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MARC (ÉVANGILE DE SAINT)

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leur tour aux disciples. » Si l’ûirôOsiriç contenait une analyse complète du second Évangile, il est clair que sa conclusion exclurait les derniers versets. Mais, comme les arguments grecs des autres Évangiles, elle est incomplète et n’a pas une précision rigoureuse telle que son témoignage puisse être interprété dans un sens défavorable à l’authenticité de la finale de Marc. D’ailleurs, cette ûitéSsat ; se présente dans plusieurs manuscrits sous une forme plus étendue, mais plus récente, qui a été éditée par Matthsei, Novum Testamentum, Riga, 1788, t. ii, p. 5.

Didyme l’Aveugle, De Trinilate, ii, 12, t. xxxix, col. 688, cite Marc, xvi, 15, 16. Un philosophe païen, peut-être Hiéroclès, réfuté par Macarius Magnés, cite Marc., xvi, 17, 18, et propose aux chrétiens, si la promesse de Jésus-Christ relative à l’innocuité des poisons est vraie, de vider leurs querelles en buvant du poison. En lui répondant, Macarius Magnés ne lui oppose pas la non-authenticité de la finale de saint Marc.’Anoxpi-Ttxà, m, 16, p. 96, 108-110. Saint Épiphane cite deux fois Marc, xvi, 19, User, xiiv, 6 ; lxii, 6 ; t. xli, col. 829, 1057, comme étant de l’Évangile de Marc ; mais ses citations ne sont pas textuelles et présentent des variantes. Saint Jean Chrysostome, In ascension. Dora., 8, t. lii, col. 781, cite Marc, xvi, 8, 19, 20, en remarquant que le second Évangile ne raconte pas en détail l’ascension de Jésus. Un peu plus loin, col. 782, 783, au sujet des apparitions de Jésus ressuscité, l’évéque de Constantinople fait des allusions évidentes à Marc, xvi, 9, 12. Nestorius a connu et cité Marc, xvi, 20. Cf. S. Cyrille d’Alexandrie, Adv. Nest., ii, 6, t. lxxvi, col. 85. Une homélie anonyme, attribuée à tort à saint Chrysostome, t. lix, col. 642, cite plusieurs fois Marc, xvi, 9. Cf. Synopsis Script, sac., attribuée à saint Athanase, t. xxviii, col. 393 ; Sévère d’Antioche, dans S. Grégoire deNysse, t. xlvi, col. 652 ; S. Jean Damascène, De confessione, 15, t. xcv, col. 301 ; Œcuménius, In 1 Cor., t. cxviii, col. 861-864 ; Théophylacte, Enar. in Ev. Marci, t. cxxiii, col. 677-681. Euthymius Zigabène, malgré les doutes anciens, maintient la finale de Marc, Comment, in Marc, t. cxxix, col. 845, qu’il cite plusieurs fois. Ibid., col. 761, 764, 1096, 1106, 1496 ; cf. col. 845, 848. Signalons toutefois le silence de saint Cyrille de Jérusalem et de saint Cyrille d’Alexandrie.

Dans l’Église latine, saint Ambroise cite fréquemment la fin de saint Marc : allusion probable à Marc, xvi, 9, De Abraham, I, v, 39, t. xiv, col. 437 ; citation et commentaire de Marc, xvi, 17, 18, In Hexœm., VI, vi, 38, t. xiv, col. 256 ; De interpellatione Job et David, 1. H, c. i, n. 5, col. 813 ; De Spiritu Sancto, 1. II, 151, t. xvi, col. 775 ; arguments tirés de Marc, xvi, 15, De fide, i, 86, t. xvi, col. 549 ; et de xvi, 19, Apologia David altéra, iv, n. 26, t. xiv, col. 896. Saint Augustin a prêché trois sermons sur Marc, xvi, 1-20, t. xxxviii, col. 1104, 1112, 1127. Il cite Marc, xvi, 9-20, et il concilie ces versets avec les récits des autres évangélistes sur la résurrection, De consensu Evangelist., iii, 71, 75, t. xxxiv, col. 1208-1210. Saint Paulin de Noie, Poem., xxvii, t. lxi, col. 650, fait allusion à Marc, xvi, 19. La finale de saint Marc est citée encore par saint Pierre Chrysologue, Serm., lxxxiii, t. lii, col. 432-435 ; Egypius, Thésaurus, c. clxxiv, t. lxii, col. 831-832 ; S. Fulgence, Epyst> xii, ad Ferrandum, n. 6, 13, t. lxv, col. 382, 385 ; S. Grégoire le Grand, Hom., xxix, t. lxxvi, col. 12131219 ; S. Bède, In Marci Evangelium expositio, 1. iv, t. xcii, col. 297-302.

