve finalement en sa possession qu’un gomor, soit 3 litres 88. Exod., xvi, 18. Voir GûMojt, t. iii, col. 273. — 7° Tout ce qu’on veut garder de la manne pour le lendemain se corrompt, engendre des vers et devient infect ; néanmoins, la veille du sabbat, on en ramasse pour deux jours et la provision du lendemain demeure intacte. Exod., xvi, 19-21. — 8° La chaleur du soleil fait fondre la manne, celle du feu permet de la faire bouillir et de lui donner la consistance de gâteaux ordinaires. Exod., xvi, 23 ; Num., xi, 8. — 9° La manne qui se corrompt si facilement au bout de quelques heures peut être conservée dans l’arche d’alliance jusqu’à l’époque de la captivité. Exod., xvi, 33, 34 ; Heb., ix, 4.
— 10° Enfin, pendant quarante ans, la manne tombe chaque jour en quantité suffisante pour nourrir, à raison de quatre litres environ pour chacun, tout un peuple qui se compose de plusieurs centaines de mille personnes. Num., Il, 45, 46. — On comprend dès lors que les Psalmistes appellent la manne « froment du ciel », « pain du ciel » et « pain des anges », Ps. lxxviii (lxvii), 24, 25 ; cv (civ), 40, et que les Juifs du temps de Notre-Seigneur soient fiers de reproduire ces appellations. Joa., vi, 31.
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MANNE
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V. Explication naturaliste de la manne. — 1°, Tosèphe, Ant. jud., VIII, i, 6, après avoir qualifié la manne d’aliment ôeîov xai itapâSoijov, « divin et inimaginable, » ajouté : « Elle pleut encore sur toute cette région, de même qu’alors, à la prière de Moïse, Dieu la faisait tomber pour servir de nourriture. » L’écrivain juif croyait donc à l’identiié substantielle de la manne mosaïque avec celle qu’on recueille dans la presqu’île du Sinaï ; il ne les distinguait que par leur origine. — 2° D’après beau-Coup d’auteurs modernes, la manne serait l’exsudation naturelle d’un arbrisseau, le Tamaris gallica. Cet arbrisseau, qui peut atteindre de cinq à six mètres de haut, est garni de petites feuilles alternes, disposées comme des écailles et porte des fleurs blanches ou lilas, quel 196. — Tamaris mannifera.
qoefois un peu purpurines, affectant la forme de grappes horizontales ou pendantes. Cette plante vient dans les terrains sablonneux, le long de la mer ou des rivières, dans toute la région méditerranéenne, dans l’Inde et les îles Canaries. Une variété de tamaris, nommée tarfah par les Arabes, croit dans la presqu’île du Sinaï, spécialement dans l’ouadi Tarfah, qui forme la partie méridionale de l’ouadi Schech. Ce tamaris a été appelé Tamaris mannifera (fig. 196). Sous l’influence de la piqûre d’un insecte, le cocctts manniparùs, les tiges de l’arbrisseau exsudent une gomme épaisse et mielleuse, qui pend comme des gouttes de rosée, se liquéfie à la chaleur des rayons du soleil, en juin et en juillet, et tombe à terre où elle se mêle aux feuilles sèches et à la poussière. Les Arabes, qui lui donnent le nom de man, la recueillent, la tamisent et la conservent longtemps. Ils la mangent en l’étendant sur leur pain, comme du miel, dont elle a d’ailleurs le goût et l’arôme. La manne se garde très bien pendant des mois et des années. Les moines du mont Sinaï en recueillent et en distribuent aux voyageurs ; ceux-ci peuvent en ramasser eux-mêmes et la conserver. Cf.Ehrenberg, Symboles physicæ, I s zoologica, ’u, ’insecta, 40, coccus manniparùs, Berlin, 1826 ; Burckhardt, Travels in Syria, Londres, 1822, p. 600-601 ; Tischendorf, Aus dem keiligen Lande, 1862, p. 54-56 ; Berthelot, Sur
la manne du Sinaï et sur la manne de Syrie, dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences, sept. 1861, p. 584-586 ; C. Ritter, Die Erdkunde von Asien, VIII, Abth. ii, Abschn. 1, Berlin, 1848, p. 665. — 3° D’autres ont conjecturé que la manne pouvait provenir d’un arbrisseau appelé sainfoin épineux, Hedysarum alliagi ou Alhagi Maurorum (voir t. i, fig. 101, col. 367), arbuste rabougri, presque sans feuilles, à rameaux suffrutescents et très divergents, sur lesquels les pédoncules des fleurs avortées forment de longs piquants. Il se couvre en été de jolies Heurs rouges. À la même époque, ses rameaux exsudent, sous forme de petits grains jaunâtres, une substance gommeuse et sucrée, la manne de Perse, la manne alhagi, le térendjabin des Arabes. Cette plante abonde dans les terres incultes des régions tropicales. Dans la péninsule Sinaïtique, elle est bien plus rare qu’en Egypte et en Perse, et personne ne songe à en recueillir la manne. En Perse, au contraire, on l’emploie, en guise de sucre, pour les pâtisseries et d’autres mets de fantaisie. Cf. Jullien, Sinaï et Syrie, Lille, 1893, p. 68. C’est cette manne dont les Hébreux se seraient nourris dans le désert, d’après Rosenmùller, In Gènes, et Exod., Leipzig, 1795, p. 505-507.-r- 4° On a aussi identifié la manne hébraïque avec un lichen qui se rencontre assez abondamment dans les régions montagneuses de l’Afrique septentrionale et de l’Asie, du Taurus à la Tartarie. Ce lichen est appelé Lecanora esculenta, ou par d’autres naturalistes, Sphferothallia esculenta. Cf. de Hummelauer, Comment, in Exod. et Levit-, Paris, 1897, p. 173. Il pousse sur des rochers arides, calcaires ou gypseux, et y forme des couches parfois assez épaisses. Comme il ne tient au sol que par une attache de faible section, un vent un peu fort l’en arrache aisément, et, surtout dans les chaleurs de l’été, le fait retomber en pluie de petits grains dans les vallées inférieures, parfois même dans des régions relativement éloignées. Dans certains pays, ces grains de lichen couvrent toutes les plantes dans les mois de juillet et d’août ; mais la chute en est très inégale, suivant les années et les circonstances atmosphériques, Pour recueillir cette sorte de manne, en particulier dans le Kurdistan, on coupe les branches des chênes à galles et on les laisse sécher deux ou trois jours. Il suffit alors de les secouer pour que le lichen tombe sous forme de poussière. Les Tartares appellent ce produit « pain terrestre », et les Kurdes le mangent en le mêlant à la farine ou même à la viande. À l’analyse, on le trouve composé de 60 pour cent d’oxalate de calcium, ce qui ne l’empêche pas d’être mangeable, mais ne permet pourtant de lui attribuer qu’une valeur nutritive des plus minimes. On comprend dès lors que les Kurdes jugent à propos de le mélanger à des substances capables d’alimenter. Bien qu’à la merci des grands vents, le Lecanora esculenta a la propriété de végéter même après avoir été arraché de sa place primitive, comme le montrent les cicatrices tantôt récentes et tantôt plus anciennes qu’il présente sur l’une ou l’autre de ses faces. Cf. Virey, dans le Journal de Pharmacie, 1818, 2e sem., iv, p. 125 ; J. Leunis, Synopsis der Pflanzenkunde, Hanovre, 1883, paragr. 939, 146, 1 ; L. Errera, Sur le « pain du ciel » provenant de Diarbékir, Bruxelles, 1893.
— 5° On rencontre aussi dans le nord de l’Afrique, surtout dans la région saharienne, en Arabie, en Asie Mineure, etc., une sorte de truffe que les Arabes appellent terfas, à laquelle on a donné le nom de Tuber niveum. ou de Terfezia leonis. Ce cryptogame est recouvert d’une pellicule brune, mais se compose d’une substance homogène d’un blanc pur. Il pousse sur les terrains rocailleux ; il est comestible et sert à alimenter lés caravanes arabes durant de longs mois. C’est une espèce de champignon qui paraît répondre à plusieurs des conditions signalées dans le texte sacré : il se développe à la surface du sol, sans racines, et ne puise les principes solubles nécessaires à sa nutrition que par simple contact avec le sol 661
MANNE
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humide ; il apparaît après la pluie, est mou et grenu, peut être broyé à la meule et au pilon, se putréfie aisément, étant donnée sa composition chimique, et a un goût douceâtre qui se rapproche de celui du froment. Cf. Arthaud, Étude sur un cryptogame du genre Tuber, dans les Actes de l’Acad. de Bordeaux, 1851 ; E., Niel, Recherches sur la nature de la manne des Hébreux, Rouen, 1892 ; Renaud et Lacour, De la manne du désert, Alger, 1881 ; Socin, Zur Géographie des Tûr’Aledîn, dans la Zeitschrift der deutschen morgenlândischen Gesellschaft, 1881, t. xxxv, p. 254.
VI. Inadmissibilité de l’explication naturaliste. — 1° En supposant une origine naturelle à la manne qui a nourri les Hébreux au désert, on ne s’explique plus leur étonnement en la voyant pour la première fois. « Si elle eût découlé naturellement des arbres, ils n’auraient pas considéré ce fait comme un plus grand miracle que la vue des dattes qui pendent des palmiers, des grenades qui ornent les grenadiers, des oranges qui dorent les orangers. » L. de Laborde, Comment, géograph. sur l’Exode et sur les Nombres, Paris, 1841, p. 96. — 2° Les tamaris, il est vrai, ne manquent pas dans la presqu’île ; à la partie méridionale de l’ouadi Schech, au nord du Sinaï, ils forment un petit bois qu’on met une heure à traverser. Mais la quantité de manne qu’ils peuvent fournir, quand toutefois la pluie le permet, est hors de proportion avec ce qu’il eût fallu aux Hébreux. Burchardt, Traveh in Syria, p. 601, estimait à cinq ou six cents livres le total de cette production. Stanley, Sinai and Palestine, 1868, p. 26, assure que toute la manne de la presqu’île n’eût pas suffi à nourrir un homme pendant six mois. La manne de Perse y est encore plus rare que la précédente. Quant au lichen et au champignon, leur production est accidentelle et notoirement insuffisante.
— 3° Même en admettant le miracle pour multiplier en abondance ces différentes mannes, suivant l’idée suggérée par Josèphe et adoptée par différents auteurs, comme Hengstenherg, Keil, etc., on n’arriverait pas encore à expliquer ce fait, que la manne ait alimenté plusieurs centaines de mille personnes durant quarante ans. Berthelot a analysé la manne du tamaris et celle du Kurdistan. Sur 100 parties, la première renferme 55 de sucre de canne, 25 de sucre interverti (lévulose et glucose) et 20 de dextrine ou produits analogues, la seconde 61, 1 de sucre de canne, 16, 5 de sucre interverti et 22, 4 de dextrine et matières analogues. Ces deux sortes de mannes constituent donc un véritable miel ; mais, conclut le chimiste, « on voit en même temps que la manne du Sinaï ne saurait suffire comme aliment, puisqu’elle ne contient point de principe azoté. » Comptes rendus del’Acad. des sciences, 1861, p. 586. Berthelot explique ensuite que les cailles fournissaient aux Hébreux les principes azotés indispensables à leur alimentation. Mais les cailles ne sont apparues en masses considérables que deux fois en quarante ans et les autres viandes ont été d’un usage exceptionnel. Il fallait donc que la manne fût de nature à constituer à elle seule un aliment complet. On ne résout pas la difficulté en restreignant arbitrairement aux proportions d’un petit clan nomade l’immense caravane des Israélites. Cette restriction est contraire aux données historiques. Num., ii, 45, 46. — 4° Les autres caractères attribués à la manne par le texte sacré ne se vérifient que très incomplètement, ou même ne se vérifient nullement, quand il s’agit de mannes végétales ou du champignon terfas. Ces derniers ne tombent pas du ciel ; même la manne de lichen ne peut être considérée comme telle. Les Hébreux devaient bien s’apercevoir que la manne naturelle était le produit d’arbrisseaux qu’ils avaient sous les yeux. La chute de la manne six jours de la semaine, à l’exclusion du sabbat, l’impossibilité de la conserver intacte d’un jqur à l’autre, sauf le sixième jour, l’égale quantité qui s’imposait à tous ceux qui la recueillaient, la manière dont elle se comportait dans les mortiers et
ensuite au feu, sont autant de traits qui ne peuvent convenir à la manne naturelle et qui ne s’expliquent que par l’intervention d’une volonté supérieure agissant en dehors des lois ordinaires. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 459-472.
— 5° Il suit de là d’abord que, même si l’on admettait que Dieu ait utilisé une manne naturelle pour nourrir les Hébreux, comme il a utilisé des cailles naturelles pour leur procurer de la viande, on ne peut se dispenser de constater son intervention surnaturelle et prolongée pour produire la manne dans les conditions indiquées par le livre sacré. Pour réaliser ces conditions, Dieu devait apporter de telles modifications à la constitution substantielle de la manne naturelle et aux circonstances de sa production, qu’il paraît beaucoup plus simple de croire à une création de toutes pièces. D’autre part, les botanistes et les chimistes, usant de leur droit pour affirmer ce qui concerne l’histoire naturelle et la composition de la manne végétale, excéderaient ce droit en voulant modifier les données de l’histoire pour réduire les faits à la mesure de ce que leur science propre leur révèle. De même, l’historien excéderait le sien en prêtant à la manne végétale une intensité de production et des qualités nutritives que les savants ne peuvent lui reconnaître. Il ne reste donc qu’à voir, dans la manne, un don miraculeux.
VU. Symbolisme de la manne. — 1° Le don de la manne doit rappeler aux Hébreux que l’homme ne vit pas seulement de pain mais « de tout ce qui sort de la bouche de Jéhovah », ’al-kol-môsâ’pi-Yehovâh. Deut., viii, 3. Ce qui sort de la bouche de Dieu est bien la parole, p^a, verbum, comme traduisent les versions, mais la parole qui ordonne et qui exécute ce qu’elle énonce. Les Hébreux vivaient jadis de pain ; au désert, ils vécurent de la substance produite, avec toutes ses qualités nutritives, par la parole de Dieu. C’est donc en Dieu qu’il faut avoir confiance, c’est à lui qu’il faut obéir, puisqu’il a assigné à l’homme, pour sa nourriture, d’abord le pain, puis tout ce à quoi sa Providence donne le pouvoir de nourrir. Notre-Seigneur rappelle cette parole, au moment de sa tentation au désert. Matth., iv, 4 ; Luc, IV, 4. L’homme peut vivre non seulement avec le pain, mais par tout autre moyen qu’il plaît à la Providence d’assigner. À ce sens littéral, on ajoute un sens spirituel se rapportant à la vie de l’âme que nourrit la parole de Dieu. Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 147.
— 2° Le livre de la Sagesse, xvi, 21-28, voit dans le don de la manne la preuve de la bonté de Dieu envers ses enfants, afin que ceux-ci sachent bien que ce ne sont pas seulement les produits de la nature qui nourrissent l’homme, mais que la parole de Dieu conserve et fait vivre ceux qui ont confiance en lui. De la nécessité où les Hébreux étaient de ramasser la manne avant les premiers rayons du soleil, l’auteur sacré conclut qu’il faut devancer le soleil pour bénir Dieu et qu’on doit l’adorer dès l’aube du jour. — 3° La manne est par-dessus tout le symbole de l’Eucharistie. Après la première multiplication des pains, les Juifs évoquent eux-mêmes le souvenir de la manne. Ils rappellent que leurs pères ont reçu la manne au désert, grâce à l’interventioa de Moïse, et ils demandent à Notre-Seigneur ce qu’il leur donnera pour prouver qu’il est l’envoyé de Dieu. Joa., VI, 30, 31. Il leur fallait quelque chose de plus significatif que le pain multiplié sous leurs yeux. Le Sauveur leur promet un pain céleste qui sera supérieur à la manne ; car celle-ci n’a pas empêché les Hébreux de mourir, tandis que le pain qu’il veut donner empêchera la mort spirituelle et communiquera la vie éternelle. Joa., vi, 49, 59. Sur la manne, figure de l’Eucharistie, cf. S. Augustin, In Joa., xxvi, 12, t. xxxv. col. 1612 ; Serni. CCCLII, 3, t. xxxix, col. 1551. — Les artistes chrétiens représentèrent la manne comme symbole de l’Eucharistie dans les catacombes, (fig. 197). — 4° Saint Paul dit, en parlant des
anciens Hébreux : « Tous ont mangé la même nourriture spirituelle. » I Cor., x, 3. Il appelle la manne nourriture « spirituelle » à raison de son caractère miraculeux et aussi à cause du pain eucharistique dont elle était le symbole. Cf. Cornely, In I Epist. ad Cor., Paris, 1880,
197. — La manne tombant du ciel dans le désert
et recueillie par les Israélites. Catacombe de Saint-Cyriaque.
D’après Wilpert, Die Malereien der Katacomben Roms, 1903,
pl._242.
p. 273. — 5° Enfin la manne est encore le symbole de la récompense que Dieu veut donner à ses serviteurs dans l’autre vie. Les fidèles de Pergame ont refusé de prendre part aux repas et aux débauches des idolâtres ; au vainqueur, Dieu donnera une « manne cachée », un bonheur dont on ne peut avoir l’idée ici-bas. Apoc, ii, 17. Cette manne cachée pourrait aussi être, sur cette terre même, la sainte Eucharistie. Cf. Gallois, L’Apocalypse de S.Jean, dans la Revue biblique, Paris, 1893, p. 397.
- MANTEAU##
MANTEAU, vêtement ample et sans manches que l’on porte par-dessus les autres pour se garantir du mauvais temps ou du froid. Voir Arabe, t. i, fig. 204, col. 831. Ce vêtement s’appelle en hébreu de différents noms, dont chacun représente vraisemblablement une variété tenant à la nature de l’étoffe employée, à la forme du manteau, etc., détails dont il est le plus souvent impossible de nous rendre compte aujourd’hui.
1°’Édér, Sapa, palliurn, le manteau que portent, pardessus les vêtements, ceux qui reviennent de la guerre. Mich., ii, 8.
2° Addérét, de’addîr ; « ample. *> Quand Esaû vient au monde, il est roux comme « un manteau de poils », addéréf sê’âr, Sopdé, « une peau, » in morem pellis, « à la façon d’une peau. » Gen., xxv, 25. H s’agit ici du manteau fait en cilice, c’est-à-dire en poils de chameau ou de chèvre. Voir Cilice, t. ii, col. 760. Au temps de Zacharie, xiii, 4, ceux qui se prétendaient prophètes se distinguaient en portant des manteaux de cette espèce, que les versions appellent Sippi ; Tpfytvï], palliurn saccinum, « manteau de poils, s Le manteau dérobé par Achan [dans le butin de Jéricho, Jos., vii, 21, 24, était une’addéréf Sine’dr, un « manteau de Sennaar », c’est-à-dire de Babylonie ; Septante : i|n).Y| noixft>i, « un tissu ras de diverses couleurs, » Vulgate : palliurn coccineum, « un manteau cramoisi, » Aquila et le Chaldéen, « un vêtement de Babylone. » Josèphe, Ant. jud., V, i, 10, amplifie la description : « un manteau royal tout tissu d’or. » Les tissus de Babylone étaient célèbres dans l’antiquité par la variété de leuïs couleurs. Cf. Pline, M. N., viii, 48 ; Josèphe, Bell, iud., VII, v, 5, etc. Voir
les vêlements de diverses couleurs des émigrants asiatiques, t. ii, fig. 384, col. 1068. Jéricho était bien placé, sur le passage des caravanes marchandes, pour avoir de semblables étoffes. Jonas, iii, 6, parle d’une’addéréf, <rzof h vestimentum, de même nature portée par le roi de Ninive. Le même nom est donné au manteau dont Élie se couvre la tête, III Reg., xix, 13, et qu’il laisse ensuite à son disciple Elisée, IV Reg., H, 8, 13, 14. Les
! Septante l’appellent ; it|XttJ, « peau de mouton, » et la
Vulgate simplement palliurn.
3° Gelôm, de gâlam, « plier, rouler, » nom des man-I teaux de couleur bleue ou hyacinthe que les trafiquants i apportaient sur les marchés de Tyr. Ezech., xxvii, 24. Septante : èjjTOopia ûixtvôoç, « marchandise d’hyacinthe, » Vulgate : involucre hyacinthi, « linge d’hyacinthe. »
4° Sàlmdh, îjjkitiov, traduit dans la Vulgate une fois par palliurn, III Reg., xi, 29, 30, et les autres fois par vestimentum. C’est le manteau dans lequel on s’enveloppe et qui sert de couverture pour la nuit. En Orient, les nuits sont d’une fraîcheur extrême et le manteau est absolument indispensable à celui qui veut dormir sous la tente et surtout dehors. Aussi la Loi exigeait-elle que le créancier qui avait reçu en gage un manteau le rendît à son propriétaire avant le coucher du soleil, sous peine d’encourir le châtiment du Dieu miséricordieux. Exod., xxii, 26 ; Deut., xxiv, 13. Le même nom est attribué au manteau neuf que le prophète Ahias déchira en douze morceaux pour en donner dix à Jéroboam. III Reg., xi, 29, 30. Dieu s’environne de lumière comme d’un salmdh. Ps. civ (cm), 2.
5° Samlàh, même mot que le précédent, avec transposition de lettres. C’est le manteau, î^dcTiov, palliurn, avec lequel Sem et Japheth couvrent la nudité de Noé, Gen., ix, 23 ; dans lequel les Hébreux emportent d’Egypte la pâte non fermentée, Exod., xii, 34 ; cf. Prov., xxx, 4 ; sur lequel les soldats de Gédéon rassemblent les anneaux qu’ils ont pris sur les ennemis, Jud., viii, 25 ; dans lequel est enveloppée l’épée de Goliath. I Reg., xxi, 9. On produit devant les anciens le samlàh, Ipâtiov, vestimentum, dans lequel a dormi la jeune épouse que
198. — Le palliurn. D’après Tischbein,
Collection of engravings frorn aneient vases,
Naples, « 91-1795, t. i, pi. 14.
son mari accuse au sujet de sa virginité. Deut., xxii, 17. Cf. De Hummelauer, Comment, in Deuteron., Paris, 1901, p. 398. Le même nom est appliqué au manteau taché de sang du guerrier. Is., ix, 5.
665
MANTEAU — MANUSCRITS BIBLIQUES
666
6° Takrîk, <rto).^, vestis, le manteau royal bleu et blanc avec lequel Mardochée est porté en triomphe.Esth., viii, 15.
7° Karbelâfehôn, nom chaldéen des manteaux que portent les trois jeunes hommes jetés dans la fournaise par ordre de Nabuchodonosor. Dan., iii, 21. Au même verset, il est aussi question de sarbâlèhôn, « caleçons, » que plusieurs ont pris pour des manteaux sur la foi du Talmud.
8° Dans beaucoup d’autres passages, les versions parlent de manteaux là où le texte hébreu mentionne seulement des voiles, Gen., xxiv, 65 ; Cant., v, 7 ; des vêtements de dessus comme le ma’tâfâh, Is., iii, 22, le me’il, Gen., xlix, 11 ; I Reg., xv, 27 ; xxiv, 5 ; xxviii, 14 ; I Esd., ix, 3, 5 ; Is., lix, 17 ; des vêtements en général, Gen., xxxix, 12-18 ; Exod., xii, 34 ; Num., xv, 38 ; Deut., xxii, 12 ; IV Reg., iv, 39 ; îx, 13 ; Prov., xxv, 20 ; Is., lxi, 3 ; Jer., xliii, 12 ; Ezech., v, 3 ; des couvertures de tentes, Exod., xxxvi, 18 ; Num., iv, 6-12, ou de lits, comme la semîljâh, ImëdXaiov, pallium. Jud., IV, 18 ; Ruth, iii, 4-15 ; Is., xxviii, 20.
