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MARC (ÉVANGILE DE SAINT)


donnèrent naissance aux manuscrits incomplets, dont il reste deux spécimens onciaux et que les Pères, défavorables à la finale de Marc, auraient connus. Plus tard, en 63-64, Marc publia son Évangile et le compléta. L’édition complète se répandit partout progressivement, mais ne fut pas reçue dès l’abord dans les pays où les premières copies-existaient. D’aulre part, l’intervalle de temps entre la rédaction de l’Évangile et celle de l’épilogue permet de rendre compte des particularités de contenu et de langage de la finale. On explique mieux de la sorte le début abrupt du dernier récit, la phrase incidente concernant Madeleine, le changement de jjiCa (jaëêiTwv en Ttpûxï) <ja88àtou, formule mieux appropriée au langage grec, l’emploi de Kùptoc comme désignation alors courante de Jésus, et les emprunts plus ou moins directs faits aux autres Évangiles écrits. Godet, Introduction du N. T., t. ii, p. 402-409, avec des idées différentes sur le temps et le lieu de la composition du second Évangile, présente des conclusions analogues.

Cependant toute autre hypothèse n’est pas, comme le prétendent ces critiques, insuffisante pour expliquer l’existence d’une recension tronquée de l’Évangile de saint Marc. Il est encore permis de penser que la finale du second Évangile aurait été omise à dessein dans quelques manuscrits et en certains milieux, soit à cause des différences qu’elle présente avec les autres récits des apparitions de Jésus ressuscité, soit par suite de la disparition dans l’Église des dons miraculeux promis, xvi, 17, 18. Pour rejeter cette hypothèse, il ne suffit pas de dire qu’il existe dans les Évangiles beaucoup d’autres divergences analogues, sans qu’on ait fait disparaître les passages en apparence contradictoires. En effet, les contradictions apparentes entre les divers récits des événements qui ont suivi immédiatement la résurrection ont paru dans l’antiquité ecclésiastique plus fortes que les autres, et la finale de Marc présente des difficultés spéciales que les Pères ne sont pas parvenus à résoudre avec certitude. Tous les écrivains ecclésiastiques qui, à la suite d’Eusèbe, ont parlé de manuscrits incomplets, n’ayant pas la finale canonique, ont remarqué que cette section paraît renfermer quelque chose de contraire au témoignage des autres évangélistes : xai i.âi<jia ei’jrep ë^oiev àvTiXofiav tîj tûv Xcktcûv £uay"]f£XiaT(ov (jLocpTupÉoc, Eusèbe, Qusest. ad’Marin., i, t. xxii, col. 937 ; prsesertitn cum diversa atque contraria Evangelistié ceteris narrare videatur. S. Jérôme, Epist. cxx, t. xxii, col. 987. C’est peut-être pour faire disparaître cette antilogie qu’un audacieux ne se borna pas à nier l’authenticité des derniers versets de Marc, comme celui qu’Eusèbe mentionne, loc. cit., mais retrancha une des plus fortes difficultés en supprimant le passage qui la soulevait. La mutilation est donc antérieure à Eusèbe. La liturgie a-t-elle favorisé cette mutilation, en faisant placer le xéXo ; d’une leçon après Marc, xvi, 8, qui serait devenu, comme dans les manuscrits dont parle Eusèbe, le téXo ; du second Évangile, ou bien à propos de la question pratique de la rupture du jeûne quadragésimal ? Cette dernière hypothèse est favorisée par la présence du xé>o< ; liturgique après Marc, xvi, 8, dans Fondai W et par ce que nous apprend saint Denys d’Alexandrie, Epist. ad Basilid., t. x, col. 1273. Selon lui, le jeûne devait se terminer à l’heure de la résurrection. Or, tandis qu’à Rome on attendait le chant du coq, parce qu’on croyait que Jésus était ressuscité le matin, Marc, xvi, 9, à Alexandrie on commençait la fête de Pâques plus tôt d’après Matth., xxviii, 1. En Egypte, on ne connaissait pas la finale de Marc, et on lisait en saint Marc un épilogue plus court qui est certainement apocryphe. D’autre part, Macarius Magnés, ainsi qu’il a été dit plus haut, eut à répondre au sarcasme d’un païen qui demandait si les chrétiens, sur la foi de la promesse du Christ, Marc, xvi, 18, avalaient

du poison. Cela étant, l’hypothèse d’une mutilation à la fin du second Évangile garde de la vraisemblance.