Les Églises orientales admettent la finale de Marc aussi bien que les Églises grecque et latine. Dans l’Église syrienne, Aphraates, Demonst., i, n. 17, Patrologia sy~ riaca de Ms’Graffin, Paris, 1894, 1. 1, p. 41, cite Marc, xvi, 16, 17, 18 ; mais on n’en a pas encore trouvé de citation dans les œuvres de saint Éphrem. L’abbé Paulin Martin a recueilli des citations de cette finale dans les

ouvrages manuscrits de la plupart des écrivains syriens, ’d’un homéliste copte et d’écrivains arméniens.

Tous ces arguments réunis prouvent, sinon directement l’authenticité de la finale de Marc, du moins sa canonicité et sa haute antiquité. À cause des témoignages de saint Irénée et de saint Justin, les critiques reconnaissent que la finale canonique de Marc était connue en Asie Mineure avant le milieu du ne siècle. Mais ils pensent que le pays où on constate pour la première fois son existence, est son berceau, que de là elle s’est répandue sans obstacle en Italie et en Gaule, mais qu’elle a été discutée en Palestine et même en Syrie, où elle avait été introduite par le Aià Teffuàpwv de Tatien. Bien plus, plusieurs croient connaître le nom de son auteur. En 1891, M. Conybeare a découvert, dans la bibliothèque du couvent d’Etschmiadzin, un manuscrit de la version arménienne des Évangiles, transcrit en 989, de manuscrits beaucoup plus anciens, dans lequel la finale de Marc est séparée de xvi, 8, par un intervalle blanc de deux lignes et par ce titre écrit en encre rouge : « D’Ariston le prêtre. » Or ce critique a pensé que cet Ariston, auteur de la finale, n’était autre qu’Aristion désigné par Papias comme le disciple du Seigneur et placé par lui sur la même ligne que le prêtre Jean. Cf. Eusèbe, H. E., iii, 39, t. xx, col. 297. Si ce sentiment était vrai, la finale de Marc serait une de ces St^-pinet ; du disciple Ariston sur les paroles du Seigneur, dont Papias se servait. Eusèbe, ibid., 7, col. 233. Cf. Expositor, octobre 1893, p. 241-254 ; décembre 1895, p. 401-421. M. Resch, Aussercanonische Paralleltexte, fasc. 2, dans Texte und Unters., t. x, Leipzig, 1894, p. 450-456, a reconnu pour auteur de la finale Ariston de Pella, qui vivait vers 135. Rohrbach, Der Schluss des Marcusevangeliums, Berlin, 1894, a développé les conclusions de Conybeare, que Harnack, Texte und Unters., Leipzig, 1895, t. xii, fasc. 1, p. 6, et Die Chronologie des altchrist. Litteratur bis Eusebius, Leipzig, 1897, 1. 1, p. 696, a adoptées. Ces deux critiques ont soutenu que la finale d’Aristion avait remplacé la conclusion originale. Ils prétendaient trouver des vestiges de celle-ci dans l’Évangile de Pierre et dans le c. xxi de saint Jean. Cette conclusion authentique aurait été supprimée de l’Évangile de Marc par les prêtres d’Asie Mineure, parce qu’elle était en désaccord avec les récits de saint Luc et de saint Jean sur la résurrection et ils lui auraient substitué la finale actuelle qui s’harmonise mieux avec le quatrième Évangile. Au contraire Zahn, Einleitung in das N. T., t. ii, p. 230-231, soutient que Marc a laissé son Évangile inachevé et il n’admet pas non plus qu’Aristion soit l’auteur de la finale de Marc ; il n’est qu’une des sources auxquelles a puisé cet auteur. En effet, une note marginale qui accompagne la traduction d’Eusèbe, H. E., m, 39, 9, par Rufin, t. xx, col. 297, dit que Papias tenait du prêtre Aristion que Juste, surnommé Barsabas, Act., i, 23, aurait bu un poison mortel et que par la grâce du Seigneur il n’en aurait ressenti aucun mal. Or Papias, pour justifier le fait rapporté par Aristion, citait la promesse de Notre-Seigneur, contenue dans Marc, xvi, 18, et il la donnait comme l’explication de l’innocuité du poison bu par Barsabas. L’auteur de la finale de Marc a emprunté ces deux idées à Papias et en a formé le point central de son récit. Marc, xvi, 14-18. Il l’a complété par des détails tirés de saint Luc et de saint Jean. Le verset 18 seul viendrait d’Aristion et le copiste du manuscrit arménien aurait attribué à ce prêtre toute la conclusion canonique, qui serait l’œuvre d’un écrivain inconnu, antérieur à saint Justin.

2° Arguments intrinsèques. — C’est surtout pour des raisons tirées du contenu ou du style des douze derniers versets de saint Marc que les critiques rejettent leur authenticité. Ils prétendent qu’examinés à ce point de vue ces versets ne peuvent être attribués à l’auteur du reste du second Évangile. Toutefois la section pré-