9° Dans le Nouveau Testament, saint Matthieu, v, 40, rapporte la parole du Sauveur conseillant d’abandonner aussi le manteau, îpumoM, pallium (fig. 198), à celui qui veut prendre la tunique. Au prétoire de Pilate, on mit sur les épaules de Notre-Seigneur une chlamyde. Matth., xxvii, 28, 31. Voir Chlamyde, t. ii, col. 707. Enfin saint Paul demande à Timothée de lui rapporter de Troade, où il l’a laissé, un vêtement appelé psenula, çeXôvïjç, pour çaiv(SXy]ç. II Tim., iv, 13. [La pœnula était un manteau rond et sans manches, percé d’un, trou au milieu pour passer la tête, muni d’un capuchon et descendant au-dessous des genoux (fig. 199). Elle était en
199. — La psenula. D’après Bich, Dict. des antiq., 1859, p. 445 étoffe à poils longs et épais ou même en cuir. Martial, xiv, 130, 145. On la prenait en voyage et dans les^ temps froidset humides. Cicéron, Pro Milon., 20 ; Horace Epist., i, xi, 18 ; Pline, H. N., viii, 48, 73 ; Tacite, De « rat., 39, etc. Les femmes mêmes pouvaient la porter en voyage. Lampride, Alex. Sev., 27. Ce manteau était quelquefois fendu sur le devant, de manière qu’on pût en rejeter les deux pans sur les épaules. Voir Vêtements.
- MANUÉ##
MANUÉ (hébreu : Manoal} ; Septante, Mavwé), de la
tribu de Dan, père de Samson. Il habitait Saraa. Sa
femme était stérile et elle devint mère à la suite d’une
vision angélique, après avoir offert des prières et des
sacrifices et promis de consacrer l’enfant à Dieu comme nazaréen. Jud., xiii. Lorsque Samson eut grandi, il voulut épouser une Philistine de Thamnatha. Son père et sa mère essayèrent d’abord de le détourner de prendre pour femme une fille dès incirconcis, mais sur ses instances, ils consentirent à aller la demander pour lui en mariage. Jud., xiv, 1-10. Le texte sacré ne nous apprend plus rien sur Manué, si ce n’est que son fils Samson fut enseveli dans son tombeau. Jud., xvi, 31.
MANUSCRITS BIBLIQUES. Nous ne parlerons ici que des manuscrits hébreux, grecs et latins de la Bible. — Les manuscrits dont le nom est précédé d’un astérisque dans les listes qui suivent ont une notice spéciale dans ce Dictionnaire. Ceux qui sont en outre précédés d’une croix ont un fac-similé en phototypie. — Notre travail était rédigé avant l’incendie de la Bibliothèque nationale de Turin (25 janvier 1904). On calcule qu’un tiers des manuscrits seulement ont échappé à la destruction. Nous ne savons pas encore exactement quelle est la perte en manuscrits bibliques, mais] les codex provenant de Bobbio sont indemnes pour la plupart.
I. Notions générales. — 1° Les plus anciens manuscrits bibliques. — Avant les progrès de la critique et de la paléographie, on attribuait à certains manuscrits une antiquité fabuleuse. Le Pentateuque samaritain de Naplouse aurait été antérieur à l’ère chrétienne. Un manuscrit latin de Venise a passé autrefois pour l’original de saint Marc. Montfaucon vit à Bologne un Pentateuque hébreu qu’on donnait pour l’autographe d’Esdras. Beaucoup plus modestes sont les prétentions justifiées. II n’existe aucun manuscrit hébreu de la Bible qui soit certainement antérieur au xe siècle de notre ère ; et, sauf quelques fragments de peu d’étendue, nul manuscrit biblique grec ou latin ne remonte au delà du IVe siècle. Ce fait pourra surprendre si l’on songe que nous avons des manuscrits égyptiens vieux de 3 500 ans et même davantage et qu’à partir du me siècle avant l’ère chrétienne, la série des manuscrits profanes se continue sans interruption. Il faut se rappeler que la plupart de ces anciens manuscrits ont été trouvés en Egypte où la sécheresse du climat et le calme absolu des tombeaux étaient si favorables à leur conservation. Les rouleaux ensevelis à Herculanum, en 79, ont été protégés contre la destruction par une cause analogue. — Au contraire les manuscrits bibliques, en raison même de leur usage fréquent et presque quotidien, étaient promptement détériorés. Or, ce fut chez les Juifs, de temps immémorial, une pratique constante, d’enterrer auprès des saints personnages ou de déposer dans une cachette appelée ghenizah les livres sacrés que leur état de vétusté ou leur incorrection rendaient impropres à l’usage. Le texte hébreu de l’Ecclésiastique a été découvert dans une cachette de ce genre et nous pouvons espérer pour l’avenir des trouvailles semblables. — Chez les Grecs et les Romains d’autres causes de destruction étaient en jeu. D’abord, dans les trois premiers siècles de notre ère, on écrivait sur papyrus, matière qui s’effrite et se désagrège assez vite. Pline regarde comme très ancien un papyrus datant de deux cents ans. Le parchemin est susceptible d’une durée presque indéfinie ; mais, sans parler des autres accidents de toute nature, la pénurie de cette substance obligeait à sacrifier les codex détériorés pour en faire de nouveaux livres plus élégants et plus lisibles.
2° Palimpsestes. — Il n’était guère possible d’utiliser le papyrus gratté ; tout au plus pouvait-on le laver à l’éponge quand l’encre était fraîche encore ou peu caustique. Aussi les papyrus palimpsestes sont-ils rares et de peu d’importance. C’était la facilité d’effacer et de récrire qui faisait préférer le parchemin au papyrus pour les brouillons. Quand un vieux codex était hors d’usage on grattait les feuillets les mieux conservés pour y transcrire un autre ouvrage. Les parchemins grattés
et récrits s’appellent palimpsestes (îtàXtv, « de nouveau, » et tpih), « gratter » ). Cet art fut très commun au moyen âge. D’après Grégoire de Tours, Hist. Franc., v, 45, t. lxxi, col. 362, le roi de Neustrie Chilpéric aurait ordonné d’apprendre aux enfants à récrire les vieux parchemins frottés à la pierre ponce ; et l’historien adjure le lecteur de ne pas traiter ainsi son propre livre. Par contre, un concile de 691 défendit de récrire les manuscrits de l’Écriture ou des Pères, à moins qu’ils ne fussent tout à fait hors d’usage. Cf. Wattenbach, Das Schriftwesen des Mittelalters, 3= édit., 1896, p. 299-317.
— Quelquefois l’écriture ancienne apparaît faiblement sous la nouvelle, mais presque toujours, pour arriver à la déchiffrer, il faut recourir à des réactifs chimiques ayant le grave inconvénient d’endommager les manuscrits. Le sulfhydrate d’ammoniaque qui ne laisse pas de traces sur le parchemin ne fait revivre l’écriture que pour un temps. L’acide gallique, tiré de la noix de galle, usité surtout en Italie, corrode le manuscrit qui devient brun foncé, presque noir. La teinture de Gioberti, préférée en France, est moins corrosive, mais elle colore en bleu le parchemin. On a prétendu que les acides avaient détruit plus d’œuvres antiques qu’ils n’en ont rendu à la science. C’est une évidente exagération, car on n’a essayé les réactifs qu’après avoir pris copie du texte plus récent, quand il en valait la peine. — Les palimpsestes jouent un rôle considérable dans la critique biblique. Le plus fameux est le Codex Ephrœmi rescriptus C, mais il convient de mentionner aussi pour les Septante : le Dublinensis rescriptus (fragments d’isaïe), les Tischendorftana fragmenta Z (Isaïe également), le Cryptoferratensis rescriptus V (fragments des prophètes) ; pour le Nouveau Testament grec : le Nitriensis R, les deux Guiilpherbytani P et Q, le Zacynthius S, le Porphyrianus P des Actes, un autre Dublinensis rescriptus, Z des Évangiles. Taylor, Hebrew-Greek Cairo Genizah Palimpsests, Cambridge, 1900, publie deux pages à trois colonnes des Hexaples d’Origène (Ps. xxii [xxi], 15-18, 20-28, ixe siècle), six pages de la version d’Aquila (fragments des Psaumes, y-vi » siècles) et divers fragments du Nouveau Testament d’après des palimpsestes trouvés au Caire. — Les palimpsestes nous ont livré un assez grand nombre de textes des anciennes versions latines. Quand celles-ci furent supplantées par la Vulgate, les codex qui les contenaient, jugés peu utiles, furent sacrifiés et leur parchemin fut employé à d’autres usages. Citons, parmi les plus connus, le Wirceburgensis palimps. (fragments des livres historiques et prophétiques), le Bobiensis palimps. (s des Actes), le Guelpherbytanus (gue de Paul), le Palimpseste de Fleury (h des Actes), le Monacemis (Munich, lat. 6225), Vulgate du ix » siècle dont 39 feuillets palimpsestes contiennent de longs passages du Pentateuque, d’après une ancienne version. Il faut mentionner encore le Legionensis rescriptus (Archives de la cathédrale de Léon) contenant sous une écriture visigothique du Xe siècle un texte de la Lex romana Visigothorum écrit au vie siècle puis 40 feuillets de textes bibliques ; où l’on reconnaît, au moins par endroits, une version préhiéronymienne. Cf. E. Châtelain, Les Palimpsestes latins, dans l’Annuaire de. l’École prat. des Hautes-Études, 1904, p. 542 (liste de 110 palimpsestes latins dont 25 palimpsestes bibliques). Voir aussi Mone, De Ubris Palimpsestis tam latinis quant grsecis, Carlsruhe, 1855 ; Jacob, De nonnullis codic. palimps. in biblioth. majori Paris., dans Mélanges Renier, 1887, p. 347-358, Notes sur les mss. grecs palimps. de la Biblioth. nation., dans Mélanges Havet, 1895, p. 759-770 ; J. Cozza, Sacror. Biblior. vetustissima fragm. Grœca et Latina ex palimpsestis Bibliothecx Cryptoferrat., Rome, 1867. L’abbaye de Grottaf errata, comme celle’de Saint-Gall, paraît particulièrement riche en palimpsestes.
II. Manuscrits hébreux, — 1° Nomenclature critique.
— Kennicott avait collation né par lui-même on fait collationner par d’autres des centaines de manuscrits qu’il désignait par des numéros d’ordre. Dans sa Dissertatio generalis in Vet. Test, hebraicum, Oxford, 1780, il distribuait les manuscrits utilisés par lui en six classes ; 1. Manuscrits d’Oxford n M 1-88 ; 2. autres pays de langue anglaise, n° a 89-144 ; 3. autres pays de l’Europe n » s 145254 ; 4. éditions imprimées et manuscrits divers n° ! 525300 ; 5. manuscrits examinés et collationnés par Brunsius, n° s 301-649 ; 6. nouvelle liste d’imprimés et de manuscrits n M 650-694. De ces 694 numéros, parmi lesquels étaient comptés une quarantaine d’éditions imprimées et 16 manuscrits samaritains, 98 se trouvaient à Oxford, 90 à Paris, 101 à Rome. Kennicott indiquait ensuite, op. cit., p. 121-123, un grand nombre de bibliothèques, publiques ou privées où se conservaient d’autres manuscrits qu’il n’avait pas pu faire examiner, faute de temps et de ressources. — De Rossi publiait bientôt après ses Variæ lecliones Vet. Testamenti, 4 in-4°, Parme, 17841788. Il retenait la numérotation de son prédécesseur pour les manuscrits catalogués par ce dernier. Il y ajoutait une nouvelle liste de 479 manuscrits devenus sa propriété personnelle. Cette liste comprend 17 manuscrits déjà signalés par Kennicott : ainsi le n » 409 de Kennicott est le n° 3 de De Rossi. Il terminait par une troisième liste de 110 mauuscrits conservés en divers lieux. Mais chacun de ss trois derniers volumes contenait une nouvelle liste supplémentaire de 52, de 37 et de 76 numéros respectivement. Cela donne le total énorme d’environ 1300 manuscrits. Depuis, on n’a pas fait de travail critique qu’on puisse comparer à ce gigantesque effort, mais on a collationné avec plus de soin et décrit avec plus de détails un certain nombre de manuscrits particulièrement remarquables. Il faut mentionner surtout l’édition critique de S. Bær, avec préfaces de Frz. Delitzsch, publiée à Leipzig par livres séparés. Ginsburg, lntrod. to the massoretico-critical edit. of the Hebrew’Bible, Londres, 1897, donne une description minutieuse de 60 manuscrits, conservés presque tous en Angleterre et promet pour le dernier volume de son ouvrage un traitement pareil en faveur des manuscrits étrangers. On désigne encore généralement les codex hébreux par les numéros de Kennicott, et de De Rossi ; il est seulement fâcheux que la numérotation ne se suive pas, la série des numéros recommençant trois fois (Kennicott, De Rossi, autres manuscrits).
2° Age et valeur critique des manuscrits hébreux. — Nous avons expliqué pourquoi les manuscrits hébreux sont de date relativement récente. Sauf le codex Oriental 4445 du Musée britannique, qui peut être du IXe siècle, aucun autre n’est antérieur au xe. Il ne faut pas se fier aux dates que portent certains manuscrits. Très souvent ce sont des faux intentionnels ; quelquefois aussi c’est la transcription pure et simple de l’exemplaire qui servait de modèle. On n’en peut rien conclure pour l’ancienneté de la copie qu’on a sous les yeux. A. Neubauer, Earliest Manuscripts of the Old Test., dans Studia Biblica, t. iii, Oxford, 1891, p. 22-36, étudie trois manuscrits datés de 895, de 489 et de 856. Le premier (Prophètes de la synagogue caraïte du Caire) est, selon lui, du xi* ou du XIIe siècle ; dans le second (rouleau du Pentateuque de Saint-Pétersbourg) la date est un faux manifeste ; enfin le troisième (Université de Cambridge n° 12) faussement daté de 856 est tout au plus du xiiie siècle, d’après Neubaner (fig. 200). Au dire de De Rossi, quand il s’agit de codex hébreux, ceux du XHl" siècle passent pour anciens, ceux du xiie pour très anciens et ceux qui remontent plus haut sont des raretés inestimables. De Rossi en cite avec réserve huit ou dix de cette espèce. Varia ? lectiones, etc., t. i, p. xtt-xvh. Mais il ne fait pas difficulté d’avouer que les critères paléographiques sont très incertains. On pourrait dire encore la même chose de nos jours. Pour avoir une idée
des différences d’opinion entre critiques il suffit de remarquer que le codex 126 de Kennicott (Musée Brit. Addit. 4708) est rapporté au vie siècle par M. Margoliouth, au xv" par Kennicott, au vn « par Heidenheim, au xiie ou au xm c par Ginsburg. — Indépendamment de leur date relativement récente, les manuscrits hébreux ont un caractère commun qui ôte beaucoup à leur valeur critique. Ils se ressemblent tous étrangement. Les rouleaux employés au service des synagogues sont tellement pareils qu’il n’y a aucun profit à les collationner. Les manuscrits à l’usage privé offrent des variantes, mais celles-ci n’ont pas, tant s’en faut, l’amplitude qu’elles ont dans les textes grecs et latins. Jusqu’en 1840, date de la découverte par Firkowitsch du codex des Prophètes de Saint-Pétersbourg, on ne s’était occupé que des manuscrits occidentaux : espagnols, allemands, français et italiens. On ne connaissait pas les copies écrites en Orient (Crimée, Egypte, Mésopotamie, Arabie). À la mort de Firkowitsch, en 1874 ; Strack et Harkavy reçurent mis codex de Saint-Pétersbourg (Prophètes de 916) reste la manuscrit daté le plus ancien qui soit connu. VoirBABYlonicus Codex. — Merx, Die Schlussmassora aus dern Cairiner Codex vom Jahre 1028, dans la Zeitschrift fur Assyriol., 1898, p. 293-296, range après lui, par ordre de dates, le Pentateuque de 939, les. Prophètes de 989, la Bible de 1010, le manuscrit de la synagogue du Caire de 1028. Parmi les manuscrits non datés, Ginsburg, Introduction, p. 469, fixe au ix » siècle, entre 820 et 850, le codex Oriental 4445 du Musée Britannique qui serait donc antérieur au Babylonicus lui-même. Mais, pour se prononcer avec certitude, il faudrait que la paléographie hébraïque fût mieux fixée. — On trouve des fac-similés dans les catalogues des Mss. hébreux de Vienne, de Munich, de Berlin, de Leyde. Les deux collectisns les plus utiles pour la paléographie hébraïque sont Neubauer, Facsimiles of Hebrew Mss. in the Bodleian Library, Oxford, 1886 (40 planches donnant des spécimens, accompagnés de leur transcription, des écritures rabbiniques
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200. — Fac-similé du ms. n. 12 de Cambridge. Gen., xxi, 19-21, 32-34.
sion d’examiner la nombreuse collection réunie par lui à Tschufut-Kale, « Rocher-des-Juifs, » en Crimée. Strack, chargé des manuscrits bibliques, ne trouva pas moins de 2000 numéros, la plupart, il est vrai, fragmentaires. Dix d’entre eux portaient la date du x « siècle ; mais on sait que Firkowitsch, pour augmenter le prix de ses manuscrits — il était pourvoyeur de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg — ne craignait pas de retoucher les dates anciennes et au besoin de les ajouter de sa main. Sur cette collection, voir Strack, Die biblischen und die massoret. Handschriften zu Tschufut-Kale, dans la Zeitschrift fur luther. Theol. und Kirche, 1875, p. 585-624. La plupart de ces manuscrits doivent avoir pris le chemin de Saint-Pétersbourg. On a récemment découvert en Egypte quatre fragments de papyrus qui se raccordent et contiennent, sur 24 lignes d’écriture, le décalogue et le schéma’en hébreu (fig. 201, d’après le dessin de Burkitt, plus lisible que l’original). Le texte paraît antérieur à la recension des massorètes et les caractères paléographiques semblent dater le papyrus du u » siècle après J.-C. Ce serait donc sans comparaison le plus ancien manuscrit connu d’un passage quelconque de la Bible hébraïque. Voir S. A. Cook, A Pre-Massoretic Bibl. Papyrus, dans les Proc. of the Soc. of Bibl. Arch., t. xxv (1903), fasc. î ; Burkitt, The Hebrew Papyrus, etc., dans la Quart. Review, xv, n » 59, p. 392-408 ; Von Gall, Ein neuer hebràischer Text der tehn Gebote und des Schéma’, dans la Zeitschrift fur die alttest. Wissenschaft, Giessen, 1903, p. 347-351 ; Lagrange, dans la Revue biblique, 1904, p. 242-259. Cette découverte et celle du texte hébreu de l’Ecclésiastique font espérer de nouvelles trouvailles. En attendant, le
des diverses époques et des divers pays) ; Ginsburg, A séries of xrm facsimiles of Mss. of the Hebrew Bible, with descriptions, Londres, 1898 (spécimens exclusivement bibliques empruntés à toutes les écoles dans un laps de temps d’environ huit siècles),
3° Grandes collections de manuscrits hébreux. — Il ne serait ni utile ni possible de cataloguer les principaux manuscrits hébreux : leur ancienneté, leur provenance, leur valeur respective sont encore trop discutées et trop incertaines. Mieux vaut indiquer les bibliothèques publiques où sont réunies les collections les plus importantes. Presque toutes ont de bons catalogues imprimés : il faut excepter cependant l’Ambrosienne de Milan qui s’en tient avec scrupule aux volontés de son fondateur. Notre énumération va de la Russie à l’Italie en passant par l’Autriche, l’Allemagne, le Danemark, la Hollande, l’Angleterre et la France. Saint-Pétersbourg, Gatalog der hebr. Bibelhandschriftender kaiserl. Bibliothek, par Harkavy et Strack, Leipzig, 1875 (mais cette bibliothèque s’est notablement enrichie depuis) ; Odessa, Prospectus der der Odessær Gesellschaft fur Geschichte und Alterthùmer gehôrenden âltesten hebrâischen und rabbinischen Manuscripte, par Pinner, Odessa, 1845 ; Vienne, Die handschriftl. hebrâischen Werke der K. K. Hof bibliothek, parKrafft et Deutsch, Vienne, 1845 ; Ibid., Die neuertvorbenen handschriftl. hebr. Werke, par J. Goldenthal, Vienne, 1851 ; Berlin, Verzeichnùs der hebr. Handschriften, par M. Steinschneider, Berlin, 1878 ; 2 S partie, 1897 ; Karlsruhe, Die Handschriften der grossherzogl. badischen… Bibliothek, 1892, t. n : Orientalische Handschriften /Munich, Die hebr. Handschriften der K, Hofund Staatsbibl., par M. Steinschneider,
Munich, 1875 ; 2e édit., 1895 ; Leyde, Catal. codic. ùebrseor. biblioth. Lugduno-batavse, par M. Steinschneider, Leyde, 1858 ; Oxford, Catal. of the Hebrew Man. in the Èodleian Library and in the Collège Libraries of Oxford, par Neubauer, Oxford, 1886 (la Bodléienne ne comprend pas moins de quatorze fonds hébreux distincts, parmi lesquels se trouve la bibliothèque de Kennicott qui y fut transportée en 1879) ; Cambridge, Catal. of the Hebrew Man. preserved in the University Library, par Schiller-Szinessy, 1. 1 (contenant les Bibles et commentaires bibliques), Cambridge, 1876 ; Londres,
"V.-., 7 1^"*"
201. — Papyrus Nash (hébreu pré-massorétique). 1 Exod., xx, 2-17 ; Deut., V, 6-19 ; VI, 4-5.
Musée britannique, Descriptive lisfof Hebrew and Samaritan Manuscripts, par G. Margoliouth, Londres, 1893 ; Paris, Biblioth. nationale, Manuscrits du fonds hébreu, par Zotenberg, Paris, 1866 ; Parme, Bibliothèque de la ville, Manusc. Codic. hebraici Biblioth. J. B. De Rossi, Parme, 1883, 3 vol. comprenant 1377 numéros, qui sont devenus la propriété de la ville ; Ibid., Catalogo dei codici ebraici délia Bibliot. di Parma non descritti dal De-Rossi, par Perreau, Florence, 1880 ; Turin, Codices hebraici Regise Biblioth., par Peyron, Turin, 1880 ; Florence, Catalog. Biblioth. Mediceo-Laurentianse, par Biscioni, t. i, Florence, 1752 ; catalogue plus récent par Pizzi (non encore imprimé) ; Cesène, Catal. codic. man. Malatestianse Biblioth., par Mucciolo, Césène, 1780-1784 ; Rome, Bibliothecæ apost. Vaticanse codices Orientales, t. î (hébreux et samaritains), par J. S. Âssemani, Rome,
1756, complété par A. Mai, Appendix, 1. II, Rome, 1831 ; Ibid., Casanatense, Catalogo dei Codici ebraici, par G. Sacerdote, Florence, 1897.
Voir M. Steinschneider, Vorlesungen ûber die Kunde hebrâischer Handschriften, deren Sammlungen und Verzeichnisse, Leipzig, 1897, dans Beihefte ium Centralblatt fur Biblioth., t. xix. Détails intéressants et renseignements précieux, mais noyés dans une érudition indigeste.
III. Manuscrits grecs. — I. Nouons préliminaires.
— 1° Paléographie. — Les caractères paléographiques, quand ils ne suffisent pas à faire connaître la patrie primitive d’un manuscrit grec, permettent du moins en général d’en déterminer l’âge avec assez de précision. L’écriture grecque des manuscrits se divise en onciale et en minuscule ; la capitale, l’écriture des inscriptions, n’est guère employée même pour les titres des livres.