II. AUTRES CONCLUSIONS NON ORIGINALES. — 1° Cette

conclusion plus courte : Ilôvra 8è ta itapiwreXjjiva toî ; itep’i tôv ntrpov <ruvTÔ(i<i)C JÇrjf f etXav. Msxà Si xaûxoe xal aÛTÔç 6 *Ii)(jo0ç àwô àvaToXîjç xa &XP 1 j8û<reç ê£ « Ti(rot-Xev 81’(xùtûv xo Upov xai açOapxov y.ripvyut ttjç aiwvfou (j(rtTi)p( « ç, se trouve à côté de la finale canonique dans trois onciaux grecs, le Codex Regius, L, du vme siècle, Tischendorf, Monumenta sacra inedita, Leipzig, 1846, p. 206, le manuscrit bilingue, grec et copte, du vu » ou du VIIIe siècle, T 1, Amélineau, Notice des manuscrits coptes de la Bibliothèque nationale, renfermant des textes bilingues du N. T., Paris, 1895, p. 43 ; Gregory, Textkritik des N. T., Leipzig, 1900, t. i, p. 70, et ip, provenant du mont Athos, du vm 8 ou du IXe siècle. Gregory, ibid., p. 94. Elle a été reproduite à la marge du cursif 274, du x « siècle. On la lit en latin dans le Codex Bobbiénsis, k, de l’ancienne Italique, du v" ou du vi c siècle, représentant larecension africaine. Wordsworth et White, Novum Testamentum £>. N. J. C. latine, Oxford, 1891, t. i, p. 268. Elle existe encore en syriaque à la marge du manuscrit additionnel 14456 de la Peschito et de deux manuscrits de la version philoxéno-héracléenne, 268, de la bibliothèque Vaticane, et l’autre à la bibliothèque du New Collège à Oxford, J. White, Sacrorum Evangeliorum versio syriaca philoxeniana, Oxford, 1778, t. i, p. 258 ; en copte, à la marge du manuscrit Hunt. 17 de la Bodléienne à Oxford, mais avec quelques additions ; en éthiopien dans deux manuscrits. Cette conclusion n’est considérée comme authentique par aucun critique. Elle ne remonte pas plus haut que le iv « siècle et elle paraît avoir été fabriquée en Egypte, d’où elle aurait passé en Afrique, puis dans l’Église syrienne par la traduction philoxéno-héracléenne, faite à Alexandrie, et en quelques autres milieux. Elle a été écrite dans un pays où la finale canonique n’était pas connue et en vue de combler la lacune que présentait le second Évangile se terminant par ètpoêoOvxo fàp. Le contenu et le style confirment la non-originalité de cette conclusion ; les expressions : « sainte et incorruptible prédication, s trahissent une époque bien postérieure à la composition de l’Évangile.

2° La conclusion canonique contient dans certains documents des additions adventices. — 1. Dans quelques manuscrits de la version sahidique, le verset 20 parle des apôtres dans cette teneur : « S’en allant trois à trois dans les quatre directions du ciel, ils prêchèrent l’Évangile du royaume dans le monde entier, le Christ agissant avec eux pour confirmer leur parole et des signes et des miracles les accompagnant.Etdecette manière le royaume de Dieu a été connu sur toute la terre et dans le monde entier d’Israël en témoignage pour toutes les nations qui existent de l’orienta l’occident. » —2. Saint Jérôme, Dial. adv. Pelagianos, ii, 15, t. xxiii, col. 550-551, nous Êiit connaître une addition à Marc, xvi, 14 : In quibusdam exemplaribus et maxime in grœcis codicibus, juxta Marcum in fine ejus Evangelii scribitur : Postea, cum accubuissent undecim, apparuit eis Jésus et exprobravitincredulitatem et duritiam cordis eorum, quia his qui viderarit eum resurgentem non crediderant. Et Mi satisfaciebanl dicentes : Sœculum istud iniquitatis et incredulitatis substantia (sub Satana) est, qux (qui) non sinit per immundbs spiritus veram Dei apprehendi virtutem. Idcirco jam nunc révéla jnstitiam tuam. Cette addition ne se lit plus dans aucun manuscrit grec ou latin connu, et généralement les critiques la tiennent pour apocryphe. M. Zahn, Einleitung in dos N. T., t. ii, p. 229-231, l’a considérée comme ayant fait partie, non pas sans doute de la finale ordinaire de Marc, car autrement elle n’en aurait pas disparu, mais de la source primitive de cette finale, c’est-à-dire du contexte de Papias comprenant le nom