A) Onciale. — Elle diffère de la capitale par la forme arrondie de certaines lettres (s, < ?, <a) et par des traits (p, <p, i|/, quelquefois u) dépassant la ligne en haut ou en bas (fig. 202). Elle régna sans rivale, pour la transcription des œuvres littéraires, jusqu’au IXe siècle inclusivement ; elle fut encore employée au delà de cette époque, concurremment avec la minuscule, pour les copies de la Bible et surtout pour les livres liturgiques. — Les plus anciens codex bibliques, le Vaticanus et le Sinaiticus, du Iv » siècle, présentent une forme d’onciale qui était restée la même depuis plusieurs siècles, mais qui, grâce à la surface unie et résistante du parchemin, acquiert un tracé plus ferme, des contours plus nets et un aspect moins grêle que l’écriture sur papyrus. Les lettres, élégantes et uniformes^ pourraient être presque toutes enfermées dans un carré. Pas de séparation des mots, pas d’accents ni d’esprits, pas d’autre ponctuation qu’un petit espacement à peine visible entre les paragraphes, pas de liaison ni de ligatures, p as d’autre abré v iation que c elle des mots usuels : 1C, KO, XÂT, ICA, LUSA, AAA, ANOG, IÏÏÏP", MF, TÏÏ, CTÏP, OriNOC(lY]o-ouç, K’jptoç, XpKrroç, IcparjX, Ttveujia, AauiS, avSproirroç, 71aT » )p, uy)tïjp, uioç, <r<>>TT|p, oupavoç) et quelques autres plus rares ; encore le Vaticanus n’a-t-il guère que les cinq premières. — Au V siècle, l’écriture reste belle et d’aspect agréable. Une grande lettre placée en vedette marque souvent le commencement des paragraphes. La forme des lettres subit quelques modifications : E et £ allongent les extrémités de leur segment de cercle et se te-minent par des traits renforcés ; la barre horizontale du II et du À dépasse de beaucoup les montants, etc. Voir Alexandrinus (Codex), t. i, vis-à-vis de la col. 363, et Ephr^emi rescriptus (Codex), t. ii, vis-à-vis de la col. 1872. — Au vi a siècle la décadence continue. Les lettres deviennent en général plus grandes, plus espacées, plus lourdes, quoique non dénuées d’élégance. Les traits horizontaux du II, du A, du T s’exagèrent. Ces caractères, bien entendu, sont plus ou moins accusés selon les pays et les écoles de scribes. Voir, pour des spécimens de cette époque, Bez^b (Codex) t. î, vis-à-vis de la col. 1770, et Laudianus, vis-à-vis de la col. 127. — La décadence se précipite au vne siècle. Les cercles des lettres E, ©, O, 2, se changent en ovales ; d’autres lettres sont comprimées et allongées ; les accents et les esprits deviennent d’un usage fréquent ; l’écriture commence à pencher vers la droite. — Dans les siècles suivants, ces caractères s’accentuent de plus en plus ; l’aspect général rappelle l’écriture russe (fig. 203). C’est au IXe siècle, au moment où l’onciale va disparaître, que nous rencontrons le premier manuscrit oncial daté, le Psautier d’Uspensky écrit en 862.
B) Minuscule. — L’écriture cursive, caractérisée par la liaison des lettres entre elles et par la simplification de certains traits (fig. 204), a été employée à toutes les époques pour les manuscrits moins soignés. On peut en voir un exemple au mot Livre (fig. 106, col. 307). Le premier cursif daté fut achevé le 7 mai 853 (Evang. 481),
D’autres cnrsifs sont datés de 798 (Evang. 429), de 984 (Act. 148), de 994 (codex A, moitié oncial, moitié cursif). L’écriture cursive, dès son apparition dans les manuscrits bibliques, se présente à nous pleinement développée ; ce qui prouve qu’elle était depuis longtemps en usage pour la transcription des écrits ordinaires. Au x » et au XIe siècle, elle est en général très lisible et fort belle. On en trouvera un spécimen remarquable au mot Chisianus (Codex), t. ii, col. 706. Elle se maintient encore en beaucoup d’endroits pendant le xip et le mi’siècle. Au xive siècle et surtout au xv% époque de l’invasion des calligraphes grecs chassés de Constantinople, elle se
le Marchalianus, Rome, 1890, Y Alexandrinus, Londres, 1879-1883, le Sarravianus, Leyde, 1897, le Codex Bezse, Cambridge, 1899, le Rossanensis, Leipzig, 1880 (chromolithographie).
Un grand nombre de publications contiennent des fac-similés de manuscrits bibliques. Nous ne signalons que les collections les plus importantes et les plus modernes : Bond et Thompson, Facsimiles of ManuscripU and Inscriptions, l re série, Londres, 1875-1883, 2e série, Londres, 1884 et suiv. ; Kenyon, Facsimiles of Biblical Mss. in IheBritisk Mus., Londres, 1900 (25 planches) ; "Vitelli et Paoli, Collezione Fiorenlina di facsimili greci
S^Ti^ue !
202. — Papyrus grec des Septante du vu’( ?) siècle trouvé en Egypte in 1 « r fJ /.ih, xii, 6-8. D’après les Transactions of the ninth international Congress of Orientalists, Londres, 1893, t. ii, pi. IV.
surcharge de fioritures et de contractions arbitraires, qui en rendent la lecture très pénible et dont les premiers livres imprimés donnent quelque idée. Du reste, à partir du Xe siècle, la série des nombreux manuscrits datés est ininterrompue et sert de point de comparaison. On a de plus pour se guider la qualité de la matière (parchemin ou papier) et le genre d’ornementation. Omont, Facsimilés de Mss. grecs datés, etc., Paris, 1890, indique, 326 Mss. datés (quelques-uns seulement par approxima-/ tion) dont il existe des fac-similés (fig. 204 et 205).
C) Reproduction des manuscrits bibliques grecs. — Les procédés dont on dispose de nos jours permettent de reproduire à la perfection les anciens manuscrits. La photographie rend les traits les plus délicats et les plus effacés de l’original, à ce point qu’un manuscrit est quelquefois plus lisible dans la reproduction que dans le modèle lui-même. Seule, la couleur de l’encre n’est pas rendue. Ont été reproduits en entier par la phototypie ou l’héliogravure le Vaticanus, Rome, 1889-1890,
e latini, Florence, 1884-1888 ; Omont, Fac-similés des
Mss. grecs datés de la Biblioth. nation, du ixe au
xiv siècle, Paris, 1890 ; Fac-simiJe’s des plus anciens
Mss. grecs en onciale et en minuscule de la Biblioth.
nation, du IV 1 au XïP siècle, Paris, 1892 ; Graux, Facsimilés
des Mss. grecs d’Espagne, Paris, 1890 ; Amphilochi,
Descriptionpaléogr. de Mss. grecs des ix’-xvw siècles
à dates certaines, Moscou, 1879-1880 ; Maunde
Thompson, Bandbook of Greek and Latin Palœography,
nouv. édit., Londres, 1903 (excellent manuel avec
nombreux fac-similés et alphabets de toutes les époques).
Pour les papyrus, Kenyon, The Palxogr. of Greek Papyri,
Oxford, 1899 (alphabets et fac-similés). — Wessely,
Papyrorum scripiurse grsecx specimina, Leipzig, 1900
et Studien zur Palseogr. und Papyruskunde, 3 fasc,
Leipzig, 1901-1904, est moins pratique pour l’étude des
manuscrits de la Bible.
II. DISTRIBUTION GÉOGRAPBIQUEDBS HANUSCRITSGRECS.
— Les collections importantes de manuscrits grecs pos IY. - 22
675
MANUSCRITS BIBLIQUES
676
sèdent presque toutes des catalogues imprimés bien feits et très utile » à coasolter. Nous les émlmérons rapidement.
1° Italie. — Grâce à des circonstances heureuses, l’Italie fut toujours très riche eu manuscrite grecs. Aucune collection du monde n’est sans doute supérieure à celle du Vatican. Ont paru les catalogues : du fonds Palatin par H. Stevenson en 1885 (432 numéros, mais 30 manquent), des fonds Pie II et Christine de Suède par H. Stevenson en 1888 (190 et 55 numéros), du fonds Ottoboni par Feron et Battaglini en 1893 (472 numéros), du fonds Duc d’TJrbin par Stornajolo en 1894 (165 numéros). Le catalogue du fonds Vatican proprement dit (environ 3000 numéros) est en préparation. Resteront à
cien fonds grec (Codice* Regii), 3117 numéros dont le catalogue date de 1740 ; 2. Fonds Coislin, 393 numéros, catalogué par Montfaucon, Biblioth. Coisliniana, Paris, 1715 ; 3. Supplément grec, environ 1 300 numéros, ea progrés. Cf. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits du fonds grec, Paris, 1886-1898 ; des autres bibliothèques de Paris, 1883 (et dans les Mélanges Graux, 1884) ; des départements, Paris, 1886, Table alphabétique générale, 1898. Voir surtout Martin, Description technique des manuscrits grecs relatifs au AT. T. conservésdans les bibliothèques de Paris, Paris, 1884. Il n’y a en dehors de Paris aucun manuscrit biblique important. 3° Allemagne et Autriche. — Hardt, Catalogus codic. manuscr. Biblioth. régi » Bavaricæ, Munich, 1806-1812
t 1 1 * h * i j m.-*= =1- - * -*r- -_-----’= S F—’.- * - - -" -ï km mu
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^WfOlTCTÎ ^ItO^ liïVAn-MlViï*H£VM^r£All*l
203. — Manuscrit grec du x> siècle (K des Évangiles). Fin de l’Évangile de saint Luc, xxiv, 50-53. Biblioth. nation., grec 63, f 204 v* D’après Omont, Fac-similés des plus anciens manuscrits grecs en onciale et en minuscule de la Bibliothèque nationale du îv au kiv siècle, Paris, 1892, pi. xvii.
publier les catalogues des nouvelles acquisitions : Barberini (590 numéros) et Musée Borgia. — Pour les autres grands dépôts italiens : Ambrosienne de Milan (environ 2500 manuscrits en 1100 volumes), catal. par Martini et Bassi, commencé à imprimer en 1901 ; Laurentienne de Florence, catal. de Bandini, en & volumes, Florence, 1764-1770 (1122 numéros) ; Marcienne de Venise, catal. par Zanetti et Bongiovanni en 1740, mis au courant par Castellani en 1895 (1 697 numéros) ; Abbaye de Grottaferrata, catal. par Rocchi en 1883 (666 numéros) ; Biblioth. nation, de Naples, catal. par Cyrillo en 1826-1832. Pour les dépôts moins importants, voir Martini, Catalogo di Manoscritti Greci esistenti nelle Biblioteche italiane, Milan, deux tomes en trois fasc, 1893-1902 (le tome II contient le catalogue de la Vallicelliana, 127 numéros plus les 94 manuscrits d’AUatius) ; Omont, Les Mss. grecs… de Vérone, Leipzig, 1891.
2° France. — Il y avait en novembre 1898 dans les bibliothèques publiques de France environ 5000 manuscrits grecs, dont 4 798 à la Biblioth. nation, de Paris. Cette dernière comprend trois fonds distincts : 1. An (5 vol., 572 numéros) ; pour Berlin t. XI du catal. général : Verzeichniss der griechischen Handschriften, Berlin, 1890-1897 (417 numéros). — Collections secondaires : Gardthausen, Katalog der griechischen Handschriften der Univ.-Biblioth. zu Leipzig, 1898 (66 numéros ) ; Omont, Catal. des Mss. grecs des villes Hanséatiques, Leipzig, 1890 (71 numéros, dont 60 pour Hambourg) ; Von Ileinemann, Die Handschriften der… Bibliothek zu Wolfenbûttel, 1884.
En Autriche à part la collection des Papyrus Rainer, assez intéressante au point de vue biblique, on n’a guère à signaler que la Biblioth, impér. de Vienne, catalogue par Nessel, Vienne, 1690, par Lambecius, Comment, de Biblioth. Csesarea Vindob., lib. III, IV et V, 2e édit. par Kollar, Vienne, 1776-1778.
4° Angleterre et Irlande. — À Cambridge les manuscrits grecs sont confondus avec les autres (catal. en 1856-1867) ; il en est de même à Londres où ils sont en outre dispersés dans les divers’fonds, mais il y a un Catal. of ancient Mss. in the British Mus. (part 1 Gréek), Londres, 1881. Pour Oxford, voir Goxe, Catal. codicum
Mss. Mbhoth, Jiùdleianæ, i. i, Oxford, 1853 ; Id., Catal. codic. Mss. qui in Gollegiis Aulisque Oxoniensibus koâie asservtmtw, 2 vol. avec index, Oxford, 1852. Pour Christ Churcb. il y a un catal. spécial par Kitchin, 1867, 86 numéros.
5° Espagne et Portugal. — Graux et Martin, Notices sommaires des Mss. grecs d’Espagne et de Portugal (saofl’Escurial et la Biblioth. nation, de Madrid), Paris, 1892, 227 numéros, dont 20 en Portugal. Pour l’Éscurial, Catalogue de Miller, Paris, 1848, 586 numéros ; pour la Biblioth. nation, de Madrid, catalogue de Iriarte, 1769, complété par Miller, Paris, 1886, 236 numéros.
doublé le nombre des manuscrits bibliques connus. Pour le Sinaï, voir Gardthausen, Calai, codic Græcor. Sirtaitic, Oxford, 1886 (1 223 numéros dont 300 mss. bibliques ) ; pour les vingt-quatre monastères du Mont-Athos, Lambros, KstixXoyoc tûv Iv t « ïç j31éXio6>)Xxtc toû’Aftou "Opiu ; IXXrivixôv xioSfxwv, Cambridge, 1895 et 1900 (6618 mss, grecs) ; pour les manuscrits grecs de Palestine réunis an patriarcat orthodoxe de Jérusalem et ceux qui sont conservés au Mexô^iov toû Havayiou Tetqjou à Constantinople, Papadopoulos Kerameus, ’IepotfoXuîiiTiXï ) BigXio67Jxv), Saint-Pétersbourg, 1801-1891, 4 vol. accompagnés de 5 vol. d’Analecta avec nombreux
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204. — Manuscrit grec daté de 11Ç7, en écriture minuscule. Biblioth. nat., grec 83, ꝟ. 134. Prologue de l’Évangile de saint Luc, i, 1-2. Omont, Fac-similés des manuscrits grecs datés de la Biblioth. nation., in-4°, Paris, 1891, pi. XL VIII.
6° Russie. — Murait, Catal. des Mss. grecs de la Biblioth. impériale, Saint-Pétersbourg, 1864 ; Vladimir, Description systématique des Mss. de la Biblioth. synodale de Moscou, première partie, 1894 (en russe) ; autre vieux catalogue en latin de la Bibliothèque du Saint-Synode par Matthæi, Leipzig, 1805.
7° Autres pays. — Graux, Notices sommaires des Mss, grecs de la Biblioth. royale de Copenhague, Paris, 1879, 80 numéros ; Graux et Martin, Notices sommaires des Mss. grecs de Suéde, Paris, 1889, 79 numéros, dont 66 à Upsal ; Omont, Catal. des Mss. grecs des biblioth. des Pays-Bas (Leyde excepté), Leipzig, 1887, 63 numéros dont 30 à Utrecht (pour Leyde, catal. spécial en 1741 avec supplément très considérable en 1852, en tout 377 numéros) ; Id., Calai, des Mss. grecs de… Bruxelles et… de Belgique, Gand-Paris, 1885, 127 numéros dont 121 à Bruxelles ; Id., Catal. des Mss. grecs… de Suisse, Leipzig, 1886, 176 numéros dont 90 à Bàle.
8° Grèce et Orient. — Les bibliothèques de ces pays, explorées surtout depuis un demi-siècle, ont à peu près
fac-similés, avec un supplément par Kakylidès (Karâ-Xom « ), Jérusalem, 1899 ; pour Athènes, Sakkeliôn, Ka-T-âXo ^o ; t(5v yeipofpâçiùv tïjç èOvixîjî BiêXtoÔTixTiç tt|( ; ’EXXiSo ; , Athènes, 1892, environ 210 mss. bibliques. Papadopoulos Kerameus a aussi publié le catalogue des mss. grecs de Smyræ 1877 ; de Lesbos, 1884-1888, de Thrace et de Macédoine, surtout de Brama (monastère de Kosinitza), 1886, de Trébizonde, 1898 ; il a publié en outre la MavpofopSâtEioî BtëXio8rjxr ! , Constantinople, 1884. Il existe un catal. des mss. d’Andros par Lambros, Athènes, 1898 et 1899, une description des mss. d’Amorgos par Mi)-Xtapôxriç, Athènes, 1884 Voir encore : Batiffol, Les Mss. grecs de Bérat d’Albanie, dans Archives des ^Missions scientif., 3° série, t. xiii, Paris, 1887 ; Serruys, Catal. des Mss. conservés au gymnase grec de Satonig « e) Paris, 1903 (mss. échappés à l’incendie de 1890) ; Sakkeliôn, II « t|iixti BiSXioOrixri, Athènes, 1890. Un ancien catalogue de Patmos fait en 1355 par Jean Paléologue se trouve dans Migne, t. cxlix, col. 1047-1052. — Les dépôts orientaux des mss. grecs, non mentionnés ici, ont peu d’importance 67U
MANUSCRITS BIBLIQUES
680
m. manuscrits grecs des septante. — 1° Nomenclature critique. — Le système de notation généralement adopté est celui de Holmes et Parsons, Vêtus Testant. Grxcum cum variis leclionibus, Oxford, 17981827. A. la fin du cinquième et dernier volume, Parsons énumérait 3Il manuscrits, dont 13 onciaux, désignés par les chiffres romains de I à XIII, et 298 cursifs, désignés parles chiffres arabes de 14 à 311. — Swete, An Introd. to the Old Testant, in Greek, Cambridge, 1900, 2e édit., p. 148-168, a cru devoir retenir pour les cursifs la nu qu’ils sont désignés seulement par la mention vague : codex Dorothei, cod. Demetrii, cod. Eugenii, etc., il y a aussi des lectionnaires (37, 61, 132), des commentaires, et surtout des chaînes qu’il faudrait énumérer séparément et étudier par familles. Enfin la liste est encombrée de Psautiers qui n’ont souvent aucune valeur critique et on y rencontre des manuscrits copiés les uns sur les autres, ou sur un archétype commun, ou même sur des éditions imprimées. En défalquant les doubles et les non-valeurs, la liste de Parsons serait réduite de plus de moitié.
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205. — Manuscrit grec daté de 1262. Bibliothèque nationale, gn.c 11°, f 1*’Miif. xi, 25-30. Omont, Fac-simiiés des.montiscnte grecs datés de la Bibliothèque nationale, pi. lvi.
mérotation de Holmes-Parsons, mais, à l’exemple de Lagarde, il désigne les onciaux par des lettres majuscules, latines ou grecques. Il ajoute une liste d’une cinquantaine de cursifs sans numéros d’ordre et une liste de fragments onciaux encore dépourvus de symbole. — La notation de Holmes-Parsons est extrêmement défectueuse et il est à regretter que les nouveaux éditeurs de Cambridge ne l’aient point changée. 10 codex, rangés parmi les cursifs, n°* 23, 27, 39, 43, 156, 188, 190, 258, 262, 994, sont onciaux en tout ou en partie. 9 manuscrits ( lx — 294 ; 73 = 237 ; 89 = 239 ; 94 = 131 ; 109 = 302 ; 130 = 144 ; 186 = 220 ; 221 = 276 ; 234 — 311) sont comptés deux fois, sous des numéros différents. Il y a dans la liste un certain nombre de manuscrits qui pnt disparu ou qu’il est impossible d’identifier parce
2° Distribution géographique. — Les 3Il numéros de Holmes-Parsons se décomposaient ainsi : Italie 129, Angleterre 54, France 36, Autriche 26, Russie 23, Allemagne 13, Espagne 7, Hollande 6, Suisse 6, Danemark 4. Ces résultats n’ont pas changé sensiblement depuis, car les monastères orientaux, si riches en manuscrits du Nouveau Testament, se sont trouvés incroyablement pauvres en manuscrits des Septante. À part les mss. suivants : Jérusalem, Saint-Sépulcre 2 (Heptateuque, Prophètes du ix c siècle) ; Athos, Pantocrator 24 (Heptateuque du Xe siècle) ; Athos, Vatopédi 5Il et 513 (Heptateuque et autres livres historiques du xe-xi l ! siècle, et de 1021 respectivement) ; Athos, Lavra y 112 (Heptateuque de 1013) ; Sinaî 1 (Heptateuque du x^-xv siècle), l’Orient a donné peu de chose. Au contraire Paris a
fourni douze manuscrits nouveaux qui sont tous, il est vrai, des chaînes ou des commentaires.
3° Onciaux. — Nous donnons ci-contre la liste des onciaux. Parmi eux quatre seulement contenaient la Bible entière. Ce sont le Sinaiticus, YAlexandrinus, le Vaticanus (moins l’Apocalypse) et le Codex rescriptus Ephrmmi (très mutilé). On a un manuscrit complet des Septante en réunissant le Basilianus N et le Venetus V, qui ne formaient originairement qu’un seul et même codex. Les autres ne contiennent qu’un livre, qu’un groupe de livres ou que des fragments de l’Ancien Testament. — Les 18 fragments onciaux restés sans symbole, Swete, Introduction, 4e édit., p. 140-142, ont une valeur assez secondaire. Un d’eux, le n° 14 (Zacharie, ivxiv, Mal., i-iv), serait très important si, comme le prétendait Hechler, Ninth Congress of Orientalists, Londres, 1893, t. ii, p. 331, il datait du m » siècle ; mais il est plus probablement du vu* (fig. 202).
d’annexer au Psautier. Le groupement des cursifs par familles n’est pas encore fait dans des conditions satisfaisantes ; on nous le promet pour la grande édition critique des Septante en préparation à Cambridge. Déjà nous possédons le classement des chaînes qui constituent une portion considérable des cursifs. Cf. Die Propheten-Catenen nach rômischen Handschriften, Fribourg-en-Brisgau, 1899 (Biblische Studien, t. iv, fasc. 2 et 3) ; Karo et Lietzmann, Catenarum Græcarum Catalogus (extrait des Nachrichten der k. Gesellschaft der Wissenschaftenzu Gôttingen, 1902, fasc. 1, 3, 5, p. 1-66, 299-350, 559-620).
Ce sont les cursiꝟ. 108 (Vatican, grec 330, livres historiques ) et 248 (Vatican, grec 346, Prophètes) qui, prêtés au cardinal Ximénez, ont servi à la première édition de l’Ancien Testament grec dans la Polyglotte d’Alcala. Les cursiꝟ. 29, 121, 68 (Venise, Saint-Marc, 2, 3, 5) furent employés par Asolanus pour l’édition de Venise de 1519.
MANUSCRITS ONCIAUX DES SEPTANTE
NOM USUEL.
f * À lexandrinus..
f’Vaticanus… f * Ephrœmi rescript’Cottonianus…
Bodleianus…
Ambrosianus..
- Sarravianus..
Petropolitanus. Bodleianus… Lipsiensis…
- Vindobonensis..
- Coislinianus…’Basilianus…
Dublinensis…
- Marchalianus..’Veronensis…
{-"Sinaiticus…’Turicensis…
Londinensis…’Venetus
Parisiensis…
Vaticanus…
Taurinensis…
Tischendorf…
Cryptoferrat…
Bodleianus…
Basileensis… Dorothei II… Sangallensis… Sangermanensis. Sangermanensis. Monacensis.., Lotharingus… Cantabrigensis.
A
B
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D
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F
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H
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1V"-V
LIEU ACTUEL ET COTE.
156 39
188 190
27 294
Londres, Musée britan. Royal Mss. I. D. v-vm.
Rome, Vatican, grec 1209
Paris, Biblioth. nation., grec 9
Londres, Musée britann., Cotton, Otho B. VI, 5-6
Oxford, Bodléienne Auct. T. infr. II, 1
Milan, Ambrosienne A. 147 inf.
Leyde, Paris et Saint-Pétersbourg
Saint-Pétersbourg, Biblioth. impériale
Oxford, Bodléienne, Auct. D. 4.1
Leipzig, Université, cod. Tischendorf II
Vienne, Biblioth. impériale
Paris, Biblioth. nat. Coislin, grec 1.
Rome, Vatican, grec 2106
Dublin, Trinity Collège K. 3. 4
Rome, Vatican, grec 2125
Vérone, Chapitre de la cathédrale
Saint-Pétersbourg et Leipzig
Zurich, Biblioth. municipale
Londres, Musée britan., Papyr. xxxvii
Venise, Marcienne, grec 1
Paris, Biblioth. nation., grec 20
Rome, Vatican, grec 749. ………..
Turin, Bibliotb. nation., cod. 9
Divers fragments publiés par Tischendorf…
Grottaferrata, Abbaye E. p. vu
Oxford, Bodléienne, Mss. Gr. Bibl. S. 2 …..
Autres psautiers onciaux.
IX* IX"
Bâle, Biblioth. de l’Université, A. vii, 3..
(Disparu)
Saint-Gall, Abbaye 17
Paris, Biblioth. nation-, Coislin, grec 186.
Id., Id., Coislin, grec 187
Munich, Bibliotb. royale, grec 251… Gotha (était autrefois en Lorraine)… Cambridge, Emmanuel Collège
- CONTENU##
CONTENU,
Bible.
Id.
Bible (lacunes).
Gen. (fragm.).
Heptat. (fragm.).
Heptat. (fragm.).
Heptat. (lacunes).
Nombres (fragm.).
Psautier.
Heptat. (fragm.).
Gen. (fragm.).
Heptat. Rois.
Complète V.
Isaïe (fragm.).
Prophètes.
Psaut. gr.-lat.
Bible.
Psautier.
Psaut. (fragm.).
Complète N.
Psaut. (fragm.).
Job.
Petits Propb,
Rois (fragm.).
Proph. (fragm.).
Daniel (fragm.).
Ps. grec-lat.
D Ps. CI-CL.
Ps. xviii-LXXH.
Ps. XVII-C1, .
Psautier.
Ps. I-LXX.
Psaut. (fragm.).
Dans ce tableau, les lettres qui suivent le nom des codêxsont celles qu’emploie P. de Lagarde pour désigner les onciaux dans Genesis grsece, etc., Leipzig, 1868, . et pour les Psautiers onciaux dans Novse Psalterii grseci editionis spécimen, Gœttingue, 1887, et dans Psalterium juxta Hebrseos Hieronymi, Leipzig, 1874.
Lagarde appelle Wp* le Bambergensis, Bibliothèque de Bamberg 44 (jadis A. I. 14), qui est un psautier quadruple du x" siècle (gallicaD, romain, d’après l’hébreu, grec en lettres latines), n appelle Zp s le Cotoniensis, Cathédrale de Cologne 8, qui ressemble en tout au précédent, mais est moins ancien. Les chiffres sont ceux dont Holmes et Parsons ont introduit l’usage.
4° Cursifs. — Peu de cursifs contiennent tout l’Ancien Testament. On cite comme exceptions les n° s 64, 68, 106, 122, 131. La plupart ne contiennent qu’un livre ou qu’un groupe de livres et plus de la moitié n’ont que les Psaumes avec ou sans les cantiques qu’on avait coutume
IV. MANUSCRITS GRECS DO NOUVEAU TESTAMENT. —
1° Nomenclature critique. — Les premiers éditeurs du Nouveau Testament désignèrent par des symboles arbitraires les codex dont ils se servaient. On trouve dans Scrivener et dans Gregory la liste des sigles employés
par leurs devanciers : Estienne, Wallon, FeiL, MiU, Bengel, Matîhæi, Birch. Von Sodés, Die Schriften des N. T., 1902, t. i, p. 81-85, répète ces listes en y ajoutant celles de Scrivener et 4e Gregory eux-mêmes. — Wettstein est l’auteur de U notation généralement suivie de nos jours. Il désigne les onciaux par des majuscules latines, — exceptionnellement par des majuscules grecques, — les cursifs par-des numéros. Les livres du Nouveau Testament sont divisés en quatre séries : 1. Évangiles, 2. Actes et Épltres catholiques, 3. Paul, 4, Apocalypse. Les mêmes lettres et les mêmes numéros peuvent se répéter dans chaque série, et pour ôter toute équivoque il est souvent nécessaire de compléter le sigle par un indice. Ainsi la lettre B désigne le célèbre codex du Vatican, mais comme il y manque l’Apocalypse, on appelle B^i** le texte de l’Apocalypse d’un autre manuscrit du vni « siècle conservé aussi au Vatican sous le numéro 2066, D « o est le Codex de Bète, Dp" » 1 est le Claromontanus ; E es est le Basileensis, E mt est le Laudianus, etc. Chacun des manuscrits onciaux n’est indiqué que par une lettre ; mais les cursifs le sont par deux, trois et même quatre numéros différents, lorsqu’ils renferment deux, trois ou quatre divisions du Nouveau Testament. Par exemple 18 des Évangiles, 113 des Actes, 132 de Paul, 51 ds l’Apocalypse ne sont qu’un seul et même manuscrit. Paris, Biblioth. nat., grec 47. C’est là un premier défaut de cette nomenclature ; en voici un plus grand. Pour les cursifs des Évangiles, la liste de Wettstein comprenait 112 numéros, Birch la porta à 217, Scholz à 460. À partir de là, Scrivener et Gregory l’augmentèrent simultanément et indépendamment l’un de l’autre, de sorte que les numéros assignés par eux aux nouveaux manuscrits ne correspondent plus. Il en est de même pour les trois autres séries. — Von Soden a voulu remédier à ce manque d’accord et aux autres inconvénients de la nomenclature usuelle en introduisant une nouvelle notation destinée à rendre service, si elle était universellement adoptée ; mais qui mettra la confusion à son comble, si elle ne l’est que partiellement, comme sa complication le fait craindre. Il part, de ce principe juste qu’une bonne notation doit indiquer les caractères du codex les plus intéressants au point de vue critique, c’est-à-dire son âge et son contenu, son lieu d’origine ne pouvant pas le plus souvent être déterminé et son séjour actuel étant chose indifférente. Il n’emploie que des chiffres arabes précédés d’une des trois lettres grecques 8=Sia()7pu], quand le codex contient plus que les Évangiles, E=eùafyéXiov, quand il renferme seulement les Évangiles en tout ou en partie’, a = àicôffToXoc, quand il ne contient pas les Évangiles. La présence ou l’absence de l’Apocalypse est généralement indiquée par le numéro lui-même. Dans chacune de ces trois séries, les 49 premiers numéros sont réservés aux manuscrits antérieurs au Xe siècle et les numéros 50-99 aux manuscrits du Xe siècle, qu’ils renferment ou non l’Apocalypse. Les numéros 100 à 199 indiquent les codex du xr= siècle, 200 à 299 ceux du xii » et ainsi de suite. Il est entendu que dans chaque centaine les 50 premiers numéros sont affectés aux codex ayant l’Apocalypse. Ainsi le siglé « 235 indiquera un codex du xii » siècle ne renfermant pas les Évangiles, mais ayant l’Apocalypse, 6375 un codex du xw sièele contenant le Nouveau Testament, mais non l’Apocalypse, etc. M. von Soden ne tient aucun compte de la distinction entre cursifs et onciaux qui lui semble purement extérieure et matérielle. Plusieurs manuscrits sont moitié cursifs, moitié onciaux ; quelques cursifs datés sont plus anciens que des onciaux également datés ; enfin la forme de l’écriture ne change rien à la valeur intrinsèque des manuscrits. Ces raisons sont bonnes, mais il est probable que l’on continuera longtemps à désigner les grands onciaux par les lettres usuelles. On y est habitué et c’est plus court et plus commode. Le Laudia nus, E des Actes, devient dans la notation de M. von Soden a 1001, le Basileemis, E des Évangiles, e55. Ce système de notation algébrique, outre qu’il déroute le lecteur, est un peu long et compliqué.
2° Statistique. — Gregory, Prtdegomena, etc., Leipzig, 1884-1894, p. 337, donnait une liste de 88 onciaux dont 66 contenaient en tout ou en partie les Évangiles, 15 les Actes, 7 les Épltres catholiques, 30 Paul, 5 l’Apocalypse. Mais il était presque aussitôt obligé d’y joindre un supplément, p. 441-450, où il énumérait les codex ou les fragments oncia u s découverts depuis. Sa liste des cursifs comprenait 1273 numéros pour les Évangiles, 416 pour les Actes et les Épltres catholiques, 480 pour Paul, 183 pour l’Apocalypse. Il y joignait 936 évangéliaires et 265 épistolaires. Dans les lectionnaires on ne distingue pas entre onciaux et cursifs. — Scrivener-Miller, Introduction, etc., 4e édit., Londres, 1894, t. i, p. 377, enregistrait 124 onciaux (Évangiles 71, Actes et Cath. 19, Paul 27, Apoc. 7) et 3667 minuscules (Évangiles 1021, Actes etCathol. 420, Paul 491, Apoc. 184, évangéliaires 963, épistolaires 288), ce qui donne un total général de 3791 textes. Mais il faut se rappeler que ces textes ne forment pas autant de volumes ou de fragments distincts, chaque volume pouvant compter pour plusieurs numéros. Miller, op. cit., t. i, p. 410, porte le nombre des manuscrits différents à 2 972 parmi lesquels 724 se trouvent dans les monastères orientaux de l’empire ottoman, 644 en Italie, 438 dans l’empire britannique, 324 en France, 260en Palestine, 197 en Grèce, 140 en Allemagne, 104 en Russie, etc. — Gregory, Textkritik des N. T., t. i, Leipzig, 1900, p. 18-123 (onciaux), p. 124-326 (cursifs), p. 387-478 (lectionnaires), augmente considérablement les listes précédentes. — Mais le catalogue le plus complet et le plus exact est celui de von Soden, Die Schriften des N. T., in ihrer âltesten erreiclibaren Textgestalt, Berlin, 1902, t. i. Comme il ne distingue pas entre onciaux et cursifs, qu’il compte à part les textes pourvus d’un commentaire et qu’il ne s’est pas encore occupé des lectionnaires, la comparaison avec ses devanciers est difficile. Son principal mérite est d’avoir revisé soigneusement les listes antérieures, d’en avoir exclu les manuscrits signalés par erreur, disparus, impossibles à identifier ou comptés plusieurs fois, etc. Les résultats sont les suivants : pour les Évangiles 1 716 textes dont 277 commentaires, pour les Actes et les Épltres catholiques 531 textes dont 53 commentaires, pour saint Paul 628 textes dont 153 commentaires, pour l’Apocalypse 219 textes dont 66 commentaires. Ces textes sont compris dans 2 328 manuscrits distincts. Les lectionnaires, nous l’avons dit, ne sont pas comptés. Dans un appendice daté du 30 octobre 1902, il ajoute une trentaine de numéros. 342 codex sont catalogués par lui pour la première fois.
3e Onciaux du Nouveau Testament. — Les 45 manuscrits compris dans le tableau synoptique ci-contre ne représentent pas la totalité des onciaux. La lettre T munie d’un indice (T b, T c, F’, etc.) sert à désigner, outre le Borgianus, vingt-six autres fragments dont plusieurs se composent seulement de quelques versets ou même d’un seul verset (T s = Matth., 1, 1). La lettre W, aussi à l’aide d’indices, s’applique à quatorze fragments pareils et ainsi de suite. — Ces codex contenaient très rarement le Nouveau Testament entier. Faisaient exception le’Sinaiticus, VAlexandrinus, le Codex Ephrxmi resc. (très mutilé aujourd’hui), le Vaticanus, un manuscrit de l’Athos (Lavra 172) récemment découvert et désigné par la lettre W. Dans les deux derniers l’Apocalypse manque. C’est du reste l’Apocalypse qu’on rencontre le plus rarement dans les onciaux. Elle n’existe que dans n, A. C. (avec des lacunes équivalant à 171 [versets sur 405). B" ! "* et P. (le PorphyriamtSj avec quelques lacunes). Les Épltres catholiques sont rares aussi. On ne les trouve en entier que dans s. A. B. K. Le S. et en 685
MANUSCRITS BIBLIQUES 686
MANUSCRITS GRECS ONCÏAUX DU NOUVEAU TESTAMENT
NOM USUEL.
f * Smameus… j- * Aleocanérinus.. j-’Vaticanug… -j- " Epta-œrmi rescr..
f’Bezse cod’Basileensis.
Boreeli cod…
WolfiiA
WolfliB. …. f Cyprius
- Regius
Campianus…
- Purpureus…
Guelferbyt. A.. Guelferbyt. B..’Nitriensie…
Vaticanus…’Borgianius…
- Marcianus…’Mosquensis…
- Monacensis…
Barberinus… Dublinensis… Tischendorf. IV.’Sangallemis… Tischendorf. III. Zacyntbius…
- Petropolitan…
- Rossanensis…
- Beratinus…
Sinopensis…
f’Laudianus..’Mutinensis.’Mosquensis. "Angelicus..
- PorvhyHanus
Athous cod. "Patirensis..
f’Glaromontanus.’Semgermanensis.’Augiemis…’Boernerianus.. Goislinianus… " Hamburgensis..
LIEU ACTUEL ET COTE.
COMTES fi. «
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i.. Manuscrits contenant tes Évangiles.
Saint-Pétersbourg, SBUfetsb. jropériaje
Londres, Musée bri tannique
Rome, Vatican, grec 1209.,
Paris, Biblioth. nation., grec S
Cambridge, BQflioth. de l’Université, Nn. II. 41 ….
Baie, Biblioth. de l’Université, A. N. III. 12
Utrecht, Biblioth. de l’Université.
Loodres et Cambridge
Hambourg et Cambridge
Paris, Biblioth. nation., grec 63
H. Id. grec 62
ld. Id. grec 48
St-Pétersbourg, Paris, Rome, Patmos, Londres et Vienne. Wolfenbattel, Bibli.th. ducale, Weissenburg 64 ….
Id. Id. Id
Londres, Musée britannique, addit. 17211
Rome, Vatican, grec 354
Vatican, Museo Borgiano
Venise, Marciana I, 8
Moscou, Saint-Synode 399
Munich, Université Ms. fol. 30
Rome, Vatican, Barberini grec 521 (jadis V. 17)…
Dublin, Trinity Collège K. 3. 4
Oxford et Saint-Pétersbourg
Saint-Gall, Abbaye 48
Oxford et Saint-Pétersbourg
Londres, Société biblique 24
Saint-Pétersbourg, Biblioth. impér. 38.
Rossano (Calabre), Archevêché
Bérat d’Albanie, Église Saint-Georges
Paris, Biblioth. nation., suppl. grec 1286
2. Manuscrits des Actes et des Épitres-catholiques. Voir S. A. B. C. D. des Évangiles.
.Oxford, Bodléïenne, Laud, 35…
Modène, Bibliothèque ducale
Moscou, Saint-Synode 98.. …….
Rome, Augelica 39 (jadis A. 2. 15)… Saint-Pétersbourg, Biblioth. impér. 225.
Athos, ’Laure 88
flome, Vatican, grec 2061
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Évang. Actes.
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Évang. (fi’ogm.).
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Évang.
Évang. (fragra.).
Évang.
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Évang. (comment.).
Jean (fragm.).
Évang. (fragm.).
Evang.
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Id.
Évang. (fragm.).
Evang.
Id.
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Matth. (fragm.).
Actes. Id. Act.Cath. Paul. Id. Id. Id. -Id.
3. Manuscrits des Épitres de S. Paul. Voir N. A. B. C. des Évang. K. L. P. S. "i des Actes.
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Paris, ’Biblioth. nation., grec 107
Saint-Pétersbourg, Biblioth. impér. 20
Cambridge, Trinity Collège B. X.VTI, 1…
Dresde, Biblioth. royale A. 145’Paris, Kiew, Saint-Pétersbourg, Moscou, Turin Hambourg et Londres
Paul. Id. M. id. Id. Id.
4. Manuscrits de VApocafyjpse. Voir « .A. C, des ÉvangBeSj P des Actes.
- Vaticanus. « 1070 I vm’-JX* 1 Rome, "Vatican, grec 2066
.1.Appc.
majeure partie dans C. P. Les Actes sont un peu mieux représentés : k. A. B. E. P. les contiennent en entier ou çcesque en.entier ; C. D. H. L. en majeure partie. Les Épitres de saint Paul « ont presque en entier dans &. D. L. « t en majeure partie dans A. B.C. K. F..fi. jL’P.jimaisf ! devrait être.banni de la liste des autorités, ..car m « ’est qu’une copie fautive de D. Les Évangiles sont sans « ûBftpaïaJsoo la partie du Nouwea* Testament Ja « weui traitée.
¥ Curaifs du Ncwmu Testament. — ©km tpi’en général postérieurs aux oneiaux, les eursifs peu, vent .asoir pius de valeur au point de vue.critique, quand ils sont copiés sur un meilleur archétype. Mais l’espèce de superstition qui s’attache aux premiers leur a souvent 687.
MANUSCRITS BIBLIQUES
nui et on ne leur a prêté jusqu’ici qu’une médiocre attention. Beaucoup d’entre eux n’ont pas encore été collationnés ou ne l’ont été que négligemment ; plusieurs ne sont connus que pour figurer dans les listes des manuscrits. — La première chose à faire serait de les ranger par familles et d’en établir soigneusement la généalogie et la parenté. Ce travail est déjà commencé. Ferrar avait reconnu que les codex désignés dans la série des Évangiles par les n M 13, 69, 124, 364, formaient groupe à part et dérivaient d’un même archétype. Cf. Abbott, À collation of four important Mss., Dublin, 1877 ; Martin, Introduct. à la critique textuelle du N. T., t. iii, Paris, 1885, p. 188-206 ; Rendel Harris, Further researches into the history of the Ferrar-group, Londres, 1900. Un trait commun à ce groupe, c’est que le passage de l’adultère, Joa., viii, vient après Luc, xxi, 38. On a depuis adjoint à ce groupe quelques autres codex, comme Evang. 556 et 561 (d’après la notation de Gregory 543 et 713). — On a fait un travail analogue pour un autre groupe Évang. 1, 118, 131, 209. Cf. Kirsopp Lake,
talogués. Plus de cent évangéliaires "sont onciaux, ainsi que six ou sept êpistolaires. Mais il est à noter que l’onciale se conserva dans l’usage liturgique beaucoup plus tard que pour les ouvrages ordinaires. Les livres liturgiques onciaux du xi° siècle ne sont pas rares et on en trouve jusqu’au XIVe siècle qui s’efforcent d’imiter l’écriture archaïque. — Très peu de lectionnaires ont été sérieusement collationnés. Scrivener, Introduction, 4e édit., 1894, t. i, p. 327-376, les signale dans sa liste. Nous ne croyons pas utile de les mentionner.
IV. Manuscrits latins. — I. paléographie. — Les caractères paléographiques, plus tranchés en latin qu’en grec, permettent le plus souvent de déterminer avec assez de précision l’âge et la patrie primitive des manuscrits latins. On distingue cinq espèces d’écriture latine : la capitale, l’onciale, la semi-onciale, la minuscule et la cursive.
1° La capitale, l’écriture des inscriptions, qu’on subdivise en capitale carrée et en capitale rustique, fut assez usitée pour la transcription des ouvrages classiques.
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206. — Écriture lombarde du x" siècle. Joa., i, 1-2. Codex cxxvii du Mont-Cassin. Bibliotheca Casinensis seu Codicum manuscriptorum qui in tabulario Casinensi asservantur séries, t. iii, en face de la p. 166.
. Codex 1 of the Gospels and its Allies, Cambridge, 1902 (dans Texts and Studies, t. vii, fasc. 3). La conclusion est que ces quatre manuscrits dérivent d’un ancêtre commun. — Le ms. grec 97 de la Biblioth. nationale (xme siècle), signalé comme important par Martin, vient d’être étudié par Schmidtke, Die Evangelien eines alten Unzialcodex, Leipzig, 1903, et comparé au groupe B. n. C. L. A. T. 33, 892, qui représenterait la recension d’Hésychius. — Gregory, Prolegomena, p. 476 et 478, signale une autre famille de textes dans les n° s 47, 54, 56, 58, 61, 109, 171, des Évangiles. Les n° s 4 et 273 des Évangiles paraissent frères jumeaux. C’est par des travaux de comparaison de cette espèce qu’on fera avancer la critique textuelle du Nouveau Testament.
5° Lectionnaires. — Ils sont désignés, nous l’avons dit, par des chiffres arabes sans distinction de cursifs et d’onciaux. À part de rares exceptions, ils ont été très peu étudiés jusqu’ici. C’est à tort, croyons-nous. Beaucoup sont anciens et les petites modifications exigées par l’usage liturgique (telles que la formule : En ce temps-là) n’ont pas sur le texte une influence sérieuse. Gregory, Textkritik, etc., 1900-1902, p. 387-478, donne une liste d’évangéliaires comprenant 1 077 numéros (une dizaine de numéros sont libres, parce qu’un manuscrit leur avait été assigné par erreur ; mais en revanche une vingtaine de numéros sont assignés à deux ou plusieurs manuscrits). Il y a pour les êpistolaires 287 numéros plus 46 manuscrits portant le même numéro que Pévangéliaire correspondant : ce qui fait en tout 303 êpistolaires ca On cite surtout le Virgile romain et le Virgile palatin du Vatican, le Virgile de Médicis, celui de Saint-Gall, le Prudence de Paris, le Térence de Bembo, etc. La plus grande diversité d’opinion règne parmi les critiques au sujet de l’âge de ces manuscrits. Très peu de codex bibliques sont en capitales et ils appartiennent à une époque où la capitale avait cessé d’être d’un usage commun, même pour les manuscrits de luxe. Le célèbre Psautier d’Utrecht à trois colonnes, en capitale rustique mêlée d’onciale, et le début du Psautier de saint Augustin (Musée britan. Vespas. A. I) ne remontent pas au delà du ixe siècle et ne sont qu’une imitation assez maladroite. En général la capitale ne sert que pour les titres.
2° Dans Yonciale, à la différence de la capitale, certaines lettres (A, D, E, H, M, V) prennent une forme arrondie. Le Vercellensis, du iv 8 siècle, le plus ancien manuscrit latin de la Bible, présente l’un des plus beaux spécimens de ce type. Voir aussi les fac-similés du Codex Bezse, 1. 1, col. 1770, et du Claromonlanus (au mot Canon, t. M, col. 147) pour le VIe siècle, du Laudianus, col. 127, pour le VIIe, de VAmiatinus, t. i, col. 481, pour le commencement du vme. L’onciale dura jusqu’au vm 8 siècle, époque où elle fut supplantée par la minuscule Caroline ; elle subsista quelque temps encore pour les manuscrits liturgiques et fut employée même beaucoup plus tard pour les titres des livres ou des chapitres. L’onciale subit une détérioration graduelle, mais l’évolution fut lente et l’aspect général n’est pas très différent. Pour distinguer
l’âge, il faut tenir compte de la qualité du parchemin, des abréviations plus ou moins nombreuses et fixer son attention sur quelques lettres typiques telles que F, H, L, M, . N, P, R, T. Les traits forcés, exagérés, superflus ou ajoutés en guise d’ornement, sont tous signes d’une ancienneté moindre, mais la question est délicate et demande beaucoup d’expérience. Cf. E. Châtelain, VncialU scripturæ codicum Latinor., l re partie, Paris, 1901 (nombreuses planches, parmi lesquelles se trouvent une quinzaine de reproductions de manuscrits bibliques, avec notices explicatives).
3° La semi-onciale fut employée concurremment avec l’onciale du ve au IXe siècle. Elle s’en distingue moins par l’aspect général que par la forme minuscule de certaines lettres b, d, e, iii, et surtout r et s. Ce furent les Irlandais qui l’employèrent le plus pour la transcription du Nouveau Testament et qui l’importèrent avec eux dans leurs migrations sur le continent à Luxeuil, à
qu’au xme. Le fameux Cavensis est espagnol par son texte et lombard par son style. On trouve de nombreux spécimens de cette écriture magnifiquement reproduits dans la Bibliotheca Casinensis, t. i, Mont-Cassin, 1883 ; t. v, en cours de publication. — L’écriture visigothique régna en Espagne du vme à la fin du XIe siècle. Ses chefs-d’œuvre : le Complutensis i, le Legionensis i et il, XMmilianeus, la Bible de Rosas, sont du IXe et du x » siècle ; le Toletanus appartient peut-être au vin ». Voir Ewald et Lœwe, Eccempla scriptural visigothicse, Heidelberg, 1883 (40 planches photographiques). — À côté de la demi-onciale dont il a été question ci-dessus, les Irlandais firent usage d’une minuscule pointue, angu" leuse, qu’on rencontre par exemple dans le Book of Dimma (vni « s.), dans le Book of Armagh (ixe s.) et dans les Évangiles de Lambeth ou de Macdurnan (ixe-xe s.). — Nous n’avons rien dit de l’écriture anglosaxonne, parce qu’elle manque d’originalité. Elle subit
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207. — Ecriture de Hartmot, abbé da Saint-Gall (872-883), d’après un manuscrit du British Muséum, addit. U95 ?.] Commencement de l’Epitre apocryphe aux Laodiciens. ICenyon, Fac-similés of Biblical Manuscripts, pi. xvi.
Wurzbourg, à Bobbio, à Saint-Gall (fig. 207), etc. Le Book of Kells est un modèle de demi-onciale ; les Évangiles de Lichfield ou de Saint-Chad et les Évangiles de Macregol en offrent aussi des spécimens remarquables. Il semble que les Irlandais n’ont jamais pratiqué l’onciale, car les Évangiles de saint Kilian à Wurzbourg, en belle onciale du vu 8 siècle, ne témoignent en rien d’une origine irlandaise. Voir E. Châtelain, Uncialis script., 2 « partie, Paris, 1902.
4. La minuscule et la cursive sont souvent confondues dans le langage. À proprement parler, la cursive, caractérisée par la liaison des lettres et la simplification de certains traits, a toujours existé à côté des autres genres d’écriture. Les inscriptions et les tablettes de Pompéi nous offrent des exemples de majuscule cursive. Tandis que l’onciale et la demi-onciale conservent une ceiv faine uniformité malgré la différence des pays où on’Ies emploie, la minuscule se divise en écritures nationales très nettement tranchées. On distingue surtout les quatre espèces suivantes : mérovingienne, lombarde, visigothique, irlandaise. Nous ne parlerons pas de l’écriture’mérovingienne, contournée, allongée, difficile à lire, parce qu’elle fut usitée principalement pour les chartes et diplômes et rarement pour la transcription de la Bible. — L’écriture lombarde (fig. 208) fut cultivée surtout dans les monastères de la Cava et du Mont-Cassin. Elle atteignit sa perfection du ix « au XIe siècle et dura jus dans le midi l’influence italienne et dans le nord l’influence irlandaise. Voir Westwood, Fac-similés… of Anglo-Saxon and Irish Manuscripts, Londres, 1868 ; Maunde Thompson, Palœography, dans Encyclopsedia Britannica, 9e édit., Edimbourg, 1885, t. xviii, p. 157160. — Dans les dernières années du vme siècle fut inauguré en France et principalement à Saint-Martin de Tours, dont Alcuin était abbé, un nouveau genre d’écriture dont l’élégance n’a d’égale que la simplicité et la netteté (fig. 209). L’écriture Caroline, comme on l’appelle du nom de Charlemagne, supplanta graduellement les écritures nationales dans les divers pays de l’Europe. Elle ne cessa pas d’évoluer jusqu’à devenir, après avoir subi une transformation complète, cette écriture gothique, serrée et compacte, remplie de liaisons et d’abréviations que nous présentent les manuscrits du xiii « siècle (fig. 208). À partir de cette époque les Bibles latines, reproduisant purement et simplement le texte parisien, n’ont plus beaucoup d’intérêt au point de vue critique. — Outre les ouvrages cités ci-dessus à propos des divers genres d’écriture latine, et ceux qui ont été signalés à la fin du paragraphe précédent, voir : Steffens, Entwickelung der lateinischen Schrift bis Karl den Grossen, Fribourg (Suisse), 1903 ; Wessely, Schrifttafeln zur alteren lateinischen Paléographie, Leipzig, 1898 ; Tangl, Schrifttafeln zur Erlernung der latein. P<fr lœogr., Berlin, 1897-1898.
MANUSCRITS BIBLIQUES
n. anciennes versions z£tines. — 1° Nomenclature critique. — Les textes de l’Ancien Testament d’après les tersions antérieures à saiat Jérôme n’ont pas de symbole généralement Teçu. Ceux du Nouveau sont désignes en critique paT des minuscules italiques avec ou sans indice. Mais, le nombre des manuscrits augmentant de
208. — Écriture du xiii’siècle. Gen., i, 1-3. D’après le manuscrit Royal 1. D. 1 du Musée britannique. Kenyon, Fac-similés of Biblical Mamtseripts in the British Muséum, Londres, 1900, pi. XJX.
jour en jour, ce système de notation deviendra bientôt très incommode. Il est vrai que la plupart ont un nom conventionnel qui se rapporte à leur histoire ; mais il y -a eu tant de codes appelés Sangallensis ou Vitidobonensis que ces désignations vagues ne suffisent pas à les distinguer des autres. Dans les manuscrits grecs-latins la majuscule indique le texte grec ; la minuscule italique correspondante, le texte latin. Ainsie désigne le texte latin du Laudianus E act et aussi le latin du Sangermanensis E™ 1, tandis que la même lettree est déjà affectée au Palalinus des Évangiles. Encore un exemple
la Vulgate, parce qu’ils sont trop nombreux. 2° Plusieurs codex dont an a perdu la trace (fragments de Fleury, Job, XL, 3*9 ; VaUicelHanns B. vii, contenant Esther, i-il, d’après une ancienne-version ; Pechianus contenant des fragments d’Esther). 8° Quelques antres fragments peu importants ou encore peu connus (Gen., xxv, 20-xxviii, 8, publié par Oonybeare ; Gen., su, 17-xm, 14, xv, 2-12, publié par Belsheim ; 1 Sam, ii, 3-10, publié par Berger ; I Sam., is, 1-S ; xv, 10-18 ; II Sam., « , 29-m, 5 ; I fteg., v, 2-9, publié par Weissbrodt ; II 6am., x, l’8-xi, 17, -ïiv, 17-30, publié par Haupt).
N’est pas non plus compris dans la liste le Spéculum, dit, à tort, de saint Augustin, qui est désigné en critique par la lettre m et qui se compose.d’extraite des livres de la Bible d’après une ancienne version. Il est représenté par une vingtaine de manuscrits, dont le principal est le Sessorianns (Rome, Bibliothèque nationale, Tondo’Sessoriano 58) du vin » ou du ix » siècle. — Mff r Batilïol a reconnu le premier que les fragments de Coire ai ont fait autrefois partie du même manuscrit que les fragments de Saint-Gall n. Il serait donc logique de les désigner par le même symbole, soit n (a parte potion), soit ai si l’on tient à indiquer la parenté avec le Vercellensis a. Mais il n’y a aucune raison pour donner, comme Gregory, Textkritik, etc., p. 600, le même symbole aa aux fragments o et p qui n’ont d’autre rapport avec n que le fait d’être reliés dans le même recueil (Saint-Gall, Abbaye 1394). (Voir tableau ci-contre, col. 693.)
/II. manuscrits de la vuloate. — 1° Nomenclature critique. — On désigne les principaux manuscrits de la "Vulgate par un nom latin relatif à leur histoire ou par les premières lettres de ce nom : Amiatinus ou am, Fuidemis ou fuld, fu, etc. C’est surtout Tischendorf qui a répandu l’usage de ces abréviations, adoptées aussi par
F "_ g - -"" = - - - # - - * ? ~ - - — _— ! _ - - -
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209. — Écriture Caroline du Bf sièele. Bfble de Grandval. Is., t, 10-12. British Muséum, addit. 10546. Kenyon, Fac-similés of Biblical Mantwcripts, pi. xtv.
des complications, des anomalies et des équivoques de la notation actuellement en usage.
2° Kestes des anciennes versions. — On.sait que parmi les deutéroeanoniques, les livres de Judith et de Tobie ont été seuls traduits par saint Jérôme sur un texte chaldéen. Baruch, la Sagesse, l’Ecclésiastique, les deux livres des Machabées, les fragments deutéroeanoniques d’Esther et de Daniel sont passés dans la Vulgate sans révision. D’assez nombreux manuscrits nous ont conservé une ancienne traduction de Judith et de Tobie et, pour plusieurs des autres, nous possédons aujourd’hui nne version complète ou partielle différente de celle qui fut admise dans la Vulgate. Voir Latines (Versions), t. IV, col. 104-106. Dans la liste ci-jointe, rédigée dans nn but d’utilité pratique, nous énumérons les reliques préhiéronymiennes de l’Ancien et du Nouveau Testament. Nous exceptons toutefois : 1° Les livres deutéroeanoniques non traduits par saint Jérôme ainsi que la _plupart des textes de Judith et de Tobie qui diffèrent de
Berger. Un certain nombre de codex ont an nom conventionnel : Book of Lindisfame, Pentateuque de Tours, Bibles de Charles le Chauve. Pour désigner les autres il faut indiquer la hibliothèque où ils se trouvent avec leur cote actuelle. Wordsworth désigne par des majuscules latines, simples ou doubles, les 40 manuscrits coîlationnés par lui en vue de l’édition critique de la Vulgate. — 2° Nombre. — Le nombre des manuscrits de la Vulgate, déposés dans les bibliothèques publiques ou possédés par des particuliers, est fort considérable. On a pu’sans trop d’invraisemblance l’évaluer à S 000 exemplaires. Nous en avons compté plus d’un.millier dans les grandes.bibliothèques de Paris. Il n’existe pas de liste.complète, parce que le travail qu’elle exigerait serait sans proportion avec le résultat obtenu : la grande majorité des copies, postérieures au xir 3 siècle, n’ayant presque aucune valeur critique et n’étant que des reproductions plus ou moins fautives du texte parisien. Gregory, Textkritik des N. T., Leipzig, 1902, "t. ii, p. 634693
MANUSCRITS BIBLIQUES
MANUSCRITS DE L’ANCIENNE VERSION LATINE
NOM 138UEL.
- Lugdunensis..’Monacensis I..
Wireeburgensis I
Ottobonianus..
Monacensis II..
Complutensis..
Corbeiensis 1..
Legionensis…
Vindobon.palimps.
Veronensis… Sangermanensis Sangallensis.. Wireeburgensis II Ms. deWeingarten.’Vercellensis…
Curiensa frag..’Veronensis…’Colbertinus…’Bevs Codex…’Palatinus…,
Briœianus…
Corbeiensis II..
Corbeiensis III.
Sangermanensis
Sangermanensis
Claromont. Vatic
Vindobonensis..’Saretianus …’Bobiensis. …
Rehdigeranus..
Sangall. fragm. I
Sangall. fragm. II.
Sang ail. fragm. III.’Monacensis…’Dublinens18…
Ambros. fragm.
Bernens. fragm.
Vindob. fragm.
Aureus Holm..’Sangallensis…
"Laudianus..
Corbeiensis..’Gigas libror.
Mediolanensis.
Palimps.deFleury.’Monacensis..
Ms. de Perpignan
Palimps.dcBobbio’Claromontanus.’Sangermanensis’Augiensis…’Bœrnerianus.. Guelferbytanus.’Monacensis…
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1.IEO ACTUEL ET COTE.
- CONTENU##
CONTENU,
I. Ancien Testament. — 1. Livres historiques.
VI’v-vr
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vm°
IX’IX’X’V
vr
VI"
Lyon, Biblioth. publique, 54
Munich, Biblioth. royale, lat. 6225.. Wurzbourg, Université 64 a.. »,
Vatican, Ottoboni, lat. 66
Munich, Bihlioth. royale, lat. 6239.. Madrid, Biblioth. de l’Université 31. Paris, Biblioth. nation., lat. 11549..
Léon, San-Isidro
Vienne, Biblioth. imper
Libres poétiques et prophétiques.
Vérone
Paris, Biblioth. nation., lat. 11947
Saint-Gall, Abbaye 912.
Wurzbourft, Biblioth. de l’Université 64 a Fnlda, Darrnstadt et Stuttgart
II. Nouveau Testament. — 1. Évangiles.
IV"
v-vr
1V’-V
xr-xir
VI"
v*
VI’X"
vr-vir vnr-ix’X’v*
VI"
V
V’-VI"
VII’V-vï*
VII’vir-vjir vr-vn"
vr-vir vi «
v
VII’VII’-VIII*
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vu X’XIII’X"-XÎ’VI’VI’-VII’XII’V’-VI"
VI’IX’-X*
IX’IX’VI*
v-vr
Verceil, Cathédrale
Goire, "Musée rhétique
Vérone, Biblioth. du Chapitre
Paris, Biblioth. nation., lat. 254.
Cambridge, Biblioth. de l’Univers. Nn. 2. 41
Vienne, Biblioth. impér. H85
Brescia, Biblioth. du Chapitre
Saint Pétersbourg, Biblioth. impériale
Paris, Biblioth. nation., lat. 17225
— — lat. 11553
— — lat. 131A9
Rome, Vatican, lat. 7223
Vienne, Biblioth. impér. 1235
Abbaye du Mont-Cassin (provisoirement)
Turin, Biblioth. nation. 6. VII, 15 (endommagé par I’in Breslau [cendie)
Sa’int-Gall, Abbaye, 1394
Munich, Biblioth. royale, lat. 6224. Dublin, Trinity Coll. A. IV. 15… Milan, Ambrosienne, C. 73 inf… Berne, BiMioth. de l’Université 611. Vienne, Biblioth. impér. lat. 502..
Stockholm, Biblioth. royale
Version latine du codex grec-latin A.
2. Actes et Épitres catholiques.
Version latine du codex grec-latin "E
Sa’mt-PétiersboTirg, Bibttotb. impér. Qv. I. 39.
Stockholm, Biblioth. r-ayile
Milan, Ambrosienne
Paris, Biblioth. nation., lat. 6400 G
Munich, Bihlioth., lat. 6436
Paris, Biblioth. nation., lat. 321..
Vienne, Biblioth. impér., lat. të
De plus $ des Évangiles.
3. Épîtres de saint Paul.
Version latine du codex grec-latin D Version latine du codex grec-latin E. Version latine du codex grec-latin F. Version latine-dn codex grec-latin G. WoltenbâtteL Weiasenbitrg, 64… Munich, Biblioth. royale, lai. 6436..
Heptateuque. Pentat. (fragm.).
la.
Gen. Ex. (fragm.).
Tob. Judith. Esth.
Rufh, Judith.
Ësther, Judith.
Fragm. divers.
Rois (fragm.).
Psautier.
H.
Jérém. (fragm.).
Proph. (fragm.).
Proph. (fragm.).
Evang.
Luc (fragm.).
Évang Id.
Évang. Act.
Évang.
Id.
Matthieu.
Évang.
Id.
Id.
Matthieu.
Évang Jean (fragm.).
Matt. Marc (fcagm.).
ÉvifflS Évang..(fraigm.).
Marc, xvjj 14-20.
Jean, xl, 16-44.
Évang. (muta.).
Évang.
Luc (fragm.).
Marc (fragm.).
Jean (fragm.).
Évang.
Id.
Actes.
Jacques.
Act. Apec.
Art. (fragm.).
Act. cath Apoc.
Cath. (fragm.).
Act. (parties).
Act. (fragm.).
Paul. Id. Id. Id. Paul (fragm.). Id.
4. Apocalypse. (Voir g et h des Actes.)
729, tout en ne s’occupant que du Nouveau Testament et des codex conservés dans les bibliothèques publiques, énumère 2369 manuscrits. Il ne prétend nullement donner une liste complète. — 3° Classification. — La classification généalogique est la plus scientifique. Grâce aux travaux de Berger, de Wordsworth et d’autres savants, elle est aujourd’hui possible pour les manuscrits importants. Elle concorde assez exactement, pour la Vulgate, avec la classification géographique. Nous avons essayé dans le tableau ci-joint de combiner les deux systèmes.
Notre liste comprend : 1. tous les manuscrits collationnés par Wordsworth en vue de son édition critique de la Vulgate ; 2. les principaux représentants des diverses écoles critiques et paléographiques ; 3. un certain nombre de manuscrits qui doivent à une circonstance historique leur intérêt ou leur célébrité, S’il s’est glissé dans le choix un peu d’arbitraire, il ne pouvait guère en être autrement. Du reste nous n’entendons rien préjuger ici sur le classement des manuscrits selon les recensions et les écoles qui sera fait à l’article Vulgate.
PRINCIPAUX MANUSCRITS DE LA VULGATE
NOM USUEL.
- Toletanus…
- Cavensis
Complutensis I. Complutensis II. Complutensis III’Legionensis I..’Legionensis II..’Legionensis III.
JEmilianeus…
Bible de Rosas..
Bible de Huesca.’Fuldensts..’Forojuliensis Peru&inus.. Mediolanensis Harleyanus’' Amiatinus…
cccc
Év. de S. Augustin Stonyhurstensis. Dunelmensis..’Lindisfarnensis. Fragm. d’Utrecht.
Book of Armagh Book of Mulling. Book of Burrow.’Book of Kells.. Book ofSt. Chad. B. ofMac Durnan Book ofMac Regol Egertonensis…
" Bigotianus…
Epternacensis..’Év. de Mayïngen.
Sangermanensis.
Harleyanus…
Év. de S. Gatien.
Év. de S. Martin.
- Colbertinus…
Aniciensis… Bible de Mazarin.
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I. TEXTES ESPAGNOLS
Madrid, Biblioth. nation
Abbaye de la Cava (Italie), 14 …. Madrid, Biblioth. de l’Université, 31..
Id. H. 32…
Id. Id. 33-34.’Léon, Archives de la Cathédrale. …
Léon, Archives de San-Isidro
Id.
Madrid, Académie d’histoire, F. 186..
Paris, Biblioth. nation., lat. 6
Madrid, Musée archéologique… *.
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TEXTES DE TYPE ITALIEN 1. Textes copiés en Italie.
Abbaye de Fulda
Gividaie (Frioul) et Prague et Vienne. Pérouse, Biblioth. du Chapitre …. Milan, Ambrpsienne, C. 39 inf… Londres, Musée britann. Harley 1775.
2. Textes copiés en Angleterre.
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vir-vm’Florence, Laurentienne
Cambridge, Corpus Christi Coll. 286
Oxford, Bodléienne, Bodl. 857 et Auct. D.’II. 14.
Stonyhurst, Collège des Jésuites
Durham, Biblioth. du Chapitre A. 2. 16
Londres, Musée britan. Nero D. IV
Reliés avec le n Psautier d’Utrecht »
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IX’III. TEXTES IRLANDAIS ET ANGLO-SAXONS 1. Manuscrits insulaires.’Dublin, Trinity Collège
Id. ….
Id. A. 4. 5…
Id. A. 1. 6…
Cathédrale de Lichfleld
Londres, Palais de Lambeth …. Oxford, Bodléienne, Bodl. 3964… Londres, Musée britan. Egerton 609.
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2. Manuscrits continentaux.
Paris, Biblioth. nation., lat. 281 et 298…
Paris, Biblioth. nation., lat. 9389
Prince d’Œttingen-Wallerstein
Paris, Biblioth. nation., lat. 11553
Londres, Musée britan. Harley 1772,
Paris, Biblioth. nation., Nouv. acq. lat. 1587 Tours, Biblioth. publique 22.
IV. TEXTES DE TYPE FRANÇAIS 1. Textes languedociens et méridionaux.
1XH" Paris, Biblioth. nation., lat. 254.. ix’-x" Id. Id. lat. 4…
xi’ld. Id. lat. 1…
Bible.
Id.
Id.
Prov.-Apoc.
Bible.
Is.-Apoc.
Bible.
Id.
Id.
Id.
Id.
Nouv. Test.
Évang.
Luc (fragm.).
Évang. (fragm.).
Id.
Bible.
Evang.
Id.
Jean.
Évang.
Id.
Matt.-Jean (fragm.).
Nouv. Test. Évang. Id. Id. Id. Id. Id. Id.
Évang.
Id.
Id.
Prov.-Apoc.
Epître-Apoc.
Évang.
Id.
Nouv. Test.
Bible.
Id.
697
MANUSCRITS BIBLIQUES
PRINCIPAUX MANUSCRITS DE LA VULGATE (suite)
NOM USUEL.
"Bible de Mesmes. "Bible du Puy…
Hubertianus…
Bible de Fleury.
Proph. de Fleury.
Sangermanensis 9,
Bible de Dreux.
- Vallicellianus..
Bible de Tours..
Bible de Bamherg
Bible de Zurich.
Bible de Berne.. fBible de Grandval
Bible de Cologne.
Bible de Glanfeuil
- l r " de Charles le Gh
Bibles d’Angers
Bible de Monza.
Bible de Baie.
- 2° de Charles le Ch.’Paulinus
- Év. de S. Emmeran.’Ps.deCharlesleCh.
Évang. d’Oswego. Codex Adx… Évang. du Sacre. Psaut. d’Adrien 1° Év. d’Abbeville., Év. de S. Médard. Év. de l’Arsenal.
Selden Acts… Bodleyanus.. Ms. de Winithar jMs. de Hartmot Ms. de la Wile. Bib. de Mordramne. Bible de Harding, Évang. d’Autan.. F. de Vercellone. Farfensis …. Bible de Biasca.’Gigas libror.. Demidovianus.
SIGLE.
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LIEU ACTUEL ET COTE.
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2. Théodulfe et l’école de Fleury.
IX* Paris, Biblioth. nation., lot. 9380…
IXe Le Puy, Trésor de la Cathédrale…
IX" Londres, Musée britann., addit. 24142
X* Orléans, Biblioth. de la ville, Il et 13.
IXId. Id. 14…
ix"-x « Paris, Biblioth. nation., loi. 11937..
xr-xip Chartres, Biblioth. publique, 67…,
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3. Alcuin et l’école de Tours.
Rome, Vallicelliana, B. 6
Tours, Biblioth. de la ville, 10
Bamberg, Biblioth. royale, A. I. b…
Zurich, Biblioth. cantonale, Cl
Berne, Biblioth. de la ville, 3 et 4… Londres, Musée britann., addit. 10546. Cologne, Biblioth. du Chapitre, 1…
Paris, Biblioth. nation., lut. 3
Id. Id. lat. 1
Angers, Biblioth. de la ville, 1 et 2… Monza, Archives delà Collégiale, G. 1.. Bâle, Biblioth. de l’Université, A. N. I. 3. » » »
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4. Textes franco-saxons.
Paris, Biblioth. nation., lat. 2… Rome, Saint-Paul-hors-les-Murs… Munich, Biblioth. royale, lat. 14000. Paris, Biblioth. nation., lat. 1152..
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V. ÉCOLE CHRYSOGRAPHIQUE
Oswego, propriété de Th. Irwin.. Trêves, Biblioth. de la ville, 22..
Vienne, Trésor impérial
Vienne, Biblioth. impériale, 652.. Abbeville, Biblioth. de la ville, 1. Paris, Biblioth. nation., lat. 8850. Paris, Biblioth. de l’Arsenal, 599.
VI, TEXTES DIVERS
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Bodléienne, Bodl. 3418
Bodléienne, Laud. lat. 108
Saint-Gall (Stiftsbibl.), 2
Londres, Musée britan., addit. 11€52.. Londres, Musée britan., Reg. I. B. xii. Amiens, Biblioth. publique, 6, 7, 11, 12.
Dijon, Biblioth. publique, 9 bis
Autun, Grand Séminaire, 3
Rome, Barnabites
Rome, Vatican, lat. 5729
M^lan, Ambrosienne, E. 53 inf
Stockholm
Ms. disparu édité par Matthsei
Bible.
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Ane. Test.
Prophètes.
Bible (lacunes).
Bible.
Bihle. Heptat. Bitle.
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Id.
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Id. Mach.-Apoc.
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Id. Évang. Psautier.
Évang.
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Id. Psautier. Évang.
Id.
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Actes.
Paul.
Act. et Apoc.
N. T. sauf Évang.
Bible.
Bible (partie).
Bible.
Évang.
Bible.
Id.
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Id.
Nouv. Test.
La plupart des abréviations en italiques ont été mises en usage par Tischendorf ; quelques-unes par Scrivener et par Berger. — Les lettres sont celles dont Wordsworth se sert pour désigner les manuscrits collatlonnés par lui en vue de son édition critique du Nouveau Testament d’après la Vulgate. Nous avons fait entrer dans notre tableau tous les manuscrits de Wordsworth, excepté : EF vm’-ix", Évang. Londres, Musée britan., addit. 5463>1, ing. vu", Évang. très mutilés, Munich, Biblioth. de l’Universilé, Ms. fol. 29, venant d’Ingolstadt ; Ls, Paul, vnr>, Paris^Biblioth. nation., lat. 335 ; Ma, Act. Cath. Apoc., ix’-x", Munich, lat. 6230 ; R », Paul, vir, Vatican, Regin. lat. 9, parce que l’origine et l’histoire de ces manuscrits sont trop peu connues.
Note. — Dans les tableaux joints à cet article on a essayé de donner partout la cote actuelle des manuscrits en indiquant entre parenthèses l’ancienne cote lorsqu’elle a été changée depuis peu d’années. — Pour les manuscrits conservés à la Vaticane, lorsque le fonds n’est pas spécifié, il s’agit du tonds Vatican proprement dit. — Les numéros des manuscrits grecs de la Biblioth.
nation.. de Paris, sans autre mention, se rapportent aux Codices regii. — Nous avons quelquefois négligé d’ajouter à la cote la mention grec ou latin pour certaines bibliothèques (la Bibl. imp. de Vienne, par exemple) où les manuscrits grecs et latins ont une numérotation à part. Les numéros indiqués par nous sont alors ceux du catalogue spécial. F. Prat. « lAUUH — MAOIN
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- MAOCH##
MAOCH (hébreu : Ma’ôk ; Septante : Xp.pÂy), père d’A-Chis, le roi de Geth auprès duquel David chorcha un refuge pendant la persécution de Saûl. I Reg., xxvii, 2. Sur son identification avec Maacha de III Reg., ii, 39, voir Maacha. 3, col. 465.
MAON (hébreu : Mâ’ôn, « habitation » ou « lieu de refuge » ; Septante : Mawp, Jos., xv, 55 ; partout ailleurs, Mowiv), nom d’un Israélite, d’une ville de Juda et du désert qui est dans le voisinage de cette ville, et enfin d’une autre ville dans le texte hébreu.
1. MAON, fils de Sammaï, de la tribu de Juda. Il fut « le père », c’est-à-dire le fondateur ou le restaurateur de Bethsur (t. i, col. 1747). I Par., ii, 45.
Zebahîm, 1 18, b. Elle ne devait, en effet, pas être sans charme, quand le désert, à l’orient, n’avait pas encore perdu la chevelure de broussailles dont il était revêtu et que toute la campagne des alentours était plantée de vignes luxuriantes dont l’existence ancienne est encore attestée par de nombreux pressoirs que l’on trouve presque à chaque pas. — La ruine recouvre le flanc occidental de la colline. Les arasements des murs et les pierres des décombres témoignent que la petite ville était régulièrement bâtie et devait être de quelque importance. Son approche paraît avoir été défendue par un petit fort dont on voit quelques restes au nord-ouest, au pied de la colline, à quelques pas de la ruine. Il était construit avec des pierres taillées en [bossage d’assez forte dimension. Une tour rectangulaire, d’environ huit
210. — Vue de Tell-Ma’în. D’après une photographie de M. L. Heidet.
2. MAON, ville de la tribu de Juda. Elle est nommée, après Hébron, avec les villes méridionales de la tribu’. Carmel, Ziph et Iota. Jos., xv, 55. La colline sur laquelle sont épandus ses débris est connue sous le nom de Tell-Ma’in (fig. 210) et la ruine elle-même sous celui de Khirbet-Ma’în. Le tell-Ma’in est situé au sud, à un kilomètre de Kermel, six de tell ez-Zif, quatorze d’Hébron et à quatre et demi au sud-est de Yatta. Ces trois noms, Kermel, Zif et Yatta, désignant des lieux voisins de Main et rappelant les trois antiques cités nommées avec Maon, ne permettent pas de douter de l’identité des noms de Ma’în et Mâ’ôn, ni de l’identité de site.
1° Description. — Le tell-Ma’în est assis sur la ligne de faîte des deux versants de la mer Morte et. de la mer Méditerranée, au bord d’un petit plateau onduleux s’étendant à l’ouest, à la distance de quelques kilomètres, vers Sertwûa’et Yatta. Sa hauteur, au-dessus du niveau de la Méditerranée, est de 935 mètres. De son sommet on jouit, sur tout le sud de la’Palestine, d’une vue très étendue, déjà vantée dans les Talmuds. Ta). Bab.,
mètres de longueur et de sept de largeur, bâtie avec un appareil identique à celui de la construction inférieure, couronnait le sommet de la colline. Le tell est perforé de citernes nombreuses et de grottes qui ont dû servir d’habitation, toutes creusées dans le calcaire tendre de la montagne ; un grand nombre d’autres de même genre se rencontrent dans le voisinage.
2° Histoire. — Maon semble avoir été occupée par les descendants de Caleb, car c’est sans doute elle-même ou sa population en général que désignent les généalogies des Paralipomènes et non un fils spécial de Caleb, quand ils portent : « Maon fut fils de Sammaï et Maon fut père de Behtsur. » I Par., ii, 45. Selon toute vraisemblance, il faut entendre : la population de Maon vient de Sammaï (individu ou groupe venus de Sammaï, d’Hébron, de Marésa qui tirent leur origine de Caleb). On sait du reste que Nabal, qui occupait la campagne de Maon, « était calébite. » I Reg., xxv, 3. — faut-il entendre de Maon de Juda et de ses habitants le passage de I Par., iv, 39-41, racontant l’expédition des Siméonites, au temps <m
MAON
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du roi Ezéchias, peur se procurer des pâturages pour leurs troupeaux ? Certains le pensent, mais cette opinion est communément repoussée comme contraire au contexte indiquant clairement une région lointaine, à l’orient de l’Arâbah désignée par le nom de s la vallée ». Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1002, et Gador, t. iii, col. 34.
— La Maon désignée en ce passage est une ville différente, située en effet à l’est de l’Arâbah et au sud-est du territoire de la tribu de Siméon, à vingt-cinq kilomètres environ au sud-est de Pétra, dans une région abondante en sources et fertile en pâturages. Voir Maonites. Il est moins facile de déterminer de quelle Maon il est parlé dans un autre passage des Paralipomènes où les Maonites sont nommés une seeonde fois. Il Par., xxvi, 7. « Dieu l’aida, dit le récit en parlant du roi Ozias, fils d’Amasias, contre les Philistins et contre les Arabes qui habitaient dans Gurbaal et contre les Maonites. » Les Maonites, ham-Me’ônîm dans le texte hébreu, sont devenus de, nouveau « les Minéens », ol Mwsûoi, dans les Septante, et les « Ammonites » dans la Vulgate. Le passage manque dans les versions syriaque et arabe. Les critiques qui croient trouver Gurbaal au pays des Philistins ou dans son voisinage, au tell el-Ghur ou à Ghurra, cherchent les Maonites du même passage non loin, à Maon de Juda. Suivant eux, le roi Ozias n’était pas en état de pousser une expédition militaire jusqu’au delà de l’Arâbah et de Pétra. Pour d’autres critiques le nom des Arabes seul suffit à reporter à l’orient l’expédition d’Ozias, car il n’est pas possible de les chercher à Maon de Juda ni même à l’ouest de l’Arâbah, région habitée au temps d’Ozias, par les Israélites et les Iduméens. Les Septante, d’ailleurs, en employant le même tiom dans les deux passages que nous venons de citer, n’indiquent-ils pas que pour eux, dans les deux cas, Il s’agit du même pays ? et en traduisant, dans le cas présent, le nom de Gurbaal par Pétra, ne témoignent-ils pas que les Arabes en question doivent se chercher l’orient de cette localité, et par conséquent aussi la Maon des Paralipomènes dont ils portent le nom ? Ct. Gurbaal, t. iii, col. 368-360, et Gesenius, Thésaurus, loc. cit. — Au retour de la captivité, le nom de Maon se retrouve dans le nom d’une tribu de Nathinéens revenus avec Zorobabel et appelés les benê-Mëônîm, « les fils des Maonites. s I Esd., ii, 50 ; II Esd., vii, 52. Il s’agit de Maon de Juda, d’après les uns ; de Maon d’Idumée plus probablement, d’après les autres, — Au premier siècle de l’ère chrétienne, Maon avait une population juive et une synagogue ; R. Yohanan ben Zakaï s’y rendait quelquefois. Mekhilta, sect. Yethro, 1, édit. Weiss, p. 69a ; Talmud de Babylone, Sabbath, 139 a ; cf. A. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 121. — Josèphe nomme Maon Emma, Ant. jud., VI, xiii, 6. Les Juifs des temps postérieurs la confondent avec une Maon voisine de Tibériade, connue dans le Talmud seulement, et qui paraît être l’Emmaûs ou « bains » de Tibériade de l’écrivain juif. Ant. jud., XVIII, ii, 3 ; Bell, jud, , IV, i, 3. Cf. Neubauer, Géographie, p. 121, note 11. — Au ive siècle, Eusèbe nomme « Maon (écrite par lui Maviiv) de la tribu de Juda », seulement pour indiquer un désert à l’orient de la Daroma, et en la citant n’ajoute rien de plus. Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, 1862, p. 276 ; De sitn et nomin. hebraic., t. xxiii, col. 909. — Les ruines de Ma’in, ainsi que celles de Kermel, sont considérées par lés gens de Tatta comme leur propriété ; ils envoient paître leurs troupeaux aux alentours. — Voir Robinson, Biblical Researches in Palestine, Boston, 1841, t. iii, p. 193196 ; V. Guérin, Judée, t. iii, p. 170-172 ; A^ P. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1871, p. 530 ; Survey of the western Palestine, Memoirs, 1881-1883, t. iii, p. 404.
L. Heidet.
3. MAON (DÉSERT DE) (hébreu : Midbar-Mâ l ôn ; Septante : ^ êpiino ; Màciv), région inculte et sans villes
à l’orient de la localité du même nom. — Ce désert est indiqué « dans l’Arâbah, à la droite de Jésimon ». I Reg., xxiii, 24. Les Septante, au lien de bâ-ârâbâh, « dans le désert, » ont lu ma-ârâbàh, « à l’occident, » à tort, ce semble, car « à l’occident », sans complément, paraît un non-sens. La Vulgate a suivi les Massorètes et a traduit par in campestribus, « dans la campagne, » c’est-à-dire sans doute dans le territoire désert s’étendant à l’ouest de la mer Morte et connu en général sous le nom de « désert de Juda ». Le Targum a rendu la locution hébraïque « à droite » par un mot indiquant sa signification précise, c’est-à-dire « au sud », de-mid-dâraûm. La version syriaque s’est contentée de dire « à côté ».
I. Description. — 1° Situation. — Le désert de Maon est la partie du désert de Juda située vers le sud de la région pierreuse, sauvage et abandonnée, située en face d’Hébron et de Ziph et particulièrement connue sous le nom de Jésimon. Voir 9 Juda (Désert de), t. iii, col. 17741775, et Jésimon, col. 1400-1401. —Le territoire de Carmel était compris dans le désert de Maon. Cf. I Reg., xxv, 2. Le territoire de Maon lui est assigné par le nom lui-même. — S’il est inutile de songer à tracer des limites précises à un territoire qui, non plus que tous ceux de même nature, n’en a jamais eu, on peut cependant déterminer assez exactement ce que les écrivains bibliques entendent par le désert de Maon. Voisin et au sud du désert de Ziph, puisque David, fuyant devant Saül venant du nord pour le poursuivre, arrive immédiatement au désert de Maon, I Reg., xxiii, 24-25, ce désert devait commencer à la vallée abrupte et profonde qui divisa naturellement les territoires de Ziph et de Maon et aujourd’hui appelée Vouddi-Moldqi. Si aucune donnée historique ne le restreint du côté du midi, il ne paraît pas possible de l’étendre au delà de Youâdi-Seyâl et de lui attribuer des territoires que d’autres villes, comme Arad ou Adada, devaient marquer de leur nom, en exerçant sur eux leur influence. Fixé à l’occident par les petites villes de Maon et de Carmel, il devait se développer jusqu’à la région désolée et déchiquetée, bordant sur une largeur d’environ 10 kilomètres le rivage de la mer Morte, que le désert d’Engaddi ou le Jésimon réclament pour eux.
2° Caractère*. — Les caractères du désert de Maon sont en général ceux du désert de Juda au sud-est de Jérusalem et à l’est de Bethléhena. C’est un massif de collines d’un calcaire crétacé, recouvertes d’un sol peu profond de sable formé de pierre écaillée, de silex broyé et de gravier. Çà et là le rocher apparaît nu et gris. Par régions croissent des lentisques, des genêtsdu pays ^à fleur blanche et quelques autres arbustes épineux. Pendant l’hiver, quand les pluies tombent abondantes, le sol se recouvre d’un tapis de gazon ténu et court, d’un vert tendre, parsemé de fleurs nombreuses aux plus vives couleurs ; pendant l’été, ce gazon desséché et jauni suffit encore, pour leur nourriture, auxtroupeaux de chèvres et de moutons qui paissent toute l’année sur le flanc des collines. En quelques endroits, au fond d’une vallée ou sur un étroit plateau, de petits espaces, où s’est réunie un peu de terre végétale, sont semés d’orge ou de doura. Près de leur enclos, la famille du bédouin a dressé ses tentes pour surveiller d’un œil jaloux son petit champ et sa moisson. Les silos et les citernes creusés dans le roc dès les temps les plus anciens sont à côté. Les silos garderont les produits de la récolte et la paille dont seront nourris les chameaux ; les citernes, obstruées par de grandes pierres, conserveront la provision d’eau où pendant la saison sèche les femmes du campement transporté plus loin viendront encore remplir leurs outres et où le pasteur amènera ses brebis au milieu de la journée pour les abreuver. Le désert de Maon n’est pas le désert horrible et inhabité, c’est le désert aux horizons ouverts et vastes, brillant le matin et le soir des miroitements cristallins de. la pourpre et de l’or, c’est la grande campagne à l’air pur, embaumé et viviw
MAON — MAONITES
704
fiant, à travers laquelle l’Arabe nomade, satisfait du produit de ses troupeaux, peut promener son indépendance et vivre simple et calme.
II. Histoire. —Tel est aujourd’hui ce désert, tel il était quand David avec les hommes qui le suivaient vint y chercher un refuge. Averti par les Ziphéens que le fils d’Isaï se cachait dans le voisinage de leur ville, Saül y vint avec une troupe dans le dessein de se saisir de lui. David s’était hâté de passer au désert voisin de Maon, où il était descendu au séla c’est-à-dire dans une région de rochers ou dans une vallée creusée dans la pierre. Saùl l’y poursuivit et tandis que celui-ci « marchait d’un côté de la montagne, David et ses hommes allaient de l’autre coté. Or, David désespérait de pouvoir échapper à Saûl, car celui-ci avait réussi avec ses hommes à entourer David et les siens comme d’un cercle et il était près de se saisir de lui ». En ce moment un messager apporta à Saül la nouvelle que les Philistins venaient d’envahir son territoire. Le roi dut abandonner sa poursuite pour se porter à la rencontre des Philistins. « C’est pourquoi, ajoute l’historien sacré, cet endroit fut appelé Séla’ham-Mahleqôt, « le rocher de la séparation, » pour indiquer soit la situation dans laquelle se trouvaient respectivement les troupes de Saûl et de David, soit plutôt pour rappeler le départ forcé de Saül et des siens. I Reg., xxiii, 24-28. — Les modernes ont cru reconnaître le nom de malileqôt, dans celui de l’ouadi Maldqi’, situé, comme nous l’avons dit, aux confins septentrionaux du désert de Maon. Voir Conder, Tent Work in Palestine, Londres, 1879, t. ii, p. 339 ; Surveyof Western Palestine, Mémoire, t. iii, 1883, p. 314 ; Armstrong, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 154. Si, dans Maldqi’privé de la lettre ii, on peut ne pas reconnaître une dérivation de mahléqôt, le caractère de cette vallée, grande crevasse rocheuse et abrupte si apte à servir de refuge et de cachette et répondant si exactement au ugai hébraïque de séla’, sa situation à l’entrée du désert de Maon, où devait se trouver David poursuivi par Saùl, ne permettent guère de douter de l’identité du lieu. Le nom de ouâd’el-Khabrah, « la vallée de la."nouvelle, du message, r> donné à l’ouadi Maldqi’, là où il cesse d’être un abîme ouvert au milieu du désert, ne serait-il pas aussi une appellation traditionnelle faisant allusion au même fait raconté par la Bible ? Quoi qu’il en soit, David, après le départ de Saûl, craignant le retour de son persécuteur, se réfugia dans le désert plus inabordable d’Engaddi. Le roi d’Israël revint, en effet, et il ne se désista de sa poursuite que vaincu par la magnanimité de David, quand celui-ci l’eut épargné dans la caverne où il se contenta de couper le bord de son manteau. I Reg., xxiv. Après que Saül se fut éloigné, David et ses gens montèrent de nouveau au désert de Maon. IReg., xxv, 2. —Le texte hébreu actuel, la Vulgate, la version syriaque et la plupart des autres, lisent Pardn ou Pharan, au lieu de Maon. Cette dernière leçon est celle des Septante (Codex Vaticanus) : s’adaptant seule à la suite du récit, « lie est sans contredit la véritable et l’erreur des autres s’explique facilement par la similitude graphique des noms pyD et pas. — Le jꝟ. 2 est un simple préambule pour indiquer le lieu où se passa l’épisode de Nabal et d’Abigaïl. Nabal ayant refusé de faire participer David et ses gens à la fête de la tonte des brebis, David voulut s’en venger, mais sa colère fut apaisée par Abigaïl, femme de Nabal, et celui-ci étant mort quelques jours après, elle devint l’épouse du jeune héros. I Reg., xxv. Voir Abigaïl 1, t. i, col. 47 ; David, t.n, col. 1313. Ce récit le fait présumer, David habita assez lontemps le désert de Maon, sans qu’il soit possible néanmoins de fixer la durée de ce séjour. Il quitta ensuite ce désertpour retourner au désert de Ziph. I Reg., xxvi, 2. — La région qui fut le désert de Maon est aujourd’hui appelée du nom de la tribu des
Arabes nomades qui l’occupent, « le territoire des Arabes Djâhalin. » La zone de leur parcours s’étend au delà de Î’ouâdi-Seyâl, jusque dans le voisinage i’ez-Zoueirdh. Leur nom (sing.’Djdhal) a la. même signification que celui de l’antique occupant du district, Nabal> « sot, ignorant, insensé. » Cf. I Reg., xxv, 23. La réputation de la tribu parmi les autres Arabes répond à son nom et paraît justifiée. Étant descendu, en 1898, dans un de leurs campements pour y passer la nuit, nous rencontrâmes un homme qui se mit à vanter les exploits de sa jeunesse, parmi lesquels il comptait une trentaine d’assassinats que rien ne justifiait. Le clan auquel nous avions demandé l’hospitalité était celui de feu Abou Da’ouk dont F. de Saulcy a eu l’occasion de tracer le portrait dans son Voyage autour de la mer Morte, 2 in-S », Paris, 1853, t. i, p. 179-183. L. Heidet.
4. MAON, nom, dans le texte hébreu, d’une ville et de la tribu qui l’habitait. Jud., x, 12. Les Septante ont rendu ce nom par MaSiân et la Vulgate par Chanaan. La leçon Chanaan de la Vulgate, Jud., X, 12, est sans doute inexacte ; mais celle des Septante, Madian, est peut-être correcte dans ce passage ; elle a, en tout cas, l’avantage de faire allusion à des faits connus et récents, à l’invasion des Madianites du temps de Gédéon, dont l’histoire est racontée, Jud., vi-viii, ix, 17, tandis qu’il n’est nulle part question dans l’Écriture d’une guerre des Hébreux avec les Maonites au temps des Juges. Il est néanmoins possible que Maon désigne ici la ville principale de la tribu des Maonites dont il est parlé dans plusieurs passages de l’Écriture. Voir Maonites.
- MAONATHI##
MAONATHI (hébreu : Me’ônôtai ; Septante : Mavoc-Oî), fils d’Othoniel, de la tribu de Juda, d’après la Vulgate. I [Par., iv, 13-14. Elle porte : » Les fils d’Othoniel, Hathath et Maonathi. Maonathi engendra Ophra. » L’hébreu et les Septante nenommentpointMaonathiparmi les filsd’Othoniel et ils le font apparaître sans avoir parlé de sa filiation : « Fils d’Othoniel : Hathath. Et Maonathi engendra Ophrah. » Il est difficile de ne pas reconnaître une lacune dans ces deux textes et il y a lieu de croire que les copistes ont omis ce nom par mégarde dans le ꝟ. 13, tandis que la Vulgate l’a exactement conservé. En.hébreu, me’ônô [ai signifie « mes habitations », ce qui a fait penser à plusieurs qu’Othoniel aurait fondé ou restauré une ville de ce nom. On ne trouve du reste nulle part ailleurs de localité appelée Me’ônôtai ; quelques-uns ont pensé qu’il pouvait être question de la ville de Maon, qui était en effet dans la tribu de Juda. Jos., xv, 55. Voir Maon 2, col. G99.
- MAONITES##
MAONITES (hébreu : Me’unîm ; Septante : Mivaîot), tribu probablement iduméenne. La Vulgate n’a conservé leur nom que dans Esdras et Néhémie, sous la forme Munim. I Esd., ii, 50 ; II Esd., vii, 52. Quoique le pays qu’ils habitaient ne soit pas connu d’une manière certaine, on croit assez communément aujourd’hui que les Me’unîm. avaient pour centre principal la ville de Ma’an, dans les montagnes de l’Idumée.
I. Site. — 1° Le nom de la ville qui paraît avoir été le centre de leur tribu s’est conservé jusqu’à nos jours sous la forme Ma’an. On distingue le grand Maan, au nord, et le petit Maan au sud. Les deux villages sont à une distance d’un quart d’heure l’un de l’autre, à cinq heures de voyage à l’est de Pétra, sur la route des pèlerins musulmans qui se rendent de Syrie à la Mecque et qui font une halte de deux jours en ce lieu à cause des sources qu’on y rencontre. L’endroit est très fertile et produit des grenades, des abricots et des pêches en abondance et d’excellente qualité, mais il est placé au milieu d’une contrée rocheuse, qui a fait donner son nom à l’Arabie Pétrée t et les environs ne peuvent pas être cultivés, ce qui oblige les habitants à se pourvoir ailleurs de blé et d’orge. Ils vivent surtout de brigandage
et de razzias et habitent dans des maisons bâties en pisé. J. L. Burckhardt, Travels in Syria, in-4°, Londres, 1822, p. 436-437 ; Fr. Buhl, Geschichte der Edomiter, p. 12, 42 ; Ch. M. Doughty, Travels in Arabia déserta, 2 in-8°, Cambridge, 1888, 1. 1, p. 32-35. Malgré les rochers qui font du pays un désert, il y pousse des herbes sauvages qui sont très goûtées des chameaux, Burckhardt, ïbid., de sorte que les Maonites ont pu être autrefois une tribu pastorale florissante, comme il est dit des Me’anîm, dans le récit de I Par., iv, 4t. — 2° F. Buhl, Geschichte der Edomiter, p. 41-42, relève ce qu’il y a d’incertain dans l’identification des Me’unîm avec les habitants de Ma’an et propose de voir le nom des Me’unîm dans celui du puits appelé Madjen, sur le mont’Araï, ïbid., p. 17, mais cette opinion ne repose que sur une pure ressemblance de nom. — Ed. Glaser, Skizze der Geschichte und Géographie Arabiens, t. ii, 1890, p. 450, assimile les Me’unîm aux Minéens, Strabon, XVI, iv, 2 ; Diodore de Sicile, III, xiii, 5, en s’appuyant sur l’épigraphie. On objecte contre son hypothèse que les Minéens habitaient un pays trop éloigné, au sud-ouest de l’Vémen, pour qu’on puisse les confondre avec les Maonites de la Bible. Voir Gesenius, Thésaurus, p. 1002. Il est vrai que les Septante ont rendu Me’unîm par Minéens, Msivaîoc ou Mtvaïoç, I Par., iv, 41 (Lucien : Kivaiovc) ; II Par., xx, 1 (Lucien : Antiavcsin) ; xxvi, 8 ; Job, ii, 11 ; xi, 1 ; xx, 1 ; xlii, 17e (cf. Hatch et Redpath, Concordance to the Septuagint, Supplément, 1900, p. 111), mais cette traduction est en réalité en contradiction avec l’Écriture elle-même qui indique que les Me’unîm habitaient le pays d’Édom. On voit d’ailleurs par les variantes de la recension de Lucien que la leçon Mtvaîoi est douteuse en quelques endroits. Dans I Esd., H, 50, le nom est aussi transcrit Moovvl’h ou MavMS|ne£v et dans II Esd., vii, 52, Ms’iviiv ou Msoeivtàu. — Sur les Minéens, voir W. Smith, Dictionary of Greek and Roman Geography, t. ii, 1857, p. 357-359 ; J. II. Mordtmann, Beitrâge zur Minâischen Epigraphie, in-8°, Weimar, 1897 (dans les Semitische Studien de Bezold, Heꝟ. 12) ; Fr. Hommel, Das graphische n im Minâischen und das Aller der minâischen Inschriften, dans les Mitteilungen der vorderasiatischen Gesellschaft, 1897, p. 258-272 ; H. Winckler, Musri, Meluhha, Ma’in, ibid., 1898, i, îv ; Otto Weber, Das Alter der minâischen Reichs, ifeicf., 1901, p. 1-60 ; Fr. Hommel, Sùd-Arabische Chrestomathie… Minàische Inschriften, in-4°, Munich, 1893.
II. IIistoire. — 1° D’après plusieurs commentateurs, il est déjà question des habitants de Maon d’Idumée dans Jud., x, 12, mais le fait est douteux. Voir Maon 3.
— 2° Les Maonites paraissent pour la première fois, d’une manière certaine, sous le règne de Josaphat, roi de Juda. Dans la coalition qui se forma contre ce prince, les Moabites et les Ammonites eurent pour alliés les Maonites. H Par., xx, 1 ; cꝟ. 10, 23 (la Vulgate a par erreur « Ammonites », au ꝟ. 1). Mais la mésintelligence éclata entre eux et tourna les descendants de Lot contre les Maonites et ceux-ci furent exterminés. Voir Josaphat 3, t. iii, col. 1649. — 3° Plus tard, un des successeurs de Josaphat, Ozias, assujettit les Me’unîm, qui lui payèrent tribut. II Par., xxvi, 7-8. Dans cet endroit, comme dans le précédent, la Vulgate confond encore’les Maonites avec les Ammonites. Au ꝟ. 8, le texte hébrejà porte « Ammonites » comme le latin, mais la leçon des Septante et le contexte lui-même montrent qu’il faut lire Me’unîm dans le texte original. — 4° Il est raconté, I Par., iv, 41-42, que sous le règne d’Ézéchias, arrière-petit-fils d’Ozias, des Siméonites battirent les Maonites (la Vulgate a omis leur nom) et s’établirent dans leur pays, abondant en pâturages. Voir le récit de leur expédition au mot Gador, t. iii, col. 34. — 5° Les fils des Me’unim sont mentionnés dans I Esd., ii, 50, et II Esd., vu, 52, parmi les Nathinéens (voir Nathinéens), qui
WÇT. DE LA DIDI-E.
revinrent avec Zorobabel en Palestine de la captivité de Babylone. Ce sont les deux seuls passages de l’Écriture, où la Vulgate ait conservé leur nom, qu’elle écrit Munim. Ils sont énumérés immédiatement avant les Nephusim, tribu ismaélite qui devait résider à l’est de la Palestine et non loin de Ma’an. Comme ils figurent dans la liste des Nathinéens, qui étaient les serviteurs du Temple, on doit en conclure que ces Me’unîm revenus de captivité étaient les descendants de Maonites qui avaient été emmenés captifs à Jérusalem, à la suite d’une des guerres faites contre eux par les rois de Juda. F. Vigouroux,
- MAOZIM##
MAOZIM (hébreu : Md’uzzîm ; Septante : MatùÇeîp). Dans une des révélations que reçoit Daniel, XI, 37-39, il est dit d’un roi : « Il n’aura égard ni aux dieux de ses pères, ni à l’objet du désir des femmes ; il n’aura égard à aucun dieu, car il se glorifiera au-dessus de tous ; mais le dieu des md’uzzîm à la place (des autres dieux, et non « sur son piédestal » ), il honorera ; et le dieu que ne connaissaient pas ses pères, il honorera avec de l’or et de l’argent et des pierres précieuses et (tout) ce qu’on peut désirer. » Ce prince est probablement Antiochus IV Épiphane, qui se fit honorer à Jérusalem sous le titre de 8sb ; êmipav^ ; et & se glorifia ainsi au-dessus de tous » lesdieux. Quant au dieu des mâ’uzzîm, les versions en ont donné des leçons très variées. Au lieu de « Mais le dieu des mâ’uzzîm à la place (des autres dieux), il honorera », îes Septante (édit. Swete, t." iii, Cambridge, 1894), donnent : xa moiayratxai <xùtô ïOvy] layypâ, lia tôv tôhov a-ÔToO xivirjæi. Dans l’édition de Sixte-Quint, nous trouvons la transcription matérielle de notre texte hébreu : Osôv McthiÇeÉn. De même dans le Codex Alexandrinus : ^auiÇef. La Vulgate, suivant le même procédé, lit deum Maozim. Enfin la Peschito a traduit’alôho’aStno (Polyglotte de Walton), ce qui suppose un texte hébreu w rthn, « un dieu fort. » Un
assez grand nombre d’exégètes, depuis Gesenius, Thésaurus, p. 1011, jusqu’à Marti, Das Buch Daniel, Leipzig, 1901, p. 88, voient dans ce dieu Jupiter Capitolin dont Antiochus IV introduisit le culte en Syrie et auquel il commença à élever un temple dans Antioche ; cf. Tite-Live, xli, 20 ; et ils traduisent l’hébreu par Deus munimentorum. G. Hoffmann, Ueber einige pho’n. Inschriften, p. 29 (dans les Abhandl. der Ges. der Wissench. zu Gott., 1890), a pensé à Zeûç IIoÀtsû ; . Mais, ainsi que le remarque Marti, ce dieu était le dieu de la famille des Séleucides. S’il s’agissait de lui, l’auleur sacré ne pourrait pas reprocher à Antiochus IV d’avoir abandonné les dieux de ses pères. Bevan, Journ. of Hell. Stud., 20, 26-30 (1900), propose de reconnaître dans le dieu des ma’uzzim Antiochus lui-même divinisé ou le Jupiter Olympien avec lequel le roi se serait identifié ; cf. II Mach., VI, 2, et Schrader, Die Keilinschriften und das alte Testament, Berlin, 1903, p. 303. En réalité, le mot hébreu mâ’uzzîm, dwd, paraît venir de iii, « chercher
un refuge, » plutôt que de ttît, « être fort, » et il signifie « forteresse » dans le sens de lieu de refuge. C’est avec cette signification qu’il est employé en d’autres passages de la Bible, par exemple, dans ce même chapitre, Dan., xi, 7 10, et Is., xvii, 9, etc. — Voir Gesenius-Buh], HebrâischesundvramâischesHandwôrterbuch, Leipàg, 13e édit. ; Cheyne, Encyclopsedia biblica, t. iii, 1902, col. 2988. Le dieu des mâ’uzzîm serait donc le « dieu des forteresses » ou le « dieu des refuges », c’est-à-dire probablement le Jupiter hospes (Vulgate : hospitalis), Zeû ; {évioç (Septante) que le roi voulait faire vénérer par les Juifs, d’après II Mach., vi, 2. Voir Jupiter, t. iii, col. 1867.
P. Martin.
- MAPSAM##
MAPSAM (hébreu : Mibsâm ; Septante : Maêaaiy.), fils de Sellum, de la tribu de Siméon. I Par., IV, 25. Il eut pour fils Masma. Cf. Mabsam, col. 471.
IV. - 23
1. MARA (hébreu : Màrâ’; Septante : TTixpi). Quand Noémi revint du pays de Moab à Bethléhem sa patrie, elle dit aux femmes de la ville qui la reconnaissaient et l’appelaient par son nom : « Ne m’appelez pas Noémi (la belle ou l’agréable), appelez-moi Mara (l’amère), parce que le Tôut-Puissant m’a remplie d’amertume (hêniar). » Ruth, I, 20. Elle faisait par là allusion à la mort de son mari Elimélech et de ses deux fils, Mahalon et Chélion, qu’elle avait perdus dans le pays de Moab, où ils étaient tous allés se réfugier pendant une famine. Voir Noémi.
2. MARA (hébreu : Marak, Exod., xv, 23 ; Num., xxxiii, 8 ; xxxiii, 9 ; avec hé local, Marafah, Exod., xv, 23 ; Septante : Méppa Ilixpia, Exod.. xv, 23 ; et Ilixptai, Num., xxxiir, 8 ; xxxiii, 9), première station des Israélites dans le désert, après le passage de la mer Rouge. Exod., xv, 23-26 ; Num., xxxiii, 8-9. Le nom de Marah, donné à cette localité, Exod., xv, 23, par anticipation, dérive de la racine mârâr, a être amer. » Les Israélites appelèrent cette première station après le passage de la mer Rouge Marah, parce que les eaux qu’ils y trouvèrent étaient maryim, « amères. » « Après que Moïse eut fait sortir les Israélites de la mer Rouge, ils entrèrent, dit l’Exode, xv, 22-23, au désert de Sur (voir Sur) ; et ayant marché trois jours, dans la solitude, ils ne trouvaient point d’eau. Ils arrivèrent à Mara ; et ils ne pouvaient boire des eaux de Mara parce qu’elles étaient amères. C’est pourquoi on lui donna un nom qui lui était propre, en l’appelant Mara, c’est-à-dire amertume. »
I. Identification. — Où était situé Marah ? Les pèlerins anciens ne se sont pas préoccupés de l’identifier. Cf. S. Jérôme, De situ et nominibus toc. hebraic, t. xxiii, col. 909. — Sainte Silvie, dans les fragments de
— Fontaines d’Ayoun-Mouça.
D’après une photographie.
son pèlerinage au Sinaï(vers l’an 385) publié par GamurrinijjSfattK e documenti di storiae diritto, an. ix, Rome, 1^88, n’en parle pas, non plus qu’Antonin de Plaisance (vers l’an 570), Itinéraire, dans les Acta sanct., maii X. H (1680), p. xv, n. xli. Dans les siècles suivants, on a identifié Marah avec Ayoun-Mouça, « les fontaines de Moïse, » à douze milles environ de Suez, à l’est de la mer Rouge. C’est une petite oasis où l’on rencontre quelques sources d’eau limpide ; ïnais’légèrement saumâtre, avec des bouquets de palmiers ; . CJ’.’àdrichomius, Descriptio
deserti Pharan, Cologne, 1660, n. 39 59 ; P. Belon, Observations de plusieurs singularités, II, 57, Paris, 1588, p. 275 ; Fr. Quaresmius, Elucidatio Terrée Sanctie, Venise, 1881, t. ii, p. 732. On peut bien admettre, selon la tradition locale, que les Israélites, en allant de la mer Rouge à Marah, se soient reposés à Ayoun-Mouça (fig. 211) selon la coutume des pèlerins qui vont de l’Egypte au Sinaï, mais on ne peut identifier les fontaines de Moïse avec Marah, parce qu’elles ne sont pas à trois jours de distance de la mer Rouge. Un voyageur du xv siècle, Surianus, Trattato di Terra Sanctae deW Oriente, édité par le P. G. Golubovich, des Frères Mineurs, Milan, 1900, p. 175, distingie avec raison « les fontaines de Moïse » de Marah. Un grand nombre d’explorateurs modernes depuis Burckhardt, Travels in Syria, 1822, p. 472, identifient Marah avec Aïn-Haouarah (fig. 212), presque à 20 kilomètres de Ayoun-Mouça, vers le sud, sur la voie traditionnelle de Suez au Sinaï. Cf. Schubert, Reise in den Morgenland, 1839, t. ii, p. 274 ; Robinson, Biblical Researches, 1841, t. i, p. 97 ; Grant, Egypt and Sinai, p. 197 ; Wellsted, Travels in Arabia, 1838, t. H, p. 39-40 ; Lottin de Laval, Voyage dans la péninsule arabique du Sinaï, in-4°, Paris, 1855-1859, p. 214 ; Tischendort, Reise in den Orient, in-8°, Leipzig, 1846, 1. 1, p. 188 ; Ebers, Durch Gosen zum Sinai, p. 116 ; Bartlett, Front Egypt to Palestine, p. 198 ; Crelier, L’Eocode, Paris, 1895 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. ir, p. 451. — Voici leurs arguments : — 1° Quoique l’étymologie de Marah soit plus d’accord avec Ouadi-Mereira, « la vallée de l’eau amère, * à 46 kilomètres d’Ayoun-Mouça, cf. H. S. Palmer, Sinai, in-12, Londres, p. 190, cependant on peut bien appliquer aussi la signification de ce mot à Aïn-Haouarah, « la fontaine de la destruction ou de la ruine. » — 2° En admettant, selon l’opinion traditionnelle et assez commune encore aujourd’hui, que le passage miraculeux de la mer Rouge ait eu lieu dans les environs de Suez, la distance d’Aïn-Haouarah concorde exactement avec les trois jours de chemin indiqués par le texte biblique.
— 3° Les Israélites, dans ces trois jours, « marchèrent dans le désert et ils ne trouvèrent point d’eau. » Exod., xv, 22. « Cette notice laconique, observe H. S. Palmer, Sinai, p. 189-190, met parfaitement en relief le caractère principal de cette contrée à l’époque actuelle. Une plaine morte et stérile, couverte seulement de quelques herbes et de quelques arbustes misérables, des cailloux noircis et rayés par le sable, une monotonie désolante, l’absence totale d’eau, à part celle que fournissent une demidouzaine de crevasses remplies d’eau saumâtre, sur une superficie de 1 400 kilomètres carrés, tout cela ne produit que trop vivement dans l’esprit du voyageur l’impression d’un désert sans eau. » — 4° En outre, la physionomie de la contrée, la qualité des eaux et la position d’Aïn-Haouarah favorisent cette opinion. « La fontaine, dit Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. ii, p. 452, est au centre d’une petite éminence, établie sur un dépôt calcaire : elle a environ l^SO de circonférence et 60 centimètres de profondeur. La qualité de l’eau varie un peu, selon les saisons, mais elle est toujours mauvaise et amère. Au témoignage de Burckhardt, les hommes ne peuvent la boire et les chameaux eux-mêmes ne s’y désaltèrent que lorsqu’ils souffrent beaucoup de la soif. Randall la compare à une solution légère de sel de Glauber, Bartlett ou sel d’Epsom. » On a objecté, contre cette identification, la petite quantité d’eau qu’on trouve à Aïn-Haouarah, et qui est insuffisante pour désaltérer une multitude comme celle des Israélites et leurs troupeaux. Cette objection, dans l’état actuel d’Aïn-Haouarah, pourrait peut-être créer quelque difficulté ; mais en ce temps-là la fontaine d’Aïn-Haouarah pouvait être plus abondante’.
Quoique l’identification de Marah avec Aïn-Haouarah soit aujourd’hui la plus commune, il y a cependant des 709
MA&A
710
voyageurs et des commentateurs qui se refusent à l’admettre. Les explorateurs anglais de VOrdnance Survey of the Peninsula of Sinai, 1868, ne se prononcent pas sur la localisation de Marah. F. von Hummelauer, Comment, in Exod., Paris, 1897, p. 163, acceptant l’opinion de Hitzig, identifie Marah avec Aïn-Naba ou Aïn-el-Gharqad, où est une fontaine très abondante d’eau saumâtre, à trois heures de Suez vers le sud, et une heure avant Ayoun-Mouça dans la même direction. Hummelauer, pour confirmer son opinion, dit que « les trois jours » de distance dont parle le texte sont indiqués non pas pour déterminer le temps employé pour arriver de la mer Rouge à Marah, mais pour faire ressortir la grande soif qui tourmentait les Israélites. Il faut reconnaître que dans l’état actuel de nos connaissances, comme nous ignorons le point précis du passage de la
divisé dans le sens de la longueur, le jeta dans la fontaine et commanda aux Hébreux d’ôter l’eau de dessus, les assurant que au-dessous ils y trouveraient une eau potable, ce qui arriva. On ne saurait dire si l’historien juif a inventé ces détails ou s’il les a empruntés à quelque tradition populaire. Il ne détermine pas du reste quel était le bois employé. Les Pères de l’Église, sans examiner pour la plupart si la propriété de ce bois était naturelle ou non, et sans rechercher sa nature, se bornent à signaler le type figuratif du bois de la Croix. Cf. Cornélius a Lapide, Comment, in Exod., Naplès, 1854, t. i, p. 371. Cependant S. Augustin, Quxst. in Heptat., t. xxxiv, col. 615, avec raison ne se prononce pas sur le caractère naturel ou surnaturel de la propriété curative du bois. Le Pseudo-Augustin, De mirab. S. Script., Pair, lat., t. xxxv, col. 2167, nie que la propriété
212. — Le AinEaouarah.
mer Rouge, et la route exacte suivie par les Israélites pour se rendre au Sinaï, nous ne pouvons pas établir avec certitude le site de Marah ; mais si l’on admet avec un grand nombre d’auteurs anciens et modernes que le passage de la mer Rouge est bien vers l’extrémité nord du golfe de Suez actuel, l’identification de Marah .avec Aïn-Haouarah est très vraisemblable. Cf. Vigouxoux, La Bible, t. ii, p. 452.
II. Les eaux amères ou saumatres. — Le texte sacré, Exod., xv, 25, dit que Moïse adoucit les eaux de Marah, jour que son peuple pût les boire, au moyen d’un bois que le Seigneur lui indiqua. Ce fait est menlionné encore dans Judith, v, 15, et Eccli., xxxviii, 5. L’effet de l’adoucissement des eaux de Marah fut-il dû à une propriété spéciale de ce bois, ou à une action directe de Dieu ? Le bois en question avait-il naturellement cette propriété, ou bien la reçut-il seulement dans ce cas ? Le’êf de l’hébreu est-il un bois connu ?
Voilà les questions que se sont posées beaucoup de voyageurs et d’exégètes anciens et modernes sans arriver à les résoudre d’une manière satisfaisante. — D’après Josèphe, Ant. jud., III, i, 2, Moïse, ému par les plaintes du peuple, pria Dieu, prit un bâton et après l’avoir
en question fût naturelle. Les exégètes modernes se divisent, quoique la majeure partie d’entre eux retient qu’il s’agit d’une propriété naturelle. — Elle est surnaturelle d’après R. Salomon, Abulensis, Glassius, Léon de Laborde, Commentaire géographique de l’Exode, in-f°. Paris, 1841, p. 84, et autres. — Elle est naturelle, d’après Nicolas de Lyre, Ménochius, Tirinus, Valois, Cajetan, Estius, et les modernes généralement. L’Ecclésiastique, xxxviu, 4-5, semble confirmer cette opinion. Cf. Cornélius a Lapide, Comment, in Pentateuch., Anvers, 1697, p. 457 ; J. de la Haye, Biblia Maxima, Paris, 1660, t. II, p. 125 ; dom Calmet, Comment, in S. Script., Lucques, 1730, t. i, p. 455.
La même variété d’opinions existe parmi ceux qui ont essayé de trouver la plante ou l’arbuste correspondant A Ves de l’Exode. Selon R. Salomon et Abulensis, c’est Yadelpha, une plante très amère ; pour Glassius, c’est un poison. D’après Calmet, Dictionnaire de la Bible, édit. Migne, 1845-1846, t. iii, col. 332, les Orientaux l’appellent alnah. Parmi les explorateurs modernes, depuis Burckhardt, Travels in Syria, 1822, p. 473, on a parlé beaucoup d’une plante appelée gharkad ou ghûrkûd, le peganum retusum de Forskal, Flora Mgyptiaco-arabica, in-4°,
Copenhague, 1775, p. lxvi : c’est un petit arbuste épineux qui est commun près des sources, et produit en été une baie rouge, douce au goût. Cf. aussi R. L. Deslontaines, Flora Atlantiea, 2 in-4o, Paris, 1778, t. i, p. 372. Mais H. S. Palmer, Sinai, p. 40, dit que la baie en question n’a aucune propriété pareille, et n’a jamais été supposée la posséder par les Arabes. Burckhardt reconnaît lui-même que les Arabes ne possèdent aucun moyen d’adoucir l’eau saumâtre. Travels in Syria, 1822, p. 473. Partagent la même opinion : Murray, Handbook for travellers in Egypt, 1880, II » part., p. 342 ; Ebers, Durch Gosen zum Sinai, p. 116-118. Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. ii, p. 453-455. Cependant Lottin de Laval, Voyage dans a péninsule arabique, p. 215, prétend que les Arabes connaissent un moyen de corriger Pâcreté des eaux ; ils emploient l’arbuste nommé lassaf, qui a quelque ressemblance avec le houx commun ; et aussi des rameaux du câprier. Pour obtenir le même effet, Ferdinand de Lesseps dit que les Arabes se servent d’une espèce d’épine-vinette. Conférence de M. Ferdinand de Lesseps à Nantes sur le canal maritime de Suez, cercle des Beaux-Arts, 8 décembre Î866, in-12, Paris, 1867, p. 12. Il n’est pas improbable que ces deux explorateurs aient été mal informés par les Arabes, toujours extrêmement complaisants avec les étrangers ; mais quand même on serait sûr qu’ils possèdent vraiment un moyen pareil, comment affirmer que c’est de celui-là que Moïse s’est servi ? A. Molini.
- MAR ABA##
MAR ABA, patriarche nestorien de 536 à 552, né à IJalé, près du Tigre, dans le pays de Radan, mort à Séleucie-Ctésiphon. D’après sa biographie publiée par le P. Bedjan, le patriarche Mar Aba 1er appartenait d’abord à la religion de Zoroastre. C’était un homme instruit et puissant qui tourmentait les chrétiens. Converti à la suite d’un prodige, il fut baptisé dans le village d’Akad, s’adonna à l’élude des Saintes Écritures dans l’école de Nisibe, y apprit le psautier en quelques jours et fut chargé enfin d’enseigner au pays d’Arzoun. Plus tard il voulut visiter les saints lieux ; il s’arrêta à Édesse où il apprit le grec, il alla ensuite à Alexandrie où il expliqua en grec les Saints Livres ; il visita la Thébaïde, Athènes et Constantinople. De retour à Nisibe, il voulut se retirer au désert, pour y fuir la vue des discordes de l’Église nestorienne, dotée alors de deux patriarches ennemis. Les évêques l’obligèrent à enseigner à Nisibe, puis le choisirent pour patriarche, l’an 536, d’après Amr et Bar-HébræuSj ou l’an 539, d’après Élie. Cf. Braun, p. 93. Il pacifia l’Église nestorienne. Plus tard, revenu à Séleucie-Ctésiphon, il passait sa journée, jusqu’à la quatrième heure, à interpréter lés Saints Livres et ensuite à rendre la justice entre fidèles et fidèles ou entre fidèles et païens, puis, durant la nuit, il écrivait aux divers diocèses. Les Mages, jaloux de ses succès, l’accusèrent auprès du roi de Perse d’être l’ami des Romains, de convertir des Mages à sa religion, d’empêcher les chrétiens de manger certaines viandes et de plaider devant les Mages et de leur détendre d’épouser la femme de leur père, leur bru ou leur tante. Après de longues discussions, Mar Aba fut exilé en Adorbigan, dans un village nommé Seres de Magousé, où était l’école centrale des Mages. Il y resta sept ans (542-549), après quoi, menacé de mort par les Mages qui avaient envoyé un émissaire pour le tuer secrètement, il s’enfuit à Séleucie-Ctésiphon et demanda au roi de le juger et de le faire mourir au grand jour s’il le méritait. Le roi lui fut favorable, mais les Mages le persécutèrent toujours et il passa les trois dernières années de sa vie (549-552) tantôt libre et tantôt prisonnier et chargé de chaînes.
On voit par sa biographie que la Sainte Écriture fut l’étude de prédilection de Mar Aba. Amr écrit aussi : « Mar Aba interpréta l’Ancien et le Nouveau Testament ; »
de plus Ebedjésus, dans son catalogue, lui attribue une version de l’Ancien Testament faite du grec en syriaque et des commentaires sur plusieurs livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Nous ne savons pas s’il s’agit d’une version proprement dite du grec en syriaque ou seulement de la revision d’une version préexistante, car on ne la trouve citée par aucun des docteurs de l’Église nestorienne ; il est donc possible que l’œuvre de traduction de Mar Aba ait été orale et qu’Ébedjésus se soit trompé en la supposant écrite. Il n’en est pas de même pour les commentaires, qui furent certainement écrits. Ses canons sur les Psaumes sont encore conservés dans les bibliothèques de Jérusalem, de Londres et de Munich.
— Mar Aba écrivit encore des lettres synodales, des canons, des lois ecclésiastiques et une traduction de la liturgie de Nestorius. — Voir sa biographie dans Bedjan, Histoire de Mar Jabalaha, de trois autres patriarches, d’un prêtre et de deux laïques, Paris, 1895, p. 206-274, texte syriaque résumé en allemand par Braun, Dos Buch der Synhados, Stuttgart, 1900, p. 93-97. Une biographieplus courte nous est donnée dans Maris, Amri (Amr) et Slibse de patriarchis nestorianorum commentaria éd. et latine vertit Hénricus Gismondi, Rome, 1896 et 1897, p. 39-41 du texte et p. 23-24 de la traduction. Cf. Bar Hébræus, Chron. eccl., édit. Abbeloos et Lamy, Louvain, 1872-1877, t. ii, col. 89-95 ; Rubens Duval, Lalittérature syriaque, Paris, 1899, p. 67, 83, 218-219. Ses œuvres canoniques ont été traduites en allemand par Braun, loc. cit., puis publiées et traduites en français, par J.-B. Chabot, dans Notices et extraits des mss., t. xxxvii. Voir aussi dans le Canoniste contemporain, 1900, p. 20-27, la traduction par F. Nau de l’ordonnance relative aux empêchements de mariage. F. Nau.
- MARAI##
MARAI (hébreu : Mahârai ; Septante : Mei)pi), de la famille de Zaraï, de la tribu de Juda, originaire de-Nétupha, chef de la dixième division de l’armée de David, comprenant vingt-quatre mille hommes et chargéedu service pendant le dixième mois de l’année. I Par., xxvll, 13. C’était un des vaillants soldats de David. II Reg., xxiii, 28 ; I Par., xi, 30. Dans ces deux derniers ; passages, la Vulgate écrit plus correctement son nom Maharaï. Voir Maharaï, col. 577.
- MARAIA##
MARAIA (hébreu : Merdyâh ; Septante : ’Ajiapfoc), chef de la famille sacerdotal de Saraïa, du temps du grand-prêtre Joacim, contemporain de Néhémie. Voir-Joacim 1, t. iii, col. 1550.
- MARAIOTH##
MARAIOTH (hébreu : Merayôf ; Septante : Mocpsciô), nom de deux prêtres.
1. MARAIOTH, prêtre, descendant d’Éléazar, fils d’Aaron, un des ancêtres d’Esdras. I Esd., vii, 3. La Vulgateécrit ailleurs son nom Méraioth. Voir Méraioth 1.
2. MARAIOTH, chef d’une famille sacerdotale qui, du temps du grand-prêtre Joacim, contemporain de Néhémie, était représentée par Helci. II Esd., xii, 15.
- MARANATHA##
MARANATHA ([Aocpàv à9â), mois araméens qu’ont lit dans saint Paul, I Cor., xvi, 22 : s Si quelqu’un, n’aime pas le Seigneur qu’il soit anathème. Maranatha. »
1o Interprétation des modernes. — Les modernes, ont donné de ces mots des explications et des traductions diverses. Tout le monde y reconnaît deux mots araméens, mais on les divise d’une manière différente. La plupart
lisent nrw no, Maran’ôfàTi, et traduisent : « Le Seigneur
r~. - t
vient, » ou « viendra ». Wilke v Clavis Novi Testamenti,
- édit. Grimm, 1888, 4o. 271. G. Daïman, Grammatih
des jùdisch-palâstinischen Aramâisch, in-8o, Leipzig, . 1894, p. 120, 297, coupe ainsi Maranatha : un Nna,
T I— »
tnâranà’ta’et le traduit : « Notre Seigneur, viens, a Cf. Apoc, xxii, 20. Bickell. dans la Zeitschrift fur katholische Théologie, t. viii, 1884, p. 403, l’avait précédé dans cette voie. Th. Nôldeke a approuvé cette explication, dans le Gbttingische gelehrte Anzeigen, 31 décembre 1884, p. 1023. Aug. Klostermannn, Problème in Aposteltexte neu erôrtert, in-8°, Gotha, 1883, p. 220-246, a imaginé une explication nouvelle de Maranatha. D’après lui, c’est la formule dont se servaient les chrétiens en se donnant le baiser fraternel : atha veut dire « signe s et la formule : « Le Seigneur est le signe. » Kautzsch, Grammatik, p. 174, observe avec raison que, si tel était le sens, il serait bien étrange que toute l’ancienne tradition ecclésiastique se fût trompée à ce sujet. Sur l’analyse de ce mot, voir aussi C. Siegfried, dans la Zeitschrift fur uiissenschaftliche Théologie, 1885, p. 127 ; B. Duval, dans la Revue des études juives, t. ix, p. 143.
2° Interprétation des Pères. — Cette façon de traduire Maranatha n’est pas conforme à l’explication qu’en ont donnée la plupart des Pères et en particulier les Pères grecs qui vivaient en Syrie où l’araméen était encore parlé de leur temps, et qui par conséquent connaissaient mieux encore que les savants de nos jours le véritable sens de cette locution. Ils expliquent Maranatha par « le Seigneur est venu », au passé, et non pas au présent ou au futur. « Que signifie Maranatha ? » demande saint Jean Chrysostome, H om. xliv in I Cor., 3, t. lxi, col. 377. Et il répond : « Notre Seigneur est Tenu (rj)6e). » Théodoret de Cyr, expliquant ce mot, In 1 Cor., xvi, 21, t. lxxxii, col. 373, s’exprime en ces termes : « Maranatha. Ce mot n’est pas hébreu, comme quelques-uns l’ont pensé, mais syriaque. Il s’interprète ainsi : « Le Seigneur est venu (^X8e). » Saint Jean Damascène donne la même explication : « Le Seigneur est venu <t|>6ev). j In 1 Cor., XVI, 22, t. xcv, col. 705. Théophylacte ; de même, In I Cor., xvi, 22, t. cxxiv, col. 793, ainsi que Suidas, Lexicon, édit. Bernhardy, 1853, t. II, col. 693. -Le témoignage des Pères latins a moins d’importance que celui des Pères grecs orientaux, parce que leur opinion ne peut être qu’un écho de celle des premiers, mais il atteste néanmoins ce que croyaient les docteurs qui les ont renseignés. Or, les plus savants des Latins s’expriment comme les Pères grecs. « Maranatha, dit saint Jérôme, In 1 Cor., xvi, t. xxx, col. 772, est plutôt syriaque qu’hébreu. Il signifie : « Notre-Seigneur est venu (Dominus noster venit). » Cf. aussi Patr. lat., t. lxxxii, col. 745, dans S. Isidore de Séville, App. IX, ad l. ri, cap. i, 9, 2. L’Ambrosiasler, In I Cor., xvi, 22, t. xvii, col. 276, dit : « Anathema maranatha, ce qui s’interprète : Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus qui est venu, qu’il soit retranché. Maranatha signifie, en effet : Le Seigneur est venu. Cela (est écrit) à cause des Juifs qui disaient que Jésus n’était pas venu (non venisse) ; ils sont donc anathèmes par le Seigneur qui est venu. » Le mot venit est amphibologique en latin et on lui a souvent donné dans Dominus venit le sens du présent, tandis qu’il faut lui donner celui du passé ; les explications de l’Ambrosiaster en sont la preuve.
La vraie signification de Maranatha fut cependant peu à peu oubliée et l’on ne doit pas trop s’en étonner. Maranatha, étant une locution d’une langue étrangère, devait être mal comprise, surtout au moyen âge, fiàr des gens qui ignoraient complètement l’araméen. Comme elle était jointe au mot anathema, on lui donna, de même qu’à ce dernier, un sens imprécatif. On lit dans le troisième concile de Tolède (en 589) : Cui hsec fides non placet aut non placuerit, sit anathema, Maran atha in adventu Domini Nostri Jesu Christi. Voir Concil. Tolet. 111, fidei confessio, xviii, Patr. lat., t. uxxxiv, col. 348. Dans les chartes et les testaments du moyen âge, cette formule d’imprécation est assez commune. Voir du Cange, Glossarium médise et infimes Latinilatis, édit. Henschel, t. iv, Paris, 1845, p. 270.
L’explication d’Anathema maranatha par perditio in adventu Domini, qui se lit dans quelques chartes citées par du Cange, se trouve déjà dans saint Eucher, de Lyon († 450), Instruct., ii, 2, t. l, col. 815. Cf. aussi Potamius, Epist. ad Athanas., Patr. lat., t. viii, col. 1417, Proditio in adventum Domini, dans Append. IX ad. V. vi, 19. Etymolog. de S. Isidore de Séville, Patr. lat., t. lxxxii, col. 745.
3° Véritable signification de Maranatha. — L’interprétation des Pères grecs et des anciens Pères latins est la plus exacte. Frd. Field, Otium Norvicense, 3 in-4°, Oxford, 1864-1881, t. iii, p. 110, dit avec raison que
NriN pD doit se traduire, non pas « Notre-Seigneur
t— : — t
vient », mais « Notre-Seigneur est venu ». Le verbe’âtd’est employé dans la traduction syriaque pour ^X6e, Judæ 14, ou pour fycei. Luc, xv, 27 ; I Joa., v, 20. Cette traduction est confirmée non seulement par la traduction de Théodoret et des autres Pères dont on a vu plus haut le témoignage, mais aussi par plusieurs scholiastes qui portent : ’O Kvpio ; ^X9ev ou ^oipoiyéyovtv. Voir les passages de ces scholiastes, dans Hesychius, Lexicon, édit. J. Alberti, in-f », 1766, t. ii, col. 539, note 1 ; C.Tischendorf, Novum Testamentum grsece, editio octaya major, t. ii, 1872, p. 568. « Dans le fait, dit à ce sujet Kautzsch, Grammatik, p. 174, on doit avouer que la raison principale pour laquelle on traduit [atha] par le présent, dans le sens du futur, raison sur laquelle je m’étais appuyé moi-même [plus haut, dans le même ouvrage, p. 12], c’est que, d’après le contexte, il doit être question de la venue du Seigneur et de la parousie ; or cette explication peut bien s’appuyer sur un préjugé exégétique. Il est donc possible que Chrysostome, Jérôme, Théodoret, Théophylacte, Érasme et d’autres eussent raison, quand, malgré l’entraînement du contexte, ils traduisaient par le passé. » L’interprétation patristique est non seulement soutenable, mais elle est la plus probable. On peut remarquer qu’elle semble confirmée par la Doctrine des douze Apôtres, x, 6, édit. Harnack, Leipzig, 1884, p. 35-36, où on lit à la fin de la prière après la communion : Ei’ti ; Syiiîç iouv, ipx.é<r(lu>' t’î tiî oûx la-ci, [ieTavoEcxto’papav àOâ" àp, r, v. « Si quelqu’un est saint, qu’il vienne ; si quelqu’un ne l’est pas, qu’il fasse pénitence. Maranatha. Ainsi soit-il. » Ces mots, dans l’action de grâces après l’Eucharistie, s’expliquent naturellement en les rendant par « Notre-àeigueur est venu » ; ils n’ont pas de sens en les traduisant : « Notre-Seigneur viendra ; » cette formule de prière (Kautzsch, Grammatik, p. 174) est une sorte de remerciement adressé au Sauveur pour lui rendre grâces de sa venue au milieu des hommes. F. Vigouroux.
- MARBRE##
MARBRE (hébreu : SayiS et SH, analogue à l’assyrien sassu, le marbre blanc ; Septante : p, âp[j, apov ; Vulgate : marmor), calcaire cristallisé sous la double influence de la pression et de la chaleur, et présentant après polissage une surface brillante et souvent veinée de différentes couleurs. Le marbre se rencontre aux endroits où des couches calcaires ont été comprimées latéralement par l’effet des mouvements orogéniques du sol. Le marbre blanc de l’île de Paros, dans l’Archipel, était célèbre dans l’antiquité. Par deux fois, I Par., xxjx, 2 ; Esth., i, 6, les versions traduisent les noms hébreux du marbre par itaplos, marmor Parium, et itapivoç Xt’80ç, parius lapis, bien qu’il s’agisse d’un marbre de tout autre provenance. Le marbre était employé dans les constructions de luxe. David en avait rassemblé pour servir à édifier certaines parties du Temple. I Par., xxix, 2. On en faisait des colonnes. Les jambes de l’Épouse sont comparées à des colonnes de marbre. Cant., v, 15. Le marbre fournissait de magnifiques dallages, tels que celui du palais d’Assuérus. Esth., i, 6. Comme il est éminemment propre à la sculpture, on eu
fabriquait tontes sortes d’objets de prix et de statuettes. Apoc, xviii, 12. On ne signale en Palestine aucune exploitation de marbre, ni ancienne, ni moderne. Les dépôts calcaires y avoisinent pourtant les soulèvements volcaniques. Il ne" serait pas impossible qu’on eût parfois traité comme marbre certains calcaires à structure cristalline, tels que ceux qu’on rencontre au sud d’Hébron. Cf. Tristram, The natural Bistory of the Bible, Londres, 1889, p. 19. Par contre, des marbres se trouvent dans le Liban. Voir col. 231. — La Vulgate traduit par marmor des termes hébreux qui désignent des pierres à graver, Exod., xxxi, 5, ou simplement des pierres de construction en général ou d’ornementation.
II Par., ii, 14 ; iii, 6.1. MARC (SAINT) (grec : Mip*oç, Màpxoç ; Vulgate : Marcus), auteur du deuxième Évangile (fig. 213).
— 1o Son identification avec Jean Mare. — La biographie
213. — Saint Marc l’évangéliste.
D’après Cahier, Caractéristiques des saints, t. i, p.
395.
du second évangéliste dépend de l’opinion que l’on admet sur son identité ou sa non-identité avec le personnage que les Actes des Apôtres nomment tantôt simplement Jean, xiii, 5, 13, tantôt Jean, surnommé Marc, xii, 12, 25 ; xv, 37, tantôt Marc tout court, xv, 39. Avec Baronius, Tillemont et Cotelier, des exégètes modernes ont distingué l’évangéliste Marc, disciple de saint Pierre, de Jean Marc, disciple de saint Paul. Patrizi, De Evangeliis, 1. I, c. ii, q. i, Fribourg-en-Brisgau, 1853, p. 3336 ; Comment, in Marcum, Rome, 1862, p. 233-244 ; Danko, Historia revelationis divines N. T., Vienne, 1867, p. 274-275 ; T. Lamy, Jntroductio, 5e édit., Louvain, 1893, t. ii, p. 225 ; Drach, Èpîtres de saint Paul, 2e édit., Paris, 1896, p. 603. Mais la plupart des critiques avec toute l’antiquité, qui n’a coduu qu’un seul Marc, voir Victor d’Antioche, dans Cramer, Catenss in Ev. S. Matthasi et S. Marci, Oxford, 1840, p. 263, admettent l’identité de l’évangéliste avec Jean Marc, associé au ministère de Paul et de Barnabe. Nous adopterons ce dernier sentiment, non sans en reconnaître, les difficultés. Voir t. iii, col. 1166-1167. Jean était donc le nom hébreu, voir t. iii, col. 1153, du second évangéliste, et Marc, son surnom
romain, devenu plus tard dans les milieux grecs son cognomen : Le nom de Jean lui avait été donné par sesparents à la circoncision et était employé à Jérusalem. Le surnom de Marc lui a été appliqué plus tard, soit pour le distinguer d’autres Jean, soit plutôt en raison de l’usage répanda alors chez les Juifs d’ajouter à leur nom hébreu un nom grec ou latin. L’auteur des Actesmentionne d’abord ses deux noms, xii, 15, 25, puis successivement l’un ou l’autre des deux suivant les habitudes des lieux, pour bien marquer l’identité. Dans les Épitres, le surnom est employé seul.
2o Marc d’après les Actes des Apôtres. — Sa mère se nommait Marie et possédait à Jérusalem une maison, dans laquelle les disciples étaient réunis de nuit, lorsque saint Pierre, en 42 ou 44, sortit de prison. Act., xii, 12. L’apôtre s’y rendit directement comme au lieu ordinaire des assemblées. On en a conclu que cette maison était vaste, que la famille était opulente, et que le père de Marc, nommé Aristobule dans les apocryphes, était mort, puisque Marie est nommée comme maîtresse de la maison. On a parfois voulu faire de cette maison le Cénacle, et aujourd’hui cette opinion a des tenants, surtout en Allemagne. Voir t. H, col. 400. Paul et Barnabe qui, au temps de la famine survenue en 46, étaient revenus à Jérusalem apporter aux fidèles les aumônes de leurs frères, emmenèrent avec eux Jean Marc, lorsqu’ils retournèrent à Antioche. Act., xii, 25, Comme Marc n’est pas nommé avec les prophètes et les docteurs de l’Église d’Antioche, Act., xiii, 1, on en a conclu qu’il n’était pas alors employé au ministère de la prédication. D’ailleurs, Paul et’Barnabé, dans leurs prédications en Séleucie et en Chypre, avaient Jean comme ûmipéTr] ?, c’est-à-dire, si on ne considère que la simple signification du mot, comme serviteur, chargé spécialement du service matériel, mais si on rattache cette expression à la phrase précédente, dans laquelle les apôtres sont dits prédicateurs de la parole de Dieu, Jean aurait été leur collaborateur dans ce ministère et
zrpé-ns yov. Act., xiii,
5 ; cf. Luc, i, 2. Quand ils passèrent à Pergé en Pamphylie, Jean se sépara d’eux et retourna à Jérusalem chez sa mère. Act., xiii, 13. On ignore les motifs de cette séparation. Était-ce pour ne pas suivre ses compagnons dans des contrées inhospitalières ? Était-ce par dissentiment réel au sujet de l’admission des gentils dans l’Église ? On ne sait au juste et on est réduit à des conjectures. Toutefois, quand plus tard, au début de la seconde mission apostolique de Paul et de Barnabe, celui-ci accueillit Jean Marc qui les avait rejoints à Antioche et qui était décidé à les suivre désormais partout, Paul refusa catégoriquement le concours de celui qui les avait quittés dès la Pamphylie et qui n’était point allé à l’œuvre avec eux. L’apôtre le tenait donc pour pusillanime. Cf. Fouard, Saint Paul, ses missions, Paris, 1892, p. 28-29, 100-102. Il y eut à ce sujet un violent désaccord, nafoi>uii.6t, entre Paul et Barnabe, au point qu’ils se séparèrent et allèrent chacun de leur côté. Barnabe prit Marc avec lui et partit pour Chypre. Act., xv, 37-39. Cf. t. i, col. 1463. Dès lors, les Actes se taisent sur le compte de Marc.
3o Marc d’après les Épîtres. — Marc reparaît plus tard auprès de saint Paul. Dans l’Épître aux Colossiens, écrite en 61 ou 62, au début de la captivité de l’apôtre à Rome, voir t. ii, col. 869, Marc est nommé avec les autres, compagnons de saint Paul et ses coadjuteurs qui étaient de la circoncision. Col., iv, 10, 11. Paul, 1. 10, salue de sa part les Colossiens, ainsi que Philémon. Philem., 24. Marc était donc avec l’apôtre à Rome. Celui-ci oubliant. la séparation antérieure, lui avait fait bon accueil et il le recommandait chaudement aux Colossiens : & S’il va chez vous, recevez-le bien. » Dans ce passage, saint Paul indique incidemment l’origine juive de Marc et confirme ainsi les renseignements des Actes sur Jean Marc. Il ajoute un détail nouveau et nous apprend que Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/376 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/377 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/378 Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/379 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/380 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/381 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/382 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/383 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/384 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/385 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/386 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/387 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/388 MediaWiki:Proofreadpage pagenum templatePage:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/389